Alors que la reine Katharina et son armée assiège Vivendale, et que nombre de personnes sont envoyées pour les repousser. Les nobles les plus riches sont accueillis dans le temple de la ville. Entre hystérie et déni, peut-être les Dieux Nordiens apaiseront-ils quelques uns.
Mais attention dans l'ombre, certains complotent déjà... et si cette reine pouvait leur apporter plus de richesses, et s'ils trahissaient les autres nobles pour s'attirer ses bonnes grâces...

> Déroulement :
↳ Les nobles vont être accueillis ici, certains de leurs esclaves suivront afin de servir les noblions réfigiés
↳ au dehors s'élèvent les cris du siège, de tant à autre quelqu'un entre apportant des nouvelles du champ de bataille
↳ le Haut-Gouvernement et quelques nobles craignant pour leur sécurité finissentpar barricader les grandes portes du temple.

A vous de choisir, attendre ici et réfléchir à vos possibilités ou sortir par une arrière-porte cachée au fond du temple, rejoindre la bataille et prendre parti avec les Nordiens ou avec Katharina.

A présent qu'elle n'avait plus à résider à la Haute-Tour le poids d'être une esclave lui semblait bien moins pesant. Elle vivait avec Maximilian et n'attendait que les papiers de cession pouvant faire d'elle l'esclave de ce dernier, mais Isabelle avait été étonnement absente sur ce point, aucune nouvelles. Non qu'Arianna soit inquiète, Isabelle avait été très claire, Arianna n'était qu'un problème pour elle et elle comptait bien s'en débarrasser. Surement la noble avait du être occupée à des affaires de fortunés, ce qu'Arianna n'arriverait jamais à comprendre. Peu importe. Elle avançait dans les rues, Maximilian avec elle, ils n'étaient pas vraiment sortit depuis le massacre des villageois, elle tenait sa parole de rester avec lui. Tenter d'approcher sa soeur n'apportait que des ennuis de toutes manières. Elle avait prit la décision que, si sa promesse faîte à son père était rompu en décidant de laisser Isabelle hors de sa vie après avoir su qu'elle était un cible des ombrageux, et bien au diable les promesses et autres pactes ! Elle avait choisit les vivants sur les morts, elle était vivante et comptait bien le rester, tant pis pour Isabelle, qu'elle gère toute seule. Elle était à présent guérit de sa profonde blessure causée par l'ombrageux ami de Maximilian et même si elle arborait une cicatrice elle était heureuse de ne plus craindre que sa plaie se re-ouvre au moindre mouvements, ça lui avait déjà causé nombreux soucis, comme se vider de son sang la nuit sur le pavé sans personne, tout ça pour tenter de rattraper sa demi-soeur. Elle avait été trop tendre, elle s'était promit de ne pas refaire la même erreur.

- « Attends, t'imagines ça, le HG va enfin se faire abattre, il faut qu'on se rallie à cette impératrice de l'Autre Terre, d'ailleurs les tiens doivent être content d'avoir un tel allié pour détrôner ce crétin qui régit ici.  »

Elle était d'une humeur légère, à vrai dire ça l'était depuis les rumeurs sur Katharina, elle avait rêvé de voir leur gouverneur tomber depuis qu'elle n'était qu'une gamine, elle l'avait haït depuis toujours, et encore plus depuis la mort de son père qui avait été la cause de tout ces derniers ennuis. Evidemment elle en faisait part à Maximilian, il était aussi contre le HG, et le moment de les voir en défaite allait arrivé. Mais pour le moment ce dernier devait se rendre au temple, comme les nobles privilégiés. Il n'en était pas un mais Isabelle avait dit que c'était lui qui l'avait sauvé des ombrageux lors de la Lune de sang, évidemment il avait eu un pass direct depuis ça. Elle l'accompagnait puis n'étant pas son esclave elle retournerait surement chez lui, ou bien si la bataille éclate entre temps elle prendrait les armes et se rallierait à Katharina, qui sait l'avenir.

Elle percuta alors un des gardes, décidément à chaque fois qu'il y avait un garde dans un rayon d'un kilomètre il fallait qu'il finisse par lui tomber dessus de manière aléatoire ou non. A croire qu'elle était abonnée à avoir des ennuis avec eux. Elle avait certes eu une belle part de responsabilités les fois précédents mais ils le cherchaient aussi ces fichus gardes, de vraies emmerdeurs à son goût, même si son père en avait été un, en connaissant leurs secrets et trafic avec le HG elle les haïssait et encore plus après les derniers événements. Ils avaient tué son père, l'avait asservit comme petite garce désirée pour une noblionne qui était véritablement sa soeur. Ils étaient une cause de beaucoup de problèmes qui lui tombait dessus ces temps-ci. A croire qu'elle n'avait plus le droit à un peu de bonheur maintenant.

- « Fais attention ! » répliqua-t-elle du tac au tac

Grave erreur : élever la voix devant l'un d'eux, ou comment se faire trucider en une étape, était la pire erreur qu'on pouvait faire. Lors du choc le garde était tombé en arrière sur le sol. Elle s'était aussitôt relevée, mais à la tête du garde elle allait regretter de pas avoir regardé où elle marchait. Il la toisa d'un regard assassin, si le regard tuait elle serait morte et enterrée au moins dix fois. Il commença à lui aboyer dessus, aboyer était le bon mot. Il gueuler si vite quand il était énervé celui-là qu'on aurait dit un chien qui aboyait après sa proie. Elle saisit un mot sur deux, et c'était pas flatteur pour elle, elle était plus à ça près, qu'il parle. Elle crut entendre quelques insultes et aussi des menaces. Elle roula des yeux au ciel, pourquoi s'énerver autant à cause d'un bousculement de rien du tout. La loi du plus fort sur les faibles, l'esclave était faible pour lui. Et bien il aurait pas du croire ça avec Arianna, dans le genre esclave suicidaire qui se laisse pas faire y-a pas meilleur exemplaire dans l'Enclave.

- « Hé, pas besoin dans faire un drame. »

Elle aurait envie de se frapper parfois, non mais quelle idiote, elle lui répondait maintenant, elle était vraiment suicidaire parfois, mais vraiment. Il lui asséna une gifle monumentale, elle allait garder une trace rouge sur sa joue pendant un bon moment. Elle fulminait de rage, pour qui il se prenait celui-là, non mais il pense qu'il tire les ficelles peut être parce qu'il arbore un bel uniforme. Il pense que les faibles sont à sa merci, pathétique, il ne tire pas les ficelles, il va vite le découvrir. Il l'empoigna avant qu'elle ne puisse riposter, de façon physique, elle l'aurait bien mit à terre cet emmerdeur. Mais non il fallait qu'elle soit trop lente et qu'il l'est avant. Il lui tenait les deux bras et elle tenta de se défaire de son emprise alors que derrière Maximilian tentait d'intervenir sans se mettre dans une position délicate lui aussi

- « Lâches-moi, demi-portion ! »

L'air était frais et la légère brise du matin la saisissait aux joues. Elle frictionna ses mains entre elles et souffla entre ses pouces. Pourquoi faisait-il si froid au matin? Bien entendu Caitlin connaissait la réponse à cette question mais elle tentait en vain de penser à autre chose qu'à Katharina et le seul moyen qu'elle avait  trouvé était de se poser des questions idiotes sur n'importe quel autre sujet.
Elle marchait aux côtés de Roy, son époux. Comme toujours le silence était de plomb, pas un de ces silences gênés ou tendus, plutôt un de ceux utiles et nécessaires quand personne n'a rien à dire. Ils marchaient en direction du temple qui devait les mettre à l'abri, à l'abri de cette femme avide de terres et de conquêtes. Encore une sanguinaire et quête de pouvoir. Caitlin ne pouvait s'imaginer cette femme avec un visage d'enfant. Comment une jeune fille de 17 ans pouvait mener une armée ? La chose était irréalisable dans son esprit. Sur le moment, les rumeurs n'avaient été que des rumeurs, une gamine sur son cheval en quête de Vivendale. Elle avait bien rit. Mais elle s'était vite arrêtée. Imaginer une enfant à la tête d'un bataillon lui faisait froid dans le dos.
Elle frotta ses bras vivement pour les réchauffer. Pourquoi faisait-il si froid ? Elle avait certainement attrapé un mauvais virus. Elle resserra son châle et rentra la tête dans les épaules.

La question de leur sécurité avait été rapidement abordée dans la famille. Et que faire en cas d'attaque ? Ils n'avaient pas discuté s'ils se rendraient ou se battraient pour leur Terre. Pas besoin, la question était déjà toute réfléchie: ils sauveraient leur peau quoi qu'il arrive. Leur peau et leur fortune. Son père, Mr. Perkins, avait été récalcitrant à l'idée d'abandonner leur statut social et leur fortune. Le sujet avait été fortement discuté, disputé et contesté. Et maintenant tout était clair, ils ne mourraient pas à cause d'une gamine ! La famille entière devait donc se retrouver au temple, pour se protéger et tant que la situation n'était pas critique, ils resteraient à Vivendale.
Caitlin et son mari marchaient donc vers le temple de la ville, en silence avec en tête un flux continu de pensées quant à l'avenir.

Ils arrivèrent dans la ruelle du temple. Déjà, quelques nobles se pressaient devant le bâtiment avec leurs esclaves chargés de paquets. A quoi pensaient-ils ? Pourquoi emmener toutes leurs affaires; ils ne resteraient pas là bien longtemps. Le Haut Gouvernement se débarrassera bien vite de la menace qui pèse sur le village, qu'il faille user de la force ou non. Le Haut Gouvernement était doué pour communiquer ses idées et convaincre la partie adverse de renoncer. Il l'avait bien fait avec eux. Pauvres noblions.
Depuis l'Expiation, Caitlin revoyait sans cesse le visage de cette Bridget, ruisselant de larmes et la seconde d'après sans vie. Elle s'était levée, avait riposté. Seyrane s'était même jointe à son mouvement et ses idées. On avait été surpris, intrigués, offusqués. Puis les nouvelles étaient arrivées. Katharina était arrivée.
Tout le monde avait presque oublié le massacre du village mais elle, ne pouvait pas juste tourner la page. Les nobles avaient repris leur vie paisible, étaient rentrés dans leurs grandes maisons, avaient encore une fois mangé dans une vaisselle finement décorée, goûté aux plus exquis repas. Mais quand était-il des villageois ? Ils devaient se sentir trahis, démunis, privés de tout choix, quel qu'il soit.
Caitlin ne se plaignait pas sa situation, loin de là. Elle appréciait son confort et le simple fait de résider au temple quelques jours la répugnait.
Cependant un sentiment d'injustice germait en elle.

Dans la rue qui menait au bâtiment, Caitlin crut apercevoir Arianna, l'esclave de la fameuse nuit chez les Mikealson. Son regard revint se poser sur la jeune femme. Elle semblait pleinement rétablie et étrangement, elle paraissait même s'être de nouveau fourrée dans le pétrin. Elle jeta un coup d’œil à Roy et lui lança :

- Allez-y sans moi, je vous rejoindrai.

En toute hâte, elle se sépara de son époux et marcha d'un pas rapide vers Arianna. Cella-ci rugissait envers le garde qui la tenait fermement par le bras et qui ne se gênait pas non plus de l'agresser verbalement. Les injures fusaient et Caitlin trouva la scène purement ironique.
Un jeune garde voulant faire ses preuves, susceptible et irritable s'en prenant à une esclave pour se faire bien voir de ses supérieurs. Arianna n'avait sûrement rien fait de très grave mais ce genre de personne aimait faire des histoires avec des riens.

- Cessez !

Elle s'interposa et croisa le regard de la jeune fille. Il fallait absolument qu'elle lui pose des questions sur sa blessure. Elle semblait pleinement rétablie, vive et apparemment elle avait retrouvé des forces. Elle devait aussi comprendre ce qui s'était passé et qui était l'agresseur.

Renfermé semblait être un euphémisme pour décrire le comportement d'Isabelle suite à La Lune de Sang. Elle n'avait pas mis un pied en dehors de la Haute-Tour depuis qu'elle avait laissé Arianna dans les rues.

La jeune femme avait tout simplement ignoré le carton d'invitation annonçant sa présence obligatoire à l'Expiation des Villageois, elle n'avait daigné sortir de son lit que pour remplacer sa bouteille - bien trop vite vide - de bourbon. Et alors ? Personne n'était venue la chercher ni la gronder.  D'ailleurs qui se le serait permis avec la future belle-fille d'un membre du Haut-Gouvernement, une pensée qui l'avait conduite à une nouvelle descente d'alcool. Isabelle n'était pas sotte, et elle en avait plus que marre de donner dans les apparences, ce qui revenait à dire qu'elle ne se prêterait plus à ses futilités d'événements mondains. Elle ne voulait plus faire d'efforts avec personne d'ailleurs, Isabelle avait jugé qu'il y avait assez de faux-sourires à Vivendale pour qu'elle ne se prête au jeu. Elle ne souhaitait voir personne à part Arianna, mais elle ne voulait pas la voir. C'était compliqué. Tout le manège visant à éloigner sa demie-sœur d'elle, n'avait pour but que de les protéger toutes les deux. Qu' adviendrait-il si quelqu'un apprenait leur parenté ?

Isabelle finit par sortir. Mais ce n'était pas par envie, au lendemain de l'Expiation, des gardes furent charger de faire évacuer la Haute-Tour et de conduire ses habitants au Temple. Elle n'avait pas vraiment d'autres alternatives : c'était gardée le peu de dignité qu'il lui restait face aux gardes - les cheveux ébouriffés, les yeux rougis et une haleine fortement alcoolisée - ou être traînée et portée jusque dehors. Le choix avait vite été fait.


C'est sans grand enthousiasme qu'Isabelle emboîte le pas aux deux gardes qui l'escortent. Elle croise quelques nobles qui ne lui accorde même pas un coup d'œil, au coup doute : ils n'ont pas reconnu la jeune femme en pantalon de cuir, et chemise trouée, à l'apparence négligée. Qui même sans vraiment savoir qui elle est pourrait soupçonner qu'elle est une noble... Les deux hommes augmentent le rythme, et Isabelle peste, elle peine à les suivre. C'est alors qu'une fois familière s'élève dans la rue : Arianna. Les gardiens stoppent quand se fait entendre la voix d'un des leurs.

-Je veux aller voir ce qu'il se passe. Ma... mon esclave est là-bas.

Ils la toisent, sa requête doit leur semble misérable au vu de son allure, mais ils n'ont pas oublié qui elle est, et finissent par céder. Cette fois, c'est elle qui trottine et les gardes qui arrivent tout juste à ne pas la perdre. Isabelle de faufile sans difficulté entre deux maisons, ce qui n'est pas le cas de ses gardes. Enfin elle parvient à les semer. C'est alors qu'en redressant la tête, elle aperçoit Arianna de dos, ainsi que le garde qui lui cingle la joue d'une gifle. La noble s'apprête à intervenir mais elle n'en a pas le temps, une autre déjà s'interpose : Caitlin.

Isabelle soupire, vraiment, Caitlin risquait de compliquer les choses. Et si Aria voyait elle une sauveuse... Elle pourrait être amenée à se confier auprès de cette dernière comme elle l'avait fait avec Seyràne. Et toutes deux seraient en danger. Isabelle se précité jusqu'au petit groupe.

-Assez ! Arianna laisse tomber s'il te plait...

Isabelle lit la stupéfaction de Maximilian face à son apparence, et devine les yeux arrondis de l'esclave ; mais se refuse à croiser son regard. Le laisser-aller de la jeune femme n'est visiblement pas une bonne chose puisque que le garde l'empoigne à son tour, n'ayant pas reconnu la haute noble qu'elle est.

Elle s'apprête à protester que déjà, une voix essoufflée ne lui en laisse le temps...

- Gregor lâche-les, il s'agit de Lady Hart !

Le garde prénommé Gregor les relâche immédiatement. Isabelle ne peut éviter Aria puisque celle-ci se plante devant elle. Peut-être serait-il temps pour elle de s'éclipser avec ses gardiens...

La brume matinale enveloppait la silhouette frêle de Seyrane, qui marchait au milieu de la rue, sans souci des rares voitures qui passait à cette heure. Sa famille au complet avançait quelques pas devant, et on pouvait entendre leurs murmures étouffés. Cette annonce qui ordonnait de se rassembler au Temple avait mis en émoi toute la maison.

La jeune femme ne savait pas grand-chose de ce qui se passait, elle n'avait écouté que discrètement les grandes tirades de son père à propos de la reine des armées qui marchaient vers eux, cette femme, que dis-je, cette fille ! Pour le citer encore. Toute sa famille était sur les nerfs tandis qu'elle n'en avait strictement rien à faire. Son esprit était occupé par d'autres problèmes plus récurrents.

Seyrane continuait à réfléchir à la Lune de Sang et surtout, surtout à Dante. Elle avait beau repasser les scènes de multiples fois dans son esprit, les tourner, chercher la cause, le but, elle ne trouvait pas. De plus, elle était furieuse contre elle-même. Furieuse d'avoir ressenti quelque chose lorsqu'elle était partie, paniquée, de chez son hôte de la veille. Et encore plus furieuse que ses parents n'aient même pas remarqué son absence. Sérieusement, elle était partie une nuit entière ! Elle aurait pu être morte, ça aurait été pareil.

Cette réflexion mentale l'agaça encore plus. Qu'est-ce qu'elle pouvait être contradictoire ! Pendant des années elle avait voulu être tranquille et libre, et puis pour la première fois qu'elle n'était pas surveillée par ses parents, elle râlait. Évidemment, en rentrant, elle n'avait pas fait la moindre réflexion et s'était simplement enfermée dans sa chambre jusqu'à ce qu'un messager les avertisse du rassemblement.  

A propos du rassemblement, il n'enchantait guère la jeune noble. Revoir tous ces nobles hypocrites qu'elle avait pu observer souls à la Lune de Sang, très peu pour elle, merci. Elle espérait éviter soigneusement Isabelle Hart, sa pire ennemie, et Arianna, l'esclave de la première. Il lui paraissait évident que la lady emmènerait avec elle sa première esclave. Au fur et à mesure que ses pensées divaguaient, elle se surprit à penser encore à Dante. Serait-il parmi les nobles ou parmi les Ombrageux ? Est-ce que la Guilde montait un coup ? Était-elle seulement avertie de l'évènement qui arrivait à grands pas ?
Et puis, à la fin, pourquoi est-ce qu'elle était toujours à penser à lui ? Alors qu'il l'avait menacée très directement, à un moment où elle pensait qu'au contraire ils allaient se rapprocher. Il y avait des tas de jeunes hommes nobles qui lui couraient après.
Qu'est-ce qu'elle avait à s'intéresser au Sir Knightley ?

Le simple fait de s'avouer qu'elle l'appréciait et qu'il occupait ses pensées était désagréable. Il n'avait rien fait pour lui plaire, et évidemment, c'est lui qui l'attirait.

Seyrane arrêta soudain de penser à elle et à ses problèmes : ils étaient arrivés en face du bâtiment imposant qu'était le Temple. L'entrée principale était soigneusement gardée par d'imposants types armés qui ne donnaient pas envie de se frotter à eux. Sir de Larant annonça son nom et la petite famille entra dans l'enceinte du bâtiment.

Les yeux perdus dans le vague, je marche aux côtés d'Arianna vers le temple de Vivendale. Je n'arrive pas à croire qu'une menace est à nos portes. En fait si, je l'imagine très bien, mais quand même...Moi qui croyait que la Guilde allait trouver un moyen pour renverser le HG, voila qu'une étrangère est en passe de nous marcher dessus. Je ne sais pas trop quoi penser. D'après les rumeurs, Katharina est une jeune reine assoiffée de pouvoir, prête à tout pour parvenir à tous ses désirs. Maintenant, si elle va mener à terme sa bataille, ça reste à voir. Arianna commence à parler, la voix légère et impatiente. Se rallier avec Katharina ? Honnêtement, tant que je n'ai pas toutes les informations, tant que je suis incapable de démêler le vrai du faux, je ne sais pas formuler de réponse. Ce qu'en pense la Guilde ? Aucune idée. Je n'ai plus eu de contact depuis plusieurs jours. Certes, ça devrait plaire à certains, mais surtout pas à tout le monde. Si la jeune reine arrive à prendre Vivendale, et seulement si, ses ordres et règles seront forcément différents des notres. Et à que ça plaisent à tout ce petit peuple...

Je tiens mes doutes pour moi-même et me contente d'hocher la tête silencieusement. Je n'ai pas envie de gâcher sa joie. Depuis l'annonce de l'arrivée de Katharina, Aria n'arrête pas d'en parler et de formuler des plans. Ca me fait plaisir de la voir enjouée et de s'intéresser à un sujet qui lui tient à coeur, mais je suis sûr qu'elle va encore réussir à s'attirer des ennuis. Je tourne la tête pour lui dire qu'on est presque arrivé quand elle percute un garde, sans faire exprès. La suite part vite en cacahuète. Le garde, avide de faire ses preuves apparemment, n'a que faire des excuses de la jeune fille et lui prend les bras par derrière, prêt à l'emmener. J'hésite à intervenir, ne sachant pas quoi faire. Je peux toujours dire que c'est mon esclave, mais je n'ai toujours pas reçu les papiers d'Isabelle. Je risque de me faire arrêter aussi.

Lady Caitlin apparait soudainement, ayant entendu les cris d'Aria. Elle s'interpose, fermement décidée à aider la jeune fille. Quelques secondes plus tard, c'est Isabelle qui débarque. Je faillis ne pas la reconnaitre ! Qu'est-ce qui a bien pu se passer pour qu'elle sorte dans un état pareil ? Je devrais lui demander plus tard, voir pas du tout, ce sont pas mes affaires après tout. Le garde, ne l'ayant pas reconnu, l'empoigne,  visiblement avec l'intention d'emmener tout le monde. Finalement il l'a relâche. Aria fulmine, planté devant sa demi-soeur. La tension, déjà bien haute, monte encore. Aria porte vraiment la poisse.

Comme si la leçon prise lors du banquet chez les Mikaelson n'avait pas suffit il fallait qu'elle récidive, elle allait se faire tuer une fois, à force d'intervenir à chaque personne en danger : esclaves, nobles ou villageois. Après avoir eu un face à face avec un assassin à la lune de sang, s'être levé à l'expiation qui aurait pu lui coûter chère si elle n'avait pas été rejointe par d'autres nobles et l’interruption du messager qui avait évité une quelconque punition. Après tout ça Caitlin continuait de s'interposer à chaque injustice. Elle allait s'interposer longtemps à ce rythme là. Roy n'avait pas reçu la même éducation, il avait été éduqué comme quoi le monde était peut être remplit d'atrocités mais ceux qui les recevaient avaient fait quelque chose de mal, étaient mauvais ou ce n'était qu'un test des dieux, le Trisal testant la foi de ces sujets. Et à moins que ce soit des croyants et nobles comme les Larisson pas question de s'interposer. On aide les malades, les nobles en difficultés, on donne quelques sous au gouvernement, mais on ne va pas s'interposer entre un garde et une esclave rebelle, elle n'avait qu'à obéir, et à son air insubordonnée l'esclave était surement une hérétique. Elle n'avait pas à être secourue par Caitlin, c'était le monde à l'envers ça !

A peine avait-elle vu l'esclave et le garde échanger des insultes alors que le garde empoignait l'esclave pour l'amener de force Caitlin n'avait pas hésité une seconde et avait dit à Roy de continuer sans elle. Il roula les yeux au ciel, il faudrait qu'il la contrôle un jour elle était intenable face à la moindre petite injustice, franchement avec la lune de sang il commençait à la voir d'un oeil neuf, mais pas forcément en bien. Avant il voulait qu'elle l'apprécie, maintenant il voulait juste que leurs sorties se passent sans qu'elle se fasse remarquer à défendre le petit peuple ou les asservis.

Il l'aurait attendu ou rejoint dans d'autres circonstances mais lorsque lady Hart s'en mêla avec un autre noble tout jeune il n'eut pas le courage d'assister à un autre mélodrame. L'esclave avait l'air d'être une rebelle, Isabelle Hart ressemblait à une villageoise dans sa tenue et Caitlin jouait les héroïnes. Il décida d'entrer au temple, les gardes à l'entrée le reconnurent évidemment mais pas formalité il s'annonça et pénétra dans le temple. Peu de nobles étaient déjà là mais il reconnut néanmoins lady De Larant avec sa famille. Leurs deux familles n'étaient ni alliées ni ennemies. Il passa à côté d'elle et la salua rapidement elle et sa famille.

- « Salutations ladies et sirs De Larant »

La route vers le temple est déjà bien remplie quand on se met en marche. Edwin est silencieux, ce qui est rarement le cas. Sa tendance à ne jamais se taire est une qualité que j'apprécie grandement chez ce jeune homme, que je considère comme un bon ami, et non un esclave, même si c'est sous ce nom qu'il est inscrit dans le registre. Je n'ai jamais compris cette démarche. Mes parents avaient un esclave, mais j'étais trop petit pour m'en souvenir. Disons qu'il a disparu du jour au lendemain. J'avais appris à ne pas poser de questions, déjà à cet âge-la. " Les questions ne te mèneront nulle part, imbécile. Notre société n'a  en aucun cas besoin d'être remise en doutes. " Voila la réponse que j'ai eu la seule fois que j'ai osé en posé une. J'avais demandé pourquoi nous avions besoin d'esclaves, alors que savions très bien faire nos choses tout seul. L'incompréhension que j'avais ressentie ce jour-la, je la ressens toujours.

Heureusement, une merveilleuse nouvelle se profile à l'horizon. Une promesse de changement arrive. Un léger sourire aux lèvres, les mains dans les poches de mon trench coat, je vois le temple se définir devant moi. La maison des dieux. Si il y a une chose que mes parents ne m'ont pas appris, alors que la plupart des nobles la pratiquaient, c'est la foi. C'est en lisant de vieux livres sur l'origine de Vivendale, mon passe-temps favori, que j'ai découvert cette pratique. Elle m'a aidé à ne jamais baisser les bras, à croire en moi, car ils y a des personnes qui se soucient de toi, surtout quand ça va mal. J'espère que les dieux vont approuver l'arrivée de la jeune reine. Je suis sûr qu'ils ne sont pas d'accord avec le règne du gouverneur, et des influences du Haut-Gouvernement. Ils doivent certainement avoir pitié des Villageois, ce sont leur dieux aussi. Un signe ce fera peut-être dans le temple.

Une fois arrivé devant les portes imposantes du temple, je pose ma main sur l'épaule d'Edwin, et d'un air qui se veut confiant, nous entrons.

L’Expiation avait été écourtée et pour cause, plusieurs têtes étaient déjà tombées. Le brun en avait donc profité pour disparaître parmi la foule, talent légendaire et diablement pratique des Ombrageux. Il s’était rendu chez lui, encore une fois et s’était préparé à rendre un rapport au Camp. Une fois arrivé chez lui, la matinée lui était revenue en mémoire, cette fameuse matinée en compagnie de Lady De Larant. Il avait poussé un long soupir troublé de sentiments, ne sachant quoi penser. Il connaissait clairement les doutes et le statut qu’elle lui attribuait. Cependant, lui, n’avait ni confirmé, ni nié. Seyrane avait avancé, fouillé et cherché dans le flou. Mais cela avait fortement agacé Dante qui lui avait clairement fait comprendre que si elle s’avisait d’émettre ne serait-ce qu’un soupçon, la prochaine fois qu’ils se verraient ne serait pas pour prendre des nouvelles, mais serait la dernière fois.  Dans les grosses lignes, n’est ce pas. Quelques heures plus tard, un garde était venu l’informé de l’évacuation immédiate et du rassemblement. Le temps de prendre quelques affaires et surtout des armes dans un sac en cuir qu’il avait balancé sur son épaule et le voilà, devant les immenses portes du Temple.

Le temps était froid et sec, temps qu’affectionnait particulièrement l’ombrageux même si la température réduisait votre mobilité digitale. Les nobles étaient nombreux, très nombreux, et les prunelles grises du mâle lorgnait très peu chaleureusement la communauté. Les manières n’avaient plus leur place, l’ambiance et l’atmosphère n’avait plus rien de luxueux et d’argent. Tout n’était que monde post-apocalyptique. Comme quoi, l’histoire se répétait inlassablement, pensa-t-il avec ironie. Il traîna avec son éternelle nonchalance dans la queue de noblions, retenant des remarques acerbes envers les plaintes de certains. Oh chéri, tu as oublié les châles, si jamais il fait froid. Ou encore Oh non, notre tendre et chère fille est-elle déjà arrivée ? Je vous prie, dîtes nous si elle est ici. Elle s’appelle Malia Tellister. Cette dernière remarque le fit particulièrement ricaner étant donné que la jeune fille prénommée Malia s’était enfuie avec un jeune homme inconnu après la Lune de Sang. Une fois à la hauteur des Gardes, il leur indiqua son nom et loucha sur l’impressionnante liste. Tssss, si peu de bravoure dans ces jupons et ces chemises.

Dégoûté et agacé par tant de lâcheté, il pénétra dans le Temple où des familles se disputaient déjà des places. Parce que celle-ci était plus riche donc elle prétendait à plus de place pour plus de confort. Un rictus amusé étira ses lèvres sensuelles ; si seulement ils savaient ce qui tramait. Oh oui, on leur avait tout dit. Sauf que pour les nobles, les choses n’étaient qu’exagérées pour les effrayer et eux, ils faisaient semblant, trottinant à l’abri. Mais ce que la plupart ignorait c’était que les choses étaient bien réelles. Le brun passa une main dans ses cheveux ondulés et se détourna un instant pour s’orienter. Bien évidemment qu’il n’allait pas rester ici. Il s’inscrivait simplement sur le registre avant de ressortir pour rejoindre le Mur. Quelle question ! Sa place était auprès des Ombrageux même en tant qu’espion. D’où sa tenue qui restait élégante mais très peu habillée et  étonnamment classique pour l’étranger qu’il était. Et alors que ses yeux métalliques balayaient l’assemblée, un éclair châtain attira son attention. Il reconnaîtrait entre mille ce mouvement de tête et cette couleur de cheveux ;  Lady Seyrane. Il plissa les yeux et se surprit à la chercher du regard. Masochiste ? Naaaaan, à peine. Plus elle restait éloignée et plus elle oubliait le fait qu’il existait, mieux c’était. Et même s’il tentait de s’en persuader, il savait bien que la jeune femme était trop intelligente pour se contenter d’une douche, de thé, de sourires et de sarcasme. Malheureusement.

Il se faufila finalement dans un coin et s’assit sur les marches qui menaient vers une porte en sculptée. Il était dans un léger recoin des murs, isolé mais d’où l’observation était pratique. Il posa son sac entre ses jambes et entama la répartition de quelques armes sur lui, au cas-où. Puis il laissa ses affaires sur ces marches, le reste ayant peu d’importance. Il se leva de son pas souple et félin, marchant entre, ou plutôt évitant, les Nordiens qui tentaient vainement de se convaincre d’une menace prochainement éliminée par leur cher Gouvernement adoré. Il chassa ses pensées négatives par une inspiration. Il penchait vers une humeur massacrante et une aversion pour la bourgeoisie ces jours-ci. Et ce depuis… Depuis qu’il avait « discuté » avec Seyrane. Il fronça les sourcils et se mordilla nerveusement la lèvre inférieure alors qu’il se glissait silencieusement vers la sortie. Les éclats de voix attirèrent son attention et ses prunelles tombèrent d’amblée sur la scène ; un garde, une esclave, son asservisseuse et d’autres nobles intéressés. Ils les connaissaient tous de noms, rien de plus. Hormis peut être la jolie demoiselle qui le rendait fort tendu. Il fit la moue, depuis quand une femme le faisait faiblir ? Dante retint un sifflement agacé et entreprit plutôt d’éviter les prunelles noisettes de Seyrane.

Elle réalisa alors à quel point elle s'était mise dans le pétrin, elle avait faillit à sa parole envers son défunt père. Au diable les promesses, elle n'était pas capable de se protéger elle-même, et elle avait briser son serment dès la mort de sa première soeur, à l'époque où son seul problème était de survivre sans aucun revenu. A présent elle était tiraillé entre les soucis d'une soeur noble, de quelques bizarres complots avec une guilde d'assassins libérateurs. Et même avec tout ça elle arrivait à s'attirer les foudres des gardes, comme si elle s'en prenait pas assez d'un coup comme ça. Elle venait à peine de se frotter à un garde qui l'empoignait, prêt à l'embarquer et la punir sévèrement, à cause d'une bousculade de rien du tout. Mais on ne peut se métamorphoser d'un soir à l'autre, elle était ainsi : impulsive et surtout grande gueule. Et maintenant Max allait être mis en position délicate pour avoir traîné avec une esclave revêche qui ne lui appartient même pas. Alors qu'elle pensait qu'elle allait finir embarquée voilà qu'une noble s'interpose. L'esclave écarquille les yeux, elle la connaît, mais d'où. Caitlin ! La noble qui l'avait aidé à sauvé Isabelle. Mais Caitlin avait tout entendu ce soir là, elle savait sa complicité avec Maximilian qui est un ombrageux, et Max est juste à côté, impuissant. Si Caitlin le reconnaissait il pouvait être mit dans de beaux draps, par la faute d'Arianna. Elle savait que ça finirait mal d'une manière ou d'une autre, avec elle ça finit jamais bien, à croire qu'une malédiction s'était abattu sur elle.

Après l'intervention de Caitlin se fut au tour de sa soeur d'apparaître, elle était méconnaissable. Ainsi sale et vêtu de fripes on commençait à remarquer la ressemblance physique avec Arianna. Isabelle lui intima d'arrêter et de laisser tomber. Le garde empoigna alors Isabelle et Arianna poussa un cri. Elle allait mettre tout le monde en danger à cause d'une stupide impulsion d'avoir répondu à ce crétin de gardien, non elle n'était plus comme ça. Si quelques semaines plus tôt mettre en danger un noble ne lui aurait fait ni chaud ni froid elle avait subi un grand changement de mentalité à présent qu'elle était dans l'Enclave, elle avait mûrit en quelque sorte. Elle se sentait pitoyable de causer autant de dégâts pour si peu. Quelqu'un proteste en reconnaissant Isabelle et le garde, un certain Gregor, les lâche toutes les deux. Comme quoi un nom peut tout résoudre, avec Arianna ça compliquait tout au contraire. Avant que les gardiens s'en reprenne à elle l'esclave se tut jusqu'à qu'ils repartent. Postée face à sa soeur elle croisa le regard mauvais du dénommé Gregor qui s'éloignait vers les habitations pour escorter quelques nobles apeurés. Elle suivit les gardes du regard jusqu'à qu'ils soient assez loin. Elle jaugea un court instant Caitlin qui semblait surprise de la voir vivante et Isabelle qui semblait en très mauvais état elle.

- « Merci » dit-elle à l'intention des deux « Mais pourquoi, tu dis que tu me détestes, que sans moi tu serais saine et sauve, que jamais tu n'aurais eu tout ces problèmes, pourquoi viens-tu m'aider si je suis une telle gêne pour toi ? »

Elle se tourna vers Caitlin, elles ne se connaissaient pas, et pourtant la noble l'avait épaulé pour la deuxième fois. L'esclave appréciait ce geste, et Caitlin s'étant interposé aux meurtres de l'expiation, Arianna avait vraiment envie de remercier Caitlin pour ça.

- « Nous ne nous connaissons pas mais tu m'as aidé, pour la seconde fois, et ta bravoure pour tenter d'arrêter l'expiation, je ne sais pas comment te remercier, tous les nobles devraient suivre ton état d'esprit, et.... »

Elle n'eut pas le temps d'achever ses remerciements, cela lui fait étrange de dire autant de fois merci dans la même minute. Gregor revenait vers elles, il intima aux deux nobles d'entrer dans le temple car avec la menace de Katharina il valait mieux s'abriter, on ne savait pas quand ni comment elle attaquerait mais ça ne risquait pas d'être tout joyeux. Il toisa Arianna et lui intima d'aller servir son asservisseuse et les autres nobles, de reprendre sa place d'esclave et de se taire. Il conclut le tout en lui souriant d'un air mesquin.

Elle n'avait qu'une envie, l'insulter. Elle ouvrit la bouche mais se ravisa, au diable sa fierté et ses idéaux, elle allait se taire pour une fois. Elle resta muette et avança vers le temple. Elle n'avait pas la foi, elle pensait que le Trisal n'était qu'un tissu de mensonges. Aller au temple semblait assez ironique à ses yeux. Malgré tout elle n'avait pas le choix. Elle adressa un regard à Maximilian, elle serait avec lui au moins, elle en tant qu'esclave pour le servir lui et les autres nobles, dont Isabelle. Et la voilà à nouveau dans une situation embarrassante, quel pétrin ! Elle entra dans le temple derrière Isabelle et Caitlin. Soudain elle le vit. Un noble à l'air sympathique posait sa main sur son épaule. Il était là, de dos, elle le reconnut lorsqu'il tourna la tête. Elle pensait à le retrouver depuis qu'elle était dans l'Enclave. Il avait grandit avec elle et elle avait grandit à ses côtés. Ils étaient un duo d'incompris au village mais si liés malgré les épreuves. Elle l'avait sauvée, il l'avait sauvé aussi. Aucune complication avec eux, seulement un lien très fort qui les avaient unis depuis leur premier jour. Ils s'aimaient d'un amour fraternel, et rien ne les séparaient, sauf l'esclavage. Mais à présent elle en était une aussi. Elle pilla net, quelques nobles s'exclamèrent d'indignation quand ils étaient derrière et la poussèrent. Il tourna alors la tête dans sa direction, elle était encore tout secouée, elle avait tant cherché à la retrouver ! Et là le vide total, comment allait-il prendre qu'elle avait faillit elle aussi et s'était fait prendre, qu'elle était elle aussi une esclave. Il risquait de mal le prendre. Il la reconnut alors. Elle ne bougea pas d'un pouce alors qu'il s'éloignait de son maître pour la rejoindre. Il semblait aussi étonné qu'elle de se revoir. Il posa ses mains sur les joues de la jeune femme comme pour voir si elle était bien réelle. Elle était tout à coup toute réservée, il était bien là, il était comme son frère pour elle, et le revoir après toutes ces épreuves, elle avait juste envie de le prendre dans ses bras et pleurer.

- « ...Non...pas toi, comment...quand t'ont-ils prit ? »
- « Ça ne remonte qu'à peu, je suis désolée Ed... »
- « Ils t'ont tout pris, même ta liberté, ils ne vont pas s'en sortir comme ça ! »
- « Calmes-toi, tout va bien, je vais bien. Nous nous sommes retrouvés, peut importe comment, je t'en prie ne t'attires pas de problèmes... »

Elle l'enlaça, l'étreinte protecteur de ses bras la rassura aussitôt. Elle avait eu besoin de lui ces derniers temps, mais il avait été au demeurant absent. Ce n'était pas sa faute, il était l'esclave de ce bonhomme noble là-bas, elle ne connaissait pas ce noble mais Edwin semblait bien portant, alors ça devait être un noble conciliant avec ces esclaves. Elle lui murmura un merci pour qu'il soit en vie. Ils furent alors séparés par un garde qui leur intima d'un ton mauvais et autoritaire d'aller apporter ces provisions dans l'arrière-salle du temple. Arianna prit l'une des caisses et commençait à s'exécuter. Elle avait retenu la leçon, baisser le regard et se laisser faire. Edwin faisait face au gardien. Si on pensait qu'Arianna était impulsive, violente et belliqueuse, c'est que ces personnes n'avaient pas vu Edwin, il était quelqu'un de très colérique et qu'on lui donne des ordres, ça le révulsait. Elle sentait dans l'air déterminé de son ami qu'il allait exploser, et ça allait pas être joli. Elle tenta de le retenir mais il avait déjà commençait à dire non face au gardien qui lui asséna une gifle. Edwin répliqua alors par la même violence. Il était quelqu'un vivant pour la vengeance, le sang par le sang. Il se fichait des conséquences et son père l'avait battu tellement de fois qu'il n'avait pas un seul remord à frapper un gardien. Il aurait même été fier de voir comment Arianna avait frapper le gardien le jour de son arrestation. A peine avait-il levé la main sur ce gardien que tout partit dans une spirale de soucis, tout empirait.

Les nobles poussaient des cris d'indignations, Dmitri, le maître d'Edwin se retourna vers son esclave surpris par son geste. Les gardiens rappliquèrent en masse et prirent Edwin. Ils l'entraînaient vers l'autel mais il se dégagea en asséna quelques coups. Il grimpa sur l'autel et pointa un doigt accusateur vers les nobles choqués. Arianna lui criait d'arrêter. Dmitri tentait d'apaiser la situation mais rien n'y faisait. Edwin en colère revenait à une auto-destruction.  

- « J'emmerde vos ordres et votre fichu roi, ramassis d'ingrats ! Avec Katharina vous allez voir, la balance va changer de sens, elle va libérés les opprimés que vous oppressés ! »

Non, non, non ! Arianna assistait impuissante à son ami en colère qui venait de jouer les hérétiques devant une foule de nobles, le gouvernement en personne et des gardiens en masse. Il risquait de se faire tuer !

Aria compliquait vraiment tout... A ce moment même, Isabelle était prête à faire le premier pas, à enlacer sa sœur et ce malgré la présence des gardes et d'autres nobles... Mais les reproches d'Arianna, le rappel du fait qu'elle l'avait abandonné, l'en dissuadèrent. A croire que seuls les papiers de propriété l'intéressaient, sa demi-sœur l'avait prise au mot, elle l'avait oublié... Isabelle n'y était pas parvenu. Avant qu'elle ne puisse articuler un mot, Gregor refit surface lui sauvant la mise pour cette fois. Il les obligea à forcer le pas, et Isabelle en profita pour tirer Maximilian vers l'arrière, et elle se contenta de n'adresser à son égard que deux ordres. Un "Garde un œil sur elle", et un "Ne lui dis pas..." qu'elle accompagna en lui sortant de sa poche l'acte officiel de propriété d'Aria. Elle le lui tendit, ça lui éviterait d'autres soucis... Mais elle ne voulais pas qu'elle le sache car elle savait que si l'esclave l'apprenait elle n'aurait plus besoin de lui adresser la parole. Isabelle remonta en tête de peloton à côté de Caitlin, dont Roy, son époux avait déjà gagné le temple. Lorsqu'ils arrivèrent, elle vit Arianna s'éclipser sur la gauche mais ne parvint à la suivre du regard à travers la foule. Instinctivement, elle fit un mouvement de recul lorsque Caitlin posa la main sur son bras. Cette dernière ne s'en offensa pas et Isabelle lut dans ses yeux une certaine pitié. Elle retint un soupir, après tout Lady Larisson ne lui voulait pas de mal, elle avait participé à son sauvetage à la Lune de Sang. En d'autres circonstances, Isabelle aurait voulu prendre le temps d'en faire son amie et se serait confiée à elle... Mais aujourd'hui elle n'en avait pas le courage. Peut-être avait-elle tort, si comme le disait les rumeurs Vivendale était sur le point de tomber c'est d'ami qu'elle aurait besoin. Elle se contenta d'ignorer la question. Non, elle ne se confierait pas, du moins pas tout de suite.

- Caitlin, que savez-vous de cette nouvelle menace ?

Son attention fut alors attiré par de nouveaux éclats de voix, et par Aria en compagnie de celui qui semait la pagaille...

A peine entré dans le temple, je ressens la confusion et les doutes des autres nobles. Je les comprends, pour une fois, mais dans cette établissement, ce n'est pas l'attitude à prendre. Les dieux veilleront sur nous, c'est obligé. Je me tourne vers Edwin, sauf qu'il n'est plus la. Plissant les yeux, j'essaye de le trouver dans la foule. Pourquoi est-il parti sans me prévenir ? Je le trouve un peu plus loin, accompagné d'une jeune demoiselle. Ils ont l'air de se connaitre. Soulagé, je le laisse continuer sa conversation. Il n'avait pas vraiment d'amis ici, peut-être vient-il de retrouver une ancienne connaissance. Je rejoins le fond du temple, peu peuplé car en partie dans l'ombre. Edwin me retrouvera bien, il sait que je n'aime pas les foules. Soudainement, les personnes devant moi commencent à s'agiter, visiblement préoccupées par quelque chose. Je ne vois pas grand chose, je décide donc de m'approcher. Je reconnais Edwin, une expression de colère que je n'avais encore jamais vue sur son visage. Un gardien lui intime de porter une boite, mais il refuse. Le gardien lui assène une gifle sur la joue. Je m'apprête à protester quand Edwin réplique. Horrifié, je joue des coudes pour parvenir auprès de lui, sauf que plusieurs gardiens arrivent à la rescousse du premier, et commencent à l'entrainer vers l'autel. Tout ce passe alors très vite. Tentant en vain de raisonner le jeune homme, je le vois se dégager des gardiens et sauter sur l'autel, ce qui en soit est assez grave pour être mis à mort. Ses paroles résonnent clair et net dans tout le temple, initiant une vague d'indignations et d'incompréhension chez les nobles. Mes jambes refusent de bouger. Edwin vient de signer son arrêt de mort, et je ne peux rien faire. Les gardiens l'empoignent de nouveau, le jetant ensuite à terre dans la poussière.

- Cessez ! Mon esclave n'est pas dans son état normal, il est bouleversé par l'arrivée de Katharina, il ne sait pas ce qu'il fait !

Ma voix n'arrive même pas aux oreilles des gardiens, tellement le temple s'est transformé en place du marché. Tous les nobles se cherchent une place pour regarder le spectacle sanglant promis après un tel blasphème. Désespéré, je contourne la masse qui s'est formé près de l'autel, mais un autre gardien, qui a du m'entendre, me barre le passage. Un sourire cruel aux lèvres, il me place juste derrière l'autel, où Edwin est allongé. Il veut me faire voir le massacre ! Oh Edwin, pourquoi ? Les larmes aux yeux, je vois Edwin se faire relever par les gardiens, une expression déterminée sur le visage. Il n'a pas l'air d'avoir peur de ce qui va suivre. Fermant les yeux un instant, je prie silencieusement les dieux. Ils ne peuvent tolérer un meurtre dans le temple. Ils ne peuvent pas approuver. Ils ne vont pas laisser un être humain se faire massacrer pour avoir exprimer son opinion dans leur demeure !? Un cri de terreur se fait entendre dans la foule. Je relève la tête. Le premier garde vient de sortir une dague de sa ceinture, et commence à jouer avec. Ils vont donc vraiment osé tâcher le sol du temple, avec le sang de mon seul ami ? J'essaye de me dégager, mais encore une fois, je ne suis pas assez fort. Edwin me regarde, l'air résigné. Puis il tourne le regard vers la foule, cherchant certainement la fille de tout à l'heure du regard. Je secoue la tête, sanglotant en silence. Mais qu'est-ce qu'ils foutent ? Les dieux...

La lame siffle en s'abattant, suivi des exclamations de la foule. Edwin lâche un grognement, tenant sa main droite ensanglantée. Les dalles commencent à se teindre de rouge, contrastant avec le visage pâle d'Edwin. Les sadiques ! Ils ne vont pas lui accorder une mort rapide !

- Qu'est-ce que vous attendez...Aryn, Malsa, Thol..ne m'abandonnez-pas..pas maintenant !

Le souffle court, je murmure mes prières. Le gardien quant à lui, reprend sa dague. Cette fois, c'est la jambe gauche qu'il vise, tranchant le tendon du genou. Edwin se retient de hurler, tout en se tortillant sur le carrelage. Les nobles continuent à regarder, pas intimidés du tout. Sont-ils tous cinglés ? Un être vivant, une personne, se fait torturé et ils n'ont rien d'autre à faire que d'applaudir à chaque coup ? Si il y a un moment ou j'ai perdu la foi en l'humanité, c'est bien ici.

Edwin reste allongé sur le sol, la respiration sifflante. Le sang coule à flot, se propageant par les rainures des dalles. Le gardien l'empoigne par les cheveux, le forçant à se mettre debout. Son genou blessé l'empêche de rester proprement droit. Un coup de poing au menton le fait valser de nouveau à terre. Le gardien lève sa dague, ce qui fait rugir les nobles encore plus. D'un geste précis, il poignarde Edwin, perforant sans doute un poumon. Le cri de douleur est déchirant, mais rapidement, le jeune homme commence à tousser du sang. Je refuse de le voir mourir, je ne peux pas..pourtant, je regarde Edwin tentant en vain de respirer, la plaie ruisselante de sang. Sa respiration est saccadée, entrecoupée de hoquets et de sang. Un coup fatal. Je ne comprends pas. Comment ont-Ils laissé faire ça ?! Les gardiens ordonnent aux nobles de se bouger, formant un cercle autour d'Edwin, qui s'accroche encore à la vie. Ses yeux deviennent peu à peu vitreux, son torse arrête de bouger. Il est à peine inerte que les gardiens le trainent par les pieds vers la sortie, peu soucieux des traces de sang laissés dans leur sillages. Silencieux, je n'entends plus les nobles. Seul le battement de mon coeur résonne dans ma tête. Ca, et la rage qui commence à bouillonner. Tout ce que en quoi j'ai cru m'a trahi. J'ai perdu mon seul ami, et aussi la seule raison de croire en moi. Les dieux se foutent bien de la vie des autres. Ils me l'ont bien prouvé. Il n'y a personne qui veille sur nous. Ils sont fictifs, je le vois maintenant. Toute ma vie n'a été qu'un mensonge.

Je me relève, l'air impassible. Je ne peux pas rester ici. Les nobles continuent à parler avec ardeur de ce qu'ils viennent de voir. Les gardes restants ne font pas attention à moi. Je m'éclipse. Plus rien ne me retient dans cette ville.

      La famille de Larant pénétra dignement dans le Temple, et croisa Roy Larisson qui les salua très poliment. Les parents de Seyrane et sa sœur répondirent de la même manière, tandis que la première, l'esprit ailleurs, n'y prêta même pas attention.
L'immense salle principale du bâtiment fourmillait déjà de familles accompagnées de leurs esclaves ; c'était assez peu habituel, on avait l'impression d'être en plein de cœur des rues de l'Enclave. Une forte tension régnait ; on sentait tous ces petits nobles en panique bien qu'ils n'en montrassent rien.
Seyrane reconnaissait une grande partie des visages qu'elle croisait mais préférait les ignorer. De toute façon, tout le monde était tellement stressé que personne ne se formalisait de certains manques d'étiquette. Elle souhaita simplement ne pas voir Isabelle ou Arianna. Son esprit n'était pas aux conflits.

A ce moment-là, il fallait bien s'avouer que si elle n'avait pas la tête aux affrontements, c'est qu'elle pensait à autre chose. Cet autre chose qui se caractérisait par un homme infréquentable et très séduisant... Quand elle y repensait, elle fulminait à la fois de rage et de dépit. Avec toute cette agitation, et une possible guerre, ils n'allaient pas pouvoir se revoir tout de suite. Après ce qui s'était passé, elle avait encore envie de le revoir, en plus. Quelle catastrophe.

Soudain, beaucoup plus au fond de la salle, une grande agitation s'installa. La jeune femme n'avait guère prêté d'attention aux derniers évènements et elle ne comprit donc pas du tout la scène qu'elle entraperçut entre deux têtes des nobles qui s'amassaient pour contempler le spectacle. Un homme, vêtu assez modestement, probablement un esclave, était en train de se faire... Mutiler, oui, c'est bien le mot, sur l'autel même du Temple ! Les gardiens prennent un malin plaisir à blesser le jeune homme tandis qu'un autre seigneur, un peu plus âgé, tente vainement d'arrêter le massacre.

Mais quelle était donc cette démonstration barbare ? La preuve d'une société qui ne tenait plus debout, qui s'effondrait un peu plus chaque instant tandis qu'une armée étrangère menée par une fillette de 17 ans lui marchait dessus ? Malgré l'inquiétude ressentie aussi bien par Seyrane que par tous les habitants des environs, la jeune femme ne put s'empêcher de penser qu'ils étaient bien punis.

La scène était vraiment insoutenable et révoltante : malgré son apparent cynisme, la noble ne pouvait soutenir la vue de cet affreux spectacle. Le pauvre homme continuait d'en prendre plein la tête tandis que ce ramassis de gens qui se disent nobles observaient les choses, fascinés. Quoi, parmi tous ces gens arrogants et méchants, il n'y en avait pas un pour rattraper les autres ? Pas un pour s'insurger contre cette violence ?
Même elle se sentait coupable ; car oui, c'est bien beau de critiquer les autres mais quand soi-même on n'ose pas, on se tait. Et ici, dans ce temple, entourée de tous ces nobles qu'elle connaissait, Seyrane n'osa pas. Elle observa stoïquement l'homme mourir tandis qu'au fond d'elle la révolte était sans mesure. Cependant, maintenant que le cadavre était allongé dans son bain de sang, elle ne pouvait plus rien faire. Les conventions et la bienséance l'en empêchaient.

Malgré ses grandes idées, la jeune femme n'était qu'une noble parmi les autres. Elle aimait sa famille et souhaitait conserver leur respect ; c'est surtout pour cela qu'elle bridait ses réactions. Les autres, elle s'en fichait un peu. Mais ses parents et sa sœur représentaient beaucoup et elle ne voulait pas perdre leur estime. La révolte se transforma petit à petit en une sorte de désolation, de dégoût de l'espèce humaine. Il n'y avait plus rien à faire. Un lourd soupir sortir de sa poitrine et sembla se répercuter sur les murs de la salle. Elle ne prêta plus attention à la foule qui l'entoure, il lui semblait qu'elle est partie dans un autre monde. De toute façon, qui sait combien de temps il lui restait à vivre ?

Son esprit franchit encore une nouvelle étape et tous ses sentiments précédents se muèrent en une sourde résolution. Elle ne mourrait pas, elle se battrait, elle resterait en vie coûte que coûte. Tiens, elle avait même réussi à oublier Dante le temps d'une mort cruel. Quel exploit. Exploit qui se révéla de courte durée car à nouveau toutes ses pensées étaient sur lui et elle se surprit même à chercher sa silhouette du regard. Serait-il plutôt ici ou plutôt avec les Ombrageux ?
Le connaissant, même peu, il ne choisirait pas la sécurité relative de la noblesse.

Elle se serait cru dans un cauchemar, l'un de ces cauchemars où tout est si réel mais qu'on ne peut accepter que tout est vrai là-dedans. Animé par une lueur de révolte implacable Edwin n'avait pas hésité une seconde, ses moindres faits et paroles étaient une improvisation des plus totales mais ça n'en était que plus poignant. Elle n'arrive pas à faire le moindre mouvement, elle a l'impression de crier, mais aucun son ne sortait. Elle avait l'impression d'être dans un mauvais songe, puis les cris de son ami la rappelèrent à la réalité, il était réel, sa souffrance l'était aussi. Elle tenta de forcer un passage dans la foule tellement serrée qu'elle ne laissait aucune trouée. Elle n'entend plus que les cris d'Edwin, et les supplications de Dmitri, le maître de ce dernier qui tente de lui venir en aide. Mais ni Dmitri ni elle n'arrive à le sauver. L'affront que leur ami à fait était une erreur monumentale, il allait être prit pour un hérétique, il était condamné d'avance. Elle l'avait vu heureux comme malheureux, elle l'avait vu optimiste comme désespéré, mais jamais elle ne l'avait vu aussi acharné. Comme si une étincelle de révolte avait embrasé son âme toute entière. Elle n'arrive pas à percer la foule, ils sont tous pressés les uns contre les autre comme s'ils s'arrachaient une bourse de dix milles pièces, tout ça pour être au première loge d'un horrible massacre. Elle l'entend crier encore, elle pousse un cri de terreur, ou de rage, peut être même les deux mélangés, elle est désespérée et ne sait plus ce qu'elle ressent elle-même. Elle venait de le retrouver, et elle allait le perdre la minute suivante. Les exclamations de la noblesse ne formaient qu'un fond sonore où seuls les voix d'Edwin et de Dmitri se détachent. Le maître prie et en appelle à tout les dieux du Trisal à présent qu'il a été immobilisé par un garde alors qu'il tentait de sauver son esclave. Elle savait qu'aucun dieux ne viendraient sauver son ami, ni lui ni elle n'avaient la foi en une quelconque divinité, si les dieux existaient ce seraient plus des monstres que des êtres bienveillants et supérieurs. Elle était la seule qui pouvait l'aider à présent, elle était la seule encore en mesure de se battre pour lui, il aurait au moins eu deux personne pour se battre en son nom à sa fin.


Les cris continuent de résonner dans tout le temple, l'écho de ces cris semblaient les multiplier. Comme si un devenait milles. Elle bouscula dans la foule jusqu'à atteindre l'autel, à peine s'eut-elle extirpée de la masse qu'elle se retrouva face contre terre, un gardien l'ayant frappé dans le dos pour l'empêcher de faire un pas de plus vers l'autel. Elle le voit enfin, allongé sur le sol il se retient d'hurler à niveau. Il baignait dans son propre sang. Elle poussa un cri de terreur, ce n'était même plus un cauchemar, même un esprit aussi assombrit que le sien n'imaginait de telles souffrances dans son subconscient. Le liquide sombre prenait de plus en plus ses aises sur le carrelage et arrivait presque à elle. Il devait souffrir comme jamais. Elle vit alors une lame s'abattre sur le corps de son ami, non ! Elle ne se rend même pas compte que son visage est ruisselant de larmes, elle ne se préoccupe pas d'elle, seulement d'Edwin. Il était sa dernière famille, pas celle de sang, clle qu'on choisit. Il était son frère, elle était sa soeur, ils étaient liés et pas même la mort pouvait défaire ce lien. Elle n'est alors plus retenu par le gardien qui rassemblent la foule en cercle autour d'un Edwin au bord de la mort qui continuait à se battre contre la mort en hurlant. Ils lui portèrent alors un coup fatal. Le corps d'Edwin resta inerte, son torse ne se soulevait plus, aucune respiration, seulement la mort. Elle se précipita vers lui, traînant dans le sang de son propre ami, mais les gardiens commençait à le traîner vers la sortie. Elle hurla encore une fois, comment pouvait-on être ainsi, aussi cruel, aussi monstrueux. Ils l'avaient tué, dans un temple, la maison de leurs fichus dieux passifs ! Et maintenant ils ne laissaient même pas le loisirs à ces proches de s'approcher de lui, même mort les gardiens continuaient à être horrible avec Edwin. Il n'avait pas voulu ça, il ne voulait qu'une meilleure vie que jamais le gouvernement de lui aurait donné. Le sang de son ami est répandu dans toute l'allée, elle assiste impuissante à la scène depuis le début. Elle avait tenté, elle avait tenté de la sauver, mais elle avait faillit. Elle ne pensait qu'à lui, elle avait pensé que l'Enclave était une source de malheurs pour elle, elle s'était trompé. L'Enclave était la tombe, la tombe de son bonheur, des quelques ruines de bonheur. Edwin était sa dernière famille, maintenant elle n'avait plus qu'elle.


Ele voulu se relever, rattraper les hommes, ces monstres, qui traînaient le corps sans vie d'Edwin pour le sauver pourrir dehors comme s'il avait été la dernière des vermines. Elle aurait été prête à tuer tout ces gardes pour le venger, elle était perdue. Elle n'avait plus de famille à qui se rattachait, sa dernière était traîné vers la sortie, sans vie. Elle tenta de se relever mais glissa dans le sang, le sang de son ami. Ses mains étaient tâchés de son sang, elle baigner littéralement dedans. Elle n'y fit pas attention sur le coup car elle se releva aussitôt et se précipita vers les gardes pour tenter de les faire lâcher le corps de son ami. A côté Dmitri semblait vide de lui même, une coquille sans âme à l'intérieur, il en profita pour s'éclipser. Elle commença à s'acharner pour les faire relâcher son ami quand d'autres gardes arrivèrent en renfort et l'attrapèrent, il la traînèrent dans la direction opposé. Elle tentait de se défaire, ses pies glissaient sur le sol et elle n'arrivait à les stopper ni à se dégager. Elle se souvint une fois, elle l'avait trouvé amoché, couvert de sang et de bleus après que son père l'est battu. Ce soir là il lui avait dit que son père était un monstre, qu'il le serait aussi, qu'il ne pouvait pas être sauvée. Elle lui avait répondu que la famille allait au delà de celle du sang, qu'il pouvait choisir celle qu'il voulait, il avait alors dit qu'il la choisissait elle comme famille, qu'il la prenait toute entière, avec ces défauts et ses qualités, qu'elle était sa soeur de sa famille de choix, et pas de sang. A ce flash elle poussa un hurlement de douleur. Les gardes la lâchèrent au milieu de l'allée dès que leur confrères aies jetés le cadavre d'Edwin dehors et aies refermées soigneusement les doubles portes en bois massif. A peine les portes furent-elles fermées qu'elle eut l'impression qu'on montait le volume, toutes les voix des nobles semblaient monter d'un cran. Elle entendit certains s'exclamer que cet hérétique n'avait-eu que ce qu'il méritait, d'autres blâmaient qu'un esclave avec de telles parole n'ai pas été pendu plus tôt. Elle ne pouvait pas entendre ça plus longtemps, ils ne savaient rien eux ! Ils ne savaient pas qui il était, il ne le connaissait pas, eux ne connaissaient que le luxe et l'or, lui ne voulait qu'une chose : une vie meilleure. Peut être que s'il existait une vie après la mort il trouverait enfin la paix, un monde sans faibles à la merci des puissants, un monde sans injustices. Mais un monde ainsi n'est qu'une utopie.


Elle réalisa soudain qu'il ne reviendrait jamais, ce n'était pas comme lorsqu'elle l'avait vu partir pour l'Enclave ou elle s'imaginait le retrouver d'une manière ou d'une autre, peut importe quand. Là il était partit, évanoui dans les abysses de la mort. Il était mort. Mort, mort, ce mot se répétait sans cesse entre les commentaires plus horribles les uns les autres de la noblesse. Elle restait prostrée au sol à pleurer les larmes de son corps. Dmitri avait réussit à s'éclipser lui. Elle était à présent la nouvelle attraction, au moindre faux mouvement elle finirait comme Edwin. Mais elle ne pensait pas à ça, elle le vengerait mais pas ce soir. Elle était rongée par le chagrin, partagée entre la rage et un néant total dans son cœur, elle se sentait mise au dépourvue, perdue. Elle a perdu sa dernière famille, et son plus cher ami. Elle n'avait plus aucune famille, certes elle avait Isabelle, mais une soeur de sang qui la détestait. Elle avait aussi Max, mais ce n'était pas un amour fraternel qui les unissaient, ils étaient de vrais complices, mais pas jusqu'à aller à une famille. Elle entendit alors un noble qui s'exclamait à voix haute que c'était un signe de dieux, que cet hérétique en moins prouvait qu'ils allaient abattre Katharina. Elle poussa un hurlement et rentra sa tête entre ses bras. Comment pouvait-on dire ça ?! Elle ne voulait plus les entendre, ils se fichaient bien d'elle d'ailleurs mais les entendre dire ces horreurs sur son ami, elle ne pouvait pas. Mais elle ne pouvait pas partir non plus. Elle se fichait de ce qui allait lui arriver à cet instant, elle se fichait des regards dédaigneux des nobles qui trouvaient incongrues de voir une esclave prostrée au sol à pleurer ainsi dans un temple pour un hérétique. Elle se fichait pas mal de tout ça, elle était trop brisée pour penser à ce genre de choses. Elle était trop brisée pour avoir la moindre rédemption d'ailleurs.

Ecoeuré, voilà son état d'esprit devant une telle scène. Commettre ça... une telle abomination dans une terre sacrée, au temple ! Mais quelle honte ! Le trisal n'avait nul besoin de voir des esclaves trucidés dans leurs maisons pour aider à vaincre Katharina, à quoi bon verser encore plus de sang. Mais lui comme tout les autres nobles voulant arrêter le massacre ne firent rien, ils laissèrent le sang couler. Même Caitlin d'habitude si engagée n'était pas intervenu. A présent il commençait à la cerner, elle et son envie de justice. Le massacre de cet esclave avait été des plus inhumain, sans aucune raison. Cet esclave massacré, un hérétique certes, mais un esclave, né sur ces terres donc, qui fut un jour un villageois, le peuple de Vivendale. Et l'on devrait le massacrer devant ses propres dieux pour rien. Certes un esclave reste un esclave mais de la à le massacrer dans un temple ! Et devant un de ces proches et le maître de l'esclave. En effet une adolescente, esclave aussi vu son collier d'esclave, resté aggennouillé à terre en pleurant toute sa douleur, et Dmitri, le maître de l'esclave tué, qui avait tenté de stopper le massacre, l'un des seuls d'ailleurs, seule l'esclave et surtout Dmitri avait tenté de venir en aide à l'esclave tué. Bref. Dmitri, il était où d'ailleurs à présent lui ?

Déjà que l'exécution avait été horrible, tout le sang, le carrelage du temple était trempé, quelle honte quand même....Mais en plus de l'abomination du massacre voilà que les vrais puritains, les nobles des nobles, ceux étant éduqué en voyant l'esclave comme un animal, il y-en avait encore, et beaucoup même en fait, ces nobles là se firent un plaisir d'utiliser l'exécution comme d'un signe du Trisal pour présenter leur victoire face à Katharina. Comment pouvait-on oser, le tuer, et maintenant bafouer son honneur. Mais dans quel monde peut-on vivre si l'on ne respecte même plus les morts. Roy était choqué, choqué était le mot. Faire ça, pour lui ça devenait horrible. Voir ce massacre, les entendre jurer ainsi quelqu'un de mort dans d'atroces souffrances, pourquoi, pourquoi faire ça ? Et surtout ici, dans un temple, une terre sacrée.

On dirait que la honte, la peur, l'incompréhension, la haine et l'inquiétude se sont tous donné rendez-vous pour débattre de la chose dans ma tête. La honte, parce que je n'ai pas levé le petit doigt pour interrompre le massacre. La peur, parce que les gardiens sont prêt à tout, ils l'ont bien démontré. L'incompréhension...même sans être un adepte du Trisal, je pensais que le respect de cette religion était importante. Je ne pense pas que tuer un jeune homme de sang froid rentre dans la catégorie de " chose à faire pour gagner la faveur des dieux ". La haine suit logiquement. Quant à l'inquiétude, c'est Aria. D'après ce que j'ai pu voir, elle connaissait bien le jeune esclave. Une telle horreur..je la cherche des yeux mais ne la vois nulle part. Je fraye mon chemin vers la sortie. Ce que je découvre me fait arrêter, la gorge nouée. Je n'avais jamais vu une telle vulnérabilité de la part d'Aria. Son visage, à moitié caché par ses mains, ruisselle de larmes. Pas sûr du tout à comment gérer la situation, je m'approche doucement, me mordant les lèvres. Personne ne semble se soucier de nous, tellement ils sont absorbés par leurs conversations de ce qui vient de se passer. Je m'accroupi et pose une main sur l'épaule d'Aria, lui signalant ma présence. Elle n'a pas l'air de s'en rendre compte, ou si c'est le cas, elle n'en montre rien. Je me tais, car que dire dans une telle situation ? Les mots ne ramènent pas quelqu'un à la vie. Une promesse n'arrange en rien le coeur meurtri d'une personne. Et un conseil n'attise nullement le désir de vengeance.
Après quelques minutes de silence, et toujours aucun changement de sa part, je me lève, non sans avoir déposé un bref baiser sur son front.

- Si tu as besoin de quoi ce soit, je reste dans les environs.

Je me rappelle qu'Isabelle m'a passé les papiers officiels, et aussi de sa promesse. Je m'y tiendrais, pour le moment. De plus, ça ne sert à rien d'évoquer ce sujet pour le moment.

- ... ne fais rien de stupide s'il te plais.

Des paroles en l'air, je le sais bien. Je pourrais rester, mais j'ai l'impression de suffoquer dans cet endroit. L'air frais me ferait du bien. Je soupire et fini par sortir du temple discrètement, juste pour m'arrêter quelques mètres plus loin. Le monde est devenu fou.

Alors que je m'apprêtais à entrer dans le temple le spectacle devant moi me mit sans voix, Isabelle était agrippée par un gardien qui tenait aussi Arianna, l'esclave et demi-soeur d'Isabelle. Tout devenait de plus en plus compliqué avec cette famille. Je restais assez choqué par tout ça. Les deux soeurs avaient un don similaire, se mettre dans le pétrin. Mais à peine un collègue gardien eut reconnu Isabelle le gardien tenant les deux soeurs les lâchèrent. J'hésitais à les rejoindre mais me ravisa en voyant les deux soeurs se faisant face, elles semblaient avoir leur compte à régler. Mais au moins Arianna allait bien aussi, ne serait-ce qu'à la Lune de sang elle s'était mise en danger tellement de fois, c'était quelqu'un qui n'avait pas peur de braver le danger visiblement. J'entrais dans le temple, lorsque Isabelle entra aussi j'allais la rejoindre sauf qu'elle parlait avec Caitlin Larisson, sa sauveuse de la Lune de sang. Avais-je déjà dit que c'était une famille compliquée ? J'attendais que mon amie d'enfance ai fini sa conversation avec lady Larisson. En tournant les yeux je vis Arianna enlaçant un esclave. La minute d'après ce même esclave s'emportait face à un gardien et sauta sur l'autel en pointant un regard interrogateur vers nous. Je fronçais les sourcils, que nous voulait-il ? Il dit qu'il soutenait Katharina et ne croyait pas aux dieux. Mais était-il fou ? Le pauvre garçon se fit massacrer dans un bain de sang des plus horrible. Je ne pus m'empêcher de détourner le regard, mais les cris étaient tout aussi audibles...En écho Dmitri Vrishnic tentait de sauver son esclave et Arianna criait les yeux rougis de larmes.

Après ça les rumeurs concernant l'esclave mort fusèrent, un hérétique tué dans un temple, ça dépassait la peur de l'arrivée de Katharina. Je suivis du regard les gardes qui traînaient le corps de l'esclave jusqu'à la sortie pour le jeter dans la rue. Je la vis alors, Arianna tentait de les rejoindre mais elle se fit attraper par d'autres gardes et traîner dans la direction éloignée, dès qu'ils jetèrent le corps de l'esclave il la lâchèrent et Arianna elle ne bougea pas d'un pouce. A terre elle pleurait, quelle drôle de tableau ! Arianna, je ne la connaissais pas beaucoup, mais du peu que je la connaissais elle était tout sauf quelqu'un de sentimentale, la voir aussi vulnérable était inédit. Un noble s'approcha alors d'elle et après avoir déposé un rapide baiser sur le front de la jeune femme avant de s'éloigner. Elle n'en bougea pas pour autant, restant au sol. Et personne ne fit rien d'autres. Quelle honte ! Je n'y croyais pas, comment pouvait-on être si cruel, tuer un esclave devant ses proches et les laissaient au dépourvu ainsi comme si de rien n'était. Personne ne disait rien, personne n'était offusqué ! Je regardais encore une fois Arianna au sol. Non je ne pouvais pas la laisser comme ça, après tout, elle était la demi-soeur de ma plus proche amie.

Je m'approchais d'elle, je ne pouvais pas vraiment l'aider, impossible de ramener les gens à la vie. Mais je ne pouvais pas la laisser comme ça, elle était effondrée et comme c'était une esclave personne ne venait l'aider. La pire noblesse d'esprit était chez les nobles ! Je l'aidais à se relever, je ne pouvais pas me résoudre une seconde de la laisser dans l'état où elle était, prostrée ainsi au sol...Comment pouvait-on être aussi dur avec quelqu'un par simple fait que c'était un esclave. Je ne comprenais pas. J'hésitais un instant à la lâcher, elle ne disait rien. Mais je savais ce qu'elle ressentait, lorsque ma soeur était morte si lâchement assassinée je n'étais même pas capable de dire aux autres de me laisser tranquille. Alors oui je comprenais ce que ressentais Arianna, un proche mort, c'est horrible, mais la seule personne qui pouvait vraiment la soutenir ce n'était pas moi, c'était sa soeur, Isabelle.

La jeune noble était restée hébétée après la scène qui venait de se dérouler devant les yeux de tous, dont absolument aucun n'avait réagi. Même si le tourbillon de sentiments qui l'avait envahie s'était apaisée, elle restait profondément indignée face à ce qui s'était passé. Déjà pour le côté humain, battre à mort un pauvre esclave comme ça, et en plus dans un lieu aussi sacré, pour couronner le tout alors qu'une armée dont on ne savait pas la taille marchait sur la ville ! Et comme d'habitude, personne ne protestait, tous ces petits nobles assis dans leur routine se taisaient et observaient paisiblement ce genre de scène. Seyrane était révoltée, dégoûtée, elle avait besoin de sortir, de prendre l'air, de penser à autre chose. Dante était complètement sorti de son esprit et c'était sûrement mieux ainsi.

Alors qu'elle promenait ses yeux sur la salle en essayant de voir des visages connus, elle aperçut Arianna, l'esclave de son ennemie jurée Isabelle, effondrée au bout de l'allée centrale. L'esclave qui avait été battu aussi sauvagement était-il un de ses proches ? Un jeune homme inconnu à ses yeux s'approcha de la jeune femme, lui parla et la quitta après avoir déposé un baiser sur son front. A cet instant, Seyrane reconnut Derek, l'hôte de la Lune de Sang, qui alla voir à son tour l'esclave et la releva. Elle ne savait même pas que ces deux-là se connaissaient, du moins plus que de vue puisqu'Arianna était tout de même chez le sir Mikaelson.

Détournant le regard de cette petite scène - elle pouvait comprendre la douleur de la jeune esclave mais n'avait clairement pas l'intention d'aller la voir - Seyrane résolut d'aller parler à Caitlin. Il lui semblait que cette jeune noble avait l'esprit plus ouvert que le reste de la masse qui les entourait et elle avait envie de discuter avec elle. Après tout, sa famille était parfaitement ennuyeuse et elle était fatiguée d'attendre que quelque chose se passe... Pour l'instant, rien.
La jeune femme fendit la foule pour rejoindre le couple Larisson, espérant ne pas paraître impolie.

« - Bonjour Lady Caitlin, et bonjour de nouveau Sir Larisson. » déclara-t-elle avec un léger sourire poli.

William était assis sur un tronc à l'orée de la forêt, un peu à l'écart du groupe que formaient les Ombrageux. Il réfléchissait à sa discussion de la veille avec Rouge, se promettant que s'il croisait Maximilian il lui parlerait et s'excuserait. Comme l'avait dit la jeune femme au cours de cette conversation, il allait falloir qu'il mette son amour-propre de côté et qu'il parle franchement à son ami. Cela ne serait pas facile.

Se détournant de ses pensées, le jeune homme se leva et rejoint ses camarades. Ils étaient en plein débat, le même que depuis l'heure matinale où ils avaient appris qu'une armée étrangère commandée par une gamine de dix-sept ans leur marchait dessus. La question était simple : Soutiendraient-ils Vivendale ou se rallieraient-ils à Katharina ?
La plupart refusaient catégoriquement de se battre aux côtés de ceux qu'ils essayaient de renverser depuis des années. Mais quant à se rallier à une armée qui veut conquérir les Terres où l'on vit, dans le sang et la violence...
William hésitait comme les autres. De plus, il allait être très compliqué, voir impossible, de ne prendre aucun parti. Il lui semblait que la Guilde allait forcément se dissoudre, provisoirement ou non, et l'armée des étrangers était si nombreuse qu'on ne pouvait pas lui résister en étant une poignée d'hommes. Alors, que faire ?

Il écarta cette question de son esprit, agacé de ne pas en trouver la réponse. James était parti un moment plus tôt vers l'Enclave pour voir ce qu'il en était et il décida de faire de même. Il voulait entrer et aller voir ce que faisaient les Nobles. Sûrement terrés dans quelque bâtiment, à attendre dans la peur que les étrangers arrivent et saccagent la ville. De toute façon, on ne pouvait éviter le combat. Plus, on ne pouvait éviter la défaite. Les forces nordiennes étaient minuscules et impuissantes comparées à ce qui leur arrivait dessus.
William avertit donc quelques camarades et partit vers l'Enclave. On voyait d'ici la masse de Villageois qui attendait, pressée contre les Portes. Les gardes allaient forcément ouvrir, ou les portes ne résisteraient pas longtemps.

Lorsqu'il arriva enfin devant l'entrée de l'Enclave, les portes avaient été ouvertes et les Villageois s'étaient réfugiés dans les rues protégées par le mur. Il arrêta un passant qui l'informa que cela avait été fait en échange du combat des Villageois aux côtés du Haut-Gouvernement, information qui lui arracha un sourire amusé. Il continua de marcher dans les rues grouillantes de monde, demandant de temps à autre son chemin. Personne ne semblait se soucier du mélange Villageois et Nobles, et quelques autres Ombrageux rôdaient sûrement dans la foule aussi. Il parvint enfin devant le Temple, où selon ses réponses étaient réfugiés les Nobles. Le bâtiment était très imposant, en pierre de taille entretenue. Il s'arrêta devant et, ne pouvant y entrer, s'adossa à un mur et attendit patiemment en observant l'agitation environnante.

Elle n'avait aucune idée de combien de temps s'était écoulé depuis le massacre, une minute ou une dizaine, peut importe. Elle ne pouvait plus rester endurcie et faire face à cette mort, les précédents décès de ces proches avaient été un coup dur, mais Edwin, il avait été sa dernière famille. Il l'avait soutenu à la mort de son père, l'avait aidé à survivre elle et sa soeur, puis il était partit. Après la mort de sa soeur elle s'était raccroché à l'espoir de retrouver son ami, son frère en quelque sorte, et maintenant, à peine deux minutes après l'avoir retrouvé, lui aussi était mort. Ils étaient tous morts. Elle avait tenu bon jusque là en se disant qu'elle choisissait les vivants sur les morts, mais maintenant, elle n'avait plus ces vivants. Il était son ami, il était sa chair, il était son sang, il était son frère. Le frère d'une famille qui allait au delà d'une famille de sang, sa famille de choix. Même dans les plus sombres contes l'héroïne trouvait constamment un point de repère, un point de rattache, un salut. Elle n'était pas un de ces héroïnes, elle n'était qu'une esclave, orpheline, sa dernière famille la haïssait et faisait partie de ceux qu'elle haïssait. La seule personne qui comptait encore aux yeux de l'esclave était son complice Maximilian, mais c'était plus lui qui prenait soin d'elle que l'inverse. Elle détestait ça, elle se sentait comme un poids mort, causant plus de mal que de bien. Isabelle avait raison le soir où elle l'avait abandonnée, Arianna n'était qu'une source d'ennui, il valait mieux l'éviter. Tôt ou tard un malheur arrive à quiconque est le malheur de se lier à elle. Elle n'avait plus aucune rédemption pour se relever, elle ne trouvait plus aucun salut à quoi se rattacher pour faire face. A peine l'avait-elle rejoint qu'il était partit...


Elle ne l'entendit pas arriver, perdue dans une spirale de chagrin il fallut que Max pose une main sur son épaule pour qu'elle sache qu'il était là. Il était accroupi en face d'elle mais elle, elle se refusait de relever son regard. Elle était vulnérable et effondrée, elle avait encore une once de dignité caché quelque part derrière tout ce chagrin qui ne voulait pas qu'il la voit aussi effondrée. L'humain est complexe, certain n'ont pas honte de se dévoiler, d'autres veulent laisser aux autres une image de quelqu'un de fort, elle ne savait plus dans quelle catégorie elle était, un juste milieu surement. Plusieurs minutes s'écoulent, combien exactement, elle ne saurait le dire. Maximilian se décida alors de se relever. Il déposa un baiser sur le front de la jeune femme avant de se lever et de lui dire que si elle avait besoin de quoique se soit, il était dans les environs. Le noble Maximilian, surement le seul noble avec un esprit que l'on pourrait dire noble, il était quelqu'un de bon. Il lui demanda ensuite de ne rien faire de stupide, ça il la connaissait. Avec son impulsivité elle aurait très bien pu se révolter aussi, mais elle avait retenu la leçon qu'on tentait de lui inculquer depuis des années, il avait valut voir le prix d'une révolte pour intégrer cette leçon, on ne peut s'imposer face à une telle puissance. Ceux qui régissaient cette terre étaient en fait de vrais magiciens, leur influence sur les esprits de la noblesse était une richesse plus rentable que les plus grandes mines d'or. Et un esclave, un simple esclave, ne peut rompre cette influence. Alors non elle ne ferait rien de stupide, elle savait qu'elle pourrait y perdre la vie. Mais ne rien faire était aussi un sentiment qu'elle détestait mais malgré toute sa détresse elle ne comptait pas mourir aujourd'hui des mains de ceux qui avaient tués Edwin. Maximilian s'éloigna alors.


Elle se sentit ensuite tenu et relevée. Elle se laissa faire, surement des gardiens trouvant qu'elle bouchait le passage. Mais non, ce n'était pas un geste brutal et sec d'un garde, quelqu'un de plus doux. Imaginez sa surprise en reconnaissant le visage de Derek C. Mikaelson, elle l'avait tourné en bourrique lors de la lune de sang en usurpant son identité, se faisant passer pour une noble. Et malgré qu'elle est été démasquée, il l'aidait, pourquoi ? Elle eut le souffle court en revoyant sur le sol où elle était plus tôt le sang de son ami un peu partout. Arianna était à présent remise sur ses deux pieds mais pourtant il ne lâchait pas, attendant une quelconque réaction de la part de l'esclave. A quoi s'attendait-il ? Lui dire que ça irait, faux, ça n'irait pas, elle venait de perdre un être qui comptait énormément à ces yeux, donc non ça n'allait pas. Elle murmura un rapide " merci " et à peine la lâcha-t-il qu'elle avança d'un pas. Elle se retourna vers lui, le pire était qu'il semblait vraiment inquiet pour elle. Mais ils se connaissaient à peine ? A moins que...l'esclave cherche un court instant du regard sa demi-soeur, lui avait-elle dit ? Si c'était le cas Derek voulait juste éviter à la soeur de son amie des ennuis, rien de plus, voilà la bonne réponse. Elle n'osa pas ouvrir la bouche, mais d'un signe de tête et un regard entendu elle fit passer le message qu'il n'avait pas à s'en faire. Elle allait bien. Après tout physiquement elle n'avait rien, pas une blessure, rien. Elle était vivante, autant dire que tout allait bien dans ce cas. Elle suivit du regard la traînée de sang qui menait vers la sortie. Elle devait sortir d'ici, son ami venait d'être massacré ici, son sang tapissait le carrelage du temple. Et puis le temple, elle détestait cet endroit, les miracles et les dieux n'existent pas, il n'y a que la mort et on prit chaque jour que ça ne soit pas pour aujourd'hui, rien de plus.  Elle s'approcha des portes, aucun gardiens ne la retint cette fois-ci, l'histoire était déjà passé, maintenant les nobles voyaient ça comme un signe des dieux comme quoi la chute de Katharina était assuré, ils se fichaient bien d'elle ou du corps d'Edwin. Elle ouvrit la porte et la referma dès qu'elle fut passée. Les rues étaient désertes, c'était étrange de les voir si vide.


Elle le vit alors, le cadavre d'Edwin. Elle s'agenouilla et posa une main sur son front, il était froid. Elle ferma ses paupières, voir son regard noisettes tourné vers le ciel comme s'il détenait le secret de l'Univers la gênait. Il était couvert de sang, mais ça ne la dérangeait plu. Elle posa sa main sur ses lèvres et retint un sanglot avant de poser sa main sur le front de son ami. Il était mort, la réalité était plus dure que jamais devant son corps froid. Mort, mort. Ce mot résonnait dans son esprit, même quand elle fermait les yeux il lui semblait voir ce mot inscrit sur ses paupières pour qu'elle le voit à tout jamais. Mort. Elle ne l'avait pas encore vu à cet instant, trop occupé à pleurer son ami. Elle se releva, les yeux rougis par les larmes lorsqu'en tournant la tête elle le vit. Son premier réflexe fut de reculer d'un pas. William, l'ombrageux. Il avait faillit la tuer la dernière fois qu'ils s'étaient vus. Il n'avait pas l'air d'être là pour finir le travail, au contraire il esquissa presque un sourire en la reconnaissant. Ravalant son chagrin elle sécha ses larmes au plus vite, ne pas se montrer faible face à l'ennemi. Normalement elle serait retourné au plus vite à l'intérieur ou aurait prit les jambes à son cou. Elle n'avait pas honte de s'enfuir, quand c'était pour rester en vie elle le faisait. Mais après les récents événements elle n'avait plus peur. C'est une bonne chose d'avoir peur, ça veut dire qu'on a encore quelque chose à perdre, elle n'avait plus peur. Elle n'avait plus rien à perdre et même mourir ne la dérangeait pas, tant que ce n'était pas des mains d'un gardien ce serait même une paix en soi. Après tout ce serait une fin rapide avec lui, et il n'y aurait plus de douleur, plus de peine, plus besoin de se retenir ou de se cacher...c'était tentant. Elle secoua la tête, non. Elle avait encore quelque chose à faire avant de mourir, et il se pouvait que William puisse l'aider s'il ne la tuer pas sur le champs.

- « Es-tu venu pour me tuer ? » finit-elle par demander d'un ton un peu trop neutre vu la question. Mais à voir le visage amusé de l'ombrageux ça n'était pas le cas « Visiblement non » conclut-elle d'elle même.

Elle baissa le regard vers le corps d'Edwin et releva les yeux vers l'ombrageux avec une détermination sans faille. Elle avait trouvé une chose à quoi se rattacher au final : la vengeance.

- « Il n'y aura jamais de paix. Le faible sera constamment à la merci de ceux qui tirent les ficelles » lâcha-t-elle avant de marquer une pause « Apprends-moi, aides-moi à tuer ceux qui tirent les ficelles, à les tuer tous, jusqu'au dernier. »

Le sir Larisson semblait perdu dans ses pensées et ne se retourna pas lorsque Seyrane arriva ; Caitlin, quant à elle, semblait également plongée dans ses réflexions, et profondément bouleversée, sûrement par les évènements qui venaient de se dérouler. Elle mit quelques instants avant de pivoter vers son interlocutrice et de la saluer d'une voix dépourvue de timbre qui trahissait son émotion.
La jeune femme se sentit tout à coup très gênée d'arriver pour faire ainsi la conversation et de venir saluer les gens sur un ton de badinerie après de tels actes de brutalité. Elle savait que Lady Larisson était engagée, c'était elle qui s'était interposée en première à l'Expiation. Ici, comme Seyrane, elle n'avait pas osé interrompre le massacre et cela semblait l'avoir mise dans un drôle d'état.

Elle eut un petit sourire compatissant mêlé de gêne et, hésitante, murmura une formule d'usage :

« - J'espère que vous vous portez bien. »

Elle détourna le regard et le même élan de colère qui l'avait envahie devant la mort de l'esclave revint et la pressa de dire autre chose.

« - Cependant, je ne suis pas venue tenir une conversation banale avec vous. » reprit-elle, la voix plus assurée, le ton plus ferme, résolue. « Je viens parce que j'ai admiré votre réaction à l'Expiation et que j'imagine que la scène barbare que nous avons eu le plaisir de voir ne vous a pas laissée de marbre. » acheva-t-elle sur un ton sarcastique.

Tous les sentiments qu'elle avait contenus lors des faits ressortaient dans ses paroles. Son ton ironique et acerbe n'était évidemment pas destiné à Caitlin mais elle ne pouvait s'empêcher de faire transparaître son émotion dans ses paroles. Il lui semblait que cette femme était la seule à pouvoir la comprendre, puisque le reste de la salle paraissait dépourvu de tout sens humain.
Depuis bien longtemps, Seyrane avait compris que ses parents étaient des nobles comme les autres, qu'ils ne s'insurgeraient jamais pour la cause des esclaves. Mais dans cette situation, elle souffrait de voir tant d'indifférence peinte sur le visage de sa famille. Ils étaient donc tous insensibles ?
Les écartant de ses pensées, elle poussa un léger soupir et reporta son attention sur son interlocutrice, dont les yeux foncés brillaient.

Tout à coup, le but de sa venue lui semblait bien futile. Que pouvaient faire deux femmes après un meurtre ? Oui, car c'était un meurtre qui venait d'être commis devant leurs yeux, avec l'indifférence totale de l'assistance.

« Vous êtes la seule personne avec laquelle j'ai envie de parler à cet instant car les propos des autres me semblent chargés de sentiments parfaitement insupportables. ».

Il y a ce moment où vous voudriez dire stop, où il faudrait que tout s'arrête. Mais ça n'arrive jamais, les événements s'enchaînent et prennent de plus en plus d'importance. Comment Isabelle aurait-elle pu présager ce qu'il arriverait ? Elle venait à peine de sortir Arianna d'une mauvaise situation, et de justesse. Si ce n'est cela, Vivendale était sur le point de subir un siège. Alors je le redemande encore, comment aurait-elle été en mesure de deviner le drame qui allait se jouer ? Vraiment le destin était bien trop fourbe.

Lorsque l'esclave avait élevé la voix, il avait attiré l'attention de tous. Instinctivement nobles et esclaves s'étaient rapprochés du troubleur - ils avaient tous sentis que quelque chose allait se passer - mais pas Isabelle, elle avait encore assez de sens pour flairer ce qui allait dégénérer. Le problème était qu'Aria se trouvait à ses côtés. Peu importe dans quoi l'esclave trempait, sa demie-sœur allait elle aussi connaître de sérieux ennuis...

Il n'est pas vraiment nécessaire de décrire ce que subit l'esclave à travers les yeux d'Isabelle... oui, sa fin avait été horrible. Mais il aurait fallu bien pire pour émouvoir la lady Hart, les salles de tortures avaient été un "divertissement" que sa mère lui avait souvent imposé. Alors que nombres de personnes retinrent avec peine leurs hauts-de-cœur lorsque le corps s'affaissa comme une vulgaire poupée de chiffon, elle se contenta de détourner le regard. En voyant Aria, couverte de sang, sanglotant et berçant le corps elle ne pût réprimer un pincement au cœur.

Ça aurait été le moment, de s'interposer. De relever Aria et de l'enlacer, les conflits passés oubliés, juste cet instant qui resterait important.

Ça aurait pu. Mais Isabelle choisit de prendre la fuite, comme toujours. Décidément c'était de famille...

Des personnes prendraient sa place auprès d'Arianna, elle n'en doutait pas. Déjà Maximilian l'avait rejointe... Et aussi Derek.
Derek à qui Isabelle avait tout dit, il savait pour elles, il connaissait leur lien de parenté. Décidément elle n'aurait pu faire pire erreur !

Mais il était temps de fuir, d'abandonner Aria, encore, une seconde fois... Personne ne prêta vraiment attention à son mouvement de recul. Le pas ferme elle gagna le fond du temple, se retournant une dernière fois, elle croisa le regard de son futur beau-père, Jason, l'un des Trois... Il ne broncha pas après tout il avait toujours voulu qu'elle disparaisse.

Elle poussa la porte et se rua au dehors. Vraiment, c'était pour le mieux : Aria, Maximilian, Derek, Caitlin et l'insupportable Seyrane se rallieraient à Katharina, du moins l'accepterait. Isabelle, non. Il fallait qu'elle parte, qu'elle abandonne tout ! Comme elle l'avait si souvent rêvé.

Ceci fut le premier événement qui marqua la disparition d'Isabelle.