ALLIANCE INATTENDUE - alors qu'ils se détestent et qu'un fossé énorme les séparent l'ombrageux et l'esclave ont finalement trouvés une entente. Car c'est une Arianna détruite qu'à trouvé William et qu'il a accepté de l'aider dans son désir de son vengeance, même si aider l'esclave dans son dessein macabre risque d'attirer les foudres d'une personne chère aux yeux de l'ombrageux. Mais apprendre à Arianna les rudiments du meurtre n'est pas un acte anodin, se pourrait-il que, dans cette alliance meurtrière et inattendue, William et Arianna enterrent la hache de guerre une bonne fois pour toute après les événements de leur dernière rencontre ? Peut importe le passé Arianna est prête à tout pour sa vengeance, et William a finalement accepté de l'aider, pour le meilleur comme pour le pire.

William attendait donc patiemment, adossé contre un des murs du Temple, lorsqu'il vit sortir une jeune femme qui se précipita sur un cadavre ensanglanté jeté quelques mètres plus loin, qu'il n'avait pas remarqué. Stoïque à son habitude, le jeune homme s'interrogea sur cette scène : quel était ce cadavre ? Et pourquoi cette femme s'en occupait-elle ainsi ? Il remarqua alors que la silhouette agenouillée près du corps lui disait quelque chose... Des cheveux bruns... Une corpulence fine... Arianna ?!

La réponse ne se fit pas attendre puisque elle se leva et se retourna. William la reconnut a grand-peine car son visage était sillonné de larmes et trahissait une émotion que jamais il n'avait vue chez la jeune esclave. Elle leva la tête et leurs regards se croisèrent : il fut tout d'abord gêné par la méfiance qu'il lut dans ses yeux mais retrouva vite son aplomb naturel et lui adressa un petit sourire amusé. Elle s'arrêta à quelques pas, sur la défensive, et sembla réfléchir pendant plusieurs secondes, secondes durant lesquelles il ne fit pas un mouvement. Puis elle finit par demander :

" - Es-tu venu pour me tuer ?".

Touché. Hum, elle était prudente, ce qui était compréhensible. Et puis, après tout il préférait qu'elle sache de quoi il était capable, même s'il regrettait de l'avoir blessée il ne lui avouerait pour rien au monde. Il ne répondit pas mais conserva son sourire narquois et elle conclut :

" - Visiblement non. "

Elle baissa la tête vers le cadavre, et quelque chose dans son expression s'altéra. Cet homme devait être quelqu'un de cher. Lorsque son regard rencontra de nouveau celui de William, une détermination sans faille s'y lisait. Il y reconnut la flamme de la vengeance, cette lueur que personne ne pouvait éteindre.

- « Il n'y aura jamais de paix. Le faible sera constamment à la merci de ceux qui tirent les ficelles » lâcha-t-elle avant de marquer une pause « Apprends-moi, aides-moi à tuer ceux qui tirent les ficelles, à les tuer tous, jusqu'au dernier. "

Dire que cette demande surprit le jeune homme serait un euphémisme. Lui qui dissimulait généralement ses sentiments, il en resta bouche bée. Une esclave qu'il avait blessée, qui le haissait, venait lui demander de l'aider à se venger du gouvernement alors qu'une armée étrangère leur marchait dessus ?! Il était si stupéfait qu'il lui fallut quelques minutes avant de retrouver l'usage de la parole. Plantant ses yeux dans ceux de la jeune femme, il déclara d'un ton ferme :

" - Arianna, est-ce que tu te rends compte de ce que tu me demandes ? Tu veux que je t'apprenne à tuer, primero. Secundo, pour te venger du gouvernement si je comprends bien. Seule ? Tu n'as aucune chance ! Tu veux effectuer le travail que la Guilde s'exerce à faire depuis des années ! Et tertio, pour couronner le tout je dirais, tout ça tandis qu'une gamine de 17 ans et son armée sont à nos portes ! Est-ce que tu as conscience de la situation ? "

Il y était peut-être allé un peu fort, mais il en fallait sûrement plus pour ébranler la jeune esclave. Et sa demande était tellement insensée qu'il ne pouvait pas accepter sans rien dire. Et puis, que dirait Maximilian - le pacifiste, qui était déjà très en colère contre lui - s'il apprenait que William apprenait à son amie comment supprimer des vies ? L'Ombrageux préféra ne même pas penser. Il comprenait les désirs de vengeance mais bon dieu, qu'est-ce qui était passé par la tête d'Arianna ?

Face à l'étonnement de son interlocuteur elle eut un court moment de doute, était-elle sûre de ce qu'elle demandait ? Était-elle vraiment capable d'aller au bout de son dessein, d'aller jusqu'à tuer. Tuer tous ces hommes, ces gardes, n'était-ce pas elle qui avait ouvertement critiqué William pour son avidité de sang, et maintenant elle voulait qu'il lui apprenne à faire la même chose. Elle secoua la tête, non, ce n'était pas le moment de douter. Il lui suffit d'un regard vers le cadavre d'Edwin pour que tous ces doutes s'envolent vitesse grand V. Le silence qui dura plusieurs minutes sembla ne durer que quelques secondes. Elle était tellement déterminée par son dessein qu'elle n'en mesurait même pas la notion du temps. William tenu alors un discours quasi moralisateur, venant de lui c'était étonnant. Il tentait clairement de l'empêcher de continuer sa demande. Il lui rappela la situation actuelle : Katharina à leurs portes, que tuer ces gardiens étaient déjà le travail de la guilde depuis des années, et qu'à présent elle voulait s'y atteler seule ? Elle baissa les yeux. Il avait raison ! C'était du suicide. Il finit par lui demander si elle était bien consciente de la situation. Evidemment qu'elle l'était, simplement elle avait ouvert les yeux trop tard concernant l'urgence d'abattre le gouvernement. Et s'il fallait ouvir le chemin à Katharina avant qu'elle arrive alors ça ne dérangeait pas Arianna, elle le ferait. Elle vengerait tous ceux morts des mains d'un garde. Elle allait donner sa justice aux faibles et couper les ficelles de ceux qui manipulent le petit peuple.

- « A moins d'accepter de m'aider les rappels des circonstances atténuantes ne sont pas nécessaires. » commença-t-elle « A cause d'eux tous ceux qui comptaient pour moi sont morts, ils les ont tourmentés, torturés, massacrés et souvent publiquement, je ne peux pas...je ne peux plus laisser passer ça.  »


Elle sentait les larmes lui piquer les yeux, elle secoua la tête, non. Elle n'allait pas faire comme les dernières fois et se relever simplement en se disant que l'injustice était grande, cette fois-ci elle allait réparer cette injustice. L'idée de se lever chaque matin et d'imaginer les meurtriers de sa famille gambadant dans les rues pour briser d'autres familles, elle ne le supporterait pas. Elle se rendit alors compte que si elle restait passive face aux monstruosités des gouvernements elle ne se le pardonnerait jamais.

- « Il est hors de question que je les laisse faire ça à d'autres. Et l'arrivée d'une armée étrangère ne va pas les arrêter, ils ne s'arrêteront jamais. Que crois-tu que, ces tueurs d'hommes, de femmes et d'enfants voudraient soudainement devenir des hommes pieux et purs, ou au contraire, ces étrangers ne feront qu'attiser leur désirs de tuer. Et si, contre toute attente, ceux de l'Autre Terre perdent, tu sais qui arrêtera alors nos politiques dans d'autres expiations et massacres ? Rien. »

N'importe qui pourrait sentir le haine et la détermination dans la voix de l'esclave, elle faisait sa plaidoirie devant l'ombrageux sans trop peser ces mots avant de parler. Elle tentait d'être le plus claire possible concernant sa détermination qui ne faiblirait pas, oui Vivendale serait bientôt un champs de bataille, oui elle n'avait que des maigres chances face à des gardiens entraînés, mais non, elle n'abandonnerait pas pour si peu.

- « Les gardiens ont détruit tout ce qu'il y-avait de bon dans ma vie, alors je vais leur enlever ceux à quoi ces escrocs tiennent le plus au monde, leurs misérables vies d'assassins. Et rien ne peut me faire changer d'avis, peut importe les circonstances atténuantes et les risques je le ferais. Alors aides-moi ou vas t'en. »

Suite aux paroles de William, Arianna s'était tue pendant quelques instants. Il pensa l'avoir convaincue, il était clair qu'elle hésitait. Mais elle se retourna vers le cadavre pâle de son ami et lorsque ses yeux rencontrèrent de nouveau ceux du jeune homme, il y lut une détermination encore plus grande qu'auparavant. Elle avait du souffrir pour que son désir de vengeance soit si impétueux et qu'elle attache aussi peu d'importance aux nombreux obstacles qu'elle trouverait dans la réalisation de son dessein. Le jeune homme ne s'attacha cependant pas à cette idée, il n'avait que faire de la souffrance des autres, en tant qu'Ombrageux certaines émotions avaient disparu de son visage depuis longtemps. Il attendait qu'elle trouve de nouveaux arguments, qu'elle lui donne une réponse, car le sien était tout préparé, quelle que soit la force de ses mots.

- « A moins d'accepter de m'aider les rappels des circonstances atténuantes ne sont pas nécessaires. » commença-t-elle « A cause d'eux tous ceux qui comptaient pour moi sont morts, ils les ont tourmentés, torturés, massacrés et souvent publiquement, je ne peux pas...je ne peux plus laisser passer ça.  »

L'Ombrageux ne fit pas un mouvement, parfaitement impassible, il attendait que la brune continue sa tirade, qu'elle développe, qu'elle le convainque ! Il ressentit tout de même un tout petit pincement lorsqu'elle baissa la tête un court instant : même si maintenant il était indifférent aux sentiments des autres, il lui restait un semblant d'humanité et Arianna semblait vraiment tourmentée.
Il prit conscience que la jeune femme était en train de lui ouvrir les yeux, lui était là, bras croisés devant elle, à attendre qu'elle trouve la perle rare qui ferait qu'il accepterait de l'aider, avec un cynisme dont il ne se rendait pas compte. Il ne savait pas ce qu'elle avait vécu mais en tant qu'homme ne pouvait se permettre de lui infliger de nouvelles épreuves. Elle reprit :

- « Il est hors de question que je les laisse faire ça à d'autres. Et l'arrivée d'une armée étrangère ne va pas les arrêter, ils ne s'arrêteront jamais. Que crois-tu que, ces tueurs d'hommes, de femmes et d'enfants voudraient soudainement devenir des hommes pieux et purs, ou au contraire, ces étrangers ne feront qu'attiser leur désirs de tuer. Et si, contre toute attente, ceux de l'Autre Terre perdent, tu sais qui arrêtera alors nos politiques dans d'autres expiations et massacres ? Rien. »

William écoutait Arianna mais son esprit était tourné ailleurs : ce n'était pas ses arguments mais sa personne qui était en train de le convaincre d'accepter, mais soudain il se rappela Maximilian. Qu'allait-il dire ? Cette perspective de blesser une nouvelle fois son ami l'arrêta net. Pas question, même pour les beaux yeux de l'esclave. Il se reconcentra sur ses propos et perçut la haine dans sa voix, elle en voulait vraiment et se baisserait pas les bras.

- « Les gardiens ont détruit tout ce qu'il y-avait de bon dans ma vie, alors je vais leur enlever ceux à quoi ces escrocs tiennent le plus au monde, leurs misérables vies d'assassins. Et rien ne peut me faire changer d'avis, peut importe les circonstances atténuantes et les risques je le ferais. Alors aides-moi ou vas t'en. » acheva-t-elle.

L'indignation, c'est ce qui se lut dans les yeux de l'Ombrageux après les derniers mots de la brune. Et sa première réaction fut entièrement guidée par ce sentiment :

« - Quoi ? Je te rappelle que c'est toi qui est venue me voir, donc le vas t'en tu peux l'enlever ! » s'exclama-t-il. Puis, se reprenant en se rappelant ses précédentes réflexions : « Et puis, pourquoi accepterais-je ? Tu es assoiffée de vengeance mais nous nous connaissons à peine ! Et Max ? Tu imagines sa réaction ? Il me tuerait s'il apprenait que je t'ai enseigné à tuer ! »

William poussa un soupir, se détourna et fit quelques pas. Il ne savait vraiment pas quoi faire, Arianna avait réveillé des sentiments chez lui qu'il avait enfouis tellement profondément que leur existence lui était inconnue. En quelque sorte, elle lui ouvrait les yeux. Mais il ne pouvait pas se permettre de perdre encore plus la confiance de son ami. Quant à son troisième argument, c'était du superflu.

Elle se sentait démunie, à chaque seconde la mort de ces proches devenait de plus en plus réel, chacune d'elle semblait refaire encore plus mal. Elle se sentait plus seule que jamais dans cette histoire lorsque dans sa plaidoirie l'ombrageux évoqua leur ami en commun, Maximilian. Max, lui il l'avait constamment épaulé. Elle eut alors un moment de doute. Comment Maximilian réagirait en apprenant qu'elle se lançait dans une spirale d'auto-destruction en voulant tuer le gouvernement, c'était stupide, elle le savait mais plus elle se le répétait, plus son désir de vengeance était fort. Mais avoir rappelé que l'avis de Maximilian serait surement négatif la ramener un court instant à la réalité, et combien c'était stupide, et l'on sait tous ô combien ça l'est encore maintenant. Et le refus de William la remettait encore plus dans le doute, il avait raison après tout. A quoi s'attendait-elle, il la détestait, ils se connaissaient à peine bien qu'il est faillit la tuer, et maintenant elle pensait qu'il suffisait d'approcher avec des yeux de cocker battu qui ne fait plus la différence entre le bien et le mal pour qu'il accepte soudainement et l'aide alors qu'à leur dernière rencontre il lui avait transpercé les côtes avec son arme. Avoir tenté de trouver de l'aide chez William lui semblait tellement idiot qu'elle retint un rire moqueur contre elle-même. Elle l'avait en plus visiblement agacé avec ces dernières paroles vu le ton qu'il arborait à présent. Et puis il avait raison, elle n'avait même pas à demander son aide, qu'il soit un potentiel allié dans sa vengeance relevait de l'impossible. Il ne l'aiderait pas, ça se voyait, vu l'énergie qu'il prenait à refusait encore et encore. Elle comprenait alors qu'elle avait échoué à se trouver un mentor pour la guider dans cette vengeance, elle irait donc seule, mais ces chances seraient encore plus maigres.

- « A croire qu'après avoir faillit mourir par ta faute, j'ai été assez stupide pour te demander de l'aide, je ne sais même pas pourquoi je suis venu à toi. Tu as raison, nous ne nous connaissons pas et tu ne me dois rien. Et pour ce qui est de Max, il serait surement furieux. »

Elle baissa le regard et après une courte pause où elle hésita grandement à dire ce qu'elle avait à dire qu'elle reprit la parole.

- « Écoutes...concernant mes propos lors de la lune de sang, j'ai eu tort, j'étais trop critique envers toi et les tiens. Je suis désolée. »

Elle devinait déjà qu'il devait être surpris, elle n'était pas vraiment le genre de fille à s'excuser à tout va. En fait elle ne s'excusait presque jamais, mais elle n'était plus vraiment à ça près aujourd'hui.

- « Mais la douleur peut s'effacer mais les cicatrices rappelleront constamment la souffrance, et nous rendent d'autant plus déterminés à ne plus être blessé à nouveau. Mais la détermination ne vaut rien face à une arme. Au fond tu sais autant que moi que j'ai beau mesurer à quel point le faire seule c'est stupide mais que j'irais quand même. »


Elle avait les larmes aux yeux depuis le début, elle savait que sans l'aide de William elle courrait tête baissée vers la mort, mais elle savait aussi que ne pas y aller, elle ne se le pardonnerait jamais.

- « Et l'on sait tout les deux que ça serait un aller-simple vers la mort, alors si tu tiens ne serait-ce qu'un peu à Max et que tu ne veux pas qu'il apprenne que j'ai finalement tenté quelque chose de stupide, alors aides-moi »

Sa plaidoirie était pitoyable, elle en recourait presque à une sorte de chantage, finalement dans un dernier geste désespéré elle acheva ses tentatives pour le convaincre.

- « S'il te plaît... »

Le jeune homme se tut et attendit la réponse d'Arianna, qui semblait réfléchir. Il était troublé, face à un choix que décidément il n'arrivait pas à faire. Tout le poussait à refuser d'aider l'esclave et pourtant il était sur le point d'accepter. Que se passait-il dans son esprit, lui qui était toujours impassible et assuré ? Une voix dure le coupa dans ses réflexions :

- « A croire qu'après avoir faillit mourir par ta faute, j'ai été assez stupide pour te demander de l'aide, je ne sais même pas pourquoi je suis venu à toi. Tu as raison, nous ne nous connaissons pas et tu ne me dois rien. Et pour ce qui est de Max, il serait surement furieux. »

Le jeune homme retint un soupir de soulagement. La jeune femme était résignée, à contre-cœur mais au moins elle avait compris les enjeux de sa demande pour eux deux. Toute trace d'hésitation se dissipa, il allait la saluer puis rejoindre sagement ses compagnons et surtout essayer de trouver Maximilian. C'était sans compter sur la persévérance d'Arianna :

- « Mais la douleur peut s'effacer mais les cicatrices rappelleront constamment la souffrance, et nous rendent d'autant plus déterminés à ne plus être blessé à nouveau. Mais la détermination ne vaut rien face à une arme. Au fond tu sais autant que moi que j'ai beau mesurer à quel point le faire seule c'est stupide mais que j'irais quand même. »

Dans sa voix sans timbre on décelait un léger tremblement qui marquait ses émotions. En baissant légèrement la tête, l'Ombrageux put remarquer que des larmes perlaient aux yeux de la brune.

- « Et l'on sait tout les deux que ça serait un aller-simple vers la mort, alors si tu tiens ne serait-ce qu'un peu à Max et que tu ne veux pas qu'il apprenne que j'ai finalement tenté quelque chose de stupide, alors aides-moi »

William hésitait un peu plus à chaque minute. Il était vrai que vu la détermination d'Arianna, elle irait avec ou sans armes, et il préférait un Max furieux à un Max endeuillé, surtout que lui aussi voulait la brune en vie, même s'il ne l'avouerait jamais. Le problème était que même s'il lui apprenait à manier quelques armes, ses chances de réussite étaient infimes. Il aurait fallu l'accompagner, mais c'était hors de question. Être un Ombrageux comportait suffisamment de risques pour qu'il ne tente pas un complot avec un esclave contre le HG. Alors, il eut le geste qu'il allait le plus regretter pendant les heures suivantes :

« - Ça ne m'enchante pas du tout, mais j'accepte. » lâcha-t-il d'un ton neutre.

Avant de se rendre compte de ce qu'il venait de dire. Qu'est-ce qui lui avait pris ? Oh, et puis après tout il discuterait de nouveau avec elle après. Lui apprendre à lancer un couteau ne l'engageait à rien s'il la surveillait ensuite, du moins à ce qu'il croyait.

« - J'ai pas toute mon après-midi, on se dépêche là. » bougonna-t-il. Il avait accepté mais elle ne devait pas s'attendre à de la tendresse, ni de sa part ni de celle de ses adversaires.
Détachant son corps du mur, il partit d'un pas vif vers l'endroit idéal pour une telle leçon : le bosquet.

Elle demeura silencieuse jusqu'à que William rende son verdict. Elle n'était pas vraiment confiante concernant une réponse positive de la part de l'ombrageux, il avait l'air bien décidé à ne pas mettre les pieds dans une telle mission, cependant l'esclave avait joué ces dernières cartes et celle de leur amitié commune avec Maximilian risquait de faire basculer la donne. William semblait hésiter de plus en plus. Aider, ne pas aider. Il n'y avait pas d'étapes intermédiaire, soit il était entraîné dans la mission soit il restait hors de ça. Après un instant d'hésitation l'ombrageux rendit alors sa réponse. L'esclave était pendue aux lèvres de l'ombrageux, elle allait savoir si tout ce qu'elle avait dit allait réussir à changer quelque chose. Et la réponse fut positive, elle n'en revenait pas. Il dit que même si ça ne l'enchantait pas du tout il acceptait. Il devait surement faire ça pour Maximilian, après tout ce n'était pas comme l'esclave et William étaient de bons amis, au contraire, ils étaient comme chiens et chats. Cependant là ce n'était plus une histoire de chamaillerie entre eux, pour une fois ils allaient passer plus de cinq minutes sans vouloir s'entre-tuer, une grande première, espérons que ça ne soit pas non plus la grande dernière et que ça finisse mal. Elle n'avait pas pipé mot, ne sachant pas trop quoi dire hormis le remercier tout aurait été inutile. Il n'attendit pas qu'elle se décide et bougonna qu'elle devait se dépêcher car il n'avait pas toute l'après-midi. Ensuite l'ombrageux commença à s'éloigner, s'attendant à quelle le suive.  Lançant un dernier regard vers le cadavre de son ami elle emboîta ensuite le pas à l'ombrageux.  

- « A t'entendre tu m'aides à contre-cœur, et ce n'est pas comme si nous nous aimons bien, mais merci, j'apprécie ce que tu fais pour moi et ça malgré nos différents. »

Il marchait d'un pas rapide et elle commençait à regretter les bons vieux temps sombres de sa vie au village où elle avait eu l'endurance de semer une horde de garde. Ici elle n'arrivait qu'à peine à maintenir le rythme à côté de l'ombrageux, d'un autre côté d'un simple coup d’œil on devinait  sans peine sa musculature, c'était quelqu'un d'entraîné. Il ne devait pas être du genre à flâner ou à se laisser aller. Ça devait être quelqu'un de sérieux. Elle remarqua alors qu'elle n'avait pas vraiment bien prêté attention à lui lors de la lune de sang, à vrai dire ils étaient trop occupés à chercher à fermer le clapet de l'autre pour penser à autre chose. Elle le jaugea et réalisa alors qu'il n'était pas si vieux par rapport à elle, il avait dans le début de la vingtaine, elle presque dix-neuf, ce n'était pas si loin. Elle commençait à croire qu'ils étaient moins différents qu'elle ne le croyait. Leur marche resta silencieuse, c'en était presque embarrassant mais ils s'approchaient de plus en plus du bosquet.

Le jeune homme était parti d'un pas vif et sans prêter attention à Arianna. Celle-ci le suivit, au bout de quelques minutes il remarqua qu'elle peinait légèrement à maintenir le rythme mais ne ralentit pas : il était convaincu que sa forme physique devait être entretenue si elle venait à réaliser ses projets de vengeance. Elle rompit le silence, à son grand étonnement. Décidément, cette journée était pleine de surprise et ne touchait pas encore à sa fin.

- « A t'entendre tu m'aides à contre-cœur, et ce n'est pas comme si nous nous aimons bien, mais merci, j'apprécie ce que tu fais pour moi et ça malgré nos différents. »

Un remerciement de la bouche d'Arianna, voilà qui n'était pas commun, encore plus lorsqu'il lui était destiné. Sans ralentir sa marche, il esquissa un sourire amusé et fit un vague signe de la main. William était quelqu'un qui trouvait toujours le moyen de se faire rembourser ses dettes, d'une manière ou d'une autre, mais il n'était pas avare. Maintenant qu'il avait choisi d'aider la brune, il ne pouvait pas se désister et après tout, l'instant présent ne le dérangeait pas. C'était plutôt les conséquences de ses actes qui l'inquiétaient... Bah, on verrait plus tard. Carpe Diem aurait du faire partie des devises nationales.
Les deux jeunes gens arrivèrent au bosquet. L'endroit était calme, désert, idéal pour une leçon aussi particulière. C'est une fois arrêté au milieu des arbres que l'Ombrageux se remit en question : c'était bien beau d'accepter d'aider une jolie femme en détresse, mais encore fallait-il pouvoir lui apprendre à tuer ! Il n'avait jamais été mentor à la Guilde et n'avait aucune idée de la manière dont on enseignait ça. Faisant quelques pas, les mains croisés dans le dos, il réfléchit.

« - Comment comptes-tu t'y prendre ? » murmura-t-il, c'était une question purement rhétorique et il se la posait quasiment à lui-même. « Tu ne peux pas essayer le corps à corps. » poursuivit-il en la jaugeant du regard. « Armes blanches, je pense que c'est la meilleure solution car tu peux compter sur l'effet de surprise. » acheva-t-il d'un ton clair.

William sortit de sa veste deux longues dagues bien affûtées et en tendit une à Arianna. Il lui indiqua comment en saisir le manche et s'apprêta à lui expliquer comment lancer ou blesser, mais s'arrêta net et prit un air songeur.

« - Avant même de savoir tuer, j'entends par là l'acte concret, il faut savoir si tu en es capable. Si tu arrives et qu'au moment d'enfoncer ton couteau dans le cœur de tes ennemis tu en es incapable, on va avoir des problèmes toi et moi ! » soupira-t-il, sérieux.

Elle resta silencieuse le reste du chemin jusqu'à leur arrivée au bosquet. Là-bas William du se concerter avec lui-même pour trouver la façon qu'Arianna parvienne à ses fins. Il exclut aussi le corps à corps à peine l'avait-il jauger. Elle pencha la tête sur le côté, il n'avait pas tort elle n'était pas quelqu'un pourvu d'une grande force physique, mais la rapidité dont il avait exclu cette possibilité était presque vexante. Mais elle n'était pas là pour le remettre en question, elle était l'élève, lui le tueur professionnel, il savait mieux qu'elle sur le sujet. L'ombrageux marchait bras croisés dans le dos tout en cherchant le chemin à prendre pour que l'esclave fasse sa vengeance au mieux. Après avoir exclut le corps à corps il évoqua les armes blanches, disant que c'était la meilleure solution car elle pouvait compter sur l'effet de surprise. Elle eut un sourire et baissa la tête, il fallait dire que la surprise était une marque de fabrique chez elle, c'était à peu près ça qui l'avait sauvée des mains des gardiens environs une vingtaine de fois. A l'époque elle savait soigner ses entrées, ses souvenirs lui rappelèrent qu'il y a un temps elle était bien plus impulsive qu'avant, elle aurait bien été capable de se lancer dans cette vengeance sans requérir l'aide de qui que se soit. L'Enclave l'avait vraiment changé, évidemment elle restait elle avec sa tonne de défauts et sa capacité à s'attirer les ennuis qu'on penserait que ça en est presque un super-pouvoir ou une sorte de don.

- « Armes blanches, ça me plait ça » Commença-t-elle « Et pour ce qui est de l'effet de surprise on peut dire que c'est une des rares compétences où je me débrouille plutôt bien. »

William sortit alors de sa veste deux lames, bien cachées celles-là dis donc, Arianna n'avait pas remarqué une seconde qu'il cachait des armes dans son vêtement, et qui sait s'il n'y en avait que deux et pas plus. Pas très rassurant en soi, mais d'un côté ça lui faisait penser qu'elle avait demandé à la bonne personne. Il lui indiqua comment s'en saisir, à vrai dire elle avait déjà eu une dague, qui était restée chez sa soeur d'ailleurs, un cadeau de son père, tant pis Arianna ne comptait pas revenir là-bas, la Haute-Tour et sa soeur...très peu pour elle. Avant que William n'aille plus loin dans ses explications il s'arrêta et la questionna sur sa capacité à tuer. Il doutait encore d'elle visiblement.

- « Ne t'inquiètes pas, j'en suis capable, quand il s'agit de faire du tort à un gardien je n'ai aucun remords. » Répliqua-telle avec détermination « Après tout ce qu'ils ont fait à mes proches je n'aurais pas une seule hésitation à faire ce que j'ai à faire, tu peux compter sur moi sur ce point. »

Elle laissa passer un court instant de silence avant de reprendre, elle se pinça les lèvres puis reprit la parole.

- « Aies confiance en moi, je ne vais pas flancher au moment des faits, ni avant, ni après, ni pendant. »

Arianna répondit qu'elle se sentait capable de tuer pour effectuer sa vengeance, et qu'elle ne flancherait pas au mauvais moment, tout cela d'un ton déterminé qui provoqua l'admiration de son professeur du jour. Elle ne lâcherait pas l'affaire avant d'avoir mené à bien son projet, et malgré son incompétence en la matière elle ne baissait pas les bras et se montrait volontaire. Selon William, c'était un acte digne d'admiration, bien qu'il la dissimulât soigneusement.

« - Très bien. Alors allons-y. » déclara-t-il d'un ton ferme.

Pendant leur trajet depuis le Temple jusqu'ici et pendant qu'Arianna parlait, il avait bien réfléchi. Les premières personnes qu'elle devrait affronter seraient des gardiens entraînés, peut-être ses pires adversaires. Se battre contre eux et espérer les tuer nécessitait une vraie préparation, tandis que si elle parvenait jusqu'à des personnes plus haut placées, ce serait probablement plus simple. Probablement, mais il fallait se préparer à toutes les éventualités, et l'Ombrageux ne connaissait pas assez les coulisses du pouvoir pour se lancer dans des suppositions hasardeuses. L'obstacle à franchir était de belle taille.

« - On va commencer par apprendre à viser, si tu y arrives bien ce sera moins dangereux d'atteindre tes cibles de loin. » Il esquissa un sourire moqueur, et demanda : « As-tu vu comment j'étais placé au moment de te blesser ? »

Les mots étaient sortis quasiment à son insu. La veille, William se sentait terriblement coupable et Rouge en était témoin, mais aujourd'hui toute trace de gêne s'était dissipée et il prenait presque la chose à la rigolade. Peut-être parce que la jolie brune ne semblait pas lui en vouloir, ou parce que lui apprendre à tuer était une situation tellement amusante qu'il se permettait de plaisanter sur les évènements de la Lune de Sang. Il ne regrettait pas mais espérait ne pas avoir vexé Arianna.
Sans attendre sa réponse, il se plaça en face d'un arbre, à quelques mètres de distance, fermement campé sur ses appuis. Il leva le bras à hauteur d'épaule, prit quelques secondes pour viser et lança la dague d'un geste précis. La lame fila dans l'air et alla se planter au milieu de l'écorce.
Après avoir récupéré son arme, il se tourna vers son élève.

« A ton tour. »

La brune avait visiblement convaincu l'ombrageux car ce dernier répliqua d'un ton ferme pour annoncer que cette leçon pas comme les autres commençait. Apprendre à tuer, à blesser et à faire du tort, on peut dire qu'on apprend pas ça tout les quatre matins il faut l'avouer. Mais quand on est blessé une fois on veut se faire le plus fort possible pour ne jamais être blessé à nouveau. Même si elle risquait de se perdre en distraction ainsi que d'agir avec beaucoup d'impulsivité une fois devant l'ennemi, Arianna savait aussi qu'elle aurait sa revanche, peut importe le prix à payer. Et William l'aidait, bien que ce fut inattendu elle avait eu son soutien, même si elle se doutait qu'avoir évoqué Maximilian avait fait pencher la balance en sa faveur. On pouvait dire que tout se passait bien, aucune accroche ni rien. Malgré leur première rencontre peu amicale les deux semblaient avoir enterré la hache de guerre. Lorsqu'en parlant de comment viser William évoqua le moment où il l'avait poignardé. Elle haussa un sourcil, était-il sérieux, pensait-il vraiment qu'au moment où il l'avait poignardé dans l'estomac elle pensait à comment s'était-il positionné pour faire ça. Elle réalisa alors la différence entre les citoyens revanchards et les ombrageux, ceux de la guilde avait un sang-froid légendaire pour faire ça.

Elle baissa le regard, elle n'aimait pas la façon dont il évoquait ça si gentiment avec un sourire moqueur. Elle avait frôlé la mort ce soir-là, elle avait passé des semaines à se sentir totalement inutile car elle devait attendre que sa plaie se referme, elle avait même du être secourue par une noble lorsqu'une fois sa blessure s'était rouverte alors qu'elle était seule. L'avoir poignardé avait causé beaucoup de problèmes à Arianna et parler de ça comme si c'était une bonne vieille blague l'avait indéniablement vexée.

- « Non, le pragmatisme n'est pas vraiment mon fort, surtout quand il s'agit de se dire d'observer les mouvements de celui qui est en train de te poignarder » dit-elle avant de remarquer que son ton avait été un peu sec « Désolée, c'est juste que je voudrais éviter ce sujet, ça m'a causer beaucoup plus de soucis qu'avoir frôlé la mort et...je veux pas encore devoir penser à un autre stupide drame. »

William n'avait pas vraiment attendu de voir sa réaction, il saisissait déjà sa lame et se mettant face à un arbre il lui montra comment lancer. Et à voir celui de l'ombrageux elle était loin de la perfection, lui c'était un tireur d'élite si l'on peut dire ça comme ça. Il était rapide et précis, elle était loin du compte pour sa part. Il alla récupérer son arme plantée au plein centre du tronc et se retournant vers elle il lui dit que c'était à son tour.

- « A moi »

Elle se plaça là où s'était mit l'ombrageux plus tôt. Elle n'avait à vrai dire jamais visé avec une arme de sa vie. Lors de sa période illégale au village elle avait certes une dague mais elle n'en avait eu qu'une, alors la lancer sur un gardien et prendre le risque de finir désarmer, non merci. Et quand elle avait eu à faire aux gardiens ce n'était pas à distance. Elle tenta d'imiter les gestes de son mentor, c'était plutôt pitoyable il fallait l'avouer. Elle était surement la pire élève qu'il n'est jamais eu de tout son parcours d'ombrageux. Elle lança, la lame se planta dans l'écorce, pas en plein centre, loin de là, si le tronc avait été moins large de six centimètres elle aurait loupé son coup. Elle se tourna vers William et alla récupérer son arme.

- « Ça n'est pas encore au point je l'avoue. »

L'Ombrageux avait bien relevé que sa remarque à propos de la Lune de Sang n'avait pas fait plaisir à Arianna, et c'est pour cette raison qu'il avait enchaîné avec la démonstration. Il avait été maladroit et son esprit perfectionniste et exigeant ne le supportait pas : donc il passait outre cette petite gaffe. Il observa avec satisfaction que l'esclave ne s'étendit pas non-plus dessus et se dépêcha de se mettre à l'œuvre. Elle se plaça très bien pour une débutante, il y avait quelques petites choses à améliorer mais c'était plutôt pas mal. Son geste fut rapide mais un peu imprécis : la lame se ficha bien dans le tronc mais à plusieurs centimètres du centre.
William avait toujours été extrêmement exigeant avec lui-même et avec les gens dont il savait qu'on pouvait attendre des choses de bonne qualité ; même si jusqu'ici ses rapports avec son élève du jour n'avaient pas été très amicaux, il l'estimait et ne doutait pas de ses capacités. C'est donc pour cela qu'il la corrigea aussitôt.

« - Pas mal pour un premier lancer. » commença-t-il d'un air approbateur. « Mais il faut que tu revoies un peu ta position et que ton geste soit plus précis. Tu vises un peu à côté, et tu risquerais de rater ta cible. »

La critique était tellement habituelle chez lui qu'il ne prit conscience qu'après ses paroles qu'il était peut-être un peu dur et un peu exigeant pour une première leçon. Se rattrapant comme il pouvait, ila ajouta donc :

« - Mais la force du lancer est déjà là, c'est un très bon point. Et pour une débutante, tu t'en tires très honorablement. » ajouta-t-il franchement.

Le jeune homme esquissa un petit sourire et fit quelques pas vers le tronc d'arbre qui leur servait de cible. La marque laissée par la dague de la jolie brune était perpendiculaire au sol et bien nette, ce qui était très important si on voulait blesser au point de tuer. Il n'avait peut-être pas paru très encourageant, mais c'était dans sa nature et derrière sa surface de professeur insatisfait il était presque impressionné. Ce n'était pas pour autant qu'Arianna pourrait se reposer sur ses lauriers :

« - Bon, il y a encore du travail. » déclara-t-il d'un ton ferme. Il s'approcha de la jeune femme et se plaça à côté d'elle. « Tu n'as pas tout à fait la bonne position pour ton lancer. Regarde, il faut que tu sois mieux campée sur tes jambes. Ton épaule ne doit pas bouger, ou alors à peine, c'est ce qui fausse la trajectoire. Et surtout, tu dois arrêter ton bras à la parallèle du sol, sinon la lame plonge. »

Tout en expliquant, il illustrait avec des gestes pour faire en sorte qu'elle comprenne vraiment bien. Il s'étonnait lui-même par ses explications, lui qui n'avait jamais enseigné quoi que ce soit à qui que ce soit trouvait les bons mots et repérait les défauts avec l'œil d'un professeur exercé.

« - Bon, allez, à toi. » lança-t-il, et tandis qu'elle se mettait en place, il pivota pour la corriger. « Non, pas comme ça ton bras, ici, voilà... » murmura-t-il en plaçant lui-même son bras. Ses gestes étaient très neutres et il était tellement concentré qu'il en oubliait quel avait été leur dernier contact physique, juste avant qu'il ne la blesse.

Elle saisit le manche de son arme et d'un coup sec elle dégagea la lame plantée dans l'écorce tandis que son mentor d'un jour la gratifia que ce n'était pas si mauvais pour une première fois. Certes pas mauvais mais pas suffisant. Elle n'avait pas non plus trente-six lames cachées par dessous son manteau et qu'elle pouvait en abandonner une, elle n'en avait seulement q'une et elle ne pouvait pas se permettre un raté. Elle s'était lancé dans une quête dangereuse où la moindre erreur sera sa dernière erreur. Elle ne voulait donc pas être ménagée, mais ce ne fut plus le cas dès que William reprit la parole. Il lui dit qu'elle devait revoir sa position, et sa précision, il lui rappela ensuite que si elle viser un peu sur le côté c'était raté. Et il avait raison de lui faire cette critique, il ne fallait pas la bichonner même si c'était sa première leçon de lancer d'arme et la première fois qu'elle retouchait à une arme d'entraînement depuis ses douze ans en fait. Cela faisait un bon paquet d'années en conséquences. Avant qu'elle ne puisse dire quoique se soit il sembla réaliser qu'il était très direct et tenta de se rattraper en disant que la force du lancer était un bon point et que pour une débutante elle se débrouillait bien. Il esquissa un sourire, assez étonnant de sa part, c'était bien la première fois qu'elle le voyait se dérider un peu puis il se rendit vers le tronc et sembla observer un court instant la marque laissée par le tir de la brune.

Il déclara alors d'un ton ferme qu'il y-avait encore du travail. Ah ça oui ! Il s'approcha alors de la jeune esclave et se poste à côté d'elle tout en lui expliquant comment revoir sa position. Se camper sur ses deux jambes, garder ses épaules les moins mobiles possibles car sinon ça fausserait la trajectoire et arrêter son bras en parallèle au sol afin que l'arme ne plonge pas pointe vers la terre. Voilà ce qu'elle avait retenue, mais entre la théorie et la pratique il y-avait un certain fossé.

- « Ok, j'ai compris, enfin je crois. »

Elle était sûre d'elle concernant ses désirs de vengeance, mais quand on passait à la technique elle se savait loin d'être douée et lors de cette leçon elle était beaucoup moins sûre d'elle concernant ses capacités, elle n'était pas vraiment du genre à se reposer sur ses lauriers, certes elle avait sa fierté et son ego comme tout le monde et parfois cet ego pouvait lui valoir de l'ouvrir beaucoup trop, mais pas ici.

Il la gratifia d'un « - Bon, allez, à toi. » pour qu'elle retire une seconde fois. Avant même qu'elle ne tire il la corrigea, elle n'avait visiblement pas encore saisit la subtilité dans la position à prendre. Il lui prit le bras pour le positionner correctement, le contact était étrange. La dernière fois qu'elle avait eu un contact avec lui, physiquement parlant, c'était quand il l'avait poignardé, pas vraiment un bon souvenir. Mais malgré une certaine appréhension elle tentait de se raisonner en se disant qu'elle devait avoir confiance en lui et qu'il ne la blesserait pas à nouveau, enfin elle l'espérait. Elle ravala sa peur en se raisonnant, il n'allait rien lui faire, elle n'était pas là en ennemi contre lui cette fois-ci, il n'avait aucune raison de lui faire du mal et pourquoi l'avoir aidé s'il voulait vraiment la blesser de toutes manières. « Non, pas comme ça ton bras, ici, voilà... »

Elle tira, c'était mieux. Loin d'être parfait encore mais mieux. Elle alla aussitôt reprendre son arme et retirer. Elle expira un bon coup et se repositionna avant se relancer son arme, cette fois-ci elle était proche du centre. Elle esquissa un sourire satisfait en échappant un - « Oui ! » de satisfaction. Elle avait finalement réussi à approcher de la cible, pas encore ça mais déjà pas mal. Elle se retourna vers son mentor d'un jour pour voir ce qu'il en pensait.

Arianna, dont la position corrigée était maintenant impeccable, tira une seconde fois. Son professeur put admirer la force et la précision de son lancer, avec un peu d'étonnement d'ailleurs. Certains signes ne trompaient pas, elle ne savait pas lancer des lames, mais d'autres laissaient à penser qu'elle en avait déjà maniées. Son aisance faisait partie du second groupe.
William ne fit pas un mouvement et attendit qu'elle aille récupérer son arme et se replacer pour tirer à nouveau. Le second lancer était nettement meilleur que le précédant et il ne doutait pas que le troisième approcherait du bon résultat. Effectivement, la lame alla se planter à quelques petits centimètres du centre et la jeune femme extériorisa sa joie par un petit « Oui ! » satisfait. Cette interjection arracha un sourire amusé à l'Ombrageux - décidément, il souriait beaucoup avec Arianna - qui s'éloigna de quelques pas avant de se retourner vers elle.

« - Tu progresses vite » déclara-t-il de son timbre neutre et froid. Il était content de son élève mais avait décidé de tenir les manifestations de fierté à distance. Il était hors de question qu'il se prenne à des démonstrations de quelque sentiment positif que ce soit avec l'esclave. Rappelons que monsieur se voulait indifférent en toutes circonstances. « Maintenant que tu as la bonne position, il faut t'entraîner seule. Tu n'as plus besoin de moi pour ceci. »

Il planta ses yeux bleu glacé dans ceux de la jolie brune. Malgré son désir de se montrer impassible, il souhaitait tout de même qu'elle comprenne sa satisfaction. Après tout, il n'avait pas à s'en faire, elle n'était pas du genre à se vexer pour rien. C'était peut-être pour ça qu'il l'appréciait plus qu'une de ces petites nobles pourries gâtées : elle avait le sens de la vraie vie, le quotidien difficile, les gens parfois malveillants. Lui-même avait fait partie des gens qu'elle détestait le plus, et il espérait au fond de lui que ce ne serait plus le cas après cette leçon. Se dégageant de ses pensées, il secoua légèrement la tête.

« - Maintenant, on peut essayer le tir à l'arc. Ça te donnera plus de sécurité parce que tu pourras être à distance et ton adversaire ne pourra t'attraper. Le problème c'est qu'il faut très bien viser si tu veux le tuer, car si tu rates les organes vitaux il n'a qu'à arracher la flèche et aller se faire soigner. »

Le jeune homme essayait d'être aussi précis et clair que possible dans ses explications, il voulait donner toutes ses chances de réussite à Arianna. Ses raisons de ne pas accepter quelques minutes auparavant n'avaient pas tenu non pas à cause des arguments de la jeune esclave mais surtout parce qu'il avait envie de se racheter et qu'il comprenait sa cause, même si, encore une fois, il ne l'aurait jamais avoué.

© Fiche par Hailey J. Kingston pour Expiation exclusivement

L'esclave et l'ombrageux restaient silencieux la plupart du temps et leurs échanges se minimisaient aux conseils et reprises lorsqu'elle se trompait. Cependant l'esclave remarqua les quelques sourires de son professeur, notamment quand elle réussissait son coup. L'ombrageux gardait constamment un ton neutre comme s'il se refusait d’extérioriser un quelconque sentiment, impassible en toutes circonstances. Arianna se fit remarquer que ça ne devait pas être drôle tout les jours au camp des ombrageux mais William lui rappelait une personne de son passé, son père. Ils n'avaient en commun que leurs sérieux légendaire et ce refus de se dévoiler mais au final c'était déjà une ressemblance flagrante. Elle secoua la tête, chassant cette pensée. Elle ne voulait pas ressasser le passé, et son père lui avait mentit trop de fois pour qu'elle le garde avec une aussi haute estime en elle, il avait été loin d'être le père de l'année, ou même le père du jour. Il avait été tout sauf ça. Il l'avait laissé de nombreuses fois ne revenant que plusieurs jours plus tard alors qu'elle n'était qu'une fillette, ce n'est que la veille de sa mort qu'elle avait apprit quelques vérités sur lui, et après sa mort elle en découvrait de plus en plus, et c'était de moins en moins flatteur, une moitié de vie passé en temps que noblion n'est guère bien beau pour un villageois et un ombrageux qui plus est.

Elle fut ramenée à la réalité par William qui lui dit qu'à présent qu'elle savait les bases pour le lancer elle s'entraînerait seul. L'ombrageux planta son regard dans le sien et l'esclave soutint ce regard, elle n'avait jamais été du genre à détourner les yeux quand quelqu'un la fixait, ah ça jamais. Il proposa alors le tir à l'arc, une bonne arme c'était indéniable, sauf qu'Arianna n'avait pas accès à ce genre d'arme. Certes Maximilian avait été forgeron et les armes il en a mais il ne savait rien des desseins de la brunette alors elle se doutait bien qu'elle n'aurait à disposition que ces armes personnelles, soient le poignard. Alors un arc... Il lui expliqua les avantages de l'arc pour la sécurité bien qu'il fallait être très précis afin de ne pas rater son coup, sinon la victime n'avait qu'à aller se faire soigner et il reviendrait tout pimpant. Elle resta silencieuse quelques instants avant d'expliquer le petit hic dans le programme.

- « Mais je n'ai pas d'arc, et je doute que tes semblables acceptent que tu livres en armes une petite esclave sans valeur » Elle marqua une pause avant de reprendre d'un ton neutre « Et tu ne seras pas là pour me tenir la main, de toutes manières une esclave rebelle escortée par un tueur professionnel, autant signer notre arrêt de mort. »

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Arianna ne semblait absolument pas convaincue par la proposition de son mentor de jour, utiliser un arc. Elle avançait que les membres de la Guilde refuseraient qu'il lui prête une arme, à elle, « une petite esclave sans valeur ». Sous son visage de marbre, William était étonné de la manière qu'elle avait de se dévaloriser, après tout elle ne manquait pas de qualités et savait se montrer très fière dans certaines circonstances, alors pourquoi ?
Surtout qu'elle semblait se faire beaucoup d'idées sur les Ombrageux, certes ils n’accueilleraient pas très bien une esclave mais n'étaient pas tous des brutes sanguinaires qui avaient un grief contre tout le monde. Et puis depuis quand la fougueuse jeune femme se souciait-elle de l'opinion des autres ?
Pour couronner le tout, si ses compagnons en étaient restés au point où ils en étaient lorsque William les avait quittés, l'arrivée d'une esclave pourrait très bien passer inaperçue, juste le temps d'attraper un arc et de repartir.

L'Ombrageux hésita quelques instants, ne souhaitant pas embarquer son élève dans un tournant qu'elle ne voulait pas prendre, mais d'un autre côté il ne savait pas quoi lui enseigner d'autre, les armes restantes étant à feu et difficiles à se procurer. Il décida donc d'insister un peu sur son idée de départ :

« - Ce que tu avances sur ceux que tu nommes mes semblables n'est pas forcément vrai, surtout quand on sait qu'ils sont occupés à débattre du camp à qui ils vont prêter allégeance. » répondit-il très calmement. « Et je pense que tu peux très bien te débrouiller sans moi.. »

Comme souvent lorsqu'il avait besoin de réfléchir et qu'il était confronté à des situations embarrassantes, le jeune homme fit quelques pas, les mains croisées dans le dos, la tête baissée. A vrai dire, il lui semblait que cette affaire lui était trop importante. Dans un cas normal, déjà il n'aurait pas accepté d'aider une esclave rebelle et en plus il se serait contenté de lui apprendre les bases, sans se triturer le cerveau pour savoir quelle était la meilleure arme. Alors, que se passait-il ?

« Écoutes, je n'ai pas non plus des tonnes de choses à t'apprendre et un large panel d'armes à te proposer. Tu t'en sors plutôt bien avec un couteau mais il faut se donner plusieurs possibilités, et l'arc me paraissait être intéressant. Après, si tu n'es pas plus motivée que ça je ne vais pas te forcer. » acheva-t-il d'un ton un peu trop sec.

Encore une fois, il ne pensait pas qu'Arianna soit facilement blessée ou vexée, et si c'était le cas elle dissimulait bien son jeu. Au début, il avait été presque trop gentil dans sa volonté de ne pas lui faire peur, mais elle ne devait pas oublier à quel camp il appartenait. L'effroi n'était pas un sentiment agréable à lire dans les yeux des autres, mais l'Ombrageux appréciait le fait d'être respecté. Non pas que la jolie brune soit insolente, mais il souhaitait vraiment garder une marge de manœuvre et rester neutre et à distance de tout rapport amical ou affectueux. Après tout, il n'était pas là pour se faire aimer mais pour lui enseigner à tuer, chose qui n'avait rien d'anodin.

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Plissant les yeux, je regarde les nuages passer pour me changer les idées. Je me sens mal de laisser Aria dans le Temple, mais je ne vois vraiment pas en quoi je peux aider. Une blessure pareille, seul le temps pourra la guérir. Je baisse la tête après que des tâches commencent à danser dans mes yeux. Le soleil brille fort dans le ciel, je devrais peut-être me mettre à l'ombre. Merde ! Je me disais bien que j'avais oublié quelque chose ! Je suis sensé rejoindre une infiltré de la Guilde près du bosquet pour échanger des informations..Avec tout ce qui s'est passé récemment, j'avais complètement zappé ce rendez-vous.. Roulant des yeux à ma mémoire de poisson rouge, je me détache du mur du Temple et rentre dans le bâtiment pour prévenir Aria. Sauf qu'elle n'est plus la. Je sens une vague d'angoisse me remonter tout le corps. Elle était bien la, je n'ai pas rêvé ! Elle a du partir par une autre sortie, ou alors je n'avais pas fait attention..Où peut-elle être ? La connaissant, elle a du s'attirer des ennuis. Je secoue la tête. Elle ne changera jamais.

Essayant d'enfouir le sentiment de stress qui s'est installé depuis que je la connais, et qui n'est jamais parti depuis, je me dirige vers le bosquet. L'air est toujours moite, mais au moins on est à l'ombre. Je doute fort que la personne s'est déplacée après l'annonce de l'arrivée de Katarina, mais on ne sait jamais. Un détail me fait froncer les sourcils. Ce que je prenais pour des bruits quelconques de la forêt me font plutôt penser à des humains. Y'aurait-il des jeunes gens pas très subtils ? Un léger sourire se forme sur mes lèvres, jusqu'à ce que j'entende les voix. Je m'arrête à l'instant, priant pour que je ne me trompe. Mais je reconnaitrais ces voix entre mille. Paniqué, je fonce à travers les taillis, découvrant un spectacle... inattendu.  

Aria et William, arc à la main, qui discutent. Tout simplement. Pas d'insultes, pas de menaces, aucune tension. Alors la je ne comprends plus rien. Mon regard se dirige vers un arbre un peu plus loin, couteau planté au milieu. Mais qu'est-ce que ?

- Est-ce qu'on peut me dire ce qui se passe ici ?

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L'esclave commençait à réaliser qu'elle ne connaissait pas la guilde, elle ne se fiait qu'à ce qu'elle savait sur son père qui en avait été un, mais comme le faisait si bien remarquer William elle avançait beaucoup sur les ombrageux sans vraiment savoir. L'ombrageux ajouta d'ailleurs que ses semblables étaient trop occupés à débattre pour savoir à qui ils prêteraient leur allégeance. La brunette haussa un sourcil, elle n'arrivait pas à imaginer que des ombrageux puissent penser une seconde se rallier à Vivendale, Katharina était le souffle de liberté que tous les opprimés attendaient depuis des années. William rajouta alors qu'il pensait qu'elle pouvait très bien se débrouiller sans lui, cette remarque la tira de ses pensées sur l'arrivée imminente de Katharina. Elle réalisa alors l'ironie de la situation, elle s'apprenait à tuer l'autorité actuelle alors qu'une reine étrangère débarquerait bientôt avec au moins mille hommes pour renverser cette même autorité.

Elle s'extirpa de ses pensées concernant Katharina et l'armée qu'elle conduisait droit sur le Mur, seul l'avenir savait si l'impératrice étrangère passerait ou non l'imposant mur érigé pour protéger l'Enclave de toutes attaques quelconques. Elle se laissa convaincre par William de tenter l'arc malgré le ton un peu sec de ce dernier, et puis si elle s'en tenait aux propos de son professeur il pourrait peut être lui dégoter un arc sans que les autres ombrageux s'en rendent compte. L'ombrageux lui en tendit un et avant même qu'il ne puisse lui indiquer la meilleure façon pour tirer avec cette arme ils furent interrompus. Maximilian sortant en trombe des taillis, son visage surpris aurait presque fait rire Arianna si elle ne réalisa pas aussitôt qu'elle venait de se mettre elle et William dans le pétrin. Maximilian ne serait jamais d'accord avec les desseins d'Arianna et il en voulait terriblement à William depuis la lune de sang alors qu'il l'aide à tuer. Max n'allait pas bien le prendre, pas besoin de lire dans les étoiles ou d'être un devin pour le savoir. Elle se retourna vers William mais à son regard l'esclave devina qu'il lui laisser la charge de leur défense devant Max.

- « Hmh...Embarassant » commença-t-elle en trépignant sur place. Elle ne savait vraiment pas par où commencer et visiblement pour les explications elle était seule à devoir faire face à Maximilian, après tout c'était son idée et donc sa responsabilité, « Max, il s'est passé un tas de choses depuis que tu es partis du temple. »

Elle ne savait pas comment tourner ça. Certes après son départ il s'était passé assez pour qu'elle passe du stade prostrée dans sa tristesse à élève pour devenir une tueuse afin d'abattre l'autorité, certes c'était une évolution assez rapide et inattendue bien qu'en y repensant théoriquement peu d'événements étaient arrivé. Après que Max soit sortit du temple elle n'avait pas encore fait un seul mouvement jusqu'à que Derek Mikaelson la relève. Après ça elle n'avait pu supporter la vue du sang de son ami par delà tout le temple et elle était sortit à son tour. Là elle était restée près du corps d'Edwin jusqu'à réaliser la présence de William, et la vue du corps de son ami l'avait poussé à prendre la décision de sa revanche. Et maintenant, elle était au beau milieu de la situation la plus embarrassante de l'année entre son ex-pire ennemi devenu professeur d'armes d'un soir et son meilleur ami pour qui elle risque de devenir la pire déception du monde.

« Les faibles sont constamment à la merci de l'autorité, et les gardes sont devenus hors de contrôles, faisant ce qu'ils veulent, tuant qui ils veulent, donc je vais les traquer et les tuer, ne serait-ce que pour venger tout ceux qui ont comptés pour moi et qui repose six pieds sous terre par leur faute » Elle cachait son appréhension de décevoir son plus proche ami en tentant de relativiser et en prenant un ton le moins grave possible, la fin de son explication allait d'ailleurs quasiment tournait dans le moins sérieux au possible « Et il s'avère que malgré nos différents William a accepté de m'initier, histoire que je ne finisses pas tuer avant même de commencer, voilà pour la version courte » Elle lança un regard vers Wiliam et se retournant vers Max elle lui accorda même un sourire, bien qu'elle avait presque peur de la réaction de ce dernier.

© Fiche par Hailey J. Kingston pour Expiation exclusivement

C
'est marrant comme une situation peut basculer aussi vite. Jusqu'à maintenant, j'avais toujours considéré avoir été chanceux. J'aurais pu être mort, torturé, toujours au village. Je me balade bien vivant dans l'enclave, et même si la situation actuelle n'est pas très prometteuse pour l'avenir, je m'estime heureux. Sauf que j'ai l'impression que le destin vient de m'envoyer une gifle en pleine figure. Je ne sais pas si c'est ce qu'on est sensé ressentir dans une telle circonstance, mais mon estomac est serré, tout comme ma gorge, et une vague de déception m'envahit. Les sourcils froncés, je penche la tête, n'ayant pas très bien compris. Aria veut tuer des gens ? Et a demandé à Will de l'aider ? ET WILL A ACCEPTE ?? C'est une blague.

Voyant la mine d'Aria, souriante mais désolée, je me rends à l'évidence. Elle l'a fait. Elle s'est alliée avec son presque assassin. Et lui, lui il avait accepté. Quand je pensais qu'elle s'était attirée des ennuis, je m'étais attendu à tout, sauf à ça. C'est simple, cette idée parait tellement invraisemblable que je me retiens de rire soudainement. Mais non, c'est tellement stupide et dangereux que c'en est typiquement Aria.

C'est une minute après l'explication d'Aria que la colère survient. Tout le stress des jours passés s'est accumulé, et ne demande qu'à sortir. Mais qu'est-ce qu'elle pensait ? Toujours silencieux, mon regard se tourne vers Will. Je secoue la tête. Il avait faillis la tuer, et il l'aide au risque qu'elle se fasse tuer pour de bon ? Je me sens trahi.

- Ne le défend surtout pas, Arianna. Vous êtes tous les deux des adultes responsables, et très conscients de vos actes. Je n'ai en aucun cas le droit de vous dire ce qui est bien ou mal, mais maintenant je commence à douter sérieusement du choix de mes amis.

Ma voix est froide, monotone. Les yeux fixés sur le couteau toujours planté dans l'arbre, j'ai l'impression de parler dans le vide. Comme si le monde s'effondrait autour de moi. Je ne vois jamais les choses venir, c'est fou. J'aurais du m'en douter. Aria n'allait pas rester les bras croisés et pleurer son ami comme chaque personne sensée le ferait. Oh ça non. Il fallait encore qu'elle se forge un plan d'attaque, car la revanche, il n'y a que ça de vrai.

- As-tu pensé à ce qui adviendrait après ? As-tu seulement pensé qu'il y avait peut-être d'autres gens qui préfèreraient ne pas te voir flirter avec la mort ? Et toi,

Je me tourne vers Will, l'incompréhension et la colère perçant ma voix.

- Comment tu as pu accepté me dépasse. Tu connais son caractère, tu as faillis la tuer bon sang ! Et c'est comme ça que tu espère te racheter ? En faisant exactement la même chose ?

Je ne m'attends pas à une réponse.

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Lorsque Maximilian avait surgi des fourrés environnants, chose à laquelle il ne s'attendait pas, William eut l'impression de recevoir un coup de couteau dans le ventre. A son habitude, il dissimula parfaitement ses sentiments et son visage resta impassible et immobile. Son ami s'arrêta près d'eux et n'eut qu'une seule phrase, la seule qui pouvait lui venir : « - Est-ce qu'on peut me dire ce qui se passe ici ? »
Son timbre était parfaitement contrôlé mais on pouvait y déceler son incompréhension et l'appréhension de la réponse d'un des deux coupables. Lui-même s'abstint de répondre, laissant Arianna s'expliquer. On pouvait lui reprocher d'avoir accepté, mais cela venait après et c'était tout de même elle qui était à l'origine de leur présence commune ici. Pendant que la jolie brune se justifiait comme elle pouvait, il se demanda, dans le sens inverse, ce que le jeune homme faisait là. Par hasard, il passait et il avait fallu qu'il se dise "Oh, tiens, allons faire un tour par le bosquet ?". Manque de chance.

L'Ombrageux reporta son attention sur la jeune esclave, qui fit un magnifique détournement de sujet en expliquant que les faibles étaient constamment à la merci de l'autorité, pour revenir sur ce qui les préoccupait en avouant ses desseins de vengeance. A sa propre surprise, elle resta très neutre à son propos en disant simplement qu'il avait accepté de l'aider. Les commissures de ses lèvres se relevèrent légèrement, un très court instant, avant qu'il se rappelle de la réprimande qui n'allait pas tarder. Les émotions se mélangeaient déjà dans son esprit, partagé entre la culpabilité et une sorte d'agacement provoqué par sa fierté.

« - Comment tu as pu accepter me dépasse. Tu connais son caractère, tu as failli la tuer bon sang ! Et c'est comme ça que tu espère te racheter ? En faisant exactement la même chose ? »

Ah, cette fois la confrontation était inévitable, de toute façon Arianna n'aurait pas pu le défendre tout le long de la conversation, et d'ailleurs il n'en avait pas besoin. Juste, là, tout de suite, les mots ne venaient pas. Il ne répondit pas immédiatement et laissa plutôt ses prunelles claires errer dans le vide, détailler le visage de la jeune esclave, puis passer sur celui de Maximilian qui semblait profondément troublé.

« - Oui, c'est comme ça que j'ai décidé de me racheter vis-à-vis d'elle. » commença-t-il d'une voix dans timbre qui se voulait parfaitement contrôlée. « Elle m'a demandé de l'aider à se venger de ceux qui l'ont fait souffrir. J'ai commencé par refuser avant de penser que ce serait une manière comme une autre de lui prouver que je n'étais pas une brute sanguinaire et impulsive. »

Pendant que l'Ombrageux parlait, il avait fixé ses yeux dans ceux de son ami comme si ses mots lui étaient uniquement destiné. Avouer qu'il avait aidé Arianna en partie dans le but de se racheter était difficile pour lui, le fier et orgueilleux William. Il aurait voulu que Max comprenne à quel point c'était un signe fort de sa part. La culpabilité des premières minutes avait disparu et maintenant il ne comprenait pas pourquoi il aurait du s'excuser auprès du jeune homme.

« - Ce qui s'est passé à la Lune de Sang est regrettable, mais comprends bien que ce n'est pas auprès de toi que je dois m'excuser ! Ce n'est pas toi que j'ai blessé, Max ! Arrête de couvrir Arianna comme si tu étais son père, elle fait des erreurs comme tout le monde et c'est comme ça qu'elle va apprendre la vie ! »

Le début de la phrase avait été très calme, mais sa voix s'était élevée pour la suite, l'agacement ayant pris le dessus. Il comprenait pourquoi Max protégeait la brune, parce que ses erreurs pouvaient lui coûter la vie, mais là il jouait les papas poule !
Il se rappela ensuite de la réflexion de ce dernier sur le choix de ses amis, et cela lui fit l'effet d'un second couteau en plein cœur cette fois. Encore un mélange de sentiments, il se sentait extrêmement coupable et aurait tout fait pour ne pas perdre Max, mais ne supportait pas ces réprimandes, car il tenait au jeune homme mais voulait être accepté comme il était. Ce qui, soit dit en passant, n'était pas possible de la part de tout le monde.
Et là, William choisit de faire un geste, tenez-vous bien parce que ça ne se reproduirait plus jamais ; il se dévoila.

« - Max, je voudrais éviter de te perdre tant que cela est possible, mais je ne pense pas avoir de comptes à te rendre. Le geste que j'ai fait à la Lune de Sang était, je le redis, impulsif et regrettable mais si Arianna est venue jusqu'à moi pour me demander une telle chose, c'est qu'elle est plus ou moins passée au-dessus. Et c'est elle que j'ai blessée. »

Il s'arrêta là et déglutit tant l'effort de sortir ces mots avait été grand. Le jeune homme n'avait pas pour habitude de revenir sur ses actes, car même lorsqu'il avait des regrets il les oubliait bien vite. Tout le monde savait qu'il pouvait être défini par le simple proverbe « Carpe Diem » : William vivait dans le présent. Alors déjà, la veille, il avait du expliquer à une membre de la Guilde ce qui s'était passé, et aujourd'hui on lui demandait encore de rendre des comptes ! Il espérait que son ami comprendrait et qu'il pourrait redevenir l'Ombrageux de glace qu'il avait toujours été. Et surtout, que personne ne parlerait jamais à... disons, Rouge, au hasard, de cet épisode où il avait du montrer qu'il tenait à quelqu'un.

© Fiche par Hailey J. Kingston pour Expiation exclusivement

C
'en était presque touchant. Manque de bol, ce ne sont pas les excuses et la révélation de Will que je retiens. Je me suis figé au début de son discours, au moment ou il m'a accusé de réagir comme le père d'Aria. Ca m'a fait l'effet d'une douche froide, car effectivement, c'est bien l'impression que j'ai l'air de donner. Honteux, je ne me laisse néanmoins pas démonté. C'est dans ma nature de protéger les gens auxquelles je tiens. Ayant perdu ma mère très tôt, je n'avais que mon père, et il s'est toujours bien débrouiller pour me faire sentir aimé. Je sais bien que ce n'est pas un argument valable. Je connais rien de la vie de Will. Il n'a sans doute plus de parents, alors qui suis-je pour venir pleurer de mon enfance pas si gâchée que ça finalement.

- Je veux juste m'assurer qu'elle ne meure pas ! Est-ce si dur à comprendre ? Je sais que je ne peux pas me plaindre de ma vie oh combien luxueuse, mais des amis, je n'en ai jamais eu que deux, et voila qu'ils complotent dans mon dos ! Le pire dans cette histoire, c'est de ne pas avoir été au courant, et le découvrir ainsi...

Je secoue la tête. Je me sens blessé. Pourquoi ne pas m'en avoir parlé ? Et cette histoire de vengeance..toujours la violence, les règlements de compte. Cela ne s'arrêtera jamais ? Le Haut-Gouvernement condamne des innocents, la Guilde ne fait pas mieux, même sous son air de " délivrance ". Quant à Katharina, la prise de la ville ne se fera pas sans un bain de sang. Tous ces morts..

- Vous vous valez bien tout les deux. Et arrête de répéter que c'était un accident ! Je m'en doute bien, je t'avais déjà pardonné depuis un bon bout de temps. C'est juste le fait que cela se ramène toujours au même sujet. La violence. Je ne dis pas que parler va arranger les choses mais...il y a d'autres solutions.

Les larmes aux yeux cette fois, je regarde Will. J'assimile enfin ces dernières paroles. Il ne veut pas me perdre hein ? Il est bien parti pour.

- Je vous laisse. Vous n'avez plus besoin de moi de toute façon. Je ne sais même pas si j'ai envie de vous pardonner. J'espère néanmoins que ne vous ne crèverez pas dans la bataille. Tout ça n'aurait servi à rien.

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Comme souvent il fallait qu'évidemment une petite erreur de parcours finisse en catastrophe nucléaire. Visiblement la notion de normalité n'existait pas avec Arianna, il fallait que tout se saches et que rien ne se passe comme prévu, la moindre petite chose devait éclater au grand jour et devenir le drame de l'année. Elle voulait juste obtenir vengeance pour les siens mais à entendre Max elle avait l'impression qu'elle demandait le ciel et toutes les étoiles qui vont avec. Il ne lui accorda néanmoins pas toute sa rancoeur, au contraire il semblait plus en colère contre William que contre elle, pourtant c'était son idée. Elle était venu vers l'ombrageux pour lui demander son aide, il avait d'ailleurs refusé et elle avait presque du en venir au chantage pour qu'il accepte. Si quelqu'un était à blâmer en premier lieu c'était elle et personne d'autre. Cependant les mots de Max, une simple phrase de reproche, Arianna n'arrêtait pas de la retourner dans son esprit As-tu pensé à ce qui adviendrait après ? As-tu seulement pensé qu'il y avait peut-être d'autres gens qui préféreraient ne pas te voir flirter avec la mort ? Elle n'avait pas vraiment pensé à ça honnêtement. Elle était ainsi, à ne penser aux conséquences qu'après l'acte fait. Elle réalisa alors que par d'autres gens Max se désignait, qui d'autres de toutes manières, il était la dernière personne de son entourage à n'avoir pas fini égorgé quelque part sous la main d'un garde. Il tenait à elle, elle tenait à lui, leur amitié était née d'une façon peu commune mais aussi différents étaient l'ombrageux et l'esclave ils étaient liés c'était indéniable.

Elle n'eut pas le temps de digérer cette claque verbale que Maximilian retourna sa colère contre William, lui reprochant d'avoir accepter la proposition d'Arianna en connaissance de cause, car l'esclave n'était pas reconnu pour son calme et son impassibilité, au contraire elle était impulsive, insouciante et un vrai aimant à danger. Maximilian remit alors sur la table les événements de la lune de sang où l'ombrageux avait faillit la tuer, puis il s'énerva comme quoi ce n'était pas vraiment une façon de se racheter car elle finirait tuée. Elle haussa un sourcil surprise. Elle n'avait jamais vu ça sous cet angle, que William ai pu accepter pour se racheter, la simple notion de regret paraissait inexistante chez lui, la façon détachée qu'il avait eu quand il avait révoqué cet événement plus tôt, avant l'arrivée de Maximilian, ça paraissait impossible que William est un quelconque regret et un désir de se racheter. Elle n'aurait jamais cru ça si l'ombrageux n'avait pas alors confronté Maximilian en disant que oui il se rachetait ainsi. Il rajouta ensuite que c'était aussi une manière de prouver à la jeune femme qu'il n'était pas une brute sanguinaire et impulsive. Elle arqua un sourcil mais resta au demeurant muette, elle était surprise que l'ombrageux puisse ne serait-ce qu'un peu s'inquiéter de l'avis de l'esclave vis à vis de lui.


Alors là il fallait marquer ce jour d'une pierre blanche car Arianna n'avait rien à dire, elle ne savait pas quoi répondre. Mais cette absence de réponse passa inaperçu car Max et William continuait de débattre sur elle comme si elle n'était même pas à côté d'eux. Et là le drame, il avait fallu que William dise que Maximilian devait arrêter de couvrir Aria comme s'il était son père, il ajouta alors qu'elle faisait des erreurs comme tout le monde mais c'est comme ça qu'elle allait apprendre la vie. Elle se sentait troublée, c'était trop d'informations d'un coup là mais les deux hommes ne ralentirent pas le rythme pour autant, continuant d'évoquer la jeune femme comme si elle n'était pas ici. Et ô grande surprise l'ombrageux avoua non sans peine qu'il tenait à Maximilian et se refusait de le perdre, mais qu'il n'avait aucun compte à rendre et que si Arianna avait pu le pardonner pour la Lune de sang pourquoi pas Max aussi. Ce dernier monta le ton en disant qu'il voulait juste que l'esclave ne meure pas, bien qu'elle soit touchée par une telle attention elle ne comptait pas rester la demoiselle dans la tour de verre simplement pour éviter d'être blessée. Maximilian s'avoua alors profondément déçu et blessé, il voyait ça comme une trahison. Arianna ne comprenait pas en quoi, ce n'était pas comme s'ils avaient livrés Maximilian ou l'avait tourné en bourrique. Max paraissait vraiment déçu et Arianna s'en voulait pour ça, il était son seul ami. Alors que Maximilian avançait qu'il ne savait même pas s'il devait les pardonner et que de toutes façons il partait elle se décida d'intervenir.

- « Arrêtez de vous battre sur à qui la faute, par pitié, on sait tous que celle à blâmer ici c'est moi. William n'a rien à voir là-dedans, j'ai pratiquement encourue aux menaces pour le faire accepter il s'il ne l'a fait ce n'était que pour toi Max ! »

Le silence s'installa alors, l'esclave était restée étrangement silencieuse tout ce temps mais à présent elle comptait bien remettre les choses en ordre et réparer le bordel qu'elle avait causé d'elle seule.

- « Et accessoirement si vous pouviez arrêtez de parler de moi comme si je n'étais pas là, ce serait pas du luxe. » reprit-t-elle d'un ton calme avant de repasser aux choses sérieuses - « Et d'ailleurs pourquoi tu prends ça comme une trahison, certes mes desseins paraissent peu honorables mais ce n'est pas comme si on s'était retournés contre toi, si tu n'étais pas au courant c'est aussi car tu n'étais pas là, car petit rappel tu as fuis le temple juste après le massacre d'Edwin, qui était comme un frère pour moi au passage »


Elle baissa le regard, la mort d'Edwin ne remontait qu'à une affaire d'heures et c'était toujours aussi douloureux de l'évoquer. Elle venait de le retrouver et les minutes d'après elle le pleurait.

- Je vous laisse. Vous n'avez plus besoin de moi de toute façon. Je ne sais même pas si j'ai envie de vous pardonner. J'espère néanmoins que ne vous ne crèverez pas dans la bataille. Tout ça n'aurait servi à rien.

- « Et tu penses peut être que rester à ne rien faire en prônant la non-violence va taire cette sensation de culpabilité. Est-ce que tu sais combien de personnes j'ai vu mourir à cause de la cupidité de l'autorité, est-ce que tu sais combien je me sens coupable d'avoir croiser leur regard alors qu'ils agonisaient et n'avoir rien pu faire, est-ce que tu sais au moins combien ça fait mal même après des années il y-a constamment une douleur après une perte. Et là si je ne fais rien ça va me détruire, si tu veux m'enfermer dans un donjon pour me tenir saine et sauve très bien, mais avant laisses moi au moins venger ma famille, si c'était Garrett torturé sous tes yeux qui était mort tu saurais qu'au bout d'un moment on ne peut plus se contenter de pleurer »

Elle se tut un instant

- « Ce n'est pas une histoire de trahison, jamais je ne te trahirais et tu le sais, mais il faut me comprendre Max, je ne veux plus retomber dans une spirale d'auto-destruction car je me sens coupable de croiser les assassins de mes proches et de simplement baisser le regard en les voyant. Je ne veux plus être la pathétique enfant qui a peur d'affronter ses démons et qui commences à croire d'être maudite vu tout ce qui lui arrive, je vais affronter mes démons avant qu'ils ne me prennent la dernière personne à qui je tiens, avant qu'ils ne détruisent d'autres personnes comme ils m'ont détruit moi. » Elle releva son regard et le fixa dans les yeux - « Et P.S tu es cette dernière personne »

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Après avoir fini de parler, William s'était immobilisé en face de Maximilian et avait patiemment attendu la réponse, étant sûr qu'il y en aurait une. Il se sentait à la fois gêné d'avoir dévoilé une partie de ses sentiments devant son ami et Arianna et soulagé d'avoir réussi à montrer qu'il tenait à son amitié avec le jeune homme. Lequel pouvait très bien lui signaler que c'était un peu trop tard, mais au moins il l'avait fait et pour sa conscience cela représentait un bel effort. Malheureusement, cela ne parut pas concluant, et surtout son interlocuteur sembla profondément troublé par le fait de ne pas avoir été mis au courant. Il ajouta que la violence n'était pas solution à tout, ce que l'Ombrageux peinait à croire après des années passées au service de la Guilde, à voir que le Haut-Gouvernement n'hésitait pas à tuer des innocents. Certes, l'organisation clandestine faisait de même et il n'en était pas toujours fier. Mais son caractère impétueux l'empêchait de rester au Village les bras croisés, de passer sa vie à observer ces massacres, et de mourir la conscience dérangée par les regrets. Sur ce, Max annonça qu'il les laissait, et qu'il n'était pas sûr de les pardonner. Cela provoqua une vague de tristesse chez William, qui ne pensait même pas avoir été excusé de la soirée de la Lune de Sang et qui réalisait que tout était à refaire.
Ce qu'il ne comprenait même pas ! Pourquoi auraient-ils du tenir leur ami au courant de ce projet que de toute manière il aurait réprouvé ?

Le jeune homme s'apprêta à rattraper Maximilian, cela lui paraissait évident qu'on ne pouvait pas le laisser partir ainsi, mais Arianna s'en chargea et répondit à son tour. Encore une fois, à sa grande surprise, elle le défendit et encore plus fortement qu'au début, signifiant clairement qu'elle avait du insister pour obtenir ce qu'elle désirait. Puis, elle trouva exactement les mots pour exprimer au brun ce que lui-même aurait voulu dire, mais qu'il ne s'était pas permis : il aurait été au courant, si il avait été présent lors de la demande. Lorsqu'elle évoqua la mort de son ami, apparemment nommé Edwin, William comprit à quel point c'était douloureux pour elle. L'expression de ce deuil difficile à vivre qu'il connaissait bien passa sur son visage, rapidement mais suffisamment marquée pour pouvoir être remarquée.

L'Ombrageux s'attendit alors à ce que la conversation s'arrête là, mais à sa surprise (décidément, Arianna le surprenait de plus en plus !) elle reprit d'une voix qui se voulait ferme et assurée :

- « Et tu penses peut être que rester à ne rien faire en prônant la non-violence va taire cette sensation de culpabilité. Est-ce que tu sais combien de personnes j'ai vu mourir à cause de la cupidité de l'autorité, est-ce que tu sais combien je me sens coupable d'avoir croiser leur regard alors qu'ils agonisaient et n'avoir rien pu faire, est-ce que tu sais au moins combien ça fait mal même après des années il y-a constamment une douleur après une perte. Et là si je ne fais rien ça va me détruire, si tu veux m'enfermer dans un donjon pour me tenir saine et sauve très bien, mais avant laisses moi au moins venger ma famille, si c'était Garrett torturé sous tes yeux qui était mort tu saurais qu'au bout d'un moment on ne peut plus se contenter de pleurer »

Il n'aurait pas pu dire mieux. D'ailleurs il n'aurait juste pas pu dire quoi que ce soit, car il n'avait pas l'argument d'avoir vu des proches torturés, blessés, tués et ne pouvait donc pas défendre l'idée de vengeance de l'esclave. Lui-même avait également ce genre de desseins mais ne souhaitait en faire part à personne, même pas à son ami, et ils n'étaient pas motivés par les mêmes faits. Il devait bien l'avouer, Arianna parlait très bien lorsque elle était agitée par certaines émotions. Lui-même, toujours froid et impassible, aurait été convaincu. Ce n'était peut-être pas le cas de Max, vers qui il jeta un regard. Le jeune homme ne se dissimulait pas et la tristesse se lisait clairement sur son visage.

- « Ce n'est pas une histoire de trahison, jamais je ne te trahirais et tu le sais, mais il faut me comprendre Max, je ne veux plus retomber dans une spirale d'auto-destruction car je me sens coupable de croiser les assassins de mes proches et de simplement baisser le regard en les voyant. Je ne veux plus être la pathétique enfant qui a peur d'affronter ses démons et qui commences à croire d'être maudite vu tout ce qui lui arrive, je vais affronter mes démons avant qu'ils ne me prennent la dernière personne à qui je tiens, avant qu'ils ne détruisent d'autres personnes comme ils m'ont détruit moi. Et P.S tu es cette dernière personne »

Les paroles d'Arianna, encore plus que les précédentes, évoquaient des évènements dont William n'avait pas connaissance et sa propre présence lui semblait superflue et inutile. Pour peu, et s'il n'avait pas à discuter avec son ami, il serait parti et aurait laissé les deux régler leurs comptes. Plus elle parlait et plus il comprenait ses désirs de vengeance. Comme il l'avait senti dès le début, dès lors qu'elle était venue le chercher, ses mots réveillaient certaines sensations qu'il avait oubliées. Et il comprenait à quel point elle avait du souffrir et pourquoi elle était mue par une telle volonté.
A cet instant, il réalisa qu'il devrait choisir entre le fait d'accompagner la jeune esclave jusqu'au bout de son projet, et cela malgré les possibles reproches de Maximilian, et ce dernier. Sauf s'ils arrivaient à le faire changer d'avis, et à lui faire accepter la volonté d'Arianna. Il aiderait la brune, parce qu'il éprouvait un élan de compréhension envers cette femme qui avait tout perdu ou presque, et qui était tiraillée entre la seule personne qui lui restait et son besoin de faire payer le prix de la douleur à ceux qui lui avaient enlevé les siens. C'était un geste de sa part, car depuis son entrée dans la Guilde il n'avait plus l'habitude d'aider par simple envie, et surtout parce qu'il ne fallait pas qu'il perdre Max.

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A
ria parla, presque sans arrêter, et je n'ai rien pu faire qu'encaisser. Tout ce qu'elle a dit est vrai. Oui, j'ai fui après le massacre. Oui je ne resterais pas à rien faire si on torturait mon père. Et pourtant, ce n'est pas la même chose. J'aurais du rester près d'elle, au Temple, mais la voir si abattue, je ne pouvais pas le supporter. Je sais aussi que ça ne l'aurait nullement conforter. La tristesse restera toujours, et ne fera que diminuer, sans disparaitre complètement. Néanmoins, j'aurais du rester, effectivement.

La tirade d'Aria me fait presque regretter mes paroles. Presque. Je ne sais plus ce que je dois ressentir, tout se mélange dans ma tête. Je passe mon regard d'Aria à Will, de Will à Aria. J'ai l'impression d'être un enfant qui se fait réprimandé par ses parents. La scène est ironique, vu que Will m'accusait d'être le papa poule. Aria se tut, laissant la clairière s'imprégner de ses mots. La situation a vite changé, je ne m'attendais pas à de tel réponses. Je suis perdu.

La jeune esclave reprend, cette fois je me sens encore plus coupable. Elle est la seule personne qui me reste, à part mon père que je vois rarement, et je le suis aussi pour elle. Quel bel égoïste que je fais. Je baisse la tête, penaud. J'ai réagi sans réfléchir, ne pensant qu'à moi. Le truc dans l'histoire, c'est que je ne veux pas me retrouver tout seul. Voir mes amis mourir serait horrible, mais rester dans la solitude après...Je n'ose même pas l'imaginer. Je suis choqué par mes propres pensées. Finalement, c'est moi qui ne les mérite pas en tant qu'amis. Je relève la tête, les yeux mouillés.

- ...

Ma voix refuse d'obéir. J'ai accusé sans raisonnement valable, élevé la voix contre mes amis, pensé qu'à moi.

- Je suis désolé. Je ne sais pas ce qui m'a pris - menteur ! tu le sais très bien -, je..vais vous laisser vous entrainer. Si Will a accepté, je lui fais confiance..maintenant

Je me mords la lèvre, le regard dans le vague. Je refais demi-tour et m'éloigne, le coeur gros.

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William observa le jeune homme qui s'éloignait, la nuque basse, solitaire, non sans un malaise croissant. Son visage de marbre ne laissait échapper aucun ressenti mais la fin de cette discussion courte et agitée ne le laissait pas indifférent. Maximilian avait accepté les choix et les actes de l'esclave et son mentor du jour à contre-cœur et semblait totalement défait. Pourtant, la jolie brune avait trouvé les bons mots pour prouver à son ami à quel point elle tenait à lui. Le blond le laissait partir, à quoi bon essayer de le rattraper une seconde fois ? Mais au fond, une sorte d'inquiétude le saisissait : Arianna et lui étaient-ils allés trop loin dans leur désir de le convaincre du bien-fondé de leurs actions ? Lors de joutes verbales de la sorte, il ne retenait pas ses coups et ne pensait pas aux effets de ses mots ; mais il s'agissait d'un de ses rares amis, qu'il avait déjà blessé, déçu. Autant ne pas s'enfoncer encore plus.

L'Ombrageux quitta des yeux la silhouette qui rapetissait de plus en plus, pivota légèrement vers la jeune femme et dissipa ses interrogations. Il pourrait toujours retrouver le jeune noble plus tard et tenter de discuter avec lui. Comme cela a déjà été évoqué, il cueillait le jour présent et préférait traiter les problèmes le moment venu. Pour l'heure, deux choix se présentaient à lui : poursuivre l'enseignement du meurtre à la brune ou rejoindre la Guilde à l'orée de la forêt. La seconde solution était la plus agréable pour lui, mais consulter son « élève » était primordial avant de décider.

« Je crois que nous ne pouvons rien faire pour l'instant. » commença-t-il pour clore l'intervention de Maximilian, « Souhaites-tu que nous continuions le maniement des armes ? » 

Son ton était parfaitement neutre et il ne s'était pas attardé sur le jeune homme mais sa manière de passer à autre chose était de ne pas plus en parler. Si cela ne plaisait pas à Arianna, c'était tant pis il n'avait rien à prouver. De toute façon, la gêne qui planait entre eux depuis le départ de leur ami était palpable et l'esclave semblait aussi mal à l'aise que lui.

© Fiche par Hailey J. Kingston pour Expiation exclusivement