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Injustice or justice ? #6 | Isabelle

Alessandra de Marbrand
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Mer 10 Fév - 22:41





LOSING A BATTLE...STILL FIGHTING FOR THE WAR
— what did you instinct tell you ? - that it's time to go to war  —


Nos frères et nos sœurs sont là-bas, prisonniers. Comment pourrions-nous rester assis là et ne rien faire ? Nous devons agir, malgré le risque et malgré la riposte qui adviendra. L'heure est maintenant à la révolte, nous ne pouvons plus nous contenter d'attendre passivement tandis que des nôtres s'apprêtent à être condamnés ! Il est temps de suivre notre instinct. Et mon instinct me dit que nous partons en guerre. - membre de la guilde des ombres

C'est une page sombre de l'histoire qui s'écrit pour les membres de la Guilde des Ombres car, après une participation active dans la Guerre d'Un-Jour, un certain nombre d'entre eux ne sont jamais rentrés... Les rescapés imaginaient déjà leurs camarades morts au combat, dignement. Mais la vérité est tout autre... si certains de leurs disparus ont bien périt dans la bataille, les autres sont en vie, seulement ils ont été capturés par l'armée de la nouvelle reine, Katharina. Cette dernière annonce alors que sa première action en tant que détentrice du trône sera de juger ses détracteurs et de les punir en conséquences.
Le choix était simple : prêter allégeance à l'Eliare et en sa représentante ou bien être jugé et condamné pour ses actes. Si la plupart des prisonniers, appartenant à l'ancienne noblesse ainsi que quelques villageois, ont rapidement plié face à cette menace, d'irréductibles hommes et femmes refusent de lui prêter allégeance.

Aujourd'hui s'ouvrent les premiers procès : politiciens, villageois, nobles, ombrageux, la liste des accusés est longue. Refus d'allégeance, conspiration, trahison... ces hommes et ses femmes ne faisaient que défendre leur terre, il se pourrait qu'ils perdent aujourd'hui leur tête pour cet acte de bravoure et leur intégrité mémorable. Puissent-ils être un exemple pour les survivants, les martyrs d'une rébellion qui se prépare dans l'ombre.

PROCES #6 | PROCES D'ISABELLE HART

ISABELLE R. HART
vingt ans / ex conseillère
Arrêtée il y-a une semaine
pour haute-trahison
jugée par la reine Katharina
témoin : ...
Isabelle Hart fut nommée temporairement conseillère de la reine Katharina. Or, en tentant de sauver sa soeur de Jason, la conseillère a du quémander l'aide de la Guilde, ennemi de la reine. Face à cette collaboration Katharina en a déduit qu'Isabelle avait comploté avec eux pour la faire tomber du trône; trahison qui sera lourdement sanctionné. Cependant la reine ne connait pas encore la vraie version des faits...

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Dim 14 Fév - 19:08


   

Isabelle R. Hart
— Time of judgement —

   

   Les lourdes portes sculptées s'ouvrirent devant elle. L'accusée expira lentement, elle cacha ses mains tremblantes derrière son dos. Elle devait être forte encore une fois ; il fallait se battre pour Arianna, pour elle-même. A sa droite, le geôlier inclina la tête - elle demeura un instant sur place puis s'élança. La foule se retourna sur son passage, elle voyait chacun de leurs visages sans pourtant parvenir à en discerner un seul. Les bouches s'articulaient, des bras se tendaient vers elle. Ce n'était rien, tout cela n'était qu'un simple bourdonnement. Isabelle progressait lentement, la garde témérienne fermait sa marche. Elle l'était l'ultime comparante devant Katharina, la dernière graine du vice. Ses pas de femme résonnaient sur le sol froid du temple. Recouverte par la saleté des prisons, les traits marqués par l'horreur et les poignets entaillés : elle allait comparaître. Cet être frivole et manipulateur - qu'elle avait été durant toutes ces années - était coupable, mais celle qu'elle était aujourd'hui, l'était davantage encore. Elle avançait imperturbable, ils voulaient tous la détruire : Jamais ils n'y parviendraient. Isabelle était née du mal, expulsée des portes de l'enfer par le diable. Inceste, torture, meurtre : Elle avait vue tout cela, sans jamais intervenir.  Désormais, elle allait répondre de ses actes et être jugée comme la spectatrice des ténèbres, mais son accusation serait factice. Personne n'était en mesure de comprendre l'intégralité de son esprit. La jeune femme était de ces êtres qui ne cessent jamais vraiment de souffrir, elle ne guérirait pas. Arianna avait toujours symbolisé son unique espoir, son ultime reddition. Ce qui resterait insuffisant, le malheur tout entier pesait sur elle. Les ténèbres demeureraient dans chaque parcelle de son corps.

   Elle grimpa prudemment les escaliers de marbre, ses pieds nus s'écorchant sur la pierre de glace. Katharina de l'Autre Terre posa ses yeux inquisiteurs sur l'accusée, elle était d'une beauté glaciale - sa crinière relevée en une couronne d'argent. Isabelle soutint son regard avec ferveur, elle riposterait à chacun des coups de ce jeu d'intimidation. Un murmure ébahi se répandit parmi les tribunes. De puissants assauts résonnèrent sur le sol de la justice, les guerriers martelaient le marbre de leurs lances. La prisonnière rejeta la tête en arrière et ferma les yeux, elle ne cèderait pas. La haine, et la soif de vengeance, envahissaient peu à peu les rangs de la foule. Cette colère dirigée sur sa seule personne était étourdissante. La poigne froide de son geôlier se referma sur son bras, elle fut tirée en arrière - menée vers la tribune inquisitoire. Ils la poussèrent à continuer, il n'y avait aucune échappatoire. Elle se hissa sur l'échelle de bois, poussant sur ses maigres bras. Elle escalada un à un les barreaux, sous les huées de Vivendale. La jeune femme atteignit finalement le balcon de comparaison, l'estomac nouée, le visage fermé. Elle dominait toute la foule : L'accusée leur faisait face, répondant de ses actes - non pas au gouvernement Eliaryen - mais à tout Vivendale. Malgré ses jambes flageolantes, elle demeura debout. Isabelle redressa la tête et posa ses mains sur la rembarre d'un blanc cassé. Il fallait qu'elle leur montre qu'elle n'avait pas peur, qu'elle était inatteignable. Elle était Isabelle Hart. La seule ; l'unique. Un être de toute puissance.  

   Le vieux Mestre témérien  se leva et un mutisme commun s'abattit sur les tribunes. Il gagna le centre de la place ; la toisant d'un air grave et partial. « Déclinez votre identité. »  Elle marqua un instant, les mots du vieil homme se répercutèrent dans toute la salle. « Mon nom est Isabelle Hart. » Sa voix était claire, fluide. « Unique enfant du défunt conseiller Thom Hart, et de Lady Airwer ayant comparé aujourd'hui même pour ses crimes. »   Ses yeux parcoururent l'assistance à la recherche d'Arianna. Il reposa sa question, sortant la jeune femme de sa torpeur. Elle le dévisagea froidement puis opina. « En effet. »   S'ensuivirent de nombreuses autres questions sur ses liens, elle répondait à chacune d'entre elle avec impatience. « Fille adoptive de Jason Airwer, Haut-Gouverneur et traître en fuite. »   Les traits d'Isabelle se tordirent de fureur. Son coeur se serra, les émotions menaçaient de la submerger. Elle s'était immédiatement tournée vers la régente ; Katharina arborait un visage impassible. Isabelle serra les poings pour rester maîtresse d'elle-même. Ses jointures pâlirent, et ses ongles percèrent la peau. Il était là quelque part dans l'assistance, savourant le spectacle. Elle n'en doutait pas un seul instant. Mais avait-elle encore le choix ? « Oui... »   Les cris de la foule doublèrent, il l'injuriait, l'insultait. Les soldats durent forcer les villageois les plus virulents à reculer. Des larmes de colère perlaient au coin des yeux noirs d'Isabelle. Il jubilait à présent,  il venait de remporter un autre victoire. « Savez-vous où il se trouve à présent ? »   Un rire sombre roula dans sa gorge. « Si c'était le cas, il ne serait plus de ce monde. »   Katharina cilla.

★  ★  ★

Ses mains agrippèrent le vide et Isabelle se redressa brusquement. Sa chemise lui collait à la peau, et la sueur perlait au coin de ses lèvres. La jeune femme entoura ses genoux de ses bras ; son rêve l'avait profondément remuée. « Tout ira bien Belly, tout ira bien. »   Et si elle se trompait ?
   
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Jeu 18 Fév - 22:43




KATHARINA
— it's time for justice darling —

Les portes s'ouvrirent devant elle. D'un pas rapide la jeune femme s'engagea dans la pièce. Ses pas résonnèrent bruyamment sur le sol de marbre alors qu'elle rejoignait son trône. Son trône, sa ville. La cité était sienne à présent. Et quiconque tenterait de la remettre en question ou de se mettre en travers de son chemin payerait le prix fort. L'empire qu'elle bâtissait était encore fragile et instable, reposant sur un fragile équilibre. Il n'y avait pas de place dans cette ville pour les traîtres et les mécréants; leur simple présence pouvait renverser l'équilibre. Mais parfois, la balance pouvait basculer à cause de quelqu'un dont on ne pouvait soupçonner la traîtrise; un proche, un ami, un conseiller, c'est ce qui rend la trahison encore plus douloureuse.

Gardes tes amis près de toi Katharina, certains mourront trop tôt, quand aux autres... les autres te trahiront. Ces mots la hantaient depuis des années. Elle avait toujours fait en sorte d'appliquer ce conseil, jusqu'à aujourd'hui. Idiote. Elle avait fait confiance à Isabelle. Naive. Elle lui avait offert une place à ses côtés. Stupide. Elle avait baissé sa vigilance, laissant alors l'occasion aux serpents de cracher leur venin. L'ingrate... pensa-t-elle, Après tout ce que j'ai fait pour elle. Katharina l'avait épargné, l'avait élevé au sommet, et voilà ce qu'elle obtenait en remerciements... une trahison.

La jeune femme monta les marches de marbre sous les acclamations de la foule; Témériens et Vivendalais réunis pour la même cause : rendre justice aux traîtres. La reine avait rallié le petit peuple de la cité à son camp, ainsi que certains nobles, ils faisaient partis de son peuple à présent. Quand à ceux qui la remettait en question... elle les anéantirait un par un, et aujourd'hui venait le tour d'Isabelle. Face au peuple, le masque tomberait, dévoilant la vérité au grand jour. Isabelle était une traîtresse, et ce procès serait le début de sa déchéance.

Les portes s'ouvrirent sur l'accusée dans une crescendo d'huées et de cris. La jeune femme releva le menton, impériale, jaugeant d'un oeil critique la prisonnière. « Isabelle Hart » entonna-t-elle à voix haute tandis que ses soldats installaient la brune sur son siège. « Fille unique de Lady Airwer et du défunt Thom Hart, fille adoptive du traîtresse Jason Airwer... » La jeune femme se leva de son trône, jaugeant l'accusée de toute sa hauteur. « Il semble que vous avez suivi l'exemple de votre beau-père. » Pas à pas, elle descendit les marches jusqu'à la table de l'accusée. Se penchant en avant, elle déclara à voix basse « Seulement vous n'avez pas encore hérité de son talent pour la fuite, vous auriez du considérer ce point avant de comploter contre votre reine. » Elle s'éloigna doucement en direction de son trône « Mademoiselle Hart, vous êtes accusée de trahison contre la couronne...contre votre reine. » Sa dernière phrase se conclut sur une note de dégoût. Après tout ce qu'elle lui avait offert, un statut, une place dans la société, du pouvoir, Isabelle l'avait trahie et humiliée en complotant contre elle. « Qu'avez vous à dire pour votre défense. »

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Ven 19 Fév - 20:57


Isabelle R. Hart
Death day  

Rythme, cadence, nuance. Decrescendo, staccato puis la vertigineuse apothéose. Les violons se taisent, les cordes cessent de résonner ; le morceau s'achève sur un éclat final. Le silence s'étend, les regards se croisent interrogateurs : le public attend la suite. Mais il n'y a rien après, tout se clôture avec la rupture musicale... Et le rideau tombe. « Lâchez-moi ! » Isabelle Hart se débattit comme une furie, le visage animé d'une folie sombre : la peur. Le geôlier bondit et referma ses bras sur elle ; des larmes s'écoulèrent sur ses deux joues creusées par  la fatigue et l'angoisse. « Pitié ! Je vous en prie... S'il vous plaît... » Elle tomba à genoux, implorante devant le cercle de gardes. Son corps entier tremblait, il lui semblait que la maladie l'avait gagnée depuis son éveil à l'aube : Elle frissonnait, agitée par un mal jusqu'alors inconnu, la sueur perlant sur sa peau cadavérique et sa tête enfiévrée par une terreur jusqu'alors inconnue : la fin. La conclusion, l'ultime chapitre d'une vie. Le témérien la releva mais elle vacilla, incapable de demeurer debout. Un second garde s'approcha pour la soutenir, et un sanglot roula dans sa gorge. Ses yeux reflétaient un néant intérieur et imploraient pour un ultime souffle de vie. Le geôlier la pria d'avancer, elle en fut incapable. Le second témérien saisit son bras plus fermement et la contraignit à avancer, elle virevolta et lui asséna un crochet droit. La jeune femme s'écroula contre le mur de sa cellule, les larmes ne cessant d'inonder son visage. Un nouveau sanglot la secoua, le geôlier s'approcha à nouveau et plaça une main conciliante sur son épaule. Il exerça une légère pression et enveloppa la belle noble dans une étreinte apaisante. Elle se laissa aller dans cette enveloppe protectrice ; le jeune homme dessinait des cercles dans son dos. L'espace d'un instant le fardeau de la famille Hart lui parut moins lourd à porter. Son destin croisait celui d'une reine, consolée par son bourreau juste avant d'être exécutée. Elle, la jeune femme accusée d'être une paria, une traîtresse. Elle s'appuya sur le bras du soldat et se redressa. Elle opina de la tête et fit signe qu'elle était prête.

Prudemment, elle s'engagea dans le corridor des prisons, bientôt escortée d'escaliers en escaliers, traversant les dédales de la Haute-Tour jusqu'à atteindre les rues de Vivendale. Isabelle aurait aimé voir la descente du soleil une dernière fois et l'ombre de la tour s'étendre sur la ville, régnant en maîtresse des lieux. Ce furent un ciel gris et de sombres nimbostratus gris qui l'accueillirent. Elle voulut se retourner et il lui sembla apercevoir une silhouette familière au loin. Son cortège hâta le pas ; pas de temps pour les au revoir... les adieux. Les rues étaient désertes, les habitants se trouvaient au temple - sa destination finale - les autres, ceux qui ne s'étaient pas résolus à voir leurs concitoyens mourir, restaient tapis dans l'ombre. Elle leur envia cette faculté. Le Temple apparut enfin dans toute sa splendeur : Édifié sur des colonnes de marbre blanc, il jaugeait la ville et ses autochtones, rivalisant - cependant - avec peine devant la fulgurante hauteur de la tour. Elle retint son souffle et s'immobilisa, mais les gardes l'entraînèrent à leur suite. Ils tirèrent sur les liens de la jeune femme et elle reprit son chemin pour ne pas chuter. Ils gravirent la multitude de marches maculées par le pas des précédents condamnés. Son coeur battait furieusement, et un peu plus à chaque fois qu'elle s'élevait davantage. Ils atteignirent le sommeil et marquèrent un arrêt devant les portes de chêne. Ils attendirent devant l'édifice une éternité. Finalement, les lourdes portes roulèrent sur leurs gongs et s'ouvrirent. Isabelle inspira profondément et pénétra l'édifice religieux à l'instant même où une jeune femme brune en ressortait, leurs yeux se croisèrent silencieusement et elle l'eut dans les yeux de sa semblable la pire des peines : la mort.

Isabelle s'engagea , chancelante et alarmée, d'un pas hésitant. Vivendale, tout entier, se retourna sur sa personne. Le bruit fut un choc : les voix s'élevèrent menaçantes et proches. Elle aurait voulu courir, prendre la fuite mais son escorte avançait toujours de ce même rythme. Aveuglée par la peur, elle ne discerna aucun visage amical dans la foule. Son pouls accélérait encore et encore, et son corps se couvrait de sueur. La renommée Hart faisait peine à voir en haillons et sale comme une forcenée, certains murmurèrent qu'il s'agissait d'un leurre, que la vraie traîtresse avait déserté la ville. Si seulement... C'est alors qu'elle la vit. La reine de l'Autre Terre s'était redressée sur son trône, son orgueil attisé et son intérêt éveillé. Elle était d'une sombre beauté dans sa robe aux contours noirs. Isabelle ne s'y trompa pas ; des cernes creusaient les yeux de la reine. Elle apparaissait puissante et sublime, mais n'avait jamais été si faible en réalité. Le regard de Katharina se durcit quand elle croisa celui de son ancienne conseillère, et un étau se referma sur le coeur de la jeune femme. Le procès était perdu d'avance :  Elle allait mourir.  Elle serra compulsivement les poings pour retenir ses pleurs, ses ongles s'enfoncèrent dans sa chair et elle ne cilla pas. La Lady Hart parcouru les derniers mètres la séparant de la table de comparaison. Le geôlier noua ses liens aux barreaux du balcon, et il s'éloigna la laissant seule. Kath la surplombait du haut de son trône, Isabelle se sentit comme si chaque détail était calculé pour l'écraser. Un léger sursaut l'agita quand son accusatrice prit la parole, elle avait l'air grave, intransigeante. « Isabelle Hart » Ce seul nom fit frémir toute l'assemblée et un écho prompt de protestation s'éleva. « Fille unique de Lady Airwer et du défunt Thom Hart, fille adoptive du traîtresse Jason Airwer... » Les cris redoublèrent jusqu'à ce que l'étrangère y mit un terme d'un simple geste de la main. Isabelle s'adressa à la femme-enfant de sorte qu'elle seule puisse l'entendre : « Katharina, nous ne sommes pas obligées d'en arriver là... Je t'en prie, nous pouvons parler ailleurs. Je... » Elle ne lui laissa pas le temps d'achever et reprit la parole. « Il semble que vous avez suivi l'exemple de votre beau-père. » C'était un coup bas qui remua Isabelle au plus profond de ses entrailles, elle ne lui épargnerait rien : ni l'humiliation, ni la haine du peuple et encore moins sa propre honte. Elle serait totalement exposée jusqu'à être écrasée, détruite. Salie. La jeune reine se leva et descendit à la hauteur de l'accusée. Elle se pencha et lui souffla à l'oreille : « Seulement vous n'avez pas encore hérité de son talent pour la fuite, vous auriez du considérer ce point avant de comploter contre votre reine. » Une larme roula du coin de son oeil, descendit sur ses lèvres affligés et s'écrasa au sol. Le monde était injuste, elle était condamnée bien avant de naître. Voilà ce que c'était de venir au monde en s'appelant Hart. La blonde s'éloigna et reprit la direction du trône. « Mademoiselle Hart, vous êtes accusée de trahison contre la couronne...contre votre reine. » Elle discerna un trémolo dans la voix de la témérienne, bien vite remplacée par une note de dégoût. Isabelle enroula ses bras autour de sa poitrine comme pour se donner du courage, elle inspira profondément. Elle s'approchait du moment fatidique.

« Qu'avez vous à dire pour votre défense. » Que pouvait-elle dire face à un juge persuadé de sa culpabilité ? La vérité ? Isabelle ne croyait plus de puis longtemps à cette simple notion du vrai et du faux ; il n'y avait que ce qu'un Homme acceptait d'entendre et ce qu'il refusait d'assimiler. En l’occurrence, Kath ne reconnaîtrait jamais la véracité de ses actes. Mais quel autre choix avait-elle ? « Oui. » Elle s'adressa un pâle sourire nostalgique pour se donner de la contenance. « Oui, je vous ai trahi.  » Les sourcils argentés de l'étrangère s’arquèrent, avait-elle réellement obtenu la reddition de la noble ? Aussi aisément ? Non. « Je crois même que je vous ai blessée, et c'est probablement mon pire tort. » Elle marqua un instant, l'expression de Katharina était indéchiffrable. « Et je sais aussi que rien ne pourra réparer le mal que je vous ai causé. Mais vous m'accusez aujourd'hui de trahison. » Les traits de la brune s'assombrirent, elle était seule. Confrontée à ses démons, elle avait été seule. Après la mort de son père, il n'y avait plus eu personne. Et lorsqu'elle avait perdu Arianna, seul son reflet dans le miroir avait répondu à sa peine. Aujourd'hui encore, personne n'était là. Seulement elle, son juge et les sbires de Vivendale. « Vivendale est ma cité : j'y suis née et j'y ai grandi, et il semblerait que j'y mourrai... Mais je n'ai jamais prêté allégeance à cet endroit, ni à personne d'ailleurs. » Elle battit des cils pour chasser les larmes qui montait. L'émotion l'envahissait ; elle était arrivée vulnérable, effondrée, et elle se relevait d'elle-même s'appuyant sur de simples mots et sur son esprit aguisé. Non. Non. Non et encore non, Isabelle Hart n'était pas prête à mettre un genoux à terre. Elle voulait vivre et peu importe ce qu'il adviendrait, elle se battrait jusqu'à son dernier souffle. « J'ai agi librement, et en cela je suis coupable. Je savais ce que je faisais, et ici encore je suis coupable. Mais je n'accepterai pas d'être accusée de trahison, d'être nommée traîtresse... Car ceci est faux ! » Elle se retourna et scrupta avec attention l'assemblée, ce pourparlers ne devait avoir de sens que pour une personne : l'être aimé. « Pour la première fois, j'ai engagé ma vie pour quelqu'un. Pour la première fois, j'ai accepté de m'exposer et de me sacrifier. J'ai été fidèle à mon coeur et il n'y a là nulle trahison. » Elle éleva la voix, et soutint fermement le regard accusateur de la témérienne. « J'ai choisi de sauver ma soeur et de vous désobéir. Et je ne regrette rien ! Je sais que c'était le bon choix. » Elle porta une main à son coeur. Arianna. Sa demie soeur rebelle avait donné un sens à sa vie, elle en donnerait également un à sa mort.
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Jeu 25 Fév - 0:14





KATHARINA
— you betrayed me... —

Nous avons tous une ombre, un nuage sombre fait de doute et d'angoisse qui nous suit. On prétend qu'elle n'est pas là, espérant qu'en ignorant son existence elle viendrait à s'effacer et que les peurs dont elle est faite partiront avec elle. Échec, abandon, trahison. Aucun d'entre nous n'ose vraiment faire face à ces peurs, nous les fuyons, dans l'espoir qu'elles ne nous rattraperont pas. Seulement... on ne peut pas semer sa propre ombre éternellement. Et le seul moyen de se débarrasser de son ombre est d'arrêter de fuir les ténèbres et d'affronter directement nos angoisses.

Faire confiance à quelqu'un est souvent d'une aide précieuse, cela signifie que l'on a quelqu'un pour nous aider, pour nous épauler, ou du moins on pense que cette personne sera la pour nous. C'est ce qui rend la trahison encore plus horrible et inattendue. Comment anticiper une trahison si l'on fait confiance au traître ? Elle avait baissé sa garde, elle lui avait fait confiance, elle avait fermé les yeux, pensant pouvoir aveuglément croire en sa loyauté envers elle... Isabelle ne l'avait pas simplement trahie, elle l'avait aussi profondément blessée. La jeune s'était pourtant jurée de ne jamais laisser l'occasion qu'on l'a trahisse...et pourtant aujourd'hui elle devait affronter la pire de ces angoisses, celle qui composait en majorité son ombre. La trahison.« Oui. » La voix d'Isabelle s'éleva dans le dos de Katharina. Cette dernière s'arrêta, immobile, silencieuse. « Oui, je vous ai trahi. Je crois même que je vous ai blessée, et c'est probablement mon pire tort. » Ses mots étaient comme des poignards, leurs lames tranchantes venaient remuer la plaie béante pour raviver sa peine et sa douleur. « Et je sais aussi que rien ne pourra réparer le mal que je vous ai causé. Mais vous m'accusez aujourd'hui de trahison. » Lentement, elle se retourna vers la traîtresse. Accuser était un bien grand mot, cela impliquait encore que son innocence était possible. Comment pouvait elle prétendre être innocente après avoir avoué sa trahison ? « Vivendale est ma cité : j'y suis née et j'y ai grandi, et il semblerait que j'y mourrai... Mais je n'ai jamais prêté allégeance à cet endroit, ni à personne d'ailleurs. » Et pourtant, tu m'avais prêté allégeance... pensa-t-elle. En devenant sa conseillère, Isabelle s'était engagée à servir l'Eliare et sa reine. Non seulement elle n'avait pas tenu son engagement mais en plus elle venait clamer qu'elle ne prêtait allégeance à personne. « J'ai agi librement, et en cela je suis coupable. Je savais ce que je faisais, et ici encore je suis coupable. Mais je n'accepterai pas d'être accusée de trahison, d'être nommée traîtresse... Car ceci est faux ! » Les quelques murmures dans l'assemblée se turent aussitôt. L'issue de ce procès devenait bien indécise. Gracier ou exécuter ? Ce choix revenait à la reine. Mais seule Isabelle pouvait influencer ce choix.

« Pour la première fois, j'ai engagé ma vie pour quelqu'un. Pour la première fois, j'ai accepté de m'exposer et de me sacrifier. J'ai été fidèle à mon coeur et il n'y a là nulle trahison. J'ai choisi de sauver ma soeur et de vous désobéir. Et je ne regrette rien ! Je sais que c'était le bon choix. » Silencieuse, la jeune femme s'approcha de l'accusée d'un pas lent. « N'est-ce pas arrogant, avouer m'avoir trahie et pourtant prétendre pouvoir échapper aux conséquences d'un tel acte au nom de quoi ? De l'amour... Pourtant un crime passionnel reste un crime, et tout crime mérite un châtiment approprié. » Un pas, deux pas, elle s'approchait de plus en plus tout en répondant aux paroles de la brune. « Et sachez Isabelle, pour votre gouverne, qu'en entrant dans ma coure, vous m'aviez prêté allégeance, à moi, à nos dieux, et à mon peuple. Et ensuite vous nous avez tous trahie pour le bien d'une seule personne, votre soeur... » La jeune reine balaya la foule du regard. « Où est-elle d'ailleurs ? Vous disiez qu'elle était morte, vous faisiez votre deuil, et maintenant, elle est sur toutes les lèvres, elle alimente toutes les rumeurs, et pourtant, elle n'est nulle part. » Tout en disant ses mots, la jeune femme s'éloigna, remonta quelques marches avant de se tourner vers l'accusée, la surplombant dans toute sa hauteur. « Il semblerait que, après vous être engagée pour elle, vous être sacrifiée pour elle, votre soeur vous a abandonné. Dites moi Isabelle, cela en valait-il la peine ? Me trahir au nom de vos sentiments valait-il la vie de l'être aimé, qui visiblement, ne semble pas retourner votre affection puisque vous êtes toute seule à présent. »

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Sam 27 Fév - 15:08


Isabelle R. Hart
Humiliation

L'Homme est un bien étrange animal. Il est fascinant mais comme toute chose étant digne d'intérêt il est dangereux, terriblement dangereux. Quelle autre espèce pourrait rivaliser avec notre intelligence ? Nos vies entières sont organisées autour de principes réfléchis : famille, hiérarchie, politique. Nous avons dépassé le simple stade des sentiments, nous avons mis des noms dessus : amour, haine, joie, tristesse, félicité, deuil. Sommes-nous pour autant moins vulnérables ? Plus forts ? Il me semble que nous nous sommes perdus en chemin, nous avons égaré quelque chose de bien précieux : la vérité.  La vérité sans artifice, sans non-dits, juste une vérité explicite et commune à notre espèce. La raison. Aujourd'hui, je saurais vous dire pourquoi la lumière disparaît pour laisser place à l'obscurité, pourquoi nous mourrons, pourquoi il neige et pleut... Mais je suis incapable de vous dire pourquoi j'ai si mal, tellement mal, que parfois la mort semble la meilleure alternative... Pourquoi des fois alors que je suis entourée de voix humaines, je me sens si seule... Oh que je regrette que nos vies n'aient plus un sens réel.

La foule s'était tue, les murmures avaient cessé, tous attendaient le verdict : La mort de Hart ou sa grâce. Katharina descendit les marches impérieuse, ses yeux brûlaient d'animosité et la brune sut qu'elle avait vu juste. Elle avait profondément blessé la reine témérienne.  « N'est-ce pas arrogant, avouer m'avoir trahie et pourtant prétendre pouvoir échapper aux conséquences d'un tel acte au nom de quoi ? De l'amour... Pourtant un crime passionnel reste un crime, et tout crime mérite un châtiment approprié. » Isabelle ne prétendait pas en réchapper, l'issue de ce procès semblait d'ores et déjà scellée, ce n'était plus qu'une question de temps avant que sa mort ne soit prononcée.  « Je ne prétends nullement échapper à votre jugement Katharina, je n'expose que des faits. » Elle leva les yeux vers la régente mais cette dernière fuyait tout contact visuel. De quoi avait-elle réellement peur ? Isabelle aurait aimé pouvoir la rassurer, lui dire qu'un jour elle serait suffisamment puissante pour échapper à la crainte. Mais cela aurait été faux, en s'imposant comme une figure politique, Kath avait joué son destin. Et, elle aussi.

« Oui, je suis une criminelle. J'ai vécu parmi le Haut-Gouvernement et les Trois, et j'avais pleinement conscience de leurs actions. Et je n'ai rien dit pendant des années ; et cette fameuse nuit... Cette nuit où je vous ai trahie, j'ai tué et collaboré. Je suis une meurtrière, vous vouliez me l'entendre dire... C'est fait. » Le fracas des voix humaines reprit,  la haine fusa à travers les insultes et les apostrophes. Isabelle s'affaissa dans son siège, elle aurait souhaité être oubliée de Vivendale, être à nouveau une femme de l'ombre... « Mais il n'y pas un seul de mes actes qui n'aient été guidé par la volonté de changer les choses, d'améliorer le monde, mon monde... » murmura-t-elle.

« Et sachez Isabelle, pour votre gouverne, qu'en entrant dans ma coure, vous m'aviez prêté allégeance, à moi, à nos dieux, et à mon peuple. Et ensuite vous nous avez tous trahie pour le bien d'une seule personne, votre soeur... »
Un rire sourd roula dans sa gorge, c'était résumer les faits bien simplement. Kath était partiale dans ce procès, il n'était plus question de justice mais de vengeance. La jeune femme inspira profondément avant de contrattaquer : « Avais-je totalement le choix ? » Une vague d'interrogations se répandit parmi le public. « J'étais votre prisonnière durant la guerre, et puis vous avez appris... mon identité. Etait-ce vous prêter allégeance que de choisir entre la vie et la mort ? » Katharina fit taire d'un geste sec la foule de villageois, de nobles et de témériens. Au demeurant, Isabelle ne s'arrêterait pas là, quitte à mourir autant être franche... « Et ce jour-là, je vous ai dit que vous pourriez être une grande reine et changez les choses. Je le pense toujours. » Le masque de la blonde tomba, et l'espace d'un instant son visage se décomposa. La prisonnière avait été entendue, et... soit la reine comprendrait soit elle attaquerait à nouveau, et plus fort cette fois...

« Où est-elle d'ailleurs ? Vous disiez qu'elle était morte, vous faisiez votre deuil, et maintenant, elle est sur toutes les lèvres, elle alimente toutes les rumeurs, et pourtant, elle n'est nulle part. » Isabelle se figea lorsque le ton de la juge s'éleva, froid et tranchant. Les mots l'atteignirent en plein coeur, ils la poignardèrent avec force, étripant son amour propre, déchirant sa force intérieure. Il fallait se rendre à l'évidence, Arianna avait fui pour sa vie. Elle avait choisi de sauver sa propre existence plutôt que celle de sa soeur. Pouvait-elle réellement l'en blâmer après l'avoir abandonnée une première fois ? « Il semblerait que, après vous être engagée pour elle, vous être sacrifiée pour elle, votre soeur vous a abandonné. Dites moi Isabelle, cela en valait-il la peine ? Me trahir au nom de vos sentiments valait-il la vie de l'être aimé, qui visiblement, ne semble pas retourner votre affection puisque vous êtes toute seule à présent. » A mesure qu'elle parlait, Kath s'était rapprochée. Elle aspirait à lui faire mal, à l'anéantir... La belle brune darda ses prunelles froides sur son accusatrice. Elle serra compulsivement les poings, cherchant dans ses derniers retranchements pour ne pas céder... « Cela en vaudra toujours la peine. Et si c'était à refaire, je n'hésiterais pas. » Elle marqua une pause. « Je préfère mourir aujourd'hui en ayant le sentiment d'avoir été juste, que de périr demain en sachant que j'étais lâche. » Le silence se répandit dans le temple. La prisonnière était méprisée tout autant qu'admirée.

La femme-enfant lui faisait maintenant face, Isabelle se leva à son tour. « Tu veux asseoir ton pouvoir ? Vas-y, tues-moi ! Je suis le symbole même de tout ceux qui t'ont trahie et te trahiront Kat. » souffla-t-elle. La jeune femme s'approcha davantage et planta ses yeux de biche dans ceux argentés de l'Eliaryenne. « C'est mon dernier conseil pour toi. Montre leur quelle reine tu es. »
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Alessandra de Marbrand
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Injustice or justice ? #6 | Isabelle Empty
Sam 5 Mar - 20:08





KATHARINA
— you betrayed me... —

Lorsque nous sommes enfants, il est facile de réparer ses erreurs, un simple " Je suis désolé " permettait la plupart du temps d'effacer notre tort. Mais, en grandissant, se racheter n'est plus aussi simple, en plus de le dire, je suis désolé, il faut aussi le penser. Et même avec cela, on ne peut être sûr que la faute sera pardonné. Car, parfois, être désolé ne suffit plus pour se faire pardonner de nos fautes. Parfois l'erreur est trop grande, ou bien la blessure à l'autre trop profonde, et dans certains cas : c'est les deux à la fois. Quand " Je suis désolé " n'est plus suffisant, il faut agir : prendre ses responsabilités, assumer ses fautes, et faire en sorte que, un jour, la personne à qui ont a fait du tort puisse nous pardonner. Mais parfois...certaines personnes ne sont pas désolées.

Et parfois même, certaines personnes ne souhaitent tout simplement pas être pardonnées.... « Je ne prétends nullement échapper à votre jugement Katharina, je n'expose que des faits. Oui, je suis une criminelle. J'ai vécu parmi le Haut-Gouvernement et les Trois, et j'avais pleinement conscience de leurs actions. Et je n'ai rien dit pendant des années ; et cette fameuse nuit... Cette nuit où je vous ai trahie, j'ai tué et collaboré. Je suis une meurtrière, vous vouliez me l'entendre dire... C'est fait. Mais il n'y pas un seul de mes actes qui n'aient été guidé par la volonté de changer les choses, d'améliorer le monde, mon monde... » Au fur et à mesure que la politicienne déchue parlait, les cris de la foule augmentèrent, formant un chaos sonore en arrière plan de ses paroles. Katharina aurait souhaité que ce genre de procès se déroulent en privé, loin des acclamations exagérées de centaines de personnes criant pour l'exécution de l'accusé, comme si crier le plus fort possible permettrait d'influencer la décision finale... La jeune reine regretta amèrement le calme de la Haute Tour, tout aurait pu être réglé là-bas si seulement ses conseillers n'avaient pas tant insisté pour qu'Isabelle soit jugée en public comme les autres prisonniers. Tout ce bruit l'empêchait de penser, de réfléchir correctement. Comment pouvait-elle prendre une décision dans un tel brouhaha ? Elle pouvait à peine méditer les paroles d'Isabelle. Cette dernière s'annonçait comme une criminelle qui avait tué et collaboré. La blonde haussa un sourcil, pourquoi donc s'affubler de nouveaux crimes au nom d'idées utopiques alors qu'elle était déjà en si mauvaise posture. « Avais-je totalement le choix ? » rétorqua alors la brune concernant sa loyauté à l'Eliare. « J'étais votre prisonnière durant la guerre, et puis vous avez appris... mon identité. Etait-ce vous prêter allégeance que de choisir entre la vie et la mort ? Et ce jour-là, je vous ai dit que vous pourriez être une grande reine et changez les choses. Je le pense toujours. » Avant ce jour, Katharina avait trouvé l'imprévisibilité d'Isabelle rafraîchissante, aujourd'hui cela était perturbant. Tantôt victime, tantôt bourreau, tantôt amie, tantôt ennemie. On ne savait sur quel pied danser avec elle. Etait-ce un jeu ? Ou bien était-elle vraiment sincère ? Pensait-elle réellement tout ce qu'elle disait ?

A la simple évocation de sa demi-soeur, le visage de la brune se décomposa. La jeune reine venait de toucher un point sensible. Katharina le savait, Isabelle tenait énormément à sa soeur, malgré que cette dernière l'est abandonnée. Bien qu'elle ne l'est jamais rencontrée, la témérienne avait eu vent de la scène qui s'était déroulée dans les prisons. « Cela en vaudra toujours la peine. Et si c'était à refaire, je n'hésiterais pas. Je préfère mourir aujourd'hui en ayant le sentiment d'avoir été juste, que de périr demain en sachant que j'étais lâche. Tu veux asseoir ton pouvoir ? Vas-y, tues-moi ! Je suis le symbole même de tout ceux qui t'ont trahie et te trahiront Kat. C'est mon dernier conseil pour toi. Montre leur quelle reine tu es. » Montre leur quelle reine tu es répéta-t-elle intérieurement. Quelle reine était-elle ? Etait-elle vraiment la régente qu'elle prétendait-être ?

Le poing s'abattit sur la table. « Ça suffit ! » Leurs prunelles se croisèrent un bref instant; la trahie et la traîtresse, laquelle des deux y perdrait le plus de plumes ? « Vous savez qui vous êtes Isabelle, vous l'avez dit vous même : vous êtes une criminelle et une collaboratrice. Mais je sais aussi qui je suis. Et je sais quel genre de reine je suis. J'ai promis à votre peuple d'être clémente; je vous ai promis qu'à présent vous seriez aussi mon peuple et que vous seriez traité comme tel. Et je ne briserais pas mon serment sur votre personne. » Lentement, elle se détourna, tournant le dos à son interlocutrice. « Vous ne représentez pas ceux qui me trahiront à l'avenir Isabelle. Et même si c'était le cas; je ne vous tuerais pas pour autant... » Le silence régnait dans la salle. Isabelle serait donc graciée ? « ...car je ne suis pas une reine qui assoit son pouvoir sur les restes de ses détracteurs. »

Remontant les marches, elle se retourna vers la foule pour s'adresser à cette dernière. « Vous êtes venus ici persuadés qu'Isabelle Hart serait exécutée, car elle a désobéi et m'a trahie. Vous avez vu des hommes et des femmes se faire tuer pour bien moins que ça. Mais écoutez moi bien : cette ère est terminée. Pendant trop longtemps la cité a été divisée par des rapaces asseyant leurs pouvoirs sur votre sang et votre sueur, faisant tout pour que vous les craignez. Mais, je vous le promet, je ne serais pas ce genre de reine... Ce n'est que le commencement, ensemble nous construirons une nouvelle ère. » Son regard se baissa sur celui de la brune. « Mademoiselle Hart, vous avez avoué avoir trahi la couronne, et même si c'était pour votre soeur, cela reste inacceptable. Vous méritez un châtiment, cependant je ne vous tuerais pas. » Aussitôt, la foule se partagea entre surprise et protestation. Elle les ignora. « Vous tuez semble être ce que les anciens dirigeants de cette cité auraient fait, et je ne suis pas eux. Je vais donc vous offrir une seconde chance; attention toutefois, ce sera la dernière, faites en bon usage. Vous pouvez réintégrer ma coure, mais sachez bien que je vous garde à l'oeil, et que je ne tolérerais aucune récidive de votre part. Est-ce clair ? » C'était une prison dorée; Isabelle serait constamment surveillée et épiée en quête du prochain faux pas qui, cette fois ci, pourrait la faire tomber pour de bon. La jeune fille s'assit sur son trône sans quitter des yeux l'accusée. « Vous m'aviez dit que vous pensiez que je serais une grande reine; et je vous en suis reconnaissante. Et j'aimerais, si vous le souhaitez, que vous soyez là le jour où cela se réalisera. Je vous offre une seconde chance : à vous de choisir si vous souhaitez la prendre ou non sachant les conséquences. »

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