Après la guerre opposant les Témériens et les audacieux membres de la Guilde des Ombres, l'Enclave a changé. L'atmosphère pesante et calme des ruelles donne un aspect beaucoup plus taciturne et fastidieux. Désormais, pratiquement chaque quartier est surveillé par des Étrangers qui souhaitent s'approprier les terres. Des gardes peuvent débarquer à tout moment, sortant de nulle part. Tandis que les Ombrageux attrapés sont jugés les uns après les autres, le reste du groupe continue de se cacher dans la forêt. Les Nobles quant à eux, préfèrent se tenir à l'écart. Mais tous n'attendent pas sagement les bras croisés. En cet après-midi ensoleillée, deux d'entre eux persistent à vouloir manigancer des plans et des stratagèmes astucieux.

Aujourd'hui c'était un jour comme les autres, ou presque. La jeune femme avait décidé de sortir de sa tanière. Le calme après la tempête, elle pouvait se faufiler à grands pas dans les chemins tumultueux. Tel un félin gracieux, la brune déambulait tranquillement dans l'Enclave, son territoire. Depuis l'arrivée soudaine des Témériens, une certaine rage brûlait à l'intérieur de son corps. Elle détestait au plus haut point ces sauvages impolis aux manières barbares. La jeune Valencia aurait pu prendre part au combat, mais cela dit, elle n'était pas du genre à se salir les mains. En général, elle réussissait toujours à faire en sorte que ça soit quelqu'un d'autre qui fasse le sale boulot à sa place. Autant le dire, Annabelle adorait se mêler de ce qui ne la regardait pas, sans cesse au courant des derniers potins du village. Souhaitant tout savoir, elle pouvait alors utiliser certaines informations à son avantage. Jamais à court d'idée, la noble était une professionnelle du mensonge et de la trahison. Tant que cela lui était bénéfique, elle n'avait aucun remord à en faire payer le prix à ses amis ou son entourage.

Cette après-midi, ce n'était pas l'heure du thé ou de la pause café mais bel et bien l'heure des manigances. Elle répondait toujours présente pour parler affaires. Son programme de la journée ? Rejoigne une ancienne connaissance afin de mettre au point un plan infaillible pour sauver leur peau et assurer leur sécurité au sein de l'Enclave. Hors de question de s'abaisser aux ordres des stupides Témériens. Cet homme qu'elle prévoyait de rencontrer au bosquet, était un noble qui haïssait autant qu'elle ce groupe de fauves arrivés tout droit des terres lointaines. Fallait-il déjà la jouer discret et ne pas se faire attraper bêtement. Bien entendu, ils avaient pris leurs précautions. Anna avait passé deux jours à les observer, afin de déterminer la position de chaque garde et d'en deviner leur rotation quotidienne au sein de chaque section aux coins des ruelles. De ce fait, cela lui laissait exactement huit minutes pour rejoindre le bosquet sans se faire repérer.

Annabelle sortit alors de l'ombre, et fonça tout droit vers la parcelle de verdure située derrière une immense bâtisse de pierre. S'adossant contre le tronc d'un arbre, elle guetta les alentours à l'affût du moindre bruit ou mouvement. La jeune femme attendit alors quelques minutes avant de voir débarquer une silhouette masculine qui se dirigeait vers elle. Se retournant vers l'homme en question, elle croisa les bras et attendit qu'il soit arrivé assez près pour lui adresser la parole. « Roy, tu as failli me faire attendre. Tu sais très bien que je ne suis pas de nature patiente. » Elle lui adressa un léger sourire avant de poursuivre. « J'espère que personne ne t'as vu. » Passons les formules de politesse et les salutations inutiles. Ils n'avaient pas le temps de tourner autour du pot. « Quoiqu'il en soit, merci d'avoir accepté mon invitation. Comme tu le sais, cette bande de godiches faméliques osent piétiner sur notre territoire. Je refuse catégoriquement de les laisser nous mépriser de cette façon sans rien faire. » Le ton était donné. C'était décidé, ils allaient faire un choix et mettre au point une manigance avant la fin de la journée. Le crépuscule allait vite rappliquer, mais les deux nobles étaient plus déterminés que jamais.

C'était décidé, elle allait agir au vue des conséquences récentes. Les Témériens ont voulu jouer aux malins, ils allaient s'en mordre les doigts. Les nobles n'étaient pas ici pour une partie de rigolade et ils souhaitaient se venger. Comme on dit souvent, œil pour œil, dent pour dent. Si cette bande de barbares a crû un instant que les habitants de l'Enclave allaient leur obéir et attendre bien sagement et bien ils ont tort. Les Vivendalais n'ont rien demandé mais pourtant on leur avait tout enlevé. Leur ville, leur maison, leur commerce, leur train-train quotidien. Plus rien n'était comme avant. Ils étaient surveillés de près et n'étaient pas libres de leur mouvement. Se sentir épié était une chose qu'Annabelle ne supportait pas. La vérité c'était qu'elle aimait tout contrôler. Pour le coup c'était raté. Elle n'avait plus aucun autorité sur qui que ce soit à cause des Étrangers batifolant dans les environs. Voilà pourquoi elle avait besoin de l'aide de Roy.

Ce dernier arriva enfin avec exactement sept minutes de retard. Oui selon Anna, le temps était précieux. Il s'approcha alors en affirma qu'il avait été prudent pour parvenir jusqu'au bosquet. La brune était loin de lui faire confiance, mais Roy était le seul et l'unique a avoir les mêmes convictions et les mêmes attentes. Reprendre le pouvoir et détrôner la soit-disant reine qui se croyait tout permis. Hors de question de se laisser faire. C'était donc la raison pour laquelle les deux nobles s'étaient rejoint cette après-midi, pour mettre au point un plan. Une fois face à face, le jeune homme prit la parole en présentant son ressenti et affichant sa colère envers l'ennemi. Mais une seule phrase retînt son attention. « Jusqu'où es-tu prête à aller pour cela ? » Sa réponse allait être déterminante et dirait si oui ou non, elle serait faire preuve d'assez de force.

Annabelle attendit quelques secondes avant de répliquer. « Si il y a bien une chose que tu dois savoir, c'est que je suis prête à tout. » Au moins, Larisson savait à qui il avait affaire. La jeune femme n'abandonnerait pas sa quête, elle ne baisserait jamais les bras. Il était temps que la situation se tourne à leur avantage. Mais que faire ? Telle était la question. « Sur ce point, nous sommes d'accord. De toute façon nous n'avons plus rien à perdre mais ce n'est pas non plus une raison d'avancer tête baissée. Il nous faut un plan, un stratagème, quelque chose de solide. » Elle fît mine de réfléchir un instant. « Et pour cela, je ne vois qu'une seule solution. Tuer Katharina. » Son dessein était fou, stupide et totalement impossible. Mais la reine Témérienne était la principale concurrente. Cependant Roy savait que c'était la meilleure chose à faire. Allait-il la suivre bêtement dans ce projet ou allait-il lui proposer une autre conspiration ?

Le jeu était lancé. Une fois qu'ils auront commencé, il n'y aurait pas de retour en arrière possible. Malgré ses airs prétentieux, hautains et délicats, la jeune femme était dangereuse et extrêmement fourbe. La trahison était une de ses principales peccadilles. Elle ne cessait de créer toutes sortes de complots et stratagèmes les plus tordus les uns des autres. Parmi la noblesse, on pouvait se permettre de se construire un cercle de connaissances et de contacts qui étaient très utiles et précieux. Mais juste que là, la brune avait toujours réussi à jeter la faute sur quelqu'un d'autre. Lorsque la situation lui échappait, elle avait la plupart du temps un plan B, puis si il ne marchait pas un plan C et ainsi de suite. Vous connaissez l’alphabet. Les Valencia étaient réputés pour leurs facultés de tromperie et de ruse. Il était presque certain qu'ils auraient tout raflé dans une partie de poker grâce à leur bluff incroyable. C'en était presque trop facile d’obtenir la moindre chose d'une personne ciblée, d'une proie. Avec ses traits fins et sa carrure très mince, Annabelle passait pour une femme fragile, aimable et complaisante. Alors imaginez un peu la tête de ses interlocuteurs lorsqu'ils se rendaient compte du chaos et du désordre qu'elle pouvait causer sur son passage. En plus de cela, elle ne faisait jamais les choses qu'à moitié.

Aujourd'hui, c'était la parfaite occasion de manigancer à nouveau. Mais cette fois-ci, l'enjeu était de taille. Le moindre faux pas et ils pouvaient se faire attraper et être emprisonnés par les Témériens. Ici, c'était leur quartier. Les Étrangers piétinaient sur leur sol sans avoir demandé la permission. Ils s'appropriaient leurs terres comme si ne rien n'était. La politesse et les bonnes manières n'existaient plus. La noble venait alors de proposer à Roy de tuer Katharina. Elle avait visé haut, mais la reine étrangère devait payer pour ce qu'elle avait fait. Il fallait bien que quelqu'un se dévoue pour faire régner la justice. Tout ce qu'Anna souhaitait, c'était d'expulser rapidement cette armé de pacotille et de pouvoir traîner tranquillement dans l'Enclave sans qu'il n'y ait un garde dans les parages. Larisson, son complice pour quelques jours, proposa un autre plan. Extraire la reine du pouvoir afin de l'affaiblir. Roy expliqua clairement qu'il voulait retourner le peuple contre elle. Une idée intéressante, mais par où commencer ? « Et comment comptes-tu t'y prendre ? » Son objectif était bien beau mais ça serait encore mieux si il était réalisable sans encombre. « Certes, le chat joue avec la souris avant de la manger. Je t'écoute, ta proposition m'intéresse. La saison des complots est ouverte et nous allons chasser. » Fini la rigolade, pour une fois la discussion était des plus sérieuses. La brune observa un bref instant les alentours afin de s'assurer que personne ne les remarque. Ce n'était pas le moment de se faire repérer.

Roy paraissait sûr de lui, cela la fît presque rire qu'il soit aussi confiant vis à vis de ses projets. La jeune femme arqua les sourcils tandis que son acolyte expliquait et exposait son plan. À vrai dire, elle avait bien du mal à l'écouter attentivement des deux oreilles. Anna était une personne qui aimait avoir tout sous contrôle, son contrôle. Et là, la situation semblait lui échapper. La noble de pouvait point prévoir ce qu'il allait se passait d'ici les prochains jours. Tout était devenu incontrôlable depuis que les Témériens avaient débarqué sans prévenir. Qui avait le contrôle désormais ? Les ombres et les monstres résonnaient et grondaient dans les rues désertes et parfois surveillées par des gardes. Mais ses ennemis devaient faire attention, car Annabelle était bien plus méchante que ses démons. Spécialiste du mensonge et de la fourberie, rien ne l'effrayait. Cependant, elle n'était certainement pas du genre à foncer tête baissée, bien au contraire. Elle avait toujours un plan précis et construit. Si jamais le plan A ne fonctionnait pas, c'était au tour du B, puis du C. Cela était impressionnant le nombre de personnes qui étaient tombés dans le panneau. La brune passait pour une femme fragile, élégante, extrêmement hautaine et distinguée. Mais elle était loin d'être fragile et sans défense. Certes, sa carrure n'était pas imposante, de quoi s'en servir pour tromper ses interlocuteurs. Tout cela était amusant, vous ne trouvez pas ?

Simple, pas si difficile ? Le revoilà qui recommençait à prétendre que c'était un jeu d'enfant. Même si son idée n'était pas mauvaise du tout, Annabelle préférait se créer son propre stratagème, vous savez, au cas où celui de Larisson échoue. Sauf qu'elle ne partagerait pas sa prochaine théorie avec lui. Après tout, qui avait dit qu'elle lui avait accordé sa confiance ? Venimeuse, Anna pouvait être caractérisé de serpent. Sophistiquée et raffinée, elle savait toujours rester maître d’elle-même dans toutes les situations, ce qui faisait d’elle une femme assez insaisissable. La jolie brune donnait l’impression étrange de contrôler ses moindres battements de cils et de peser chacun de ses mots. Ce qui faisait d’elle une personne discrète mais en même temps, un brin calculatrice. Et surtout, elle savait mener les autres à son but en finesse. Observatrice et perspicace, elle pouvait deviner facilement le caractère de ses interlocuteurs, leurs failles, leur sens moral. Comment se comportait-elle avec les hommes ? À la fois séductrice, sage, sensuelle et tranquille, elle se rendait presque intouchable par le biais d'un jeu dangereux qui attire, fascine, trouble et énerve. Méfiance et vigilante, il était quasi impossible de voler son cœur. Alors étiez-vous sûr de vouloir l'approcher ?

Le jeune homme poursuivit son discours en faisait référence à l'un de ses connaissances dont le bout de terre avait été volé et dévasté par le peuple Étranger. Roy réussit enfin à capter toute son attention lorsqu'il évoqua les mœurs de leur ennemis. Visiblement, ils étaient attachés à une certaine déesse. Ça, elle l'ignorait. La brunette n'était pas vraiment au courant des traditions de ce peuple barbare. Elle esquissa alors un large sourire lorsqu'il lui demanda laquelle des deux propositions elle préférait. « Une chasse courte, brutale et dangereuse serait plus intéressante, tu ne crois pas ? » Aventurière dans l'âme, elle était tentée par la solution la plus risquée. Mais aussi parce qu'ils étaient à court de temps. « J'ai peut-être un contact qui pourrait nous donner des informations supplémentaires sur cette Elia. » Avant de se lancer dans les détails de ce nouveau plan, elle devait s'assurer encore une fois des convictions de son coéquipier. Tâter le terrain, le préparer mentalement. « Es-tu sûr et certain de vouloir te lancer dans ce stratagème ? Une fois commencé, il n'y aurait plus de retour en arrière possible. » C'était décidé, ils allaient tous les deux mettre en place une ruse en s'attaquant à la Reine.

La vie est faite de choix, vivre ou mourir, tué ou être tué, se lever ou rester à terre, combattre ou fuir, prendre des risques ou bien rester chez soi. C'était l'heure de faire un choix, et Roy choisissait de prendre des risques. Rares étaient les fois où il osait sortir des sentiers battus, de s'imposer pour lui même, mais quand il le faisait, il le faisait vraiment. Il ne pouvait pas s'imaginer vivre sans se battre, peu importait les risques. Ils avaient envahi la terre, s'était approprié leur cité, avait confisqué leurs maisons, avait pillé leurs biens; Roy ne pouvait laisser passer une telle chose. Vivendale était sa maison, sa cité, sa terre, et elle leur appartenait de droit, à eux, aux Vivendalais. Ils étaient né ici, avaient grandi ici, s'étaient mariés ici, c'étaient leur territoire. Cette ville l'avait vu naître, l'avait vu grandir, l'avait vu plein de joie, plein de tristesse, cette ville l'avait vu se marier à Caitlin, l'avait vu persévérer pour garder à flots son mariage, l'avait vu abandonner lorsque celle ci s'était éprise du vent de la rébellion dont, seulement aujourd'hui, il saisissait le sens et l'importance. Vivendale l'avait vu vivre, et le verrait mourir. Mais pas en tant que chien de ses barbares, non, il allait réajuster la balance, il mourrait lorsque Vivendale sera sienne à nouveau, lorsque Vivendale sera Vivendale à nouveau. Telle était sa mission, telle était sa destinée.

Pour lui, le choix était déjà fait; se risquer, coûte que coûte, pour sauver ce qui lui revenait de droit, ce qui lui avait été volé. Devant ses propositions, Annabelle esquissa un large sourire. « Une chasse courte, brutale et dangereuse serait plus intéressante, tu ne crois pas ? » rétorqua-t-elle. « Je suis on ne peut plus d'accord. » A son tour, un sourire se dessina sur ses lèvres. La chasse serait courte certes mais elle serait aussi d'autant plus satisfaisante que Katharina serait déchue rapidement. « J'ai peut-être un contact qui pourrait nous donner des informations supplémentaires sur cette Elia. » avança la jeune femme. Le noble haussa un sourcil, intrigué. Il se demanda quel était le contact d'Annabelle, elle qui était si surprenante. Jamais avant la Guerre d'Un Jour il n'aurait cru se retrouver à comploter la chute d'une reine avec elle, et pourtant, les dieux en avait décidé autrement. Du jour au lendemain Annabelle était passé de simple connaissance, après avoir qu'ils aient assisté aux mêmes réceptions, à partenaire de crime. « Es-tu sûr et certain de vouloir te lancer dans ce stratagème ? Une fois commencé, il n'y aurait plus de retour en arrière possible. » demanda-t-elle à nouveau.

S'il voulait faire demi-tour, c'était maintenant. Il fallait choisir, mais son choix était déjà fait. Jamais il ne pourrait vivre sous le joug de ses barbares s'il n'avait pas au moins essayé de les arrêter. C'étaient des parasites, une fois installé ils pompaient encore et encore plus de leurs ressources, ils retourneraient Vivendale jusqu'à qu'il ne reste plus que des pierres. Ils détruiraient cette ville, cette belle cité. Roy en était certain, et il refusait de voir ce jour se produire. Il voulait faire quelque chose, il devait faire quelque chose. Déterminé, il planta son regard dans celui de la jeune femme. « J'en suis sûr. » commença-t-il « Et je ne m'arrêterais pas tant que l'Usurpatrice sera tombée. » Il n'y avait rien d'autre à ajouter. Quoi qu'il faille faire pour mener à bien leur plan, il le ferait. Il n'abandonnerait pas, jamais, pas tant qu'il était encore en vie, pas tant que l'Usurpatrice était encore en vie. « Maintenant, dis moi en plus sur ce fameux contact. Qui pourrait te renseigner sur leur déesse ? Un témérien ? » Il marqua une pause. « Si tu veux mener la danse très bien mais je dois tout savoir avant. » Les dés étaient tirés. Ils étaient tout deux prêts à tout. Ils avaient tout deux des cartes, différentes, en main. Ils voulaient tout deux la même chose. Reste à savoir s'ils avaient suffisamment confiance l'un envers l'autre pour mettre toutes leurs cartes sur la table et se lancer dans le véritable jeu.

Les vilains garçons ne savent strictement rien sur les méchantes filles. Les hommes créer un combat, se battent, et c'est fini. Tandis que les femmes ne se battent pas de façon juste. Elles se liguent, gardent des secrets, complotent. Elles peuvent vous blesser rien qu'avec un regard. Annabelle avait cette faculté de frapper brutalement ses adversaires sans lever le moindre petit doigt. Il fallait les menacer, et encore, prévenir était bien gentil. Utiliser leurs faiblesses était l'une des meilleures solutions. Certains craignaient la belle et majestueuse Annabelle Camille Valencia. Toujours sûre d'elle et réfléchie, rien n'était dit ou fait au hasard. Chaque mouvement, chaque parole était pensé à l'avance. Aucune impulsivité, vous ne verrez jamais la noble sortir de ses gonds et se mettre dans une colère noire. Son dicton ? Ne jamais laisser les autres personnes lire en vous, deviner vos émotions. Le livre ne restait jamais bien longtemps ouvert sur la table. Subtile et ordonnée, il se pouvait que dans les discours de la brune se cache un message codé ou une information importante, dite de manière indirecte. Tant pis pour vous si vous n'étiez pas assez intelligent ou futé pour y prêter attention et décoder ses charmantes paroles.

Roy et sa nouvelle acolyte venaient tout juste de conclure que leur stratagème serait court, brutal et dangereux. Quitte à se faire prendre, mais l'objectif devait être atteint. Larisson affirma qu'il était plus que déterminé et ne reculerait devant rien. De toute façon, il n'avait certainement pas intérêt à la lâcher au dernier moment. La vengeance serait dévastatrice. Quoiqu'il en soit, les deux Vivendalais allaient être obligé de se partager quelques détails pour ne pas échouer et par la même occasion manigancer un plan totalement foireux. Il ne fallait pas se rater, ils n'auraient droit qu'à un seul et unique essai.  Roy se montra assez curieux lorsqu'elle évoqua un potentiel contact qui pourrait les renseigner sur l'équipe adversaire. C'était bien beau de s'attaquer à la Reine, mais il fallait connaître un minimum ses ennemis. Le membre de la noblesse l'incita à dire ce qu'elle savait sur ce sujet. Cette fois-ci la brunette n'avait pas d'autre choix, elle allait devoir partager ses informations. « En effet, c'est un Témérien. » Il avait vu juste. Anna marqua une courte pause avant de continuer, comme pour garder un certain suspense. « Je connais un Étranger qui serait prêt à nous aider. J'ai entendu dire qu'il n'était pas très loyal envers sa dirigeante. En contrepartie je lui ai livré un groupe de villageois qui complotaient contre la couronne. Il se pourrait que je lui ai également délivré quelques petits secrets de notre société. Mieux vaut être proche de ses ennemis en tant de conflit, non ? » Comme quoi, même des rares Témériens n'approuvaient pas le règne de Katharina. Peut-être que c'était le seul. Cependant, malgré son silence et le fait qu'il se pliait tout de même aux ordres, le pion de la Reine était facile à manipuler et à convaincre. Mais après tout cela ne lui coûtait rien de donner des informations sur leurs coutumes et leurs habitudes. Ensuite, tout était question de négociation.

Roy n’apprécierait peut-être pas toutes méthodes de sa camarade de jeu mais pour le moment c'était leur seule option. « Si tu as d'autres propositions, je suis toute ouïe. » Même si elle aimait tout contrôler, elle n'allait cependant pas tout faire toute seule. « On a d'ores et déjà un avantage sur ces béotiens. Ils piétinent sur notre terrain de jeu. » C'était leurs terres, ils connaissaient chaque rues et chaque recoins. Leur plan était certes périlleux mais la règle était simple, tous les coups étaient permis. « Le sang est plus épais que l'eau, mais il peut être aussi glissant. » Lui adressant un large sourire, elle était prête à lancer la partie dès aujourd'hui. Mais avant d'ajouter quoi que ce soit, des silhouettes qui bougeaient au loin attirèrent son attention.