— We've got the power —

katharina eliaryen

― ces liens qui nous engagent ―

Il se murmurait depuis quelques temps dans les couloirs du palais que l'insatisfaction grandissait de jour en jour en bas, une exaltation croissante qui viendrait bientôt ébranler la couronne et l'ensemble de Vivendale. Ce n'était pas la première fois, que de tels faits lui parvenaient, mais là, elle savait que c'était différent. La vue du corps de cette pauvre servante qui se secouait de spasmes, le filet de sang qui venait descendre jusqu'à ses lèvres, les paroles qu'elle avait prononcée juste avant de mourir, des mots prophétiques, annonçant un avenir catastrophique. L'eau chaude contre sa peau l'enlaçait d'un doux sentiment de bien-être. Là, elle aurait pu s'y croire, chez elle. Au palais qui l'avait vu naître, qui l'avait vu renaître aussi, après son couronnement. Là, c'était là que tout avait commencé, quand elle l'avait pris, cette fichue couronne, une usurpation nécessaire, un mal pour un bien, une fracture dans sa vie, et dans celle de sa sœur. Elle en vint à se demander où elle était, ce qu'elle était devenue, peut être s'était-elle exilée chez quelques uns de ses ennemis, chez elles ou chez leurs voisins, ou peut être même qu'elle était ici, mais ça elle en doutait.

Elle s'immergea jusqu'au menton dans l'eau fumante, baignant dans la chaleur et le ressouvenir. Elle songea à nouveau à sa sœur, et à ce qu'elle lui avait fait, elle ne regrettait pas mais n'en n'était pas fière pour autant. Et je ne suis pas la première à le faire pensa-t-elle, n'était-ce pas ici où, quelques siècles auparavant, Francesco Ier avait été couronné alors que son père et son frère aîné - l'héritier légitime - était encore en vie. Sa tête se secoua doucement, chassant cette pensée, non, elle n'était pas comme ce roi, et elle ne partagerait pas la même fin, du moins elle l'espérait.

L'eau s'était refroidie et le temps qui lui restait pour se préparer s'était largement amoindri. Elle rappela ses dames qui lui amenèrent vêtements, poudres et parfums. Alors qu'on l'habillait et coiffait, elle prit connaissance de la dizaine de cas qu'elle serait amené à voir ce matin. Aucune de ces audiences ne retint son attention, des histoires de querelles, encore et toujours, sauf une, celle d'une dame de haut-rang au Sept Îles comme lui avait indiqué Margaery, la cousine de Sebastian Helias, l'un de ses premiers et plus fidèles alliés. « Je la verrais en premier »

Elle passa les portes et les nuques se plièrent jusqu'à qu'elle ne s'assoit. « Commençons voulez-vous bien ». Deux de ses gardes s'exécutèrent aussitôt, ressortant de la pièce pour aller chercher la première personne qu'elle verrait ce matin. A peine quelques minutes étaient passées lorsqu'ils firent réapparition, accompagnés d'une jeune femme à l'allure singulière. Vêtue de noir et de pierres opulentes, elle ne ressemblait à rien de connu pour la jeune reine. La jeune femme s'avança jusqu'en bas de l'estrade qui séparait le trône du reste de la pièce par une rangée de huit marches et se courba d'une élégante révérence avant de se présenter. Katharina se remémora les quelques informations que lui avait donné sa conseillère. Que c'était une princesse. Qu'elle venait des Sept ïles. Qu'elle avait beaucoup de cousins, dont Sebastian Helias. Qu'elle était à Vivendale depuis plusieurs années. « Dîtes moi, en quoi pourriez-vous m'aider ? »

Azora ne tarda pas à répondre, rappelant qu'elle l'avait soutenu, comme son cousin, et qu'elle n'était pas étrangère à un tel rôle. « Intéressant » commença-t-elle. « J'ai su pour ce qu'il s'était passé, avec l'un de vos seigneurs, Ser della Maré, son exécution par vos ordres était un acte d'allégeance que je ne puisse oublier. » Elle se rappelait bien, cela remontait à quelques semaines seulement, certains avaient refusés de plier le genou, d'autres avaient acceptés, mais rares étaient ceux qui, comme elle, avait non seulement acceptés mais puni ceux qui refusaient. « Mais il semble que vos sujets non plus, n'oublieront pas. » Si elle avait apprit une chose sur ce continent, c'est qu'ils n'oubliaient rien, la rancœur pouvait être tenu dans leur cœur pendant des décennies, jusqu'à que vengeance ne mette fin au conflit. « Beaucoup d'autres seigneurs des Sept-Îles ne m'acceptent pas, votre roi non plus. Les routes de commerce me sont fermées, et les alliances refusées. Je n'ai que l'appui de Sebastian, votre cousin - mais il est retourné chez vous pour convaincre son père le roi, un échec cuisant, d'après les dires il serait retenu prisonnier au palais - et vous. Alors dîtes moi, avec votre expérience et vos connaissances de votre peuple et votre roi, qu'est-ce que devrais faire pour apaiser la situation entre nos deux nations ? »

L'heure du test avait sonné.