C harlie et Arianna furent autrefois alliés à quelques reprises dans certains des cambriolages les plus notables ces dernières années au village. Ils ne partagèrent pas un grand nombre d'affaires ensemble mais ils se serraient les coudes et Arianna a toujours salué la façon dont Charlie prenait soin de sa famille. Charlie n'a pas revu l'esclave depuis sa capture, et pourtant depuis l'entrée forcée des villageois dans l'Enclave ils n'évoluent plus très loin l'un de l'autre. Charlie et sa famille s'installent sur un terrain libre à la hâte avec quelques autres villageois et tandis que le jeune homme transporte le nécessaire de leurs affaires depuis le village il aperçoit alors une silhouette drôlement familière dans la foule qui n'est autre qu'Aria. Ces deux là ne se sont pas revus depuis des mois et ont certainement beaucoup d'aventures à raconter l'un à l'autre.

© Fiche par Hailey J. Kingston pour Expiation exclusivement

J amais les rues de l'Enclave ne parurent aussi habitées. La noblesse avait ce conventionnalisme inébranlable même lors des festivités qui leur donner une pâle imagine austère à côté des miséreux mais bien expressifs villageois. Après le décès d'Edwin et la déception de Max, Arianna avait besoin plus que jamais de se rattacher à quelque chose, et revoir tous ces visages plus ou moins familiers emplirent les rues de l'Enclave faisait monter en elle une certaine satisfaction qui couvrit un peu plus son chagrin. Les villageois avait réussi à s'imposer en profitant du remue-ménage causé par Katharina, mais voir ainsi la petite victoire des villageois qui avaient forcés le mur la rendait fière. Que le Haut-Gouvernement retiennent la leçon, les villageois ne seront plus mis de côté à présent.

Elle traversait la foule de villageois d'un pas lent, d'abord parce qu'elle se sentait comme chez elle parmi les villageois mais aussi parce qu'elle redoutait le visage déçu de Max si elle rentrait déjà. Elle avait blessé son ami elle et ses envies de vengeance et bien qu'elle n'est pas envie d'abandonner son idée elle comptait le faire de manière plus réfléchie maintenant. La plupart des villageois tentaient d'installer des camps de fortunes et amassaient dans un coin leurs affaires se résumant souvent au strict essentiel. Revoir alors la misère lui rappela ô combien elle détestait le HG et les noblions qui eux regorgeaient de richesse. Mais est-ce qu'un noble ouvrirait gentiment sa porte en offrant l'asile à une famille villageoise, non. Laissant son ressenti de côté elle détailla les quelques visages devant elle tout en avançant. Parmi eux se détachait une carrure imposante portant un sac bien rempli, surement ses effets du village. Mais ce n'était pas la cargaison du jeune homme qui interpella la jeune esclave, mais plutôt son visage étrangement familier. Elle le reconnut aussitôt, avec sa crinière blonde et ses prunelles océaniques derrière son allure qui imposait le respect, c'était Charlie Peterson, un de ses alliés du village.

« Charlie !  »

S'écria-t-elle avec un sourire tout en se forçant un passage parmi la foule de villageois pour le rejoindre. Elle ne l'avait pas vu depuis des mois. Il avait été un allié et aussi un ami à plusieurs reprises. Ils avaient fait plusieurs coups ensemble et formaient un duo plutôt prometteur dans l'art du vol, jusqu'à l'arrestation d'Arianna. Ils ne s'étaient pas vus depuis, revoir donc le visage familier de Charlie lui fit oublier toutes ces idées noires, elle était juste heureuse de retrouver son ancien allié du village qu'elle n'avait pas vu depuis des lustres.

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Il se frayait un chemin à travers la foule, évitant de cogner sur quelqu'un ou de gêner le passage. Les petits hommes cheminaient de façon mécanique, chacun trouvant sa place automatiquement, chacun savait où aller et où poser les pieds. Il avançait de façon naturelle, se mouvait dans la masse de villageois tel un poisson dans l'eau. Il passait devant des petits campements improvisés par ses pairs, louchait sur quelques provisions de ci, de là qui lui faisaient envie. Le garçon était haut et robuste, bien campé sur deux jambes solides il transportait sans grands efforts un bagage de trente kilos sur le dos. Il tournait à gauche puis à droite, évitant soigneusement le pan de robe de la femme en bleu, s'excusant quand il rentrait dans le vieil homme à l'air pâle. Il protesta lorsqu'un troupeau d'enfants passa devant lui, manquant de lui faire perdre l'équilibre. Il réajusta son barda en deux pas et reprit aussitôt sa cadence rythmée. C'était une traversée dont il avait l'habitude et ce genre de cheminements étaient des plus courants au village. A croire que les habitants avaient envahi l'Enclave. Des gardes, prostrés en hauteur, les jugeaient et les surveillaient comme des bêtes de foire. Le gouvernement n'ayant pu arrêter la foule, avait fini par céder et avait ouvert les portes de l'Enclave. Désormais, les villageois se pressaient de pars et d'autres, cherchant chacun un petit coin à aménager pour son espace personnel. On ramenait ses provisions, ses rares effets personnels et récentes acquisitions. Les affaires des villageois pouvaient souvent se révéler étonnantes. C'était toujours des objets les plus banals qui avaient le plus de valeur aux yeux des paysans. Une vielle montre de son grand-père, un nouveau livre, une poupée démodée,... Charlie avait toujours été stupéfait de ce que les gens pouvaient conserver et qui n'avait aucune valeur aux yeux d'un autre. Lui ne possédait rien. Les seules choses dont il ne pouvait se passer n'avait pas la même signification. Pas de métal rouillé pour lui, pas de pardessus de son père ni aucun autre souvenir quelconque. Charlie ne possédait rien sinon sa famille. Il avait toujours pensé que cela, personne ne pourrait le lui voler. Mais il n'avait compris sa bêtise que récemment.

Le brouhaha de la cohue brouilla quelques voix qui auraient dû lui parvenir. Alors que l'appel se répétait, il tourna la tête et aperçut une touffe brune qu'il affectionnait tant.

Son air neutre se transforma vite en un sourire plaisant et la distance qui séparait les deux amis fut rapidement réduite. Il se délesta de son colis et ainsi put enlacer sa jolie alliée.
Il l'étreignit de ses bras musclés et enlaça sa taille fine. L'étreinte fut brève mais sincère et ils se reculèrent pour mieux se contempler. Son sourire béat s'effaça légèrement pour laisser une trace d'inquiétude.
« Bon dieu Aria où étais-tu passée?! »

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C harlie posa son sac dès qu'il l'aperçut et les deux alliés échangèrent une brève étreinte, se retrouver après tout ces mois d'absences était une joie pour tout les deux. Arianna se sentit aussitôt rassurée, ainsi dans l'étreinte de son ami, entourée par ses bras protecteurs qui vinrent ensuite enlacer sa taille. Charlie dégageait un certain sentiment de sécurité qui eut le don de chasser de l'esprit de la jeune fille toutes ces sombres pensées à propos de sa soeur, Maximilian ou encore William.

Le jeune homme qui arborait la seconde précédente un large sourire paraissait soudain très inquiet « Bon dieu Aria où étais-tu passée?! » lui demanda-t-il. Aussitôt le sourire qui se dessinait sur les lèvres de la jeune fille s'évanouit comme neige au soleil. Comment lui expliquer que tous ces mois elle s'était faîte volontairement capturée par les gardiens pour suivre un nouvel allié qu'elle avait quasiment poussée dans la guilde, qu'ensuite son acheteuse haute-placé était en plus d'être agaçante aussi sa demi-soeur, et pour finir un de ces plus proches amis d'enfance était mort tout récemment. Mais outre tout ces événements qu'elle n'osait pas raconter la jeune fille se sentit alors affreusement coupable d'être partie sans même dénier un instant prévenir Charlie de son départ. Elle ouvrit la bouche comme pour dire quelque chose mais se ravisa. Par où commencer ? Le silence commençait à se faire pesant et bien long mais la jeune fille ne savait vraiment pas par où commencer. Elle commença donc par bafouiller quelques mots dans un murmure avant d'articuler quelque chose de concret.

« J'étais ici... » commença-t-elle piètrement « J'ai été arrêtée et condamnée à l'esclavage, ça remonte à quelques mois environs » finit-elle d'une petite voix. Elle n'était pas très fière d'avoir finie en esclave mais surtout elle ne voulait pas inquiéter Charlie pour rien, elle n'était pas à cirer les pompes des nobles comme n'importe quels autres esclaves. Aussi avant qu'il ne puisse protester ou dire quoique se soit elle ajouta : « Mais tout était prévu, j'aurais du te prévenir mais tout c'est passée si vite que... je n'ai pas eu le temps désolée »

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Il n'avait pas vu Arianna depuis des semaines. Elle ne semblait pas surprise qu'il se soit angoissé et paraissait même désolée. Elle ouvrit la bouche pour la referma dans la seconde comme si elle savait que sa déclaration ne sonnerait pas aussi bien qu'elle ne l'aurait prédit. Charlie la regardait d'un air préoccupé. Elle était différente et il l'avait remarqué dans la seconde. Elle avait l'air plus fragile comme si la vie avait déposé un poids trop lourd pour ses frêles épaules. La Arianna qu'il connaissait était forte et sans peur mais celle-ci avait un côté effrité. Elle baragouina quelques temps avant de se lancer.

« J'étais ici... » Ici? Dans l'Enclave? Ça ne voulait dire qu'une chose... « J'ai été arrêtée et condamnée à l'esclavage, ça remonte à quelques mois environs » La tension de son corps baissa soudainement. Ses épaules s’affaissèrent et ses muscles bandés se détendirent dans l'instant. La pression de ne pas savoir ce qu'il lui était arrivé s'était transformée en peine. Il était désolé qu'elle ait eu à subir ce sort et il se sentait coupable de n'avoir rien fait pour l'en sortir. Son amie avait été capturé et il n'avait rien fait pour l'aider. Il avait souvent pensé à cette éventualité mais avait toujours fini par s'y refuser. Il se disait que si jamais Aria se faisait prendre, elle trouverait un moyen pour s'enfuir à des milles à la ronde. Il préférait voir la chose sous un autre angle, l'imaginant avec un sac dans le dos et des bonnes chaussures, partie découvrir les terres lointaines. La vérité était toujours moins plaisante.
Il voulu s'excuser de n'avoir rien tenté pour la délivrer de cet état d'esclave mais elle enchaîna.

« Mais tout était prévu, j'aurais dû te prévenir mais tout s'est passé si vite que... je n'ai pas eu le temps, désolée » Tout était prévu? Qu'est ce qu'elle voulait dire par là? Son froncement de sourcils fut suivit par un flot de pensées désordonnées et incompréhensives.

« Qu'est ce que ça veut dire? Que tu l'as fait exprès? » Alors là, Arianna avait toujours réussi à le surprendre mais cette fois rien n'avait de sens. Ils s'étaient battus toute leur vie pour lutter contre les gardes, le HG et cet esclavage qui leur faisait si peur à tous. Ils avaient parié leur vie, ils avaient défié tout le système, ils n'avaient jamais arrêté leurs combines illégales et avaient toujours fuit la capture. Et voilà que son amie s'était fait arrêtée intentionnellement.  

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L' inquiétude de Charlie se mua en une certaine peine. A peine eut-elle annoncée qu'elle était devenue esclave que les épaules du jeune homme s’affaissèrent et son visage dépeignait à des kilomètres ô combien il semblait désolé que son alliée est terminée ainsi. Elle aussi était désolée, à présent elle se sentait affreusement coupable d'avoir fait ses petites machineries seule avec Maximilian sans penser à prévenir qui que se soit. Charlie avait du se faire milles scénarios possible devant une aussi longue absence, il l'aurait aussi bien imaginé sur d'autres terres que coincée dans l'esclavage. Si ça aurait été l'inverse et que c'était Charlie le disparu Arianna se serait fait un sang d'encre et aurait imaginé les pires scénarios possibles.

Dès qu'elle eut tenté de la rassurer en disant que tout était prévu cela parut avoir l'effet inverse sur Charlie qui fronça les sourcils d'un air perplexe « Qu'est ce que ça veut dire? Que tu l'as fait exprès? » lui demanda-t-il. Elle baissa la tête, c'était la première fois qu'elle ressentait une pointe de honte dans ce qu'elle avait fait. Jusque là elle s'était toujours convaincue qu'avoir aider Maximilian était la chose à faire, il l'avait sauvé et en échange elle l'avait amené à la guilde où il pourrait enfin rétablir un semblant de justice. Et maintenant elle se sentait honteuse de ne pas avoir pensé un instant que ça impliquait de laisser tomber un allié comme Charlie. Elle avait toujours admiré ce grand blondinet à la haute carrure. Il aimait tellement sa famille, il n'hésitait pas à partageait les pires combines juste pour nourrir ses frères et sœurs. La première fois qu'elle l'eut vu faire Arianna fut soufflée par une telle valeur familiale. Il réussissait toujours même dans les cas les plus difficiles, et cette détermination sans faille il l'a puisait dans ses frères et ses sœurs. La jeune esclave pensait que si quelqu'un méritait de sortir du trou et de vivre une belle vie c'était sans contexte Charlie.

« Ce n'est pas comme si je m'étais jeté dans la gueule du loup sans raison, je l'ai fait pour aider un ami. Sans lui j'aurais été attrapée dans tout les cas, il m'avait sauvé des gardiens, je lui devais ça. » Elle essayait piètrement de se justifier mais toutes ces certitudes s'envolèrent comme une feuille sous une bourrasque de vent « Mais ne t'inquiètes pas, tout va bien, Maximilian a récupéré les droits sur moi à ma première acheteuse, et même elle n'était pas comme ce qu'on dit des nobles, elle était très compatissante » ajouta-t-elle pour le rassurer. Arianna disait vrai, Isabelle avait été d'une grande patience envers Aria jusqu'à que les deux découvrent leur parenté. Après cela les deux jeunes femmes se sont retranchés dans leur camp mais dès qu'une était en danger l'autre l'avait aidé.

« Mais dis-moi plutôt ce que tu es devenu tout ce temps, comment va le reste de la fratrie Peterson ? » lui demanda-t-elle avec un sourire. Il était vrai qu'avec tout ce monde à nourrir il avait pu se passer mille et une chose pour Charlie et sa famille et Arianna avait vite appréciée cette fratrie nombreuse.

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Quelques mèches foncées tombaient sur ses yeux olive. Elle fixait le sol confuse, comme si elle avait commis l'irréparable et chercha ses mots. Elle se tenait là, devant lui et pendant un instant il se demanda si c'était bien réel. Il l'aimait beaucoup et elle avait prouvé maintes fois qu'elle en valait la peine. Il appréciait son caractère, son côté guerrière et ses valeurs. Elle aussi tenait beaucoup au mot amitié et en comprenait le sens.

« Ce n'est pas comme si je m'étais jeté dans la gueule du loup sans raison, je l'ai fait pour aider un ami. Sans lui j'aurais été attrapée dans tout les cas, il m'avait sauvé des gardiens, je lui devais ça. » Charlie paraissait sûrement contrarié à cet instant même si il commençait à comprendre. Le garçon était ouvert d'esprit et le simple fait qu'elle s'explique par le biais d'une aide qu'elle devait suffisait. Il était tout à fait incompréhensif de ce point de vue qu'elle ait disparu des radars du village et le tout prenait du sens. Aria semblait pourtant perdre en confiance. « Mais ne t'inquiètes pas, tout va bien, Maximilian a récupéré les droits sur moi à ma première acheteuse, et même elle n'était pas comme ce qu'on dit des nobles, elle était très compatissante » Son ton se voulait rassurant et les traits du visage de Charlie se détendirent. Arianna était son amie, certes elle n'avait pas prévenue de son plan mais il saisissait.

Il lui sourit et posa une main sur son épaule. « Le principal est que tu sois saine et sauve. » En effet malgré son air triste elle ne semblait pas amaigrie ou sale, elle était même en meilleur état que la dernière fois qu'il l'avait vue. Elle avait pourtant cette expression indéchiffrable, comme si elle avait traversé pas mal d'épreuves dernièrement. Ils laissèrent le silence les entourer quelques secondes, prenant le temps de se dévisager et de se juger pour rattraper le temps perdu.

C'était bon de la revoir, de savoir qu'elle allait bien. Légèrement apaisée, elle retrouva un peu de confiance en elle et changea de sujet de conversation, évitant de déballer ses exploits, c'est elle qui posa les questions. « Mais dis-moi plutôt ce que tu es devenu depuis tout ce temps, comment va le reste de la fratrie Peterson ? »

Il aurait de préférence voulu de savoir ce qui lui était arrivé à elle, il avait des tonnes de questions lui aussi. Seulement c'était à son tour de la rassurer. « Tout le monde va bien, il n'y a pas eu de grandes aventures pendant ton absence, on ne se serait pas permis de te laisser manquer ça! » Il lui sourit avec affection. Arianna était une bonne amie et Charlie avait toujours été bon avec les gens proches de lui. La jeune fille était pleine de vie et à la recherche de ce piquant qui rendait les choses plus intéressante, ce petit frisson. Les enfants du village était élevés avec des rêves plein la tête pour oublier un peu la misère qui lui entourait et laisser une once d'espoir dans un quotidien pénible. Arianna et Charlie s'étaient résolus depuis longtemps, ils avaient accepté leur sort tout en gardant une part d'espérance dans leur coeur. Le jeune homme lui avait souvent parlé de ce qu'il ferait si jamais il quittait Vivendale un jour. Ils avaient divagué sur des idées utopiques d'une vie plus grande, plus colorée avec plus de joie et plus de richesses. Une vie meilleure parsemée d'aventures et de rebondissements.

La réalité était tout autre.

« Depuis les rumeurs sur Katahrina le village tout entier a cédé à la panique. On a réussit à rentrer dans l'Enclave et on fait quelques voyages des chaumières jusqu'ici pour apporter nos affaires. Apparemment le HG n'a pas l'air décidé à nous jeter dehors. C'est plutôt une bonne chose. » L'affaire des étrangers parcourait les rues depuis des jours comme partout à Vivendale. Cependant les villageois, qui pourtant étaient une classe à part qui n'avait pas voix au chapitre, avaient été les seuls à réagir. Aujourd'hui ils étaient stupéfaits et mécontents de l'inertie et de la passivité du gouvernement. A croire que les Hauts gouverneurs n'attendaient que ça.

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C harlie semblait moins perplexe par les actes d'Arianna qui lui expliquait tant bien que mal ce qui l'avait poussé à toute cette mise en scène pour la conduire à l'Enclave. Pendant un moment son ami parut contrarié mais peu à peu il se détendit comme s'il comprenait, ou au moins adhérait un peu, à ses motifs. Dès qu'elle acheva de parler de ses motivations Charlie esquissa un sourire et posa sa main sur l'épaule de la jeune fille « Le principal est que tu sois saine et sauve » lui dit-elle. Elle sourit à son tour, la seule présence de Charlie avait quelque chose de réconfortant comme si toutes les galères étaient oubliées et effacées. Les instants suivants ni l'un ni l'autre ne pipa mot jusqu'à qu'elle brise le silence pour demander de ses nouvelles à lui et à sa famille

« Tout le monde va bien, il n'y a pas eu de grandes aventures pendant ton absence, on ne se serait pas permis de te laisser manquer ça! » répondit-il en souriant et la jeune fille sourira franchement à son tour. Si quelqu'un pouvait lui rendre le sourire dans les sombres circonstances c'était bien lui. Lorsqu'il évoqua l'absence de grandes aventures elle repensa inévitablement à toutes celles qu'ils avaient vécues tout les deux. Combien de fois ils avaient volés ensemble bravant tous les danger et contrant tous les gardiens. Ils avaient jadis formé une fine équipe, pas de petits voleurs à l'étalage de pacotille qui se faisait rattraper au coin de rue suivant. Non Charlie et Arianna avait toujours réussi leurs coups, même les plus durs. Lorsqu'il s'agissait de ne pas rentrer les mains vides le jeune homme était vraiment doué, chargé de nourrir une fratrie aussi nombreuse que celle des Peterson n'était pas tâche aisée et Arianna en avait toujours eu conscience « Y-a intérêt » ajouta-t-elle avec un sourire.

Charlie raconta plus ou moins par quel miracle les villageois furent les seuls à bouger le petit doigt devant la panique causée par Katharina et qu'ainsi ils avaient réussis à forcer le Mur. Maintenant ils tentaient de ramener le plus d'affaires possibles en faisant des aller retour d'ici jusqu'à chez eux, tout ça avant que Katharina arrive vraiment. Car à ce moment là tout ira beaucoup plus vite « Depuis les rumeurs sur Katharina le village tout entier a cédé à la panique. On a réussit à rentrer dans l'Enclave et on fait quelques voyages des chaumières jusqu'ici pour apporter nos affaires. Apparemment le HG n'a pas l'air décidé à nous jeter dehors. C'est plutôt une bonne chose. » La jeune fille hocha la tête, en effet en terme de passivité le HG remportait la palme d'or. Certes ils avaient réfugiés leurs précieux noblions en les retranchant dans la prière au temple, mais hormis ça rien. Comme si le Haut-Gouvernement s'était résolu à la défaite, ou qu'il cachait jusqu'au dernier moment le grand jeu...En attendant les villageois étaient tranquilles pour rester dans l'Enclave « Le HG aura beaucoup à se préoccuper pour penser à vous mettre dehors, toute la noblesse panique et les gardes sont totalement sortis de leurs gonds. Ils ont déjà trop de mal à calmer les nobles pour s'intéresser aux villageois, vous êtres tranquilles pour l'instant veinards » ajouta-t-elle calmement, il était toujours bon à savoir ce qu'il se passait à l'intérieur et tant que la panique régnerait chez les noblions aucun gardien n'irait se risquer du côté des villageois.

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Ses traits délicats se détendirent, Arianna semblait un peu plus tranquillisée quant à la situation de la famille Peterson. Ils attachaient tous deux une grande importance aux personnes qu'ils aimaient et Charlie n'avait pas eu à douter de la fidélité de son amie. Il ne lui avait jamais rien caché, il était assez facile à comprendre, ayant des valeurs simples et suivant un certain "code d'honneur." Le blond était un livre ouvert pour quiconque cherchait à en tourner les pages.

Aria savait tout ce qu'il y avait à savoir de lui, aussi bien à propos de ce qu'il pensait du monde qui les entourait que de sa famille. De toutes façons, au village, les rumeurs circulaient de bon train et tout le monde était au courant de tout. Les pères absents dans les familles était chose courante, presque banales. Les hommes se déchargeaient des responsabilités et partaient vivre leur vie loin d'une misère bien trop pesante.

Charlie et Aria n'étaient pas sur un pied d'égalité. Assez secrète, il ignorait nombre de détails sur sa vie privée. Il était au courant bien sûr qu'elle avait perdu toute sa famille. Sa mère était décédée alors qu'elle était encore très jeune et la soi-disant trahison du père Wadson n'était pas passée inaperçue. L'exécution avait même était rendue publique, une grande majorité de villageois avaient été contraints d'assister au spectacle, tout comme à l'Expiation. Il avait toujours connu les pendaisons ou décapitations sur la grande place, pourtant il n'y s'y ferait jamais. Pour lui, c'était le divertissement de la semaine des Hauts-Gouverneurs. Il les pensait sadiques et tyranniques.

Il avait souvent imaginé quitter Vivendale, un paquetage ficelé dans le dos et des bonnes chaussures aux pieds. Il se figurait un voyage passionnant sans réel but à atteindre, toujours sur la route en s'arrêtant dans les villages alentours. Un jour il aurait probablement trouvé un endroit parfait pour lui et s'y serait installé. Seulement il n'était jamais passé à l'action, ne pouvant se résoudre à abandonner la maisonnée.

Aria hocha la tête. Ils étaient souvent d'accord quant au rôle du HG. Apparemment son passage à l'Enclave n'avait pas changé son opinion du gouvernement. Était-ce une bonne chose? Ça signifiait que les villageois et esclaves subissaient les mêmes traitements. Il n'avait jamais eu un avis précis sur l'esclavage. Vivaient-ils une vie meilleure que celle au village, entourés de richesses, avec des conditions de vie améliorées? Ou bien était-ce pire, obligés d'exaucer le moindre souhait d'un maître arrogant et transpirant de supériorité? Dans ce cas, la vie au village était préférable, et de loin. Charlie suivait les rangs, enfin en partie, mais il avait toujours eu un problème avec l'autorité. Il avait donc toujours évité avec soin de se faire attraper par les gardiens.

« Le HG aura beaucoup à se préoccuper pour penser à vous mettre dehors, toute la noblesse panique et les gardes sont totalement sortis de leurs gonds. » Étrangement, cette information lui fit plaisir. Le HG s'intéressait rarement aux villageois mais quand il le faisait, il le faisait bien. Ils en avaient eu la preuve avec l'Expiation. Cette pensée parcourut son corps d'un vertige amer et il regretta que cette réflexion lui ait traversé l'esprit. La jolie brune poursuivit, l'éloignant d'un souvenir trop infâme et il se concentra davantage sur son beau visage, chassant les images ensanglantées. « Ils ont déjà trop de mal à calmer les nobles pour s'intéresser aux villageois, vous êtres tranquilles pour l'instant veinards » Bien entendu le terme était ironique et la notion de chance, toute relative. Néanmoins, ces derniers temps, Charlie se considérait comme chanceux. Même si les récoltes avaient été moindres cette année et ses petites escapades moins fructueuses, il s'estimait heureux. Il passait outre les événements tragiques et était reconnaissant pour avoir une famille entière et en bonne santé.

L'arrivée de Katharina était peut-être une bonne chose? Une chance pour les villageois? Excepté si la conquérante passait le mur en détruisant tout sur son passage, dans ce cas, ils seraient les premiers renversés. Mais si au contraire ils étaient une chance pour supprimer ce gouvernement, ces injustices et ce système déséquilibré? Si, justement, Katharina était leur chance d'équité? Charlie n'avait aucune connaissance à propos du régime des Étrangers, il n'en connaissait que les rumeurs d'une reine régente. Arianna devait être mieux renseignée. « Qu'est-ce qu'on dit des Étrangers à l'Enclave? » Les nobles ne devaient pas en dire de bien, corrompus par le HG.

Ils avaient prouvé leur corruption lors du massacre de l'Expiation. Charlie avait été stupéfait par leur inertie devant une telle ignominie, par la facilité avec laquelle ils blâmaient les villageois pour un crime qui n'était pas le leur, par leur indolence à protester contre une telle cruauté. Il n'avait jamais aimé les nobles, il ne les avait pas vraiment enviés ou jalousés. Pourtant cet événement l'avait rendu froid et désormais il abhorrait ces bourgeois sans cœur et sans morale. Il repensa alors qu'Arianna elle, avait dû côtoyer ces privilégiés non méritants à plein temps.

Elle avait pourtant dit que sa première acheteuse était différente de ce que racontaient les dires du village. Il n'y avait pas fait attention mais à présent, il se rendait compte que son amie ne semblait pas répugnée de son séjour à l'Enclave. « Alors, comment c'est côté huppé? »

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L es deux s'étant rassurés mutuellement sur ce qu'il était advenu à chacun depuis leur dernière rencontre, l'atmosphère précédemment emplie d'inquiétude se détendit d'un coup. Les mois de séparation sans aucune nouvelles de l'autre ne semblait en aucun cas avoir altérer leur amitié et il semblait presque à Arianna que rien n'avait changé. Pendant un court instant elle se sentit comme avant, plus d'esclavage, de drames familiaux avec une soeur noble, plus d'idées de vengeance, juste l'époque où la vie lui semblait dure à cause de la misère. Depuis la jeune femme avait découvert mille autre façons de souffrir que la seule faim et illégalité du village. Cette nouvelle réalité l'avait quelques peu changé en effet mais une fois face à Charlie elle avait l'impression que tout était comme avant.

La belle époque pensa-t-elle, une utopie plutôt relative. Si à l'époque du village plusieurs fois Charlie et Arianna avaient imaginés une vie loin des malheurs et des complots de la capitale jamais cette dernière n'aurait pensé qu'à présent c'était cette vie qu'elle regrettait. La notion de liberté qu'ils avaient tant chérît à l'époque lui semblait être un trésor si précieux dont malheureusement elle n'avait jamais assez profité. Arianna avait à présent remplacé leurs rêves d'escapades et d'aventures par une amère nostalgie des temps durs du village, car s'ils étaient durs les villageois avaient un sens de l'honneur et de la liberté qu'aucun noble de l'Enclave ne pourrait prétendre avoir.

« Qu'est-ce qu'on dit des Étrangers à l'Enclave? » demanda alors Charlie qui tira la jeune femme de ses pensées. Elle haussa vaguement les épaules, aucun habitant de l'Enclave ne pouvait se prétendre pour Katharina. Les dires au sujet de la reine de l'Autre Terre étaient peu flatteurs, en effet les rumeurs allaient de la tyrannie au barbarisme. Au sein de l'Enclave l'écho seul du nom des étrangers rimait avec fléau. « Ce seraient des sauvages venant nous envahir pour répandre le chaos allant jusqu'à détruire l'Enclave pierre par pierre selon les pires rumeurs. Rien de très encourageant pour la noblesse » finit-elle avec une touche d'ironie. Ce dont les nobles avaient peur feraient surement la joie des villageois. Au final peu importe si les rumeurs sur Katharina sont fondés car il y-aura toujours une caste de Vivendale qui en pâtira. Espérons simplement que le vent tourne en faveur des villageois cette fois-ci « Et maintenant ils sont retranchés au Temple à prier pour que les dieux descendent en armures brillantes pour venir les sauver eux et leurs fortunes. Ils voient le moindre de nos malheurs comme un signe du Trisal, c'est plus pathétique qu'autre chose... » ajouta-t-elle avec une pointe d'amertume, le souvenir d'Edwin encore bien frais dans sa mémoire, mais elle n'en dit pas plus.

« Alors, comment c'est côté huppé? » Arianna esquissa un sourire devant la question de son ami, Charlie avait toujours était un sacré curieux. Elle réalisa alors qu'elle n'avait pas du tout vécu l'Enclave comme les récits qu'on y fait au village. Certes les richesses de la noblesse n'étaient pas exagérées du tout, ni la perversion des nobles. Mais vu de l'intérieur tout semblait plus relatif. Il fallait avouer d'autant plus qu'Arianna n'avait pas eu un parcours d'esclave normal, Isabelle s'était montré très gentille au début et dès la découverte de leur parenté rien n'approchait leur relation comme celle d'une acheteuse et de son esclave. Puis Arianna étant Arianna elle avait fait irruption au milieu des nobles à la Lune de Sang, avait fait face avec peu de brio à un ombrageux, s'était ensuite allié à lui. Elle se sentait plus dans une prison remplie de complots et de faux-semblants qu'une esclave dans l'Enclave « Et bien... c'est loin de toute ton imagination. Ici tout n'est que renommée, fortune et luxure, les nobles ne manquent de rien mais ils ne pensent qu'à s'enrichir. On se croirait dans une arène, complots et faux-semblants sont à l'ordre du jour. Mais on ne peut pas dire que j'ai suivi le parcours exemplaire d'une esclave, comme je suis venue en mission infiltration tout est différent. »

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La cohue de villageois s'agitait autour d'eux sans les remarquer, les villageois se contentaient de les contourner et de poursuivre leur route comme si le duo était n'importe quel obstacle ordinaire. Personne ne leur prêtait attention, les évitant naturellement. Charlie entraîna la brune un peu à l'écart pour mieux entendre ses dires et dégager le chemin. Ils se décalèrent de quelques pas sans couper leur discussion. A sa question, elle haussa alors les épaules d'un geste évasif
« Ce seraient des sauvages venant nous envahir pour répandre le chaos allant jusqu'à détruire l'Enclave pierre par pierre selon les pires rumeurs. Rien de très encourageant pour la noblesse » Il eut un sourire en coin. Il s'en doutait bien sûr, les nobles n'étaient pas pour cette attaque. Des barbares, des destructeurs, très radical comme opinion. Au village les avis étaient plus divergents et désormais Charlie ne savait plus quoi penser.

Arianna l'informa des derniers événements concernant la noblesse. « Et maintenant ils sont retranchés au Temple à prier pour que les dieux descendent en armures brillantes pour venir les sauver eux et leurs fortunes. Ils voient le moindre de nos malheurs comme un signe du Trisal, c'est plus pathétique qu'autre chose... » Elle était soudainement amère et il préféra faire comme s'il n'avait pas remarqué. L'apparence d'Aria, ses gestes, sa posture, tout indiquait qu'elle avait enduré plus que de coutume, et c'était peu dire. Il n'avait aucune idée de ce qu'elle avait traversé, il souhaitait l'aider, la soulager de son fardeau sans se montrer indiscret. Il estima que quand elle aurait envie d'en parler, elle se lancerait d'elle même; après tout elle le connaissait, elle n'était pas sans ignorer qu'il était là pour elle et qu'il savait écouter.

Charlie n'avait pas la prétention de dire qu'il connaissait les nobles mais il avait aisément soupçonné leur incapacité à prendre part au combat. Les savoir défalqués dans le Temple n'était donc pas surprenant, il les imaginait entassés bien sagement en attendant que quelque chose se produise, que quelqu'un décide pour eux. Le HG les avait mis bien à l'abri, leur mission: prier et ne pas abîmer leurs précieux vêtements. Cette idée le répugnait. Il n'était pas jaloux de ce qu'ils possédaient, les savoir mis à l'écart et eux en première ligne était simplement révoltant. Au village, ils avaient tous été touché par l'injustice du système, Charlie était las et affligé de Vivendale. Il souhaitait du changement, un avenir meilleur, un endroit plus congruent pour sa famille. Il ne savait pas à quoi s'attendre de la part de Katharina, si son règne serait plus juste ou au contraire, pire. Le blond n'arrivait pas à décider quel parti choisir, il espérait simplement que si Vivendale se remettait d'une éventuelle attaque, elle se dresserait avec de nouveaux horizons.

« Nous verrons bien ce qu'ils feront quand tout commencera... » Ils ne se les imaginait pas prendre les armes, plutôt à agiter le drapeau blanc devant l'armée de la jeune reine.

« Et bien... c'est loin de toute ton imagination. Ici tout n'est que renommée, fortune et luxure, les nobles ne manquent de rien mais ils ne pensent qu'à s'enrichir. On se croirait dans une arène, complots et faux-semblants sont à l'ordre du jour. Mais on ne peut pas dire que j'ai suivi le parcours exemplaire d'une esclave, comme je suis venue en mission infiltration tout est différent. » Charlie ne pouvait plus retenir ses questions, elle avait piqué sa curiosité. « Explique-moi cette histoire de mission. Tu t'es vraiment laissée attrapée? »

Les sourcils froncés, la mine soucieuse, il était désolé de n'avoir rien pu faire. Pour en arriver là, son ami mentionné plus tôt avait du être dans un sacré pétrin. C'était étrange comme Arianna était un aimant à problèmes...
« Pourquoi tu ne m'as rien demandé, j'aurai pu vous aider. »

© Fiche par Hailey J. Kingston pour Expiation exclusivement

L es autres villageois continuaient leur route sans prêter aux deux jeunes gens qui faisaient obstacles à leur passage. Charlie entraîna alors la jeune fille à se décaler de quelques pas pour éviter la cohue. Le jeune homme était d'un naturel curieux mais ses questions fusaient, il voulait en savoir autant sur l'actualité de l'Enclave que sur les conditions qui avaient poussé son amie à venir là-bas. Il semblait ne pas tarir une seconde de questions à poser mais s'il y-en avait bien une qu'Arianna aurait voulu éviter c'était celle concernant son arrivée ici « Explique-moi cette histoire de mission. Tu t'es vraiment laissée attrapée? » avait commencé son allié en arborant une mine soucieuse « Pourquoi tu ne m'as rien demandé, j'aurai pu vous aider. » continua le jeune homme toujours aussi inquiet. Il semblait réellement désolé pour elle

Et la jeune femme se sentit encore plus coupable. Elle et Max avait exécuté leur plan à peine quelques heures après l'avoir monté, ils avaient fait ça peut être trop vite. Mais tout s'était passé dans une certaine urgence. Mais Arianna se sentait mal de ne pas avoir pensé à demander de l'aide à Charlie ou ne serait-ce qu'au moins de le prévenir. Si elle pouvait revivre cette nuit elle serait certainement aller le voir et lui demander conseil, mais sur le moment elle était passée outre et se sentait vraiment coupable d'avoir ainsi oublié son ami.

« Max m'a sauvé d'une sacré course-poursuite avec les gardes, et il a tout de suite voulu m'aider, je sais pas vraiment comment l'expliquer mais ce n'était pas de la pitié, il voulait réellement juste m'aider. » Elle se remémorait progressivement des événements de ce fameux soir où elle avait décidé de faire tourner la roue de son destin au point opposé. « Il m'a alors offert le couvert, et un toit, le temps que les recherches des soldats se calment un peu. Et il a commencé à me parler de son envie d'aider, de lutter contre le HG ... » continua-t-elle. Elle laissa sa phrase en suspens, elle ne savait comment expliquer la suite mais elle avait de suite su qu'elle pouvait faire confiance à Max et d'une chose à un autre elle lui avait parlé de la guilde des ombres, qui n'était pas qu'une légende comme le croient beaucoup de villageois « ... je ne sais pas comment le dire, mais il était sincère, il voulait vraiment quitter sa vie confortable et aller n'importe où ne serait-ce que pour aider les opprimés. Et je me devais de l'aider, après tout il m'avait sauvé. » conclut-elle.

« Il nous fallait attirer l'attention de la guilde et c'est là où je me suis faite volontairement attrapée en créant une émeute. Max est alors entré en contact avec un ombrageux et il est devenu infiltré pour eux, et moi j'ai suivi mais en passant par le marché aux esclaves. » Son histoire s'arrêtait là, la version courte de comment deux inconnus, une voleuse et un forgeron, avait décidé de s'allier pour s'infiltrer dans l'Enclave. Mais ce fut aussi le début de leur amitié qui était si précieuse à la jeune femme. « J'aurais du venir te voir, mais sur le moment tout était dans l'urgence...et je n'y ai pas pensé, désolée... »

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Charlie était doué pour poser des questions et il n'en manquait jamais. Même si il respectait les secrets, il avait un penchant pour soulever les non-dits et résoudre les mystères. Il n'aimait tout simplement pas être dans le flou, surtout si ça ne profitait à personne. Et si à cet instant Arianna semblait légèrement récalcitrante à l'idée de partager, il était plus que certain que ça lui ferait le plus grand bien. Elle avait l'air de porter le poids du monde sur ses épaules.

« Max m'a sauvé d'une sacré course-poursuite avec les gardes, et il a tout de suite voulu m'aider, je sais pas vraiment comment l'expliquer mais ce n'était pas de la pitié, il voulait réellement juste m'aider. » Les villageois n'étaient pas vraiment soudés entre eux, la plupart vivait dans la devise du "chacun pour soi." Aria et Charlie en avaient tous deux fait les frais. Pourtant, il savait que ses pairs n'étaient pas tous égoïstes, qu'il y en avait qui étaient réellement généreux et serviables. Il était difficile d'accorder sa confiance dans leur monde mais lorsque les faits prouvaient la loyauté, Charlie n'avait aucun mal à créer des liens. Ce Max avait aidé son amie, il avait donc pratiquement gagné sa place dans le cercle de confiance de Charlie.

« Il m'a alors offert le couvert, et un toit, le temps que les recherches des soldats se calment un peu. Et il a commencé à me parler de son envie d'aider, de lutter contre le HG ... » Il fut encore plus intéressé à propos de ce héros d'un soir. En plus d'avoir aidé Aria, il partageait leurs idées de révolution. Charlie n'avait aucun mal à croire à cette histoire, il adhérait totalement à ces propos. « ... je ne sais pas comment le dire, mais il était sincère, il voulait vraiment quitter sa vie confortable et aller n'importe où ne serait-ce que pour aider les opprimés. Et je me devais de l'aider, après tout il m'avait sauvé. » Le blond acquiesça, pensif. Compréhensif, il ajouta: « Tu as bien fait, j'aurai réagi de la même façon. » En effet, lui aussi était du genre à foncer les yeux fermés, à courir vers le danger et n'en réaliser les conséquences que bien plus tard. Un peu plus prudent que la brune sûrement, mais ils étaient aussi tous les deux méthodiques et réfléchis. Le plan d'Arianna avait apparemment fonctionné.

« Il nous fallait attirer l'attention de la guilde et c'est là où je me suis faite volontairement attrapée en créant une émeute. Max est alors entré en contact avec un ombrageux et il est devenu infiltré pour eux, et moi j'ai suivi mais en passant par le marché aux esclaves. » Max était donc allé jusqu'au bout de son idée de rébellion. Il avait rejoint la Guilde ... Et Aria était devenu esclave en aidant ce jeune homme. Tout prenait son sens. La jeune femme resta muette après ça et Charlie l'accompagna. Ils prirent un moment, lui pour digérer ces informations, elle pour faire le point sur son histoire avec Maximilian. Ils étaient devenus amis en peu de temps, tout comme avec Charlie. Elle avait le don pour s'attirer des ennuis mais côté amitié elle était tout aussi chanceuse.  


Au bout de quelques secondes, elle reprit. « J'aurais du venir te voir, mais sur le moment tout était dans l'urgence...et je n'y ai pas pensé, désolée... » Elle était sincère il n'en doutait pas un instant. Son visage affichait une moue contrariée: sourcils froncés, regard chiffonné. Il posa une main amicale sur son bras pour la dérider. « C'est moi qui suis désolé Aria. En plus j'aurai du savoir que tu avais un plan, tu as toujours une idée derrière la tête. » Il lui sourit doucement. C'était stupide, ils étaient tous les deux désolés et continuaient de se confondre en excuses. Il n'avait jamais était fâché avec elle. Elle n'avait pas à lui demander son pardon, elle l'aurait toujours. Dans un mouvement chaleureux, il l'attira à lui pour une accolade de réconciliation.

Elle lui avait plus manqué qu'il ne l'avait cru. Il la serra contre lui et pendant qu'ils s'enlaçait, ajouta sur un ton faussement sérieux. « Il faut vraiment que je rencontre ce Max ... »

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R   aconter les péripéties qui l'avaient mené ici aujourd'hui lui rappelèrent que quelques semaines auparavant elle avait été allé très loin pour défendre sa cause. Il lui sembla manquer tellement de conviction à présent... L'existence d'Isabelle avait levé un voile sombre sur son passé qu'elle n'avait jamais soupçonné. Elle qui, enfant, avait eu tellement de mal à accorder sa confiance à cet homme débarquant dans sa vie en se disant être son père, voilà qu'elle avait apprit que ses années d’absences cachaient une double vie dans le confort de l'Enclave. Lorsqu'elle s'était lancé dans cette alliance avec Maximilian elle était partit en défendant les idées que son père lui avait inculquées, à présent se tenir à ses idéaux lui paraissaient futiles, elle se sentait trahie par ses années de secret. Il n'était venu à elle qu'une fois chassé de l'Enclave, elle et sa mère n'avait été que des seconds choix pour l'Infiltré. Et cette idée avait profondément blessée la jeune femme.

Maintenant qu'elle avait narré son stratagème avec Maximilian l'esclave hésita à se confier concernant Isabelle. Charlie était la personne en qui elle avait le plus de confiance. Il était une oreille attentive et de bons conseils quoique il arrive. Avant elle aurait tout déballé sans hésiter, de sa rencontre avec Max à la mort d'Edwin en passant par la découverte de sa demi-soeur qui était aussi son asservisseuse à l'époque. Il l'aurait surement charié en faisant référence à sa fâcheuse tendance à finir dans des situations aussi embarrassantes qu'unique et il aurait su la conseiller et la réconforter. Mais il voudrait aussi la protéger, mais le villageois ne savait pas dans quoi il s'engagerait. L'Enclave était un lieu encore plus vicieux que le village et bien qu'elle ne doute pas un instant des capacités de Charlie à s'en sortir en toutes situations, il ne méritait pas de plonger tête la première dans les complots et faux semblants du monde noble simplement à cause d'elle.

La main du jeune homme se posa alors sur son bras, l'extirpant de ses pensées, il avait cette compassion peinte sur son visage mêlant une inquiétude qui rappela à la jeune femme qu'elle avait quelqu'un sur qui compter. « C'est moi qui suis désolé Aria. En plus j'aurai du savoir que tu avais un plan, tu as toujours une idée derrière la tête. Un petit sourire étira ses lèvres, c'était tout Charlie. Il s'excusait alors qu'il n'avait absolument rien à se reprocher, dans le cas inverse elle se serait fait aussi un sang d'encre en ne voyant jamais revenir Charlie. Mais l'inquiétude qu'avait eu son ami lui rappela qu'elle n'était pas aussi seule qu'elle le pensait et cela lui réchauffa la coeur.

Il sourit à son tour et l'attira à lui pour une accolade chaleureuse qui scella leur retrouvaille. Les bras protecteurs du jeune homme réussirent à détendre la jeune femme qui sourit à nouveau. Elle avait retrouvé Charlie, un de ses amis le plus cher à son coeur. Ce dernier semblait aussi touché qu'elle de la revoir. Il ajouta cependant d'un air faussement sérieux « Il faut vraiment que je rencontre ce Max ... » Elle rit doucement, il avait un côté protecteur qui se rapprochait presque du paternalisme. Elle imagina alors Charlie rencontrant Maximilian, ils s'entendraient à coup sûr. Arianna réalisa alors à quel point Charlie l'avait aidé et l'aiderait toujours, il était un vrai ami c'était sûr. « Tu le rencontreras bientôt » promit-elle d'un ton léger

Ce qu'il méritait était de recevoir, il avait tellement aidé Arianna dans le passé qu'elle se promit d'aider au mieux le jeune homme. Elle connaissait l'Enclave, elle pourrait l'aider si jamais il en avait besoin, et vu le nombre de villageois amassés dans ce coin de l'Enclave les Peterson auraient besoin tôt ou tard de son aide, survivre au village était déjà dur mais survivre en terre hostile et inconnue entouré de centaines d'autres personnes dans le même cas...ce serait déjà un début de survivre.

Elle se retira doucement de leur étreinte et sourit timidement. « Mais avant c'est à mon tour d'aider, tu en auras besoin toi et ta famille pour survivre ici, l'Enclave ne fait pas de cadeau pour les voleurs... » Elle prit ses mains dans les siennes et y glissa la bourse qu'Isabelle lui avait donné à son deuxième jour ici, son asservisseuse avait laissé plusieurs pièces d'or pour son esclave afin d'acheter son affection, évidemment c'était avant de découvrir leur lien de parenté. Arianna n'en avait pas besoin mais Charlie oui. « ...Tâches d'être discret s'il te plaît, ici on ne pardonne pas la moindre faute, les gardes ont déjà tués Ed pour leur avoir tenu tête alors je n'imagines même pas ce qu'il te ferait s'il te prenait la main dans le sac, je t'en prie sois prudent... »

Il avait entouré la jolie brune de ses bras musclés et la serrait doucement contre lui. Ils s'étaient retrouvés et il n'y avait rien de tel pour rendre le sourire à notre villageois. Aria lui avait beaucoup manqué, il avait souvent pensé à tous leurs moments, leur complicité. Il y avait un temps où on ne voyait pas Charlie sans Aria, toujours à filer en douce, ensemble ils avaient fait les meilleurs coups. Ce n'était pas simplement une fille de passage dans sa vie, il la considérait comme une de ses plus proches amis, elle était pratiquement de la famille, tout aussi précieuse et importante. Elle avait été d'une grande aide, un soutien parfait, une complice de choix et il ne l’oublierait jamais.

Il plaisanta sur Max et Arianna s'égaya à sa remarque ce qui entraîna, tel un automatisme, un sourire franc de Charlie. Bien qu'elle ne pouvait voir son visage puisqu'ils étaient enlacés, la brunette le connaissait bien, elle savait qu'il souriait. « Tu le rencontreras bientôt. » Cela sonnait comme une promesse et il était certain que ça arriverait plus tôt que prévu. Si Maximilian avait réussi à se faire une amie d'Arianna, aucun doute qu'il se fasse apprécier de Charlie. Les deux alliés restèrent une seconde l'un contre l'autre, à profiter de ce moment privilégié.

Elle s'écarta lentement et afficha un pâle sourire. « Mais avant c'est à mon tour d'aider, tu en auras besoin toi et ta famille pour survivre ici, l'Enclave ne fait pas de cadeau pour les voleurs... » Une ombre passa sur son visage heureux. Vivre ici? Tout à coup, elle l'inquiéta. Charlie ne s'en faisait pas, pour lui quand tout cela sera fini ils retourneraient paisiblement au Village. La remarque le fit réfléchir à la possibilité que les Etrangers passent le mur. Il n'y avait pas vraiment songé, pour lui les pierres qui les protégeaient étaient infranchissables. Pourtant la chose semblait réaliste. Que feraient-ils si l'armée de la Reine passait les portes de Vivendale? Qu'adviendrait-il d'eux, des villageois et de sa famille? Elle le tira de ses pensées en prenant ses mains dans les siennes.

Sans réaliser quoi que ce soit, il sentit Arianna lui glisser dans les paumes un petit sac de toile. Au poids, il devina qu'il y en avait pour une petite fortune. Elle ajouta plus bas. « ...Tâches d'être discret s'il te plaît, ici on ne pardonne pas la moindre faute...» Il hocha la tête et d'obtempéra, conscient des risques. Il accepta sans discuter sa générosité, sachant qu'un jour il l'aiderait à son tour. D'un geste discret et subtile, même naturel, il enfourna la sacoche dans sa poche sans quitter Aria des yeux, tandis que celle-ci poursuivait. « ... les gardes ont déjà tués Ed pour leur avoir tenu tête alors je n'imagines même pas ce qu'il te ferait s'il te prenait la main dans le sac, je t'en prie sois prudent... » Il acquiesça encore avant de réaliser la gravité de ses propos. Edwin était mort. La nouvelle le prit de cours. Sans avoir été étroitement lié avec le garçon, il savait quelle importance il avait aux yeux de la brune. C'était donc pour cela qu'elle était si changée. Il n'osa rien dire, se contenta d'obéir, pas la peine de remuer le couteau dans la plaie. Il n'était pas curieux au point de blesser son amie et elle n'avait certainement pas envie d'en parler. De plus si les gardiens l'avait éliminé ça n'avait pas dû être à cause de son charme fou, il les avait certainement un peu poussé. Il ne chercha pas plus loin. Le jeune homme pressa ses doigts sur les mains de son alliée et eut un léger sourire. « Merci Aria, tu sais que je te revaudrai ça. »

En face, une vieille femme les observait. Le blond passa un bras autour des épaules de son amie et l'entraîna plus loin. Ils n'avaient pas besoin de s'encombrer d'oreilles indiscrètes. Ils firent quelques pas en silence avant que Charlie n'aborde le sujet de ses tourments. « Alors qu'est-ce que tu vas faire toi? » Elle ne semblait pas trop mal lotie mais il était tout de même inquiet de sa situation. Elle était peut-être esclave, c'est-à-dire presque "favorisée" en temps de crise, cela ne l'empêchait pas de se faire du soucis. Elle allait sûrement être rapatriée, mise en sécurité avec les nobles dans le Temple -qui était lui même protégé par des dizaines de gardes-. Mais il n'en était pas sûr, peut-être que les esclaves allaient être entassés dans l'Enclave avec eux. Qu'allait-elle faire, où allait-elle se mettre à l'abri si les combats étaient inévitables? ... Et les villageois? Qu'allaient-ils devenir? Ses inquiétudes refirent surface et il s’alarmait tout à coup. Si jamais les Etrangers passaient les portes, ils allaient sûrement les massacrer et ils étaient en première ligne.

© Fiche par Hailey J. Kingston pour Expiation exclusivement

Certains hommes vont valoir leur force par les menaces et l'intimidation, à vrai dire la plupart des hommes utilisent le peur comme une arme afin d'asseoir leur pouvoir. Ces hommes et femmes possèdent une règle très spéciale concernant le vol : prends-nous une chose et nous te prendrons le double. Charlie n'était pas comme eux, mais il avait sa propre règle qui pourrait se rapprocher des hommes de pouvoir, s'en rapprochant tout en étant le strict opposé. Si on donne à Charlie, il nous le rendra au double. La notion de dette est très abstraite, faut-il payer ses dettes ? Faut-il donner des intérêts ? La dette est-elle financière, morale ou bien les deux ? La notion de dette, d'être redevable, cela comptait beaucoup pour le jeune homme.

Le blond pressa la main de son amie avec un léger sourire « Merci Aria, tu sais que je te revaudrai ça. » La jeune femme esquissa à son tour un sourire et hocha doucement la tête « Je le sais oui, mais tu me revaudras ça en des temps moins sombres. » Charlie passa alors un bras autour des épaules de la brune et l'entraîna plus loin, comme s'il cherchait à s'éloigner des oreilles indiscrètes. Après quelques pas où aucun ne pipa mot le blond reprit : « Alors qu'est-ce que tu vas faire toi ? » Voilà la question à un million : qu'allait-elle faire ? Retourner au temple ? Mais pour qui : Maximilian était repartit au camp...et Isabelle, et bien Isabelle avait-elle vraiment besoin d'Arianna ? La brune pensait avoir vu sa demi-soeur sortir du temple tout à l'heure alors à quoi bon de toutes manières. Retourner chez Maximilian ? La demeure serait vide...Vide. Voilà quelque chose qu'elle n'avait jamais eu avant, ce vide en elle.

Elle se sentait trahie, bafouée, en l'espace de quelques semaines elle avait du gérer sa condition d'esclaves en découvrant l'existence de la double-vie de son père incluant une demi-soeur haut placée, et le pire dans tout ça : Arianna était dans la partie secrète de la double-vie de leur père. Pas Isabelle, non elle. Elle se demandait alors si Isabelle lui en voulait, après tout si leur père était partit au village après l'échec de sa mission dans l'Enclave il aurait pu laisser sa fille aînée dans le secret de sa survie, mais non. Il leur avait mentit à toutes les deux. Aria était sûre d'une chose : elles ne savaient pas tout encore sur lui. Peut être avait-il une énième femme, fille, fils quelque part, peut-être n'était-il pas mort sur l'estrade du village, peut-être avait-il survécu et reprit le même cycle de mensonge dans une nouvelle famille... Elles ne le seraient surement jamais.


« Je crois que...je ne sais pas » hésita-t-elle. « Je devrai sûrement retourner à ma place, histoire de ne pas entrer dans les mauvaises grâces des gardiens. » Elle s'arrêta un instant, réfléchissant au moment où elle avait quittée le Temple. « Oui, je devrais probablement y retourner avant que l'armée soit à nos portes. » Arianna réalisa alors que Charlie, et les autres villageois étaient totalement sans défense si jamais les étrangers entraient à Vivendale. Elle commença alors à s'inquiétait pour son ami, et sa famille, les Peterson étaient tous des gens si adorable... « Que comptes-tu faire quand les étrangers passeront le Mur ? Tu ne peux pas rester ici avec les autres villageois, vous êtes en première ligne ! »

On dit que la guerre touche particulièrement les civils, que se sont les premières victimes... mais Charlie et ses frères...ils étaient des civils dans cette guerre à venir.

Il lança un regard à son amie. La mèche brune devant ses yeux ne parvint pas à cacher l'angoisse qui l’étreignait. Cette lueur anxieuse, ce fin rictus faussement confiant. Elle paraissait peut-être forte comme ça, avec sa mine assurée et sa posture de guerrière. Mais Arianna était tout aussi humaine que les autres. Ses iris noisette parcouraient ceux de Charlie, discrètement à la recherche d'un soupçon de réconfort. Elle comptait sur lui. Le jeune homme pouvait lui donner un peu d'espoir, il avait toujours su. D'habitude, c'était lui l'optimiste, c'était lui qui promettait. Combien de fois lui avait-il juré qu'ils s'enfuiraient ? Combien de fois lui avait-il fait serment que tout changerai, qu'un jour ils quitteraient le Nord ? Ils auraient pu aller loin, juste avec un cheval et un sac de toile. Peut-être qu'ils auraient longé la côte à pied pour s'installer dans un village tranquille. Ils auraient pu aussi trouver une grande ville et devenir riches. Qui sait... Ils avaient tant fantasmé à une autre vie, ... tant aimé l'espoir. Arianna n'avait rien qui la retenait dans l'Enclave, Charlie rêvait d'aventure. Et pourtant ils n'avaient jamais franchi le pas. Pourquoi ? Parce qu'il était ancré à Vivendale. Parce qu'il lui était impossible de partir avec toute sa famille. Les gardes les auraient rattrapés en quelques secondes. Une fuite massive de la ville fortifiée sans attirer l'attention ? Infaisable. Alors Aria et Charlie s'étaient résolus pour un temps. Ils avaient grandi avec l'espoir d'un jour. Un jour ils l'auraient fait, quand l'idée aurait été envisageable. Ils avaient espéré pendant des mois, des années, priant pour une brèche, un défaut dans le système, un court instant d'imperfection. Le HG aurait pu baisser la garde quelques heures. Mais jamais l'occasion ne s'était présentée. Ils avaient du constater l'efficacité sans faille du gouvernement et réaliser que leur espoir d'évasion n'était qu'un fantasme absurde.

Charlie était passé à autre chose, il s'était résolu à vivre tel le villageois qu'il était. Il avait travaillé jour et nuit, il s'était démené, il avait volé et même tué. Tout ça pour préserver un minimum de paix dans son foyer. Et en faisant ça, il avait laissé tombé Aria. Le compromis n'avait pas été équitable. Il l'avait nourrie d'illusions, alors que tout ce dont elle avait besoin c'était de vraiment quitter Vivendale. Elle n'avait pas besoin d'espoir, elle avait besoin d'être sauvée. Par sa faute, elle avait été esclave, elle avait vu mourir Ed et avait certainement assisté à tout un tas d'horreurs qu'il n'osait imaginer. Il avait cru la sortir d'ici, un jour ou l'autre. Charlie baissa les yeux, honteux et déçu de lui-même. Il avait menti à une des personne qui comptaient le plus.

« Je devrai sûrement retourner à ma place, histoire de ne pas entrer dans les mauvaises grâces des gardiens. » Sa place, elle l'avait eue par sa faute. Un nœud dans les tripes, Charlie n'osait plus la regarder en face. Quel genre d'ami était-il pour elle ? Il l'avait trahie. Et pour le villageois, la trahison était le pire des actes.
Désormais, elle devait subir un regard oppressant, un asservissement dégradant et une constante surveillance. Elle n'était plus un pion de Vivendale, elle était sa chose.
« Oui, je devrais probablement y retourner avant que l'armée soit à nos portes. » Il passa vivement ses doigts sur l'arrête de son nez pour en effacer la tristesse et la honte. C'était son oeuvre, le résultat de toutes ses entreprises ratées, sa passive inertie, ses bêtises sans fin ! Aria était finalement soumise au régime, contrainte de lui obéir pour survivre, obligée de suivre le mouvement parce qu'elle n'avait aucune idée de comment lui échapper. Elle était prise dans l'engrenage d'une domination qui avait tout fait pour la posséder, y compris rendre complice ce même ami qui disait l'aimer.

Et alors qu'il ressassait sa misérable existence, la belle prenait encore le temps de s'inquiéter de son sort. « Que comptes-tu faire quand les étrangers passeront le Mur ? Tu ne peux pas rester ici avec les autres villageois, vous êtes en première ligne ! » Il gémit. Une lamentation douloureuse d'un homme qui se réalise indigne. Elle fronça les sourcils, soucieuse, interpellée par ce malaise. Il secoua la tête de gauche à droite dans un mouvement itératif et inquiétant. Il passa une main tremblante sur son visage maigre et, la bouche tirée vers le bas, il leva les yeux au ciel. Il avait les traits maigres et l'oeil rougit. Une complainte muette bloquait sa gorge, il cherchait ses mots. Comment pourrait-il un jour se faire pardonner ? Charlie posa ses prunelles humides sur son amie.

Il n'y avait qu'une possibilité pour qu'il conjure le sort de sa belle Aria. Pour qu'il change son destin et tienne finalement ses promesses. Il lui fallait déjouer le mal qu'il avait engendré. Plus rien ne les retenait à présent, ils pouvaient partir, tous ensemble. L'arrivée de Katharina était le moment tant attendu. La panique de la ville était l'opportunité parfaite. Son gémissement se transforma en rire. Ridicule, insensé. Charlie riait à présent, les mains derrière la nuque, le regard vif. Il avait la solution ! Il ouvrit les bras en haussant les épaules comme si c'était parfaitement logique ! Tout était parfaitement logique ! Il s'approcha de la brunette, l'entourant de ses bras pour la ramener à lui et l'étreignit un instant. Encore partagé entre le sanglot et le rire, il ne pouvait empêcher sa poitrine de se soulever à un rythme irrégulier.
Ils fuyaient encore, mais pour la dernière fois. Le blond avait enfoui son nez dans les longs cheveux de son amie. Il souffla: « On va partir Aria... enfin. » Il avait saisi ses épaules frêles de ses grandes mains. Une leur de joie traversa ses iris bleus. Il soutenait son regard, la fixait intensément pour qu'elle l'écoute. C'était la solution à tous leurs problèmes. Son esprit était clair à présent, les idées nettes, limpides, plus que cela ne l'avait jamais été. « Il n'y a plus rien ici. C'est ce qu'on attendait ! Katharina sème la panique, c'est la brèche ! » Son cœur battait la chamade. Il souriait doucement en sondant le visage pâle de sa complice de toujours. Celle-ci le fixait encore avec incompréhension. Bientôt, tout lui paraîtrait simple à elle aussi. « On peut s'en aller maintenant. »

© Fiche par Hailey J. Kingston pour Expiation exclusivement

Un nouveau départ, une chance de repartir de zéro, de construire une nouvelle vie, d'avoir une seconde chance. Tous les jours elle l'attendait, cet événement, grand ou petit, qui l'a ferait enterrer son passé et prendre un nouveau départ. C'était la perspective de ce moment qui l'a poussait à continuer, à ne pas renoncer, qui lui donnait une nouvelle manière d'appréhender le lendemain, de voir le monde, qui l'a forçait à abandonner ses mauvaises habitudes, à oublier ses tourments et, surtout, à avoir encore espoir. Mais, parfois, il est mieux de rester dans l'ombre, de vivre parmi ces démons, car même si on y trouve la peur, il y-a aussi le plus d'espoir.

Charlie poussa un gémissement, bientôt mué en un rire incontrôlé. La tristesse sur son visage s'était soudainement envolée, effacée par une lueur d'espoir. Elle ne l'avait pas entendu depuis longtemps, le rire de Charlie. Automatiquement, un sourire égaya le visage de la jeune femme tandis que le jeune homme ouvrit les bras en haussant les épaules, comme s'il venait alors de réaliser l'évidence. Il s'approcha et l'étreignit. « On va partir Aria... enfin. » souffla-t-il « Quoi ? » Le jeune homme la saisit par les épaules, soudainement irradié par une joie immense, la joie d'avoir un véritable espoir. Il plantait son regard dans le sien, histoire de garder une audience captive « Il n'y a plus rien ici. C'est ce qu'on attendait ! Katharina sème la panique, c'est la brèche ! »

La brèche c'était une promesse, deux êtres liés, et surtout, c'était l'espoir d'un jour meilleur, un nouveau départ, loin de Vivendale. « La brèche... » répéta-t-elle, elle re-goûtait pour la première fois depuis longtemps le sentiment qui accompagnait ce mot, l'espoir. Ce fut d'abord une idée jetée en l'air, un « On pourrait partir », puis ces trois mots devinrent une promesse, la promesse, qu'un jour, ils partiraient. Au fil du temps l'espoir se mua en fantasme, ils en rêvaient encore mais c'était seulement pour garder espoir, pour ne pas s'avouer vaincus. Seulement c'était un espoir vain, illusoire.

« On peut s'en aller maintenant. » Ces mots résonnaient dans son esprit, partir, maintenant, ce n'était plus les souvenirs d'une vieille promesse rompue par le temps, c'était une toute nouvelle lueur d'espoir,  fraîchement allumée dans leurs deux âmes meurtries, déjà prête à embraser leur être. « C'est la brèche » Elle réalisait enfin, ils y étaient, ce n'était plus un fantasme absurde, ce n'était plus un espoir vain, c'était une réalité, c'était maintenant. « C'est la brèche ! » répéta-t-elle euphorique « On y est ! »

La tristesse et la douleur s'envolèrent aussitôt, elle ne pensait plus à rien d'autre qu'à s'accrocher à cette lueur d'espoir. Elle se jeta dans ses bras, « On l'a fait » souffla-t-elle en l'étreignant avec joie « Tu l'as trouvé, on va réussir, on va partir »

Pendant un instant elle oublia tout, Maximilian, Isabelle, Talisa, et même William. Elle s'imaginait déjà quitter la ville et laisser ses tourments ici, dans cette cité qui l'avait vu grandir mais aussi souffrir à maintes reprises. Ils allaient enfin partir, grâce à Charlie, le jeune homme avait réussi à percer la lumière dans l'obscurité, à trouver l'espoir dans une étendue sombre remplie de souffrance et de désillusions. Mais cette fois-ci ce n'était pas un fantasme ou un rêve, cette fois-ci c'était réel.