A double sens ft. Thomas et Kaage

Pour en savoir plus sur la situation actuelle dans l'Enclave, Kaage a décidé d'aller voir par lui-même. Mal lui en a pris, car un moment d'inattention a suffit pour qu'un garde l'assomme, le laissant - en tout cas c'est ce qu'il croyait- pour mort. Visage dans la poussière, l'Ombrageux commence tout doucement à reprendre ses esprits. Au même moment, un jeune esclave débarque dans la rue, un peu surpris de voir un homme à terre. Comment va-t-il réagir ? Est-ce le début d'une autre histoire ?

Le jeune homme marchait vite, autant que ses jambes pouvaient et jeter sans arrêts des regards autour de lui. Dès qu'il croisait un Garde ou une personne susceptible de le reconnaître -ce qui était d'un taux très faible étant donné son récent statut d'esclave- il baissa la tête et accélérait un peu plus. Si bien qu'il finit par courir après avoir tourné dans une ruelle. Il s'arrêta une fois à l'abris et se retourna pour observer la rue presque vide. Des Nobles retardataires trottinaient vers le Temple en tenant leurs jupons pour les femmes et leurs chapeaux pour les hommes. Il poussa un soupir soulagé et se retourna vers la ruelle dans laquelle il se trouvait. Il plongea ses mains dans ses poches après s'être décoiffé un peu plus et avança un peu plus lentement, son torse se soulevant un peu trop vite pour son faible cœur. Il parcourut quelques mètres avant de pousser un hurlement très peu viril.

En effet, un bras venait de tomber devant lui, juste à ses pieds. Il bondit en arrière et tendit ses mains devant lui, dans une position digne des parodies du karaté. Il renifla en ne voyant aucun autre mouvement et tendit curieusement la jambe pour bouger le bras du bout des pieds. Les doigts s'agitèrent et il recula un peu plus. Mais la curiosité l'emporta et puis, il ne paraissait pas si dangereux cet homme. Car oui c'était un jeune homme qui était allongé là, derrière l'énorme benne. Il se pencha légèrement vers lui et plissa le nez. C'était certainement une benne à ordures. Dans un élan de gentillesse, le brun s'empara du bras du blond et le tira vers lui pour le sortir de là. L'Ombrageux se retrouva donc assis sur les pavés, adossé contre le mur. Toujours méfiant, Thomas s'accroupit à distance raisonnable et leva une main devant lui, dans un geste d'incompréhension totale, le fixant avec des yeux à la fois ébahis et curieux.

« Mais qu'est ce que tu fous là, c'est pas le moment de piquer un somme! » Face au silence hébété du mâle il renifla et laissa tomber sa tête en lâchant d'une voix résolu. « Ok. Mmh... Je suis désolé j'ai tendance à vite m'emporter quand les choses me sont étranges. Je suis Thomas. »

Il tendit la main devant lui, dardant ses prunelles noisettes dans celles du blond. Ce dernier se tourna vers lui et Thomas put enfin voir son visage tuméfié. Le brun grimaça de dégoût et détourna légèrement la tête.

© Fiche par Hailey J. Kingston pour Expiation exclusivement

L
a première chose que Kaage remarque, c'est le noir qui l'entoure. La douleur vient ensuite. Couché sur ce que semblent être des pavés, l'Ombrageux se retient de tortiller comme un poisson sorti de l'eau, se concentrant plus sur le pourquoi du comment. Ignorant sa joue droite qui le lance énormément, il essaye de se rappeler les événements. Rien ne lui vient. Il sait cependant qu'il n'est plus à la Guilde, donc quelque part dans la ville même..Tentant de se relever, il trébuche, ses yeux ne voyant toujours rien dans l'obscurité. De nouveau affalé par terre, Kaage se raidit en entendant quelqu'un approcher. Il constate après qu'il ne fait pas nuit. Ce sont ses paupières qui refusent tout simplement de s'ouvrir.

Les bruits de pas se rapprochent, résonnants dans le silence qui plane. Jouer le mort est la seule solution qu'il lui reste. Limitant sa respiration, l'Ombrageux tente de calmer son coeur qui bat la chamade. Un cri haut perché le surprend, manquant de peu de le faire crier lui aussi. Kaage se doute bien d'être à la source de ce son assez inattendu. La chance n'est décidément pas de son côté, car, priant pour que la personne s'en aille, c'est une chaussure qui vient lui tâter le bras. Etant un Ombrageux, et de plus quelqu'un d'assez nerveux, les réflexes ne se font pas prier. Tentant en vain de limiter la casse, seuls ses doigts parviennent à désobéir à ses ordres. Evidemment, cela suffit à l'étranger qui commence à le tirer hors de cet endroit qui empeste - décidément il avait perdu tous ses sens - pour le stabiliser ensuite contre un mur.

L'inconnu lui parle alors, assez énervé. D'après son ton, Kaage a sans doute devant lui un jeune homme. Il essaye de soulever une paupière pour en avoir la confirmation, et c'est en grimaçant qu'il revoit la lumière du jour, ne fut-ce qu'avec un oeil. Levant la main vers son visage, l'Ombrageux ne peut que constater que sa joue droite est terriblement enflée, l'empêchant d'ouvrir l'oeil de ce côté la. Mais qu'est-ce qui s'est passé ?

Le jeune homme continue, excusant son comportement. Son mystérieux trouveur s'appelle donc Thomas. Curieux de voir à qui il a affaire, Kaage tourne son regard vers lui. L'expression de dégoût ne lui échappe pas, et étrangement, il se sent déçu. Oh, l'Ombrageux sait très bien qu'il est dans un état épouvantable, mais tout de même ! Le blond prend son temps, lui, pour l'observer. Des cheveux bruns en bataille, des yeux noisettes, un visage jeune, un corps fin mais tenace...Kaage aurait pu tomber sur quelqu'un de beaucoup moins bien. Il a eu de la chance dans son malheur finalement... Enfin, cela ne lui dit toujours pas ce qu'il fait ici. Il hésite à continuer la conversation. «  Kaage. » Sa voix est graveleuse, et il se met à tousser tout de suite après. Voyant l'incompréhension sur le visage de Thomas, il précise. « Mon nom. » Il essaye ensuite de se lever, décidément toujours pas stable sur ses jambes. Honteux d'avoir été trouvé comme un chien galeux au bord du chemin par ce jeune homme, Kaage baisse la tête.

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Thomas laissa retomber sa main et s'approcha légèrement, plissant les yeux pour entendre ce que le mâle disait. Il se moquait de le vexer ou pas, il ne ressemblait pas à grand chose avec cette balafre. Mais il se doutait bien qu'il ne l'avait pas forcément voulu ou mérité. Le blond prononça, non, grogna son prénom et Thomas le fixa quelques secondes en clignant des yeux. Cage? Mais c'était pas un nom ça. Il arqua les sourcils et ouvrit la bouche pour le lui faire remarquer. Mais le jeune homme baissa la tête piteusement et le cœur du brun frémit. Il avait besoin de soins et devait être un peu déboussolé. Avec lenteur, il tendit ses longs doigts et vint effleurer la peau meurtrie et profondément entaillée. Il en profita pour balayer son visage des yeux ; une de ses habitudes, l'enregistrement d'informations. Il croisa quelques secondes ses yeux clairs et pressa par mégarde un peu trop fort la blessure. Le blond gémit et il retira immédiatement sa main. Il avait définitivement besoin que tout cela soit désinfecter et apaisé. Il ne savait pas vraiment depuis combien temps Cage traînait là.

« Tu as besoin de soigner ta blessure ou ça va s'infecter. »

Avec une moue compatissante il s'approcha de lui, doucement, pour ne pas le brusquer et vint glisser un bras autour de ses reins, calant sa tête sous son épaule. Puisant dans sa forcé légendaire, il parvint à mettre son blessé sur pied et grimaça en le soutenant. Lui qui se plaignait de peser un poids plume. Si les positions étaient inversées, il en aurait été content histoire de soulager son porteur, surtout s'ils devaient fuir. Mais en cet instant il regrettait les quelques muscles manquants que Dame Nature n'avait pas eu la gentillesse de lui octroyer. Il réfléchit à toute vitesse tout en raffermissant sa prise autour des hanches du mâle. Il avait besoin d'eau, d'alcool et de tissus. Ou du feu pour cautériser. Jetant des coups d'oeils autour de lui, il en oublia sa fuite des Gardiens et tituba jusqu'au bâtiment le plus proche. Une sorte de boulangerie, il lui semblait. Ou peut-être un cordonnier, il ne savait pas vraiment, les deux objets avaient la même apparence. Il poussa la porte et grimaça alors que la clocha tinta.

Il s'arrêta sur le seuil mais personne ne vint à leur rencontre. Alors il s'empressa de poser le jeune homme sur la chaise la plus proche et s'étira brièvement le dos avant de balayer les étagères des yeux. Cordonnerie. Et dire qu'il y a quelques instants, il cherchait des idées pour s'enfuir de l'Enclave et comptait préparer le plan qu'ils avaient établi avec Teresa. Le voilà qui s'improvisait médecin -il remerciait d'ailleurs silencieusement son paternel pour lui avoir enseigné les rudiments des premiers soins-. Le brun posa les mains sur ses hanches et soupira d'un air résolu.

« Plus qu'à trouver maintenant. »

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V
oyant à peine entre ses paupières qui ne laissent entrer que de faibles rayons de lumière, Kaage attend que le jeune homme - Thomas - continue son chemin. Avoir été trouvé comme ça, amoché et face la première dans les ordures, était assez pour une journée. Le blond a juste besoin d'être seul, et de revenir à la Guilde tant bien que mal, risquant d'être le sujet de railleries pendant de longues semaines. Son crâne le lance horriblement, tout comme sa blessure à la joue, telle une flamme qui ne veut pas s'éteindre. Un éclair de douleur se rajoute en plus, lui arrachant un gémissement. Mais que fait ce garçon ? Fronçant les sourcils, il esquisse un vague geste de la main, sensé faire partir le brun.

L'ombrageux se retient de répondre au jeune homme. Oui, il sait très bien que sa plaie doit être désinfectée. L'apprentissage à la Guilde est long et ardu, les blessures se comptent par dizaines. Il fera le nécessaire une fois de retour au campement. Enfin, c'était son intention, mais le jeune Thomas n'a visiblement pas l'intention de le laisser partir. C'est en grognant que Kaage se laisse se remettre sur pied, tentant vaille que vaille de ne pas trop reposer tout son poids sur le brun. La gorge toujours irritée, il s'abstient de tout commentaire, ruminant sur le fait qu'il s'est fait avoir par mégarde. Car oui, la mémoire lui est revenu. Tellement préoccupé par William et une mystérieuse jeune femme, un garde l'a assommé par derrière. Il ne devait pas le connaitre, sinon, ce n'est pas dans une benne qu'il se serait retrouvé.

Après quelques minutes qui lui ont semblées interminables, Thomas pousse une porte, manquant de lâcher l'Ombrageux. Une fois à l'intérieur, le brun le dépose sur une chaise, non sans un soupir de contentement. Il faut dire qu'il ne pèse pas rien. Groggy, mais résolu à ne pas rester ici - et si jamais le propriétaire se décidait à venir leur rendre visite ? -, Kaage fait mine de se lever. Il parvient à marmonner quelques mots.« Pas besoin..m'en vais. » Blessé physiquement, mais surtout dans son amour-propre, le blond aspire qu'a sortir de cette ville. Se faire soigner par un mioche ? Et puis quoi encore ? Une erreur, mais pas deux. Le regard noir, enfin, on fait avec les moyens du bord, l'Ombrageux fixe le brun. Honnêtement, sous ses traits de lutin, son " sauveur " ne devait avoir que 2 ans en moins que lui. Le traiter de gosse n'est pas vraiment justifié. Soupirant, Kaage reste assis. Avec un peu de chance, il pourra repartir de cette maison soigné et retapé, et Thomas ne le reverra plus jamais.

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Il ne fit pas attention au blond qui tentait de faire le bonhomme. Il savait très bien que vu la bosse qui trônait à l’arrière de son crâne, il n’irait pas très loin. Il avait peut-être même une commotion. Il détourna alors son attention et contourna le comptoir. Il s’accroupit et farfouilla dans les petites étagères dénichant des clous et des morceaux de cuir mais rien qui lui permettrait de soigner son compagnon. Poussant un soupir agacé il se redressa vivement et se tourna pour fouiller les tiroirs face à lui. Le brun poussa un petit cri de victoire et s’empara de la petite pharmacie. Sautant par-dessus le comptoir il se précipita auprès de Kaage. Le voyant à moitié endormi contre le dossier il lui tapota gentiment la joue. Devant l’absence de réaction il pinça les lèvres et lui balança une claque plus franche.

Lui faisant ensuite face il attrapa un tabouret  et le plaça sous ses fesses. Mais avant qu’il ne puisse s’asseoir dessus, le meuble s’effondra et tomba bruyamment au sol. Grimaçant de nouveau, Thomas soupira et se tourna vers Kaage. Celui-ci semblait toujours dans les vappes et finalement ce n’était pas plus mal. Il s’approcha lentement et s’assit prudemment sur une de ses cuisses, du côté de sa blessure sur le visage. Il le fixait, attentif à une éventuelle réaction mais le blond ne signala aucune opposition. Ondulant des hanches, il s’installa plus confortablement et entreprit de désinfecter les plaies et d’appliquer une sorte de pâte qui accélérait soit disant la cicatrisation. Déposant la pharmacie derrière lui il se retourne une énième fois vers la porte et la rue extérieure. Rue qui était d’ailleurs vide et silencieuse. C’en était carrément flippant. Il poussa un soupir et son dos s’affaissa un peu plus. Il n’avait plus personne à fuir mais il devait à présent trouver de quoi mettre à exécution son plan, et celui de Teresa. Un mouvement sur sa gauche attira son attention mais il se figea avant de se tourner trèèèèès lentement vers son origine.

Kaage était réveillé et paraissait tout à fait apte à parler. Et à la frapper aussi. Il le fixait, ses grands et beaux yeux bleus voyageant sur le buste de Thomas et son corps assis sur sa cuisse. Le brun bondit immédiatement et se recula les mains en l’air.

« Je t’arrête de suite, c’était pour te soigner. » Il plissa les yeux en réalisant que lui-même sous-entendait des choses en disant cela. Il haussa les épaules et se frotta l’arrière de la nuque puis indiqua sa joue de son index. « Hum, tes blessures sont nettoyées mais tu devrais te reposer un peu, tu sembles... tomber de... de sommeil. »

Il tenta un petit sourire mais le blond le fixait toujours de façon très… insistante ce qui le déstabilisait fortement. Tellement que cela en devenait gênant. Mal à l’aise le brun se détourna de ses prunelles envoûtantes et fit mine de ranger la pharmacie alors qu’il n’avait aucune idée d’où se mettre. Partir. Partir était une bonne idée.

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K
aage finit par se rendre à l'évidence et laisse ses paupières se fermer toute seules. Si Thomas ne le laissera pas partir sans l'avoir soigner, et bien soit. Sa blessure à la joue droite le lance horriblement, mais c'est surtout un mal de crâne qui l'empêche de sombrer dans le sommeil. L'Ombrageux repasse mentalement en revue son attaque, inattentif au va et vient du jeune brun. L'absence soudain de bruit sort le blond de sa réflexion, même s'il n'ouvre toujours pas les yeux. Une violente claque atterrit sur sa joue, il ne réagit pas. Il a un certain penchant pour les gifles ce gamin ! N'ayant nullement l'intention de confronter Thomas à ce sujet, Kaage se concentre et commence à somnoler. Quelques instants plus tard, un poids se fait sentir sur sa cuisse gauche, comme si Thomas cherchait à s'installer confortablement. Définitivement intrigué, l'ombrageux ouvre les yeux. Le visage du brun se trouve à quelque centimètres du sien, la tête tournée vers la droite. Thomas applique de la crème sur son bras, zébré de coupures. Il est si proche de l'autre homme qu'il peut sentir sa chaleur corporelle, et Kaage est certain que le brun peut sentir son souffle dans son cou. Un léger sourire aux lèvres, le blond profite de cet instant pour examiner son sauveur de plus près. Des traits fins, mais solides, quelque tâches de rousseur sur le cou, des épis bruns en bataille, une expression indéfinissable sur le visage. Ce tableau en évoque un autre, plus douloureux. D'une certaine façon, Thomas lui fait penser à Ethan, et se souvenir le fait grimacer. Déjà 5 ans, et le sentiment de culpabilité ne diminue pas. Il s'était interdit de repenser à son compagnon, ne fut-ce que pour avancer et oublier. Mais son entrée à la Guilde est teintée de son désir de vengeance. Réclamer justice, et enfin faire la paix avec sa conscience. Kaage soupire. Ces dernières années, il n'avait agi que pour le bien d'un autre, un autre déjà mort. L'ombrageux s'était en quelque sorte oublié, ne vivant que comme l'ombre de lui-même.

Kaage lève le bras pour inspecter la bosse à l'arrière de son crâne, faisant tourner Thomas, surpris. Le jeune homme écarquille ses grands yeux bruns expressifs, comme un enfant pris sur le fait. Les sourcils levés, l'ombrageux ne se gène pas pour passer le garçon en revue, de la tête au pied. Un léger rire s'échappe de sa bouche quand le brun se lève brusquement, agitant des mains pour se justifier. Kaage voit très bien qu'il se sent gêné. Penchant la tête vers la droite, le blond l'interpelle.

«Je te mets mal à l'aise ? Suis-je donc si repoussant ?»

Sa voix n'est nullement accusateur, et c'est plutôt sur un ton amusé qu'il pose sa question. Le jeune homme le fait rire, il est tellement facile à faire rougir.

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Thomas commença à se détourner, espérant secrètement que finalement le blond reste sur sa première option qui était de se séparer. Mais sa voix veloutée le rappela à l'ordre et il se figea à ses questions. Se retournant de nouveau lentement vers lui, il plissa les yeux. Machinalement il se frotta l'arrière de la tête et un sourire amusé étira ses lèvres à son tour. Il eut un rire bref.

« Ahahaha, non. Enfin si. NON! Non tu ne me mets pas mal à l'aise et tu n'es pas repoussant. » conclut-il les joues presque écarlates. Il enchaîna comme s'il cherchait à se justifier « J'ai jamais été très doué pour le relationnel vois-tu donc je- »


Il s'interrompit en croisant le bleu céruléen des prunelles du mâle. Ciel. Son regard était tellement intense. Et son petit sourire en coin, là! C'est sûr que le Kaage en face de lui était bien différent de celui qu'il avait trouvé dans la rue. Son œil désenflait doucement. Si bien que le brun put même lui trouver un certain charme renversant. Il pinça les lèvres et leva une main en signe de compréhension.

« Je me tais, c'est bon. »

Il soupira et s'assit. Il devait poursuivre le plan en compagnie de Teresa mais la perspective de rester ici lui semblait brusquement alléchante. Quoique son interlocuteur le perturbait fortement. Comme quoi il était vraiment sensible et pas très doué pour cacher ses émotions. Il s'étira en poussant un long soupir et se laissa glisser contre le dossier. Se massant l'arrête du nez Thomas se mordilla nerveusement la lèvre inférieure. Il devrait s'interroger sur l'avenir de Vivendale ou si son plan allait fonctionner mais non. Lui se demandait pourquoi son coeur s'emballait et l'origine de cette brûlure sur ses pommettes. Et POURQUOI Kaage le regardait ainsi! Il soutenait son regard sans vraiment savoir comment et se contentait d'observer l'abysse océane de ses yeux en tapant régulièrement le sol du talon.

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Haussant un sourcil, intrigué, Kaage observe Thomas s'enfoncer encore plus dans ses explications. C'est amusant de voir le brun faire de grands gestes, tentant vainement de se justifier. La couleur de ses joues est d'un rouge intéressant, et le blond sourit encore plus. Comme quoi, certaines choses ne se perdent pas, et son charme en fait partie. Thomas s'arrête en pleine phrase, visiblement perturbé. Il baisse les bras et se contente de fixer l'Ombrageux. Ce dernier soutient le regard sans broncher, prêt a y passer toute la nuit si besoin est. Les yeux du garçon en valent bien la peine, et Kaage n'a jamais connu un regard d'une telle intensité. Le silence qui s'installe permet au blond de penser aux événements en cours. L'arrivée imminente de Katrina étant le plus urgent, Kaage se demande ce qu'il va se passer. La Guilde est divisée sur ce sujet, et il ne sait pas vraiment où se mettre. Certes, les hauts quartiers de Vivendale ne sont que des ramassis d'hypocrites et d'égoïstes, mais ainsi condamner des centaines d'innocents...Chassant ces pensées, Kaage décide de briser le fragile silence.

« Aurais-tu perdu ta langue ?»

Le blond penche sa tête légèrement sur le côté, attentif à la réponse de Thomas. Ce dernier n'a cependant pas l'air de réagir, ce qui fait rire Kaage. Il enchaine avec une proposition qu'il ne pourra sûrement pas refuser. L'ombrageux connait des gens qui tueront pour avoir accès à de telles informations. Enfin, n'exagérons rien.

« Que dis-tu de cela : Tu me racontes quelque chose de ta vie, et je dévoilerais peut-être quelque chose de la mienne. Ou mieux, tu pourras me poser n'importe quelle question.»

" Je me réserve évidemment le droit de ne pas y répondre ", ajoute l'Ombrageux mentalement. Il sait que Thomas ne pourra pas résister. A la Guilde, les autres Ombrageux ont posé quelques questions, au début. Mais vu le mur de silence et le regard imperturbable auquel ils se heurtaient, ils ont vite abandonné l'idée de lui soutirer son passé. En savoir plus sur une personne est une forme de pouvoir, quelque part.

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Le brun s'empara d'un chiffon qui traînait et en profita pour s'essuyer les mains et surtout occuper ses gestes parasites. Il sentait le regard de Kaage sur lui mais n'arrivait pas à le soutenir, parce que ses yeux étaient vraiment beaux et son attitude vraiment dérangeante. Autant il aimait bien -déjà?- le regarder (qui n'aimerait pas en même temps, gaulé comme il était on ne pouvait que savourer) mais il se sentait oppressé en ce moment même.

« Aurais-tu perdu ta langue ? »

Thomas plissa les yeux et leva la tête vers lui, prêt à rétorquer. Mais aucun son de sortit de sa gorge. Il arqua les sourcils et fit la moue tout en lui lançant un regard suspect. Evidemment qu'il était doué pour les interrogatoires. Rien que son aura mystérieuse écrasait celles des autres. Il frémit et soutint son regard cette fois ci. Il remarqua même les éclairs dorés qui zébraient ses iris. Et non, jamais il ne s'avouerait qu'il trouvait Kaage carrément craquant -pour ne pas dire canon- et non, jamais il n'arriverait à réaliser ce qu'il pensait en ce moment. Son esprit ressemblait à un fouillis de choses, où la tête du blond trônait sans aucune raison valable.

« Que dis-tu de cela : Tu me racontes quelque chose de ta vie, et je dévoilerais peut-être quelque chose de la mienne. Ou mieux, tu pourras me poser n'importe quelle question. »

Ok là c'était vraiment bizarre. Mais le brun ne se démonta pas et ne montra aucun signe de surprise. Il inclina juste la tête sur le côté et se pencha vers lui. Un sourire germa sur ses fines lèvres et il croisa les bras sur son torse. Tiens, tiens. Il n'était pas le seul intéréss-intrigué, ahem. Ou alors c'était pour passer le temps. Mais ça lui convenait également. Il haussa les épaules, faussement nonchalant et rétorqua avec ironie :

« Mais c'est qu'il en deviendrait bavard! » il réfléchit un instant avant de reprendre « Et si on commençait par toi? Après tout, tu m'en dois bien une. »

Sa soudaine assurance le surprit lui-même si bien qu'il se demanda d'où est ce qu'elle pouvait bien lui venir. Et surtout, pourquoi, ô pourquoi, avait-il prit un timbre mielleux et presque doucereux qui ne lui ressemblait pas?

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Surpris par la réponse de Thomas, Kaage n'en laisse néanmoins rien paraitre. C'est qu'il a du cran finalement ! l'Ombrageux apprécie les joutes verbales, et si cette pointe d'ironie n'annonce pas le début d'une discussion forte intéressante, il en serait bien déçu. Laissant un vague sourire sur son visage, Kaage continue de fixer le jeune homme. Thomas veut faire le malin, en le prenant à son propre jeu. Le respect et sa dette envers le brun lui font vite accepter l'offre de Thomas. Mais certaines choses ne referont jamais surface, et ce ne se sont pas les beaux yeux du brun qu'il le fera changer d'avis.

Le ton doucereux ne lui a pas échappé non plus. Ainsi, le jeune brun avait compris ses intentions, ou du moins son subconscient. Décidé à étirer le suspense jusqu'au bout, Kaage se permet de prendre le temps de réfléchir. Ou faire semblant de réfléchir. Rien qu'a voir Thomas trépigner sur place, son assurance fondant comme neige au soleil, est décidément trop tentant. Un craquement presque inaudible se fait entendre, faisant lever les yeux bleus de l'Ombrageux vers le plafond. Des bruits de pas sur le parquet...il n'en jurerait pas, mais si ses doutes étaient vrai...Avisant un placard au fond de la pièce, il prend sa décision.

Se levant brusquement, Kaage empoigne un Thomas insouciant par le devant de sa veste et file vers l'armoire. Priant pour qu'elle soit vide, il ouvre les battants et pousse le brun sans ménagement dans l'obscurité du meuble. Il entre ensuite, laissant une mince ouverture filtrer un rayon de lumière. Ignorant les protestations du brun, il pose un doigt sur ses lèvres, geste universel lui imposant le silence. Finalement, un choc sourd les fait sursauter, suivi par des marches d'escaliers pliant sous le poids d'une personne. Tout en remerciant son ouïe infaillible, Kaage se blotti près de Thomas. De toute façon, dans un espace si restreint, le jeune brun ne pourra pas protester. l'Ombrageux ne sait pas pour combien de temps ils seront enfermés, aussi il décide de répondre à la question de Thomas.

La tête du blond tournée vers celle de Thomas, les lèvres dangereusement proche de son oreille droite, il susurre quelques mots. « Je suis une personne extrêmement curieuse...» Laissant planer le silence, il enchaine « Et ouverte à toutes propositions. » Un sourire triomphant sur le visage, l'Ombrageux sent le brun se raidir. Les épis bruns viennent lui chatouiller le nez, et il se retient d'éternuer. Ce n'est pas le moment de tout faire foirer.

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Son ton avait été beaucoup trop délicat pour passer inaperçu. Et dès que Thomas s'en rendit compte, il détourna les yeux et rougit inconsciemment. Mais il était tout de même impatient -non, juste curieux uh- d'en savoir un petit plus sur son compagnon. Il avait encore du temps, les habits du noble étaient à l'entrée de la petit boutique, il devait juste retrouver Teresa mais il avait encore le temps. Pas tellement mais encore une bonne demi-heure. Face au silence de Kaage il poussa un petit soupir. Evidemment que l'autre n'allait pas se confier comme ça il voulait juste distraire le brun. Thomas plissa les yeux en le fixant, ayant bien compris la manœuvre. Mais il s'attendait à tout sauf à ce qu'il lui bondisse dessus et le propulse littéralement dans une armoire. Se débattant de toute ses forces une fois le derrière au fin fond du meuble, il se figea alors que le blond tombait lourdement sur ses jambes. Il gémit de protestation mais Kaage referma quand même les portes et fit volte face. Il lui planta un doigt sur les lèvres, lui intimant très fortement de garder sa bouche close. Surpris et choqué par son comportement, il ne dit néanmoins rien. Puis un choc sourd les fit tout les deux sursauter et le brun s'agrippa à la chose la plus proche de lui, autrement dit le bras musculeux du blond. Les bruits de pas s'intensifièrent et le bois gémit sous le poids d'une personne. Se raidissant considérablement, il vit cependant son partenaire se blottir et s'installer confortablement comme si leur situation était plus que normale, voir habituelle.

Le plus surprenant encore fut sa propre réaction ; il poussa un discret soupir et s'adossa contre la paroi en bois. Décidément, depuis qu'il était tombé sur le blond, son comportement devenait de plus en plus étrange. Et il avait ce constant battement de cœur qui ne cessait de s'accélérer. Encore plus lorsqu'il croisait ses prunelles limpides comme en ce moment même. La proximité ne l'avait jamais vraiment gêné mais il fallait avouer que Thomas était quelqu'un de pudique. Ce pourquoi il recula instinctivement lorsque l'Ombrageux s'approcha. Malheureusement, il était déjà au plus plaqué contre l'armoire et il faisait le plus doucement possible. Ils étaient quand même caché dans une armoire. Mais non, Kaage continuait la conversation, presque couché entre ses jambes. « Tout est absolument normal » se répétait le brun dans sa tête. Le souffle du blond chatouilla très rapidement le cou de Thomas qui frissonna violemment.

« Je suis une personne extrêmement curieuse... Et ouverte à toutes propositions. »

Oubliant immédiatement l'homme ou la femme à l'extérieur, il se concentra sur leurs respirations qui s'étaient synchronisées comme faîtes pour s'entendre. Et leurs corps étaient un peu trop bien épousés l'un par apport à l'autre. Thomas papillonna des yeux, sa tête inclinée sur le côté et sa bouche près de la mâchoire de son compagnon. Il déglutit histoire de desserrer sa gorge et réussit à souffler.

« Ça nous fait au moins deux points communs... »

Il sentit les muscles de Kaage se bander pour bouger et il détendit ses épaules, anticipant... quelque chose, mais un raclement de gorge les raidit tous les deux et brisa ce moment pourtant très agréable. Il fronça le nez de mécontentement mais se reconcentra très vite. Le blond était déjà -peut être l'était-il constamment en fait- aux aguets et Thomas referma machinalement les bras autour du guerrier, s'aplatissant un peu plus dans l'armoire comme si cela allait y changer quelque chose. Il écarquilla subitement les yeux en réalisant son erreur. Les vêtements du noblion! Ils étaient restés sur une table dans la boutique. Il se frappa mentalement le front et se mordilla nerveusement la lèvre.

© Fiche par Hailey J. Kingston pour Expiation exclusivement

Kaage sourit à la réponse de Thomas. Le ton de la conversation était donné, subtilement, mais aucun des deux n'étaient prêt à briser le fragile emballage protégeant la réalité de leur propos. Cependant, un raclement de gorge rappelle l'ombrageux vite à l'ordre. Sentant Thomas se serrer encore plus près de lui, le blond fronce les sourcils. Le propriétaire les aurait entendus ? Faisant appel à sa mémoire, il se souvient des vêtements que Thomas avait laissé sur la table. Au moins il était fixé.

L'Ombrageux s'autorise quelques secondes pour réfléchir, en espérant que l'individu de l'autre côté de l'armoire ne l'ouvre pas avant. Comment allait-il réagir ? Ce n'est pas tous les jours qu'il doit trouver deux parfait inconnus dans son placard. Aucune explication logique pourrait le convaincre, enfin, si, techniquement, il y en a une...Préférant prendre ses précautions, et sans prévenir Thomas, Kaage essaye tant bien que mal de s'abaisser, les mains tendues vers ses bottes. Un petit cri de surprise étouffé de Thomas se fait entendre. S'attendant à une telle réaction, le blond continue son petit manège, se pressant encore plus contre le brun. Finalement, il réussit à atteindre ses sais, attachés dans ses bottes. Kaage prend tout son temps pour se relever, laissant ses mains effleurer le jeune homme tout en innocence. Ramenant une de ses sais près de son visage, le tranchant touchant presque son nez, Kaage murmure quelques mots. « Tu me fais confiance n'est-ce pas ?» Ignorant une éventuelle réponse de Thomas, il continue. « J'espère que tu rougis sur commande, car la, ton talent d'acteur nous sera grandement utile. » Il ponctue sa phrase par un clin d'oeil. Juste avant d'ouvrir les battants, et juste parce que Thomas a un air tellement perdu sur le visage, l'ombrageux se penche, murmurant à l'oreille du jeune homme. « Je suis sûr que tu es un naturel » Il ne peut s'empêcher de frôler la joue du bout des lèvres, avant de passer sa main dans les épis bruns de Thomas, lui ébouriffant les cheveux. Histoire de rajouter des éléments crédibles à son explication qu'il ne tardera pas à donner. Prenant une grande inspiration, ses sais désormais fixées dans ses manches, il pousse les portes de l'armoire.  

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Le jeune homme frémissait et chaque parcelle de son épiderme s’enflammait dès que son compagnon exécutait un mouvement. Autant vous dire qu’il était remué. Alors qu’il se tapissait le plus possible au fond de l’armoire, Kaage se pencha en avant sans crier gare, provoquant une délicieuse pression sur son entrejambe. Etouffant son petit cri de surprise de ses mains, il loucha sur le dos du blond entre ses jambes. Il déglutit difficilement et leva les yeux au ciel quand Kaage s’appuya un peu plus contre lui, prenant un malin plaisir à le sentir se raidir. Mais malgré tout, Thomas ne pouvait s’empêcher d’afficher un petit sourire en coin dont il ne connaissait pas encore l’origine. La couleur était clairement annoncée mais il n’exprimait leurs réelles intentions que par de petits gestes futils et subtils. Et pourtant… Son bas-ventre s’enflammant alors que Kaage se redressait en laissant volontairement ses mains remonter le long de ses jambes, il inclina la tête en avant et dût lui faire face un peu trop vite à son goût. Les lèvres entrouvertes, les cheveux en bataille et le rouge naissant qui parsemait ses pommettes, il devait être à croquer. Mais premièrement il n’en avait pas du tout conscience et secondement, l’être qui venait d’apparaître de nouveau était mille fois plus intéressant. Et menaçant. Les pointes de ses sais frôlant son nez. Thomas ne se démonta pas et gonflé d’un brusque élan de défi ou de virilité, il ne savait pas encore, il ne loucha même pas se contentant de fixer l’Ombrageux, se perdant dans le bleu abyssal.

« Tu me fais confiance n'est-ce pas ? J'espère que tu rougis sur commande, car la, ton talent d'acteur nous sera grandement utile. »

Il se pencha de nouveau et le jeune homme ne se raidit pas. C’était déjà un progrès. Il ne recula même pas, se contentant d’inhaler son odeur chaude et suave. Il marmonna un désaccord confus quand à ses précédentes paroles.

« Je suis sûr que tu es un naturel »

La barbe naissante du blond chatouillait encore sa peau juvénile alors qu’il se reculait pour lui ébouriffer les cheveux. Thomas secoua la tête pour se libérer des mains puissantes de Kaage qui lui donnait une fiévreuse envie de rester confiné dans ce placard, blotti contre son corps musculeux. Mais la quelconque divinité en qui il croyait ne lui accorda pas son souhait et il se sentit de nouveau tiré vers le haut. Se redressant tant bien que mal, il arriva contre le flanc du mâle et crocheta instinctivement ses bras autour de sa nuque. Ils se retournèrent de concert vers l’homme qui les fixait, éberlué. Le brun entraperçu son regard dans une vitre ; les joues en feu, les cheveux désordonnés, la bouche rougie par ses mordillements nerveux. On aurait dit que… Oh. OH. OHHH !

Un léger vertige le fit vaciller mais il sentit la main de Kaage s’appuyer plus fermement autour de sa taille. Tout se mit en place dans son esprit et ce en à peine quelques secondes. Mais il dût reconnaître que son partenaire avait été bien plus rapide et perspicace que lui. En même temps, trouver une raison à ce que deux hommes, dont l’un amoché, se retrouvent dans une armoire par un froid pareil… Il frissonna d’excitation. Il ne se serait jamais cru capable de faire une telle chose il y avait quelques mois. Mais l’adrénaline le prit aux trippes et il arbora un sourire satisfait quoiqu’aux accents faussement innocents. Se mordant sensuellement la lèvre, il prit un air de nouveau faussement outré et plaça une main devant son visage. Oui, il était un très bon comédien. Et il devait reconnaître que le blond jouait particulièrement bien le jeu en se grattant l’arrière de la tête et affichant un sourire gêné. Mais lui possédait des armes sur ses avant-bras, détail futil. D’une voix légèrement essoufflée et entrecoupée de petits raclements de gorge ou de rires gênés, Thomas déclara :

« Oh… Bonjour Monsieur ahem, nous sommes vraiment désolés mais… nous pensions que la boutique était vide et vous savez, ça arrive si vite et… »

Il baissa les yeux en refoulant son fou-rire. Ciel. S’il riait il perdait tout crédibilité. Alors il tourna son sourire par une gêne qu’il prenait à la légère. Il fallait mieux en rire en même temps. Toutes les solutions étaient bonnes pour se sortir de cette situation. Et tant qu’il n’y avait pas de sang, le brun était prêt à tout. Même à sous-entendre qu’il venait de coucher avec un parfait inconnu dans le placard d’un cordonnier. Même ça.

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LLe regard éberlué du cordonnier, sa bouche légèrement entrouverte sur un son qui ne voulait pas sortir et la chaussure qu'il tenait en main sensé être menaçant firent monter les coins des lèvres de l'Ombrageux. Essayant de faire passer son sourire pour une grimace embarrassé, Kaage leva une main derrière la tête, grattant sa nuque d'un air gêné. Il sentait Thomas à côté de lui, son corps pressé contre le sien, et si son autre main serrait la taille du brun  avec plus de force que nécessaire, ce n'était pas du tout fait exprès. Du tout.

Le jeune homme s'en sortait magistralement. Ses pommettes légèrement rosies virant au rouge, ses cheveux plus ébouriffés que jamais et son petit rire nerveux auraient pu convaincre n'importe qui, même Kaage. Mais ce n'était qu'un cordonnier stupéfait qu'il fallait amadouer, et ce fut le cas. L'homme, ne sachant désespérément pas où se mettre, abaissa la chaussure et haussa les sourcils. l'Ombrageux en profita pour poursuivre l'explication de Thomas. Prenant un air complice, il s'avança vers le cordonnier. « Vous savez, quand il est comme ça, mignon à craquer, je ne peux pas résister. Vous devriez le voir quand il passe à l'action..il est indomptable ! Et j'aime les petites surprises...» Il ponctua sa phrase en effleurant la joue de Thomas avec son doigt. Sondant le regard du brun, Kaage y lu plusieurs émotions, dont l'étonnement, et quelque chose qui ressemblait fortement à du désir. l'Ombrageux détourna vivement la tête. Est-ce que le jeune homme lisait la même chose dans ses yeux ? Il fallait bien l'avouer, Thomas lui faisait de l'effet, et pas des moindres. Mais ce n'était qu'un jeu, un tour de passe passe pour sortir d'ici. D'ailleurs, dès qu'il serait à l'extérieur, il remercierait Thomas pour son aide et rejoindra la Guilde, sans plus jamais le croiser. Oui, c'est ce qu'il fera.

Le cordonnier soupira. On aurait pu croire que ce n'était pas la première fois que son armoire servait à autre chose que de ranger des ustensiles. Rassuré qu'il n'aura pas à utiliser ses sais, Kaage s'approcha de la porte. Il jeta un regard tellement rempli d'adoration à Thomas que même une pierre ne laisserait pas insensible. Il réalisa que ce n'était pas du tout difficile et se mordit la lèvre. Allons bon, voila qu'un simple inconnu lui faisait ressentir des choses qu'il n'avait plus senti depuis des années...« Nous ne vous dérangerons pas plus longtemps, n'est-ce pas Tommy ? » Ravalant un hoquet de stupeur, Kaage mit l'utilisation du surnom sur sa nervosité et son talent d'acteur. Il n'y avait pas d'autre explication. C'était lui ou il commençait vraiment à faire chaud ici ? l'Ombrageux n'aspira plus qu'à une chose. De l'air frais qui lui fera oublier cette altercation.

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Plus nerveux que lui en ce moment même, il n'y avait pas. Mais en même temps, il se sentait en sécurité ainsi blotti contre le blond. Il avait honte de se sentir aussi fragile mais pour le moment il ne pouvait que admettre. Il défendrait sa virilité plus tard. Alors il continua de jouer le jeu et sa main se crocheta sur la taille de son partenaire. Pourquoi cela lui paraissait tout naturel? ... Le jeu d'acteur, oui, oui. Il faisait chaud quand même ici, ou c'était lui? Le cordonnier était toujours perplexe si bien que Kaage s'avança, délaissant son prétendu compagnon en dehors de la confidence.

« Vous savez, quand il est comme ça, mignon à craquer, je ne peux pas résister. Vous devriez le voir quand il passe à l'action..il est indomptable ! Et j'aime les petites surprises...»

Thomas écarquilla les yeux manquant de s'étouffer. Mais il se reprit dès que le blond revint auprès de lui et il eut un sourire forcé quoique crédible. Le mâle leva sa main près de son visage et effleura sa joue avec une délicatesse innée. En d'autres circonstances, il aurait certainement défaillit. Pour plusieurs raisons. Et notamment parce que ses yeux étaient ensorcelants. Et que ce qu'il voyait pétiller dans ses prunelles étaient clairement la parfaite copie de ce qu'il y avait dans son regard. Mais il se contenta de sourire, ses pommettes rosissant légèrement, tentant vainement de cacher cette lueur qui reflétait la chaleur qui se répandait dans son bas-ventre en détournant les yeux. Kaage l'entraîna vers la porte et le jeune homme le suivit, glissant sa main dans les siennes et entremêlant ses doigts aux siens avec un naturel déconcertant. Captant son regard rempli de douceur, il s'étonna de cette brusque tendresse. C'était un sacré acteur quand même... Il lui répondit avec un moue qu'il jugea beaucoup trop guimauve mais le vieil homme dû y croire par son petit sourire compréhensif. Ô ciel... Plus jamais il ne remettrait les pieds ici. Comment arrivait-il à le perturber à chaque mouvement? C'était dingue quand même. On ne pouvait pas dire qu'il avait vraiment eu de sentiments amoure-AHEM affectueux mais son coeur ne cessait de s'emballer. Comme une jeune fille à ses premiers émois. Et voilà... il se comparait à jeune fille maintenant, de mieux en mieux.

« Nous ne vous dérangerons pas plus longtemps, n'est-ce pas Tommy ? »

Sa voix suave le tira de ses rêveries et il posa machinalement sa main sur la poignée. Ouvrant la porte à la volée il lança un bref au revoir au maître de la boutique qui leur renvoya un sourire brillant. Conservant sa main dans la sienne, il l'attira sur le droite, dans une ruelle peu fréquentée. Une fois en dehors du champ de vue du propriétaire il lâcha sa main et s'arrêta brusquement, provoquant un nouveau choc contre Kaage. Leurs bassins se pressèrent l'un contre l'autre mais Thomas n'y fit pas attention. Venait-il de l'appeler Tommy? Tommy? Le brun se retourna en plissant les yeux, un air totalement confus sur le visage.

« Attends... tu viens vraiment de m'appeler Tommy? »

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L'air frais lui fouetta enfin le visage, remettant ses idées en place. Thomas, apparemment, semblait mal digérer l'épisode de l'armoire. Enfin, le surnom plutôt. Ignorant la pression du jeune homme sur son bassin, il fronça les sourcils. Il venait de leur sauver la mise et ce gamin se permettait de râler ? Kaage se redressa de toute sa hauteur. Envolés, les sentiments de tout à l'heure - refoulés serait plus juste, mais il ne l'avouera jamais-, il était Ombrageux, bon sang ! Son regard se durcit, et il fixa Thomas d'un air impassible. Rapprochant son visage du brun, il murmura « Je suis désolé si ça te mets mal à l'aise, Tommy. » Il accentua le surnom.  « Mais c'était...nécessaire. » l'Ombrageux prit enfin conscience de la proximité du jeune brun. Son corps pratiquement pressé contre le sien, sa respiration légèrement saccadée. Non ! Il se retourna vivement, comme brûlé par une flamme. Et puis zut à la fin ! Ce n'est pas un esclave qui allait lui faire perdre tous ses moyens ! Et rougir en plus...

Honteux, mais bien déterminé à ne pas le montrer, il reprit une attitude plus calme, plus posé. Revenant sur ses pas, il croisa le regard de Thomas un instant, avant de poser le sien au-dessus de l'épaule du jeune homme. Comme ça, moins de distraction. « Maintenant, écoute-moi bien. Tu ne m'as jamais vu. Il ne s'est rien passé. Tu vas continuer ton chemin et faire ce que tu as l'habitude de faire.» Il enchaina ensuite sur un ton plus bas. « Au cas ou tu ne l'auras pas remarqué, je suis un Ombrageux. Même si je n'apprécie pas le fait de tuer, sache que je n'hésiterais pas si la situation en éprouverait la nécessité. » Ramenant son regard sur Thomas, il haussa les sourcils, comme pour appuyer ses mots. Ces menaces n'étaient pas vraiment nécessaires, mais Kaage se devait de retrouver son côté sombre et mystérieux. Il avait besoin de reprendre le contrôle de ses émotions, jouer le rôle qu'il s'était mis des années à peaufiner.  

Après plusieurs secondes de silence, l'Ombrageux s'avança, amenant ses lèvres près du coin de la bouche de Thomas. Frôlant la peau sensible, il termina sa tirade « Ce serait tellement dommage...» Un demi-sourire plus tard, le blond remonta la rue, bien déterminé à ne pas se retourner. Son bon sens lui dit qu'il ne reverra jamais le jeune Thomas, mais son coeur n'était pas du même avis. Bah, il choisirai plus tard.

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Son regard interrogatif scanna entièrement le mâle en face de lui. Ce dernier bomba le torse et se redressa pour le surplomber de toute sa hauteur. L’expression de Thomas changea et il afficha désormais une mine beaucoup plus narquoise. Non pas qu’il craignait Kaage, loin de là. Mais il en imposait quand même. Le brun ne sourcilla pas quand il s’approcha une nouvelle fois et il se surprit même à apprécier sa proximité. Surprenant.

« Je suis désolé si ça te mets mal à l'aise, Tommy. Mais c'était...nécessaire. »

Il écouta à peine ce que lui disait son complice. En effet, sans le vouloir –c’était sûr– le blond s’était rapproché de lui mais pas seulement du visage. Non leurs corps étaient comme aimantés, ils se réclamaient à chaque effleurement alors qu’ils ne s’étaient jamais rencontrés auparavant. Le brun baissa un instant les yeux vers son torse dont il avait un aperçu à travers sa chemise échancrée (sans oublier la superbe vue plongeante vu qu’il était penché vers lui). Son cœur battait à la chamade et menaçait de le lâcher à tout moment. Mais pourquoi, ô pourquoi devenait-il si… fébrile en sa présence ? Il ne le connaissait pas. Absolument pas. Et pourtant, il avait énormément de mal à ne pas réduire progressivement la distance qui séparait ses lèvres des siennes. Mais Kaage fit brusquement volte-face, laissant un Thomas confus. Celui-ci s’empressa d’adopter une attitude neutre tout en se grattant nerveusement l’arrière de la tête. Il ne comprenait pas sa réaction et fut en quelques sortes soulagé que le blond esquive le rapprochement. Alors pourquoi cette amertume qui enclavait sa gorge dans un étau serré ? Une voix hypocrite lui glissa qu’il aurait interprété les signaux envoyés par son partenaire qui éprouvait soudainement de l’intérêt pour lui qui, malgré tout ce qu’il pouvait et voulait faire, restait un esclave. Et alors que Thomas commençai t à se détourner lentement, une moue renfrognée sur la bouche, l’Ombrageux se retourna de nouveau ayant retrouvé son calme. Mais au lieu de le fixer intensément comme les minutes précédentes, il vit Kaage fuir son regard et maintenir une distance raisonnable entre eux –enfin raisonnable… ça dépendait pour qui–.

« Maintenant, écoute-moi bien. Tu ne m'as jamais vu. Il ne s'est rien passé. Tu vas continuer ton chemin et faire ce que tu as l'habitude de faire. Au cas ou tu ne l'auras pas remarqué, je suis un Ombrageux. Même si je n'apprécie pas le fait de tuer, sache que je n'hésiterais pas si la situation en éprouverait la nécessité. »

Son ton bas et suave lui avait filer des frissons sur toute l’échine. Mais c’était bizarrement la testostérone qui travaillait car Thomas ressentait tout sauf de la peur. Alors qu’il devrait. Le mâle était convainquant et il se souvenait parfaitement bien des saies. Il se méfia un instant de son attitude qui était peut-être trompeuse. Mais il n’arrivait pas à s’en convaincre ; Kaage ne le blesserait jamais mortellement. Pas après ce qu’il s’était passé, peu importe ce que chacun revendiquait ou niait. Alors il avança la tête en avant, son air taquin collé sur la face, les sourcils arqués et un sourire plus que provocateur.

« Je sais pas si t’es conscient que tes menaces ne fonctionnent pas mais tu peux toujours continuer à- »

Kaage l’interrompit une nouvelle fois, approchant brusquement ses lèvres des siennes. Cela commençait à devenir une habitude. Mais ce n’était pas le jeune homme qui allait s’en plaindre. Il n’avait qu’à tendre très légèrement les lèvres et il pourrait l’embrasser. Mais non, il ne cèderait pas. Il devait suivre un plan et retrouver Teresa.

« Ce serait tellement dommage...»

Thomas retint un glapissement et tourna légèrement la tête tandis que Kaage effleurait délibérément la commissure de ses lèvres des siennes. Aussi rapide que l’ombre, il se détourna avant qu’il ne puisse esquisser le moindre mouvement et s’éloignait déjà du jeune homme quand celui-ci osa bouger. Il pinça les lèvres en le voyant partir et réalisa soudainement qui n’avait pas pu parler. Alors sur un coup de tête qu’il jugerait certainement stupide dans les minutes suivantes, il s’élança et rattrapa Kaage en quelques secondes. Il le dépassa et s’arrêta face à lui, se rattrapant à ses bras musculeux pour ne pas tomber. Accrochant chaque main sur un de ses biceps, il eut un sourire franc, les yeux étincelants et dit d’une voix neutre.

« Merci Kaage. Je t’en dois une. »

S’appliquant à ne pas avoir une attitude similaire à celle qu’il avait adopté depuis sa rencontre, il donna une brève tape amicale et recula. Le brun s’humidifia les lèvres et eut un sourire en coin ; une partie de la légende sur les Ombrageux se confirmait. Sur leurs capacités tout du moins.

© Fiche par Hailey J. Kingston pour Expiation exclusivement