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Sometimes things aren't what they seem - Isabelle & Charlie

Malbe
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Dim 27 Déc - 22:16





Isabelle & Charlie
— Sometimes things aren't what they seem  —


Katharina a envahi Vivendale. Arianna a péri pendant les combats. Charlie s'est rebellé, il fait désormais parti des prisonniers de guerre. Enfermé dans les prisons de la Haute-Tour, il y retrouvera Isabelle, la demi-soeur de sa meilleure amie. Que fait-elle là ? Elle aussi a été capturée ? Il ignore tout de son rôle dans cette guerre, de la décision qu'elle a prise, de l'importance qu'elle a pour l'avenir. Il sait simplement qu'elle aussi a perdu Aria et qu'ils partagent le deuil.
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Linelleray
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Lun 28 Déc - 18:11





Isabelle R. Hart
— I failed—


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Le monde tournait autour d'elle, l'ordre des choses semblait bousculé en tout point. Isabelle était prise de vertige, ses oreilles bourdonnaient et le sang battait furieusement à ses tempes marquant une infernale cadence. Ils passaient de corridors en couloirs, de salles en étages... Un miroir mural refléta ce petit bataillon fantomatique ; la jeune femme eut peine à se reconnaître, elle tenait à peine debout. Le sang avait coagulé sur son visage et ses cheveux, elle portait son sang, son essence vitale. Un haut-de-coeur la saisit ; elle voulut arracher les caillots mais aussitôt le garde tira sur ses cordes. Elle plongea en avant et reprit son équilibre avec peine, le groupe royal mené par Katharina de l'Autre Terre hâtait le pas. Depuis sa capture, la Reine évitait son regard. Isabelle percevait ses doutes et sa déception, mais elle connaissait suffisamment Kath pour savoir qu'elle ne céderait pas. Comment pourrait-elle la croire ? Voir un sacrifice dans ce qu'elle croyait être une trahison. Une main rigide se posa sur elle et la poussa, malmenée elle se força à avancer. Ils évoluaient désormais dans la pénombre ; une atroce odeur de paille usée et de souffre se diffusait dans l'air ambiant, l'humidité perlait sur les murs. Isabelle avait présagé sa destination, les décors lui révélèrent l'exactitude de sa supposition. « Katharina ! » La femme régente sursauta, la prisonnière vit ses muscles se tendre. Elle reprit sa constance et ignora sa conseillère. « Ecoutez-moi ! Je ne vous ai pas trahi... je... » Un seul ordre suffit, le garde témérien envoya son poing dans l'estomac de la jeune femme. Elle tomba au sol sous la violence du coup, il la releva sèchement. Ses jambes ne la supportaient plus, chaque pas lui coûtait depuis son affrontement avec Jason. Des cris s'élevèrent soudainement : ils approchaient... Les aliénés, les prisonniers, tous se précipitaient sur les barreaux. Ils tendaient dangereusement les mains vers elle. Isabelle se tapit contre le mur, les souvenirs de ces longues heures de torture que sa mère prenait pour divertissement lui revenait à l'esprit. Katharina s'immobilisa et fit demi-tour. Ses yeux implacables et glacials se posèrent sur la brune ; Isabelle lut dans ses prunelles la plus grande des trahisons, elle était loin d'avoir surestimé la fureur de la régente. L'Eliaryen attrapa ses liens et tira impitoyablement Isabelle à sa suite. Le cortège défila devant une succession de cachots ; la noble connaissait leur répartition... avancer davantage était mauvais signe. Le tyran royal ne ralentit pas, son avancée témoignait de sa puissance. « Ouvrez ! » Les portes se soulevèrent lourdement sur leurs gongs, Isabelle saisit le poignet de la reine. « C'est votre unique choix, il n'y aura pas de retour en arrière. » Une lueur de surprise passa dans le regard de Katharina. Elle ne jouait que depuis peu au jeu des trônes, la Hart savait pertinemment que la témérienne ne pourrait établir une paix viable sans elle. « Ce sont nos actes qui marquent notre règne, souvenez-vous en ! » La jeune femme blonde la poussa de toutes ses forces, une larme tomba sur la joue de l'étrangère.

Son corps chuta une éternité, elle s'abattit violemment au sol. Le choc se répercuta dans tout son corps ; Isabelle se recroquevilla sur elle-même. Son estomac se tordit et elle eut tout juste le temps de se redresser pour en déverser le contenu au sol. Une flaque d'eau souillée lui renvoya son reflet. Le sang de Jason avait séché sur ses lèvres, elle s'aspergea le visage. Un écho lui parvint à quelques mètres. Elle n'était pas seule ?! Un halo de lumière perçait à l'autre bout de la pièce. La jeune femme rampa jusqu'à l'ouverture et s'y engagea. Le cachot se composait de deux pièces, elle pénétra dans la seconde par le tunnel. Elle glissa et heurta la pierre froide recouverte de paille. Un homme s'éclaircit la voix. Elle recula et se redressa précipitamment ; il était assis à son opposé. Ses cheveux cuivrés étaient coupés courts et ses grands yeux l'interrogeaient. Elle hésita un instant ; « Charlie ? » Que diable l'ami d'enfance d'Arianna faisait-il ici ? Il lui répondit par un sourire mélancolique. Isabelle rabattit ses genoux contre sa poitrine et les entoura de ses bras. Elle était perdue, elle allait croupir ici pour une éternité. Elle s'était sacrifiée pour sa soeur et sa bravoure l'avait menée tout droit en enfer. Jason et Juliet lui apparurent « J'ai foiré... »

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Malbe
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Mar 5 Jan - 13:17





Charlie Peterson
— We share one thing —


L'incessant clapotis captait toute son attention. Les yeux rivés sur le manège depuis des heures, Charlie avait le nez en l'air, concentré sur le plafond de la cellule. La tache s'agrandissait à vue d’œil. Noire, liquide, difforme. Et bientôt, la goutte se forma. Lisse, ronde, familière. Elle se décrocha de la flaque et tomba. Lentement, suspendue dans le temps, comme descendue prudemment par un fil invisible. Elle s'écrasa. Charlie regarda le sol, où elle avait atterri. Puis il releva le menton pour la suivante.

Le temps passait. D'une extrême lenteur. Il avait arraché une brindille à sa misérable paillasse et la triturait toute la journée. Quand elle était en miette, il en prenait une autre. Il dormait dans un coin de sa petite prison, recroquevillé sur lui même, les jambes pliées pour rentrer sur la paille. Les premiers jours il était trop terrifié, trop seul, trop impatient de s'enfuir pour fermer l'oeil. Il s'y était vite fait. Même aux rats autour qui cherchaient un peu de chaleur la nuit. Depuis quand était-il enfermé ? Il lui semblait que ça faisait des mois. Ses tentatives de fuite avaient toutes été soldées par des échecs et ses insubordinations quotidiennes avaient eu pour seuls résultats, des réprimandes sévères. Charlie s'était battu et il était encore une fois, prisonnier de Vivendale. Katharina n'était pas mieux que le Haut-Gouvernement, elle était mille fois pire. Elle passait parfois, dans les couloirs des prisons, pour jeter un malheureux au cachot. Et avec sa détestable grâce, son air hautain de souveraine envahisseuse, elle tournait les talons pour aller persécuter un énième Nordien. Elle aimait ce petit jeu. Les regarder se faire violenter, les jeter au trou. Il avait même cru voir parfois, un sourire cruel sur ses lèvres pâles. Mais de là où il était, il ne pouvait pas discerner grand chose. Il avait peut-être laissé son imagination déborder. Quel détraqué pourrait sourire du malheur des autres ? On l'interrogeait souvent. On voulait savoir les secrets du HG, quels étaient les nobles avec le plus d'influence, les noms des rebelles, ceux des ombrageux. Combien étaient-ils, là-bas, au dehors. Quels étaient leurs projets.. Ce n'étaient pas des questions amicales. A vrai dire, les gardes s'amusaient bien avec les prisonniers. Les preuves étaient restée figées sur son corps. Il avait des bleus sur la peau, du sang séché par endroit. Sa mâchoire le lançait terriblement et sa joue abordait une horrible plaie, bien dissimulée sous sa barbe. A chaque mouvement il souffrait, alors il avait arrêté de parler, il avait arrêté de se défendre. Il se contentait de rester dans son trou, à regarder la fuite au plafond et à ne rien faire d'autre.

Charlie n'était pas beau à voir. Même sans ses blessures, sa barbe était devenue épaisse et grasse. Il ressemblait à son père. La similitude ne s'arrêtait pas là, il avait les mêmes traits tirés, les mêmes rides sur le front, les mêmes poches sous les yeux. Et ses mains écorchées étaient plus rêches que le sol des prisons. Il lui manquait une chaussure. La première semaine ça l’obsédait. Il se demandait où il l'avait perdue, depuis quand. Au village pendant la bataille ? Lorsque les deux caïds l'avait traîné loin du corps d'Aria ? Ou peut-être quand on l'avait mené à sa cellule ? Et puis il avait fini par oublier de s'intéresser à ce pied nu.

Arianna. Arianna. Arianna. Fantomatique. Irréelle. Au début, elle le hantait. Elle lui apparaissait en rêve et murmurait à son oreille des promesses de vengeance. Et puis comme la chaussure, elle avait fini par quitter ses pensées.

Charlie était une épave. Un petit villageois sans intérêt pour les Témériens. Il attendait son procès, dans le noir, sans un bruit. Il s’imaginait déjà monter sur l'estrade de l'Expiation. Des Témériens à la place des Nobles dans les gradins. Barbares. Les uns autant que les autres. Katharina et ses gouvernantes sur leurs sièges de velours, à la place des Trois. Tous des bourreaux, des tortionnaires. Tous des sauvages. Si on lui accordait la mort, il en serait reconnaissant. Oui, définitivement reconnaissant.

***

Des pas dans les couloirs, empressés, rapides, menaçants. « Ouvrez ! » On s'exécuta à l'ordre de la Reine d'argent. Charlie fronça les sourcils et gémit. Pas encore. Il baissa la tête et son corps devint plus faible, plus mou. Il n'était pas prêt pour un interrogatoire. Assez. Il avait jeté les armes depuis des jours, il ne savait rien, ni sur les ombrageux, ni sur personne. Qu'on le laisse. « C'est votre unique choix, il n'y aura pas de retour en arrière. » Il n'entendait que des bruits étouffés, des paroles lointaines, des voix floues. « Ce sont nos actes qui marquent notre règne, souvenez-vous en ! » Et on referma la grille. Il s'en étonna. Toujours assis dans le fond de la cage, aucune chaîne à ses poignets.. c'était étrange. Il tendit l'oreille. On bougeait, rampait vers lui. C'était un corps léger, pas celui d'un garde, celui d'une femme ou d'un enfant. Il n'appréhenda pas cette arrivée comme celle des interrogateurs. C'était sûrement un autre prisonnier qu'on venait ajouter à son trou. Il en avait eu quelques uns, des "colocataires". Aucun n'était revenu. « Charlie ? » La tête brune s'approcha doucement, peu sûre d'elle. Aria ? Il plissa les yeux pour mieux voir. Non, il devait probablement halluciner... Voilà qu'il devenait fou en prime... Il toussa pour dire quelque chose. Mais les mots étaient rouillés et sa mâchoire meurtrie l'empêcha de parler. De toute façon ce n'était pas Aria. Elle était moins grande, moins déterminée, moins .. moins Aria. La jeune femme passa dans un rayon de lumière. Isabelle Hart. C'était plutôt agréable de la voir. Une petite lueur de sentiment s'alluma dans ses prunelles fades. Serait-ce de l'espoir ? Plutôt de la compassion. Isabelle en prison, cela ne signifiait qu'une chose. Elle allait elle aussi être jugée par les Témériens. S'était-elle rebellée ? S'était-elle battue pour sa soeur ? Savait-elle au moins, pour Aria ? ... Son coeur se serra, les émotions lui revinrent. La peur, le chagrin, ce terrible sentiment d'impuissance. Katharina avait détruit chacun d'entre eux. Elle avait mis un point d'honneur à déchirer les familles, voler les amitiés, tuer les frères, les filles, les mères. Ils avaient perdus, il avaient tout perdu. Il eut un sourire languissant. Il l'aurait voulu plus chaleureux mais ses traits étaient trop habitués à l'infortune. « J'ai foiré... » Il haussa lentement les épaules et soupira. En forçant sur sa mâchoire, il arriva à articuler quelques mots. « T'as rien foiré Isabelle. » Sa voix était pâteuse, atone, engourdie et trop hésitante. Il s'en voulut d'être de si mauvaise compagnie, Isabelle avait besoin d'un appui, pas d'un pitoyable faiblard. Réconforter. C'était son rôle, il ne l'avait pas oublié.  Alors il se racla la gorge et annonça, plus appliqué. « T'as pas eu de chance, c'est tout. » La brunette était collée au mur sale, les jambes entourées de ses bras maigrelets. « On s'est fait avoir. Tous. » Il tripotait sa brindille. Peut-être qu'il devrait lui en proposer une. Ça la soulagerait. Il attrapa quelques brins de sa paillasse et progressa comme il put jusqu'à elle, se maudissant de sa faiblesse. Il s'appuya comme Isabelle contre la paroi humide de leur cage et lui tendit une tige de paille.

Charlie passa la langue sur ses lèvres sèches. La présence d'Isabelle l'obligeait à reprendre ses esprits. Il se sentait mieux, plus vivant en tous cas. La noble était plongée dans ses réflexions, le menton posé sur ses genoux. Il observa son profil triste, sa bouche qui coulait vers le bas, ses yeux plissés par le chagrin. Il voulut lui parler d'Aria, lui raconter ce que faisait la Reine. Mais quelque chose lui disait qu'elle était au courant. Peut-être pourrait-elle lui raconter ce qu'il se passait là-bas, dehors. « Comment t'es arrivée là ? Qu'est-ce que t'as fait ? »
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Dim 7 Fév - 21:19





Isabelle R. Hart
— I failed—


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La branche Hart était maudite, sinon comment expliquer tant de drames concentrés sur une unique famille ? Isabelle s'adossa au mur et se laissa glisser au sol, la plante de ses pieds s'égratigna contre la roche. Tout semblait si irréel, injustifié. Pourquoi ? Pourquoi, toujours et encore pourquoi, cette même question.

Elle passa sa tête entre ses jambes, comme lorsque enfant elle tentait d'échapper à la raison, à la vérité. Son père était mort, sa mère emprisonnée, et sa soeur disparue. Et voilà qu'elle-même allait être condamnée. Ce n'était finalement qu'un cycle perpétuel : le transfert du mal et de l'infamie d'une génération à une autre. Elle avait lâchement crû qu'elle s'était sacrifiée - qu'elle avait été victime des événements - mais depuis le début elle n'avait été que l'élément perturbateur. Tout ce qui était arrivé était de sa faute ; elle était la seule responsable. Le début et la fin de cette longue liste d'erreurs. A quand remontait la malédiction de sa famille ? A toujours peut-être... beaucoup croient au diable, Isabelle ne pouvait désormais plus réfuter cette thèse. « T'as pas eu de chance, c'est tout. On s'est fait avoir. Tous. » Si seulement Charlie pouvait se douter de la vérité, mais ce n'était pas le cas... Il était resté naïf, innocent. La jeune femme lui envia cela : le poids de la connaissance et celui du pouvoir étaient bien trop lourd à porter sur ses minces épaules... Arianna. Elle avait gâché le peu de temps passé ensemble en croyant que l'esclave était la source de tous ses ennuis, ce qu'elle s'était leurrée en se positionnant en victime. Elle poussa un demi-soupir, le destin était perfide. Cruel.

 « Comment t'es arrivée là ? Qu'est-ce que t'as fait ? » Elle le regarda longuement, laissant le silence s'établir. Les yeux du jeune homme étaient magnifiques, tout aussi vivifiants que glaciaux. Charlie incarnait à lui seul la bonhomie, et le voir ainsi attristé lui brisa le coeur. Elle ne pouvait lui cacher la vérité, elle n'en avait pas le droit - ne serait ce que pour Aria. « Ce que j'ai fait... ? Je... » Sa voix se cassa. Enoncer ce qu'elle avait fait revenait à admettre qu'elle était coupable. Elle baissa les yeux. « Je suis venue au monde, et c'est probablement mon pire tord. » Son visage se peignit de tristesse, voilà il savait et ce serait bientôt le cas de tout Vivendale. Isabelle Hart allait expier chacun de ses crimes. « J'ai exposé Arianna. Je l'ai blessée. Abandonnée. Je l'ai accusée de tout. Je lui ai fait croire qu'elle était responsable de ma souffrance. » La jeune femme inspira profondément, il lui semblait être poignardée à chaque mot. Elle planta ses prunelles dans les iris sans fond du villageois. « Je croyais être l'héroïne, la sauveuse. Mais je n'étais que la criminelle. » Un voile était passé sur le visage du prisonnier, Isabelle ne savait rien lui ; son expression lui était indéchiffrable alors elle poursuivit. Peut-être qu'inconsciemment elle savait qu'elle s'exposait au danger, peut-être le voulait-elle... « J'ai tué Arianna. » Des larmes de culpabilité roulèrent sur ses joues, elles vinrent s'écraser au sol. « J'ai tué la femme qu'elle était, j'ai brisé son esprit et son corps. » Jason l'avait torturée, retenue prisonnière. Et elle était pleinement responsable de ce jeu sadique. « Et aujourd'hui je ne sais pas ce qu'il reste d'elle. Je l'ai détruite, Charlie. Totalement. »   Elle passa les mains sur son visage d'un geste distrait. « Ce qui m'est arrivée ? Maintenant tu le sais. Regarde-moi, et dis-moi quel genre de monstre se tient devant toi. »





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Sam 21 Mai - 10:49





Charlie Peterson
— Betrayal —


La mollesse de ses bras, à laquelle il avait pourtant fini par céder, fit surgir en lui une pointe d'agacement. Il se trouva tout à coup faible, pathétique même. Il était là, fade et végétatif, contre ce mur terriblement poisseux, les pensées étouffées, le corps meurtri, l'espoir consumé. Au moindre mouvement, il aurait pu se briser des os. Il sentait les bleus sur son ventre, les lignes cuisantes dans son dos et le goût métallique d'amertume dans sa bouche ne l'avait pas quitté depuis son premier interrogatoire. Les blessures les plus anciennes n'étaient qu'un souvenir douloureux qui anéantissait la moindre lueur d'espoir. Les autres, encore vives, encore rouges, éreintaient les forces qui lui restaient.

Depuis quand était-il si fragile ? Avait-il abandonné ? Misérable, décrépit, altéré par le temps et l'effort inutile. Il n'était que le fantôme de l'ancien Charlie. Contrairement au précédent, il n'avait plus de raison de continuer. Il n'avait plus rien. Plus de Vivendale, plus de village, plus d'objectif, plus de rêve, plus de foyer, plus de famille, plus de Talia, plus d'Aria. Tous détruits. Par le temps, par l'ennemi, par la mort. Tous anéantis.

Au moins, Isabelle lui serait de meilleure compagnie que la solitude. Jusqu'au procès. Elle ne pourrait probablement jamais le réconforter, et toute discussion qu'ils auraient pu avoir étaient vouée à la noirceur. Mais la jeune femme lui rappelait son amie. Le même visage, précis et gracieux, les mêmes mèches brunes le long de sa mâchoire ... et le même hasard atroce qui planait sur sa personne. Il connaissait aux deux soeurs, cette malédiction familiale de l'infortune. Mais à cet instant, dans la prison glaciale, Isabelle était plus malheureuse que ne l'avait jamais été Arianna. Elle avait les mêmes yeux tristes, et le même cœur lourd de secrets et de deuils. Isabelle Hart était elle aussi, un fantôme. Le fantôme de sa soeur. Plus terne, plus effacée que la vraie, plus silencieuse, plus froide et plus abattue.

Il aurait aimé se réjouir de sa présence, même vaguement. Mais à quoi bon. Ils finiraient exécutés tous les deux. Assassinés par des voleurs, tués pour simple motif d'avoir vécu sur une Terre convoitée, et de l'avoir défendue à son assaut.

Les courbatures dans son corps lui arrachèrent une grimace pâle — il grimaçait ainsi cent fois par jour — lorsqu'il se tourna vers la prisonnière. « Ce que j'ai fait... ? Je... » Elle semblait coupable, de ses actions, de ses erreurs. Et Charlie baissa les yeux, conscient de partager cette affliction. N'était-ce pas de sa faute si sa famille n'avait pas quitté la ville à tant ? Il avait prévu leur départ depuis des années, sans jamais avoir le courage de sauter le pas. Et pour la mort d'Aria, il n'obtiendrait jamais de pardon. Ni indulgence, ni rédemption. Il ne le méritait pas. C'était sa faute, ils auraient dû partir bien plus tôt. Il aurait dû lui dire de s'enfuir lorsqu'il l'avait croisée dans l'Enclave, de ne pas l'attendre lorsqu'elle prévoyait son arrivée à leur point de rendez-vous. Il ne se le pardonnerait jamais. Comme Isabelle, il vivrait avec sa culpabilité. Jusqu'à la délivrance que leur offrirait Katharina. « Je suis venue au monde, et c'est probablement mon pire tord. » Il la laissa poursuivre. Avouer soulagerait peut-être sa conscience. Un minimum. « J'ai exposé Arianna. Je l'ai blessée. Abandonnée. Je l'ai accusée de tout. Je lui ai fait croire qu'elle était responsable de ma souffrance. » Il fronça les sourcils. Son coeur se serra à l'évocation de son amie. « Je croyais être l'héroïne, la sauveuse. Mais je n'étais que la criminelle. » Il déglutit. Il aurait pu ignorer la suite, il savait que ça ferait mal. Mais la punition devait être subie par les deux. « J'ai tué Arianna. » Il se mordit l'intérieur des joues jusqu'au sang, pour ne pas l'interrompre. Et Isabelle poursuivit.

« J'ai tué la femme qu'elle était, j'ai brisé son esprit et son corps. Et aujourd'hui je ne sais pas ce qu'il reste d'elle. Je l'ai détruite, Charlie. Totalement. »

Il leva la tête lentement vers la Noble. Son front était plissé, comme s'il avait du mal à trouver dans cette confession, une quelconque logique. Il voulut parler, mais les mots lui manquaient. Isabelle se disait meurtrière, mais Arianna n'était pas morte suite à cette trahison. Ce n'était pas ce crime qui l'avait tuée. Charlie serra les dents. Il avait sûrement tué sa meilleure amie mais, malgré lui, malgré tout, une pointe de rancune envers Isabelle entacha son coeur.

« Je ne sais pas ce qu'il reste d'elle. » C'était là l'incohérence. La Noblionne se disait meurtrière, mais parlait de sa soeur comme s'il y avait une chance qu'elle soit toujours vivante. Elle ne savait donc pas qu'elle était morte ? Il avait cru ... Maintenant, il devait lui annoncer la terrible nouvelle. Que sa soeur n'était plus. Tuée dans une ruelle sale, poignardée comme un animal, gisant dans son sang, en murmurant dans un dernier souffle le nom de son assassin. Charlie. Charlie était seul responsable, comme Arianna avait été seule pour mourir. Elle avait été seule. Par sa faute, à lui. Isabelle n'avait pas participé à cette mort. Les responsables n'étaient autres que les Témériens. Et son bourreau n'était autre que Charlie. « Ce qui m'est arrivée ? Maintenant tu le sais. Regarde-moi, et dis-moi quel genre de monstre se tient devant toi. » Ses yeux s'embrumèrent. Il ne pouvait articuler un mot, oppressé par cette douleur qui coulait dans tout son être. Pas celle originaire des coups de ses tortionnaires, celle qui ne venait que de lui. La cupabilité, le mensonge, la haine. La pire erreur. Celle qui restait inchangée et qui ne changerait jamais.

Ses poings se serrèrent. Les jointures de ses mains blanchirent et ses ongles s'enfoncèrent dans ses paumes, jusqu'à ce qu'y apparaissent des lunes rouges, sanglantes, méritées. Les nerfs dans son cou se tendirent, ses lèvres tremblèrent. Sa gorge était si nouée qu'il lui sembla mourir de chagrin. Isabelle n'avait pas tué Aria.

« Isabelle. Je.. » Il s'obligea à poursuivre. Il lui devait la vérité. Non, il lui devait bien plus que cela, bien plus que la vérité. « Tu n'as pas tué Aria. » Il lui devait tout. Il lui dirait tout. « Aria est morte le jour de l'invasion. » Il força sa voix à ne pas trembler, il s'obligea à avoir le cran d'un aveu digne d'Arianna. « Elle est morte dans une ruelle, de la lame d'un Témérien et du contre-coup d'une promesse brisée. » Il n'osa pas affronter le regard de la soeur. « Elle est morte, assassinée devant mes yeux. Et je n'ai rien fait pour la sauver. Je n'ai rien fait pour l'aider. » Il se souvint de sa faiblesse, de sa lâcheté, de son impuissance. La rigidité de ses bras, la mollesse de ses jambes. Incapable. Dans le pire moment, il avait été incapable de la sauver. Lui qui s'était cru courageux, lui qui avait cru se battre pour plus de chance, pour plus de justesse. Il avait cru s'en sortir, il avait cru se soustraire au destin, éviter les problèmes, échapper à la faim, au froid, aux lois. Il avait cru être différent. Il avait cru mériter une échappatoire. Il s'était trompé. Parce que personne ne pouvait échapper à ça. La conséquence de ses actes.

Il sentit le regard brûlant d'Isabelle sur sa tempe. Et lentement, il se tourna vers elle, rassemblant le courage qu'il lui restait, celui qu'il n'avait pas eu avant, celui qu'il n'avait pas eu pendant la bataille. « Je lui avais dit de m'attendre, et je n'ai pas tenu ma promesse. Elle a été prise au piège dans la ville. » Il se souvint de son regard vide, de son visage blessé contre le sol, de ses boucles ébène trempées du rouge de sa défaite. Mais Arianna avait lutté, comme toujours, avec la force d'une guerrière. « Elle s'est battue. » Il hocha la tête, convaincu. « Je ne mérite rien sinon ta haine. » La vérité lui apporterait un semblant de paix. Ou du moins de justice lorsque Charlie ferait face à sa sentence. « Tu n'as pas tué ta soeur. Tu n'as brisé ni son corps, ni son esprit. Elle est restée forte, je l'ai vu ! » Il repensa à sa silhouette rapide, terrifiée. « Le blâme ne t'est pas destiné. Le fardeau de cette mort n'est pas le tien. Je suis le seul coupable Isabelle. » Il ne quittait plus les yeux noisette de la prisonnière. Il devait avouer. « J'ai tué Aria. Pas toi. » Ses bras se firent encore plus lourds. « Je ne vois pas l'ombre d'un monstre en toi. Et maintenant, tu sais la vérité Isabelle. »



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