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Damage case ft. Will & Aria

Alessandra de Marbrand
Alessandra de Marbrand

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Jeu 11 Fév - 21:24





WILLIAM & ARIANNA
— we're both damaged and we give as good as we get  —

Elle avait tout fait pour oublier, pour tourner la page, de laisser tout son passé derrière, jusqu'à rompre sa promesse envers sa soeur. Et malgré ses efforts à vivre une vie sans embûche en attendant que ses anciennes blessures guérissent, il semble que le destin n'est pas fini de se jouer d'elle; la forçant à revenir sur les récents événements qui lui ont tant coûté.
William, lui, n'aurait jamais cru la revoir. L'ingrate avait filé sans un mot alors que sa libération avait coûté l'arrestation de plusieurs de ses frères d'armes; qui justifiaient d'ailleurs la venue du jeune homme dans l'Enclave. A cause d'elle certains de ses compagnons allaient être jugé devant la reine, l'ennemi; laissant alors une rancœur justifiée grandir à son égard. Alors, quand il l'aperçoit dans la rue, par hasard. La tentation de régler ses comptes est bien trop grande.

Après les dommages qu'elle avait causé...il était temps qui lui rende la pareil.

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Alessandra de Marbrand
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Dim 14 Fév - 23:00





ARIANNA H. WADSON
— i just need to forget —

Lentement la vie retrouvait son cours, les blessures cicatrisaient et chacun reprenait sa vie là où il l'avait laissé, en prétendant que rien ne s'était passé ici, qu'aucune guerre n'avait sévit dans ses rues qui se remplissaient à nouveau de vie là où, quelques semaines auparavant, elles avaient accueilli des morts par centaines. Morts dont le sang avait souillé les pavés à présent piétinés par des gens qui ne prêtaient même plus attention aux événements qui s'étaient déroulés ici, faisant comme si rien ne s'était passé ici, agissant comme si rien n'avait changé. A l'exception d'une chose : absolument tout avait changé.

A chaque fois qu'elle arpentait ses rues, la jeune femme revoyait les scènes d'horreurs qui s'étaient produises. Chaque mètre abritait un souvenir, chaque pierre témoignait du sang versé, des morts qui étaient tombés. Si les gens souhaitaient oublier, l'Enclave, elle, se souviendrait toujours. Même si la vie reprenait, les souvenirs, eux, ne s'effaceront jamais. Certains pourront prétendre que oui, qu'ils avaient tourné la page, que la vie reprenait son cours, mais la vérité est que, d'une façon ou d'une autre, les souvenirs de cette journée reviendront les hanter. Personne ne pouvait y échapper, pas même elle.

« Aria ? » La jeune femme fut aussitôt extirpée de ses pensées « Qu'est-ce qu'il y-a ? » demanda-t-elle. « Tu n'as pas écouté un traître mot de ce que j'ai dis n'est-ce pas ? » Confuse, elle hésita. « Désolée Luke... » Le jeune homme esquissa un sourire  « C'est pas grave. » Dans un geste amical, il lui donna un léger coup de coude. La jeune femme esquissa un sourire à son tour. « Et moi alors ? » Arianna se baissa vers la fillette et la souleva du sol pour la caler contre elle. « Et là ça te va Mel ? » demanda-t-elle avec douceur, question à laquelle la fillette répondit en hochant la tête avec un sourire.

La jeune femme en oublia un instant les dernières semaines; les combats, sa chute, sa captivité, son sauvetage...puis sa culpabilité envers ceux qui étaient tombé pour l'aider, et en particulier une personne : Isabelle. Le temps d'un instant, ses images sombres furent remplacées par le sourire de Mel. Elle ressemblait beaucoup à son frère, même à cet âge là on pouvait savoir qu'ils étaient de la même famille. Dans le sourire de la fillette on pouvait revoir celui de son frère aîné, Charlie. C'est ma faute pensa-t-elle j'aurais du rester avec lui...

Elle détourna le regard, scrutant la foule. Elle pilla net. Luke s'arrêta à son tour; « Aria qu'est-ce qu'il y-a ? » La jeune femme ne pipa mot, le regard bloqué vers une silhouette qui les observait. « Qui est-ce ? » demanda-t-il alors que la dite personne s'avançait vers eux. « C'est...euh... » La jeune femme hésita. Etait-ce un ami, un allié, ou bien un ennemi ? Elle ne saurait dire à présent. « Vous devriez y aller. Pars devant avec Mel » conclut-elle en laissant la fillette dans les bras de son frère. Le jeune homme hésita. « Partez devant. Je vous rejoins... »

Luke s'éloigna, sa soeur dans les bras tandis que la silhouette arriva à son niveau. Elle pensait avoir eu une chance d'oublier, de tourner la page, mais peu importe combien elle travaillait dur pour y échapper : les ennuis la rattraperaient toujours. « Will... »
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Seyrane de Larant
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Lun 7 Mar - 21:56





William P. Thawerson
— You left all those who helped you  —


Il faut se méfier de l'eau qui dort. L'Enclave semblait plus paisible que jamais, à l'aube de cette journée nouvelle. Les Vivendalais vaquaient à leurs occupations comme si de rien n'était, parcouraient les rues d'un pas égal, affichaient un air indifférent, un visage lisse et dépourvu de toute marque de préoccupation. Cette apparente tranquillité mettait William hors de lui : comment ignorer les cadavres par dizaines au fond des ruelles, l'odeur âcre dont les relents subsistaient dans l'air, par endroits les taches de sang séché sur les pavés ? On ne pouvait passer outre les évènements antérieurs, on ne pouvait juste agir comme si la vie n'avait jamais été interrompue. Le blond sentit le goût métallique du sang envahir son palais. Il pensa s'être mordu, mais ce n'était qu'une illusion, un mirage ; un souvenir des combats. Il lui suffisait de clore les paupières un instant pour revivre l'enfer. La scène qu'il visualisait derrière ses yeux fermés était saisissante de réalisme et terrifiante de vérité. Il sursauta et la lumière aveuglante du soleil matinal frappa ses pupilles. Ébloui et désorienté, il dut s'arrêter quelques secondes en plein milieu de la rue pour recouvrer ses sens. Quelques jours auparavant, il aurait été bousculé sans ménagement et les exclamations agacées auraient fusé : c'était l'une des rues les plus passantes de l'Enclave et on ne pouvait s'y arrêter, même un instant, sans déranger tout le monde. Mais ce matin-là, aucune voix excédée ne s'éleva et William reprit son chemin en pensant amèrement que Vivendale n'était plus elle-même. L'invasion des Témériens affectait jusqu'à l'essence même de la ville, dont le fonctionnement était bouleversé. Rien ne serait plus jamais comme avant.

L'Ombrageux pressa le pas, dans l'espoir de dissiper ses pensées noires dans la brise légère qui l'enveloppait. Il se dirigeait vers la Place Centrale, où se déroulerait d'ici quelques dizaines de minutes le procès de Rouge. Il avait prévu d'arriver en avance pour se fondre dans la foule et passer inaperçu. Les repérages quant à son placement avaient été faits la veille ; il tenait absolument à ce que la brunette le remarque, en signe de soutien, mais ne pouvait se permettre d'intervenir publiquement. La Guilde des Ombres connaissait déjà un trop grand nombre de pertes pour prendre le risque de défendre ses membres lors de leurs procès respectifs ; et ce constat, tout comme bon nombre d'éléments en ce moment, le mettait dans une rage folle. Les célèbres Ombrageux avaient donc tant échoué qu'ils ne pouvaient sauver l'honneur des leurs ? Néanmoins, au fond de lui, le blond savait qu'il ne contrerait pas les ordres du Conseil pour soutenir sa collègue. Déjà parce qu'ils devait se préparer à sauver les Ombrageux prisonniers d'une autre manière, et que perdre encore des membres n'était pas envisageable ; et ensuite, mais cela il ne se l'avouait pas, parce que la figure paternelle qui lui avait manqué dans son adolescence, et incarnée plus tard par la Guilde au travers de son défunt mentor avait trop d'influence sur le jeune enrôlé encore tapi au fond de lui pour qu'il désobéisse aux ordres.

Justement, à propos de désobéissance et de problèmes non résolus avec la figure paternelle ! William plissa les yeux pour être sûr de ce qu'il voyait, mais il n'y avait pas de doute possible ; c'était bien Arianna qui cheminait entre les passants à quelques dizaines de mètres en face de lui, accompagnée d'un jeune homme et d'une fillette qu'elle portait dans ses bras. Il ignorait parfaitement qui était ces deux enfants, et cela ne faisait qu'ajouter à son irritation déjà grande à la vue de l'esclave. Arianna lui filait entre les doigts comme une anguille ; elle était partie, non, elle avait fui sans demander son reste et sans un mot, un geste pour lui. Était-ce ses frères et sœurs ? Impossible, ils étaient blonds tous les deux et ne ressemblaient en rien à la jeune femme. En d'autres circonstances, l'identité de ces deux marmots n'aurait pas eu plus de valeur à ses yeux que celle d'un passant quelconque ; mais ce jour-là, son ignorance l'agaçait d'autant plus qu'elle renforçait un sentiment qu'il ne supportait pas, celui de ne pas connaître vraiment Arianna. Et ce n'était pas la première fois qu'il le ressentait.

Malgré des années d'entraînement pour refouler son impulsivité, le blond devait admettre qu'elle resurgissait toujours aux pires moments. Il était capable du plus grand sang-froid comme des actions les plus irréfléchies, et étrangement quand le sujet concernait la brunette, il s'était révélé plus emporté que réfléchi. Ainsi, alors qu'il observait le petit groupe depuis quelques minutes et lorsque l'esclave tourna la tête et croisa son regard, il ne lui fallut qu'une dizaine de secondes pour fendre la foule et arriver à leur hauteur. Il resta silencieux, mais son regard chargé de reproches parlait de lui-même. Les enfants avaient continué, probablement poussés par la brune, et ils étaient seuls, face à face. « Will... » Il soupira, excédé et réduisit la distance qui les séparait, la dominant ainsi de toute sa hauteur et suffisamment proche pour prononcer sa tirade assassine d'une voix basse et glaciale, comme il aimait à le faire plutôt que de tempêter au vu et su de tous. « "Will", c'est tout ce que tu trouves à dire ? Tu ne penses pas qu'une phrase un peu plus longue serait plus de circonstance ? Ou non, peut-être que tu préfères te cacher derrière ton ombre comme tu aimes tant à le faire et prétendre que tout va bien, qu'aucune discussion ne s'impose ? » Il la toisa d'un regard méprisant. Dans sa grande expérience des relations humaines, l'Ombrageux ne se rendait pas compte que tout dans son comportement dénotait exactement ce qu'il voulait dissimuler : qu'il était froissé par le comportement d'Arianna. Qu'il était mortifié par le fait qu'elle soit partie sans un regard, sans au moins lui dire. Qu'il était dépité devant le peu de gratitude qu'elle avait manifestée à son égard. En un mot, qu'elle l'avait blessé dans son amour-propre d'homme orgueilleux. Et pourquoi cela ? Parce qu'il tenait à elle. Parce que quelqu'un qui n'attache aucune importance à un individu ne se soucie pas qu'il parte du jour au lendemain sans prévenir personne. Et parce que c'était gros comme une montagne, mais qu'il n'en avait pas conscience, et Arianna non plus.

« Mais je ferais mieux de ne pas plus m'avancer dans mes propos, ou sinon tu vas reprendre ton rôle de victime, de proie captive et blessée, de pauvre petite chose incapable de se défendre. Courir, fuir, c'est ce que tu sais le mieux faire. Tu ne peux pas assumer tes responsabilités, c'est ça ? Tu ne peux pas faire face aux évènements ? » Son courroux déferlait et le visage de la brune se décomposait, et il n'attendait que ça ! De la piquer au vif, que ses mots fassent mouche, pour lui rendre la monnaie de sa pièce et se venger lâchement d'une déception. Que c'était jouissif de la confronter ainsi, de l'acculer contre un mur et de cracher son venin tandis qu'elle ne pouvait pas se défendre car il ne lui en laissait pas le temps, de continuer à frapper et frapper rageusement puis de s'arrêter net et d'observer l'effet de ses paroles sur la concernée ! Encore des propos qu'elle pourrait lui reprocher, à ajouter sur la liste de toutes les autres choses dont elle le blâmait, et d'ailleurs elle ne se gênait pas pour le faire ! Il ne suffirait que de quelques secondes avant qu'elle réagisse aussi violemment, et ils ne pouvaient pas s'en empêcher hein, d'agir comme des gamins qui ne savent pas s'arrêter et qui continuent à provoquer jusqu'à ce que l'un des deux craquent. La belle histoire. Définitivement, ils n'étaient pas faits pour s'entendre, ni pour se côtoyer. Et d'ailleurs, il ferait mieux de quitter au plus vite cette conversation et de reprendre son chemin d'un pas actif pour arriver à temps au procès de Rouge. Car Rouge était plus importante que cette esclave, n'est-ce pas ? C'était une sœur d'armes, ils avaient beaucoup plus en commun qu'avec Arianna. Ils partageaient des valeurs, des souvenirs. Ils ne s'engueulaient pas.
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Alessandra de Marbrand
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Mar 15 Mar - 23:21





ARIANNA H. WADSON
— i did what i had to do —

Nous avons tous fait des choses dont nous ne sommes pas fières. Nous faisons constamment des erreurs, certaines plus grave que d'autres; nous savons tous que personne n'est parfait; mais comment pouvons nous vivre avec ça ? Comment pouvons-nous nous lever chaque matin pensant que nous aurions pu faire mieux, que nous aurions dû faire mieux ? Est-ce qu'un désolé est suffisant ? Une excuse peut-elle vraiment soulager la peine causée ? Aider à guérir les blessures ? Nous racheter ? Peut-il réparer les dommages que nous avons causés ? Dire un simple désolée serait tellement simple... La réalité, elle, est bien plus complexe.

Elle avait commit une erreur, elle le savait. Ce n'était pas d'être partie, bien au contraire, seulement elle avait fui sans un mot ni un regard. Elle leur avait tourné le dos, sans le moindre scrupule ni la plus petite considération pour les personnes restées derrière, telle une voleuse qui rentre et qui ressort aussitôt son butin en poche. Je suis désolée... Les mots lui brûlaient la langue, prêts à se dévoiler au grand jour. Je suis déso.. L'incendie dans sa gorge fut aussitôt éteint par la vague de paroles assassines qui l'assaillit. « "Will", c'est tout ce que tu trouves à dire ? Tu ne penses pas qu'une phrase un peu plus longue serait plus de circonstance ? Ou non, peut-être que tu préfères te cacher derrière ton ombre comme tu aimes tant à le faire et prétendre que tout va bien, qu'aucune discussion ne s'impose ? » Aussi cruelles que vicieuses, les paroles assassines vinrent directement atteindre leur cible. Naïve, elle ne s'était pas attendu à tout ça... à de la déception peut être, mais pas à ça. Les excuses formulées intérieurement s'envolèrent, comme emportées au loin avec la surprise, partant au loin en la laissant derrière, comme elle l'avait fait avec ceux qui lui étaient pourtant venu en aide. « Mais je ferais mieux de ne pas plus m'avancer dans mes propos, ou sinon tu vas reprendre ton rôle de victime, de proie captive et blessée, de pauvre petite chose incapable de se défendre. Courir, fuir, c'est ce que tu sais le mieux faire. Tu ne peux pas assumer tes responsabilités, c'est ça ? Tu ne peux pas faire face aux évènements ? » Il la blessait. Il voulait la blesser, lui faire mal, la faire souffrir. Et, jusqu'à présent, il réussissait à merveille. « Je... » Elle ouvrit la bouche, mais cette dernière était vide de mots. Aucune excuses, aucune justification, rien ne suffirait à réparer ce qu'elle avait fait. Elle avait commit une erreur, et elle ne pouvait rien faire de mieux que d'essayer de recoller les morceaux.

« Je... » Comme tétanisée, elle ne parvenait pas à se justifier. Sa gorge était sèche, sa langue; incapable de formuler la moindre syllabe. Que pouvait-elle bien dire ? Quoique elle dise, quoique elle fasse, le mal était fait. Et, en échange, il lui rendait la pareille en la poignardant à grand coups de phrases tranchantes comme une lame, jusqu'à qu'elle demande grâce. C'était comme l'un de ces jeux d'enfants, à se tordre le bras jusqu'à que l'autre lui cri d'arrêter; tout ça pour voir lequel est le plus fort. Sauf, qu'avec eux, les jeux étaient truqués. Il était plus fort, ils le savaient tout deux, et pourtant, elle refusait de crier grâce malgré la douleur. « Comment oses-tu dire ça ? Je prétends qu'aucune discussion ne s'impose ? Sérieusement ?! Aux dernières nouvelles tu évitais toutes formes de conversation, pas moi. Je... » Au fur et à mesure qu'elle parlait, son cri indigné se mua en murmure blessé. « ...j'ai essayé de parler, mais tu ne voulais jamais. » Elle s'engageait dans un cercle infernal, si elle répondait à ces reproches, il répliquerait à nouveau, et elle serait contrainte d'y répondre encore une fois. Cependant, elle ne pouvait pas s'imaginer laisser de telles paroles en suspens, pas après le goût amer de vérité qu'elles laissaient en elle. « Oh ! Excuse moi de ne pas être comme toi ! Je ne suis pas une guerrière, je ne suis pas forte. Je ne peux pas juste faire face à la situation en faisant comme si rien ne s'était passé car quelque chose s'est passé. Alors oui; je fuis, je me cache dans mon ombre, mais je suis là ! » Elle était là, dans cette ville construite sur la haine, qui ne lui avait apporté qu'une terrible suite de catastrophe. « J'aurais pu vraiment fuir, mais je suis là, pendant que tu te terres dans les bois avec tes petits copains en préparant une révolte qui n'aboutira jamais. Et c'est moi qui fuis mes responsabilités ?! Tu devrais peut être te regarder dans un miroir avant de venir me faire des reproches ! »

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Dim 27 Mar - 1:35





William P. Thawerson
— Is that so ?  —


La faiblesse aux humains n'est que trop naturelle. William goûtait sa victoire avec une joie toute sadique, s'engouffrait inconsciemment dans un cercle vicieux qui le conduirait à des propos toujours plus blessants, jusqu'à la phrase de trop. C'était plus fort que lui : voir l'effet de ses mots sur Arianna lui procurait un tel sentiment de puissance qu'il ne pouvait s'empêcher de dépasser sa pensée, et les reproches qui auraient vite été écartés se transformaient en un règlement de comptes généralisé. Ce n'était pas la première fois qu'un tel scénario se déroulait, mais il n'avait apparemment pas tiré de leçons de ses erreurs passées. Malgré toutes ses qualités, l'Ombrageux restait fidèle à lui-même c'est-à-dire incapable de se remettre en question. Bien sûr, butée comme elle était, la brunette non plus ne changeait pas : elle continuait à se dresser face à lui et à répondre à ses attaques, tout en sachant très bien que les jeux étaient faits.

« Comment oses-tu dire ça ? Je prétends qu'aucune discussion ne s'impose ? Sérieusement ?! Aux dernières nouvelles tu évitais toutes formes de conversation, pas moi. Je... j'ai essayé de parler, mais tu ne voulais jamais. » Le blond eut un sursaut d'indignation et la foudroya du regard. « Oh ! Excuse moi de ne pas être comme toi ! Je ne suis pas une guerrière, je ne suis pas forte. Je ne peux pas juste faire face à la situation en faisant comme si rien ne s'était passé car quelque chose s'est passé. Alors oui; je fuis, je me cache dans mon ombre, mais je suis là ! J'aurais pu vraiment fuir, mais je suis là, pendant que tu te terres dans les bois avec tes petits copains en préparant une révolte qui n'aboutira jamais. Et c'est moi qui fuis mes responsabilités ?! Tu devrais peut être te regarder dans un miroir avant de venir me faire des reproches ! » Ce fut comme s'il recevait un puissant coup de poing dans le ventre qui le laissa la respiration coupée. Ou bien était-ce l'ingratitude de l'esclave ? Un instant, la stupeur la plus profonde se lut sur son visage, bien vite remplacée par l'habituel masque impassible ; mais bien vite, c'était déjà trop tard.

Les fourrés humides entouraient le jeune homme de tous côtés, obscurcissaient sa vision et l'empêchaient d'entendre le dialogue qui se déroulait à quelques pas de là. Il était d'une humeur massacrante et ne se privait pas de le signifier par des mimiques exaspérées à Rouge qui se tenait juste à côté de lui. Elle lui enfonça son coude dans les côtes et lui intima le silence d'un regard noir. Mais bon sang, que faisait-il là ? Dans quel accès de générosité, ou plutôt de folie, avait-il accepté d'aider Isabelle ? Tout ceci n'avait aucun sens. Rien n'avait plus aucun sens depuis la Guerre d'Un Jour. C'était bien pour cela qu'il avait accepté cette mission des plus imprudentes, parce que il n'y avait rien qui le motiva plus ces jours-ci que d'aller se jeter dans la gueule du loup. Téméraire ou suicidaire ? La question méritait d'être débattue, mais il n'en eut pas le temps car des cris étouffés lui parvinrent, en même temps qu'un signe de sa compagne brune. Il glissa ses doigts sur le manche de sa dague et bondit hors des fourrés. Grâce à l'effet de surprise, il eut le temps d'égorger un garde avant que les autres ne se rendent compte qu'ils étaient attaqués. Une macabre danse commença alors : les lames voltigeaient et sifflaient dans l'air, allaient se loger dans la chair, les corps tombaient les uns après les autres, mécaniquement. Il y avait longtemps que l'Ombrageux n'avait pas ressenti une telle montée d'adrénaline qui s'accompagnait d'une intense satisfaction lorsque l'adversaire achevé s'écroulait dans la boue. Lorsqu'il ne resta plus un seul assassin à affronter, il s'accorda enfin un instant pour respirer et se tourna vers l'autre côté de la clairière, où il avait aperçu Isabelle quelques minutes auparavant. Mais la Noble avait disparu. Le blond retrouva ses compagnons : l'un des sept était grièvement blessé, les autres s'en sortaient sans trop de dommages. « Où est passé Isabelle ? » pressa-t-il. Personne ne savait, et le temps pressait. Ils devait la retrouver, sinon tout cela n'aurait servi à rien, car Jason avait disparu avec elle. « Séparons-nous. » ordonna-t-il. Les Ombrageux restants se dispersèrent chacun d'un côté, quand soudain William entendit le bruit sourd d'un corps qui heurte le sol. Il s'élança sans réfléchir et identifia un garde de Jason dont les mains enserraient la gorge fine d'une femme, Isabelle. La dague bien affutée trouva d'elle-même le chemin de la carotide du colosse, qui s'effondra dans un râle. Le jeune homme se pencha sur le corps recroquevillé contre le sol, et constata avec étonnement que la femme à ses pieds était brune. Précautionneusement, il la souleva et dégagea la chevelure épaisse qui dissimulait le visage tuméfié. Ça n'était pas Isabelle.

Tout d'abord, il refusa d'y croire. Quelques instants s'écoulèrent dans le silence de la forêt ; il soutenait avec peine le corps de la jeune femme et observait ses traits fins malgré le mélange de terre et de sang qui les couvrait, incrédule. Son esprit cartésien l'empêchait d'y croire : les morts ne reviennent pas à la vie. Et pourtant, il aurait reconnu ce visage entre mille autres, même sali par la terre et abîmé par les coups. Sa poitrine lui semblait trop petite pour contenir le tumulte bruyant d'émotions qui ne demandaient qu'à être libérées, comme si le cœur de l'humanité toute entière y avait battu. Ce n'est qu'après plusieurs longues minutes qu'il reprit conscience du temps qui filait, de la nuit, de la forêt. Avec mille précautions, il redressa la jeune femme qui reprenait conscience mais elle commença à se débattre comme un démon, persuadée d'être encore aux prises avec ses agresseurs. William lui enserra fermement les poignets pour contrôler ses mouvements et murmura : « Arianna, il faut se dépêcher ! »  « Non ! Je n'y retournerais pas ! Lâchez moi ! » Le blond entendit le signal de la retraite, à quelques dizaines de mètres de là. Le temps pressait. Il attrapa doucement le menton de l'esclave et l'obligea à le regarder dans les yeux : « Regardes moi ! Ce n'est que moi. » « Will ? » Elle était bien trop faible pour marcher. Il passa une main sous son épaule, une sous ses genoux et la souleva sans effort. Elle l'étreignit comme un enfant s'accrocherait à son père et une grande chaleur l'envahit, une ivresse.


Son absence avait duré plusieurs dizaines de secondes, durant lesquelles ses yeux clairs s'étaient détachés de l'esclave et avaient erré dans le vide, tandis que les sensations revenaient par salves, aussi brutales que dans la réalité. La parenthèse souvenir se fermait ; et si dans un premier temps les propos de la brunette lui avait fait l'effet d'un coup de poing, sa rancœur n'en était que plus attisée. Plus que tout, l'écart démesuré entre la noblesse de ses sentiments au lendemain du sauvetage et la noirceur de sa haine aujourd'hui le blessait et alimentait son désir de blesser Arianna à son tour. Il se répéta qu'il était encore temps de se ressaisir. Il sut au même instant qu'il n'en était plus rien. « Tu es quand même une sacrée garce. Tu as essayé de parler, mais je ne voulais jamais ? Tu as bien du culot pour affirmer ça aussi impunément ; ou alors tu ne te souviens pas peut-être ? C'est toujours plus facile, le tri sélectif de la mémoire qui efface les souvenirs gênants, je sais. Mais tu ne pourras pas toujours te cacher derrière ton ombre, Aria. » Il marqua une pause et la dévisagea en fournissant un effort inhumain pour conserver un masque de marbre. Le calme avant la tempête. « Et tu oses me parler de mes propres responsabilités ? Mais, qui est venu te chercher aux fins fonds des bois pour te tirer des griffes de la mort ? Tu insinues que j'agis comme si rien ne s'était passé, mais c'est bien toi qui t'es barrée lâchement après tout ce que j'ai fait pour toi ! Alors tu peux ignorer tout ce que je te dis ; mais le passé te rattrapera toujours. Regardes, c'est déjà le cas. Chaque jour un peu plus, tu es battue avant d'avoir commencé. Ton pessimisme te ronge de l'intérieur, mais tu ne veux rien admettre, tu nies tout en bloc et tu fuies encore ! Mais la fuite ne résout rien ! Ouvre les yeux, bon sang ! C'est trop facile de formuler des reproches quand soi-même, on a tout à se reprocher ! »

Un rictus de colère déforma ses traits impassibles l'instant précédent et il s'avança d'un mouvement brusque vers Arianna, l'obligeant à reculer jusqu'à être acculée contre la pierre. Si un regard avait pu tuer, ses prunelles incendiaires auraient été plus meurtrières encore que la menace qu'il représentait physiquement. Il ouvrit la bouche pour continuer son assaut, mais suspendit son geste. Le pathétique de leur dispute surgissait devant ses yeux, l'insensé de sa conduite le frappait en plein visage. Ils étaient là, comme au premier jour dans une ruelle, lui à jouer de sa force physique et elle à le provoquer toujours plus jusqu'à le pousser à bout. Malgré tous les évènements qui s'étaient déroulés les dernières semaines. Il savait pertinemment, et elle en avait conscience aussi bien qu'elle profite toujours de son rôle de victime, qu'il était incapable de lever la main sur elle, jamais. Son regard glacial continuait de fixer celui d'Arianna, impitoyablement. L'orgueil blessé ne pardonne pas.
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Dim 3 Avr - 21:52



ARIANNA H. WADSON
— i'm sorry —

Comment est-ce arrivé ? Que s'est-il passé ? Nous aimons croire que connaître l'origine d'un traumatisme nous permet de voir au delà de la confusion de la blessure et, finalement, de savoir quelle est exactement l'étendue des dégâts.  Mais parfois les dégâts sont irréparables : la blessure; bien trop profonde, l'esprit; déjà brisé. Et même si on sait exactement comment on en est arrivé là, cela ne signifie pas qu'on peut réparer le mal fait...

...Et une fois que nous sommes blessés; nous ne pouvons pas nous empêcher de blesser à notre tour. Plus nous sommes blessés; plus nous causons de dommages autour de nous, constamment; encore et encore; c'est un cercle vicieux que personne ne peut arrêter. Alors nous continuons à nous blesser, à blesser les autres, à être blessé pour blesser à nouveau; jusqu'à que nous ne soyons plus en mesure de rendre la pareille. « Tu es quand même une sacrée garce. Tu as essayé de parler, mais je ne voulais jamais ? Tu as bien du culot pour affirmer ça aussi impunément ; ou alors tu ne te souviens pas peut-être ? C'est toujours plus facile, le tri sélectif de la mémoire qui efface les souvenirs gênants, je sais. Mais tu ne pourras pas toujours te cacher derrière ton ombre, Aria. » Il voulait ses propos blessants. Ses mots étaient fait pour blesser; pour la blesser. Souvent, quelques lettres mises bout à bout sont aussi dangereuses qu'une lame, bien utilisées; elles sont bien plus destructrices. C'étaient leurs armes; ils ne se battaient pas avec des armes, mais à grands coups d'insultes et de reproches. « Et tu oses me parler de mes propres responsabilités ? Mais, qui est venu te chercher aux fins fonds des bois pour te tirer des griffes de la mort ? Tu insinues que j'agis comme si rien ne s'était passé, mais c'est bien toi qui t'es barrée lâchement après tout ce que j'ai fait pour toi ! Alors tu peux ignorer tout ce que je te dis ; mais le passé te rattrapera toujours. Regardes, c'est déjà le cas. Chaque jour un peu plus, tu es battue avant d'avoir commencé. Ton pessimisme te ronge de l'intérieur, mais tu ne veux rien admettre, tu nies tout en bloc et tu fuies encore ! Mais la fuite ne résout rien ! Ouvre les yeux, bon sang ! C'est trop facile de formuler des reproches quand soi-même, on a tout à se reprocher ! » tempêta-t-il; un rictus de colère aux lèvres. Il s'avança alors d'un mouvement brusque; obligeant la jeune femme à reculer jusqu'à être acculée contre le mur. Instinctivement, la jeune femme ferma les yeux et son corps sursauta malgré elle, s'apprêtant à recevoir un coup. Rien ne vient.

Elle rouvrit les yeux et baissa le regard, n'osant pas affronter celui de William. Ses yeux se posèrent sur ses mains - elles tremblaient - et les cacha aussitôt dans son dos. Elle ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Bien qu'il est déjà levé la main sur elle dans le passé, elle savait bien que cela ne se reproduirait plus. A l'époque, ils ne se connaissaient pas, maintenant les choses étaient différentes. Et pourtant...elle avait sursauté, elle avait fermé les yeux. Ce ne fut qu'un instant seulement, durant cet instant, aussi minime fut-il, elle avait eu peur. Peur de lui. Peur qu'il lui fasse du mal. « Je... » Sa voix tremblante était à l'image de son esprit; instable...brisé. Relevant doucement le regard, elle croisa les prunelles interrogatrices du jeune homme. Non, elle ne pouvait pas être brisé - William avait eu raison en lui disant que la vie l'a vaincrait toujours, c'était le cas - mais malgré ça elle ne pouvait pas paraître vaincue devant les autres, et surtout pas face à lui. « Je me souviens très bien de ce qu'il s'est passé là-bas. » commença-t-elle dans un effort de retourner au sujet initial.

Sa jambe lui lançait terriblement; s'appuyer dessus lui était extrêmement douloureux. Pourtant, la jeune femme insistait pour se lever. Rester assise ou couchée l'insupportait; sans parler de cette horrible sensation de solitude, elle qui n'était jamais vraiment seule malgré ça. Désireux d'honorer leur promesse jusque là abandonnée, les mercenaires assurèrent qu'elle ne manqua de rien. Ils l'accueillir comme si elle avait toujours été des leurs, elle, la fille perdue de Tom Hart. Cela la rendait mal à l'aise. Cette atmosphère l'oppressait terriblement, à leurs yeux, elle n'était que ça : la fille de. Après tout, personne ici ne la connaissait à part Max et Will. Forçant sur sa jambe blessée qui la faisait clopiner au lieu de marcher, la jeune femme fit quelques pas dehors. Elle aperçut William non loin, nettoyant ses armes, et avança dans sa direction. Seulement, lorsqu'il l'aperçut à son tour, le jeune homme détourna le regard et se releva pour partir dans la direction opposée. Le sourire sur les lèvres de la jeune femme mourut aussitôt qu'il tourna les talons, s'éloignant d'elle comme si c'était un mauvais souvenir qu'il voulait effacer de sa mémoire. Elle pensait que tout ce qui s'était passé depuis le matin de la guerre d'Un-Jour les aurait rapprocher; au lieu de cela, il semblait que cela avait juste creusé un  fossé encore plus profond entre eux.

« Chaque fois que je ne faisais-je que m'approcher; tu m'ignorais ouvertement et tu me tournais le dos. Et si j'avais le malheur d'ouvrir la bouche pour te saluer; tu prétextais soudainement d'être très occupé. Et ne me dis pas que c'est le tri sélectif des souvenirs car tu sais autant que moi que c'est ce qu'il s'est vraiment passé. » commença-t-elle. Certes; elle avait des choses à se reprochait, elle ne le niait pas, mais lui aussi avait une part de responsabilité, et il ne pouvait pas lui reprocher la part dont il était l'investigateur. « Tu ne comprends pas. Je ne pouvais pas rester. Je n'avais pas ma place avec vous; je ne suis pas l'une de vous. Ici, je ne suis pas la fille de ou la soeur de; je ne suis juste que moi. C'est ici que j'ai ma place; et j'avais besoin de ça. Peut être que tu comprendras, peut être pas. Et je suis désolée; désolée d'être partie sans rien dire, désolée d'avoir été ingrate, désolée si je t'ai vexé après tout ce que tu as fait pour moi, après que tu m'es sauvé - et je te suis vraiment reconnaissante et redevable pour ça -  tu peux me croire, je suis vraiment désolée pour tout ça mais...je ne suis pas désolée d'être partie. »

Ce qui nous fait du mal est cumulatif. Ça arrive au fil du temps. Nous absorbons coup après coup, choc après choc, défaite après défaite; jusqu'à ne plus pouvoir le faire. Jusqu'à ce jour où, nous ne pouvons plus encaisser les coups; ce jour où nous avons déjà tant de blessures qu'une nouvelle nous briserait complètement. Mais, parfois, même si quelque chose semble impossible à réparer; cela ne signifie pas forcément que c'est brisé; à moins que ça le soit.



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Seyrane de Larant
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Dim 22 Mai - 22:27





William P. Thawerson
— Too late for apologies - is it really ?  —


La proximité physique entre Arianna et lui le mettait mal à l'aise. Elle lui rappelait d'une part les multiples occasions où il avait profité de sa supériorité physique pour la menacer, et d'autre part un évènement qui ne s'était produit qu'une fois mais qui demeurait inscrit dans sa mémoire, cette nuit... Il secoua la tête et détacha son regard de son interlocutrice avec un soupir exaspéré. N'importe quoi. Ils étaient tous les deux complètement ivres après une soirée généreusement arrosée. Il n'y avait aucune interprétation à tirer de ce qui s'était passé, et pas plus de conséquences. Il jeta un coup d'œil en sa direction mais elle évitait tout contact visuel, comme traquée, et il regretta amèrement son accès de colère. C'était comme apprivoiser un animal sauvage : un pas en avant, trois en arrière... Il pensa s'excuser, chercha les mots justes pour expliquer son comportement sans s'ouvrir plus que nécessaire, mais la brune revenait à la charge.

« Je... Je me souviens très bien de ce qu'il s'est passé là-bas. Chaque fois que je ne faisais-je que m'approcher; tu m'ignorais ouvertement et tu me tournais le dos. Et si j'avais le malheur d'ouvrir la bouche pour te saluer; tu prétextais soudainement d'être très occupé. Et ne me dis pas que c'est le tri sélectif des souvenirs car tu sais autant que moi que c'est ce qu'il s'est vraiment passé. »

Ainsi, c'était une compétition pour déterminer lequel ferait le plus abstraction du passé ? Lequel se voilerait le plus la face quant à ses torts ? William était simplement sidéré par l'aisance avec laquelle l'esclave affirmait ses reproches. Et les paroles assassines qu'elle proférait produisaient un effet de douleur semblable au déchirement des chairs lorsqu'une lame bien aiguisée y pénètre. On dit souvent que la violence n'est pas seulement physique, qu'elle est aussi verbale : mais cette agressivité-ci était pire que tous les coups. Et d'ailleurs, on dit aussi qu'il n'y a que la vérité qui blesse. Mais ça, ce n'était pas la vérité non, ça n'était que de lâches excuses qu'Arianna avait trouvé pour justifier son départ. Elle profitait de ses faiblesses pour le rendre ouvertement coupable de ses propres erreurs. Incroyable. Il hésita quelques secondes, balançant entre la profonde lassitude que causaient ces inutiles prises de tête et la colère de voir que la jeune femme n'était pas capable de faire face à ses responsabilités. Il se mordit la lèvre et l'observa quelques instants. Effectivement, il savait aussi bien qu'elle ce qu'il s'était passé.

Les bruits sourds d'une lutte tirèrent William du léger sommeil auquel il s'était abandonné. L'épuisement était tel qu'il ne parvenait pas encore à ouvrir les yeux, mais percevait une grande agitation à quelques mètres de lui. Des cris étouffés suivirent : et dès lors, une seule pensée s'imposa à son esprit encore embrumé de sommeil : Arianna. Il se leva d'un bond et s'approcha à tâtons du lit sur lequel reposait la jeune femme, heurtant au passage un meuble quelconque. Elle semblait être traverser un cauchemar terrifiant et se débattait comme un diable, aux prises avec des démons invisibles que ses coups lancés au hasard dans l'obscurité ne parvenaient pas à atteindre. Après avoir rencontré plusieurs fois le chemin de ses poings, l'Ombrageux réussit à la plaquer contre le matelas. Elle se calma après quelques secondes, trop faible pour résister. Il chercha du bout des doigts l'emplacement de la blessure sur sa jambe pour vérifier qu'elle ne s'était pas rouverte, effleurant la peau gorgée de chaleur, puis se releva et sortit de la tente à pas silencieux. Son rythme cardiaque ralentissait doucement. À l'horizon, au-dessus de la cime des arbres, le ciel s'éclaircissait déjà, l'aube approchait. Comme toutes les autres nuits, un peu avant le lever du jour, il retourna à sa propre tente et se glissa dans les draps frais. La respiration régulière de Lara, à quelques mètres, contrastait avec ses pensées tumultueuses, mais il ne tarda pas à se rendormir.

Lorsqu'il s'éveilla à nouveau, le soleil était déjà haut dans le ciel et ses rayons dorés traversaient la canopée d'arbres et éclairaient le camp d'une lumière presque irréelle. Son premier réflexe fut d'aller voir Arianna. Elle était l'une des dernières en convalescence et bénéficiait donc d'une petite tente d'infirmerie pour elle seule. Il se glissa à l'intérieur et constata qu'elle dormait encore. Rares étaient les occasions où il avait pu la regarder sans qu'elle en ait en conscience ; à vrai dire, c'était seulement la deuxième fois. Il lui semblait être un peu plus proche d'elle ainsi, la connaître mieux. Mais c'était aussi une violation d'intimité en quelque sorte : le sommeil était l'état de vulnérabilité. Il se sentait un mélange de gosse qui jouait avec les interdits et d'inconnu qui profitait de la faiblesse de la blessée. Et malgré ce malaise, il ne pouvait détacher ses yeux de ces épaules qui se soulevaient au rythme régulier du souffle, couvertes par l'épaisse masse de cheveux bruns. Il voulut vérifier une nouvelle fois que la cicatrisation continuait, mais s'en trouva incapable. Une pudeur d'adolescent, irrépressible. Il tourna les talons et sortit à grands pas.


« Tu ne comprends pas. Je ne pouvais pas rester. Je n'avais pas ma place avec vous ; je ne suis pas l'une de vous. Ici, je ne suis pas la fille de ou la soeur de ; je ne suis juste que moi. C'est ici que j'ai ma place ; et j'avais besoin de ça. Peut être que tu comprendras, peut être pas. Et je suis désolée; désolée d'être partie sans rien dire, désolée d'avoir été ingrate, désolée si je t'ai vexé après tout ce que tu as fait pour moi, après que tu m'es sauvé - et je te suis vraiment reconnaissante et redevable pour ça -  tu peux me croire, je suis vraiment désolée pour tout ça mais... je ne suis pas désolée d'être partie. »

À son tour de se dissimuler derrière de faux reproches, des arguments tronqués. Il préférait entretenir son ressentiment plutôt que d'admettre que la brunette avait mis le doigt sur la raison de ses agissements : il était vexé. Atteint dans son amour-propre d'avoir dévoilé un aspect de lui si préoccupé à ses collègues Ombrageux, lorsqu'elle était encore au camp et qu'il s'enquérait de son état, et n'avoir rien reçu en retour. Il avait l'impression de s'être affaibli aux yeux de ses compagnons les plus proches pour une esclave ingrate. Et la rancœur qu'il avait emmagasiné depuis la disparition de la jeune femme le rendait incapable aujourd'hui d'admettre tout cela. De toute façon, c'était toujours tellement plus simple de tout attribuer aux autres et de se dégager de toute responsabilité. Un rictus amer déforma un instant son visage : quelle ironie ! Arianna et lui se ressemblaient beaucoup plus qu'il ne voulait bien l'admettre. Il l'accablait de reproches pour éviter de devoir se remettre en question, puis s'en voulait d'avoir été aussi hargneux. Et recommençait aussitôt.

« Et tu penses vraiment que tes excuses sont la bienvenue, qu'elles vont me convaincre, m'adoucir et que je vais accepter tout cela sans rechigner ? Détrompes-toi ! En vérité tu ne les formules qu'une fois que je t'ai mise devant le fait accompli et que tu n'as pas d'autre solution ! Encore une fois, c'est trop facile Arianna. Beaucoup trop facile. Oui, nous savons tous les deux très bien ce qui s'est passé à la Guilde. Pas besoin d'éclaircir la situation. Et c'est bien pour ça que j'ai osé espérer - oh, pas grand chose ! peut-être juste merci, au revoir ! Mais non même pas, même ça tu n'en as pas été capable ! » s'exclama-t-il. Une fois encore, emporté par le pouvoir sadique des mots. Plus de retour en arrière. « Tu n'imagines même pas tout ce que j'ai traversé à cause de toi. J'ai pensé pouvoir attendre un peu mieux de ta part que ça, mais évidemment je me suis trompé. Quel fou je fais, uh ? » acheva-t-il avec aigreur en s'écartant d'un pas, le regard tourné vers la rue où les passants continuaient de vaquer à leurs occupations. Il reporta ses prunelles claires sur Arianna, et rien qu'à la vision de cette jeune femme brune il se sentait déchiré entre une envie difficilement répressible de l'enlacer et sa fierté, la plus exigeante, la plus implacable de ses amantes. À d'innombrables reprises, il avait choisi cette dernière, intimement convaincu que l'attachement affectif n'amenait que de la souffrance. Définitivement, cette théorie était confirmée. Mais le jeu n'en valait-il pas la chandelle ?
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Alessandra de Marbrand
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Mar 31 Mai - 16:02





ARIANNA H. WADSON
— you should know that you hurt me more than i hurt you —


Chaque traumatisme laisse une trace. Avec le temps, ces traces s'estompent, voir même disparaissent, comme si rien ne s'était jamais passé. La peau autrefois marquée, témoin d'un événement précis, redevient lisse, presque neuve. Mais parfois, certains stigmates demeurent. Plus que certaines cicatrices, certains nous accompagnent jusqu'à la fin de nos jours, quoiqu'il arrive, ils nous hanteront toujours; les souvenirs. Tels une mer dont les vagues nous heurtent sans cesse, parfois elles nous font du bien, parfois elles nous dérangent, et parfois...elles nous blessent. Et si nous sommes heurtés par une vague trop violente, nous ne pouvons rien faire d'autres, que nous noyer.  

Enfants des dieux, créateurs de la terre, de l'air et des océans, ils étaient à la fois semblables à leurs créateurs et aux créations de ces derniers. Fille d'Aryn, Arianna incarnait le courage et la témérité que l'on connaît au Dieu qui avait insufflé à son fils, William, son désir de protéger de la main du glaive. Fils et fille de Malsa, tout deux éprouvaient l'un pour l'autre toutes les passions connues de leur mère : la haine, la crainte, le désir, l'amour... jusqu'à avoir, durant une nuit, cédé à l'une de ses passions. Quand à Thôl, dieu de la paix et de la prospérité, il représentait les désirs de ses enfants qui, malgré leurs différends, n'aspiraient qu'à une seule et même chose : la paix. Mais ses aspirations n'étaient pas pour tout de suite car, enfants des dieux, William et Arianna étaient des hommes; nés pour détruire. Nés pour blesser, pour blesser l'autre. « Et tu penses vraiment que tes excuses sont la bienvenue, qu'elles vont me convaincre, m'adoucir et que je vais accepter tout cela sans rechigner ? Détrompes-toi ! En vérité tu ne les formules qu'une fois que je t'ai mise devant le fait accompli et que tu n'as pas d'autre solution ! Encore une fois, c'est trop facile Arianna. Beaucoup trop facile. Oui, nous savons tous les deux très bien ce qui s'est passé à la Guilde. Pas besoin d'éclaircir la situation. Et c'est bien pour ça que j'ai osé espérer - oh, pas grand chose ! peut-être juste merci, au revoir ! Mais non même pas, même ça tu n'en as pas été capable ! » s'exclama -t-il, porté par l'une des passions les plus destructrices après l'amour; la colère. Nourrissant le coeur des Hommes, elle est le foyer des plus simples querelles comme des plus grandes guerres. « Tu n'imagines même pas tout ce que j'ai traversé à cause de toi. J'ai pensé pouvoir attendre un peu mieux de ta part que ça, mais évidemment je me suis trompé. Quel fou je fais, uh ? »

Excédée, elle voulu riposter mais, muette d'indignation, ses mots refusèrent d'atteindre leur cible. Elle ne voulait pas se disputer, pas encore une fois. Les souvenirs de leur dernière dispute étaient encore trop frais, partagés entre une vague de colère et d'une autre, toute aussi violente, de désir. Elle ne voulait pas réitérer l'expérience. Il voulait, comme la première fois, la rendre vulnérable, mais une fois était amplement suffisant, seulement il ne lui laissait pas le choix... « Je t'ai dis que j'étais désolée, ce n'est pas suffisant ? N'est-ce pas suffisant pour toi ? Qu'est-ce que tu veux que je dise d'autre ? Que je te suis reconnaissante, que je te remercie... tu sais déjà que c'est le cas, et je t'aurais bien dis merci mais tu n'étais pas là.  » répliqua-t-elle en appuyant ses derniers mots. « Tu n'arrêtes pas de dire que tout est ma faute mais au dernière nouvelle ce n'est pas ma faute si tu étais toujours tellement occupé. Après tout tu ne l'étais pas tant que ça n'est-ce pas. Si tu avais le temps de tourner autour de cette Lara tu aurais bien pu m'accorder cinq minutes et tu l'aurais eu ton merci. » Elle aurait pu tout lui dire, le remercier pour l'avoir sauvé, lui expliquer les raisons de son départ, et ainsi de lui dire au revoir. Mais il n'avait pas été là. Et elle n'avait pas attendu qu'il le soit. « " Tout ce que tu as traversé à cause de moi ? " mais tu te fous de moi ! " Tout ce que je t'ai fait traversé " non mais sérieusement. D'accord, je te l'accorde, c'est ma faute si tes amis sont derrière les barreaux. Mais dis moi, qu'est-ce que je t'ai fait traversé d'autre hein ? Par contre tout ce que j'ai traversé à cause de toi...alors ça venons en ! Tu n'as pas arrêté de te jouer de moi, et de t'amuser avec moi avec tes ' La vie te battras toujours ' j'en passe et des meilleures. Comme si j'avais besoin d'entendre ce genre de chose. Comme si ça ne m'avait pas blessé ça aussi. Oh, et n'oublions pas la fois où tu m'as poignardé ! Dis moi, est-ce que j'ai eu droit à des excuses pour tout ça ? Parce que je ne m'en souviens pas. Alors, dis moi, qui est le fou dans cette histoire ? »

Rien ne dure...sauf les souvenirs. Nous devons les porter avec nous pour toujours, même les mauvais, avec comme seul réconfort que, tôt ou tard, avec un peu de chance, on obtiendra réparation pour ceux qui nous ont fait mal, pour ceux qui ont crée ces mauvais souvenirs...
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Ven 3 Juin - 23:50





William P. Thawerson
— acting in bad faith  —


Aucun jeu amoureux n'en a jamais valu la chandelle. Nul besoin d'occulter la vérité. Si, pendant plusieurs mois voire plusieurs années, William avait écarté toute passion de sa vie à l'âge pourtant où l'on éprouve les plus sincères élans, c'était bien pour une raison. Qu'il ne veuille pas l'entendre, c'était une chose ; mais il ne pouvait ignorer complètement le lot quotidien de tourments qu'apporte l'attachement. Si ce n'était que la perte ! Il était passé par ce sinueux chemin trois fois, pour trois femmes différentes et il était toujours là. Mais non, ça n'était pas ça. C'était bien pire. La frustration de savoir que l'être aimé est en vie, se tient à quelques pas devant vous, que vous pourriez être heureux, mais que ce n'est pas le cas. Bon sang, il était passé par l'annonce de sa prétendue mort ! Et lorsqu'il découvrait qu'elle n'était qu'un mauvais rêve, la vie se montrait décevante. La courte morte de l'esclave avait été l'occasion de romancer leur stupide relation, d'y voir plus que ce qu'il y avait réellement, d'inventer une alchimie inexistante. Quels fantasmes ! Quelles chimères ! Il avait voulu - et cru, par divagations de son esprit frustré - trouver en Arianna un absolu. Le réceptacle d'un sentiment noble et entier. Mais la jeune femme ne se conformait pas à ses exigences d'un côté, et les dépassait de l'autre. Il détestait cette sensation de ne pas avoir toutes les cartes en main.

La scène entière semblait un vaste quiproquo. Ils étaient véritablement incapables de se comprendre, c'en aurait été comique si ça n'avait pas été désespérant. L'œil d'un observateur avisé aurait saisi les enjeux d'une telle discussion en moins d'une minute ; mais eux, ils étaient trop profondément impliqués, ils ne savaient pas prendre le recul nécessaire pour constater l'évidence. Et donc en toute logique, plutôt que d'essayer maladroitement d'exprimer ce que leur subconscient hurlait, ils préféraient attiser les braises de leur colère, entretenir la flamme de leur conflit et ne surtout pas se remettre en question. Il est nettement plus facile d'adresser des reproches à son entourage que de se les formuler à soi-même.

« Je t'ai dis que j'étais désolée, ce n'est pas suffisant ? N'est-ce pas suffisant pour toi ? Qu'est-ce que tu veux que je dise d'autre ? Que je te suis reconnaissante, que je te remercie... tu sais déjà que c'est le cas, et je t'aurais bien dis merci mais tu n'étais pas là. Tu n'arrêtes pas de dire que tout est ma faute mais au dernière nouvelle ce n'est pas ma faute si tu étais toujours tellement occupé. Après tout tu ne l'étais pas tant que ça n'est-ce pas. Si tu avais le temps de tourner autour de cette Lara tu aurais bien pu m'accorder cinq minutes et tu l'aurais eu ton merci. »

Les propos meurtriers de la brunette frappèrent leur cible en plein cœur, et le jeune homme hésita quelques instants la bouche entrouverte, les prunelles foudroyées par un éclair de douleur. Après quelques secondes, la surprise fit néanmoins place à l'indignation la plus profonde. « De... Quoi ?! Mais comment peux-tu oser prétendre que je n'étais pas là, que j'étais 'toujours tellement occupé' ?!? C'est insensé ! Ou plutôt ça t'arrange d'affirmer l'inverse, ça te dégage tout un tas de responsabilités. » Il marqua une brève pause. « 'Tu aurais bien pu m'accorder cinq minutes', alors là je n'en reviens pas je dois te l'avouer. » Le timbre ironique de sa voix était aussi douloureux qu'une morsure. « Et par-dessus tout, tu oses impliquer Lara dans tout cela ? Lara ? dans ce qui ne concerne que toi et moi ? Si ça n'est pas un abus de faiblesse, ça ! » 

Un cycle se répétait continuellement. Ses mots courroucés dépassaient sa pensée et il s'en repentait aussitôt, prêt à revenir sur ses propos, à tout justifier et à tout expliquer, prêt à tout enfin sur une seule indication d'Arianna. Mais il ne pouvait pas attendre mieux d'elle que ce qu'il ne faisait. N'était-il pas le plus âgé et le plus expérimenté des deux ? Elle se déchaînait à son tour, et alors c'était l'irréparable. Il n'avait plus qu'à ajouter d'autres mots tranchants comme des lames, et ainsi de suite jusqu'à ce que mort s'ensuive. À chaque nouvelle réplique, son esprit exercé trouvait une justification. Cette fois, ce serait la jalousie inconsidérée à l'égard de Lara. Le visage d'ange auréolé de cheveux blonds s'imposa à lui, mais il aurait préféré ne pas y penser. Le problème n'était pas tant qu'Arianna en soit jalouse, il résidait plutôt dans ses sentiments partagés et équivoques, et par conséquent coupables. L'absolu est un idéal fou. « Tu déformes complètement la réalité, et je ne sais pas pourquoi tu agis de telle manière. Peut-être que tu ne veux pas l'admettre, Arianna, mais j'ai été mille fois plus présent pour toi que tu ne l'imagines. » Il s'efforça désespérément de ne pas envenimer plus le débat, mais une pointe d'animosité subsistait dans sa voix. « Pourquoi tu nies tout ce qui s'est passé ? Parce que tu ne l'assumes pas ? En plus, ça n'est pas comme si tu avais contracté une quelconque forme d'engagement ou que je t'avais demandé quoi que ce soit en retour ! Tu n'imagines même pas les nuits entières que j'ai passées à ton chevet, à te veiller, je me suis occupé de toute ta guérison, j'ai préféré rester à tes côtés plutôt que d'aider mes propres compagnons blessés comme toi ! Une partie importante de la Guilde me l'a reproché, d'ailleurs, mais à l'époque ce sacrifice allait de soi. Aujourd'hui, il en serait probablement autrement. » asséna-t-il amèrement.

« " Tout ce que tu as traversé à cause de moi ? " mais tu te fous de moi ! " Tout ce que je t'ai fait traversé " non mais sérieusement. D'accord, je te l'accorde, c'est ma faute si tes amis sont derrière les barreaux. Mais dis moi, qu'est-ce que je t'ai fait traversé d'autre hein ? Par contre tout ce que j'ai traversé à cause de toi...alors ça venons en ! Tu n'as pas arrêté de te jouer de moi, et de t'amuser avec moi avec tes ' La vie te battras toujours ' j'en passe et des meilleures. Comme si j'avais besoin d'entendre ce genre de chose. Comme si ça ne m'avait pas blessé ça aussi. Oh, et n'oublions pas la fois où tu m'as poignardé ! Dis moi, est-ce que j'ai eu droit à des excuses pour tout ça ? Parce que je ne m'en souviens pas. Alors, dis moi, qui est le fou dans cette histoire ? »

L'effort nécessaire à l'arrêt de cette dispute absurde était englouti par ce déferlement d'accusations. Il demandait trop d'énergie, trop de remise en question ; ainsi, et comme toujours, il était plus facile de s'entêter, même dans une voie sans issue, que d'admettre ses erreurs. Néanmoins, devant ces invectives William manquait cruellement d'arguments. Il comptait effectivement un certain nombre de torts, passés et sur lesquels il aurait préféré ne pas revenir, mais cette concurrence n'était que trop loyale. « Aria... » Son ton se fit presque implorant tant il était fatigué de ces conflits qui s'amoncelaient. « Tu ne peux pas comparer ce qui s'est passé avant... et après. » Il hésita une fraction de seconde. « Et je parle bien de ta supposée mort. » Il se mordit la lèvre et dévisagea la brunette de son regard clair. Le terrain sur lequel il s'aventurait était dangereux, mais s'il ne pouvait pas apaiser sa fierté et présenter de plates excuses, il parviendrait peut-être à expliciter des sentiments pour le moins ambigus. « Nous étions ouvertement ennemis lorsque tout cela s'est déroulé. Mais depuis, les choses ont changé. Tu m'as sauvé une fois, j'ai remboursé ma dette et nous sommes quittes. » Il faillit se contenter de ce simple constat mais les mots de la jeune femme résonnèrent dans sa tête. « Alors ne m'obliges pas à dire ce que tu sais déjà. Si nous en étions restés à ce stade, je ne te parlerais pas de ce que j'ai vécu en lien avec toi. Est-ce que tu penses vraiment que j'aurais suivi ton insupportable demi-sœur dans une mission aussi dangereuse si elle ne m'avait pas fait miroiter autre chose que la libération de nos camarades ? Est-ce que cela ne te laisse pas à penser que, peut-être, j'ai moins bien vécu l'annonce de ta mort, même si elle s'est avérée fausse, que ce que je veux bien admettre ? Est-ce que tout cela n'est déjà pas suffisamment évident ? » Il esquissa un large geste de la main, désignant l'environnement autour d'eux. « Est-ce que je m'amuserais à t'intercepter dans la rue s'il s'agissait uniquement de mes amis emprisonnés ? Sérieusement, Aria ! Regarde les choses en face. Tout ce que je t'expose là, tu l'as déjà pressenti mais tu ne veux pas te l'avouer. » Le blond serra les dents et s'imposa un détachement feint qui contrastait avec ce qu'il dévoilait dans ses propos. Depuis combien de temps n'avait-il pas emprunté ce masque de marbre autrefois habituel devant Arianna ? Quelle que soit la réponse, il avait fait un premier pas. À son tour désormais d'effectuer un geste dans sa direction.

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Alessandra de Marbrand
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Mar 14 Juin - 10:43





ARIANNA H. WADSON
— where did i go wrong ? i lost a friend —

De la chaire, des os et des muscles partageant l'espace d'un corps solide, marqué par la vie, dans lequel circulait un sang mêlé, bâtard. Le sang d'un traître, d'une femme qui était parti sans se retourner, sans même le temps de dire au revoir ou bien merci. Avait-elle eu tort ? Oui. En était-elle conscience ? Pas tout à fait. Enfermée dans une enveloppe charnelle craquée, elle ne pouvait plus saisir le monde comme autrefois, ses nuits était pavées de cauchemars et ses journées de mauvais souvenirs. Ils la hantaient, se jouaient d'elle, s'infiltraient dans son esprit pour lui rappeler que, quoi qu'il arrive, quoi qu'elle fasse, rien ne serait plus pareil. Le réceptacle jadis imperméable de son corps était brisé, tout comme l'enveloppe protégeant son esprit; tout deux étaient percés à jour, la laissant blessée, exposée, vulnérable... ignorante sur ce qu'il s'était passé. Est-ce vraiment de la traîtrise si on ignorait tous les enjeux; si on ignorait que ce que l'on a fait était commettre une trahison ?

Elle ne savait pas... Crédule, elle ignorait qu'il avait été aussi présent à ses côtés, qu'il avait été à son chevet des jours et des nuits durant, veillant sur elle, s'occupant d'elle, s'inquiétant de son sort. Comment pouvait-elle savoir ? Ses souvenirs s'effilochaient avec le temps, elle se rappelait de la peine, la douleur, l'agonie ressentie durant ses semaines où tous l'avaient cru morte, où elle s'était cru mourir. Ces images là revenaient sans cesse et sans cesse. Tel un cercle vicieux, dès qu'une image passée, une autre, tout aussi terrible, venait prendre sa place. Le reste de ses souvenirs étaient flous, imprécis, comme des silhouettes dansant derrière un nuage de fumée, ils étaient là, elle les voyait, mais ils étaient inatteignables. « De... Quoi ?! Mais comment peux-tu oser prétendre que je n'étais pas là, que j'étais 'toujours tellement occupé' ?!? C'est insensé ! Ou plutôt ça t'arrange d'affirmer l'inverse, ça te dégage tout un tas de responsabilités.  'Tu aurais bien pu m'accorder cinq minutes', alors là je n'en reviens pas je dois te l'avouer. » Lui savait. Il avait été là auprès d'elle, quand elle même n'était pas présente; absente, inconsciente, tourmentée... « Et par-dessus tout, tu oses impliquer Lara dans tout cela ? Lara ? dans ce qui ne concerne que toi et moi ? Si ça n'est pas un abus de faiblesse, ça ! Tu déformes complètement la réalité, et je ne sais pas pourquoi tu agis de telle manière. Peut-être que tu ne veux pas l'admettre, Arianna, mais j'ai été mille fois plus présent pour toi que tu ne l'imagines. » Seulement ça, elle n'en avait pas conscience. Bercée par l'illusion, portée par l'ignorance et les ressentiments, elle ignorait la vérité, elle ne savait pas ce qu'il s'était réellement passé. « Pourquoi tu nies tout ce qui s'est passé ? Parce que tu ne l'assumes pas ? En plus, ça n'est pas comme si tu avais contracté une quelconque forme d'engagement ou que je t'avais demandé quoi que ce soit en retour ! Tu n'imagines même pas les nuits entières que j'ai passées à ton chevet, à te veiller, je me suis occupé de toute ta guérison, j'ai préféré rester à tes côtés plutôt que d'aider mes propres compagnons blessés comme toi ! » Ces paroles eurent l'effet d'une douche froide, tout d'un coup, ses souvenirs du jeune homme distant qui l'avait ignoré devait se superposer à celle de cette même personne, bien plus bienveillante, protectrice, prenant soin d'elle. « Tu...quoi ? » Non...les deux images ne collaient pas ensemble. Elle se refusait à croire en cette vérité, se confortant dans l'idée que rien n'avait changé, que rien n'avait changé entre eux. « Une partie importante de la Guilde me l'a reproché, d'ailleurs, mais à l'époque ce sacrifice allait de soi. Aujourd'hui, il en serait probablement autrement. » conclut-il sur une notre amère, à l'image de leur relation. « Probablement n'aurais-tu pas du faire cet énorme sacrifice, ça t'aurais surement évité tellement de souffrances... » asséna-t-elle sèchement.

Il n'y a de complications dans la vie que celles que l'on veut bien admettre. Sans cela, la vie ne quitte pas son cours, elle continue. Tout commence et tout prend fin, sans accrocs... sauf si l'on en décide autrement. « Aria... Tu ne peux pas comparer ce qui s'est passé avant... et après. Et je parle bien de ta supposée mort. » Croisant les bras contre sa poitrine, elle se fermait déjà, sans en avoir conscience, à l'idée d'aborder ce sujet. « Nous étions ouvertement ennemis lorsque tout cela s'est déroulé. Mais depuis, les choses ont changé. Tu m'as sauvé une fois, j'ai remboursé ma dette et nous sommes quittes. Alors ne m'obliges pas à dire ce que tu sais déjà. Si nous en étions restés à ce stade, je ne te parlerais pas de ce que j'ai vécu en lien avec toi. Est-ce que tu penses vraiment que j'aurais suivi ton insupportable demi-sœur dans une mission aussi dangereuse si elle ne m'avait pas fait miroiter autre chose que la libération de nos camarades ? Est-ce que cela ne te laisse pas à penser que, peut-être, j'ai moins bien vécu l'annonce de ta mort, même si elle s'est avérée fausse, que ce que je veux bien admettre ? Est-ce que tout cela n'est déjà pas suffisamment évident ? » dit-il en désignant d'une main, le monde qui les entourait. « Est-ce que je m'amuserais à t'intercepter dans la rue s'il s'agissait uniquement de mes amis emprisonnés ? Sérieusement, Aria ! Regarde les choses en face. Tout ce que je t'expose là, tu l'as déjà pressenti mais tu ne veux pas te l'avouer. »

Cela aurait pu être suffisant, cela aurait du être suffisant. Seulement, comme nous l'avons dit, il n'y a de complications dans la vie que celles que que l'on veut bien admettre, et ces complications que l'on admet... ce sont celles que nous créons nous même... « Non mais tu te fous de moi c'est ça ? » commença-t-elle amèrement. « Non, tu sais quoi, je n'ai rien pressenti du tout. Tout ce que je vois c'est que, encore une fois, tu débarques pour me reprocher ce que j'ai fait. Alors je me suis excusée, mais là encore, non ça aurait été trop simple, tu dois rétorquer que c'est trop facile car je suis devant le fait accompli et maintenant tu viens me dire que je suis censée savoir pourquoi tu es là. » Au fur et à mesure qu'elle parlait, son ton montait, porté par l'énervement. « Et bien tu sais quoi, non je ne sais pas ! Je ne sais pas pourquoi tu es là. Je ne sais pas ce que tu veux, ce que tu me veux ! Je me suis excusée, je t'ai remerciée, qu'est-ce que tu veux de plus ?! » s'emporta-t-elle. « Et il n'y a pas d'avant ou d'après. Ça ne s'est pas passé comme ça. Je n'étais pas morte, il y-a peut être une pierre tombale à mon nom devant mais j'étais là, juste sous vos nez à tous, vivante et consciente. Et ça n'a rien changé du tout. Ce qu'il s'est passé avant et après n'ont strictement aucun rapport. Tu m'avais poignardé, quand j'essayais de sauver ma demi-soeur, ma soeur. Je voulais juste tenir ma promesse, protéger ma famille, protéger votre serment que vous aviez fait à mon père, mais non, tu m'as poignardé. Alors bien sûr que nous étions ennemis ! Mais même après ça, je t'ai aidé. J'aurais pu te laisser crever avec cette vermine dans les souterrains, j'aurais pu la laisser te tuer, mais je ne l'ai pas fait. S'il y-a un avant et après c'est ici; j'ai décidé de t'aider. Malgré tout ce que tu m'avais fait ! » Elle se tut un bref instant avant de reprendre sur un ton plus calme, mais surtout plus amer. « J'ai été gentille, mais tu n'arrêtes pas de demander plus ! Je n'ai rien plus à t'offrir ! Tu as usé toute ma gentillesse ! »

« Tu... » Ses mots se suspendirent dans l'espace. Elle avait encore tant de choses à dire, tant de choses à lui dire, à lui reprocher comme il lui en avait reproché aussi. Seulement les mots ne venaient plus. Ses poings se fermèrent, dévoilant ses jointures blanches sous la pression de sa colère. Elle était furieuse, au point qu'elle en perdait ses mots. « Ah merde ! » s'écria-t-elle, relâchant la pression sur ses poings. « Tu sais quoi, j'en ai marre de devoir me justifier auprès de toi. Tu l'as dis, nous sommes quittes. Tu vas bien, je vais bien, tout va bien. Pourquoi s'évertuer à continuer cette conversation. » conclut-elle. A ces mots, elle tourna les talons et s'éloigna. Elle en avait fini avec lui, avec les drames, avec les complications.

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Seyrane de Larant
Seyrane de Larant

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Mer 15 Juin - 23:36





william p. thawerson
— so this is over —


Seul héritage des sauvages antécédents de l'humanité, l'instinct est l'atout le plus précieux de l'homme. Jusque dans les civilisations les plus développées et prospères, pourtant soumises à des lois bien différentes de celles qui dicte la Nature, l'espèce humaine a conservé cette disposition. Sa perdurance à travers les âges révèle que les logiques de prédateur et de proie s'appliquent toujours, en dépit de l'obstination des hommes à affirmer le contraire. Quoi qu'il en soit, l'instinct ne permet pas seulement la survie ; il prend une forme que les scientifiques d'aujourd'hui aiment appeler le pressentiment, cette intuition soudaine qui prévient de l'imminence d'un danger. Néanmoins, l'instinct n'assure la survie que s'il est écouté et suivi ; continuellement réfréné par les hommes contemporains, il n'est plus qu'une relique de l'animalité. Mais il arrive que le sentiment pressant d'une menace soit tellement percutant que l'être humain réagisse en conséquence. Devant l'expression particulièrement contrariée d'Arianna, le jeune homme eut l'intuition de son erreur : non, elle ne savait pas. Enfin, elle en avait forcément conscience d'une manière ou d'une autre, mais son subconscient préférait prétendre que ce n'était pas le cas. La cohérence parfaite entre pensées et actes n'est pas juste un idéal de l'homme social, c'est une nécessité pour l'être vivant et mentalement sain. Parfois, les émotions et le lot de réactions imprévisibles qu'elles entraînent dans leur sillage se mêlent de la partie et cette cohérence si chère à l'homme est rompue. Qu'importe ! Il justifiera ses actes a posteriori pour que l'ensemble ait une apparence logique. N'était-ce pas ce qu'ils faisaient tous, à chaque instant ?

La cruauté de leur situation apparut soudain à William avec une clarté presque blessante. Il eut un mouvement de la main vers l'esclave, comme pour empêcher la sentence de tomber, mais elle s'écarta d'un pas et le fusilla du regard.  « Non mais tu te fous de moi c'est ça ? Non, tu sais quoi, je n'ai rien pressenti du tout. Tout ce que je vois c'est que, encore une fois, tu débarques pour me reprocher ce que j'ai fait. Alors je me suis excusée, mais là encore, non ça aurait été trop simple, tu dois rétorquer que c'est trop facile car je suis devant le fait accompli et maintenant tu viens me dire que je suis censée savoir pourquoi tu es là. Et bien tu sais quoi, non je ne sais pas ! Je ne sais pas pourquoi tu es là. Je ne sais pas ce que tu veux, ce que tu me veux ! Je me suis excusée, je t'ai remerciée, qu'est-ce que tu veux de plus ?! » La brunette s'enivrait de ses propres paroles et plus le ton montait, plus le visage de l'Ombrageux se durcissait et retrouvait son apparence impénétrable. « Et il n'y a pas d'avant ou d'après. Ça ne s'est pas passé comme ça. Je n'étais pas morte, il y-a peut être une pierre tombale à mon nom devant mais j'étais là, juste sous vos nez à tous, vivante et consciente. Et ça n'a rien changé du tout. Ce qu'il s'est passé avant et après n'ont strictement aucun rapport. Tu m'avais poignardé, quand j'essayais de sauver ma demi-soeur, ma soeur. Je voulais juste tenir ma promesse, protéger ma famille, protéger votre serment que vous aviez fait à mon père, mais non, tu m'as poignardé. Alors bien sûr que nous étions ennemis ! Mais même après ça, je t'ai aidé. J'aurais pu te laisser crever avec cette vermine dans les souterrains, j'aurais pu la laisser te tuer, mais je ne l'ai pas fait. S'il y-a un avant et après c'est ici ; j'ai décidé de t'aider. Malgré tout ce que tu m'avais fait ! » Sa voix s'interrompit un instant et il battit des paupières, immobile, silencieux. Quelle peste. « J'ai été gentille, mais tu n'arrêtes pas de demander plus ! Je n'ai rien plus à t'offrir ! Tu as usé toute ma gentillesse ! » Il sembla qu'elle voulait ajouter quelque chose, poursuivre les charges mais le flot de paroles s'arrêta. Il jeta un coup d'œil vers elle : ses traits étaient contractés par la colère et les jointures de ses phalanges étaient encore blanchies d'avoir serré les poings. « Ah merde ! Tu sais quoi, j'en ai marre de devoir me justifier auprès de toi. Tu l'as dis, nous sommes quittes. Tu vas bien, je vais bien, tout va bien. Pourquoi s'évertuer à continuer cette conversation. » acheva-t-elle d'un ton aigri, avant de tourner les talons et de s'éloigner à grands pas.

Abasourdi, William vacilla quelques secondes entre la fureur et l'abattement. Il commença par tenter de se raisonner, en appela à son impassibilité coutumière. Ce qu'il exécrait encore plus que les propos de la jeune femme, c'était l'influence qu'elle avait sur son comportement. Elle lui faisait perdre ses moyens ; un aplomb qu'il avait mis des années à construire, une maîtrise de soi qu'il renouvelait à chaque instant ! Il produisit un effort surhumain pour conserver un calme apparent. Un seul indice le trahissait : le muscle de sa mâchoire palpitait à l'endroit où l'os forme un coude, tant il serrait les dents. Il prit une profonde inspiration dans un vain essai de calmer le rythme effréné de son cœur. Respire William, respire. Laisse-la s'éloigner, elle n'en vaut pas la peine. Le procès de Rouge va commencer. Ah, non, vraiment c'était trop fort ! Elle était d'une mauvaise foi, d'une ingratitude qui repoussaient les limites de l'envisageable. D'ordinaire, lorsque quelqu'un l'excédait à ce point, il se contentait de l'ignorer et de passer à autre chose. Mais c'était d'autant plus insupportable de la part d'Arianna qu'elle n'était pas juste "quelqu'un". Il s'était ouvert à elle. Il avait laissé entrevoir des facettes de sa personnalité que peu de gens connaissaient. Mais bien sûr, il s'était trompé au sujet de la brunette ; elle n'était pas digne de tout cela. Elle ne se conformait pas à son idéal. Tu l'as surestimée. Cette fuite lui faisait l'effet d'un vol : elle avait dérobé une partie de ce qu'il était et satisfaite de son méfait, disparaissait avec. Non, certainement pas ! « Arianna ! » cria-t-il. Elle ne se retourna pas. « Tout ce que tu essayes de me prouver s'effondre au fur et à mesures que tu fuis, lâchement ! » ajouta-t-il en espérant la faire réagir, mais sa silhouette continua à s'éloigner d'un pas décidé.

Poussé à agir par son orgueil blessé, l'Ombrageux emboîta le pas à l'esclave. Elle avait pris de l'avance, mais heureusement pour lui la rue était quasi déserte. Il s'élança à sa suite et malgré son souffle court, une dizaine de foulées silencieuses suffirent pour arriver à sa hauteur. Il ralentit alors, le temps de recomposer son masque d'indifférence et s'efforça de contenir sa rage. Lorsque le moment serait venu, c'est-à-dire lorsqu'il décèlerait chez Arianna une trace de vulnérabilité, la plus infime soit-elle, il laisserait déferler son courroux. Il savourait avec un plaisir sadique la perspective de retourner les coups à une puissance démultipliée pour la heurter, autant que ce qu'elle avait fait. Un rictus féroce déforma ses traits une fraction de seconde et s'envola aussitôt. Il tendit la main et, d'un geste précis et agile, l'attrapa fermement par le bras. Il s'était promis de bannir la violence physique envers Arianna, mais avait-il mentionné le potentiel destructeur des mots ?
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Alessandra de Marbrand
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ARIANNA H. WADSON
— if i look back, i'm lost —

Dix-neuf ans, elle venait tout juste de les avoir. Elle n'avait d'ailleurs même pas réalisé qu'elle les avait fêté. Le temps filait, filait à toute vitesse, sans attendre personne. Elle s'évertuait à courir après le temps, à le rattraper. Son corps, au fil des années, s'était marqué par cette course; changeant, évoluant. Tandis qu'elle, intérieurement, était encore loin derrière, pétrifiée. On dit que le temps guérit toutes les blessures, les plaies béantes deviennent cicatrices, les cicatrices s'estompent, voir disparaissent, jusqu'à que tout ce qu'il reste de ces mauvais moments soient des souvenirs. Le corps tombe, il guérit, se relève et reprend sa course derrière le temps. Mais l'âme, elle, ne se relève pas aussi facilement, une fois à terre, elle a besoin de plus de temps pour guérir, pour se remettre, pour se relever. Elle a besoin de temps... mais le temps n'attend personne. Loin derrière, abandonnée, elle n'était encore une enfant au fond, une enfant dans un corps de dix-neuf ans, une enfant qui attendait que ses blessures guérissent pour pouvoir grandir à nouveau, pour pouvoir revivre.

Physiquement, ses plaies étaient guéries, il ne restait plus que de fines lignes roses striant son corps ci et là. Elles étaient un mémoriel, un mémoriel à la peine, à la douleur qu'elle avait endurée, qu'elle avait surmontée, qu'elle pouvait maintenant oublier. Seulement le corps cicatrice, le corps guérit, il oubli, mais l'âme, elle, se souvient toujours, ses blessures ne cicatrisent pas vraiment car l'âme n'oublie jamais.

Elle s'éloignait d'un pas vif. Fuir, encore et toujours. Fuir l'ennemi, fuir l'ami, fuir la vie. Combattre ou fuir, elle choisissait la fuite, toujours. Se battre était trop dur, trop incertain. Oh ça, c'était beau de tenir l'arme au poing et de jurer d'abattre ses démons, mais à quel prix était-ce ? A quoi bon combattre si c'est pour risquer sa vie ? Elle avait déjà trop perdu pour mettre en péril sa propre vie dans une bataille où l'issue était bien trop incertaine. « Arianna ! » cria William dans son dos. « Tout ce que tu essayes de me prouver s'effondre au fur et à mesures que tu fuis, lâchement ! » Fuir était lâche, mais au moins elle n'avait pas à  se battre dans un duel déjà perdu d'avance. Elle perdrait, elle perdait toujours, alors elle fuyait. Elle fuyait toujours, elle fuyait continuellement, elle fuyait encore. Elle voulait s'échapper de tout, de la vie, de ses problèmes, mais surtout de ses souvenirs. Elle mettait un pied devant l'autre, s'éloignant du sombre tableau qui se peignait sur le mur de son âme. Regret. Elle aurait voulu faire mieux. Elle aurait pu faire mieux. Peine. Douleur. Elle souffrait, elle souffrait terriblement. Enfermée dans sa prison charnelle, son âme hurlait tout son désespoir en espérant qu'on l'entende, en vain.

Elle avait mal, très mal, et tout ce qu'elle souhaitait au fond, c'était que quelqu'un lui vienne en aide, que quelqu'un lui tende la main. On l'attrapa alors brusquement par le bras. Surprise, un cri perça la barrière charnelle de ses lèvres. Un cri de surprise, de peur mais aussi d'autre chose. Cette fois ci ce n'était pas son âme qui hurlait son désespoir mais qui, désemparé, criait : Non, pas encore, ça suffit ! Instinctivement, elle tenta de se dégager; son autre main voulu frapper son agresseur, mais ce dernier l'attrapa aussitôt. Elle fut emportée par un vent de panique; encore une fois, elle était en position de faiblesse, encore une fois elle avait perdu. C'est alors que son regard paniqué se releva vers le visage de son agresseur, qui paraissait tout aussi surpris qu'elle. « Will ? » murmura-t-elle. Son coeur battait la chamade, comme un cheval prit dans une course folle, il galopait à toute allure. Malgré ses muscles tremblant, sa peur retomba, s'apaisa. A l'unisson, leurs regards se posèrent sur l'endroit où ses mains empoignaient ses bras tremblants.  Sous les doigts de William, la peau de la jeune femme était secouée de soubresauts involontaires. Elle n'avait pas voulu avoir une telle réaction. Mais c'était plus fort qu'elle, elle ne voulait pas, mais elle faisait quand même.

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Seyrane de Larant
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William P. Thawerson
— You are not helpless  —


Sous le choc, le corps d'Arianna ploya comme le roseau se courbe dans la tempête et elle laissa échapper un cri déchirant. L'effet de surprise qu'escomptait le jeune homme était plus violent que prévu et la réaction ne se fit pas attendre : la brunette se dégagea brutalement et leva la main pour riposter. Il évita le coup de justesse et attrapa son poignet. Toute animosité était retombée, il ne ressentait plus que de l'incompréhension devant la panique qui agitait l'esclave. Son corps était traversé par des soubresauts nerveux et sous les doigts du blond, son pouls fébrile battait à toute allure. Elle finit par croiser son regard et le sincère étonnement qu'elle y lut l'interrompit dans ses efforts pour se libérer. « Will ? » souffla-t-elle interloquée. Il se raidit brusquement et son regard se détacha des yeux noirs de la jeune femme pour se poser sur ce poignet qu'il entourait fermement et dont les veines saillaient sous la pression du sang. Il desserra brusquement les doigts comme sous l'effet d'une brûlure et sa main retomba. L'acte final d'une tragédie dont ils étaient protagonistes bien malgré eux se donnait une fois de plus. Le destin les traquait et se jouait d'eux, les situations et les conflits se réitéraient. Ce réflexe renouvelé de proie, d'animal traqué, le déconcertait profondément. C'était en quelque sorte l'hideux reflet de toutes les erreurs qu'il avait pu commettre à son encontre. Elle lui prouvait que malgré l'amélioration de leurs rapports, au fond Arianna ne lui accordait pas une totale confiance. Il suscitait encore une peur instinctive, incontrôlée, et se haïssait pour cela.

Mais d'un autre côté, l'éclair de lucidité qui traversait ses prunelles et le timbre surpris de sa voix lorsqu'elle le reconnaissait... Rien n'était anodin. Pour la seconde fois, elle semblait presque soulagée de l'identifier comme agresseur, lui plutôt qu'un autre. Cette interrogation qui visait à s'assurer de son identité paraissait même tempérer son affolement. D'ailleurs, les secondes s'écoulaient et la brunette s'apaisait doucement, confirmant son intuition. Sa poitrine se soulevait désormais à un rythme plus régulier et les sursauts d'angoisse se faisaient plus rares. William s'attendait à ce qu'elle reprenne son chemin sans même lui adresser un regard mais elle n'en fit rien et resta immobile. Il leva un regard interrogateur et réalisa qu'elle était sur le point d'éclater en sanglots. Un profond désemparement le saisit tant les multiples réactions d'Arianna le décontenançaient. Sa chute dans les affres du doute ne semblait pas connaître de fin. Était-il celui qui causait les angoisses de la jeune femme, ou au contraire celui qui les modérait ? Il ne savait plus à quels dieux se vouer et demeurait interdit face à elle, incapable de prendre une décision. Il se remémora l'instant où il l'avait trouvée inconsciente, gisant dans la boue. La violence avec laquelle elle s'était débattue malgré sa faiblesse, puis la promptitude avec laquelle elle s'était interrompue lorsqu'elle avait distingué ses traits. Et enfin ce relâchement contre lui, lorsqu'elle avait réalisé qu'elle était en sécurité entre ses bras, que plus rien ne pourrait arriver désormais.

Lentement, il redressa l'échine et ses prunelles claires se posèrent sur le visage d'Arianna. À travers la rangée d'épais cils noirs qui bordait ses paupières, de grosses larmes perlaient. Son regard se hissa jusqu'au sien, et il était empli d'un tel désespoir, ces iris foncés traduisaient une telle détresse que le jeune homme en chancela. Il cessa de penser, de toute manière ses réflexions n'étaient plus que d'inutiles tourments. Il s'approcha d'un pas et enveloppa la brunette de ses bras, gauche comme un pingouin sur la banquise. Ce geste était complètement inattendu de sa part, et il se sentait empêtré et maladroit, et il ne savait plus où se mettre. Comme il fallait bien qu'il achevât son mouvement, il attira doucement la jeune femme à lui et glissa un bras autour de ses épaules. Elle se laissa faire sans réaction, comme paralysée et un sanglot lui échappa. Alors, avec mille précautions, il souleva une main contre sa nuque, en dégagea les cheveux entremêlés et l'invita à s'appuyer dans le creux de son épaule. « C'est fini... » Sa main toujours élevée effleura la joue rougie par les larmes, du bout des doigts. « Tout va bien maintenant. » Il sentit le poids de la tête de la jeune femme qui s'abandonnait contre son torse et sa main retomba. Une douce chaleur l'envahit. Tout irait bien maintenant. 

Fin
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