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Last funeral

Linelleray
Linelleray

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Lun 6 Juin - 21:49


 
 
Last funeral
— « Révélations » —

"Certains secrets devraient rester enterrés sous terre."  Isabelle Hart

La guerre d'Un jour a causé bien plus que des dégâts en surface, elle a atteint Vivendale en plein cœur, ébranlant l'image de l'imprenable ville-monde. Les procès - qui s'ensuivirent - prirent une véritable tournure de traque du mal, du vice et du pécher. Peu en ressortir, davantage en furent victimes. Mais il y a une chose que tous ignorent : le prix de la trahison d' Isabelle Hart. Le prix de la rédemption, et du pardon. Katharina avait su se montrer implacable, intransigeante. Le sang appelle le sang. Et pleinement consciente de la retombée de ses actes, la protégée de Vivendale allait à présent devoir faire face à la vérité : la mort de sa mère. Une vie pour une autre... Quel rôle tiendra Arianna aux côtés de sa sœur ? Et surtout quelles sombres révélations attendent les deux jeunes sœurs ?
 

 
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Linelleray
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Mer 8 Juin - 22:25


Isabelle R. Hart
Last funeral : your mother was a good woman

Les règles du jeu sont tacites. Elles ne sont jamais énoncées mais implicitement transmises à tout nouveau joueur : gagner ou mourir. Nulle autre alternative dans l'arène, et le résultat justifie chaque moyen. Aucune empathie, ni pitié, ni répit, le jeu ne connaît pas de fin. Un même objectif anime l'ensemble des joueurs : DETRUIRE l'adversaire. Peu importe le prix...

Engager la partie
... L'orpheline battit en retraite derrière sa ligne de défense ; les yeux clos, elle adossa une main au mur secouée d'un vertige. La bouche pâteuse, elle avait peine à déglutir - le poids de la culpabilité pesait sur elle, liant ses muscles et oppressant sa colonne vertébrale d'un étau de fer. Derrière ces portes, la horde de charognards n'attendait que son entrée pour la réduire en poussière. A rien, à néant. Le souffle lui manquait, et un prémisse de sanglot roula dans sa gorge féline. Isabelle inspira, relayant ses doutes à un second ordre. Elle devait reprendre le contrôle, vaincre et non pas s'écraser, devenir une lionne puissante et intouchable. Ses mains glissèrent sur le marbre blanc et elle fit un pas en avant, le plus difficile était derrière à présent.

* * *

Miser... Le corps se balançait d'avant en arrière, décrivant des cercles grossiers et inégaux. Les petits pieds princiers tressaillaient, animés de soubresauts. Les muscles se contractaient un à un, les membres se tordaient désynchronisés, une dernière danse pour lady Airwer. La corde enserrait le cou de la femme, l'étouffant toujours plus d'instant en instant. La chute de l'échafaud n'avait pas suffi à briser la nuque de la condamnée, et tout son être luttait pour survivre. Les yeux fous roulaient dans leurs orbites, ils cherchaient désespérément une échappatoire... à l'inévitable. Les poumons d'Isabelle s'enflammèrent et ses mâchoires s'entrouvrirent par réflexe. Sans même en avoir conscience, elle avait cessé de respirer simultanément avec sa mère. « Je meurs avec elle » pensa-t-elle.  Elle l'accompagnait dans son déclin. Le ballet mortuaire dura une éternité ; et à aucune moment Katharina ne cessa de jauger son élève. Finalement, la lionne Airwer renonça à se battre et la vie déserta ce corps pourri jusqu'à la moelle. Les yeux d'Isabelle demeurèrent secs, insensibles à la mise en scène témérienne. Ou bien peut-être, était-ce le déni...

* * *

Bluffer... Les portes s'ouvrirent et le regard de l'assistance convergea sur un même point : la mystique lady Hart. Déterminée à avancer, elle fixa une ligne au loin et se donna de la contenance. On l'empoignait et l'étreignait à son passage, des dizaines de nobles lui présentaient leurs sincères condoléances sans qu'elle n'accorda d'importance à une seule d'entre elles. Là encore, il ne s'agissait que d'un tableau peint à l'avance. La plupart des convives s'étaient uniquement déplacés pour assister à la chute de la dynastie des Trois, et en particulier de la branche Airwer. Beaucoup spéculaient que l'héritière de Jason ne lui survivrait pas, ils avaient tort. D'autres, cependant, montraient une réelle sympathie à l'égard de l'orpheline - ou tout du moins un certain intérêt... Leur étreinte était plus soutenue, leurs mains s'attardaient sur sa peau. Et leurs yeux transmettaient un message implicite : nous vous soutiendrons dans votre vendetta contre le peuple de l'Autre Terre. Mais la brune amaigrie n'avait que faire de ce spectacle - dont les tenants et aboutissants étaient déjà écrits - intérieurement elle brûlait. Une sourde colère remontait dans son sein, gagnant son coeur puis l'ensemble du système sanguin et s'attaquait ensuite sauvagement à ses nerfs. En cet instant, elle aurait pu tous les tuer !

Doubler le jeu... Soudain, la foule s'ouvrit sur une silhouette infantile : la régente Kath. De son pas mesuré et élégant, elle rejoignit sa conseillère. Leurs regards se mélangèrent, mais ni l'une ni l'autre ne sourcilla. Elles étaient à présent trop familière de ce petit jeu perfide. La femme-enfant approcha davantage : « Isabelle. » Elle répondit à son salut par un ma reine inarticulé. Katharina allait dévoiler sa carte finale et mettre un terme à son expiation. « Votre mère était une femme juste. » Isabelle hoqueta et ressentit précipitamment le besoin de fuir... car les paroles de la reine avait un tout autre sens. Elle traduisait la sombre vérité votre-mère-est-morte-pour-sauver-votre-vie. Mais déjà, Katharina était sur elle et l'enlaçait. Une étreinte de rédemption, de pardon... La dernière bénédiction, l'aveu final. « Je sais. » Le jeu réclamait toujours une vie, sans jamais spécifier laquelle... Une vie pour une autre.

Vaincre ou Perdre... La mascarade était finie ; Isabelle avait rejoint le temple vide pour se recueillir sur le corps de sa mère. Son échange avec Katharina avait réveillé en elle une forme de lucidité : elle était coupable du sort funeste de sa génitrice, mais demeurait incapable de trancher sur ses sentiments. Pendant des années, elle avait haï cette femme, mais à présent était-ce toujours le cas ? Des bruits de pas se firent entendre derrière elle. Isabelle se retourna et fit face à la nouvelle arrivante : Arianna. Aucun mot ne fut prononcé. La jeune femme se rua dans les bras de sa soeur, dans les bras de sa dernière famille, et instinctivement les larmes s'écoulèrent sur ses joues d'albâtre.
La Mort était destinée à s'acharner sur leur lignée, mais en cet instant, personne n'aurait pu les atteindre : leurs cœurs battaient à l'unisson de la même fougue, de la même souffrance et du même destin. Isabelle n'était plus seule.

Spoiler:
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Alessandra de Marbrand
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Jeu 9 Juin - 22:39





ARIANNA H. WADSON
—  wherever  we  go... death    follows —

D'avant en arrière, le corps se balançait lentement dans le vide, vulgairement pendu par une large corde noué autour de son cou, exposé aux yeux de tous. Lentement, la vie quitta l'enveloppe charnelle de la victime, fuyant ce corps rongé de l'intérieur par le même mal qui touchait la cité entière : la Mort. Chaque jour, elle allait et venait dans les rues. Accompagnant les assassins, elle avait planté dans leurs âmes cette graine de violence les poussant à allonger sa liste de tribus journaliers. Encourageant ceux qui pleuraient leurs morts et dont le cœur réclamait vengeance, elle les poussait à assouvir leurs désirs de justice. Approchant les malades, elles les incitaient à arrêter leur combat contre la maladie ou leurs blessures pour la rejoindre. Prenant la main aux vieillards, elle les menait lentement à leur destin funèbre auprès d'elle. Dans l'ombre de chacun, la mort se tapie silencieusement et, tôt ou tard, elle viendra réclamer son dû. Aujourd'hui, la Mort avait réclamé ce dû à Lady Airwer dont le corps pendait encore au bout de sa corde. Fascinés, les yeux des spectateurs suivaient le balancement macabre du corps sans vie au dessus du vide, scène mortuaire, spectacle funèbre. Arianna déglutie avec peine; elle n'était que bien trop familière avec ce genre de représentations sinistres.

Le coup s'abattit sur le corps recourbé dont la bouche laissa échapper un cri étouffé de douleur. Un autre coup suivi aussitôt, suivi d'un autre, c'était sans fin. Blessures ponctuelles, souvenirs éternels. Bientôt, son dos tremblant fut strié de langues de sang. Le bourreau laissa alors son fouet, arme du crime, tomber par terre. Libération ! Si seulement... Dégainant la dague accrochée à sa ceinture, il coupa les liens qui retenait le malheureux accroché à ce poteau depuis des heures. Privé du dur soutien des cordes, le corps du traître s'effondra sur le sol. Haletant, à bout de force, il n'aurait pas même s'imaginer fuir une seule seconde. Il était condamné. La mort, déjà, était présente, souriante, prête à récolter son âme, une fois que cette dernière aurait quitté le corps brutalisé. Son disciple, obéissant, mena le malheureux au centre de la place et le força à mettre genoux à terre devant la fontaine qui marquait son centre. Puis, après avoir jeté un regard circulaire vers la foule spectatrice, le bourreau attrapa les cheveux de sa victime et plongea sa tête dans l'eau, l'obligeant à rester sous l'eau, privé d'oxygène, privé d'air, privé du droit de vivre...

Les images lui revenaient au fur et à mesure. Elle semblait encore sentir sa gorge brûler à force de crier, elle, spectatrice impuissante. Elle semblait encore goûter au sel de ses larmes inondant ses joues... Déjà quatre ans s'étaient écoulés depuis sa disparition, et pourtant les souvenirs de cette journée semblaient d'hier. La blessure dans son cœur, toujours béante, impossible à cicatriser. Son regard se tourna alors vers la silhouette solitaire, pourtant entourée par la foule, de sa soeur devenue orpheline. Elle étaient pareilles à présent, sans mère, ni père, des orphelines, seules, mais seules ensemble.

♦♦♦

Quelques heures s'étaient écoulées depuis que le cortège funéraire avait fait son entrée dans le temple, petit à petit, les participants étaient repartis, parfois ci-tôt l'enterrement prononcé, parfois plus tard. Mais au final, une seule personne n'était pas sortie, Isabelle, l'orpheline. Face à l'entrée, Arianna n'osait pas rentrer. Cela faisait des heures qu'elle était là, comme paralysée, attendant sa soeur. Oh, elle avait tant de choses à lui dire, tant d'excuses à formuler. Elle voulait lui dire à quel point elle était désolée, désolée pour sa mère, désolée pour leur père, désolée pour avoir fui, désolée de l'avoir blessée, désolée de l'avoir abandonnée...

Mettant finalement un pied devant l'autre, elle approcha des portes du temple et les poussa. A l'intérieur, une silhouette solitaire lui tournait le dos, figure sépulcrale. Doucement, elle s'approcha, silencieuse, elle ne voulait pas rompre le silence instauré en maître sur le temple. Les excuses formulées intérieurement attendraient. Alertée par les bruits de pas, Isabelle se retourna, pensant trouver une quelconque personne venu troubler ce moment de recueillement. Mais ce n'était pas n'importe qui. Aussitôt, elle se rua dans ses bras et, comme si cette étreinte l'avait libérée d'un poids, elle s'autorisa à ressentir à nouveau. La haine, le dégoût, la tristesse, le chagrin... Et les larmes coulèrent doucement sur ses joues. « Je suis désolée... » murmura-t-elle en resserrant son étreinte. « Shhht. Je sais, je sais...ça fait mal... » Dans ses bras, Isabelle se mit à sangloter plus violemment. « ...mais bientôt, ça ne fera plus aussi mal. Et saches que, quoique il arrive, tu n'es pas seule. Je suis là. »

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Sam 2 Juil - 23:41


Isabelle R. Hart
it was a lie that killed her

Le mensonge, bien que hasardeux, est omniprésent dans nos vies. Péché parmi d'autres, il se révèle le plus dangereux dans la corruption de l'âme. Rien n'efface un mensonge, pas même la vérité. Ses paroles erronées s'inscrivent dans le temps et l'espace, bouleversant notre existence. Il ne disparaît jamais tout à fait, enfoui derrière des faux-semblants et les règles du paraître, et finit immanquablement par consumer son auteur. Au demeurant, nous ne sommes pas tous les mêmes menteurs ; certains se délectent plus que d'autres de leurs tromperies et des conséquences qu'elles engendreront...

Isabelle vacilla et s'effondra sur les marches de marbre la décroissance après l'ascension, la défaite après l'apogée back to black, ses genoux cédant sous le poids du fardeau. Sa tête roula contre l'épaule inquiète de sa sœur, ses cheveux s'éparpillant follement dans leur course. Pas un instant, l'étreinte fraternelle ne s'était desserrée : Arianna était présente, elle ne l'abandonnerait plus. Jamais plus, les deux sœurs ne se quitteraient, ou tout du moins elles en étaient toutes deux persuadées... Des tremblements incontrôlés l'agitaient sans qu'elle ne put les maîtriser et en venir à bout. La jeune femme s'accrochait désespérément à cette dernière famille, à cet ultime être aimé. Des larmes intarissables s'écoulaient sur ses joues, creusées et amaigries par la dureté des dernières semaines, puis roulaient le long de son cou d'albâtre, avant d'imprégner l'étoffe de son corsage ou de s'écraser à terre. Isabelle avait cette impression innée d'être maudite et délaissée des dieux, à la différence près qu'elle ne croyait pas en ces derniers. Mais sinon comment expliquer une telle fatalité, un tel acharnement dans son existence, digne de la plus somptueuse tragédie ? Et, telle une figure spectrale, amaigrie et pâle, elle enlaçait avidement la vie - dans son corsage le sachet d'opium n'aspirait qu'à être consommé. Plus tard... Si elle survivait à cette épreuve, au désespoir. Un sanglot roula dans sa gorge, amer, écœurant, elle se vit telle qu'elle était : pitoyable. La fureur s’empara de son corps, se répandant en colère dans son sang, piquant ses nerfs et éprouvant ses faiblesses. Elle devait se relever, lutter, Isabelle rivalisait avec les maux du monde - souffrance, vice, désespoir - rien ne l'abattrait, elle Pandore des temps modernes. D'un geste dédaigneux, elle essuya les traces de son supplice, le long de ses joues. Elle mena ses yeux - vides, glaciaux et désemparés - à la rencontre de ceux de sa sœur cadette - passionnés et enclin à la vie, favorable à aimer. Le souffle des deux femmes se mêla, elle partageait le même destin, similaires, mais séparées l'une de l'autre par le mensonge. L'endeuillée pencha la tête et apposa son front contre celui de la brune hâlée. La même fièvre consumait ses deux esprits tourmentés, et un sourire affligé se dessina sur les lèvres de la Hart. « Elle est morte, morte pour moi. Je t'ai caché la vérité, Katharina l'a exécutée pour mon affront » Moi-ou-elle-sur-le-piloris... Elle entoura sa poitrine de ses bras, dernière façade de pudeur face à l'aveu. « Et j'ai choisi de vivre. Je ne sais pas si je dois me haïr, mais le fait est que je respire toujours. » Contrairement-à-elle-morte-asphyxiée-quelle-ironie. La jeune noble passa une main nerveuse dans sa cascade de cheveux bruns, cherchant à se soustraire à l'image de l'exécution. Impossible... Elle détourna le regard et se focalisa sur les détails de sépulture ; opale et granit rose recouvraient le haut de la tombe, et la base se décomposaient en plusieurs nuances de marbre gris et noir. Un chef d’œuvre pour un corps pourrissant en son intérieur, une futilité de plus au service des riches... « Elle m'a aimée, tu sais, elle m'a aimée à sa manière.  » Isabelle ne doutait pas de ses sentiments maternels, s'il en avait été autrement lady Airwer n'aurait eu aucun scrupule à l'évincer. Étrangement, elle avait accepté son rôle de mère, malgré une certaine rigidité : elle l'avait toujours protégée. « Une existence entière de mauvais choix, et pourtant ce sont mes actions qui l'ont conduite sur l'échafaud. Sa mort en serait presque pathétique, ma mère martyre... » Elle secoua la tête avec ironie, les évènements récents continuaient de l'éprouver. Dans un sens, Isabelle ressentait une forme de culpabilité, basée sur la dette d'une vie. Le genre de marché que l'on peut difficilement rembourser. « Je ne l'ai jamais pardonnée d'avoir conduit à la perte de notre père. Et pourtant parfois, il me semble la comprendre, elle aimait le pouvoir bien plus que Thom, et davantage encore elle aimait ce monstre de Jason... Je ne prétends pas approuver, mais Arianna... j'ai vu cette rage dans les yeux de Willam lorsqu'il t'a cru morte. L'amour change les hommes, on n'y échappe pas.  » En cet instant, Isabelle aurait voulu plus qu'autre chose s'épancher dans l'étreinte consolatrice de l'alcool, sombrer peu à peu dans l'ivresse et faire taire l'héritage maternel inscrit en elle plutôt que de plaindre cette figure du mal. « Elle aurait pu vivre heureuse je crois, un certain temps tout du moins, si Jason n'était pas entré dans sa vie... Il a fait naître en elle le goût de la puissance et des grandeurs. Ce psychopathe est entré dans nos vies, et a tout ruiné. D'une certaine manière, je ne suis pas la seule à avoir tué ma mère. Lui aussi l'a tuée une première fois.  » Loin de l'apaiser, cette vérité lui fit l'effet d'un coup de poignard en plein ventre, elle serra compulsivement les poings, ses jointures pâlirent. « Mon existence entière est construite sur une montagne de mensonges. Ils mentaient tous, ma mère, Thom, Jason, pourquoi en serait-il autrement de moi. Il n'y a jamais eu d'innocente Belly, j'ai toujours été ainsi Arianna, sale et corrompue. » S'appuyant sur ses paumes, elle se redressa puis se leva, Isabelle alla se placer derrière la tombe et apposa sa main sur les pierreries. « J'ai choisi de mentir pour te sauver et ce mensonge a tué ma mère. » Tiraillée entre résignation et ferveur, elle releva la tête et planta ses iris tranchant de vérité sur le visage de sa dernière sœur. « Je n'ai aucun regrets. Je condamnerai chaque salaud dépravé pour te sauver Aria, tu es mon unique famille, la seule qui importe. Pas parce que tu partages mon sang, mais car je t'ai choisi. » Un mouvement furtif à l'arrière du temple attira son attention. Elle se détacha de la vision conciliante de sa sœur et se précipita à l'endroit soupçonné telle une forcenée. Isabelle parcourut d'un regard précis les alentours, balayant les colonnes et les bancs alignés, sans déceler la moindre présence. Arianna l'avait rejointe, et l'aînée lâcha un soupir tonitruant. « Désolée, mes nerfs me lâchent... J'étais quelque peu tendue...  » Pourtant en son sein s'était ancré une impression d'être épiée, un regard lourd de sens semblait s'être posé sur elle, sans qu'elle n'en trouve l'émetteur ou ne soupçonne ses intentions. Mais l'histoire des sœurs Hart et Wadson était sur le point d'être bouleversée, sans qu'elles ne puissent en réchapper.
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Mar 19 Juil - 22:26





ARIANNA H. WADSON
—  death dances silently in everyone shadow —

Les larmes, perles du désespoir, se déversaient frénétiquement, la tristesse et le désespoir s'écoulaient brutalement de ce corps fébrile, secoué par d'hideux sanglots. Sous le poids du chagrin, la dépouilla ploya vers le sol, là où était son destin; à terre, piétinée par les autres, par la vie, par la mort. Telle était leur malédiction à toutes les deux, peu importait combien de fois elles se relèveraient et s’élèveraient, elles étaient condamnées à mordre la poussière gorgée du sang de leurs ancêtres. Lentement, Arianna passa une main le long du dos de sa soeur et resserra doucement son étreinte autour d'elle tandis qu'Isabelle pleurait comme une enfant perdue, sans père ni mère... une orpheline.

Doucement, Isabelle se détacha et posa son front contre celui de sa demi-soeur. Elle était pareille qu'elle et en même temps différente, elle était à la fois une part d'elle et quelque chose d'étranger - comme un reflet dans un miroir, similaire mais différent - suffisamment proche pour percevoir sa douleur et assez distante pour l'en soulager. « Elle est morte, morte pour moi. Je t'ai caché la vérité, Katharina l'a exécutée pour mon affront » avoua Isabelle en s'entourant de ses bras, comme une étreinte à elle même, dernier réconfort possible après celui de sa soeur, sa dernière famille. « Et j'ai choisi de vivre. Je ne sais pas si je dois me haïr, mais le fait est que je respire toujours. » Une vie pour une vie, voilà ce qu'il s'était donc réellement passé. Voilà pourquoi Lady Airwer, autrefois Lady Hart, était morte, pour sauver sa fille, bien qu'elle n'en avait pas eu conscience lorsqu'on lui passait la corde autour du cou, persuadée que son exécution expirait ses années de péchés, et non le seul crime de sa chair. Crime qu'elle aussi avait pourtant commis par le passé : aimer. Pour s'adonner à son amour interdit, Lady Airwer avait dénoncé son mari, l'amenant à une mort certaine; pour sauver sa soeur, Isabelle avait fait bien pire que dévoiler des faits et des secrets, elle n'avait pas hésité à tuer. La mère et la fille, deux pêcheuses pour une seule potence. Passant nerveusement sa main dans ses cheveux, l'orpheline tourna son regard vers la tombe de sa mère « Elle m'a aimée, tu sais, elle m'a aimée à sa manière. » Bien qu'elle ne l'ai jamais connu, Arianna ne doutait pas de l'amour qu'avait eu la mère pour sa fille, même s'il ne s'était pas manifesté. Elle était intimement convaincue que tout parent aimait sa progéniture et que même le pire des monstres était attaché à sa chair, aussi pourrie soit-elle. « Une existence entière de mauvais choix, et pourtant ce sont mes actions qui l'ont conduite sur l'échafaud. Sa mort en serait presque pathétique, ma mère martyre... Je ne l'ai jamais pardonnée d'avoir conduit à la perte de notre père. Et pourtant parfois, il me semble la comprendre, elle aimait le pouvoir bien plus que Thom, et davantage encore elle aimait ce monstre de Jason... » Ouvrant la bouche dans un mouvement suspendu, Arianna ravala ses mots pour la laisser parler. Elle aurait voulu la corriger, lui dire que sa mère avait certes évincer leur père mais que cela ne l'avait pas conduit à sa perte, lui seul était responsable de sa disparition. Il avait choisi, entre déposer les armes ou les brandir, il avait levé l'épée de la justice vers le ciel. Il avait choisi de continuer son combat, et il était mort en le menant. Elle aurait voulu lui dire tout ça, mais elle ne dit rien, décidant de ne pas interrompre Isabelle et son désir de s'épancher. « Je ne prétends pas approuver, mais Arianna... j'ai vu cette rage dans les yeux de William lorsqu'il t'a cru morte. L'amour change les hommes, on n'y échappe pas. » Les sourcils de la jeune femme se froncèrent. Que faisait William dans cette histoire ? A l'évocation de ce nom, elle sentit son cœur se serrer et encore d'avantage quand elle imagina une possibilité à laquelle elle n'avait jamais songé auparavant, celle qu'il l'aimait. A cette idée, elle esquissa un léger sourire tout en gravant intérieurement ses mots dans son esprit, se jurant de s'en souvenir la prochaine fois qu'elle le verrait. Mais l'heure n'était pas au épanchement de son coeur, mais de celui d'Isabelle. « Elle aurait pu vivre heureuse je crois, un certain temps tout du moins, si Jason n'était pas entré dans sa vie... Il a fait naître en elle le goût de la puissance et des grandeurs. Ce psychopathe est entré dans nos vies, et a tout ruiné. D'une certaine manière, je ne suis pas la seule à avoir tué ma mère. Lui aussi l'a tuée une première fois. Mon existence entière est construite sur une montagne de mensonges. Ils mentaient tous, ma mère, Thom, Jason, pourquoi en serait-il autrement de moi. Il n'y a jamais eu d'innocente Belly, j'ai toujours été ainsi Arianna, sale et corrompue. » Arianna secoua doucement la tête en signe de désaccord tandis qu'Isabelle se relevait pour se placer derrière le cercueil de sa défunte mère. Elle posa doucement les mains sous les pierres riches qui cachaient en leurs seins une pauvre carcasse fraîchement arrachée à la vie. « J'ai choisi de mentir pour te sauver et ce mensonge a tué ma mère. Je n'ai aucun regrets. Je condamnerai chaque salaud dépravé pour te sauver Aria, tu es mon unique famille la seule qui importe. Pas parce que tu partages mon sang mais car je t'ai choisi. »

Touchée par ses mots, elle s'apprêtait à répondre lorsque, soudainement, Isabelle quitta sa place et se précipita à l'arrière du temple, détaillant les colonnes d'un air soupçonneux. Doucement, la jeune femme se releva et l'a rejoignit en silence. « Désolée, mes nerfs me lâchent... J'étais quelque peu tendue... » commença Isabelle, l'air nerveux. Devant une telle agitation, Arianna posa sa main sur l'épaule de la jeune femme et esquissa un sourire compréhensif. « Tu es bouleversée, c'est normal. » dit-elle à demi-voix. « Ta mère est morte » commença-t-elle, rappel de la fatalité tout juste tombée « Elle est morte pour te protéger, elle n'en avait peut être pas le choix ni même conscience mais elle est morte en te protégeant, et si elle en avait eu conscience, elle aurait sûrement accepter son sort. » Ce n'était surement qu'une maigre consolation, l'idée qu'elle aurait pu accepter sa mort avec le sourire, sachant que ses funérailles éviteraient que l'on célèbre celles de sa fille. « Parce que c'est ce que fait une famille... On se protège et on veille les uns sur les autres. » Elle détourna le regard pour poser ses yeux sur le cercueil de Lady Airwer. « Elle t'a protégée, tu m'as protégée, j'avais protégée ma soeur...du moins j'avais essayé. » Elle leva doucement son regard vers le plafond, peut être que la fillette était encore là, parmi les cieux, veillant sur elle avec un grand sourire, sachant que même si elle n'était plus là, sa soeur avait encore une famille. Doucement elle esquissa un sourire nostalgique, ô elle aurait tout donné pour la revoir, elle qui fut arrachée ci tôt aux griffes de la vie. « Et nous continuerons. Peu importe les problèmes qui viendront, nous nous protégerons. Je ne te laisserais plus jamais... » Ses prunelles se plantèrent dans celles de sa soeur. « Tu es ma famille, maintenant et jusqu'à que je pousse mon dernier souffle. »

Soudain, une voix retentit derrière les colonnes sombres. « De très belles paroles... » Surprise, la jeune fille sursauta. « Qui va là ? » tonna-t-elle, mais la voix ne lui répondit pas, se contentant de continuer sur ses premières paroles. « ...Qui furent déjà dîtes dans des circonstances tout aussi tragiques. » L'homme s'avança, franchissant le seuil d'obscurité pour montrer son visage. Isabelle, déjà, semblait prête à foncer sur lui et le frapper de toutes ses forces. Arianna, les yeux écarquillés de stupeur, était comme paralysée. « Non... c'est impossible. » souffla-t-elle. Déjà, ses yeux se remplissaient de larmes chaudes. « Papa ? » On aurait presque pu entendre une enfant dans sa voix tremblante. Lentement, un sourire se dessina sur les lèvres de l'homme. « Mes filles... » commença-t-il avec émotion « ... je savais que ce jour viendrait; le jour de la réunification de notre famille. »

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