La première rencontre entre le sir Knightley et lady de Larant s'est achevée brutalement, sur le départ du premier après que la seconde ait un peu trop insisté sur son identité floue. Il a, disons-le, planté là la jolie blonde qui ne s'en est pas remise, surtout qu'elle doit admettre que l'envie de revoir son cavalier d'un soir est assez mordante. Cependant, mettant de côté son ressenti, Seyrane a fui l'Enclave avec Caitlin et a décidé de se rendre au Village pour tenter de convaincre les habitants de se rallier à leur révolution. Dante quant à lui a rejoint ses compagnons à la forêt, où Maximilian est arrivé pour faire une révélation surprenante, puis est reparti pour le Village, dans le but de faire une ronde histoire de s'assurer que tout allait bien.
Coïncidence ? Les deux jeunes gens vont se rencontrer et la jolie blonde va pouvoir exprimer en paroles et en gestes tout ce qu'elle a sur le cœur.

© Fiche par Hailey J. Kingston pour Expiation exclusivement

Darius, Caitlin et Seyrane étaient enfin arrivés au Village, qui à première vue était quasiment désert. Après avoir mis pied à terre, ils avaient décidé de se séparer pour mieux chercher les quelques habitants qui ne s'étaient pas réfugiés dans l'Enclave. La blonde devait passer au peigne de fin les alentours de la Porte Sud, sûrement l'endroit qui était encore le plus peuplé. Circulant au milieu des gens affairés à récupérer quelques biens, à fermer leurs maisons, elle observait les visages marqués par l'effroi de ces pauvres gens. Après s'être faits maltraiter pendant des générations par la Noblesse, voilà que des Étrangers arrivaient et les chassaient. Qu'ils prennent les terres des Nobles, peu importe, ce ne serait qu'une juste punition, mais celle des Villageois, c'était vraiment impitoyable. Tout en marchant, elle repensa à la ligne sombre qui détachait la terre du ciel qu'ils avaient observée entre la forêt et les premières maisons. L'armée semblait se rapprocher à chaque minute, et cela ne la rassurait pas. Son sort aurait sûrement été pire si elle était restée avec sa famille, mais il suffisait que le trio tombe sur un petit groupe de soldats agacés pour que tout soit fini. Elle n'avait jamais vécu dans une telle atmosphère de peur, et cela lui nouait la gorge. Soudainement, quelques semblants de regrets s'immisçaient dans ses pensées : pourquoi avait-elle laissé ses proches dans un moment si critique ?

Secouant la tête, elle allongea le pas. Sa présence n'aurait rien changé, et son absence les troublait certainement moins que le danger représenté par Katharina et son peuple. De toute façon, il fallait qu'elle parte, sa vie lui insupportait, elle n'aurait pas pu continuer ainsi surtout durant l'envahissement où les Nobles n'hésiteraient pas à se piétiner entre eux pour sauver leurs misérables vies.
Tout à coup, une vision furtive tira la jeune femme de ses pensées : à quelques mètres devant elle, un homme brun assez grand, à la démarche élégante, qui tournait dans une petite ruelle... Elle ne vit pas son visage car une ménagère suivie d'une troupe de marmots passa à ce moment là. Intriguée, le cœur s'affolant, elle tourna à son tour. Ce n'était même pas une ruelle, c'était un minuscule espace entre deux bâtiments ! Malgré sa corpulence, elle était obligée de se tourner légèrement pour ne pas frotter les murs suintant d'humidité.

Relevant la tête, elle prit conscience que Dante, si c'était bien lui, accélérait nettement le pas. Ne voulant surtout pas le perdre de vue, elle se mit à courir à pas légers, quasiment silencieuse. A ce rythme, elle ne tarda pas à faire rétrécir la distance entre eux deux. Dans quelques mètres elle pourrait le toucher, et c'est là qu'elle eut l'impression de s'être pris un mur en pleine tête. Qu'était-elle en train de faire ? Courir après un Ombrageux qui l'avait humiliée au milieu de ses jardins ? Mais qu'est-ce qui lui passait par la tête ? Elle devait chercher les Villageois, leur parler, ou rejoindre ses compagnons, mais pas filer son cavalier d'un soir dans des ruelles sombres !

Cependant, il est des moments où le cœur a ses raisons que la raison ignore, et elle continua de courir à pas légers jusqu'à être juste derrière le jeune homme. Il allait se retourner très vite, c'était un membre de la Guilde, un infiltré, il allait forcément se douter que quelqu'un le suivait... Elle ne lui laisserait pas le plaisir de la découvrir en premier. Posant fermement sa main sur son épaule, elle s'exclama d'une voix qu'elle-même ne reconnut pas, hypocrite, parfaitement celle qu'utilisait sa mère pour saluer disons, Lady Hart :

« Sir Knightley ? Comme cela fait plaisir ! »

Les instants suivants semblèrent une éternité. Il se retourna, planta ses prunelles acier dans les siennes. Elle soutint son regard mais toute assurance s'était brusquement envolée. Qu'est-ce qu'elle devait lui dire, déjà ?

© Fiche par Hailey J. Kingston pour Expiation exclusivement

Il était parti quelques instants après la déclaration de Maximilian ne souhaitant pas se mêler aux tensions qui s'élevaient. Il espérait aussi passer dans son Manoir prendre quelques affaires et peut être dormir un peu. Une fois sorti de la forêt, il avait décidé de prendre par le village. Il était certainement pratiquement vide, tous les villageois s'étant ameuté aux portes pour rentrer dans l'Enclave. Quelle saugrenue idée de vouloir s'enfermer aux côtés de ceux qui ont torturé leur semblables. Il était donc parvenu à la Porte Sud en une dizaine de minutes et le voilà qu'il traînait parmi les maisons des Villageois les plus riches.

Déambulant de son éternelle pas félin et élégant, il posait ses yeux sur les rares fenêtres non condamnées ou suivait du regard un enfant qui détalait ici et là. Tout était étrangement silencieux mais il pouvait clairement sentir tous les regards qui le fixaient. Le brun poussa un petit soupir et redressa le menton, détournant dans une ruelle. Il ruminait sur les aveux de Max, sur leur situation, au choix auquel il serait confronté dans les prochaines heures ou dans les prochains jours, à ce qu'il deviendrait. Il pensait à tout, sauf à la jolie Seyrane, pour une fois. Des pas résonnèrent en échos aux siens et il fronça les sourcils. Machinalement, il accéléra le pas et tourna une nouvelle fois. Il n'était certainement pas suivi mais il ne voulait pas non plus avoir à faire à un garde, un villageois ou encore pire un noble en détresse. S faufilant dans un couloir plus qu'une ruelle, il déboucha dans une sorte de square tout à fait charmant dont il ignorait l'existence. Des fleurs avaient dû border les chemins auparavant et les lampadaires devaient autrefois donner une lueur chaleureuse à la petite place. Et alors qu'il se perdait dans la contemplation du lieu pourtant tout à fait banal, une main se posa sur son épaule, délicate mais sûre d'elle. Puis une voix, sa voix siffla et il se raidit considérablement.

« Sir Knightley ? Comme cela fait plaisir ! »

Se détournant lentement, il lui fit directement face et planta ses prunelles dans les siennes. Son geste était confiant mais son visage beaucoup moins. Sa poitrine se soulevait rapidement malgré le fait qu'elle tentait de le cacher et ses yeux exprimaient l'incertitude. Le sourire charmant en coin qui fendait ses lèvres disparut brusquement et il afficha un air désabusé.

« Lady de Larant! C'est un plaisir partagé. »

Il lui fit une révérence et se retint de sourire tant leurs propos suintaient de fausseté. Il se redressa et posa ses yeux fatigués sur son si joli minois. Quelque chose avait changé en elle. Décidément, elle le surprendrait à chaque rencontre. Il passa une main dans ses cheveux et prit conscience de son allure. Il avait enfilé une veste cintrée qui traînait dans son armoire de Noble mais il avait plutôt l'air d'un jeune homme tout droit sorti d'une soirée au comptoir. Et Seyrane semblait avoir relevé le détail. Il poussa un soupir et se détacha de son air indifférent. Il agita la main et continua d'une voix lente.

« Je comptais m'excuser pour la dernière fois. Mais les choses se sont succédé et je n'ai pas pu. »

Il se pencha légèrement en avant et se mordit la lèvre. La jeune femme le faisait agir vraiment n'importe comment, de façon très lunatique et cela avait le don de fortement le déstabiliser. Et, ô combien ce n'était pas chose facile.

© Fiche par Hailey J. Kingston pour Expiation exclusivement

Durant quelques instants, aucune parole n'échappa à qui que ce soit. Ils s'observèrent comme deux tigres sur le point de se battre, et le charmant sourire du beau brun disparut et fit place à une moue désabusée. La déception envahit Seyrane : il ne semblait pas spécialement ravi de la revoir. Même si elle se doutait que leurs retrouvailles ne seraient pas spécialement joyeuses, elle espérait quand même avoir suffisamment plu à son hôte pour qu'il fasse mine d'être heureux, même quand elle le surprenait au milieu d'une ruelle dans un endroit où ils n'étaient pas sensés être, ni l'un ni l'autre. La voix grave de Dante rompit le silence :

« Lady de Larant! C'est un plaisir partagé. »

Un sourire lui échappa tant l'opposition entre le visage et les paroles du jeune homme était cocasse. Elle ne se souvenait pas d'un moment où l'un et l'autre n'avaient pas été hypocrites, faux, ou si peut-être lorsqu'ils étaient dans les jardins, avant qu'il ne la plante là bien sûr. Son sourire vira à l'amer en repensant à cette scène, et toute la colère qu'elle avait emmagasinée depuis remonta à son cerveau. Comment pouvait-il être aussi sûr de lui ?

« Je comptais m'excuser pour la dernière fois. Mais les choses se sont succédées et je n'ai pas pu. » poursuivit-il d'une voix plus lente, en se mordant la lèvre comme s'il savait que Seyrane ne serait pas dupe.

Cette déclaration mit le feu aux poudres et sa main partit presque instinctivement pour aller se plaquer violemment sur la joue de l'Ombrageux, qui détourna la tête sous le choc. La prenait-il donc pour une idiote ? Quand est-ce qu'il comprendrait qu'elle n'était pas qu'une petite noble bien sage et bien rangée ?! Quand est-ce que tous les deux ils abandonneraient ce jeu stupide et qu'ils ôteraient enfin leurs masques, qu'ils poseraient les cartes sur la table ? Toute l'incertitude des instants précédents s'était envolée, elle  n'était plus que colère, ses yeux brillant d'un éclat sauvage, les sourcils froncés.

« Arrêtez de mentir pour vous justifier, arrêtez de proférer des fausses excuses, soyez honnête un jour dans votre vie bon sang ! » s'exclama-t-elle.

Elle se rappela soudain que Dante était un membre de la Guilde, entraîné, rompu à toutes les techniques de combat et que sur un coup de tête il pouvait la tuer, là, maintenant, tout de suite, dans ce petit parc absolument désert. Le rythme de son cœur accéléra légèrement mais au fond elle n'en avait que faire, elle n'avait plus peur de lui. Il l'effrayait encore le matin suivant la Lune de Sang, elle avait eu très peur lorsqu'il lui avait brusquement enserré la taille, mais depuis toute trace d'appréhension devant lui s'était dissipée. Pour l'instant, elle était principalement furieuse. Qu'est-ce qu'il allait trouver à lui dire, maintenant ?

© Fiche par Hailey J. Kingston pour Expiation exclusivement

A peine eut-il finit sa phrase que la main de la brune s'écrasa contre sa joue. Surpris et pris au dépourvu, il détourna la tête sans pour autant tituber. Il cligna plusieurs fois des yeux avant de reprendre ses esprits et de se rejouer la scène. Alors si celle-là il s'y attendait, pas vraiment. Mais il l'avait amplement mérité. Ça ne voulait pas pour autant dire qu'il se laisserait faire. Le brun renifla dignement et effleura par réflexe la peau qui rougissait déjà. Se tournant lentement vers elle, il planta ses prunelles dans les siennes, brûlantes d'une colère évidente et ardente.

« Arrêtez de mentir pour vous justifier, arrêtez de proférer des fausses excuses, soyez honnête un jour dans votre vie bon sang ! »

L'infiltré se raidit considérablement. Il avait envie de lui hurler qu'il avait besoin de se confier, de dire la vérité, qu'il se noyait dans ses mensonges. Il voulait qu'elle arrête de le juger et d'insinuer toujours des choses. Qu'elle arrête d'user ses charmes sur lui car il y succombait malheureusement trop vite et il ne savait pas jusqu'à quel point il pouvait aller s'il s'aventurait un peu trop loin avec elle. Mais le cœur et la folie l'emporta de nouveau et Dante obligea Seyrane à reculer jusqu'au mur le plus proche. Quand le dos frêle de la jeune femme percuta la surface en pierre, il frappa du poing près de sa tête, se penchant vers elle. Il soufflait bruyamment, en tentant de conserver son calme. Il était fatigué, tellement, tellement fatigué. Fatigué de devoir cacher, mentir, courir, fuir, réfléchir, fatigué de tout. Usé. Il baissa piteusement la tête et pourtant son cœur restait serré et sa respiration saccadée. L'expression si sûre de sa compagne avait changé. Il déglutit et sa moue crispée se détendit peu à peu, laissant place à son habituel masque d'indifférence, d'arrogance et de séduction. Ils étaient si près, tellement qu'il pouvait sentir le souffle retenu de la Noble. Il étudia assidûment son visage et effleura même sa mâchoire du bout des doigts. Décidément. Il paraissait si calme alors qu'un ouragan mêlé de désir, de colère, de fatigue et de pleins d'autres émotions qu'il peinait à décrire tempêtait dans son torse et faisait des ravages dans son esprit.

« Vous ne voulez pas la vérité, Milady. » déclara-t-il d'une voix posée et suave. « Vous ne voulez pas, non... »

Le Dante de la veille ou de plusieurs jours auparavant se serait reculé et aurait dignement salué la dame, peut-être même déposer un chaste baiser sur le dos de sa main. Mais ce Dante était rangé dans les placards des Nobles. Elle avait devant elle Dante l'Ombrageux, plus Dante l'infiltré. Et ciel que ces Dante étaient différents. Il resta donc là, penché au dessus d'elle, dans un angle de la petite place, sa main à hauteur de son visage, l'autre bras fermement appuyé au dessus de son crâne et son visage à quelques centimètres du sien, mêlant son haleine mielleuse à celle fraîche de Seyrane.

© Fiche par Hailey J. Kingston pour Expiation exclusivement

Seyrane ne regrettait pas son geste, absolument pas. Mais lorsque le jeune homme tourna la tête et palpa sa pommette déjà rougissante, puis qu'il planta ses yeux ardents dans les siens, la question se posa de savoir si elle n'avait pas fait une erreur sur le plan stratégique. Évidemment, il n'allait pas rester bras ballants alors qu'une jeune noble venait de le gifler, ça elle s'en doutait, et lorsqu'il s'approcha d'elle, l'obligeant à reculer jusqu'à ce que son dos heurte le mur, elle se sentit comme une proie acculée dont le prédateur prenait plaisir à observer la peur. Son poing frappa violemment les briques à quelques centimètres de sa tête, elle ferma les yeux, apeurée, mais n'esquissa pas un mouvement. Sans pouvoir vraiment expliquer pourquoi, elle lui faisait confiance, quelque part. Ou plutôt elle faisait confiance à la partie de lui qu'elle savait séduite.

Lorsqu'elle ouvrit les yeux, il baissait la tête, la mine piteuse et l'air terriblement fatigué. Cela lui fit l'effet d'un choc électrique et, se ressaisissant, elle fit disparaître la peur lisible dans ses yeux l'instant d'avant. Elle n'avait pas peur de Dante. Elle n'était pas impressionnée par cet homme puissant, charmeur et qui faisait bien une tête de plus qu'elle. Et elle ne ressentait rien pour un membre de la Guilde, capable de la réduire au silence définitivement, qui l'avait abandonnée au milieu de ses jardins en prétextant des affaires de paperasses.
Sauf quand il effleurait son visage comme ça. Ses longs doigts fins provoquaient des fourmillements sous sa peau qui remontaient à son cerveau et l'obscurcissaient considérablement.

En pleine réflexion pour tenter de s'auto-convaincre que le brun ne lui faisait absolument aucun effet, la jolie noble n'avait pas remarqué qu'il s'était considérablement rapproché d'elle et qu'il la détaillait avec son regard habituel, son visage ayant repris le masque arrogant qu'il avait d'ordinaire. Malgré leurs rares rencontres, la blonde savait que ce n'était pas là ses vrais traits, mais pour l'instant elle était trop pétrifiée pour s'en rappeler.

« Vous ne voulez pas la vérité, Milady. » déclara-t-il d'une voix posée et suave.
« Vous ne voulez pas, non... »

Sa voix provoqua un second choc dans l'esprit de Seyrane. Elle détestait quand il parlait sur ce ton condescendant comme si elle n'était qu'une noblionne naïve et stupide. Partagée entre le désir de lui répliquer quelque chose d'un ton cinglant et celui de se laisser aller à sentir de nouveau ses doigts sur sa joue, elle se redressa et son regard se raffermit. En fait, elle était persuadée qu'elle contrôlait ses émotions mais c'était l'Ombrageux qui était à l'origine de ses changements de comportement. Quand il l'agaçait, elle prenait aussitôt ses airs de princesse outrée et lui prouvait qu'il était inutile de la prendre pour une imbécile. Lorsqu'au contraire il provoquait chez elle des sentiments tels que la peur ou le désir, elle devenait une proie effrayée et détestait cet état, mais en appréciait les causes. Un choix s'imposait donc...
Sauf que Dante commençait à le savoir, lady de Larant détestait être confrontée à des choix imposés par quelqu'un d'autre, en particulier lui. A son tour d'être maître du jeu et de prendre les rênes...

« Ah bon ? J'ai plutôt l'impression que c'est vous qui la refusez... » murmura-t-elle en plantant ses yeux effrontés dans les siens.

Leurs visages n'étaient qu'à quelques centimètres l'un de l'autre, leurs souffles se mêlaient. Elle n'eut qu'à se hausser sur la pointe des pieds pour poser ses lèvres sur celle du jeune homme, dans un geste fougueux auquel elle joignit ses mains, qui glissèrent sur le tissu de sa chemise pour remonter jusqu'à sa nuque. Tant pis pour le ressenti, le choix de Seyrane était fait.

© Fiche par Hailey J. Kingston pour Expiation exclusivement

Seyrane était clairement agacée et son léger plissement de nez montrait que Dante en était la cause. Et pourtant, elle ne le repoussait pas, au contraire. Ses lèvres entrouvertes laissait s'échapper une respiration saccadée qui s'affolait un peu plus chaque minute. Ils restèrent quelques secondes qui lui parurent une éternité avant que la blonde ne chuchote, plantant ses prunelles dans les siennes.

« Ah bon ? J'ai plutôt l'impression que c'est vous qui la refusez... »

Sa réplique le fit sourire et il inclina la tête pour répondre. Il ne la refuser pas, il faisait au mieux pour la prendre sous un autre aspect. Simplement. Alors qu'il s'apprêtait à répondre, et honnêtement en plus, Seyrane le fit taire d'une manière tout à fait surprenante. Ses lèvres chaudes vinrent enlacer les siennes, empreintes de son éternelle douceur et délicatesse qui se dégageait d'elle. Les mains de la brune vinrent se loger dans sa nuque, prolongeant le contact de ses lèvres contre les siennes. Mais ce fut Dante qui se chargea de l'écourter et il se recula, un sourire satisfait aux lèvres. Elle avait craqué et il avait gagné. C'était complètement puéril et de la pure satisfaction personnelle. Mais c'était jouissif. Il jubila complètement devant l'air outré de la jeune femme qui commençait déjà à le repousser. Il en profita pour inverser leurs positions et prit appui contre le mur.

Il cueillit ensuite son visage entre ses mains et planta fougueusement ses lèvres sur les siennes. L'embrassant avec ferveur, il poussa un petit soupir quand les lèvres de Seyrane réagirent et qu'ils entamèrent leur ballet buccal. Il desserra lentement son emprise autour de ses joues pour caresser avec tendresse ses cheveux. Plus rien ne comptait vraiment à ce moment. Il était concentré uniquement sur le souffle chaud et délicat de la jeune femme qui se heurtait avec sa lèvre supérieure, sur ses mains qui se cramponnaient dans son dos, à son odeur fleurie qui envahissait son espace, à la passion avec laquelle elle lui répondait. Il ne voulait pas rompre le contact et elle ne semblait pas décidée non plus ainsi accrochée à lui. Il descendit alors ses mains, effleurant avec chasteté ses courbes féminines et vint les crocheter sur ses reins, laissant plus de mouvements libre à sa tête. Il dégagea souplement les cheveux de Seyrane qui retombaient sur ses épaules et descendit peu à peu ses baisers sur sa gorge, avant de remonter près de son oreille. Il s'arrêta un instant et souffla.

« Vous devez avouer que votre comportement est des plus contradictoires, Lady Seyrane. »

© Fiche par Hailey J. Kingston pour Expiation exclusivement

Ala grande frustration de la jeune femme, le contact de ses lèvres avec celles de Dante fut écourté et elle leva les yeux, croisant le regard jubilatoire de celui-ci. Il semblait se féliciter d'une sorte de victoire et elle n'eut pas besoin d'une réflexion prolongée pour comprendre laquelle : c'était elle qui avait "craqué" en premier. Et pourtant, le brun s'était laissé faire sans trop se défendre ! Une expression outrée se dessina sur son beau visage et l'hébètement des premières secondes fit place à un rictus de colère. Ses mains le repoussèrent et il en profita pour prendre sa place en appui contre le mur. Elle s'apprêta à lancer une phrase bien sentie et à tourner les talons mais n'en eut pas le temps car le jeune homme avait saisi délicatement son visage et pressé sa bouche contre la sienne.

La surprise de la blonde l'empêcha de bouger un instant mais elle ne tarda pas à réagir à ce contact passionné et ses lèvres épousèrent avec encore plus d'intensité celles de son partenaire. Son cœur se mit à battre avec affolement et ses mains retrouvèrent leur place sur les épaules du jeune homme pour ensuite descendre dans son dos en effleurant le tissu de sa chemise. Lui quitta ses joues pour caresser ses cheveux avec une tendresse semblable à celle dont il avait usée lors de leur dernière séparation, ce qui lui pinça le cœur. Pour rien au monde elle n'aurait souhaité briser cette étreinte et sentait que Dante non plus. L'espace autour d'eux avait disparu, Katharina, les Nobles, le Village, la Guilde, le Haut-Gouvernement, Caitlin, plus rien ne subsistait dans son esprit sauf ce désir irrépressible qui montait en puissance et envahissait son être tout entier. C'était la première fois qu'elle ressentait un tel élan physique envers quelqu'un et les muscles qui se dessinaient à travers le tissu sombre, la force de l'Ombrageux n'y étaient pas pour rien. Les doigts fins du brun descendirent jusqu'à sa taille et il déplaça ses baisers sur son cou avant de remonter et de lui souffler à l'oreille, d'une haleine chaude et suave :

« Vous devez avouer que votre comportement est des plus contradictoires, Lady Seyrane. »

La jeune femme était frémissante d'émotion et avait plus ou moins perdu le contrôle de son esprit, contrairement au beau brun qui semblait en pleines possession de ses moyens et plus particulièrement de son sens de la répartie. Au bout de quelques secondes cependant, la tension redescendit et les mots vinrent à lady de Larant presque naturellement :

« Cela n'a pas l'air de vous déranger, sir Knightley. » murmura-t-elle d'une voix ironique mêlée de tendresse en s'approchant pour effleurer ses lèvres des doigts.

S'écartant un peu pour observer son visage si séduisant, elle caressa ses cheveux tandis que sa respiration retrouvait un rythme à peu près normal. C'était rare qu'elle ressente de telles émotions dans une étreinte de la sorte, et elle ne rêvait plus que d'une chose à présent tout en sachant très bien que c'était parfaitement impossible. Les remords l'envahirent, il fallait qu'elle aille retrouver Caitlin et Darius n'est-ce pas ? Et pourtant, que n'aurait-elle pas donné pour rester enlacée à la silhouette svelte de Dante... Enfin, il se serait sûrement  chargé de rompre ce contact pour lui prouver - encore une fois - qu'il tenait les rênes et elle n'aurait pas pu supporter d'être - encore - dans cette position d'infériorité.
Ce baiser ne changeait pas grand-chose à leur jeu du chat et de la souris et, les sentiments de passion et de désir s'étant un peu apaisés elle n'éprouvait plus qu'une sorte de mélancolie. Il fallait y couper court immédiatement avant que les réflexions tortueuses ne s'invitent.

Leurs souffles haletants se mêlaient toujours et elle pouvait respirer à pleins poumons l'odeur suave et masculine du jeune homme. Une envie puissante de l'embrasser à nouveau et de ne plus s'en détacher la saisit, mais elle se contenta de se hisser à nouveau sur les pointes de pied pour être à sa hauteur. Leurs regards se croisèrent et elle sut qu'il était également en proie à des réflexions étranges.

© Fiche par Hailey J. Kingston pour Expiation exclusivement

Il sentit l'épiderme de la jeune femme se parsemer de frissons sous ses lèvres qui s'étirèrent en un sourire amusé. Si fragile, si fébrile et si sensible... Et pourtant au caractère bien trempé. Il resta quelques instants à humer son délicat et fleuri parfum au creux de son cou avant de se reculer doucement. Enfin reculer était un bien grand mot car leur proximité restait tout de même importante. Il se redressa contre le mur avec un petit soupir satisfait mais conserva ses bras autour de sa fine taille, l'observant rependre ses esprits. Elle tenta d'une voix assurée et normale mais le brun décerna parfaitement le léger tremblement bientôt devenu habituel lorsqu'elle lui parlait :

« Cela n'a pas l'air de vous déranger, sir Knightley. »

Dante voulut réprimer ce violent frémissement qui s'empara de lui quand la pulpe tendre des doigts féminins effleurèrent ses lèvres encore ardentes par le baiser. Ses mains remontèrent le long de sa tempe pour se loger dans ses cheveux ondulés et brillants. Il ne répondit pas et se contenta de sourire. Elle avait raison et pour une fois, il ne savait pas vraiment quoi répondre. Il la laissa donc le fixer avec insistance tandis qu'il détaillait son visage. Il connaissait déjà la moindre courbe de son visage mais il voulait une fois de plus l'observer. Son air farouche l'intriguait et le charme délicat qui émanait d'elle contredisait l'impression précédente menant à une personne mutine et tout à fait mystérieuse. Mais Seyrane était un livre ouvert et deviner ses émotions n'était pas bien compliqué. C'était cette simplicité qui plaisait à l'Ombrageux. Car sa vie était basée sur des secrets et du silence, sur des mensonges et de l'hypocrisie. La fraîcheur et la franchise de la jeune noblionne lui donnait une autre vision, plus acidulée, et malgré que tout cela commençait à devenir beaucoup trop guimauve pour lui, il se taisait. Dante était d'ordinaire une personne passionnelle et... sauvage pour éviter de partir dans les détails. La jeune femme était comme une biche qui passait devant un chasseur et qui subitement lui retirait toute envie d'appuyer sur la gachette. Elle lui donnait envie de se poser, de l'admirer et de respirer profondément jusqu'à son départ. D'où son refus de laisser partir la jolie blonde. Et pourtant, il le devait. Ils avaient chacun leurs obligations et se permettre de papillonner. Mais ce n'était pas l'envie qui manquait.

Leurs respirations s'apaisèrent enfin et il desserra son emprise autour d'elle, détendant à son tour ses épaules. Il renversa la tête en arrière et leva les yeux au ciel. La nuit venait de commencer et la lune baignait le petit square dans une sorte de halo argenté et bleuté. Lorsqu'il regarda Seyrane dans les yeux, celle-ci s'était hissée sur la pointe des pieds et s'accrochait fermement à lui. Il se mordit la lèvre et résista à l'envie de l'embrasser de nouveau. Chacun perdus dans leurs pensées, ils s'observèrent sans un mot car ils ne savaient que dire. En vérité, Dante ne se posait pas de questions, il s'en moquait. Prévoir n'avait jamais été dans ses cordes. Il improvisait constamment et jusque là il s'en sortait parfaitement bien. Il caressa son dos de son pouce et détacha à regret, lentement, leurs corps l'un de l'autre en poussant un petit soupir. La fraîcheur nuptiale vint de nouveau s'infiltrer entre les deux silhouettes et il baissa alors la tête sur la demoiselle qui avait elle aussi baisser les yeux sur ses souliers. Le mâle s'empara de son menton et lui redressa son visage. Une fois de plus, il s'émerveilla devant la douceur de ses traits et du charme qui émanait de toute sa personne. Il glissa sa main le long de son bras et entremêla ses doigts aux siens. Sans un mot il la contourna et l'entraîna sur la petite place, sortant de la ruelle. Seul le bruissement des jupons de la jeune femme brisa ce silence quasi-religieux. L'ombrageux trouvait cela apaisant alors que d'autres auraient été angoissé par cette nuit.

Il s'arrêta sous l'unique lampadaire et se posta face à elle. D'une voix naturellement suave, il souffla : « Je suppose que nos chemins se séparent ici, Milady. Vous me semblez bien occupée avant de venir me... réprimander. » finit-il en plissant les yeux d'un air amusé.

Il fit un vague geste de sa main libre et ajouta « Mais sachez que si vous avez besoin d'une quelconque aide, je suis à votre disposition. A toute heure. » conclut-il sans aucun sous-entendus.

© Fiche par Hailey J. Kingston pour Expiation exclusivement

Pour la première fois depuis leur rencontre, Dante n'ajouta à rien aux paroles de la blonde, ce qui ne fut pas sans la surprendre. Était-ce l'absence de réponse ou l'absence d'envie de parler qui maintenait sa bouche close ? Elle n'aurait pas su le dire, mais le silence ainsi installé leur permit de profiter encore quelques instants de leur intimité. Les alentours étaient paisibles, et seuls leurs souffles troublaient l'air et prouvaient que le temps n'était pas suspendu, que les secondes s'écoulaient toujours, et que dans quelques minutes tout au plus ils devraient se séparer, retourner à leurs vies respectives et agir comme si ce moment n'avait jamais été. Ils ne baignaient plus que dans un calme muet et reposant, s'observant mutuellement dans une sorte de recueillement, conscients l'un et l'autre qu'ils ne pouvaient pas rester éternellement ensemble en attendant que cela se passe. En avaient-ils même l'envie ?

Plongée dans ses pensées tumultueuses, Seyrane en sortit brusquement quand le jeune homme se détacha lentement d'elle. Il semblait presque le faire à regret. Elle baissa la tête et rosit légèrement, comme plusieurs dizaines de minutes auparavant, juste avant d'accomplir ce geste inconsidéré qui l'obsédait depuis qu'elle l'avait aperçu dans la ruelle ; l'embrasser. Elle ne regrettait pas l'instant en lui-même, mais les conséquences lui paraissaient obscures. Qu'est-ce que cela changeait à leurs relations ? Se verraient-ils seulement à nouveau ? Il glissa sa main sous son menton et l'obligea à le regarder. Sans précaution, elle plongea ses yeux dans les siens et manqua de chavirer. Ses prunelles brillaient d'un éclat profond et impénétrable qui la fascinait complètement, elle aurait pas se noyer dedans et arrêter de respirer sans même s'en rendre compte. Mais il ne lui en laissa pas l'occasion et saisit sa main, puis la contourna, l'entraînant à sa suite sur la petite place. Ils sortirent de la pénombre et s'arrêtèrent sous l'unique lampadaire, dont la lumière pâle lui permit de discerner les traits sérieux du brun.

« Je suppose que nos chemins se séparent ici, Milady. Vous me semblez bien occupée avant de venir me... réprimander. Mais sachez que si vous avez besoin d'une quelconque aide, je suis à votre disposition. A toute heure. »

La jeune lady détacha ses mains des siennes et le contempla quelques instants, les sourcils légèrement froncés. Cette déclaration la laissait perplexe, elle ne pensait pas en saisir bien le sens. Avait-il comme projet de tenter de la revoir ? Pesait-il vraiment ses mots ou était-ce une simple formule d'usage, ces tournures de phrase qu'ils connaissant si bien tous les deux ? Son esprit était trop fatigué pour tirer quelque conclusion que ce soit, mais une sorte d'angoisse la saisissait au ventre.
Elle eut un frisson qui la réveilla quelque peu, ou du moins qui réactiva les quelques neurones qui lui restaient. Allez, Sey, bouge-toi, dis-lui au revoir, tourne les talons et va rejoindre Caitlin et Darius qui doivent t'attende depuis... Un bon moment.
Dans un mouvement brusque, elle secoua la tête, et le regarda à nouveau, plus réactive, plus fière. Elle redevenait Lady de Larant, cette noble hautaine qu'il lui avait semblé laisser chez elle en partant avec Cat. Mais ce second personnage, ce masque faisait partie d'elle et la protégeait des coups.

« Vous avez raison, Milord. » commença-t-elle d'un ton tellement neutre qu'elle s'en étonna elle-même. « Je vous remercie, je n'oublierai pas cette... »

Sa phrase resta en suspens. Était-ce une proposition, un invitation ? Les questions se bousculaient dans son cerveau. Décidément, tout se brouillait alors qu'elle avait justement besoin d'avoir les idées claires. Elle fit un élégant geste de la main accompagné d'un petit sourire emprunté et reprit d'un ton assuré.

« Au revoir, sir Knightley, au plaisir de votre rencontre. »acheva-t-elle d'un timbre de voix glacé.

Et sans plus de cérémonie, elle pivota et partit d'un pas précipité, reprenant la ruelle qu'elle avait parcouru dans l'autre sens quelques temps auparavant. C'était une drôle de façon de dire au revoir, mais couper court aux adieux était le seul moyen de ne pas en souffrir et d'arrêter de penser à cette personne qu'on ne reverrait sûrement pas. Ou du moins, c'était ce dont elle essayait de se convaincre en parcourant fiévreusement les rues du Village, à la recherche de ses deux acolytes.

© Fiche par Hailey J. Kingston pour Expiation exclusivement

Le brun s’était repris en main depuis plusieurs minutes déjà. Il sentait que l’emprise de Seyrane sur lui s’affirmait de plus en plus et il redoutait le moment où il baisserait sa garde, entièrement. Bien que la jeune femme ne soit pas une grande menace, elle pouvait le devenir pour sa carrière et sa personne. L’affection et le réel attachement était quelque chose qu’il ne connaissait pratiquement pas –ou plus tout du moins- et il ne voulait pas s’autoriser. Quand on aime des gens, cela vous affaiblit. Ces personnes deviennent des armes contre vous et sont utilisées à mauvais escient.  L’Ombrageux avait donc préféré un mode de vie solitaire, ou la compagnie n’était là que par intérêt, plaisir ou obligation. Dans l’Enclave. Au camp, c’était différent. L’absence de contact avec les mains de Seyrane le sortit de ses pensées et il se raidit légèrement. C’était assez gênant quand on y pensait. Allait-elle misérablement le planté pour se venger ou bien balbutieraient-ils pendant quelques minutes avant de tourner les talons ? Mmmh, il hésitait. Il se trouvait pathétique. Il n’avait pas perdu sa répartie mais ne voulait pas non plus blesser la douce jeune femme. Il se passa une main dans les cheveux et vit les traits de la blonde se durcir. Arquant les sourcils, il vit petit à petit son visage ovale changer d’expression et revêtir ce masque hautain et inaccessible que tous les Nobles savaient arborer. Un rictus amusé et mystérieux étira ses lèvres et il l’écouta distraitement.

« Vous avez raison, Milord. Je vous remercie, je n'oublierai pas cette... »

Son sourire s’élargit mais il ne répondit rien la laissant sur sa lancée. La suite cependant effaça son petit sourire narquois.

« Au revoir, sir Knightley, au plaisir de votre rencontre. »

Et elle le laissa là, parcouru d’un violent frisson laissé par sa voix glaciale. Il plissa les yeux et resta de longues secondes pantois à regarder sa silhouette s’éloigner. Quand les ténèbres l’absorbèrent il se racla la gorge et regarda machinalement autour de lui. Si ça c’était pas une vengeance. Petit à petit il retrouva son sourire ironique et secoua la tête. Ce petit bout de femme le surprendrait décidément à chaque rencontre. Rencontre… Il pensa d’ailleurs que c’était peut-être la dernière fois qu’il la verrait. Il ignorait de quoi l’avenir serait fait. La Guilde était en contact avec les Etrangers, peut être même avaient-ils choisi position. Mais tout était arrivé si vite. Il avait besoin de calme, de sérénité, de silence et de solitude. Le temps de réfléchir et de se reposer un peu au passage. Dante poussa un énième soupir et s’étira longuement, bras, jambes, dos, tout y passa. Puis levant les yeux vers le lampadaire, il effleura le poteau avec un petit sourire. Et dire que tout cela lui paraîtrait certainement bien lointain d’ici quelques heures. Le brun se massa une ultime fois le visage avant de s’engouffrer à son tour dans les ténèbres.

La guerre allait commencer.

© Fiche par Hailey J. Kingston pour Expiation exclusivement