Le Deal du moment : -20%
-20% Récupérateur à eau mural 300 ...
Voir le deal
79 €

Partagez|



We want war | Episode 2.02

Aller à la page : 1, 2  Suivant
Dante N. Knightley
Dante N. Knightley

écrivain à succès
Nombre de messages :
304
Date d'inscription :
14/11/2013

We want war | Episode 2.02 - Page 2 Empty
Ven 1 Mai - 15:57




Dante N. Knightley
— « and here we are » —

Ces quelques jours d’appréhension et de tension totale dus l’imminente arrivée des Etrangers avait transformé l’Ombrageux. Non pas physiquement, hormis ses vêtements, mais psychologiquement. Il se moquait désormais de ce que pouvait devenir Vivendale, les Ombrageux connaissaient la forêt et avaient toujours vécut en son sein. Mais il ne laisserait pas ce peuple blesser un membre de la Guilde ou quelqu’un à qui il tenait. Cette idée le révoltait et spécialement lorsqu’on son esprit ramenait tout à la belle Seyrane qui serait très certainement mêlée à toute cette violence. Après ses retrouvailles émouvantes avec Cassiopée, il l’avait ramenée dans le quartier vide où Sir Knightley résidait. Mais ils n’avaient dormi que très peu, bouleversés et surtout demandés au bar qu’il possédait dès l’aube afin d’établir une stratégie d’attaque. Ou de faire semblant en tout cas. Le secret des Ombrageux était qu’ils ne planifiaient que très peu. En effet, au fil des années une espèce de connexion s’était établie entre chacun d’entre eux et ils agissaient en devinant les actions de leurs compagnons et en misant sur la justesse de leurs suppositions. Voilà tout. Mais c’était cette relation qui faisait leur force.

Il s’était donc rendu en compagnie de Cassiopée dans son bar, ce bar qu’il avait mis longtemps à acquérir et où il avait passé de folles nuits en très bonne compagnie. Il s’était surpris à sourire à l’évocation de tels souvenirs. Certainement l’émotion de la nuit. Il avait serré la main de Cassiopée avant qu’ils ne se séparent dans le sous-sol du bar. Les Ombrageux étaient arrivés au fur et à mesure et au bout de quelques minutes ils étaient pratiquement tous réunis. On aurait pu imaginer une scène sombre, avec des tueurs arborant des visages graves, autour d’une table. Mais pas du tout ; la plupart des Ombrageux affichaient un air jovial et impatient. En même temps, ils s’étaient à l’origine par amour du combat et une haine commune envers le Haut Gouvernement, qu’aujourd’hui, ils allaient défendre. La mise en place de la stratégie ne prit que quelques minutes ; le but étant de tuer le plus d’Etrangers et de les repousser hors de l’Enceinte de Vivendale. Ils n’attendaient en fait qu’un signal pour se lancer dans le combat. Et ce signal ne tarda pas à venir quand la porte Sud fut enfoncée. Dante était alors appuyé sur la table en bois, les yeux rivés sur les ébauches de plans qu’ils avaient élaborés.

Le brun leva les yeux et rencontra les prunelles déjà étincelantes d’excitation de ses frères d’armes. Un sourire en coin étira ses lèvres et il se redressa avant de s’étirer comme un chat. Leurs attitudes étaient plus que nonchalantes et semblables à celles des artistes à un concert, mais tout cela était volontaire : les combats les gonflaient d’adrénaline, tellement que pour certains cela en devenait une addiction, et ils n’avaient qu’une seule envie : faire leur show. A peine la secousse ébranla les murs de la ville qu’une partie des Ombrageux sortit en trombe et se lança dans la foule, tels que Kaage et Rouge. Dante ne mit pas non plus très longtemps avant de sortir : il s’empara de ses deux sabres et les fit tournoyer avec une facilité déconcertante. Son corps, vêtu de noir et d’une sorte de combinaison en cuir souple et solide, était déjà parsemé de lames et de petites armes en tout genre. Prenant une grande inspiration et arborant un sourire féroce, il poussa la porte avec force et la fraîcheur mordit sa peau quand le courant d’air s’infiltra dans le bar. Il se retourna juste avant de sortir et jeta un ultime regard à sa meilleure amie. Elle n’avait plus son air perdu et désorienté, non, c’était la Cassiopée forte et sauvage qu’il avait toujours connu, d’apparence fragile mais d’un courage démesuré. Il inclina la tête et bondit hors de l’habitacle, plongeant au sein même des combats.

Les Etrangers étaient nombreux et les cadavres jonchaient déjà le sol. Les Villageois, aidé d’une partie des Nobles et des Gardiens, tentaient de refermer la Porte Sud et l’Ombrageux salua l’intelligence de ce geste. Mais il était pleinement conscient que les Etrangers s’attaquaient déjà aux autres portes et envahiraient l’Enclave. Alors autant en tuer quelques un au passage. A vrai dire, il ignorait ce qu’il adviendrait après la bataille et même s’il comptait rester vivant, il savait que pour une fois dans sa vie, il ne savait pas ce qu’il allait pouvoir faire. Mais l’heure n’était pas aux raisonnements et aux stratégies. Non, la place était aux combats, au spectacle, au sang et aux meurtres. Le rictus étrange que chaque personne ayant déjà tué –et apprécié ça- affichait vint prendre place sur le minois séduisant du brun qui s’élança dans la rue. Ignorant les corps à corps autour de lui, il se contenta de couper les têtes ornés de bijoux étrangers quand elles passaient devant lui. Il bifurqua sur une ruelle en essuyant une de ses lames et tomba nez à nez avec Jade et un Etranger, occupé à se chamailler une épée. Il eut un instant d’incompréhension face à ces gestes maladroits et puérils puis l’armoire qui faisait face à l’Ombrageuse lui décrocha un poing en plein dans la mâchoire. Il plissa les yeux devant ce manque de respect et d’élégance et s’avança sans hésitations. Il faisait bien un tête de moins et sa carrure, même s’il ne s’en plaignait pas, ne l’avantageait pas forcément. Sauf qu’il était plus rapide et surtout en position de force car libre de ses mouvements. Il leva son bras et tapa sur son épaule pour attirer son attention. Esquivant le coup qui venait en se baissant, il se redressa en vitesse et planta la lame en plein dans son cœur. Le bruit de la chair tranchée le fit violemment frissonner et il repoussa l’homme en lui fauchant les jambes. Se détournant du corps qui suffoquait, il fit face à Jade et lui tendit sa main. Elle la saisit en gémissant et il la redressa sans effort. La soutenant un instant d’un bras et il se retourna brusquement aux bruits de pas. Emportant la jeune femme dans son élan, il fit un tour sur lui-même et son sabre vint trancher sèchement la carotide du soldat Etranger. Il s’écroula sur l’autre cadavre et les deux Ombrageux reprirent leur souffle. Il relâcha finalement la jeune femme qui avait repris de la contenance et fit quelques pas pour attraper son épée. Il lui lança avec un clin d’œil et l’observa déguerpir en hurlant, bondissant sur le dos d’un autre Etranger occupé à frapper une femme.

Dante parti à son tour, dans la même direction que Jade mais la dépassa pour revenir dans une rue principale. L’agitation le saisit aux tripes et il se raidit considérablement, tout ses sens aux aguets. La Porte Sud se trouvait à la fin de cette rue à droite et les cris provenant des deux côtés le firent frémit. On aurait dit un tableau d’apocalypse : la fine pluie qui commençait à tomber, le ciel bas et gris, les corps qui tombaient les mains pressées sur la gorge, les morceaux de chair, les fers qui se frappaient dans des bruits stridents. Quelqu’un le bouscula et il tituba sur plusieurs mètres, entrant en collision avec une autre personne. Un coup l’atteignit sur le sommet du crâne et il laissa échapper un long râle sourd. Se retournant vivement, il balança son bras vers le responsable et se retint de justesse en voyant un Villageois effrayé. Il pinça les lèvres et siffla de frustration. L’homme parut remercier les mille dieux de l’avoir épargné et amorça un pas vers sa gauche. Mais avant qu’il n’ait pu cligner des yeux, une flèche vint se ficher dans son cœur et arrêta tout mouvement. Dante jura en s’avançant en avant et laissa le corps s’écrouler. Sonné, il leva les yeux vers les remparts du Mur pour trouver le coupable. Mais la foule était telle qu’il ne trouva rien. Seule une masse capillaire ondulée, d’un châtain soutenu et équilibré attira son attention. Ces cheveux lui rappelaient un peu trop une certaine personne à qui il tenait un peu trop à son goût. L’Ombrageux asséna un coup de coude à un Etranger qui filait vers lui avant de s’élancer vers le Mur.


© Fiche par Hailey J. Kingston pour Expiation exclusivement
Revenir en haut Aller en bas
Linelleray
Linelleray

Expié de talent
Nombre de messages :
586
Date d'inscription :
15/07/2013

We want war | Episode 2.02 - Page 2 Empty
Ven 1 Mai - 20:48




we want war
— « Marga, little fox » —

La furie enfonça la lame dans la gorge de sa victime. Elle retira la dague d'un geste sec, le sang se mit à couler à flot et le cadavre chuta à terre. Margaery virevolta, faisant voler sa crinière de cheveux sanguinolente. La guerrière pressa l'étalon et l'engagea dans le long corridor de pierre. Les sabots de l'animal résonnaient contre les dalles. La pénombre l'entourait et son cœur battait excessivement. Seule présence humaine, son souffle rauque contrastait avec la mort environnante. La jeune femme comptait inlassablement : un, deux, trois... un, deux... Ses compagnons étaient tous tombés. Après la percée, les Etrangers avaient laissé éclater leur cri de triomphe. Cela avait été de courte durée pour le groupe qu'avait rallié Marga, la garde ennemie leur était tombée dessus. L'Eliaryenne n'était en vie que car sa monture s'était emballée dans la panique, renversant tous ses assaillants, le cheval s'était engagé dans de courtes ruelles rendant sa traque impossible. Sur le qui-vive, elle poussait sa monture au hasard, avec une foi aveuglante en son heur. Le temps lui était devenu étranger, et ce n'est que lorsqu'elle déboucha dans la vieille-ville qu'elle discerna grâce au Soleil le milieu du jour. Il lui avait sembler errer durant des heures dans les sous-ruelles de Vivendale. A l'Est de la cité résonnait un tonnerre de cris, elle reconnu dans la cohorte de voix, les chants guerriers de la faction étrangère. La rue était déserte, la jeune femme s'apprêtait à galoper dans leur direction, lorsque le sifflement distinct des flèches qui fendent l'air la figea. Des sauvages venaient de rejoindre la citadelle. Hommes et femmes brandissaient glaives, lances et arcs. Sans peine Margaery les reconnut, dans un même mouvement approchaient les Ombrageux. Son visage se fendit de dégoût, il avait préféré rallier le Haut-Gouvernement que de supporter l'envahisseur. Katharina leur offrait la liberté, il la remerciait par le sang. Un nombre restreint d'Etrangers s'engagea à leur rencontre. Peu avait pénétré Vivendale, et l'essenciel de ceux qui y étaient parvenus fonçaient à brides abattues vers les portes Sud pour ouvrir à Katharina. Son coeur battait à tout rompre, seulement cachée par un pan de mur, elle n'était qu'à une dizaine de mètres de la Guilde. Pendant quelques secondes les deux camps se firent face immobiles, puis d'un accord tacite, ils s'élancèrent l'un sur l'autre. Les lames fendirent l'air et les flèches déchirèrent le ciel. La détresse des Etrangers s'éleva massivement parmi le vacarme. Laissant échapper ses propres larmes, Marga quitta sa cache et rejoignit la cohue. Lâchant les rênes, elle abattit sur les sauvages une vague de flèches mortelles. Sous le pression l'arbalète rompit, et les échardes entaillèrent ses doigts et ses poignets. Ignorant la douleur, elle dégaina son arme à double tranchant. Saisissant fermement l'épée par le pommeau, elle tailladait l'adversaire de toute part. L'étalon l'épaulait, ruant et frappant tout assaillant qui les atteignait. Les combattants se figèrent lorsque perça un cri surhumain. Rejetant les longues mèches ensanglantées qui lui tombaient sur les yeux, elle discerna l'homme à un arpent d'elle. Son sang se glaça. Elle reconnut la chevelure brune d'Aaron. Son corps rua sous la souffrance lorsque l'Ombrageux retira de son thorax le long glaive. Il s'effondra. Embrassée par une sourde folie, elle talonna fougueusement l'animal. Il lui ouvrait un passage, mordant quiconque agrippant sa cavalière. Le tueur d' Aaron la toisa, il attendait sa venue, riant sombrement. Il passa par dessus l'épaule l'arc, et l'arma en une fraction de secondes. La tête de flèche s'enfonça dans le poitrail du cheval, il se cabra et retomba lourdement au sol. Désarçonnée, la furie s'abattit au sol, sa tête et son dos heurtèrent violemment la pierre. Marga perdit connaissance quelques secondes, on était entrain de la piétiner. Elle rampa faiblement jusqu'à la carcasse de la bête, son épée avait glissée hors de portée. Péniblement elle se releva, tout son corps lui transmettait la douleur, mais cela n'était rien comparé à la perte de l'être aimé. Incroyablement le tueur n'avait pas bougé. Un espace se dégageait autour de lui, c'était comme si Elia et le Trisäl souhaitait que s'affrontent ces deux combattants, que le gagnant revendique la suprématie de ses divinités. La rouquine avançait tel un spectre parmi les guerriers, personne ne la percevait. Elle s'élança sur le tueur. Ils roulèrent à terre, il la frappait, l'étranglait, rien ne l'arrêtait. La lionne le mordit à la gorge, elle déchira la chair et le sang s'engouffra dans sa gorge. L'Ombrageux roula sur le côté, l'injuriant. Elle recracha le sang. Alors qu'il se tordait lamentablement sur le sable, elle se traîna jusqu'au corps d'Aaron. Elle le retourna dans un effort ultime. Des bras de tortionnaires se refermèrent sur elle, la tirant en arrière. Le visage du mort n'était pas celui d'Aaron... Le soulagement qui la gagna contrasta instantanément avec son effroi. Les Ombrageux avaient pris le dessus sur le quartier Est, les corps des Etrangers jonchaient la terre battue. Les derniers survivants prenaient la fuite. L'homme qui la retenait fut rallier par l'ensemble des Ombrageux. L'un d'eux leva son poignard. Il allait s'abattre dans sa poitrine, lorsque l'un de ses compagnons saisit son poignet. Le poignard s'immobilisa.
“Regarde-là, ce n'est pas une vulgaire putain ou une simple guerrière. - Margaery se débattit - Celle-ci est précieuse.”
“Sales chiens”, rugit-elle.
“Pas une putain ? Pourtant elle m'en a tout l'air a juré ainsi.” Ils éclatèrent de rire. La jeune femme cracha au visage de son ravisseur.
“Katharina tient Vivendale, vous êtes finis !”
Un grand blond la frappa à l'estomac, ses poumons se vidèrent. “Foutre diable, elle a la langue bien pendue. Nous verrons si elle a du coffre lorsque les flammes la déshabilleront.” Margaery hurla sauvagement. Ils la poussèrent jusqu'à la place centrale et la ligotèrent au piquet. Arrachant aisément des planches de bois aux bâtisses, ils dressèrent son bûcher. L'Eliaryenne se débattait comme une folle, ses liens résistaient. Le blond qui l'avait frappé s'approcha radieux : “Cris tout ton soûl ma jolie, que l'on entende jusqu'en dehors de la cité. Ton peuple ne tardera pas à subir ton sort.” Et il mit le feu.


Non.:
Revenir en haut Aller en bas
Cody D. Everglade
Cody D. Everglade

écrivain à succès
Nombre de messages :
279
Date d'inscription :
05/07/2013

We want war | Episode 2.02 - Page 2 Empty
Ven 1 Mai - 23:40




Maximilian Ainsworth
— « A brother's duty » —

A
llongé sur son lit précaire, les mains derrière la tête, Maximilian reconsidérait son choix. Le camp des Ombrageux était vide, ustensiles renversés et braises encore fumantes, comme si les guerriers avaient été forcés de quitter le campement à la hâte. Il était le seul à être resté, pour surveiller et dissuader quelconque intrus oserait s'aventurer jusqu'ici. Enfin, c'était la raison officielle. Les Ombrageux n'avaient même pas bronché quand Max leur avait annoncé sa décision de rester ici. C'était tout juste si ils l'avaient entendu. Son faux pas avait décidément du mal à passer pour la plupart, et il ne pouvait pas leur en vouloir. Mais cela serait mentir de dire que la sécurité du camp le préoccupait à ce point. Max était un lâche, et le savait pertinemment bien. L'idée même de tuer, massacrer des être humains, qu'ils soient Etrangers ou non le révoltait. Alors c'était le coeur gros et la tête basse qu'il avait observé les Ombrageux s'élancer vers la ville, armes aux poings ou sur le dos, la rage de vaincre aux lèvres. Si il s'était laissé convaincre par Aria de rejoindre la Guilde, c'était entre autre pour ressembler à ces hommes et femmes de l'ombre. Il devait bien se l'avouer, cet état d'esprit n'était tout simplement pas dans sa nature.

Se raclant la gorge, le jeune homme se mit debout. Que faisait-il ici, à longer les pans de toile de sa tente, au beau milieu d'une fraternité qu'il décevait au lieu d'aider? Il était un poids mort, destiné à rater tout ce qu'il entreprenait, voila la réponse. Max se retint d'hurler. Il sortit de sa tente, plus abattu que jamais. Il pouvait prendre ses affaires et partir, ce n'était pas comme si on remarquerait son abandon sa disparition. Curieusement, l'Ombrageux ne pouvait se résoudre à le faire. Une nuit repassait sans cesse dans sa tête. Sa rencontre avec Aria, qui avait commencé par une course poursuite pour continuer avec une dispute et finir avec une promesse, une idée folle qui n'avait pas paru plus insensée que ça. Aria, devenue esclave à cause de lui et sa propriété désormais, même si il détestait ce mot. Il ne pouvait pas la laisser comme ça, partir sans un adieu. D'une manière ou d'une autre, il s'était attaché à la fougueuse Villageoise, et il admirait son courage, qui rivalisait seulement avec son don d'aller se foutre dans des situations pas possibles.  

Une grimace aux lèvres, ce n'était que quelques secondes plus tard qu'il réalisa qu'Aria était elle aussi, en plein milieu de la bataille. Et connaissant son caractère, elle devait même se tenir aux premières lignes de l'assaut. Un sentiment de peur lui retourna l'estomac. Son esprit était tétanisé, mais ses jambes fonctionnaient d'elles mêmes, le portant jusqu'à son épée. D'une main tremblante, il caressa le fourreau gravé de symboles entrelacés. Pas si loin d'ici, des hommes et des femmes se battaient pour la liberté. Lui allait se battre pour la seule famille qui ne le détestait pas.

Spoiler:







© Fiche par Hailey J. Kingston pour Expiation exclusivement
Revenir en haut Aller en bas
Cody D. Everglade
Cody D. Everglade

écrivain à succès
Nombre de messages :
279
Date d'inscription :
05/07/2013

We want war | Episode 2.02 - Page 2 Empty
Dim 3 Mai - 14:50




Dmitri T. Vrishnic
— « Able to help again » —

Ce n'était pas vraiment comme ça que Dmitri avait imaginé son voyage. Trouvé ivre mort par des Etrangers dans la forêt, il était revenu d'une façon ou d'une autre vers  Vivendale. Titubant et trébuchant, c'était l'esprit un peu plus vif qu'il s'était installé non loin du Mur. Il lui fallut plusieurs minutes avant de voir les troupes ennemies s'avancer vers la ville. Fronçant les sourcils, il se demanda si l'alcool faisait toujours effet. Il jeta un regard noir à la bouteille pratiquement vide qu'il tenait toujours en main, qui ne s'était  miraculeusement pas cassée lors de ses nombreuses chutes sur le chemin du retour. Hélas, les cris et les hurlements de l'autre côté du Mur confirmèrent ce qu'il venait d'apercevoir. Le combat décisif était prévu pour aujourd'hui, et il était pile au mauvais endroit, au mauvais moment.

Il songea à courir vers la porte Sud, hurlant aux Gardes d'ouvrir la grille, mais il décida que c'était une mauvaise idée. A gesticuler comme un dingue, il se ferait transpercer de toutes part avant même d'avoir pu émettre le moindre son. Y aller tranquillement n'était pas vraiment mieux. Personne ne le connaissait du côté des Gardes. Ils le prendraient sûrement pour un Etranger. Le mieux pour Dmitri était de rester caché, de compter les points silencieusement et d'imaginer les excuses qu'il proclamera aux vainqueurs. Satisfait de sa décision, il s'assit en tailleur et prit soin de déposer la bouteille le plus loin possible.

[quelques minutes plus tard]

Finalement, il avait bien fait d'emmener la bouteille. Déchirant un bout de sa veste, Dmitri versa le restant du liquide brun sur l'étoffe avant de l'appliquer sur la plaie d'un blessé. Le combat venait de commencer, pourtant des dizaines de victimes jonchaient déjà le terrain, faces tournés vers le ciel, implorant leurs Dieux de leurs yeux vitrés. Le brun n'avait pas su rester inactif en voyant certaines personnes se tordre de douleur, qu'il soit Etranger, Ombrageux ou Villageois. Il avait porté un blessé qui se tenait l'épaule à l'abri du Mur. L'homme en question marmonnait des mots incompréhensibles, qui devinrent rapidement des grognements de protestation quand l'alcool entra en contact avec sa peau. Dmitri désinfecta la plaie et commença un bandage de fortune. Le blessé s'était tu, respirant rapidement. Le voyageur se releva une fois fini. Les vêtements de l'homme lui indiquèrent de quel côté il se battait. Pour Dmitri, cela importait peu. Au moins, il avait sauvé quelqu'un. Qu'il le méritait ou non, ce n'était pas à lui de juger.

Spoiler:








© Fiche par Hailey J. Kingston pour Expiation exclusivement
Revenir en haut Aller en bas
Alessandra de Marbrand
Alessandra de Marbrand

Fondatrice
Nombre de messages :
1156
Date d'inscription :
24/10/2012

We want war | Episode 2.02 - Page 2 Empty
Mer 13 Mai - 23:53



roy larisson
— « war in heaven » —

Il posa ses lèvres sur la main délicate de la jeune femme, elle arborait un sourire espiègle et enjôleur comme il n'en avait plus vu depuis longtemps. Avant son mariage on ne cessait d'envier le charme de Lord Larisson, il avait toujours aimé la compagnie des femmes... puis Caitlin arriva dans sa vie et les baisers volés lors d'un bal courtisé ainsi que les audacieuses prétendantes disparurent laissant place à la monotonie d'un mariage sans amour.

« Mais dîtes moi, Caitlin n'est pas là? demanda alors lady Kinney avec surprise. Elle jetait des coups d'oeils autour d'elle, comme si elle craignait que l'épouse tant redoutée vienne interrompre leur moment. Mais il n'y aurait pas d'interruption, car Caitlin était déjà loin, lancée dans une rébellion perdue d'avance. Elle avait tout simplement prit la fuite aux yeux de son époux. Partie, elle était partie. Peut être même n'était-ce pas leur société qu'elle fuyait, mais lui même. Qu'importe après tout, elle est partie, elle ne reviendra pas. songea-t-il.

« Tout à fait, elle est partie. » répondit-il vaguement, il n'avait pas même de réponse claire pour lui même. La blessure était peut être trop récente. « Certains se tiennent face au danger, d'autres choisissent la fuite » acheva-t-il d'un ton faussement ironique. Leurs corps se rapprochèrent doucement, délicatement. Le jeune homme esquissa un sourire « Vous par contre, vous m'avez tout l'air d'une battante » lui glissa-t-il à l'oreille d'un ton aguicheur. En même temps qu'il disait ses mots un sourire éclaira son visage, jamais il ne pensait retourner à nouveau dans cette position de flirt...et ça lui avait manqué terriblement.

Soudain, le sol trembla, les murs vacillèrent comme secoués par les cris de la foule qui recouvrait presque le terrible fracas s'élevant à l'extérieur. Le jeune homme tourna la tête, son regard passa entre certains qui pleuraient, hurlaient ou même priaient pour leur salut, en tournant un plus la tête il vit un petit groupe de nobles clamaient qu'il était temps de se battre eux-aussi. Roy comprit alors : l'armée étrangère était dans l'Enclave. Il réalisa alors qu'il avait agrippé Romane durant le séisme, prêt à la protéger coûte que coûte ou la rassurer. Il recula d'un pas, confus, que faisait-il ?

Il ouvrit la bouche pour s'excuser mais ses murmures se perdirent dans le brouhaha qui habitait le temple. Son regard planté dans celui de la jeune femme, il se détourna, jetant un dernier regard circulaire vers le reste du monde. Par l'Eliare il aurait souhaité que le monde s'arrête de tourner, qu'il puisse profiter un peu plus longtemps de sa nouvelle liberté avant de devoir foncer dans une bataille perdue d'avance. Mais par fierté, il se battrait, l'idée de plier le genoux face aux étrangers sans participer à la bataille le révulsait. Il n'était pas un faible, il n'était pas un lâche, il ne fuyait pas face à l'ennemi.

Le jeune homme accorda un dernier regard vers Romane, puis il disparut dans la foule. Il était prêt à prendre les armes, il était prêt à se battre.




Maé:
Revenir en haut Aller en bas
Clarence A. Wellington
Clarence A. Wellington

Vrai de vrai, cent pour cent pur jus
Nombre de messages :
143
Date d'inscription :
13/06/2014

We want war | Episode 2.02 - Page 2 Empty
Jeu 14 Mai - 10:46





Clarence A. Wellington
— « Body and Soul ~ » —

C ela faisait maintenant plusieurs minutes qu’une chape de plomb pesait sur la blonde et ses deux interlocuteurs. Coupée du monde extérieur, emmurée par trop de passivité, elle n’aurait su dire depuis quand elle était arrivée en ces lieux. Le Temple semblait hors du temps, inatteignable et inaccessible. Cependant, elle remarquait de plus en plus de l’agitation parmi ses congénères. L’atmosphère changeante semblait définitivement sombrer, orageuse et chargée en électricité. Palpable, la pression montait, au rythme des foulés de l’Etranger. La confrontation était inévitable, et comme l’avait spécifié Sir Larisson, la guerre, enclenchée. Clarence suffoquait, comme prenant tout à coup pleinement conscience du massacre qui ne manquerait pas de suivre. Elle ne pouvait rester là, elle se sentait oppressée, opprimée. Le toit du Temple lui semblait de plus en plus bas, lourd, pesant sur son esprit tel un couvercle. Ses parois hermétiques paraissaient se refermer sur son corps frêle, lui empêchant d’esquisser le moindre mouvement. Prisonnière de ses murs, la panique s'emparait d'elle sans qu'elle ne puisse lui résister. Une goutte de sueur perlait sur son front. Lorsqu’ils entreraient, le lieu de culte serait pris d’assaut, cible facile, vulnérable et privilégiée. Plus que jamais elle désirait s'enfuir, mettre un terme à cette captivité volontaire et absurde. Après tout, y avait-il une seule chose, une seule personne capable de la retenir ici ?

Elle se leva tout à coup, brusquement, avant d’adresser un sourire gêné aux personnes l’entourant qui, déjà, faisaient valser leurs prunelles inquisitrices sur sa personne. Puis, sans plus attendre, elle se dirigea vers la porte. Elle voulait ses pas mesurés, sa démarche harmonieuse. Cependant, ils semblaient suivre la cadence accélérée des battements de son cœur, s’affolant, hors de contrôle. Sa robe, alliance de tulle rosé et satin ciel bleu l’entravait. Trop sophistiquée. Jamais elle n’aurait cru arriver à penser ainsi. Elle trébucha sur la dentelle de son ourlet, et tandis que le tissus malmené hurlait au martyr, percuta un anonyme. Une insulte fusa. Sans y prendre garde, ni même adresser un simple regard à l’offensé, elle continua sa route. Elle aurait voulu disparaitre, se tapir sous terre. Elle avait cru que la présence de gardes autour d’elle, ainsi que celle de tous ces gens la rendrait moins fragile, qu’alliés ils pourraient former une coalition qui lutterait contre l’ennemi. Elle pensait qu’ils étaient forts, ou du moins plus forts qu’elle. Elle s’imaginait le Temple tel un îlot préservé, où rien ne pourrait arriver. Du moins rien de réel. Cependant, même en ce lieu la mort frappait, l’insécurité régnait, et tous semblaient plus préoccupés par l’apparat que par les faits. Ils pensaient n’avoir rien à craindre. Elle était persuadée du contraire, mais ne pourrait compter que sur elle-même. Comment un instant avait elle pu s’imaginer en sureté à leurs côtés ? Comment avait elle pu accepter de remettre sa vie entre leurs mains, d’accéder au rang de témoin apathique de sa propre existence ? La blonde était pétrifiée. Cependant, elle s’avouait ce sentiment pour mieux tenter de le contrer. Impossible. Elle ne savait pas ce qui l’attendait dehors, mais pouvait en deviner les contours, en réponse à cet écho sournois et tapageur, ce râle guerrier se rapprochant inexorablement. Pour la première fois, elle élisait son futur toutes cartes en main, et ne pourrait s’en prendre qu’à elle-même en cas d’échec. Elle ne se faisait pas d’illusions. Au fond, peut être même avait elle envie de le rejoindre ? Tout serait tellement plus facile alors … Non. Elle ne mourrait pas. Pas avant d’avoir élucidé un dernier mystère. Celui de sa toute récente disparition. Elle lui devait bien ça. C’était la seule chose qu’elle pouvait encore lui offrir – un repos éternel, à l’abri de ces venimeuses rumeurs lancés par maintes langues trop fourchues.

Les hommes de l’Enclave eux aussi semblaient réagir à l’avancée de l’ennemi, certains se précipitant vaillamment vers l’embouchure du Temple, désireux de prendre les armes et de lutter corps et âme.

Et elle, que ferait-elle une fois dehors ? Elle n’en avait pas la moindre idée. Elle voulait seulement respirer. Marcher. Courir. S’enfuir. Echapper à leur emprise. Elle avait soif de liberté.

Dans l’entrée, les nobles s’agglutinaient. Le regard fixé sur le sol, elle courait presque, maintenant, essayant de se frayer un chemin parmi toutes ces bonnes âmes soudainement touchées par la grâce de vertu. Un élan de conscience et de bonté. Aurait-il fait partie de ceux-ci ? Peut être n’était elle pas encore prête à en entendre la réponse.

Elle traçait à présent son propre chemin, et rien ni personne ne pourrait l’en empêcher. Ils n’avaient aucun pouvoir sur elle, ne pourraient jamais la faire plier. La jeune femme laissait là ses congénères, préférant fuite à inertie. Euphorique, elle laissa échapper un rire cristallin mêlant nervosité à félicité. Enfin, elle était dehors. Cet acte de rébellion aurait pu paraître mineur à n’importe qui, cependant pour elle il avait une toute autre saveur. Pour la première fois de sa vie, elle menait l’embarcation, et la dirigerait là ou bon lui semblerait. Alors qu’à l’extérieur des barricades les combats faisaient rage, et que la ville assiégée semblait sur le point de plier, Clarence Wellington se sentait plus libre qu’elle ne l’avait jamais été.
Déjà, ces hommes, qu’elle avait si souvent côtoyés, se jetaient entre les griffes acérées d’une mort certaine. Le fracas métallique des armes, l’odeur fraîche du sang que l’on répandait abondamment, ainsi que le nuage de fumée enveloppant certaines des plus riches maisons de l’Enclave, toutes ces horreurs qu’elle n’aurait jamais voulu voir ou même percevoir la frappaient à présent avec violence. C’était donc ça, que la gente masculine évoquait avec grand voix où se discernait crainte marquée de profond respect. Elle détourna les yeux - cependant, même en fermant étroitement les paupières, il lui semblait pouvoir encore en percevoir l’image, qui désormais habitait son être. Enfin, elle pouvait mettre une estampe claire et explicite sur ce qu’ils nommaient communément la guerre.

Relevant le bas de son jupon, elle dévala l’escalier d’entrée du Temple, laissant derrière elle le symbole des lourdes chaines du passé. L’oiseau azur venait de quitter sa cage dorée - pour atterrir sur un terrain miné, prolongé par champs de ruines. Il avait choisi la liberté. Désormais, il ne pourrait plus se poser, atterrir durant ne serait ce qu’une fraction de seconde ; condamné à voler, à s’échapper jusqu’à ce que ses ailes ne puissent plus le porter. Tu as choisi. Maintenant cours. Elle s’élança et, dans un tourbillon de taffetas rose et bleu, s’engouffra dans la ruelle la plus proche.

Sans même s’apercevoir de la filature.


© Fiche par Hailey J. Kingston pour Expiation exclusivement
Revenir en haut Aller en bas
Malbe
Malbe

Expié engagé
Nombre de messages :
857
Date d'inscription :
06/12/2013

We want war | Episode 2.02 - Page 2 Empty
Jeu 14 Mai - 11:31


 

James C. O'Kinnley
— « It's time for blood to flow » —

Il était posté en haut du mur. Aucun garde de Vivendale ne faisait attention à lui, ils étaient tous prêts au combat avec ceux de devant. L'Ombrageux attendait que les Etrangers fassent leur entrée. L'épée à la ceinture, l'excitation dans le sang, un sourire impatient sur le visage, le fourbe était pourtant d'un calme troublant. Il regardait l'armée aux portes avec un mélange de haine et ivresse jubilatoire. Il avait ses doigts enroulés autour de la fusée, décidé à dégainer l'arme à tout moment. Si James avait choisi de s'allier à la ville, c'était pour défendre le peuple, pour défendre sa Terre. C'était pour écraser les barbares, pour détruire cette fillette aux cheveux d'argent qui se prenait pour une reine. James l'avait en horreur. Cette fillette, cette gamine au dit sang noble, cette enfant qui se disait conquérante. A vrai dire il avait en horreur toute demoiselle qui se pensait importante, qui se prétendait supérieure. Si les femmes devaient rester à leur place, les filles, elles, n'avaient rien à dire. James n'avait de respect que pour les celles de la Guilde. Et encore ... Les yeux du pirate glissait sur la foule d'en bas, qui s'acharnait sur la grande porte. Les archers du mur visaient les Etrangers, rapide mais inutile tant l'armée était imposante.

Et dans un métissage de cris barbares et hurlements de remparts, la porte céda.

La marée de Katharina forçait le passage en tuant tout ceux qui s'y trouvaient. Radical. Efficace. Un peu comme sa propre méthode. James avait quitté son poste d'observation et dans des râles inhumains, il tranchait des têtes, transperçait des corps, arrêtait des coeurs. Il riait l'assassin, d'un rire euphorique, mauvais, irrationnel. Lorsque son épée perçait une cuirasse ennemie, ses commissures se relevaient en un sourire démoniaque. Il était fou, ivre de sang, soûl de mort.  

Les villageois, en première ligne, avaient des fourches et des bâtons, plusieurs couches de vêtements comme si cela pouvait arrêter les épées de Etrangers. Les misérables se faisaient massacrer. Les femmes étaient montées sur les toits et lançaient des pierres de toutes leurs forces. Les barbares grimpaient et les faisaient descendre en tirant les jupes. Les pauvres glissaient et tombaient pour finir piétinées. Mais James ne regardait pas. Il était comme aspiré par l'adrénaline, plongé dans un combat plus que sanglant ... Il démembrait, tranchait, perçait sans une lueur de contrariété. Il savourait le bruit des épées qui s'entrechoquaient, l'horrible plainte d'un homme agonisant, l'hypnotique mugissement primitif des soldats en guerre. Il abattait son arme, toujours plus rapidement, encore plus aveuglément. Il ne pensait plus qu'à faire couler le sang.


© Fiche par Hailey J. Kingston pour Expiation exclusivement
Revenir en haut Aller en bas
Dante N. Knightley
Dante N. Knightley

écrivain à succès
Nombre de messages :
304
Date d'inscription :
14/11/2013

We want war | Episode 2.02 - Page 2 Empty
Jeu 14 Mai - 13:59




Tobias Walsh
— «  Shut up and dance with me » —

Tobias se trouvait non pas près de la Reine mais dans les premières lignes. Il s'y était faufilé sans autorisation mais aucun n'avait revendiqué. En même temps, être espion de la Reine avait ses avantages et ses inconvénients. Il était donc là, parmi la cavalerie, perché sur un animal fougueux qu'il maîtrisait d'une main. Tous les Etrangers montaient depuis leur plus jeune âge et la plupart d'entre eux possédaient un cheval, guerriers ou non. Mais lui n'avait pas grandi parmi eux et même s'il appréciait l'équitation, il ne portait pas d'affection particulière à ces quadrupèdes. Ils étaient un moyen de circulation comme un autre et certains Etrangers étaient parfois outrés quand il tenait ces propos mais il s'en contrefichait. Un jeune soldat le sortit de ses pensées en lui adressant la parole. Tobias se tourna vers lui après quelques instants et l'étudia rapidement. Il tremblait d'excitation mais de peur et portait une ridicule armure. Il lui demanda de répéter d'un geste vague. « Vous combattez avec seulement un arc? »

« Qu'importe la façon, du moment que j'y arrive. N'est-ce-pas? » répondit-il d'un ton amusé et lent. Le jeune homme à la peau métissée sembla déconcerté par sa réponse et cligna des yeux, détournant la tête.

L'adrénaline et l'excitation secouait les rangs d'un seule et même sentiment. Ils frissonnaient tous au même moment, inspiraient et expiraient tous dans une symbiose perturbante et frémissaient tous au mêmes signaux. Mais celui qui les secoua tous au même instant, dans une parfaite harmonie de hurlements, ce fut quand Katharina en personne lança LE signal tant attendu. Vivendale allait être prise d'assaut.

Le peuple en entier s'élança vers l'Enclave, mués d'un sentiment de victoire. Tobias ne voulait pas se faire d'illusions, mais Katharina avait tout planifié et Vivendale, aussi puissante soit-elle, ne résisterait pas face à eux. Ils étaient trop nombreux, trop soudés, trop envieux d'une terre et ils obtiendrait celle là, quitte à leur voler. Plusieurs Etrangers furent toucher par les quelques flèches maladroitement et irrégulièrement décochées mais une partie de l'armée étrangère se trouvait déjà au pied de la première porte. Tobias tourna avec une partie des Etrangers sur le côté Est, et l'armée se divisa pour encercler les murs, organisés comme un spectacle. Cela devait être beau et impressionnant à voir. Armé de son arc, le brun ne tira cependant pas, il attendrait d'être placé face à la porte Est. La porte Sud fut ébranlée et la force propulsée contre les parois ébranla l'Enclave entière. Les cris des Etrangers redoublèrent d'intensité tandis que ceux des Nordiens s'étouffèrent. Assourdi par le vacarme, il agissait par instinct, aidant ses compagnons à percer la résistance matérielle. Puis brusquement, une vague de hurlements les firent tous sursauter, de part et d'autre du Mur. La porte Sud venait d'être forcée. Tobias afficha un rictus féroce et redoubla d'efforts pour briser la faille qu'ils forçaient depuis leur arrivée. En sueur, il sentait ses muscles trembler sous l'effort mais ils étaient trop proches du but pour abandonner. La partie du mur se fissura brusquement, et après quelques secondes une partie s'effondra lourdement à l'intérieur de l'Enclave. Les Etrangers se déversèrent à l'intérieur tel une vague d'insectes et commencèrent le massacre. Tobias commença à frénétiquement décocher des flèches, les récupérant dans les yeux de ses victimes pour les replanter dans la gorge d'un autre. Il exécutait une sorte de danse mortelle, virevoltant de droite à gauche. Aucun homme dans la mêlée se réfléchissait, il ne s'agissait maintenant que d'éliminer le plus d'ennemis possible, de tuer et faire couler le sang. Ils retournaient à leur état primitif, le jeu du chat et de la souris, du prédateur et de la proie, sauf qu'ils n'étaient plus en chasse, non ; l'heure était au combat dans plus simple et clair apparat. Le combat où il n'y avait qu'une issue binaire : la mort ou la victoire.

Alors qu'il dansait parmi les combattants, une lame écorcha férocement son bras bandé et il poussa un hurlement de douleur. Le muscle du biceps fut tout simplement tranché en profondeur et il fit une grimace de douleur en sentant le sang chaud couleur sur son épiderme intacte. Sa flèche partit aléatoirement avec très peu de vitesse, et il fit son maximum pour ne pas laisser échapper son arc. Il ne trouverait pas le coupable dans la foule mais il devait absolument en sortir car il se trouvait actuellement sans défense. Jouant des coudes et assommant de son arc, il réussit de justesse à s'extirper du combat et plongea dans des box, autrefois certainement une ferme. Se cachant derrière un tas de foin, il s'octroya quelques minutes pour observer sa blessure et la soigner avec un bandage de fortune. Il mordait ses joues pour combattre la douleur. Cette vulgaire coupure l'avait mis dans un état seconde et son but n'était plus seulement de gagner Vivendale, mais de tuer aussi le plus d'habitants. Le brun poussa un sourd grognement et testa la résistance de son bras avant de se redresser. Il n'abandonnerait pas aussi vite. Et il retourna de nouveau dans la mêlée avec un cri de guerre absolument terrible.

La situation allait très clairement basculer dans peu de temps.


© Fiche par Hailey J. Kingston pour Expiation exclusivement
Revenir en haut Aller en bas
Dante N. Knightley
Dante N. Knightley

écrivain à succès
Nombre de messages :
304
Date d'inscription :
14/11/2013

We want war | Episode 2.02 - Page 2 Empty
Jeu 14 Mai - 15:06




Romane M. Kinney
— «  You really don't know what you're doing » —

Sir Larisson mit un peu de temps à répondre, ne lui donnant qu'une réponse vague. « Tout à fait, elle est partie. Certains se tiennent face au danger, d'autres choisissent la fuite » Elle se perdit un moment dans ses yeux ; la couleur oscillait entre le bleu et le gris mais elle avait déjà vu ses yeux presque brun tant ils s'assombrissaient quand il fronçait les sourcils. Ses prunelles se promenèrent sur son visage et elle baissa les yeux sur ses lèvres. Sensuellement ourlées, la courbe délicate de sa lèvre supérieure lui donnait l'impression de faire constamment la moue. La blonde redressa le menton alors que Roy s'approchait lentement, plaçant ses délicieuses lèvres près de son oreille. Elle posa une main sur son épaule, légère et sans signification réelle. Un frisson parcouru son échine lorsque le souffle délicat effleura son épiderme. « Vous par contre, vous m'avez tout l'air d'une battante » Un immense sourire éclaira son visage et elle devina le sien également. Elle ouvrit la bouche pour lui répondre mais elle n'eut pas le loisir de lui répondre.

Un long et sourd tremblement ébranla le Temple en entier. Des cris s'élevèrent et Romane se cramponna instinctivement à Roy. Il glissa un bras autour de sa taille et ils observèrent les alentours, les yeux écarquillés et alarmés. Puis quand un semblant de calme revint, ils se regardèrent et se séparèrent d'un même mouvement confus. La blonde plissa les yeux en voyant son attitude changer du tout au tout. Les familles de réfugiés criait des prières à travers le Temple, les plus âgés s'agenouillaient en silence et fermaient les yeux, en attente de leur sort. Romane les regardait, outrée par leur manque de fierté et de courage. Ce n'était que des lâches pour la plupart d'entre eux. Un homme se dressa et tenta de donner des commandes. L'attention de Roy fut attirée par cette voix grave et ils le regardèrent sans le comprendre. D'un même mouvement, leurs regards se croisèrent de nouveau et Romane vit le désir de Roy de les rejoindre. Et jamais elle ne permettrait de l'en empêcher. Il n'était, à la base, qu'une distraction dans ce temple. A la base...

Elle inclina la tête en avant et le regarda partir en silence. Elle resta plantée là, bousculée par les autres Nobles qui s'affolaient. Une seconde secousse fit trembler le sol mais les hurlements se rapprochèrent. Tous les occupants du bâtiment se tournèrent vers la porte principale, certes barricadée mais qui ne tiendrait probablement pas le choc. Les Etrangers étaient juste là. Le groupe d'homme disparu de son champ de vision, emportant Roy avec et elle frémit pour se reprendre en main. Muée d'un nouvel élan de courage, elle ramassa ses jupons et trottina jusqu'à ses parents. Eux aussi étaient en train de prier, sa mère serra un mouchoir ayant appartenu à sa propre mère. Romane leva les yeux au ciel et les tira par le bras pour qu'ils rejoignent la crypte avec les autres familles. Seuls les hommes restèrent et elle se retrouva bientôt la seule femme au milieu du brouhaha. Les enfants retardataires s'enfoncèrent dans l'entrée souterraine et son père lui intima d'y aller à son tour par quelques gestes. Mais la blonde secoua la tête avec détermination : elle n'irait pas se cacher. Les premiers hommes commencèrent à entrer mais une nouvelle secousse survint et Romane tomba à genoux. S'emmêlant les jambes dans les tissus, elle tenta de se relever mais trébucha et se retrouva de nouveau sur le sol. Un cri résonna dans le Temple, et elle se tourna vers son auteur. Un Etranger se tenait là, le poing en l'air en avisant fièrement ses prochaines proies. Prise d'un excès de folie, elle pataugea dans ses vêtements et marcha à quatre pattes jusqu'à l'entrée de la crypte ou les derniers hommes continuaient de s'engouffrer. L'Etranger se dirigea lentement vers elle et la distance parcourue lui parut beaucoup trop longue. Elle ne cessait de tomber et de glisser sur les tissus sales et finit même par de traîner à la seule force des bras. D'autres Étrangers entrèrent dans le Temple et les nerfs de Romane craquèrent. Elle se mit à sangloter misérablement, alternant entre essoufflements et pleurs, crachant ses poumons. Les bruits de pas se firent plus intenses et elle avait l'impression de ne pas avancer, ce qui était probablement le cas. Elle ne voulait pas mourir en lâche. Alors elle s'immobilisa et roula sur le dos. Elle fit face à l'Etranger qui la saisit sans ménagement pour la redresser. Se plaçant dans son dos, il la bloqua d'un bras avec une facilité déconcertante mais garda sa lame loin de sa gorge. Elle tenta de se débattre mais elle pouvait à peine bouger, son bras compressant douloureusement sa poitrine et ses épaules. S'arrêtant brusquement elle grogna entre ses lèvres d'un ton énervé.

« Vous ne savez pas ce que vous faîtes! Lâchez moi!! » Des rires accueillirent sa déclaration et la susceptibilité la fit lâcher un cri de frustration et de colère.


© Fiche par Hailey J. Kingston pour Expiation exclusivement


Hors RP:
Revenir en haut Aller en bas
Dezbaa
Dezbaa

Expié de talent
Nombre de messages :
414
Date d'inscription :
03/04/2015

We want war | Episode 2.02 - Page 2 Empty
Sam 23 Mai - 14:06




Freyja E. Shestën
— « The music of the dance of death. » —

Freyja était rongée par l'impatience. Sa monture piaffait autant qu'elle, frappant frénétiquement le sol de ses antérieurs. Elle la retenait par la bride, ne lui laissant aucun mou, de la même manière qu'elle tentait de bloquer l'ardeur de ses démons. De là où elle était, elle distinguait très nettement les remparts de la ville. Elle imaginait que la panique, plus habile qu'eux, s'était déjà glissée dans la forteresse et s'emparait des cœurs plus vite qu'ils n'allaient les transpercer. Une esquisse de sourire remonta les coins de sa bouche tandis qu'elle relevait fièrement le menton. Soudain, le signal fut donner. Elle lâcha les rênes et pressa les flancs du cheval, qui s'élança à vive allure, chargeant vers les portes de Vivendale.

La porte Sud ayant cédé à leur assaut, elle fut rapidement engloutie par la masse des combattants et, à l'image de ses semblables, déchira muscles, trancha membres, et pourfendit corps. Des flots de sang jaillissait des êtres, recouvrant le sol d'un tapis carmin. Indifférente à la souffrance, elle n'épargnait aucune vie entravant son chemin. Sa hache s'abattait avec dureté, volant des destins au rythme des coups ; avenirs que son destrier ne tardait pas à piétiner de ses lourds sabots.

Tout autour de l'espionne, les cris de combats et de mort résonnaient. Alliés au fracas de la rencontre du fer et des boucliers, il se constituait une véritable mélodie. Une litanie guerrière qui pulsait jusque dans sa poitrine, donnant à ses bras la vigueur de frapper plus fort, encore plus fort, toujours plus fort. Un homme enflammé accourut dans sa direction. Son cheval prit peur et se cabra pour éviter l'assaillant, désarçonnant instantanément sa cavalière qui chuta, poussant un cri de hargne.

Son crâne percuta le sol pavé avec force. La sensation ricocha en de multiples échos dans sa tête, brouillant ses sens. Sa vue floutée ne lui permit de voir qu'au dernier instant l'épée prête à fondre sur elle. Sans réfléchir, elle roula sur le côté. La lame effleura son bras, déchirant le vêtement et sa peau opaline. Elle poussa un grognement de douleur avant de se mettre à quatre pattes pour chercher sa hache. Elle eut à peine le temps de se relever qu'un coup de pied fila droit vers son estomac et la retourna à nouveau sur le dos. Son attaquant se rua sur elle, maintenant ses bras au sol. Elle tenta de se dégager en se tortillant mais il lui asséna un violent coup de poing dans la mâchoire. Sonnée, elle cracha, du sang coulant le long de la commissure de ses lèvres. Tandis qu'il clouait une de ses mains sous son genou, lui arrachant un cri de douleur, il plaqua une main contre sa gorge et commença à serrer. Le monde se mit à tourner, et son ultime réflexe fut de relever brutalement le genou. L'homme poussa un hurlement de souffrance et sa poigne se desserra : elle avait visé juste. Profitant de cet instant de faiblesse, elle attrapa un piquet de bois qui traînait sur le sol. Voulant le planter dans le cœur de son adversaire, celui-ci eut le temps de retenir son geste. « Si tu crois qu'on tue si facilement un homme comme moi, garce, tu te trompes. Tu vas me le payer cher. » Articulant ces derniers mots, il se pencha vers elle, ramenant dangereusement le pieu vers son visage. Il n'en fallut pas plus à Freyja pour se décider : saisie d'une impulsion, elle tendit le cou et enfonça ses dents dans la carotide du Nordien. Un nouveau cri s'échappa de la bouche de celui-ci. Il tenta de la blesser à l'aide du morceau de bois, mais il ne fit qu'érafler sa joue. Comme il lâchait subitement toutes prises, elle en profita pour le renverser et se placer sur lui. Attrapant un bouclier en métal, elle le leva au-dessus de l'être souffrant. « Les hommes comme toi vont tous mourir. » Il n'eut pas le temps de réclamer sa pitié : elle abattit violemment l'outil défensif sur sa gorge, détachant tête et corps.

Alors, seulement, elle s'autorisa à souffler, lâchant l'arme du crime. Elle se releva lentement, prenant le temps de recouvrer tous ses sens, une perception plus tangible du monde. Tout redevint concret. Aussi, elle ne perdit pas une minute de plus. Inspectant les environs, elle ne tarda pas à retrouver sa hache. Elle s'en saisit fermement et replongea dans la bataille. Les combattants s'étaient éparpillés, et on assistait surtout à des duels, parfois réglés par l'arbitraire d'un troisième soldat. Des maisons étaient en feu, et on entendait des cris venant de l'intérieur. Les Témériens avaient commencé les perquisitions, qui débutaient par le vol des vies des fuyards.

Soudain, une plainte retentit à son oreille, l'obligeant à chercher sa provenance. Tombé, l'un de ses compagnons était, comme elle quelques moments plus tôt, soumis au joug d'une épée nordienne. Malheureusement, il avait déjà perdu l'usage d'un de ses bras, et sa cuisse gauche accueillait une profonde entaille. Sans plus attendre, Freyja poussa un cri de guerre et se rua sur l'assaillant, parant le coup qu'il s'apprêtait à porter. « Va t'en ! » ordonna-t-elle a celui qui, déjà, tentait de se relever pour se traîner, claudiquant, à l'abri. Faisant face à son ennemi, elle l'étudia d'un furtif coup d’œil. Il avait l'avantage de la taille puisqu'il la dépassait sans peine d'une bonne dizaine de centimètres. Ses épaules étaient relativement larges : à sa carrure, elle devinait qu'il était capable d'une force certaine. Bien que plus puissante que la majorité des femmes, elle n'espérait pas en venir à bout en comptant sur la résistance de ses muscles. Non, la souplesse et la rapidité lui seraient probablement bien plus utiles. Jetant sa hache meurtrie par l'affront qu'elle avait fait à la lame du brun, elle dégaina son épée, et engagea le combat.


© Fiche par Hailey J. Kingston pour Expiation exclusivement


Pour Marion :
Revenir en haut Aller en bas
The Evil Queen
The Evil Queen

Vrai de vrai, cent pour cent pur jus
Nombre de messages :
173
Date d'inscription :
07/09/2014

We want war | Episode 2.02 - Page 2 Empty
Sam 23 Mai - 16:38




Jasmine E. Casey
— « It's a disaster I don't wanna hurt anyone. » —

Jasmine avait réussi à pénétrer dans l'enceinte de Vivendale. Ils avaient réussi. Ce n'était qu'une question de temps avant que les Étrangers ne gagnent du terrain et écrasent tout sur leur passage. La guerre est arrivée et c'est trop tard pour la stopper. La jeune femme s'avançait lentement sur le terrain animé, triste et désastreux. Ô combien elle détestait regarder des gens se battre et le sang couler sans aucune émotion et sans pitié. C'était le seul moment où toutes les personnes confondues se transformaient en monstres, ceux de ses plus grands cauchemars, et s’entre-tuaient comme si la situation était naturelle et quotidienne. Tout était sur le point de changer. D'ici quelques heures on connaîtrait le vainqueur ultime de cette bataille ravageuse. Pour le moment, impossible de distinguer qui se défendait le mieux. Les deux camps avaient perdu déjà tant de combattants, et cela ne faisait que commencer. Personne n'allait être épargné parmi la foule déchaînée.  

L’Étrangère se tenait droite, la tête haute essayant de garder un regard constant. Ce n'était pas le moment de baisser les yeux par crainte d'observer la vue massacreuse et immonde devant elle. Un seul faux pas et quelqu'un découvrirait qu'elle était faible. Oui, faible est le mot. La jeune blonde ne pouvait pas se battre, elle était incapable de tuer quelqu'un de sang froid, incapable de faire du mal à qui que ce soit. C'était un grand problème quand on se retrouvait aux premières loges lors d'un champ de bataille. Cela dit, ce n'était pas elle qui allait faire le spectacle, Jasmine allait être celle qui jouerait la spectatrice. Celle qui allait observer ses compagnons s'effondrer un par un devant elle sans pouvoir rien faire. Malheureusement il n'y avait pas d'autres solutions, à ce moment là les Ombrageux et les Villageois étaient détestables malgré qu'ils ne faisaient que de se défendre face à l'attaque imminente et dangereuse que leur infligeaient l'armée venue de l'Autre Terre.

Jasmine Eliana Casey était bien l'une des seules à ne pas avoir revêtu sa plus belle tenue de combat. Aucune arme à part une pauvre lame qu'elle avait dans sa poche en cas d'extrême besoin, elle était inoffensive aux yeux de l'ennemi. Sûrement l'une des seules encore qui ressentait de la compassion et de la peine envers ceux qui n'allaient pas survivre aujourd'hui. Elle ne se voyait pas comme un animal froid et vide de sens qui voulait simplement faire souffrir son rival en guise de vengeance. La blonde se tourna vers un des soldats Étrangers qui était à ses côtés. « Puis-je arrêter cela ? » Il était évident que non. Mais poser une question aussi stupide et inutile la rassurait tout de même en un sens. Des cris retentissaient à travers les rues. Elle continuait d'avancer avec sa petit escorte jusqu'à une ruelle sombre et humide.

On pouvait sentir une odeur de rouillé et d'usure. Mais ils tombèrent nez à nez avec deux soldats Ombrageux. Jasmine se doutait qu'ils allaient être tués dans la seconde suivante, ils ne faisaient pas le poids face à la troupe d’Étrangers derrière elle qui était composée du double de combattants. Ils étaient nombreux qu'eux, les rivaux n'avaient aucune chance. Un de ses alliés s'approcha et leva son épée, prêt à transpercer l'ennemi. La jeune femme s'écria au denier moment. « Attendez. » Ils la regardèrent avec un air d'incompréhension. La petite blonde se positionna alors contre toutes attentes devant les deux Ombrageux. « Laissez-les partir. Je suis de votre côté mais je ne suis pas là pour blesser quelqu'un. Alors évitez de les massacrer devant mes yeux. Je vais m'occuper personnellement de ces deux là, pendant ce temps ramenez-nous des têtes ennemies servies sur un plateau d'argent. » Évidemment elle n'avait aucun rang pour se permettre de donner des ordres mais elle refusait catégoriquement de se salir les mains. Et ses alliés s'avaient qu'elle n'avait pas complètement tort, ils étaient seulement deux dans la ruelle alors qu'il y avait une centaine de rivaux à quelques pas.

Elle observa la troupe regagner le cœur de la bataille et se retourna vers ses deux ennemis potentiels. « Maintenant déguerpissez. Estimez-vous heureux d'avoir encore vos têtes d'imbéciles posées sur vos épaules. » Jasmine les laissa s'enfuir et s'engagea dans une autre ruelle.



© Fiche par Hailey J. Kingston pour Expiation exclusivement
Revenir en haut Aller en bas
The Evil Queen
The Evil Queen

Vrai de vrai, cent pour cent pur jus
Nombre de messages :
173
Date d'inscription :
07/09/2014

We want war | Episode 2.02 - Page 2 Empty
Sam 23 Mai - 18:19




Jade A. McGuire
— « Just a funny time with blood. » —

La jeune femme était sur le point de perdre, de sombrer, de tomber dans le néant et d'abandonner le combat. Elle rouvrait les yeux, en attendant presque que l'ennemi se dépêche d'en finir une bonne fois pour toute. Quand tout à coup, un homme brun débarqua de nulle part et planta brusquement son épée en plein dans le cœur de l'Etranger. Cet ange tombé du ciel venait de lui sauver la vie. Il l'aida à se relever et élimina les autres rivaux alentours. Dante lui lança ensuite son épée qu'elle rattrapa avec une agilité déconcertante. « Merci Superman. Ou devrais-je dire mon glorieux chevalier en armure étincelante. » Elle replaça une mèche brune derrière son oreille en riant et déguerpissait rapidement en adressant un large sourire à son allié. Pas de temps à perdre, le combat était encore actif.

Jade courait en hurlant et fonça de nouveau dans le tas. Elle massacra une dizaine d'ennemis les uns à la suite des autres. Le liquide rougeâtre giclait de tous les côtés. On aurait dit qu'elle se prenait pour une guerrière de pacotille qui s'amusait à détruire tous ceux qui avaient le malheur de croiser son chemin. La brune évita de justesse un Ombrageux qui se tenait un peu trop près. Il dût baisser la tête afin de ne pas recevoir la lame en pleine mâchoire. Elle haussa les épaules en lançant un simple « Oups désolée. » et repartit à l'attaque. La jeune Ombrageuse dévalait les ruelles à la poursuite de rivaux à abattre. Au bout de quelques minutes, la brune s'éloigna du cœur de l'Enclave et se retrouva seule dans une rue visiblement calme. Elle sursauta quand un bruit sourd se fît entendre. Un Etranger venait de massacrer un autre Villageois. Le corps inerte tomba brutalement sur le sol. En observant, elle put apercevoir une pure vision d'horreur. La pauvre femme avait les vêtements déchirés, des membres ôtés cruellement et des blessures sur chaque parcelle de peau. Jade Anastasia s'empressa d'aller se cacher derrière des fougères non loin. La place était pratiquement vide et il n'y avait qu'une seule maisonnette. Sûrement les Étrangers qui s'étaient déjà attribués un petit repère. Affolée, elle regardait les alentours. Où était passé le reste de la population ? Apparemment ils étaient tous regroupés au centre de Vivendale. Et peu s'était aventuré hors des ruelles principales, d'où son erreur.

La brune de tarda pas à se redresser et faire demi-tour avant qu'elle ne se fasse repérer. Mais trop tard... Une voix s'éleva juste derrière elle. « Maintenant c'est à ton tour. » Deux Étrangers l'attrapa par le bras et l'entraînèrent vers la maison en face. Ces deux-là semblaient s'amuser à torturer leurs victimes avant de les achever. Ils pénétrèrent dans la pièce. Elle s'attendait à voir une dizaine d'ennemis à l'intérieur, or il n'y en avait qu'un seul autre qui se basculait sur sa chaise avec une bouteille à la main. « Oh les gars, vous nous avez ramené une nouvelle proie ! » Franchement génial, il fallait qu'elle tombe sur des hommes à moitié bourrés entrain de faire leur pause pendant que leurs compagnons se battaient afin de récupérer le trône et le pouvoir. Un des trois gros balourds l'attacha et la déposa sur une table. Si elle voulait s'enfuir, la jeune femme devrait partir avec la table en même temps, raté pour une tentative d'évasion. Ils arrachèrent son haut, ramassèrent son épée et lui balancèrent le liquide contenu dans la bouteille en pleine figure. Un des hommes prit ensuite une lame et lui entailla la peau, traçant une ligne fine et droite tout le long de sa cuisse. Plus d'arme, un ruban sur la bouche pour l'empêcher de crier, on pouvait dire qu'elle avait le don de s'attirer dans des situations embarrassantes et périlleuses.

Ils la laissèrent un long moment comme cela, avant de décider d'inventer un nouveau jeu. Les trois hommes la détachèrent et la plaquèrent contre un mur, puis se mirent à un jeu de lancer de couteaux. Chacun leur tour, ils balançaient des lames qui passèrent à quelques millimètres de sa peau. Quand l'un réussi son lancé et l'objet tranchant vint se planter dans sa jambe, puis... « Je crois qu'on vient de la tuer. »

Jade se réveilla une heure plus tard. Plus de cordes lui serrant les poignets, mais simplement une fine lame planté dans l'estomac. La douleur était lancinante, insoutenable... La jeune femme retira l'objet d'un coup sec en hurlant et se força à se lever afin de sortir de la pièce. Les hommes n'étaient plus là. Où était-ils passés ? Repartis à l'attaque ailleurs ? Juste du sang coulant à flots. C'était d'ailleurs étonnant qu'elle soit encore consciente à ce stade. Elle fît quelques pas à l'extérieur mais s'écroula rapidement sur le sol.



© Fiche par Hailey J. Kingston pour Expiation exclusivement
Revenir en haut Aller en bas
Seyrane de Larant
Seyrane de Larant

Divine plume
Nombre de messages :
726
Date d'inscription :
18/08/2013

We want war | Episode 2.02 - Page 2 Empty
Lun 25 Mai - 1:04




Aaron S. Bushby
— « que serait l'avenir ? un monde sans honneur » —

Tandis que sa monture employait toute sa puissance à fendre la foule se battant à pied et à se frayer un chemin sur le sol jonché de corps,  Aaron essayait de reprendre contact avec la réalité. Depuis combien de temps avaient-ils franchi les portes de Vivendale ? Il n’aurait su le dire. Des secondes comme des siècles avaient pu s’écouler depuis que le signal de l’assaut avait résonné dans le silence de la plaine et que l’armée s’était élancée sur la ville. Le guerrier se souvenait avoir galopé bride abattue vers la Porte Sud afin d’ouvrir le chemin à la Reine, qui devait s’introduire aussitôt dans l’Enclave. En arrivant aux portes, il avait remarqué Margaery à quelques dizaines de mètres et avait gardé un œil sur elle jusqu’à ce que la contre-attaque Ombrageuse riposte. Mus par une férocité sans égale, ils s’étaient abattus sur l’armée de Katharina et avaient causé de nombreux dégâts. Les corps tombaient comme des mouches à chaque instant, et désormais une lutte effroyable s’était engagée et elle ne s’arrêterait que lorsqu’il n’y aurait plus que des cadavres pour peupler les rues. La violence de ce combat dépassait les limites de l’entendement et ses protagonistes livraient leurs vies avec la même rapidité qu’ils l’avaient reçue. Le fragile équilibre entre vie et mort qui constitue l’essence même de l’humanité était définitivement, irrémédiablement rompu. Les enjeux de cette bataille dépassaient largement l’échelle d’une vie humaine ; mais à cet instant d’apocalypse l’unique chose qui importait était de tuer l’adversaire, avec un systématisme glaçant et de se servir de la rage inouïe qui coulait dans ses propres veines pour survivre une minute de plus.

« Cut off one head and two more shall take its place. »

Emporté par le flot de combattants, Aaron se dirigea tant bien que mal vers le quartier Est, où devait normalement se trouver Katharina. Il ne prêtait plus attention aux dizaines de corps qui s’amoncelaient sur les pavés et se contentait d’avancer, tranchant d’un geste sec et systématique la gorge de ceux qui s’opposaient à son passage.  Le bruit du combat était assourdissant, et son ouïe n’était pas l’unique de ses sens à être submergé. Le piétinement des chevaux et des hommes, la chute des cadavres soulevaient des nuages de poussière qui brouillaient sa vue tandis qu’il sentait déjà le goût âcre du sang et de la terre sur sa langue. Même le spectateur immobile de cette scène apocalyptique n’aurait pu déterminer lequel des deux camps avait l’avantage, mais si une chose était sûre c’était que les Étrangers était supérieurs en nombre aux Ombrageux. Et si le brun ne doutait pas de la valeur et de la force des membres de la redoutée Guilde des Ombres, il connaissait également mieux que quiconque la puissance de l’armée rassemblée par Katharina. Réaliste mais confiant, il cheminait donc vers son but sans se préoccuper d’autre chose, poignardant ça et là lorsqu’il en avait l’occasion.

« Ce devait être une ville aux voies larges, très vide et silencieuse. Une ville frappée d'un malheur. Quelque chose comme une défaite. Désertée. Une ville de pierre à parcourir la nuit sans croire à l'aube. On voyait des chiens s'enfuir derrière des colonnes, surpris à dépecer une charogne. Des épées abandonnées, des armures.
Les restes d'un combat sans honneur. »

Plus le guerrier s'approchait du quartier Est et plus nombreux étaient les cadavres Étrangers qui jonchaient le pavé. Soudain mu par une inquiétude pressante, Aaron éperonna son cheval. Les Ombrageux étaient partout, infligeant une cuisante défaite - qui se traduisait par la mort - aux Étrangers restants. Le brun engagea un corps-à-corps face à un membre de la Guilde enragé, dont l'agilité et la rapidité rendaient les coups difficiles. Il parvint à l'atteindre au flanc à plusieurs reprises et finit par le laisser inconscient sur le sol. Il perdait tant de sang que sa mort n'était qu'une affaire de minutes. Le guerrier remonta sur son étalon, désirant garder ce précieux atout et repartit de plus belle. Les adversaires se faisaient de plus en plus nombreux, et dans son imprudence le jeune homme essuya un sale coup d'épée dans la cuisse. La douleur se répandit dans tout son corps tel un éclair et l'ennemi profita de son inattention pour lui asséner un second coup, cette fois une estafilade profonde à l'épaule. Surmontant la souffrance cuisante des deux blessures, il reprit le dessus et planta sa propre épée dans le cœur de l'Ombrageux. Alors qu'il relevait la tête, profitant de courtes secondes de repos et tentant d'évaluer les dégâts, il entraperçut une chevelure blonde aux reflets roux qui dansait à quelques mètres de là. Il ne faisait pas de doute que c'était Margaery. Aaron ressentit soudain le désir pressant d'aller vers elle et de se battre à ses côtés. Seulement sa bonne volonté fut entravée par un nouvel adversaire qui se précipita sur lui et le désarçonna. Le corps de l'Étranger heurta lourdement le sol, et le soldat - car cette fois ce n'était pas un Ombrageux - en profita pour le bourrer de coups, malheureusement pour lui désarmé. Péniblement, il parvint à se relever et engagea alors un féroce combat aux poings. Quelques instants plus tard, l'homme gisait par terre et le brun récupérait à nouveau sa monture.

Lorsqu'il tourna la tête, Margaery si c'était bien elle avait disparu. Paniqué, il enfourcha l'étalon et s'élança dans une ruelle. Au bout, il tourna à droite et enchaîna ainsi les rues qui se désertaient. La ville se transformait, et prenait l'aspect d'une ville fantôme, désertée et silencieuse. On entendait au loin les cris de la bataille, mais elle semblait se dérouler à des kilomètres de là. Les sabots de sa monture résonnaient sur le pavé et l'écho s'amplifiait entre les murs rapprochés, créant un bruit de cavalcade qui ne faisait qu'ajouter à la terreur du guerrier. À ce roulement s'ajoutait le bruit de son propre souffle, une respiration saccadée qui paraissait avoir la force d'un ouragan. Le sang battait à ses tempes, sa vue était brouillée. À cet instant, Katharina n'avait plus aucune importance, tout comme la conquête de Vivendale ou encore la froideur de ses derniers échanges avec son ex-compagne. Il n'était mu que par une seule idée : la retrouver. Un instinct de protection primaire s'était emparé de lui et le poussait en avant, dans une course effrénée. La rousse avait surement été capturée par la Guilde, et qui savait ce qui pouvait advenir d'elle ?

Soudain, l'Étranger déboucha sur une place. Au centre était dressé un bûcher improvisé, fait de planches de bois probablement arrachées aux maisons les plus proches. Les flammes dévoraient le bois, et au sommet de ce tas de brindilles se trouvait... Margaery.
Margaery ligotée, se débattant comme une folle pour essayer de se dégager des liens qui lui entravaient les mains. Margaery décoiffée, ensanglantée, et qui paraissait sur le point d'être asphyxiée par la fumée. En dehors de cette scène d'horreur, la place était vide.
Aaron crut défaillir. Il hurla son nom. Le temps semblait s'être suspendu et son cerveau ne recevait plus aucun signal de ses muscles. Son corps semblait seulement une enveloppe charnelle qui n'abritait... rien. Le vide. Le néant.
Son centre nerveux ne tarda pas à le rappeler à la raison. Son absence avait duré dix secondes. Il sauta à bas de son cheval, qui terrifié par le feu détala ventre à terre et s'élança vers le bûcher. Malgré ses deux blessures qui le lançaient horriblement, il parcourut les trente mètres en un rien de temps et malgré les flammes qui attaquaient ses vêtements, il bondit au sommet du bûcher. Les mains tremblantes, la vue brouillée, il s'empressa de défaire les liens de Margaery. Elle avait perdu connaissance. La suie et la poussière se mêlaient et l'empêchait de voir précisément ses propres gestes. Il ne restait qu'un lien, mais le feu s'attaquaient déjà à eux. Sortant le poignard qu'il lui restait, il trancha la corde d'un coup sec, éraflant sans le vouloir le poignet de la rousse. Puis, la soulevant avec toute la délicatesse dont un homme exténué, blessé et sur le point de s'évanouir est capable, il sauta à bas du bûcher.

Il allongea le corps inconscient de sa bien-aimée sur le pavé frais et chercha désespérément une source d'eau quelconque. Par chance, à quelques mètres un vieux seau en fer rouillé destiné à recueillir l'eau de pluie contenait un fond de liquide plus ou moins clair. Il s'en saisit et humidifia le visage de la jeune femme, ses tempes en priant silencieusement pour qu'elle reprenne conscience. Son pouls était faible, mais battait malgré tout.
Après de longues minutes qui semblèrent des millénaires, l'Étrangère battit des paupières et ouvrit les yeux.


© Fiche par Hailey J. Kingston pour Expiation exclusivement


hors rp:
Revenir en haut Aller en bas
Dezbaa
Dezbaa

Expié de talent
Nombre de messages :
414
Date d'inscription :
03/04/2015

We want war | Episode 2.02 - Page 2 Empty
Lun 25 Mai - 16:20




Caliel F. Hopkins

— « Sometimes, I remember. » —

Boum. Boum. Boum. Derrière le mur, les coups de bélier s’écrasaient contre les portes, propulsés par la force de dizaines d’hommes. Boum. Boum. Boum. Syf renâclait, impatient de se jeter dans la bataille, apeuré par les bruits qui agressaient ses oreilles. Boum. Boum. Boum. L’animal frappa le sol de ses antérieurs en poussant un petit hennissement ; Caliel tira sur les rênes et, dans le cliquetis du métal, rassura sa monture d’une caresse sur l’encolure. Lui aussi avait peur ; il devait bien se l’avouer. Son cœur, à l’abri de sa poitrine pour un temps encore incertain, s’emballait, partant dans une cavalcade déchaînée, frénétique, comme s’il cherchait à fuir avant que le pire n’advînt. Il essayait d’étourdir son hôte en faisant résonner ses hurlements sanguinolents dans son cerveau, battant le fer à ses tempes, mais rien n’y faisait. Parce que, certes, il avait peur – de la mort, de la perte, pour lui, parfois pour les autres – mais il ne pouvait se résoudre à se réfugier dans un recoin sombre, tel un lâche, un pleutre. Non, il devait combattre, cela relevait de son devoir. Il devait défendre ce en quoi il croyait : la liberté et la justice.

Sous la pression, la porte Sud céda, livrant ses protégés à l’avidité des mercenaires, qui poussaient vers le ciel leurs cris de liesse. Des éclats de bois furent projetés dans l’espace, cisaillant le temps. Le jeune homme leva un bras pour s’en protéger, quelques uns ricochèrent sur son armure métallique, tandis que Syf se dressait sur ses postérieurs, les yeux révulsés de terreur. Son cavalier ne perdit pas une seconde et pressa violemment ses flancs. L’animal s’élança en avant, se jetant dans la mêlée. Et la poussière, le sang, les cris, les pleurs ; tout explosa en un divin chaos. L’épée de Caliel s’abattit une fois, deux fois, trois fois… puis il arrêta de compter. Mieux valait ignorer le nombre de victimes que l’on faisait, à moins que l’on fût en mesure d’apprécier le fait de donner la mort. Il y était aujourd’hui indifférent, sur le moment, mais se rappelait des premières gouttes carmin qu’il avait vues s’écouler, et savait que les défunts n’hésiteraient pas à venir voguer sur le flot paisible de ses rêves.

Peu à peu, le ciel s’assombrit et de fines gouttes de pluie se mirent à glisser sur les toits et les armures. Le pelage de Syf, qui avait pour habitude d’étinceler, avait été terni consécutivement par la poussière et le sang, qui sous l’injonction du ciel orageux, s’enlaçaient pour couvrir tout son corps. Il asséna un coup fatal à son assaillant, qui glissa de son destrier pour s’écraser sur les pavés souillés. Levant furtivement la tête vers les nuages menaçants, il aperçut soudain une épaisse tour de fumée qui s’élevait inéluctablement. Du feu. Et la pluie, trop légère, ne trouverait pas la force de l’éteindre. Peut-être y avait-il des gens prisonniers des flammes ? Des dizaines de visage défilèrent devant ses yeux ; il craignait le pire. Et s’il en connaissait certains ? Sans plus attendre, il fit faire volte-face à l’étalon, et l’encouragea à s’enfoncer dans la ville.

C’était la place centrale. Ni les maisons, ni les boutiques, ni les habitants n’étaient touchés. Il n’y avait qu’un seul et unique piquet. Long, droit, strict, enflammé. Il se reflétait dans les yeux de Caliel, et renvoyait à son esprit une autre image, à la fois différente et similaire. Deux piquets. Et deux personnes. Il frissonna violemment, les pupilles dilatées à l’extrême. Il se souvenait avec une exactitude effrayante du jour où tout avait vraiment commencé. Ce jour qui, de fil en aiguille, l’avait mené jusqu’ici. Ici, à ce bûcher où, cette fois, n’était liée qu’une seule personne. Une jeune femme dont les cheveux se distinguaient à peine des flammes écarquillait les yeux de terreur.

De la rue où il se trouvait, il demeurait à l'abri des regards. L'hésitation fit palpiter son cœur. Devait-il délivrer cette étrangère des flammes avides de sa chaire ? C'était une ennemie. Devait-il pour autant la laisser périr dans d'atroces souffrances ? Il pourrait lui trancher la gorge pour abréger son supplice. Était-ce juste ? Son étalon frappa le sol de son antérieur droit. Il allait s'engager, lorsqu'un homme se précipita vers le feu et, tranchant les liens, sauva la rousse. Il l'étendit sur le sol, attentif à son souffle. Le jeune homme aurait aimé pouvoir réaliser le même exploit face à ses parents. Mais, à neuf ans, il avait simplement regardé les corps se consumer, se désagréger peu à peu, les dents serrés pour ne pas crier, les yeux inondés et le corps brûlant. Il ferma les yeux un instant. N'y pense pas.

Ce fut l'instant de trop. Une masse vint percuter ses côtes avec force. Il chuta ; Syf s'enfuit en poussant un hennissement de détresse. Le souffle coupé, il était à terre, tâtonnant pour ramasser son épée. L'arme de son adversaire s'abaissa à nouveau sur lui. Il la retint d'un coup justement placé. Essayant de se relever, il suffoqua, s'appuya contre un mur, retomba à genoux. Le thorax compressé, broyé, il cracha du sang, toussant. Roulant sur le côté, il évita de justesse la rage de son ennemi. Sa vue, cependant, s'altérait, et la douleur achevait de parer ses réflexes. La massue se leva une nouvelle fois... et fut déviée par le trajet d'une lourde épée.


© Fiche par Hailey J. Kingston pour Expiation exclusivement
Revenir en haut Aller en bas
Linelleray
Linelleray

Expié de talent
Nombre de messages :
586
Date d'inscription :
15/07/2013

We want war | Episode 2.02 - Page 2 Empty
Mar 26 Mai - 22:18




we want war
— « Marga, little fox » —

L

e feu gronda voracement et le bois siffla sous l'effet de la chaleur - à croire que lui-même hurlait face à la peur d'être consumé. En un rien de temps, la place devint noire. Les flammes léchaient goulument le piédestal de leur victime, s'empressant de plus en plus, l'envie grandissante d'embrasser la peau d'ivoire de Margaery. L'Etrangère hurlait à s'en rompre les cordes, à la fois spectatrice et protagoniste du drame qui se déroulait. La fumée lui tirait des larmes de sang traçant des sillons sur ses joues noircies. Il y avait des morts plus enviables, plus propres. L'humiliation n'importait plus, la terreur gagnait du terrain sur tout. Elle était persuadé de l'avoir vu. Aaron. En cet instant, s'élancer à son secours n'avait pas été une question : c'était impératif. Mais la perspective de mourir remettait tout en cause, ne regrettait-elle pas à présent de s'être élancée dans la mêlée... Son supplice la brisa. Vulnérable et impuissante, Margaery implora. Les rires sourds des Sauvages résonnèrent au-delà du crépitement du brasier. Elle était sans échappatoire. Son esprit ivre lui imposait nombre de visions. Etait-cela s'en aller ? Voir sa vie défiler devant soi ? Son coeur battait à tout rompre, elle s'élançait, chutait mais toujours se relevait. Elle devait fuir pour vivre. Si elle poussait un peu plus sur ses jambes amochées d'enfant, elle parviendrait à l'égarer dans le dédale des jardins. L'étau se referma sur son mollet et elle s'affala de tout son long contre la terre sèche. La jeune môme bloqua instantanément sa respiration. Le chat miaula toute sa perversion sur sa souris tétanisée. Il suffisait de ne pas bouger et de le laisser tirer tout son soûl, après elle connaîtrait le répit... Du moins jusqu'à la prochaine tyrannie des passions paternelles. Cette fois elle ne lui accorderait pas l'immense plaisir de pleurer, elle serait digne. Mais alors qu'il déchirait son âme innocente, une tête couronnée de tresses blondes était apparue. L'ange, à peine plus haut qu'un cerisier naissant, lui avait commandé impérieusement de se retirer. Les colosses de l'ange l'avaient emporté et dans l'esprit de l'enfant, seul substituait le souvenir de la chair de son père se consumant. Elle avait toujours su qu'elle finirait elle-même cendres, née de la terre et morte en elle. A présent elle se remémorait l'image de la chair se calcinant, la progressive décoloration, puis le noir total qui laisse place à de disgracieux vides dans le corps humain. Toussotant jusqu'à ensanglanté sa gorge, elle cria une dernière fois qu'on l'aide. La Guilde des Ombres avait disparu, abandonnant à son funeste sort celle qu'il avait désigné comme un avertissement, les Ombrageux étaient retournés à la riposte. Maudissant Elia de l'avoir abandonnée, elle poussa un long soupir puis sa tête roula sur son épaule. Ses larmes s'étaient asséchées et elle sombrait dans un profond sommeil. Les braises ardentes tiraillaient la plante de ses pieds, au demeurant ce n'était plus suffisant pour la tirer de ses vapes.

La lame trancha sèchement le dernier des liens l'entravant, et entailla son poignet. Un mince filet de sang s'écoula, mêlant le noir des ténèbres et le rouge passionné. Margaery n'était plus, tout du moins, son corps battait si faiblement que l'on doutait que la vie l'anima encore. Mais la fauve rousse suçait toute once de vie - d'énergie en elle - la jeune femme s'accrochait, inconsciente elle œuvrait toujours pour survivre puisant là où elle le pouvait encore. Elia pourrait en témoigner sa descendante était une sangsue acharnée, se refusant à quitter la terre mère et à gagner l'autre monde. Son sauveur la souleva. L'étreinte charnelle la ranimait peu à peu, et lorsqu'il la déposa sur le sol froid elle fut incapable de protester. Elle n'aspirait qu'à regagner les bras protecteurs. L'éveil était non seulement l'étape cruciale entre la vie et la mort, mais également la plus douloureuse. Margaery s'agita, il lui fallait quitter l'inertie, peu importe les souffrances et les pertes en résultant. Elle perçut tout d'abord le sang irradiant follement son corps, les parois contenant tant bien que mal tout ce liquide bouillant. Sa tête s'alourdit comme sous l'effet d'un choc et tout son être trembla, des fractions de secondes qui lui semblèrent une éternité, elle craignit d'être rappelée par le néant hostile. Enfin son corps entier s'incendia et lorsqu'elle inspira le feu redoubla en elle. Néanmoins son sauveur ne l'avait pas quittée, elle percevait son ombre au dessus d'elle, il la touchait avec une douceur infinie de crainte de la casser comme on ébrèche la porcelaine. Il aspergea délicatement ses tempes, Margaery battit furieusement des paupières. Elle ouvrit enfin les yeux, et fut aveuglée par le Soleil royal. Lorsqu'elle retrouva la vue, la rouquine le vit pencher sur elle : Aaron. Était-ce seulement possible ? Son esprit rationnel n'eut pas le loisir d'y répondre, la jeune guerrière se fondait déjà corps et âme en lui, l'étreignant outre mesure. La peur de ses derniers instants se déversait à flots, et pour ne pas être emportée et couler, elle s'accrochait fermement à son pilier. Lui. Son étincelle de vie. L'unique personne capable de la ramener d'entre les morts... La voix de l'Eliaryenne s'était brisée. Il emplit ses paumes d'eau et les porta à la bouche ternie de la condamnée. Elle trempa prudemment les lèvres avant de boire une longue gorgée, elle recracha simultanément. Raclant sa gorge dans une torture épouvantable, elle parvint à articuler.

“Aaron...” Son nom sonnait comme un hymne à vivre. “La crainte m'a gagnée quand j'ai cru... J'ai cru... Il la fixait de ses immenses yeux bruns. “J'étais persuadée que c'était toi. J'étais aveuglée et je me suis élancée.” Elle enfonça ses longs doigts dans la peau de l’Étranger. “Lorsque la feu s'est répandu, je pensais mon heure venue... Et tout m'a assaillie. Les souvenirs ont refait surface... Toi... Sans toi...”



Revenir en haut Aller en bas
Alessandra de Marbrand
Alessandra de Marbrand

Fondatrice
Nombre de messages :
1156
Date d'inscription :
24/10/2012

We want war | Episode 2.02 - Page 2 Empty
Mar 2 Juin - 23:43


roy larisson
— « all this bad blood here » —

Le vacarme devint assourdissant. Étourdi par le chaos régnant en maître, Roy sentait son corps battre à tout rompre dans sa poitrine. Jamais il n'avait senti une telle euphorie, mêlée à la peur ce sentiment nouveau prenait alors l'image d'une véritable aventure. Il brûlait d'envie de se jeter dans l'ignoble bataille, de se libérer des chaînes de sa caste, de se sentir vivant. Car jamais avant aujourd'hui Roy Larisson ne s'était senti aussi entier.

Les épées s'entrechoquèrent, les cris s'échangèrent tandis que des masses inertes s'écrasèrent sur le sol comme des sacs vides. Le spectacle qui s'offrait devant lui était effarant, jamais il n'aurait cru assister à un tel chaos, tout n'était que mort, peur et agonie. Pétrifié le jeune homme perdit toute euphorie, la mort était omniprésente et la peur le rongeait jusqu'au sang. Il eut envie de faire demi-tour, de confier son destin aux dieux, qu'il juge de sa lâcheté plus tard du moment qu'il est la vie sauve face à ces sauvages.

Il secoua la tête, pensant aussitôt à son ex-épouse Caitlin, elle, n'était pas une lâche. Chassant les préjugés d'une main et les règles de l'autre seule une chose comptait à ses yeux, l'égalité, et pour l'obtenir jamais elle ne s'arrêterait, la peur ne ferait que la gêner tout au plus, mais jamais cela ne l'arrêterait, jamais. Sur ces pensées le jeune homme s'élança dans la bataille. Il se saisit d'une épée jonchant le sol, la lame souillée par le sang de ses semblables. Son poignet sembla se charger d'un poids immense tandis qu'il manipulait l'arme gauchement.

Saisissant l'épée de ses deux mains, il parvint à mieux manier l'outil. Il maintenait difficilement sa garde lorsque les lames s'entrechoquèrent, un témérien lui faisait face, un sourire cruel sur le visage. Guidé par l'instinct Roy porta un coup vers son adversaire mais son épée se planta dans le bouclier qu'il avait aussitôt abaissé pour se protéger. Les deux hommes s'affrontèrent du regard une seconde, suspendus dans le temps, s'attendant à un coup de l'autre, prêt à parer, ou attaquer. Roy lui décocha un violent coup de pied, le guerrier manqua de s'écrouler et son bouclier lui échappa. Tirant d'un coup sec le jeune homme libéra son épée, jamais elle ne lui avait semblé aussi légère qu'à cet instant où elle se détacha du bloc.  Sans perdre un instant il transperça l'homme de sa lame.

Un frisson d'horreur le parcouru, qu'était-il en train de faire ? L'homme s'écroula sur le sol dans un gémissement de douleur. Le brun s'éloigna à la course, quittant l'artère principale, qui s'était transformée en véritable cimetière, pour rejoindre une rue où l'assaut était tout aussi violent. Une colonne de fumée s'élevait dans le ciel, Roy ne s'attarda pas longtemps sur ce détail, manquant de se faire renverser par un cheval affolé, la robe blanche de l'équidé ne fut bientôt qu'un lointain souvenir. Se retournant vers la ruelle il aperçut le duel de deux hommes qui était sur le point de terminer en assassinat. Il reconnu aussitôt l'armure de Vivendale sur l'un des hommes, sur le condamné.

Sans réfléchir il s'élança vers le deux guerriers, le bourreau brandit sa massue, prêt à l'abattre sur sa victime. Il abaissa alors son épée sur le manche de l'arme, le contre-coup dans ses poignets fut douloureux, lui échappant un rictus de douleur. Il serra les dents et maintint plus fort la garde de son épée. La massue s'écrasa sur le sol, à quelques centimètres du vivendalais. Lorsque l'arme s'abattit par terre, Roy empoigna son épée et la dirigea contre le témérien, lui transperçant l'abdomen.

L'homme hurla de douleur, lâchant sa massue, il envoya alors son poing dans la mâchoire de son agresseur dans un cri de rage. Roy manqua de tomber, trouvant appui contre le mur. Étourdi par le choc il ne remarquait plus que le sang qui emplissait sa bouche, titillant sa langue d'un goût métallique et écœurant. Serrant la garde de son épée avec colère, il riposta. Trop près de son adversaire pour lui planter son épée dans la poitrine il fit contre mauvaise fortune bon cœur en rendant à son agresseur un coup de la même violence. L'homme recula d'un pas, portant une main à sa joue écorchée vive il ne fit qu'étaler le sang coulant de sa blessure. Il le poignarda pour la seconde fois, lui ôtant tout souffle de vie. L'homme s'écroula sur le sol, sans vie.

Le jeune noble se retourna vers celui qu'il avait maladroitement sauver en abattant cet homme, il lui tendit la main, lui offrant une aide pour se relever. Le vivendalais était visiblement encore étourdit par les violents chocs que lui avaient offert son agresseur. « C'était un vrai coriace celui-là » conclut-il en observant le jeune homme. Il ne devait pas être plus vieux que lui, ni beaucoup plus jeune, pourtant on devinait à son apparence lequel des deux était un vrai combattant et lequel maniait une épée pour la première fois.  
Revenir en haut Aller en bas
Alessandra de Marbrand
Alessandra de Marbrand

Fondatrice
Nombre de messages :
1156
Date d'inscription :
24/10/2012

We want war | Episode 2.02 - Page 2 Empty
Ven 12 Juin - 20:55



arianna h. wadson
— « it might all be gone tomorrow » —

Elle tremblait, ses doigts se refermèrent un peu plus sur le manche de sa dague, mais cela ne la fit que trembler encore plus. Elle tentait de faire taire ce spasme qui l'agitait, de calmer son esprit. Le chagrin, la perte, la tristesse, elle était supposée traverser tout ça, mais au lieu d'avancer dans la douleur elle avait choisi la fuite. C'est ce qu'elle avait toujours fait. Elle prenait toujours la fuite, dès qu'il existait dans sa vie une once de bonheur, ou de peine, elle fuyait, elle fuyait toujours, elle fuit encore. Peut être était-ce ça son plus grand démon. Elle avait toujours pensé qu'il s'incarnait dans la mort, mais peut être était-ce le problème. Elle n'avait pas peur de mourir, elle avait peur de survivre, peur de vivre.

Même les flammes vigoureuses semblaient pâles à présent, la vie semblait fade. Le vide, le néant, voilà ce qu'était sa vie maintenant, un énorme vide qui jamais ne serait comblé. Les larmes roulèrent sur ses joues, glissant jusqu'à son cou. La fillette perdait son regard dans les flammes devant elle, assise devant la cheminée , le dernier endroit où elle avait vu sa mère... L'enfant tendit sa main vers le feu, « Arianna non ! » cria un homme en s'interposant brusquement entre le feu et la fillette qui sursauta, effrayée. Un nouveau lot de larmes montèrent tandis qu'elle regardait l'homme avec méfiance et colère. « Arianna je... je suis désolé, je ne voulais pas. Je ne voulais pas te faire peur. » Il lui tendit sa main, mais l'enfant ne bougea pas un cil « Je sais que tu ne me fais pas confiance mais maintenant qu'elle est partie tu dois faire un effort, je suis ta famille maintenant Aria. »

Lente et sinueuse, une larme roula autour de son poignet, sur sa main, filant entre ses doigts, teintant sa peau porcelaine de vermeil. Du sang, répéta-t-elle Ce n'est que de sang. Ces mots s'ancrèrent dans son esprit, s'immisçant dans les moindres de ses pensées. Elle tentait de s'en convaincre...ce fut surement la pire fantaisie qu'elle puisse s'imaginer. Ce n'était pas que du sang, c'était une augure, une augure de mort. Elle détourna le regard, levant ses prunelles vers le ciel. Une pluie cristalline s'écrasait sur les soldats des deux armées, à croire que les dieux du Trisal pleuraient déjà leur défaite. L'eau vint se mêler au sang, la lavant de ses pêchés, la purifiant de ses crimes. Elle ferma les yeux, peut-être était-ce un signe pensa-t-elle. Peut être les dieux me pardonnent-ils.

Elle ne se reconnaissait plus. Elle qui avait toujours eu foi en l'humanité, elle qui avait toujours cru en un idéal, en un monde plus juste. Une larme coula sur sa joue. Je suis un monstre. Ses doigts tremblants se desserrèrent autour du manche et l'arme tomba sur le sol. Le tintement métallique la ramena au présent, la réalité la frappa de plein fouet. Elle vacilla. Jamais le combat ne lui parut aussi ardent qu'à cet instant, les hommes se battaient avec une ferveur déconcertante. Les uns se battant pour le pouvoir, les autres pour la liberté. La liberté... elle qui s'était tant battu pour la liberté n'avait plus foi en cet idéal aujourd'hui. Elle ramassa sa dague et récupéra une épée sur le sol, n'accordant pas même un regard vers l'homme auquel elle avait appartenu, un étranger, l'étranger qu'elle avait achevée avec la froideur d'une bête.

Elle n'arrivait pas à détacher son regard sur corps inerte, absorbée par les remords elle n'entendit pas les pas derrière elle jusqu'à qu'on lui assène une tape amicale sur l'épaule, « Je l'ai tué... » murmura-t-elle, « Incroyable ! Mais n'est-ce pas ce qui arrive normalement quand on poignarde un homme ? » ironisa Teresa avec sa flegme naturelle. Arianna ne répondit pas, la sicaire s'approcha alors de son élève « Tu as fait du bon travail » ajouta-t-elle avec une douceur insoupçonnée, venant de l'assassine cela semblait comme le plus beau compliment, venu apaiser le pire des actes.

A peine se releva-t-elle qu'un groupe de trois hommes s'engagea dans la ruelle. Reconnaissant les armures étrangères elle prit la fuite. Elle arrivait presque à les semer, retrouvant cette sensation familière. Son coeur était sur le point d'imploser dans sa poitrine, ses membres n'étaient qu'une délicieuse souffrance.
 
Elle se retourna sur elle-même, elle était cernée. Elle n'avait plus aucune issue, plus aucun échappatoire. Ses jambes vacillèrent, menaçant de ne plus pouvoir supporter leur propre poids, mais malgré l'épuisement elle tenait encore debout, à croire que l'adrénaline pouvait la porter jusqu'au sommet. Le cercle autour d'elle se resserra, un des hommes lui attrapa les poignets, scellant son destin de captive. L'instinct primant sur la raison, elle décocha coup sur coup, ignorant ses phalanges ensanglantées. Elle avait son issue, profitant de l'effet de surprise elle força un passage dans la foule, courant à toute allure. Ses jambes ne lui obéissaient plus, ses poumons menaçaient de défaillir à chaque inspiration... Elle jeta un regard en arrière, elle était assez rapide. Brusquement un poids l'empêche d'avancer, elle avait beau tenter d'avancer quelque chose la retenait en arrière, ou plutôt quelqu'un.

Elle ne réalisa pas ce qu'il se passait, la seconde d'avant elle fuyait les trois soldats et l'instant suivant elle se retrouvait au sol, sous la lame d'un d'eux. Elle tenta de se dégager, en vain. L'étranger brandit sa dague tandis que ses deux compagnons repartirent plonger dans la mêlée. Elle ferma les yeux, redoutant l'instant fatal, quand soudain une masse s'abattit sur elle. Ouvrant les yeux elle découvrit le corps de son bourreau l'écrasant de tout son poids, un poids inerte, mort. Elle se dégagea rapidement, jetant un coup d'oeil dans la rue quasiment déserte, à l'exception d'une silhouette encapuchonnée, ne laissant paraître qu'un sourire en coin reconnaissable entre mille. « Teresa... »

Elle voulu la rejoindre mais elle s'entrava sur un corps en se relevant, tombant en avant. A quatre pattes sur le pavé elle leva la tête un instant, la sicaire avait disparu, comme toujours. Elle se mit à genoux et essuya les larmes qui coulaient sur son visage, étalant le sang de ses mains sur ses joues. Elle aurait pu mourir, ici, de la main de ce soldat. La brune inspira longuement puis releva les yeux. Face à elle se dessinait une silhouette masculine. L'homme l'empoigna par le col, la relevant de force, pour ensuite la remettre à terre d'un coup violent. Tombant face contre terre, la jeune femme était paralysée par la peur. Je ne peux pas mourir maintenant pensa-t-elle entre deux sanglots. Son agresseur s'accroupit pour ramasser son glaive, percevant dans un éclair la chance de s'en sortir elle lui décocha un coup de pied en plein visage, renversant son adversaire dont l'épée voltigea un peu plus loin sur le pavé. Elle se releva aussitôt, l'homme rampait alors jusqu'à son arme, prenant la direction opposée la jeune femme s'enfuit comme si sa vie en dépendait, car c'était le cas.

Jetant un coup d'oeil par dessus son épaule Arianna aperçut qu'il était à ses trousses, il était rapide, en quelques foulées il la rattraperait. Puisant dans ses dernières forces elle accéléra et tourna sans crier garde dans une ruelle adjacente. Apercevant une issue elle se réfugia dans la bâtisse, elle verrouilla la porte et s'y adossa. Elle souffla, tentant de rétablir son souffle et de calmer son coeur battant à tout rompre. Je n'ai pas peur murmura-t-elle, Il ne faut pas que j'ai peur...

Elle s'appuya contre la porte, lassée de tambouriner en vain contre le bois, « Isabelle ! » cria-t-elle une dernière fois. Aucune réponse. La jeune femme se laissa glisser vers le sol, « Isabelle ouvres-moi s'il te plaît. » Elle espérait une réponse, n'importe quelle réponse, mais seul le silence lui répondit. Elle étouffa un sanglot, enfouissant sa tête entre ses genoux « Je suis désolée. S'il te plaît, ne me laisses pas... » Quelques larmes roulèrent sur ses joues « ...je t'en prie ! » Relevant la tête, elle crut percevoir un bruit de l'autre côté de la porte, collant son oreille contre la porte elle l'entendit à nouveau. Quelqu'un pleurait, elle pleurait.

Elle étouffa ses pleurs, se collant contre la porte à deux doigts de céder, elle ne tiendrait plus longtemps sous les coups du soldat. L'homme abattu un nouveau coup sur le bois, la jeune femme se précipita à l'étage, s'entravant dans les marches de l'escalier. La porte céda derrière elle, s'ouvrant sur le visage enragé de son ennemi. Elle atteignit la mezzanine et se précipita contre la fenêtre, sa dernière issue. Bataillant contre le verrou elle n'arrivait pas à l'ouvrir, elle s'acharnait tellement qu'elle en oublia un instant l'homme à ses trousses. Il l'attrapa par les cheveux et la jeta dans l'escalier. Elle dégringola les escaliers, son crâne percuta violemment le sol, elle en eut le souffle coupé. Un bourdonnement lancinant la prit en étau, brouillant ses sens. Elle voulut se relever, en vain. Je ne peux pas, je n'y arrive pas. Elle ne sentait plus que la douleur, sa jambe la lançait terriblement, des larmes de douleur lui monta aux yeux. Je ne peux pas pensa-t-elle à nouveau...mais je le dois. Je ne peux pas mourir, pas maintenant.

Elle finit par se relever, manquant de tomber à nouveau elle se rattrapa au mur à côté d'elle. Elle baissa les yeux vers sa jambe, elle était salement amochée, s'ouvrant sur une grande entaille. Elle se précipita vers la porte, vacillante. Chaque pas était douleur, mais chaque pas était liberté. Un éclat de rire retentit derrière elle « Tu ne peux pas m'échapper » ricana-t-il. Elle atteignit la sortie mais s'étala aussitôt sur le sol, à bout de forces, elle inspira longuement entre deux sanglots, crachant le sang qui emplissait sa bouche. Il fallait qu'elle se relève, pour Max, pour Isabelle, pour Talisa, et Charlie, et surtout pour elle. Je ne peux pas mourir...

« Vaincre ou mourir, Arianna, il n'y a pas d'autre alternative. » ses mots résonnaient dans son esprit, ouvrant les yeux la brune vit la silhouette de l'ombrageux se dessinait au dessus d'elle. « Will ? » murmura-t-elle, sonnée. Sa vue se brouillait dû à sa chute mais elle aurait juré que c'était lui. Et pour la première fois depuis le début du combat, elle se sentit en sécurité. Sa vision devint plus nette, et les contours floues se dessinèrent sur un véritable visage. Et c'est en voyant le visage cynique du soldat qui marchait droit sur elle que la réalité la frappa de plein fouet.

Ignorant la douleur, oubliant la peine, guidée par l'adrénaline elle se releva et prit la fuite. Elle se précipita vers l'artère principale où le combat faisait rage, et elle fondit dans la mêlée. L'effluve de la bataille lui noua l'estomac et étourdit sa conscience, elle était totalement perdue, désorientée. Elle ne savait pas où aller, ni quoi faire. Elle traversait la foule sans but ni direction, elle devait juste fuir. Elle finit par quitter la mêlée et tomba aussitôt à genoux sur le sol. Je ne peux plus... Elle ferma les yeux. Je ne peux plus fuir. Les pas dans son dos se rapprochèrent. Il la retrouverait toujours, il l'avait dit. Elle lutta pour ne pas ouvrir les yeux, pour ne pas faire face à son funèbre destin. Je ne veux pas mourir ! cria-t-elle intérieurement, à ces mots dit elle explosa en sanglots. C'était la fin, sa fin. Je ne peux pas abandonner, pas comme ça. Elle rouvrit ses paupières et se releva, je vais me battre pensa-t-elle Je peux le battre acheva-t-elle pour se rassurer. Elle resserra les doigts autour de sa dague, ses jointures blanches sous la pression collaient au manche poisseux par le sang, elle serrait l'arme contre elle. Vaincre ou mourir, il n'y a pas d'autre alternative... Elle se releva d'un bond et se retourna vers son adversaire, son arme fendit l'air, le vide. Où est-il ?!

Elle reçut le coup de plein fouet, son corps heurta violemment le sol. Son cadavre se perdit parmi les autres, abandonné à tout jamais dans les ténèbres des morts si bien que nul être aimé ne pourrait jamais lui faire ses adieux, jamais.

N'importe lequel d'entre nous peut être détruit, nous le savons tous. Le moins évident à comprendre est que ce qui est brisé peut être réparé, que ce qui est blessé peut être guéri. Et peu importe à quel point il fait sombre, la lumière brillera à nouveau.


Spoiler:
Revenir en haut Aller en bas
Dezbaa
Dezbaa

Expié de talent
Nombre de messages :
414
Date d'inscription :
03/04/2015

We want war | Episode 2.02 - Page 2 Empty
Ven 14 Aoû - 23:46




Caliel F. Hopkins

— « Face to face. » —

L'épée s'enfonça dans la chaire tendre du combattant témérien qui, poussant un cri de douleur, réussit néanmoins à décocher un coup de poing dans la mâchoire de son assaillant. Celui-ci riposta de la même manière avant de lui asséner le coup fatal : l'homme gisait désormais dans la mer de cadavres. Caliel visualisait la scène comme si elle se passait sous la surface ridée d'un lac, comme si un voile flou s'était abattu tel la brume sur le théâtre sanglant. Son sauveur s'approcha de lui. Il cligna des yeux ; il le vit à peine mieux, mais il distingua sa main tendue. Après quelques instants d'étourdissement, il la saisit maladroitement et s'aida de la force de l'homme pour se relever. La lâchant, il laissa le poids de son corps reposer sur le mur derrière lui afin de recouvrer pleine conscience. « C'était un vrai coriace celui-là. » Il hocha la tête avant de prendre le temps de détailler son interlocuteur. L'ombrageux le dépassait d'une petite dizaine de centimètres. Blond, il avait le regard et la poigne hésitante de ceux qui connaissent les premiers tourments de la guerre. Les phrases et l'attitude aussi, qui cherchaient à excuser sa maladresse de néophyte. Inutile d'observer la manière dont il était vêtu pour deviner qu'il s'agissait d'un noble qui faisait ses premiers pas sur le terrain des adultes barbares, bien loin des coquetteries fantasques et de la soie de l'hypocrisie. « Merci. » souffla le jeune homme, encore légèrement troublé, mais réellement reconnaissant ; il saisissait toute l'ampleur du geste. En dépit de son inexpérience, cet inconnu lui avait sauvé la vie. Si son orgueil en était répugné, le soulagement qui le saisissait mesurait et remerciait l'action. Il se pencha pour ramasser son épée, en tentant de maîtriser les tremblements émotionnels qui secouaient ses membres. Il se redressa, croisa le regard du blond. « Je m'appelle Caliel d'Erëstz. »

La scène se drapait du voile de l'irréalisme et de l'absurdité. Ils s'en rendaient partiellement compte, certainement, parce que la situation était bien trop grotesque, et parce qu'il n'était pas commun de s'arrêter en plein combat pour procéder à des présentations. Pourtant, ils n'apercevaient qu'une infime partie de la toile qui les mêlait intimement. Ni l'un ni l'autre ne se doutait de l'identité véritable de la personne qui se tenait face à lui. Roy pensait probablement à un jeune noble aguerri au combat ; Caliel à un nobliaux parmi tant d'autres. La réalité s'avérait tout autre : Caliel n'était qu'un mensonge bien servi par sa langue et son esprit ; Roy un meurtrier par délation, un faiseur d'orphelins.

Ils ne saisissaient pas le sens, encore, de la scène qui venait de se jouer et dont ils étaient les protagonistes. Ils ne comprenaient pas, ne pouvaient pas comprendre, que cet acte signait peut-être l'impossibilité d'accomplir une vengeance en toute sérénité et la possibilité de vivre quelques années de plus ; qu'il dévoilerait la face cachée de chacun et remuerait des souvenirs trop savamment gardés sous le sceau du secret. Il était même probable que le glaive de la vengeance se retournât contre l'ombrageux et le menaçât de sa présence dans tous les regards, tous les gestes, tous les mots.

La comédie divine, jeu du destin dont les dieux tiraient les ficelles, se jouait dans l'ombre, tandis qu'ils ne voyaient que la face éclatante et lumineuse de la pièce.

« On ne devrait pas rester ici. » La ruelle, à l'écart, assez étroite, n'avait rien d'un point stratégique pour qui n'était pas l'assaillant. Si le brun avait su, il n'aurait probablement jamais fait cette remarque. Il l'aurait déjà tué, en fait. Dans le capharnaüm de la bataille, on ne se serait jamais rendu compte de son crime. Roy aurait été ajouté aux victimes des Témériens, aurait été une raison de plus de leur en vouloir. Il se serait délecté paisiblement de sa vengeance, comme on goûte à un met rare et exotique, qui excite les papilles et vivifie les sens.

Le jeune homme regarda autour de lui. Syf avait fui vers d'autres zones de combat ; il lui faudrait marcher seul jusqu'à ce qu'il le retrouvât. Il se pivota vers Roy et glissa : « Encore merci. » Puis, sans plus de cérémonie, il s'en alla, la main serrée autour de l'épée, prêt à combattre à nouveau malgré les douleurs. C'était peut-être inconscient.

Mais de toute manière, sa destinée était déjà scellée.


© Fiche par Hailey J. Kingston pour Expiation exclusivement
Revenir en haut Aller en bas
Malbe
Malbe

Expié engagé
Nombre de messages :
857
Date d'inscription :
06/12/2013

We want war | Episode 2.02 - Page 2 Empty
Mar 15 Sep - 19:45


 

James C. O'Kinnley
— « Oh.. it's getting a little bit personal » —

Son envie de vengeance ne faisait qu'enfler. La traînée de cadavres derrière lui aussi. D'une soif d'intarissable, James embrochait tous ceux qui lui tombaient sur la main. Il ne faisait aucune distinction. Colosses, maigrelets, guerriers en armure, ceux sans bouclier, les désarmés, les jeunots et les femmes aussi.  Tuer une femme, vous imaginez ? Pour certains, c'était purement inconcevable, un manque total de bon sens et de raison. Pensez par là, aux hommes d'éducation, aux hommes d'honneur et aux nobles de coeur. Aucun des trois, jamais, ne s'abaisserait à un tel acte. Mais pour James c'était régalant. Car lui, n'avait ni éducation, ni honneur, ni coeur.

Il avait beau être un éternel séducteur, il avait beau les aimer, les charmer tous les jours; ôter la vie d'une de ces charmantes créatures ne lui procurait que du plaisir. Aucun complexe, vraiment. Particulièrement pour ces femelles barbares, qui n'avaient rien de charmant. La tâche en était d'autant plus facile. Trancher les jugulaires, surtout féminines, avait quelque chose de .. céleste. Un geste gracieux, d'une beauté complexe ... que seul James pouvait comprendre. Délicieuses monstresses aux longues mèches inondées du sang de leur victime, terribles assassines aux jupes indigènes, infâmes merveilles aux bustiers abondants. Les raisons de son excitation devenaient multiples et de plus en plus floues. Il était provoqué par l'adrénaline de la bataille, et lorsque son épée tranchait une poitrine ronde, il jubilait. L'enragé. La folie le submergeait, guidait son bras, projetait son épée, à droite, en bas, à gauche puis à droite. Ses sens étaient démultipliés, il se sentait fort, il se sentait vainqueur. Chaque côté était défendu, protégé par un instinct de survie. Et même ... par son talent d'immortel.

Sa lame vint encore se loger dans une cuisse. Le son du muscle déchiré le rendit euphorique. Il était comme fou. James, appuyé de tout son poids sur le pommeau de l'épée, se pencha doucement vers sa victime. Il s'était approché lentement, comme si il savourait chaque seconde. Il susurra d'une voix des plus terrifiantes : « Un dernier mot ? » On aurait pu le croire heureux. Mais ses lèvres tirées en un rictus fallacieusement et diaboliquement guilleret rendait perplexe. Son visage était à quelque centimètre de celui du barbare. Ce dernier, blanc comme la mort, pouvait parfaitement et avec horreur, discerner les pupilles de son meurtrier. Le regard océan était devenu translucide, aussi clair que la lune. Le blanc de ses yeux, était parsemé de vaisseaux rouges, éclatés, qui lui donnait un air de démon. Et son rire. Effroyable et insupportable. Sur sa bouche, sur ses dents, l'Etranger crut voir du sang. Mais c'était certainement la panique des derniers instants qui le faisait délirer. Le silence du malheureux scella son destin. James arracha joyeusement son épée de la cuisse ... pour la planter dans le bras. Il écouta avec délice le cri de douleur. Ravi, il enleva encore la lame. Mais au lieu de venir se figer dans le crâne du barbare, un autre métal l'arrêta.

« Va t'en ! » Il était surpris d'être interrompu. Légèrement intrigué aussi. Il laissa le condamné s'échapper. L’atrophié n'irait pas bien loin de toute façon, avec son bras ballant et sa jambe à traîner. Mais James ne se souciait déjà plus de lui. C'était plutôt sa nouvelle proie qui occupait toutes ses pensées. Cette garce était à lui. Oh oui, il allait la réduire en bouillie. Elle croyait l'impressionner avec ses tresses blondes et les trois gouttes de sang sur ses pommettes roses ? Elle croyait pouvoir le défier sans conséquence ? Et pire, elle croyait pouvoir le battre ? De toute évidence, cette audacieuse insolente avait beaucoup d’espérance car déjà, elle dégainait sa lame. Il se lécha les lèvres en riant. Ses bras tombèrent mollement le long de ses hanches, l'épée dans la poussière. « Vraiment ? » Il riait d'elle. La situation était tout de même comique. Cette barbare avait du cran d'interrompre une exécution, mais en plus, l'exécution de James. Tous ceux qui avait tenté une telle chose  avaient subit de charmantes représailles. L'Ombrageux se gratta le nez et craqua ses doigts. L'asticoter la motiverait. Soit à se lancer, soit à déguerpir. Dans les deux cas, elle était finie. Mais elle restait plantée là, aucunement terrifiée à cette idée. Elle avait même un petit air méprisant. « Oh je vois. » Il haussa les épaules. C'était son choix. « Un dernier mot ? » Le sourire horrifique s'effaça subitement. Le rouge de ses yeux finit d'envahir le sclère et l'épée en l'air, le démon se jeta sur celle qui avait osé le défier.



© Fiche par Hailey J. Kingston pour Expiation exclusivement
Revenir en haut Aller en bas
Cody D. Everglade
Cody D. Everglade

écrivain à succès
Nombre de messages :
279
Date d'inscription :
05/07/2013

We want war | Episode 2.02 - Page 2 Empty
Dim 4 Oct - 21:55




Maximilian K. Ainsworth
— « The world seems to be fading » —

Honnêtement, Max aurait pu savoir ce qui allait se passer. Ce n'était pas comme si ce n'était jamais arrivé. Derrière chaque pas d'Aria se cachait une tragédie, un drame encore méconnu qui n'attendait que de se faire connaitre. Il avait pu en rire, de ses petites catastrophes, ses inattentions qui finalement se dénouaient sans problèmes, ses situations improbables d'où elle arrivait à s'en sortir en deux trois mouvements. Il avait pu en rire, et parfois même accepter ce fait inévitable. Il avait pu en rire parce qu'il n'était jamais loin pour l'aider, jamais trop loin pour garder un oeil sur elle et surtout jamais loin pour la protéger. Les dieux ont un sens de l'humour tordu. Ou peut-être en avaient-ils assez de voir leur victime passer entre les mailles du filet, désespérés d'ajouter cet ange à leur collection qui n'en finit pas. Oh, pour ça, ils en auront eu de nouvelles têtes aujourd'hui.

Après avoir ramasser sa lame jetée au sol après l'annonce, Max leva les yeux au ciel, essayant de communiquer toute sa rage vers ces voleurs de vies. Les bruits de bataille avaient cessé, laissant planer un silence sourd, interrompu par les râles de quelques survivants et le crépitement des braises sur le sol. Une fine bruine répondit à son regard, moqueuse. Le visage mouillé, Max sentit ses épaules s'affaisser. Toute l'énergie qui l'avait mené vers la bataille s'était évaporée, laissant une coquille vide hagarde, se demandant ce qu'elle avait fait pour mériter une telle punition. Son coeur s'était pratiquement arrêté, battant à une lenteur mortelle. Le temps paraissait suspendu, et ce n'est qu'après dix bonnes minutes qu'il reprit petit à petit conscience du monde qui l'entourait. Des guerriers et autres soigneurs commençaient à ramasser les morts, se frayant un chemin entre les débris. Un tout autre spectacle se déroulait sur la place, en face d'où il se tenait. Les Trois, enchainés, défilaient, encadrés par les gardes envahisseurs. Des images qui hier l'auraient rempli de joie, mais qui aujourd'hui ne lui faisait ni chaud ni froid. Tournant lentement sur ses talons, Max vit la dernière personne qu'il aurait souhaité voir. Isabelle.

L'air désespérée, elle parcourait la foule du regard, cherchant quelqu'un. Le jeune homme sentit sa gorge se serrer encore plus. Il ne voulait pas être le porteur de mauvaises nouvelles. Il ne voulait pas voir le visage d'Isabelle se figer, puis se tordre de douleur. Il ne le supporterait pas. Pourtant, ses pieds refusaient de lui obéir. Il resta donc la, bêtement, attendant l'inévitable. Des yeux furtifs s'arrêtèrent sur lui. Des bras fermes se refermèrent sur lui. Une voix d'où perçait l'espoir retentirent dans ses oreilles. “ - Oh Max, mon cher Maximilian comme c'est bon de te voir ! ”  

Il n'osa pas répliquer. "-Maximilian?" Un bref regard vers le sol. La pression sur sa poitrine disparut, laissant place à un vide douloureux. Elle le sait. "-Où est Arianna?" Sa voix devenait insistante, limite hystérique. L'ancien forgeron refusait toujours de répondre. A quoi bon? Lui même ne le savait pas, son emplacement précis. Un autre monde, sûrement.  Il sentit Isabelle s'éloigner. D'instinct, il s'avança, mais elle recula. “ - Non, non... Où est-t-elle ? Tu dois me le dire. Tu le dois Max. Où est ma soeur ?!  Elle enchaina. “ - Je dois le savoir, allez. Et ne mens pas ! Dis-le ! ”Max refoula un sanglot. S'il se mettait à parler maintenant, il ne pourrait plus retenir ses larmes, encore moins ses hoquets de souffrance. Il voyait Isabelle, ses yeux rouges inondés,  une expression de désespoir sur son visage. Le jeune homme l'attira de nouveau contre elle, mais elle le repoussa, soudainement dotée d'une force supérieure. Il essaya tant bien que mal de la calmer. "Je suis désolé..." Sa réaction fut plus violente. “ - Comment oses-tu ? Ne dis pas que tu es désolé, tu n'en as pas le droit ! Tu ne peux pas être désolé... Tu ne le penses pas !"
Ne sachant que faire, Max répéta ses excuses, tel un mantra. Il ne savait plus ce qu'il se passait. La bouche d'Isabelle remuait, mais il ne comprenait plus ce qu'elle disait. “ - Je t'avais confié ma soeur, tu étais supposé la protéger et l'aider. Et maintenant Arianna est morte ! Arrête de dire que tu es désolé ! ”

Une claque le fit taire, le ramenant sur terre. Sa joue droite le lançait, mais ce n'était pas ce qui lui faisait le plus mal. Isabelle avait mis le doigt sur le sujet qu'il avait évité jusqu'ici. Il sentit ses genoux flancher, priant pour que la terre s'ouvre sous lui, pour fuir le regard accusateur d'Isabelle. Celle-ci s'était effondrée, le corps secoué par les sanglots. Doucement, il l'a releva, la laissant pleurer sur son blouson. Quelques larmes finirent par rejoindre celles de la jeune femme, et ils pleurèrent en silence pendant quelques minutes. Isabelle chuchota. “ - Aria ! Aria, non... C'est tellement injuste. Elle m'a sauvée ! Pourquoi ont-ils pris sa vie et pas la mienne ? ”
Max se demandait la même chose. Il aurait préférer quitter ce monde en sachant qu'elle était saine et sauve. Mais ce n'était pas ce qu'Isabelle avait besoin d'entendre maintenant. "Parfois, des questions restent sans réponses. La haine, la malchance, le courage, tellement de choses qui peuvent influencer le cours d'une vie..." Isabelle releva la tête. “ - Pardonne-moi, Max. Toi aussi tu l'as perdue. ”
D'un bref hochement de tête, il accepta ses excuses. Il l'a soutenait, mais elle avait raison. C'était sa faute. Il n'avait pas été la. Au lieu d'aller combattre avec les autres, il avait agi comme un enfant, boudant dans son coin. Il avait condamné sa complice des premiers jours tout simplement parce qu'il n'avait rien fait. Ce qui était pire. Berçant Isabelle, Max se fit la promesse de venger Aria, même s'il savait qu'on fond, c'était lui le meurtrier.





© Fiche par Hailey J. Kingston pour Expiation exclusivement
Revenir en haut Aller en bas
Alessandra de Marbrand
Alessandra de Marbrand

Fondatrice
Nombre de messages :
1156
Date d'inscription :
24/10/2012

We want war | Episode 2.02 - Page 2 Empty
Dim 4 Oct - 22:25



hildr m. kenthrick
— « this is war » —

Attendre la fin de l'attaque de la première ligne pour entrer dans la cité et s'infiltrer à leur suite. Les ordres étaient simple, seulement la pratique, elle, ne serait pas si aisée à réaliser. Hildr passa en revue ses recrues, c'était un groupe plutôt hétérogène, des guerriers de tous les âges : des jeunots comme des hommes mûrs et, voire même, pour certains, proches de la vieillesse. Et puis il y-avait quelques femmes : certaines déguisées en homme tentaient au mieux de se dissimuler, d'autres, elles, les cheveux détachés, sans casque, embrassaient la destinée qui leur était offerte.  

Hildr n'avait qu'une seule pensée : la bataille. Sa tête se vidait peu à peu. Elle n'avait plus peur, elle n'était plus émue, ni impatiente. Elle ne songeait qu'à remplir son devoir : mener ses hommes au mieux dans cette guerre. Et bientôt elle accomplirait cette tâche. Elle aperçut les guerriers de la première ligne se lançait corps et âmes dans la bataille, offrant leurs corps aux flèches et sacrifiant leurs vies pour leurs dieux. Hildr resta à son poste, contrainte d'observer les silhouettes lointaines tomber comme des mouches sous une salve de flèches et autres projectiles lancés par leurs ennemis depuis les remparts. C'était un véritable massacre.

Enfin, l'ordre arriva, accompagné de cris d'enthousiasme. Les portes avaient cédées. Sur un cri, leur troupe se lança à l'attaque, Hildr en première. A leur côté, d'autres escadrons similaires. Elle entama une course folle jusqu'aux portes. Elle aperçut confusément une centaine de soldats pressés devant les remparts de la cité, tentant de se frayer un chemin tout en évitant les projectiles ou l'huile bouillante qui était déversé depuis le haut des remparts. Elle atteignit bientôt la masse de soldats qui commençait déjà à se fluidifier de telle sorte qu'elle réussi à passer rapidement.

Elle y était, elle était à l'intérieur de la cité. Hildr avançait pas à pas, frappant ennemi après ennemi, jetant quelques regards vers ses hommes dès qu'elle le pouvait. C'était une mêlée infernale, des hommes se jetaient sur d'autres hommes, des centaines de corps gisaient sur le sol, entravant les soldats encore debout. Des flots d sang vermeil ruisselaient par terre, rendant le pavé poisseux et teinté de rouge. Pourtant, elle n'était pas horrifiée par cette vision, ni par la mort omniprésente, ni par la souffrance des blessés. Elle pensait seulement à combattre, et à gagner du terrain, mètre après mètre, menant ses soldats toujours plus loin à l'intérieur de la ville. Elle avançait, fendant l'air de son épée, abattant ses ennemis, réalisant le souhait des dieux : rien d'autre n'avait d'importance.

Elle était fatiguée, couverte de blessures, mais elle n'en ressentait aucune douleur. Un soldat se jeta sur elle, la jeune femme se protégea avec son bouclier et le repoussa d'un coup sec. L'épée du guerrier déchira le cuir et la blessa au niveau d'une côte. Après un gémissement de douleur la guerrière empoigna son épée et riposta, elle frappait de son glaive mais aussi avec son bouclier jusqu'à ce que son épée transperce la poitrine du soldat. L'homme s'effondra sur le sol, inerte, accompagné du cri satisfait d'Hildr.

La jeune femme releva la tête, elle cherchait des yeux ses hommes lorsque son regard se posa sur un homme en particulier. Rien d'autre que cette bataille ne devait avoir d'importance... seulement ce n'était pas le cas. Elle aurait voulu l'oublier, effacer son erreur du tableau et faire comme si de rien n'était, mais jamais les dieux ne laissent de telle erreur sans punition. Elle s'apprêtait à détourner le regard tant qu'il ne l'avait pas vu, l'ignorer et retourner se fondre dans la masse de combattant. La jeune femme suivit le regard de l'homme, elle aperçut alors une guerrière ennemie, acharnée, s'en prendre à un des leur. Un scénario inévitable dans cette bataille et pourtant...

Elle ne l'avait pas reconnue aux premiers abords mais, l'homme qui s'effondrait sous les coups de la guerrière, c'était Torstein. Hildr hurla son nom et s'élança vers eux. La combattante leva son glaive, prête à abattre toute sa colère dans un coup fatal... lorsque Hildr se jeta sur elle.



Spoiler:
Revenir en haut Aller en bas
Dezbaa
Dezbaa

Expié de talent
Nombre de messages :
414
Date d'inscription :
03/04/2015

We want war | Episode 2.02 - Page 2 Empty
Dim 4 Oct - 22:59




Freyja E. Shestën
— « The devil in the eyes. » —

Le rire de son ennemi éclata lorsqu'elle dégaina son épée. Il laissa la pointe de la sienne se fondre dans la poussière, se servant de la garde comme d'un appui, comme d'une canne. « Vraiment ? » Elle arqua un sourcil. Les remarques sexistes, machistes et acerbes, elle en avaient essuyé des centaines. Dans le pire des cas, si ça n'occasionnait pas son indifférence, elle s'en trouvait agacée. Les gens n'évolueraient jamais d'eux-mêmes ; Katharina aurait encore beaucoup de travail à accomplir sur les mentalités de ce bas-peuple. « Oh je vois. » lâcha-t-il avant d'ajouter : « Un dernier mot ? » Mais, déjà, elle avait levé son arme et engageait le combat. Les gestes en disaient tellement plus.

Le Nordien s'avérait être un adversaire méritant. Quoi qu'il ne se montrât aucunement digne de son respect, juché sur la fragile montagne de son arrogance et sur l'illusoire piédestal de sa supériorité masculine, elle devait admettre qu'il savait se battre, mieux que certains Témériens. Le métal s'entrechoquait au rythme de leurs mouvements rapides et habiles. Ils tournoyaient, tels deux oiseaux se livrant à une parade nuptiale déchaînée qui faisait flamboyer leurs teintes chatoyantes. Leur danse mortelle s'enchaînait. C'était comme une chorégraphie qu'ils connaissaient par cœur, qu'ils avaient répétée des milliers de fois, comme s'ils devinaient chaque coup à porter, chaque parade à exécuter. Le monde extérieur n'avait plus de sens ; seul importait la bulle dans laquelle ils évoluaient. Cette bulle qui n'aurait lieu et droit d'exploser que lorsque l'un des deux partis serait à terre, mort et baignant dans son propre sang.

« Ah ! » La lame tomba sur sa hanche et déchira sa peau. Elle porta sa main au côté, exerçant une légère pression tandis que le brun affichait une expression narquoise. Elle serra les dents, inspira, et reprit la garde de son épée à deux mains, couvrant de son sang la seconde. Elle se rua sur son adversaire, qui esquiva son coup avec justesse et facilité. Non, il fallait être calme. La colère n'apportait rien d'autre que la perdition ; en ce cas la mort. Elle fit volte-face et affronta un instant son regard vaniteux. Elle revint à la charge avec plus de souplesse et de tranquillité, plus de détermination et de précision. Les combattants s'infligèrent des blessures qui demeuraient minimes, parce qu'ils ne parvenaient pas, tant l'un que l'autre, à prendre le dessus. Cependant, cumulées les unes aux autres, elles les affaiblissaient, extrayant sans scrupule le sang de leurs corps meurtris, qui roulaient sur le sol ou voltigeaient dans l'air.

Le duel aurait pu durer une éternité, ou jusqu'à ce qu'ils s'entretuassent mutuellement, si Freyja n'avait pas saisi cette occasion, si elle n'avait pas vu cette brèche qui s'ouvrait pour qu'elle frappât la jambe de l'Ombrageux. Elle abattit son arme et le fit tomber à genoux dans la poussière. D'un coup de pied rapide et sec, elle le désarma, puis poussa l'épée plus loin. Elle saisit la sienne afin de lui porter le coup fatal, de lui transpercer la chaire, de lui pourfendre les boyaux, lorsqu'elle se sentit soulevée de terre. La pointe de sa lame glissa sur le torse de l'homme, et ne fit qu'ouvrir une large balafre sanguinolente. Un cavalier l'avait saisie par la taille, dans la tentative de sauver son allié. Elle se débattit farouchement ; il la lâcha, et elle tomba sur le sol cadavérique. Exténuée et souffrante, elle releva la tête pour chercher l'inconnu du regard. Elle espérait que la plaie était au moins profonde.

***

Les rangs ennemis se faisaient éparses et diminuaient grandement. Nul doute qu'ils avaient déjà gagné cette bataille. Bientôt, ils pénétreraient dans leur forteresse et s'empareraient du trône. Maculé de sang, le guerrier traçait son chemin mortuaire dans la foule débridée. Il avait laissé ses pensées préoccupantes derrière lui, et désormais rien ne l'arrêterait dans sa course. Rien, sauf ça. Levant le visage de son oeuvre funèbre, il aperçut un jeune homme aux prises avec une guerrière ennemie. C'était Torstein. Et la femme avait largement l'avantage. Le combattant s'arrêta. Il passa une lourde main sur son front trempé du rouge et de l'eau. Et il observa. Que faire ? Mais il n'eut le temps de rien ; une jeune femme blonde fondit sur l'adversaire. Qu'ils s'arrêtent !


© Fiche par Hailey J. Kingston pour Expiation exclusivement
Revenir en haut Aller en bas
Linelleray
Linelleray

Expié de talent
Nombre de messages :
586
Date d'inscription :
15/07/2013

We want war | Episode 2.02 - Page 2 Empty
Lun 5 Oct - 19:59



isabelle hart
— « stop saying you're sorry » —


Isabelle fut pris de vertiges et plaqua un linge contre sa bouche. Ses entrailles se tordaient violemment, et la seule envie de vomir la gagnait. Ce n'était qu'épouvante et désastre, la mort était partout. Elle fit un tour sur elle-même à la recherche de visages familiers. Du haut de son étalon blanc, Katharina de l'Autre Terre la toisait, jugeant de chacun de ses gestes. Les soldats Témériens tiraient un à un les cadavres vers le centre de la cité. La montagne de corps s'élevait toujours plus, c'étaient des hommes et des femmes qu'on empilait ici, des enfants et des vieillard, des nobles et des esclaves, des Vivendalais et des Témériens. L'Enfer n'avait pas de camps, nul n'était jamais épargné.

Le ciel n'était plus que ténèbres. La lumière percerait-elle jamais à nouveau sur le monde des Hommes...? Le nuage noir de corbeau fondit sur la montagne sanglante de vies humaines, à chaque nouvelle percée, ils déchiraient un peu plus la chair de ce qui reposaient désormais dans l'au-delà. Les Témériens décochèrent une volée de flèches sur les volatiles. La rescapée jugea toutes ses vies volées, il ne resterait bientôt plus rien d'eux. Le feu les consumerait tous, et leur cendre recouvrait Vivendale. Isabelle frissonna à cette seule idée que cela aurait pu être elle. Mais Elia en avait décidé autrement, le Trisäl avait depuis longtemps abandonnée la jeune femme et elle trouvait une foi nouvelle auprès de la déesse. La Lady Hart, héritière du pouvoir des Trois et du Haut-Gouvernement, n'était plus l'enfant rebelle et alarmée d'autrefois. Isabelle était devenue la femme d'une guerre, un être rangé et juste. La reine eliaryenne lui avait fait entrevoir un nouveau monde. Un monde lavé de péchés et où l'on pourrait tout recommencer.

Arianna. C'est à elle qu'Isabelle pensait. Elles recommenceraient tout, la vie les avait privées l'une de l'autre. Mais aujourd'hui elles prendraient un nouveau départ. Les erreurs de leurs parents n'auraient plus à les affecter. Chacune se libéreraient de ses meurtrissures passées. La seule hâte de revoir sa soeur la faisait avancer parmi l'hécatombe. La jeune femme la prendrait dans ses bras et lui dirait à quel point elle l'aime, qu'elle était le seul être qu'elle n'est jamais su aimer.

L'escorte de prisonniers passa au centre de la place. La garde royale marqua l'arrêt et leur imposa la vue des centaines de dépouilles. La Hart croisa un instant le regard de la lionne Médicis. Julianne était impassible et pourtant, elle serait jugée et rendue coupable de trahison dans quelques heures. Non loin d'elle, Alan - les mains liées - serrait avec ferveur une effigie de la divine Malsa et murmurait sans répit d'incompréhensibles psaumes. Isabelle eut pitié de cet homme. Le Trisäl s'éteindrait bientôt, et Elia prendrait la place qui lui était du dans les temples. Nul ne contredirait alors la légitimité du règne de Katharina. Parmi les anciens dirigeants et profanateurs de Vivendale elle ne parvint à retrouver son beau-père. La foule de prisonniers était bien trop massive, mais elle ne douta pas un instant que Jason se trouvait quelque part les mains entravées par des chaînes. Les ligotés reprirent leur marche et furent guidés jusqu'à l'intérieur de l'ancien temple trisälin : le nouveau Palais de Justice.

Les rescapés s'engouffrèrent dans les rues. La tumulte passée avait laissé place à un mutisme partagé. Les Témériens les avaient libérés de la dictature du Haut-Gouvernement, mais ne restaient-ils pas des envahisseurs...?

Isabelle entraperçut une crinière brune et un visage familier. Elle s'élança dans la foule. En un moins de temps, la jeune femme avait parcouru la distance la séparant de Maximilian, et sauta dans les bras du forgeron.

“ - Oh Max, mon cher Maximilian comme c'est bon de te voir ! ” Elle relâcha son étreinte et plongea son regard sauvage dans les doux yeux de l'Ombrageux. Mais son visage était éprouvé, ses yeux torturés. La chaleur qui l'habitait auparavant l'avait déserté. “ - Maximilian ? ” Il détourna le regard une infime seconde. Mais ce laps de temps avait été suffisant. Le pressentiment, ce pressentiment, avait envahi les pensées d'Isabelle. Elle recula brusquement. “ - Où est Arianna ? ” La jeune femme s'agitait de plus en plus, elle abattit ses mains sur sa poitrine déchirée par une douleur sourde. “ - Non, non... Où est-t-elle ? Tu dois me le dire. Tu le dois Max. Où est ma soeur ?! ” Elle recula davantage encore quand il tenta de s'approcher. “ - Je dois le savoir, allez. Et ne mens pas ! Dis-le !


— « you were supposed to save her » —



Non ! Ce ne pouvait être possible. Arianna n'était pas... Non. Ce n'était pas vrai, on se jouait d'elle. Sa soeur était en vie. Le forgeron mentait, il voulait simplement la blesser pour se venger de les avoir abandonnés à la Lune de Sang. La jeune Wadson allait débarquer d'une seconde à l'autre et passer les bras autour du cou d'Isabelle. Elles s'embrasseraient avec la ferveur de deux soeurs et tout irait bien. Il le fallait, car jamais Isabelle ne tiendrait un tel choc. Mais le géant Ainsworth n'avait plus l'allure d'antan, il tremblait et tenait à peine debout. Alors elle comprit que c'était vrai. Arianna était morte. Isabelle hurla de désespoir.

Les larmes inondaient ses joues. Elle criait encore et encore, maudissait l'univers pour lui avoir arraché l'être le plus cher à son coeur. Le jeune homme passa ses bras autour de ses épaules, mais elle le repoussa violemment. Elle n'arrivait plus à respirer, le poids de la vérité pesait sur ses poumons et un étau toujours plus fort écrasait son coeur. Il était responsable de sa mort. “ - Comment oses-tu ? Ne dis pas que tu es désolé, tu n'en as pas le droit ! Tu ne peux pas être désolé... Tu ne le penses pas ! ” Elle serrait ses mains contre ses tempes, tentant vainement d'échapper à la douleur qui se répandait dans tout son corps.  “ - Je t'avais confié ma soeur, tu étais supposé la protéger et l'aider. Et maintenant Arianna est morte ! Arrête de dire que tu es désolé ! ” Elle frappa rageusement le forgeron au visage. Le sang empourprait sa figure.  Mais Isabelle ne gagna aucune satisfaction à voir le contour de ses doigts apparaître sur la joue de Maximilian.

Elle tomba à genoux. Le souffle lui manquait et elle suffoquait toujours plus de minutes en minutes. Tout son corps tremblait, - elle rabattit ses bras contre sa poitrine - elle se balançait d'avant en arrière. Isabelle avait froid, tellement froid. La chaleur la désertait et avec elle son énergie. Elle sentit des bras puissants l'attraper, et la serrer fort. Elle s'y agrippa comme à une bouée de sauvetage, comme à un dernier recours pour s'en sortir. Les larmes coulaient inlassablement sur ses joues. Isabelle aurait voulu éteindre sa peine, s'en défaire, mais elle ne le pouvait. C'était un poids de plus, un nouveau fardeau, à porter. Comment était-on sensé continuer à avancer ? On la soutenait totalement désormais, les bras la soulevait et elle se sentit étreinte. Elle répandait maintenant ses larmes sur le blouson en cuir de Maximilian. Pourquoi ne la détestait-il pas ? Son amie était morte par sa faute.  “ - Aria ! Aria, non... C'est tellement injuste. Elle m'a sauvée ! Pourquoi ont-ils pris sa vie et pas la mienne ? ”  Elle se laissait bercer par la voix du jeune homme. Elle ne saisissait que quelques bribes de ce qu'il lui disait, plus rien ne semblait avoir d'importance maintenant. Elle entoura de ses bras le cou du grand brun. “ - Pardonne-moi, Max. Toi aussi tu l'as perdue.
Revenir en haut Aller en bas
Seyrane de Larant
Seyrane de Larant

Divine plume
Nombre de messages :
726
Date d'inscription :
18/08/2013

We want war | Episode 2.02 - Page 2 Empty
Dim 18 Oct - 23:56



rebecca e. habberline
— « so you think you can beat me ?  » —

La bataille faisait rage autour d’elle, mais Rebecca n’y prêtait guère attention. Couverte d’un sang qui n’était pas le sien, la jeune femme ne tendait qu’à un seul objectif : anéantir. Les combattants qui l’entouraient, les flots de sang qui jaillissaient à ses pieds, les corps qui s’effondraient dans la poussière, rien ne lui importait d’autre que son adversaire. Elle tuait avec un systématisme glaçant, abattait ses ennemis les uns après les autres, infatigable et inatteignable.

La plupart des Étrangers étaient sans aucun doute des civils, des soldats entraînés depuis le début de la conquête qui se battaient avec une rage et une ferveur extraordinaire, mais qui pour certains manquaient cruellement de tactique. Ils faisaient pourtant face avec efficacité, et il était impossible d’évaluer quel était celui des deux camps qui prenait le dessus. La brune, en guerrière expérimentée, ne se prononcerait sur l’issue des combats que lorsque le dernier de ses adversaires serait à terre.

La jeune femme sortit sa lame du cadavre d’un Témérien et pensa pouvoir s’accorder un instant pour reprendre son souffle. Elle profita de ce court repos pour jeter un coup d’œil autour d’elle et repérer les membres de la Guilde dont elle se rappelait le visage. Il semblait que les Ombrageux tenaient bien le coup, mais ils étaient en large infériorité numérique et leurs talents ne suffiraient pas.

Soudain, une douleur cuisante dans la jambe interrompit son observation. Une sorte de colosse Témérien, deux fois plus haut et large qu’elle, lui avait infligé une brûlante estafilade dans la cuisse. La blessure, large et profonde, se mit à saigner abondamment et Becca riposta violemment, la mâchoire contractée par la souffrance. Seulement son adversaire était, sinon plus rapide et plus agile, du moins plus puissant qu’elle. La jeune femme parait vaillamment ses coups, mais elle perdait du terrain, obligée de reculer pour conserver la protection que formait son épée. Le bruit métallique des lames qui s’entrechoquent résonnait à ses oreilles de plus en plus fort, semblaient emplir tout son corps. Même son cœur paraissait battre à ce rythme, aussi régulier que celui d’un métronome. L’adrénaline coulait dans ses veines, et bientôt la pulsion frénétique du sang qui lui battait aux tempes remplaça le vacarme des combats.

Lorsque son dos buta contre le mur de pierres, la jeune femme eut un geste de panique. Elle était acculée comme une proie, piégée par la masse herculéenne de son adversaire qui rendait toute issue impossible. Si elle ne trouvait pas une solution, et très vite, elle serait embrochée comme une vulgaire volaille. Non, hors de question. Elle ne pouvait pas mourir de la main d'une sorte de bovin stupide comme celui-ci. Le-dit animal éleva son arme pour lui porter le coup fatal et Rebecca ferma les yeux instinctivement, priant pour que quelque chose, n'importe quoi, se mette entre la lame et elle. Mais la morsure glacée du glaive ne vint pas, et elle ouvrit les yeux. Son assaillant était figé dans son mouvement, une masque de souffrance sur le visage. Comme paralysé, il s'écroula et sa carcasse gigantesque aurait écrasé la brunette si elle n'avait pas bondi sur le côté.

Elle leva la tête, cherchant des yeux ce qui avait causé la mort subite du Témérien et vit un jeune homme au visage familier dégager son épée du cadavre. C'était un Ombrageux, elle en était sûre bien qu'elle ne pusse pas mettre un nom sur ces traits juvéniles et cette tignasse châtain. Elle le remercia d'un signe de tête, bénissant intérieurement les divinités qu'au moins un des membres de la Guilde l'ait identifiée comme alliée.
Puis, ne s'accordant pas un instant de repos supplémentaire, elle s'élança à nouveau dans la bataille.

Assoiffée de vengeance et de sang et mue par une fureur digne d'une guerrière se battant pour sa propre contrée, Becca bondit devant la monture d'un Témérien qui passait au galop, arrêta l'animal en l'attrapant au mors et désarçonna violemment le cavalier. Lui laissant à peine le temps de se relever, elle engagea le duel à l'épée, prise par une frénésie meurtrière. Ce n'était pas tant la mort des attaquants qu'elle désirait, mais plutôt une victoire incontestable, brillante, dans les règles de l'art. A vrai dire, Rebecca se souciait peu des cadavres qu'elle laissait derrière elle ; elle n'assassinait pas par plaisir mais par nécessité et ne se s'en formalisait pas. La souffrance de ses ennemis ne la satisfaisait pas plus ; non, ce qu'elle désirait et ce qui provoquait chez elle cette jouissance guerrière, c'était le triomphe. La consécration de ses efforts et de ses blessures, ce qui seul pouvait prouver sa valeur en tant que guerrière et même sa supériorité face aux hommes.
Tout le monde peut tuer. Tout le monde ne peut pas vaincre.

Son adversaire était en mauvaise position. C'était un bon soldat, mais il était probablement blessé et parait avec difficultés les coups qu'elle portait infatigablement. Exténué, il finit par s'effondrer. Becca éleva son arme et s'apprêta à lui porter le coup mortel, comme ce Témérien l'avait fait quelques minutes auparavant. La lame scintilla dans l'air et s'abattit sur le jeune homme. Mais, tout comme la brune l'avait fait, celui-ci avait du prier pour que quelque chose s'interpose entre l'épée et lui. Sauf que, contrairement à elle, son vœu avait été réalisé, et la lame ne rencontra pas la chair d'un humain mais le tranchant d'une sœur d'acier.  

La guerrière brune se rejeta en arrière, surprise, et découvrit son assaillant... ou plutôt son assaillante. Une Étrangère aux longs cheveux blonds dont les yeux soulignés de noir brillaient d'une lueur vengeresse. Becca sut immédiatement qu'elle faisait face à une adversaire de taille et décida de la laisser attaquer pour jauger de ses forces et de ses faiblesses. Campée sur ses appuis, elle banda chaque muscle de son corps affaibli et se prépara à riposter au premier coup. La blonde s'élança sur elle, sa lame menaçante pointée sur sa poitrine. Rebecca se contenta d'esquiver ce coup trop puissant, porté par la rage inouïe qu'exprimait le visage de la jeune femme et riposta aussitôt. Malgré sa fureur, la Témérienne était sur ses gardes et para sans difficulté. Leurs deux lames grincèrent sous le choc et chacune recula d'un pas. Les deux opposantes se jaugèrent du regard, les yeux plissés, la bouche tordue en une moue amère : deux femmes qui se battaient dans une société d'hommes, et qui étaient déterminées à y conquérir leur place, coûte que coûte.

Revenir en haut Aller en bas
Alessandra de Marbrand
Alessandra de Marbrand

Fondatrice
Nombre de messages :
1156
Date d'inscription :
24/10/2012

We want war | Episode 2.02 - Page 2 Empty
Lun 19 Oct - 20:44


hildr m. kenthrick
— « love is the warrior's greatess weakness » —

Elle n'était plus elle même, muée par une rage qui lui était inconnue, portée par une colère animale qu'elle n'avait jamais éprouvée auparavant. Les deux lames s'interpellèrent dans un grincement métallique, obligeant les deux femmes à reculer d'un pas. La jeune femme jaugea son opposante d'un regard haineux. Au fond de son être bouillonnait une bête qui, tapie dans l'ombre, n'attendait plus qu'une petite étincelle pour embraser tout son corps. « Ah ! C'est tout ce que tu sais faire bâtarde ?! » cracha-t-elle avec mépris tout en s'élançant sur elle. Elle voulait du sang.

La jeune femme sentit l'arme l'effleurer d'un souffle d'air. Elle vit la peur l'envahir, elle avait esquivé ce coup de peu, seulement quelques centimètres l'avaient séparé d'une mort certaine. Qu'avait-elle fait ? Stupide, idiote, insouciante. Elle n'était que chaire et os, rien que quelques muscles partageant l'enveloppe d'un corps solide. Combats le bon combat repensa-t-elle dans son esprit. Ses paroles hantaient son esprit, lui rappelant le serment qu'elle avait prononcé il y-a quelques années déjà. Un serment qu'elle avait rompu en se laissant submerger par la rage.

Hildr reçu un coup violent à la mâchoire, elle sentit sa bouche se remplir d'un liquide chaud, de l'hémoglobine. Elle cracha sur le sol le sang qui obstruait sa bouche. Du sang, ce n'était que du sang, le sang d'une traîtresse, d'une femme qui avait failli à ses devoirs, qui avait agi sans penser aux conséquences, d'une femme qui avait tourné le dos à ses dieux.

La jeune guerrière para un coup avec souplesse, cependant elle peinait à maintenir un rythme soutenu. Ses muscles lui étaient douloureux sous l'effet de l'épuisement et bientôt ils refuseraient de la porter dans une nouvelle danse mortuaire. Le duel était plutôt équilibré, lorsque la guerrière aux cheveux blonds portait un coup, la brune parait, et vice-versa. Et lorsque l'une d'elle réussissait à toucher son opposante, celle-ci lui rendait la pareil aussitôt.

Ce cercle vicieux agaçait la jeune femme qui luttait pour ne pas être submergée par ses émotions. Intérieurement elle se forgeait une barrière, protégeant son esprit d'une folle inquiétude envers Torstein et d'une rage animale tournée vers la guerrière qui l'avait attaqué. La jeune femme se sentie perdue mais voulut refuser à son adversaire la satisfaction d'une victoire aussi facile. Malgré sa douleur au poignet elle serra la garde de son épée et frappa à nouveau, réussissant à faire un accro à travers l'armure de la combattante.

La jeune femme n'eut pas le loisir de se satisfaire car son adversaire riposta aussitôt. Elle attrapa les poignets de la guerrière, faisant de leurs deux épées des armes inutiles. Combats le bon combat, ne baisses pas les armes se répéta-t-elle tout en luttant contre la douleur qui remontait le long de ses bras alors que son adversaire tirait pour se dégager. Elles se jaugèrent un court instant, leurs visages striés de terre et de sang, leurs regards remplient de colère. « Finissons-en avec ce jeu stupide, » murmura-t-elle entre ses lèvres. N'abandonnes jamais, même s'il semble inévitable que tu es sur le point de perdre continua-t-elle de réciter dans son esprit. Elle serra les dents tandis que ses yeux se remplirent de larmes de douleur.

Elle sentait sa volonté rompre un peu plus à chaque instant, cependant si elle lâchait prise elle libérerait son adversaire, la laissant libre de ses mouvements, libre de la tuer. Elle devait tenir bon, elle ne devait pas céder. Soudain sa ravisseuse tira d'un coup sec et réussi à se libérer de son emprise. Le coup partit instantanément; de sa main libre son adversaire frappa de son épée sans crier gare, touchant la jeune femme au visage. Elle sentit une violente douleur à la tête alors qu'elle sombrait dans une obscurité dense et sans retour.

Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé


We want war | Episode 2.02 - Page 2 Empty

Revenir en haut Aller en bas

Aller à la page : 1, 2  Suivant

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
  :: 
- vivendale -
 :: 
quartiers des repentants
 :: 
les vestiges du mur
-