Conspire against the Wall

L' auberge des invendus, elle commençait à être habituée des lieux. Les années d'esclavage laissent à certains comme Teresa le loisirs de voir défiler les asservisseurs beaucoup de nobles adoptaient la méthode du renvoi dès qu'ils sont lassés ou que l'esclave commence à montrer les premiers signes de fatigue. Teresa venait de se faire viré de son dernier asservisseur, un homme de la cinquantaine vivant chaque heure de sa vie dévoué au Trisal, il avait même intimé à l'esclave de se confesser au Temple avant de commencer son travail chez lui. Ridicule. Evidemment elle n'était pas pour rien dans son renvoi. La surveillance constante d'un noble demandant de plier le genoux devant lui n'était pas pour elle, mais surtout elle voulait profiter de l'effervescence de l'arrivée de Katharina pour se faire discrètement la malle. S'enfuir de l'enclave et quitter l'esclavage une fois pour toute.

Elle était là depuis hier soir et parmi les murmures des esclaves courait une rumeur qui l'avait toute de suite intéressée. L'un d'eux ici cherchait de l'aide pour sortir lui aussi, un dénommé Thomas. Il était un allié potentiel. A eux deux ils pouvaient passer le Mur, mais d'abord elle devait le trouver. Teresa se renseignait auprès d'un ou deux esclaves avec qui elle se croisait souvent ici, elle n'était pas la seule à passer de maître en maître, les plus orgueilleux s'en vantait même à haute voix. Finalement une vieille connaissance lui indiqua le fameux Thomas. A l'extérieur personne n'aurait cru qu'il avait le profil de l'esclave rebelle, le brun ne faisait que papillonner à une table tout seul. Teresa se tourna légèrement pour la jauger de haut en bas, espérons qu'il fasse l'affaire comme allié, elle ne comptait pas se trimbaler un incapable. Mais Thomas avait l'air de convenir malgré le premier abord.

Elle traversa la salle à grands pas avant de s’asseoir sans un mot face au brun. Il leva son regard vers elle quand elle arriva tandis qu'elle s'asseyait « Thomas ? » demanda-t-elle. Evidemment que c'était lui, mais c'était sortit machinalement, elle était faîtes d'habitudes. « Alors comme ça on dit que tu veux t'enfuir de l'Enclave, c'est vrai ? » continua-t-elle simplement.

© Fiche par Hailey J. Kingston pour Expiation exclusivement

Le brun cogitait depuis une dizaine de minutes facilement sans jamais arriver à quelque chose de concret. Il se trouvait dans refuge parce qu'il était bien plus faible que certains de ses nouveaux camarades. Mais finalement il trouvait ça pas plus mal ; il avait le temps de réfléchir sans avoir à servir une personne ou lui apporter des chaussons coûtant plus chers que sa maison à la sortie du lit. Il bougonne une nouvelle fois et passa ses mains dans ses cheveux. Rien à faire. Lui qui était pourtant méticuleux et un minimum intelligent sans pour autant se vanter, il n'arrivait pas à trouver quelque chose. Et alors qu'il poussait un énième soupir, la chaise en face de lui fut tirée et une jeune esclave s'assit dessus. Il sursauta et se redressa brusquement faisant face à la jeune femme qui transpirait l'assurance. Il eut un petit sourire qu'elle ignora royalement et l'apostropha d'une voix mélodieuse.

« Thomas? Alors comme ça on dit que tu veux t'enfuir de l'Enclave, c'est vrai ? »

Il arqua les sourcils et sa petite distraction descendit bien vite et il se renfrogna, appuyant sa tempe contre son index et son pouce.

« Oui, mais si c'était possible ne penses-tu pas que je ne serais pas ici? » lâcha-t-il d'un habituel ton sarcastique et en plissant les yeux sur la fin de sa phrase. Aaaah, la timidité. Le jeune homme renifla et toisa la fille en face de lui qui le regardait sans vraiment réagir à ses paroles. Il prit une inspiration et s'accouda sur la table, les mains jointes et il se pencha en avant, subitement excité à l'idée d'une collaboration. « J'ai réfléchis à pleins de moyens mais rien ne me vient à l'esprit. En plus avec ces foutus Gardes qui contrôlent toutes les entrées et sorties, c'est n'importe quoi, on peut se déguiser et passer comme on veut pour des Nobles, il suffit simplement de prendre des manières et c'est bon. Je les ai observés il ne vérifient pas les registres et puis... » Il s'arrêta en plein discours, croisant les prunelles noisettes de la femelle. Il pinça les lèvres et replia lentement les bras qu'il avait agiter pendant qu'il parlait. Il passa son index sous son nez, comme il en avait le toc et reprit d'une voix plus posée.

« Je suis Thomas. Enchanté...? »

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L' esclave parut rapidement déchanté par l'interruption de ses pensées par Teresa. A peine eut-elle ouvert la bouche que le brun fronçait les sourcils et se renfrognait en lâchant une réplique sarcastique « Oui, mais si c'était possible ne penses-tu pas que je ne serais pas ici? » Il avait au moins le mérite d'avoir un minimum de répartie ce qui le fit grimper dans l'estime de la jeune fille. Elle n'eut pas à l'observer très longtemps pour remarquer que le brun se distinguer avec toutes ses mimiques. Achevant son sarcasme il renifla avant de d'appuyer ses bras sur la table pour se pencher en avant vers elle comme deux complices complotant la pire trahison « J'ai réfléchis à pleins de moyens mais rien ne me vient à l'esprit. En plus avec ces foutus Gardes qui contrôlent toutes les entrées et sorties, c'est n'importe quoi, on peut se déguiser et passer comme on veut pour des Nobles, il suffit simplement de prendre des manières et c'est bon. Je les ai observés il ne vérifient pas les registres et puis... »

Et puis quoi ? Teresa voulait savoir la suite. Elle était rarement aussi attentive à un de ses interlocuteurs et voilà qu'il se stoppait à mi-chemin. Pinçant ses lèvres le brun se redressa un peu pour reprendre d'une voix posée « Je suis Thomas. Enchanté...? » Elle leva les yeux au ciel, il s'arrêtait pour se présentait. Teresa s'intéressait peu à l'identité de l'esclave, ce qui l'intéressait c'était son plan. Thomas avait évoqué certains détails que jamais Teresa n'avait pensé. Et bien qu'elle soit plutôt maline elle n'était pas une fine stratège loin de là, ses plans étaient souvent foireux, c'était plus dans l'improvisation qu'elle brillait pour ses idées. Mais Thomas lui semblait être un de ces hommes réfléchis, elle n'avait pas besoin de le connaître pour savoir que ce n'était pas un idiot. Il dégageait une sorte d'intelligence et semblait avoir déjà réfléchi au plan A, au B et aux plans correspondant à toutes les lettres de l'alphabet si les précédents se révélaient voués à l'échec.  Le brun n'avait pas l'air de vouloir piper un mot de plus sans que Teresa ne se présente à son tour alors c'est ce qu'elle fit « Teresa » lâcha t-elle simplement « Et surement ton alliée potentielle pour sortir de l'Enclave » continua-t-elle histoire de motiver le brun à ne pas être avare en informations.

Elle esquissa brièvement un sourire complice avant de reprendre sur un thème plus sérieux, leur plan par exemple « Ils ne vérifient pas et puis....? » le cita-t-elle pour qu'il achève tôt ou tard sa phrase. Elle réalisa alors qu'elle ne donnait aucune information en échange, à vrai dire elle n'avait aucun aspect stratège de comment sortir que le brun n'aurait pas déjà pensé mais il aurait surement besoin d'un tour de force et là Teresa pourrait être une alliée utile « Écoutes je ne te serais d'aucune aide si tu ne me dis pas tout ce que tu sais » finit-elle d'un ton étrangement conciliant qui lui était très peu familier.

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L'évident impatience de la dénommée Teresa le fit sourire et il se recula légèrement, pour savourer un peu. L'éclat malicieux et déterminé qui brillait dans ses yeux lui plaisait et il plissa les yeux, étudiant la jeune femme tandis qu'elle l'éclairait sur sa requête. Elle semblait impulsive et l'improvisation était certainement son domaine. Tout ce qu'il lui fallait. Quelqu'un pour réagir sur le moment tandis qu'il suivait sur le plan que lui avait prévu. Ses sourcils s'arquèrent sous la satisfaction et il écouta finalement ce qu'elle disait.

« Et surement ton alliée potentielle pour sortir de l'Enclave. Ils ne vérifient pas et puis....? Écoutes je ne te serais d'aucune aide si tu ne me dis pas tout ce que tu sais. »

Il déglutit et agita la main, soudainement aussi excité qu'elle à l'idée d'obtenir quelque chose. Merde, il venait de soumettre une idée alors qu'il parlait en l'air pour changer.

« J'allais y venir, impatiente! Je ne vais quand même pas livrer ce que je sais à n'importe qui. » C'était idiot à dire quand on ne connaissait pas Thomas ; il ne pouvait pas se fier à une personne par son simple nom. Mais pragmatique comme qu'il était, il s'était rapidement informé sur les esclaves invendus. Il rassembla brièvement ses mains et ses prunelles dérivèrent autour d'eux. Personne ne semblait vraiment écouter alors Thomas continua en baissant légèrement la voix. « Ils contrôlent les portes mais laissent passer un peu n'importe qui tant l'arrivée des Villageois a été importante. Cependant l'entrée est plus facile que la sortie, ce qui est complètement idiot soit dit en passant. Enfin bon. »

Il se redressa et se mordit subitement la lèvre, en levant un doigt en l'air. Il avait l'impression de tenir quelque chose mais impossible de déterminer quoi. Il y a quelques minutes, sortir de l'Enclave était pour lui chose impossible. Et maintenant que Teresa en parlait, cela paraissait bizarrement plus facile. Il omettait quelque chose, mais quoi? Il poussa un soupir frustré et se rendit compte qu'il s'était encore arrêté en pleine phrase. Il s'excusa d'un petit sourire et reprit d'un ton beaucoup plus hésitant et un peu vague.

« Le seul problème étant nos noms inscrits dans le registre... avec nos photos. Et nous n'avons pas tellement de temps pour se déguiser, Katharina devrait arriver à Vivendale d'ici quelques heures... » Il ajouta d'un ton fier. « Un contact dans l'armée m'en a informé. » Obtenir ce lien lui avait valut quelques soirées mais il était efficace et bien serviable. Voyant l'air complètement désintéressé de la brune il termina en refermant sa main et en reprenant son bras auprès de lui. « Mais ça tout le monde s'en fout. »

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T  eresa avait souvent du mal avec les alliances et les collaborations. Ses années en tant qu'assassin à la solde l'avait contrainte à n'avoir ni proches, ni amis, des alliés à la limite qu'elle ne pouvait rester auprès d'eux après un certain temps. Ses précédentes alliances relevaient finalement plus d'une manipulation ou d'un échange qu'une alliance. Mais là c'était différent, elle ne savait comment l'expliquer mais elle sentait en Thomas qu'il avait ce qui manquait chez elle pour réussir à s'enfuir de l'Enclave. Lui manquait d'impulsivité et elle de prudence, au final ils se complétaient drôlement bien. Peut être auraient-ils plus de chance ensemble que séparément.

« J'allais y venir, impatiente! Je ne vais quand même pas livrer ce que je sais à n'importe qui. » commença-il en lançant un regard circulaire comme pour vérifier que personne ne les écoutait. Cette prudence la fit sourire, elle avait trouvé l'allié idéal pour sortir de l'Enclave. Malgré qu'aucun autre esclave ne semblait les écouter le brun baissa légèrement la voix avant de reprendre aux choses sérieuses « Ils contrôlent les portes mais laissent passer un peu n'importe qui tant l'arrivée des Villageois a été importante. Cependant l'entrée est plus facile que la sortie, ce qui est complètement idiot soit dit en passant. Enfin bon. » L'entrée plus facile que la sortie, cette pensée la laissa dubitative. Au fond ce n'était pas si idiot que ça, si une taupe de Katharina pénétrait l'Enclave elle ne pourrait pas en sortir pour aller rendre ses comptes à sa reine.

Thomas se redressa alors en levant le doigt en l'air comme quelqu'un tenant l'idée du siècle. Teresa l'observait, attendant avec impatience qu'il dévoile ce qu'il avait l'air de tenir comme idée mais un instant de réflexion après le jeune homme poussa un soupire frustré. Il esquissa un petit sourire avant de reprendre plus hésitant et confus qu'au début « Le seul problème étant nos noms inscrits dans le registre... avec nos photos » Teresa l'avait vu passer ce registre, chaque année les informations sur chaque esclave du registre sont mise à jour et le portrait refait, la brunette avait eu l'occasion d'être ré-enregistrer plusieurs fois déjà. La tentation de dérober le sésame et de brûler sa page était plus grande chaque année, mais l'ouvrage étant à l'étage des gardiens dans la Haute-Tour avait eu raison de sa tentation. Thomas lui continuait sur sa lancée, sortant Teresa de ses pensées « Et nous n'avons pas tellement de temps pour se déguiser, Katharina devrait arriver à Vivendale d'ici quelques heures... » Elle écarquilla les yeux une fraction de seconde, elle n'avait pas vraiment pris la peine de se tenir informé de l'avancée de Katharina mais elle avait attendue la reine étrangère un peu plus tard. Thomas ajoura alors d'un ton fier « Un contact dans l'armée m'en a informé. » Le brun ramena son bras vers lui et conclut « Mais ça tout le monde s'en fout. »

Teresa ne savait plus vraiment où était l'issue de secours dans ce que Thomas lui avait conté. Le jeune homme comptait beaucoup sur l'usurpation, se faire passer pour des nobles sans compter le manque de temps et le registre des esclaves. Cependant s'ils se dépêcher ils pouvaient le faire, et si jamais le dernier bémol pose un problème la brune n'aurait aucun scrupule à éliminer un ou deux gardes gênant le passage « Tout ce qu'il nous reste à faire est d'aller usurper l'identité de deux noblions et de voir si ça passe » résuma-t-elle, il fallait simplement faire ça dans les temps et espérer que personne ne verrait la supercherie. Cependant peut être était-ce la prudence de Thomas qui déteignait sur elle cette fois-ci elle voulait prévoir un peu ses arrières « Et s'ils nous démasquent je me débarrasserais d'eux. Mais ils ne faut pas qu'ils soient trop, l'esclavage a creusé un sacré fossé entre mes belles années et aujourd'hui » Elle esquissa un sourire, certes l'assassinat à la solde n'était pas très reluisant mais pour quelqu'un jeté à la rue adolescente elle avait eu une vie sans misère, la fuite certes mais la misère non. « En somme si ton plan inclut une perte humaine - ou plusieurs - n'hésites pas, tu n'auras pas à te salir les mains, je m'en chargerais volontiers » Elle conclut sa réplique d'un haussement d'épaule. Elle fixa Thomas d'une manière quasiment impudique, prête à déchiffrer sa moindre réaction, et surtout cherchant le moindre signe de coopération ou d'approbation du brun dans ce plan qui pourrait peut être être leur fuite à eux.

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Il la remercia silencieusement pour l'avoir laissé terminé. Elle était l'une des rares (la seule en fait si on omettait son père) à le laisser parler jusqu'au bout. Généralement, les gens ne le prenait pas au sérieux avec son air enfantin et naïf. Il pinça alors les lèvres, concentré. Il avait conscience que son plan plaisait à la brunette et il en était ravi. Car jamais il n'aurait eu le courage de se déguiser et de sortir. Seul. Enfin il aurait déjà dû l'emporter sur un homme et là était la difficulté. La voix suave de Teresa s'éleva après quelques secondes :

« Tout ce qu'il nous reste à faire est d'aller usurper l'identité de deux noblions et de voir si ça passe. Et s'ils nous démasquent je me débarrasserais d'eux. Mais ils ne faut pas qu'ils soient trop, l'esclavage a creusé un sacré fossé entre mes belles années et aujourd'hui. » Sa légèreté le fit sourire. Ils s'opposaient mais se complétaient, aussi étrange que cela puisse paraître. « En somme si ton plan inclut une perte humaine - ou plusieurs - n'hésites pas, tu n'auras pas à te salir les mains, je m'en chargerais volontiers. »

Il eut un moment de réflexion. Des pertes humaines...? Wow. Mais il haussa les épaules. Il était prêt à tout, vraiment. Quitte à participer aux dommages collatéraux. Il poussa un petit soupir déterminé et hocha la tête. Il se recula et s'étira comme si on venait de lui retirer un poids des épaules. Ce qui était vrai. En quelques minutes il avait réussit à trouver une personne suffisamment audacieuse pour mettre son plan à exécution. Il ne manquait plus qu'à ce qu'elle lui fasse confiance afin qu'il tempère son caractère bien trempé, lui semblait-il. Il regarda une ultime fois autour de lui et son cœur se serra en se disant que c'était peut-être la dernière fois qu'il verrait l'Auberge. Mais l'idée de partir était bien trop alléchante. Il poussa sa chaise et se leva faisant un signe discret à Teresa. Sans alerter les autres esclaves, il prit une démarcher traînante et ennuyée pour sortir de la bicoque. Le froid l'enveloppa immédiatement et il frissonna. C'était La nuit qu'il attendait depuis si longtemps. Et même s'il angoissait il sentait que leur ébauche était bien partie.

Il attendit alors la brune quelques mètres plus loin, les bras refermé autour de lui et souffla quand elle fut près de lui.

« Tous les nobles sont dans le Temples, seuls certaines traînent encore dans les rues. Mais il me semble que les portes ne sont pas encore fermées, peut-être aurons nous une chance d'en attraper deux dans les alentours. »

C'était à la fois une question et une affirmation. Teresa l'écoutait mais distraitement, elle semblait observer les parages avec attention, comme un prédateur flairerait sa prochaine proie. Il passa une main nerveuse dans ses cheveux en sentant l'excitation poindre dans son torse. Son cœur battait à la chamade, et il se demanda même si ce n'était pas le bruit lointain des tambours des Etrangers. Ça commençait.

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T  eresa profita du moment de doute chez son confrère esclave pour jauger au mieux sa réaction. La simple de notion de perte humaine suffisait  à départager les personnes déterminées ou celles qui se défileront. Malgré une courte hésitation Thomas semblait accepter ce fait, et c'est à partir de ce moment là que la jeune femme ne douta plus un instant : Thomas était l'allié idéale dans sa fuite de l'Enclave.

Le jeune homme balaya les alentours d'un regard puis se leva en faisant signe discret à Teresa de le suivre. Thomas se dirigea alors d'un pas las et désinvolte vers la porte. La jeune femme esquissa un sourire devant autant de précaution. En tout cas Thomas était bon comédien car toute personne inconnue à leur plan n'aurait pas vu la moindre ambiguïté chez l'esclave. Teresa se leva à son tour et traversa la salle sans se presser. Rouvrant la porte elle fut accueillie par un vent glacial qui lui cingla le visage. Elle rejoignit Thomas qui souffla avant de lui exposer la position des nobles « Tous les nobles sont dans le Temples, seuls certaines traînent encore dans les rues. Mais il me semble que les portes ne sont pas encore fermées, peut-être aurons nous une chance d'en attraper deux dans les alentours. »

Teresa hocha la tête tout en détaillant les alentours discrètement, les vieilles habitudes reprenaient souvent le dessus et le simple fait de scruter les environs pour s'assurer qu'aucun ennemi n'est tapi dans l'ombre était un automatisme qu'elle ne perdrait surement jamais. Aucun noble à l'horizon cependant, mais à en croire Thomas certains n'étaient pas loin. Il ne restait qu'à en trouver deux, les dépouiller et se faire passer pour eux. Usurper l'identité d'un noble, elle n'avait jamais pensé à ça tiens ! Tendant l'oreille elle crut entendre l'écho d'un noblion vociférant contre son esclave. La jeune femme tira sur la manche de son partenaire pour l'alerter et posa aussitôt un index sur ses lèvres pour lui intimer le silence avant qu'il ne tente de dire quoique ce soit. Elle avança alors d'un pas feutrés vers la ruelle, suivie par Thomas.

Elle se revit alors trois années plus tôt, parcourant d'un pas discret le village, telle une ombre bien présente mais invisible. Elle avait été à l'apogée de la réussite pour une hors la loi. Ceux du Cercle n'étaient certainement pas pauvre, certes leur fortune se faisaient sur le meurtre et ils vivaient des complots du village et même ceux ds gardiens mais jamais aucun d'eux ne manqua de rien. Pour survivre au village sans ressentir la misère il suffit simplement de ne pas se refusait quoique se soit, quand on se donne une morale on est perdu. Mais Teresa et ses frères du Cercle, eux ne s'étaient rien refusés, ils avaient vécu des années inoubliables ensemble. Au fond elle avait trouvé en eux une famille qui ne l'avait jamais refusé pour ces vices, mais qui l'avait justement encouragée à les laisser s'exprimer. Et c'est ainsi que la jeune femme avait réussi à devenir ce qu'elle était aujourd'hui. Manipuler, trahir, blesser et tuer, un quotidien peu flatteur pour beaucoup mais une véritable réussite pour elle. Car dans ce bas-monde il n'existait que deux castes pour eux : ceux qui était faibles - ceux qui perdraient toujours - et ceux qui n'avaient pas peur de réussir.

L'écho d'une voix autoritaire la sortit de sa traque et la jeune femme releva la tête. Ils n'avaient pas avancé de dix mètres et étaient encore devant le refuge à se diriger vers le noblion que les gardiens sortaient du refuge en ordonnant aux esclave à l'intérieur de se rassembler devant comme un troupeau. Certains poussèrent plusieurs esclaves dehors tandis que les autres soldats se postaient au quatre coins de l’attroupement pour empêcher une quelconque fuite. Teresa tourna la tête vers Thomas puis vers les soldats. A quelques minutes ils auraient pu être passé à côté de ça ! Les gardiens étaient une vraie plaie. Teresa regrettait amèrement le temps glorieux ou elle tenait certains d'eux grâce au chantage, elle avait d'ailleurs négocié sa vie avec ça. La seule fois ou elle avait été prise avait directement signé son arrêt de mort, mais la jeune femme avait été plein de ressource et après quelques menaces pouvant traîner dans la boue l'intégrité et l'honneur de certains soldats du village ils l'avaient envoyés à ce bagne qu'est l'esclavage. Au simple souvenir de se revoir mener les gardes par le bout du nez grâce à quelques contrat la jeune femme esquissa un sourire. Elle se pencha alors vers Thomas et lui murmura quelques mots d'un ton entendu.

« N'est-il pas temps pour les esclaves perdus de contourner un peu les règles ? Une émeute d'esclaves en fuite nous donnerait carte blanche pour quelques heures. » déclara-t-elle. Ce côté était manipulateur et vil, utiliser le désir de liberté des esclaves et leur faire créer une émeute pour que les soldats soient débordés et que Teresa et Thomas s'enfuient en paix. Si certains esclaves réussiraient peut être à s'enfuir dans l'Enclave, les moins chanceux seraient condamnés au bûcher, ou à la pendaison selon l'humeur des soldats. Et même ceux qui partaient dans l'Enclave, s'ils n'étaient pas dehors ils ne feraient que retarder l'heure de leur châtiment. Et puis il y-a ceux qui allaient réussir comme Thomas et Teresa, car oui la jeune fille était persuadait de réussir, elle faisait partit des vainqueurs, et Thomas semblait déterminé à rejoindre ce camp à son tour.

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Le froid attaquait chaque parcelle de sa peau qui était découverte. Mais son esprit anticipait leurs prochaines actions et pour être honnête, Thomas se contrefichait d’avoir froid. Il étudia rapidement Teresa qui observait les alentours de façon très méthodique, comme si elle avait fait ça toute sa vie. Ses paroles revinrent dans l’esprit du jeune homme et il comprit ; elle avait déjà fait ça. Dans sa précédente vie car il n’avait jamais entendu parler d’elle. Mais sa réaction fut la plus étrange : il sourit. L’espace de quelques secondes, mais il eut ce petit sourire en coin. Une voix s’éleva dans près du refuge et le brun se raidit, observant au tour de lui. Sa partenaire lui fit signe de se taire et il acquiesça silencieusement. La laissant prendre les choses, il fut même soulagé de se contenter de la suivre. Ils se glissèrent dans la ruelle en face, s’approchant de leur proie. Mais de nouvelles voix vociférèrent et les deux acolytes s’arrêtèrent brusquement. Instinctivement, Teresa les mit à couverts en le repoussant contre une paroi, dans l’ombre. L’esclave reprit sa respiration après l’avoir bloquée et leva les yeux vers le Refuge où les Gardiens se dirigeaient. Ça ne pouvait pas être eux, ils étaient libres de se promener dans ce Quartier. Conservant le silence il tourna la tête vers la brune qui fit de même. Mais au lieu d’afficher –comme lui- une mine décomposée et perdue, elle arborait un sourire tout à fait craquant mais qui en disait long sur son esprit tordu.

« N'est-il pas temps pour les esclaves perdus de contourner un peu les règles ? Une émeute d'esclaves en fuite nous donnerait carte blanche pour quelques heures. »

C’est alors qu’il comprit l’origine de son sourire. Il redressa le menton et ses prunelles voguèrent de nouveau vers les esclaves qui se regroupaient et qui signalaient déjà leur mécontentement. Se retenant d’enlacer la brune pour son ingéniosité, il avala sa salive et garda la bouche close. C’était triste à dire, mais le destin devait être de leur côté ou leur plan échouerait. Enfin ils devraient le faire beaucoup moins facilement. Il s’adossa un peu plus confortablement à la paroi et fixa le groupe. L’agitation était déjà là, l’émeute ne devrait pas tarder à se créer. Surtout que les esclaves s’agglutinaient à la sortie et râlaient sans savoir pourquoi. Il se mordilla nerveusement l’intérieur de joues, réprimant une remarque sur l’avenir des esclaves. Teresa en était clairement consciente et lui aussi. Mais il avait promis de tout faire. Le sacrifice était nécessaire. Le brun baissa les yeux et inspira profondément. Il savait que quelque chose allait changer en lui, pour toujours. Mais il le devait où ce serait lui qui terminerait sur le bûcher.

Un bruit sourd coupa court à ses pensées et il leva la tête de concert avec Teresa. Un Gardien venait de réprimander une esclave un peu trop grande gueule d’un coup de matraque dans la joue. Sa partenaire était déjà campée sur ses jambes, prête à bondir et à filer vers le Noble qui, visiblement, engueulait toujours son pauvre esclave. Il se prépara à son tour, chassant les visages de ses collègues de son esprit. Même s’il en était un, Thomas ne s’était jamais considéré esclave. D’un autre côté, il n’avait jamais été « employé » : trop chétif, pas assez endurant, trop mignon pour être frappé… Oui, on entendait des choses assez hallucinantes dans le milieu des Nobles. Il glissa un ultime regard vers la troupe d’esclaves qui s’agitait clairement. Les quelques Gardiens appelaient du renfort mais c’était trop tard. Il suffit d’un homme qui réussi à déborder des bras musclés et tout le reste s’enfila dans la brèche, en créant d’autres failles et ainsi de suite. Teresa bondit sans prévenir et il la suivit aussitôt, courant aussi vite qu’il pouvait dans la ruelle. Il aperçut l’homme qui regardait la foule hébété et surprit. Les premiers coups de feu retentirent et Thomas accéléra la foulée. Il renversa le Noble sur le sol en exécutant un plaquage assez maladroit et sûrement très douloureux pour la victime. Il savait que Teresa était déjà à califourchon pour s’occuper de lui alors il s’approcha de l’esclave blessé et s’accroupit. C’était à peine un gamin. Son visage ecchymosé lui fendit le cœur mais il ne se démonta pas et le releva avec autant de douceur et d’empressement qu’il pouvait. Il le poussa dans une rue perpendiculaire à la leur et l’encouragea d’un petit sourire. Le jeune homme ne se fit pas prier et plongea dans un groupe d’esclaves qui filaient eux aussi.

Il se retourna vers sa partenaire pour la presser mais cette dernière dépouillait déjà l’homme assommé. Elle lui ordonna de l’aider et il obéit sans réfléchir. Il l’aida à tirer le corps inerte sur le côté, histoire de ne pas se retrouver au beau milieu de la ruelle. Après avoir observé son visage meurtri où une bosse apparaissait déjà, il ôta les chaussures et le pantalon de l’homme la laissant presque nu sur le sol froid. La brune ramassait déjà les affaires et lui balança une sorte de baluchon qu’elle avait formé avec la veste. Thomas le réceptionna les yeux écarquillés. Cette fille était décidément très surprenante et pleine de ressources. Sa détermination et sa confiance le rassurait. Elle ne manquait pas de discrétion, ni d’agilité. Juste de tempérance. Alors qu’il allait se demander pourquoi avait-elle besoin de lui, il lui attrapa le bras et la tira en arrière, contre lui. Un Gardien passa en courant devant eux, poursuivant un groupe d’esclave. Les mâchoires serrées, il baissa lentement les yeux sur sa partenaire qui était contre son torse et s’excusa d’un léger sourire. Ils tendirent l’oreille, jugeant à quel moment ils pourraient repartir. Quand le relatif calme revint autour d’eux, ils s’avancèrent discrètement et observèrent les alentours. L’agitation semblait se concentre près du Refuge dans lequel était enfermés des esclaves qui hurlaient comme des fous. Thomas arqua les sourcils ; on aurait pu croire qu’ils avaient tous été contaminés pas un virus qui s’était propagé à une vitesse folle.

Il suivit une nouvelle fois Teresa qui s’appliquait à éviter les Gardiens et il en profita pour ramasser un morceau de bois qui lui servirait d’arme. Les affaires du Noble était nouées en travers de son dos par les manches de la veste et il reconnut le système crée par la brune très ingénieux et pratique. Ils s’arrêtèrent une nouvelle fois et l’esclave lui montra la rue d’en face ; il en déduit que c’était leur destination. Cependant, des Gardiens venaient d’encercler des esclaves sur la place qu’ils devaient traverser. Faire le tour leur prendrait trop de temps. Le brun pinça les lèvres, interrogeant Teresa du regard et réfléchissant à toute vitesse pour trouver une solution.

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Le temps sembla se suspendre quelques instants, Thomas et Teresa se tenaient en retrait et observaient leurs confrères de misère en priant pour qu'ils signent leur arrêt de mort en se révoltant. Les esclaves n'avaient aucune chance par la rébellion, l'histoire prouve que toutes les tentatives avaient échouées lamentablement. Mais l'Histoire ne relatait pas l'ingéniosité de deux esclaves utilisant le désir de révolte des leurs pour se faire superbement la malle, du moins pas encore, mais ça ne serait tarder. Car Teresa en était sûre à présent, cette fois-ci elle allait réussir.  

Thomas et Teresa sortiraient de l'Enclave, leurs chemins se sépareront surement là car la sicaire comptait bien quitter la capitale pour d'autres horizons. Elle sentait que Thomas retourneraient chez lui, lui ne se battait pas pour la simple notion de liberté, il voulait retourner auprès des siens. Surement avait-il une famille, des amis. Quelle utopie ! La famille n'est que sang et les amis ne sont qu'un leurre. Si Teresa retournait au village se ne serait que pour retourner à son ancienne planque pour retrouver tout l'argent acquis dans la douce voie du meurtre, et elle partirait alors vers une autre contrée, et offrirait ses services aux plus offrants. Telle une mercenaire mal lunée, telle l'assassin à la solde qu'elle était et serait toujours.

L'étincelle entraîna une rébellion alors les quelques esclaves rebelles furent comme multipliés, tel un virus contagieux le mouvement de masse entraîna même les plus peureux à suivre la voie de la révolte. Grand mal leur fasse, cela leur coûterait cher. La révolte commençait, c'était le moment pour Thomas et Teresa de mettre leur plan à exécution. Elle bondit sans crier garde, son allié sur ses pas, vers la ruelle où le noble continuait de s'en prendre à son esclave. Les deux esclaves se ruèrent de concert sur l'homme, une fois à terre Thomas laissa à Teresa le noble et alla vers l'esclave. Il releva le gamin et l'encouragea à s'enfuir avec un autre groupe d'esclaves. Teresa l'observa du coin de l'oeil en se relevant, quel doux coeur qu'il montrait là. Thomas était définitivement un de ces jeunes capturés par les Chercheurs, il n'avait en rien l'âme d'un criminel ou d'un voleur. Ah les Chercheurs .... Teresa en gardait un amer souvenir, surtout l'une des principales familles de cette confrérie si mal vue au village mais si puissante, les Stark.

Elle brisa net la nuque de l'homme et le dépouilla, Thomas se retournait alors vers elle. Il ne broncha pas un instant, surement pensait-il le noblion assommé. Mais Teresa était peut être impulsive mais d'une imprudence naïve pour autant, les nobles parlent et les témoins ne sont bons qu'à deux choses : témoigner ou se faire tuer. Elle ne comptait pas prendre un quelconque risque à vouloir faire preuve de bonté. Elle intima à Thomas de l'aider et ils traînèrent le corps inerte à l'ombre d'une ruelle. Teresa esquissa un sourire en voyant son allié lorgnait sur la bosse qu'arborait le cadavre, s'il savait ! Elle récupéra les vêtements du noblion et les noua dans un baluchon avant de le jeter dans les bras du jeune homme. Alors qu'elle s'apprêtait à repartir elle sentit un bras l'agripper et la tirer en arrière. Elle se raidit avant de découvrir qui se cachait derrière cette poigne. C'était Thomas. Un gardien poursuivant un groupe d'esclave passa devant eux à la course. Collée contre le torse du jeune homme elle pouvait presque jurer que ce dernier était mal à l'aise, cette pensée la fit sourire à nouveau. Ah quelle innocence !

Ils repartirent en silence, à présent Teresa faisait plus attention aux alentours. Elle avait certes retrouvé ses réflexes d'antan mais trois années dans l'Enclave lui avait laissé de nombreuses lacunes là où autrefois elle excellait. Jamais elle n'aurait été prise à ne pas entendre un garde arrivant à la course, jamais elle n'aurait été si négligeante ! Et pourtant aujourd'hui... Elle surprit Thomas à ramasser un morceau de bois en guise d'arme, pas bête tout ça. Mais elle doutait légèrement des capacités de Thomas à s'en servir correctement, il était capable de blesser oui, mais de tuer ? Ils arrivèrent alors devant une place où des gardes encerclaient un groupe d'esclaves fuyards. Teresa pesta mentalement, contourner serait  bien trop long mais traverser serait carrément suicidaire. Le brun interrogea la sicaire du regard en se pinçant les lèvres.

« Ne me dis pas que quelques gardes t'effraient ? » murmura-t-elle, prenant soin de baisser la voix. N'importe qui pourrait s'approcher et les repérer alors le temps n'étaient pas aux papotages à voix haute. « Tu vas traverser. Sans te retourner. Ne te retournes surtout pas, seulement si tu penses être en danger, si c'est le cas ne te poses pas de question et frappes. » Le brun semblait perplexe, s'interrogeant sur les intentions de son alliée. Elle esquissa un sourire encourageant mais même pour elle il semblait faux « Ne t'inquiètes pas je serais derrière toi et si quelqu'un nous repère je ferais diversion pendant que tu t'enfuis. Si l'on doit se séparer nous nous retrouverons à la place derrière le temple d'accord ? »

Il observa Teresa longuement qui jaugeait la place d’un œil expert avant de lui adresser un regard surpris. Sa question cinglante eut le même effet que si elle avait parlé à voix haute. Il se recula, un peu vexé, mais la laissa terminer. Il n’avait pas besoin de faire ses preuves auprès d’elle mais qu’elle le sous-estime ainsi blessait sa fierté. Il croisa les bras avec mécontentement mais conserva le silence en se grattant nerveusement sa barbe naissante. Depuis quand ne s’était-il pas rasé ? On ne pouvait pas vraiment dire qu’il en avait besoin mais quand même. Il oublia ce détail futile et se reconcentra sur la réalité. La brune avait certainement déjà établit un plan qui serait sans doute très bien.

« Tu vas traverser. Sans te retourner. Ne te retournes surtout pas, seulement si tu penses être en danger, si c'est le cas ne te poses pas de question et frappes. Ne t'inquiètes pas je serais derrière toi et si quelqu'un nous repère je ferais diversion pendant que tu t'enfuis. Si l'on doit se séparer nous nous retrouverons à la place derrière le temple d'accord ? »

Encore une fois, elle assurait sa sécurité. Bon en même temps, entre eux deux, elle était celle qui en connaissait le plus sur ce rayon là. Il jeta un regard au regroupement de Gardiens et inclina la tête en avant pour marquer son approbation. L’étincelle d’adrénaline se ralluma dès qu’il resserra ses doigts autour du bout de bois. Son plan était le seul plausible dans leur situation actuelle et ils n’avaient pas des heures afin d’en élaborer un autre alors autant se tenir à celui-ci. En plus de cela, il était simple. Marcher, écouter, frapper, courir, frapper, fuir. C’en était presque enfantin, pensa-t-il avec amertume. Il prit son inspiration et ignora le regard amusé de Teresa sur lui. Eh bha oui, lui, n’était pas habituée à se genre d’opérations. Il se crispa et surgit brusquement de l’ombre. Ils ne tardèrent pas à attirer l’attention des Gardiens qui hurlèrent quelques commandes avant de se précipiter sur eux. Sans réfléchir, le jeune homme lança ses bras bandés devant lui et frappa de bout de bois la première chose qu’il rencontra. L’épaule d’un garde. Il était actuellement spectateur de la scène et non acteur. C’est comme s’il était sorti de son corps le temps de la traversée pour ne pas avoir cela sur la conscience. Les humains étaient parfois d’une complexité déconcertante. Ses longues jambes accélérèrent machinalement, foulant les pavés avec rudesse. Il entendit les petits cris de protestation de Teresa –qui ressemblaient pour lui, plus à des cris de satisfaction et de vengeance-. Une forme fondit sur lui, provenant de la gauche. Instinctivement, il balança son coude contre la joue de son assaillant et la douleur remonta tout le long de son bras. Il grimaça et rassembla ses forces pour poursuivre la traversée.

Il atteignit l’autre côté sans autre encombres notables, se contentant d’esquiver ou de toucher avec son fidèle bâton. Il n’aurait pas pensé que cela ce serait passé aussi facilement. Il arriva au pied de la grande porte et tomba des nues ; fermée. Barricadée, surveillée et fermée. Il se retourna et regarda la jeune femme avec détresse. Elle rejoignit dans une course plutôt sereine. Il se pencha sur le côté et aperçut le tas de corps qui geignaient et essayaient de se dégager des autres, tandis que d’autres titubaient en tentant d’articuler quelque chose qui leur était destiné. Il plissa les yeux en glissant de nouveau ses prunelles sur l’assassine qui reprenait son souffle. Thomas se contenta d’hausser les épaules et tira la brune par le bras.

« Je connais une autre sortie qui devrait mener à la forêt. C’est la dernière issue. On aura jamais le temps de tout retraverser pour accéder aux portes de l’autre côté. Espérons qu’ils l’aient oubliée. »

Ils reprirent leur course mais à petites foulées cette fois. Teresa saignait à la lèvre et semblait avoir pris à coup à la tête. Son bras à lui était fragilisé et tremblait encore du choc violent dans le coude et son endurance n’avait jamais été quelque chose de remarquable dans ses capacités sportives, aussi réduites soient-elles. Ils accédèrent à la porte dont il parlait en quelques minutes et tombèrent nez à nez avec un couple de Gardiens. Se retrouvant de nouveau dans l’ombre à établir leur plan, il eut un sourire triste. Et dire qu’ils faisaient tout ça pour leur bien. L’affrontement du bien et du mal. Le cliché tant répandu. Il se tourna vers Teresa et avant de la laisser parler il étala son idée :

« Ecoute, je vais faire diversion de l’autre côté histoire qu’ils libèrent cette sortie. Dès qu’ils tournent le dos, sort par la porte. Ils ne devraient pas te poursuivre à l’extérieur des murs. Si j’arrive à les semer, je devrais arriver dans les minutes qui suivent. Sinon, pars. » Il baissa le ton à la fin et marmonna. « Même si je doute que tu m’attendes une fois dehors. »

© Fiche par Hailey J. Kingston pour Expiation exclusivement

Le temps sembla se suspendre un instant. Thomas allait-il accepter à nouveau la possibilité qu'il y est des morts juste pour deux fuyards ? Jetant un regard vers les gardes le brun hocha la tête en resserrant sa prise sur son bout de bois. Le temps reprit alors son cours, et Teresa esquissa un sourire. Le jeune homme prit une grande inspiration en ignorant le regard amusé de son alliée, puis, surgissant de l'ombre le brun s'élança à la course suivie par les gardiens. Le sourire de Teresa s'agrandit à cette image. Et bien que le spectacle commence.

S'élançant à son tour son corps fut aussitôt envahi par l'enivrante sensation de puissance qui l'animait habituellement. Elle se retrouvait enfin. Tuer n'était pas une nécessité, c'était un art. L'art de la vengeance, l'art du meurtre, l'art de la trahison, l'art d la survie. Peu importe à quel bataillon devenir le porte-drapeau, le fait était que, tuer est un art que Teresa connaissait quasiment à la perfection. Chaque mort était un tableau, et elle ne se contentait pas d'une simple peinture, non il lui fallait plus. Il lui fallait un chef d'oeuvre.

Frappant un homme à la mâchoire ce dernier tomba violemment au sol en poussant un hurlement de rage. Secouant lentement son poignet comme s'il s'agissait d'un simple étirement la sicaire n'eut pas le temps de crier victoire que d'autres soldats se jetaient sur elle. Ok pour la distraction, si certains couraient encore après Thomas ils étaient minoritaires. Elle jeta un coup d'oeil vers lui un instant, histoire de s'assurer qu'il ne soit pas en difficulté. Grave erreur. Elle fut accueillie par un coup non délicat en plein dans la lèvre. Le sang envahit sa bouche et la sicaire bénit sa bonne étoile de ne pas avoir eu une dent cassée. Attrapant le bras de son agresseur elle lui tordit dans un craquement d'os qui lui parut délicieusement divin. L'homme tomba au sol, rejoignant quelques autres. Criant victoire un peu trop tôt l'assassine ne vit pas venir le coup venant dans son dos, et elle reçut un choc à la tête qui la fit tomber à son tour. Les gardes étaient beaucoup trop nombreux. Elle ne pourrait pas les tuer tous. Elle allait devoir abandonner son chef-d'oeuvre et se contenter d'une simple peinture.

La sicaire leva les yeux vers un garde penché vers elle, prêt à porter un coup fatal, elle lui fit alors un croche-patte et l'envoya à terre. Se relevant docilement les rôles furent inversés. Poussant un cri de rage et de vengeance la jeune femme attrapa la lame du garde tombée sur le sol dans sa chute et la planta dans sa poitrine. Pile à l'endroit du coeur, toujours. Ses doigts se serrèrent sur le manche du poignard, à partir de ce moment tout allait être plus simple. Quelques coups bien placés suffirent, elle ne tua pas, ceci était un art plus long, or le temps manquait. Alors une fois que ses ennemis furent au sol ou en incapacité de les suivre par leurs blessures elle pu s'enfuir. Rejoignant son allié en trottinant.

« Je connais une autre sortie qui devrait mener à la forêt. C’est la dernière issue. On aura jamais le temps de tout retraverser pour accéder aux portes de l’autre côté. Espérons qu’ils l’aient oubliée. » avança le brun en attrapant la jeune femme par le bras. Ils reprirent alors leur course, à petites foulées cette fois. Une fois arrivés devant la fameuse porte un nouvel obstacle leur fit face : deux gardes. La jeune femme soupira, décidément les problèmes s’accumulaient. Tapis dans l'ombre les deux esclaves préparaient à nouveau un plan de fuite, ce qui provoqua chez le brun un sourire triste. Teresa s'abstient de tous commentaires ou railleries, mais avant même qu'elle ne puisse ouvrir la bouche Thomas étalait son idée.

« Ecoute, je vais faire diversion de l’autre côté histoire qu’ils libèrent cette sortie. Dès qu’ils tournent le dos, sort par la porte. Ils ne devraient pas te poursuivre à l’extérieur des murs. Si j’arrive à les semer, je devrais arriver dans les minutes qui suivent. Sinon, pars. » Teresa fut bluffée, quel fin penseur ce Thomas. Il avait rapidement analysé la situation et trouvé la réponse, quel gâchis d'en faire un esclave. S'il était plus tourné vers le mal il aurait fait un bon assassin. Il baissa alors le ton et murmura : « Même si je doute que tu m’attendes une fois dehors. »

Teresa esquissa un sourire, ah finalement elle se souviendrait de cet allié là. Thomas n'était pas un doux rêveur, il savait qu'une fois qu'elle aurait sa liberté l'alliance était rompue. Il connaissait les termes, les limites, et la finalité de leur entre-aide. « Tout à fait. Mais après tout je doute que nous ayons la même destination une fois dehors n'est-ce pas ? » murmura-t-elle amusée.

Se jetant un dernier regard le brun sortit de l'ombre et s'élança à toute vitesse. Libérant la sortie. Teresa attendit quelques secondes et se précipita vers la porte, tout ceci semblait trop simple d'un coup, mais réel. Le mince filet que laissait entrevoir la porte s'ouvrit sur un paysage boisé, la forêt. Mais surtout....la liberté ! Elle courut dehors, pendant plusieurs mètres. Puis elle se retourna, mais aucune silhouette ne se dessina à l'horizon, pas l'ombre d'un esclave en fuite. Sauf elle. L'alliance était rompue, il ne restait plus qu'elle et elle seule. Seule face à elle même. Seule face à sa liberté retrouvée.

Les deux Gardiens hurlèrent quelques mots à leurs compagnons plus loin et l'un des deux parti tandis que l'autre observait les alentours. Il n'y avait que Teresa, Thomas et le Gardien à présent. Mais les esclaves avaient peu de temps. Il pressa Teresa d'un regard mais elle ne tarda pas à lui répondre, arborant son minois amusé. « Tout à fait. Mais après tout je doute que nous ayons la même destination une fois dehors n'est-ce pas ? »  Il lui rendit son sourire car elle venait d'énoncer la pure vérité. Ils avaient été partenaires mais n'avaient pas les mêmes objectifs. Enfin un seul, qui était de sortir d'ici. Il hocha la tête et prit une grande inspiration. Le temps se suspendit le temps de sa respiration et son cœur se serra par l'adrénaline. Il adorait cette sensation même s'il risquait d'y laisser la vie. Empoignant plus fermement son fidèle bâton, il s'élança en avant et couru à vive allure dans la rue sur sa droite, attirant l'unique Gardien qui le poursuivit.

Ses précédents courses l'essoufflèrent très rapidement mais l'idée de mourir roué de coups le motivait à conserver sa cadence. Il bifurqua de nouveau sur sa droite dans l'intention de revenir sur la porte qu'il avait libéré pour son alliée. Le sang battait dans ses tempes et il se voyait déjà respirer l'air nocturne, frais et boisé. Toutes ces fantaisies s'éteignirent brusquement lorsqu'il tomba en face d'un autre groupe de Gardiens qui escortaient quelques esclaves. Il s'arrêta brusquement et tourna sur la ruelle opposée en jurant. Les Gardiens hurlèrent de nouveau et les bruits de pas s'intensifièrent derrière lui, résonnant aux bruits de ses pas sur les dalles. Il allait se faire attraper sans aucune doutes. Les pas se rapprochèrent et il redoubla d'efforts, ne réfléchissant même plus à la destination et se contentant d'essayer de semer ses poursuivants. Son souffle sa transforma en un râle sourd et il n'inspirait presque plus. Débusquant sur une petite place pavée avec en son centre une fontaine (cf. Dantane ♥), il ne prit même pas le temps de jeter un coup d'oeil par dessus son épaule et fonça dans une rue légèrement vers l'Est. Un silence de mort l'accueillit et il ralentit progressivement la cadence. Aucun bruit ne le suivait et seul son souffle erratique et animal brisait ce calme glacial. Et pourtant il continua de tituber plus qu'à ne courir jusqu'à une petite ruelle sur sa gauche. Il se plaqua au mur et mit une main sur sa bouche, frémissant lorsqu'une voix s'éleva au loin. Mais elle ne sembla pas se rapprocher. Alors le brun s'appuya contre le mur, les yeux clos, cherchant vainement son souffle.

Il était encore enfermé dans ce trou à rats et il ignorait pour combien de temps encore. Quelques Nobles filèrent au loin, rejoignant le Temple et il se redressa au bout de quelques secondes pour observer la ruelle dans laquelle il se trouvait. Ruelle sans issue. Il fit quelques pas et baissa les yeux sur le sol, tombant nez à nez avec un corps dont le visage était déformé.

© Fiche par Hailey J. Kingston pour Expiation exclusivement