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It's not love, it's just strategy

Dante N. Knightley
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Sam 9 Mai - 14:49



It's not love, it's just strategy
— ft. Romane & Caliel —
Bien avant que le quotidien des habitants de Vivendale ne soit perturbé, les Nobles vaquaient à leurs occupations habituelles, mêlant ragots, mondanités mais également alliances. Tout deux Nobles très haut placés, Caliel et Romane se retrouvent en ce jour paisible et ensoleillé. L'Ombrageux infiltré est invité chez la jeune femme en compagnie de son tuteur afin d'arranger la question sensible de leur mariage. Point sensible des deux côtés, les deux futurs mariés semblent pourtant beaucoup moins réticents que leurs tuteurs. Après tout, des générations de menteurs et de manipulateurs ne peuvent produire que de parfaits acteurs.

Mais tout ça n'est pas à propos d'amour, mais de stratégie.


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Dezbaa
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Jeu 14 Mai - 15:07




Caliel F. Hopkins
— « Pour quelques gouttes de satisfaction. » —

Dans un certain sens, ce que Caliel s’apprêtait à faire pouvait paraître triste. Il avait décidé de se lier à une femme. Jusque-là, rien qui fût plus apte à briser les cœurs qu’à les faire fondre. Mais cette femme, aussi belle et charmante fût-elle, ne revêtait pas l’attrait insolite que l’amour donnait aux choses. Elle avait sans doute tout pour elle, tout pour beaucoup d’autres, mais rien pour lui. Sa présence n’éveillait aucun crépitement dans sa poitrine, n’allumait aucun feu au fond de ses yeux, ne lui faisait pas perdre sa contenance. Entre eux, il n’y avait et n’y aurait pas de sentiments ; ils ne seraient liés que par les chaînes dorées et scintillantes du mariage. Un simple accord officiel entre deux partis. Ce n’était pas à propos d’amour, mais simplement de complots politiques ; le pouvoir à celui qui s’y prendrait le mieux. A travers ces actes ne transparaissaient que son désir obsessionnel de vengeance ; ce démon qui le rongeait, corps et âme, depuis si longtemps, et qui ne demandait qu’à s’échapper pour exulter de liberté dans un monde dérégulé.

« Es-tu toujours sûr de ce que tu fais ? » Le regard jusqu’à présent rivé sur la vie qui s’égrenait à travers la fenêtre, le jeune homme releva la tête. A quelques mètres se tenait Georgio d’Altone. Droit dans ses bottes, vêtu élégamment – comme à son habitude –, il était déjà prêt à se rendre chez la demoiselle convoitée. Le jeune homme se leva. « Bien entendu. » Son plan était déjà tout tracé. Il n’avait omis aucun détail. Celui qui endossait le rôle de tuteur le toisa. Il savait que Caliel n’était pas quelqu’un de stupide. Seulement, d’année en année, le voile de la vengeance n’avait fait que s’étoffer peu à peu, couvrant son regard jusqu’à le rendre parfaitement aveugle, transformant le monde chatoyant en enfer opaque et terne. Il ne vivait plus que pour ça : faire payer au délateur la mort de ses parents. Lorsqu’il aurait désaltéré sa soif par le sang de son ennemi, illustre inconnu qui hantait ses nuits, il se chargerait probablement de retrouver ceux qui avaient liquidé son frère. Ce jour-là, sa seconde quête commencerait.

Et ensuite ? Il était impossible de prédire quoi que ce fût quant au futur de cet homme. Peut-être mourrait-il, vaincu par ce qu’il exécrait plus que tout au monde, avant d’avoir accompli ne serait-ce que la moitié de ses tâches. C’était une possibilité parmi tant d’autres – et c’était peut-être mieux que de se rendre compte de ce qu’il avait commis, et de chercher un nouveau but à sa vie, errant par monts et par vaux, en vain, homme honnis sans destin. « En faisant ça, tu traces une grande part de ta vie. » - « Hum… peut-être. » Le brun se leva. « Mais je ne suis pas attaché à Romane, et elle ne m’apprécie guère non plus. » Il se dirigea vers le porte-manteau et prit une veste qu’il enfila. « Et si elle éprouve tant de répulsion, tant mieux, mon indifférence n’en sera que moins blessante. Elle n’est qu’un moyen pour diluer les soupçons que je pourrais susciter et pour me permettre d’approcher ma cible. » Le vieil homme arqua un sourcil sculpté par l’incompréhension du mépris. « Certes. » Caliel lui jeta un coup d’œil. Un demi-sourire étira ses lèvres face à son expression. « Ce n’est qu’un petit jeu politique. Je ne pensais pas que ça pouvait encore te surprendre ! » - « Oh, ça ne m’a jamais vraiment surpris. Mais j'osais encore espérer que l’éducation dispensée aux membres de la Guilde allait à l’encontre de celle de tous ces oiseaux de basse-cour. » - « Autant s’adapter au monde dans lequel on vit. » Le problème ne tenait, en réalité, pas à l’adaptation de Hopkins, mais à sa complaisance. Cependant, Georgio s’abstint d’en faire la remarque ; remuer de tels sujets n’en valait pas la peine. « Certainement. Enfin, il est temps d’y aller. Ne nous faisons pas attendre. »

Le trajet se déroula en silence. Il n’y avait plus aucun mot à apposer sur la situation. L’ombrageux avait fait son choix, et il était absolument certain qu’il ne reviendrait pas dessus, quoi que pût lui dire son tuteur. Après quelques minutes de marche, ils arrivèrent devant l’imposante demeure de la famille Kinney. La bâtisse transpirait la richesse et l’opulence. Elle semblait aux yeux de Caliel encore plus fastueuse que les autres palais des beaux quartiers. Il glissa une œillade à Georgio, qui hocha lentement la tête. On les fit entrer, les débarrassant de leurs par-dessus. Puis, un serviteur vint à eux, et leur adressant quelques mots, les invita à le suivre jusqu’au petit salon. A chaque fois qu’il entrait dans une telle maison, le jeune homme ne pouvait s’empêcher de se réjouir en se disant qu’il passait inaperçu. Les nobles, enveloppés dans leurs draperies de soie, décorés de leurs bijoux aux pierreries exotiques, entourés par leurs meubles somptueux, ne se doutaient pas que, dans leur ronde fermée, dansaient des intrus, des êtres nés dans les feuilles et la boue, habitués au goût du sang et à l’amertume de l’injustice.

Ils débouchèrent dans la pièce où les attendait la riche famille. Le valet les présenta avant de se retirer. Georgio s’approcha du trio, et les salua en s’inclinant. « Ladies et Lord Kinney. » Se redressant, il continua : « Je suis ici en tant que tuteur de Lord d’Erëstz. » Il fit un geste vers le concerné, qui s’avança à son tour. « C’est un plaisir de vous revoir, Ladies et Lord Kinney. » leur adressa-t-il, un sourire affable sur les lèvres. Désormais, il n’y avait plus le droit au faux pas. Seuls les faux-semblants et les mascarades détenaient leur place dans cet univers confiné. En cet instant, c’étaient sourires et rires, c’étaient joie et bonheur ; c’étaient mensonges et leurres.


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Jeu 14 Mai - 16:35




Romane Mélyssa Kinney
— «  It's not love, it's just strategy » —

Aujourd'hui était le jour où la jeune femme signait son contrat de mariage. La cérémonie se ferait dans les semaines à suivre, probablement. Elle soupira et observa une dernière fois son reflet dans le miroir. Aujourd'hui elle n'était plus Romane, jeune femme solitaire et affirmée. Aujourd'hui elle redevenait Romane, fille de Sir Kinney, membre du Gouvernement de Vivendale, elle devait être sage et délicate. Légère et polie. Elle avait donc enfilé une petite robe légère et fluide, qui tombait jusqu'à ses chevilles. Mais le jupon n'était pas bouffant ou étoffé de plusieurs épaisseurs. Une simple robe sage et... trop simple en fait. Les cheveux lâchés, qui tombaient aléatoirement dans son dos, et sur ses épaules. Elle se trouvait bien trop différente pour porter ce genre de vêtement mais elle s'en contrefichait. Son but n'était pas de séduire Caliel, loin de là, elle voulait simplement s'assurer une place dans Vivendale pour son futur et pourquoi pas fonder une famille si jamais elle devait le faire. En vérité, ce mariage était un arrangement pratique pour son père. Elle, elle avait simplement un autre argument dans son éventail. Avoir un mari pouvait grandement aidé alors pourquoi pas, après tout? Caliel était gentil, mystérieux et séduisant.

« Nos invités sont là, Romane! » cria sa mère depuis l'étage inférieur. La jeune femme concernée sursauta légèrement et sortit de sa rêverie. Elle descendit les marche avec langueur, nullement pressée de rejoindre la pièce de théâtre qui se déroulerait là-bas. Elle allait devoir trouver un moyen de se distraire pour être sûre de ne pas paraître ennuyée. Elle arriva dans le hall d'entrée et tout les yeux se tournèrent vers elle. Elle arbora un minois adorable, orné d'une délicieux sourire aux lèvres délicatement colorées de rose clair. Elle s'avança dignement, ses pas semblant effleurer à peine le marbre du sol. Elle tendit la main avec élégance et les deux hommes l'embrassèrent avec douceur. D'abord le tuteur de Caliel et enfin le dénommé. Elle le fixa intensément, y trouvant la même lassitude que elle-même ressentait. Son sourire s'étira légèrement sur le coin des lèvres et elle se détourna sans plus de cérémonie, pénétrant dans le salon en silence.

Ils s'assirent sur le salon arrangé et ses parents s'organisèrent pour se mettre d'un côté avec Sir d'Altone tandis qu'elle se retrouva sur un canapé aux côtés de Caliel. Les Esclaves s'empressèrent d'apporter les riches plateaux longuement préparés, les boissons multiples avec pour chacune une étiquette indiquant son contenu. Romane retint un soupir exaspéré en voyant tous les efforts déployés par sa mère en matière d’organisation. Et heureusement, le temps aujourd'hui ce n'était pas prêté à une réunion dehors. Sinon ils auraient probablement eut le droit au spectacle animalier ou humain. Passant une main dans ses longueurs, elle se pencha langoureusement en avant et s'empara d'un verre de cristal longuement travaillé. Ses parents et Georgio entamèrent une discussion banale, n'ayant aucun lien avec le mariage mais elle s'en désintéressa très vite. Elle préféra se tourner vers Caliel après avoir rejeté ses cheveux par dessus son épaule d'un mouvement de tête.

« Comment vas-tu en ce jour si spécial? Tu permets que je tutoies, après tout nous serons bientôt mari et femme. »

Sa voix débordait d'ironie et de sarcasme mais le mâle en comprenait certainement l'origine. Tout deux ne voulaient pas de ce mariage pour lier leurs deux âmes, aucunement. Mais quitte à le faire, autant le prendre sous un angle joyeux et comique. Enfin, c'était de cette façon que Romane concevait leur mariage : une alliance, un nouveau jeu auquel se prêter. Peut être Sir Hopkins et elle-même deviendraient alliés, voir amis. En théorie, ils étaient déjà alliés car ils avaient émis le souhait de se marier en accord avec la demande de leurs tuteurs respectifs pour la simple et bonne raison que cela les arrangeait.


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Sam 23 Mai - 11:09




Caliel F. Hopkins
— « Pour quelques gouttes de satisfaction. » —

Il aurait été idiot de prétendre qu'elle était laide. Élancée, sa silhouette se mouvait avec la grâce que l'on accordait aux félins. Enveloppée dans une robe fluide qui laissait deviner l'ombre de ses courbes, la panthère s'approcha de l'homme qui avait pris place sur le canapé. Ses grands yeux clairs le scrutèrent un moment, cachant au fond de leurs prunelles les impressions qui la secouaient. Comme lui, elle avait compris, elle savait que seule la fausseté prévalait.

Lorsque firent leur entrée des plateaux accablés par l'abondance, il détourna le regard de la jeune femme. Un frisson le parcourut. Les esclaves qui les portaient, il aurait pu les connaître. Ça aurait pu être lui. Il baissa les yeux. La réalité appréciait trop la brutalité au goût du jeune homme ; il lui préférait le saveur suave du rêve. Il joignit ses mains et les tordit, mal à l'aise, le regard rivé à la table basse. Romane, visiblement plus détendue, tendit la main pour s'emparer d'une coupe finement ciselée. Il leva la tête. Georgio discutait tranquillement avec les parents de sa promise, qui semblaient se réjouir d'une telle union. S'ils avaient su qu'ils s'apprêtaient à marier leur fille à un gueux... cette pensée chassa les tourments qui l'accaparaient et accrocha un sourire à ses lèvres.

« Comment vas-tu en ce jour si spécial? Tu permets que je tutoies, après tout nous serons bientôt mari et femme. » Tournant la tête vers l'intéressée, Caliel n'eut aucun mal à déceler l'ironie et le sarcasme que portaient ses mots. Il ne s'en offusqua pas, au contraire, ses lèvres ne firent que s'étirer un peu plus. « Je dirais que... je vais aussi bien qu'un homme envoyé à la potence. » C'était, outre une manière de lui renvoyer sa pique, une façon de lui faire comprendre qu'il ne prenait aucun plaisir à se trouver chez elle en de telles circonstances, et qu'à son instar, l'idée du mariage n'avait rien de réjouissant. Il le concevait simplement comme un jalon nécessaire pour assurer la pérennité de sa tranquillité dans la cour des grands. Il se pencha à son tour afin de s'emparer d'un verre. « Quant au vouvoiement, je n'y vois aucun problème : ce n'est jamais qu'une banale formalité. » Portant le récipient à ses lèvres, il en but une gorgée. La sapidité fruitée du vin se répandit délicieusement dans sa bouche avant qu'il ne reprît : « J'espère néanmoins que tu te portes mieux que moi, et que ce mariage est à la hauteur de tes espérances, bien que j'imagine que toutes les petites filles rêvent un jour du prince charmant... et que je ne corresponds pas vraiment au modèle, c'est un fait. » Dans son regard vert se mit à danser une lueur de malice et d'amusement, subtilement tintée de provocation.

En fait, il y avait des raisons à ce que son choix se fût porté sur Romane. Il aurait pu décider d'épouser n'importe quelle sotte des alentours, pourvu qu'elle fût très riche et un peu jolie. Seulement, Caliel présentait une propension assez extraordinaire à ne pouvoir supporter les gens doués de stupidité. La blonde était une fille intelligente, et c'était en partie ce qui avait motivé son choix. Du peu qu'il avait pu constater lors d'évènements mondains, elle avait le sens de la répartie. L'univers noble n'avait presque plus de secrets pour elle ; elle en détenait la majorité des clés. Se lier à elle, c'était aussi utile que dangereux. Le moindre indice qu'il serait susceptible de laisser éveillerait les soupçons de la belle, c'était certain. S'allier à Romane, c'était comme vouloir contrôler le feu : des braises finissent toujours par s'échapper.

Cependant, le jeune homme se sentait inéluctablement attiré par cet attrait. Il avait toujours aimé jouer avec le péril. A son sens, il s'agissait du seul véritable moyen de profiter pleinement de la vie et d'explorer toutes les sensations humaines. Posant sa coupe sur la table basse, il s'enquit : « Peut-être pourrions-nous faire un tour dans les jardins ? Le ciel est gris, mais il ne devrait pas pleuvoir. » Pour appuyer sa requête, il jeta un coup d’œil aux tuteurs qui continuaient à bavarder allègrement. « Ils en ont encore pour un bon moment. »


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Sam 23 Mai - 21:35




Romane Mélyssa Kinney
— «  I can pretend to love you, if I have to » —

Elle s'était longtemps interrogée sur cet accord. Le tuteur de Sir Hopkins était venu discuter avec son père pour lui proposer cette demande. Connaissant Caliel de nom, ils avaient longuement débattu de chaque point du contrat, car oui c'était bel et bien un contrat, avant de le proposer ensuite à sa fille chérie. Sans mentir, elle avait bien passé une ou deux nuit à s'interroger sur l'acceptation de ce contrat. Romane était une jeune femme solitaire et aventureuse, elle ne rêvait ni d'amour ni de famille elle voulait juste découvrir le monde, se salir et faire des choses nouvelles. Elle avait beau être une Noble, elle adorait s'enfuir dans les bois le temps d'un après-midi et n'être juste qu'une humaine, une humaine en symbiose avec la nature et en harmonie avec elle-même. C'était aussi un moyen de garder les pieds sur terre car au sein de ce monde de mensonges, manipulations, accords et alliances, basculer dans la folie devenait alors très simple.

Se distrayant avec une couture en dentelle de sa toilette, elle conserva un sourire ravissant alors que le jeune homme répondait avec autant de provocation qu'elle. Elle plissa légèrement les yeux lorsqu'il poursuivit et inclina la tête sur le côté ; finalement elle ne s'ennuierait peut-être pas tant que ça. Caliel était mystérieux et très bon acteur, tout comme elle. Elle décelait dans son regard les milliers de secrets qu'il renfermait tout simplement parce que cette lueur elle la possédait également. Elle but à nouveau une gorgée et son sourire s'élargit à l'évocation du prince charmant. Nous y voilà. La partie où elle passait pour une blonde écervelée en quête désespérée d'amour et de fonder une famille. Mais elle était très loin de se vexer, au contraire, elle s'amusait et commençait fortement à prendre goût à ce jeu de rôle. Reposant la coupe en cristal, elle rejeta ses cheveux derrière son épaule et referma délicatement ses mains autour du bras musculeux de son promis. « Ne t'en fais pas, je suis convaincue que tu seras à la hauteur. Tout comme je serai une femme parfaitement sage et obéissante, présente pour son mari face à toutes les épreuves de la vie. » Ils partagèrent un sourire complice, mués par ce même sentiment de malice et de théâtralité.

La blonde leva les yeux et croisa le regard heureux de sa mère qui les observait avec affection. Elle lui rendit un petit sourire en coin avant de jeter un coup d’œil aux deux hommes qui étaient vraisemblablement partis sur un autre sujet. Romane lissa le tissu sur ses cuisses en poussant un petit soupir satisfait. Elle s'empara d'un bâtonnet en bois planté dans une sorte de petit toast et l'enfila dans sa bouche. Observant le mouvement de Caliel qui s'apprêtait à lui parler, elle se tourna vers lui tout en faisant sensuellement glisser ses lèvres autour du bâton. La jeune homme se retint de rire et l'écouta en haussant les sourcils. « Peut-être pourrions-nous faire un tour dans les jardins ? Le ciel est gris, mais il ne devrait pas pleuvoir. Ils en ont encore pour un bon moment. » Elle se retourna vers les grandes baies vitrées et hocha la tête avant de le regarder de nouveau avec un petit sourire. Elle prit les devant en se levant d'un mouvement souple et félin. Ses talons claquèrent sur le marbre et elle tourna sur elle-même pour regarder Caliel. Elle l'interrogea du regard en arquant un sourcil et il la rejoignit de son pas élégant et las. Ils passèrent par une porte qui donnait sur l'arrière du manoir et débusquèrent sur les magnifiques jardins. Le ciel gris atténuait les couleurs des fleurs soigneusement entretenues mais le vert des haies ressortait étrangement beaucoup plus. Romane croisa sagement ses mains dans son dos et accompagna le jeune homme jusque dans le petit labyrinthe créé par les jardiniers à sa demande.

« Je sais que tu garderas tes réelles motivations pour ce mariage pour toi comme moi je garderai les miennes pour moi. » dit-elle subitement. « Mais dis-moi, Caliel, pourquoi moi? »

Elle était pleinement consciente que sa question revenait à lui donner quelques indices sur ces fameuses motivations et elle était certaine que lui aussi l'avait compris. Mais elle voulait juste voir jusqu'à quel degré elle pouvait pousser le secret. Le danger, repousser les limites, les titiller et les effleurer, c'était son domaine. La blonde fit courir ses doigts sur les feuilles taillées, un sourire enjôleur aux lèvres et un air définitivement malicieux et enfantin. Elle jeta un coup d'oeil au brun et l'imagina un instant en tenue d'apparat, un costume trois pièces, aile de corbeau, sur mesure et cintré, les yeux dirigés sur elle, portant une immense et encombrante robe blanche et tenant entre ses doigts vernis un bouquet de fleurs blanches. L'image la fit violemment frissonner et elle réprima une grimace de dégoût. Elle allait devoir ralentir les folies de sa mère avant qu'elle ne la transforme en princesse ringarde et naïve de contes de fées.


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Mar 16 Juin - 16:52

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Caliel F. Hopkins
— « Pour quelques gouttes de satisfaction. » —

Un hochement de tête, et elle déplia son corps longiligne. Ses chaussures claquèrent sur le sol épuré. Elle l'invita à la suivre ; il poussa sur ses jambes pour se lever et lui emboîter le pas. Les couloirs étaient plus richement ornés les uns que les autres, présentant tour à tour candélabres, tableaux et miroirs où se reflétaient narcissiquement les jeunes promis. Les dalles claquaient sous leurs pas et les murs répercutaient leur présence insolite dans l'immensité du manoir. Romane poussa une porte. L'air frais envahit agréablement les poumons du jeune homme.

Fort bien travaillé, le jardin prospérait sous le ciel de plomb dont la couleur faisait ressortir les teintes puissantes de quelques fleurs. Il suivit la blonde jusqu'à un dédale de haies verdoyantes. Ce genre de labyrinthes illustrait les dernières lubies de la noblesse. Il en avait croisé dans plusieurs jardins, et nombreux étaient les aspects que l'on pouvait leur donner : enchevêtrements de thuyas, de roses, de ronces, d'arbustes en tous genres. En dépit des années qu'il avait passé dans ces lieux verts construits sur mesure, Caliel ne parvenait pas à y déceler la beauté qu'on leur accordait volontiers. Tout était trop artificiel ; il préférait le naturel des forêts, où les branches des arbres s'enlaçaient, loin des entraves instillées par les coupes régulières, où les feuilles maculaient la terre, loin des déportations infligées par les coups de râteaux, où tout n'était qu'un capharnaüm visuel, qui dans son désordre devenait harmonieux. Des bribes d'enfance.

Côte à côté, ils avançaient dans l'herbe grasse qui venait lécher le bas de leurs vêtements. Soudain, Romane brisa le silence qui se glissait entre eux. Interloqué, il tourna la tête vers elle et la dévisagea. « Parce que nous sommes censés avoir des motivations secrètes ? » questionna-t-il. Il en avait, sans aucun doute et, à dire vrai, il n'était qu'à moitié surpris qu'elle en eût - mais mieux valait jouer l'étonné. Passé cet instant de fausse demi-surprise, il afficha un sourire amusé. « Je pensais que des époux n'avaient aucun secret l'un pour l'autre. » C'était faux, et ça le serait toujours ; du moins dans ce monde chamarré. Peut-être dans les autres aussi ; ses parents avaient dû mentir à ceux qu'ils aimaient, et s'échanger de fausses vérités des milliers de fois. Il haussa les épaules face aux sourcils arqués de la belle. « Bien sûr, je plaisante. » Il passa sa main derrière sa nuque et frotta la naissance de ses cheveux du bout de ses doigts. « Et pourquoi toi... Cartes sur table, Romane ? »

Un nouveau sourire étira ses lèvres tandis qu'il se jetait corps et âme dans les flammes du danger. « En réalité, ce mariage ne découle pas d'une envie ou d'un désir. Là-dessus, je crois pouvoir prétendre que nous sommes du même avis. Tu es, certes, une très belle femme, et ta famille est aussi riche que réputée, mais cela ne fait pas partie de mes motivations. » Un aveu qui pouvait, dans une certaine mesure, s'avérer surprenant étant donné que tout homme à la recherche d'une épouse cherchait toujours le meilleur parti, et que nul ne pouvait se prétendre insensible aux charmes de la blonde. « J'ai juste besoin de ce mariage. » Il s'arrêta. Un demi-sourire souleva ses lèvres. Il imaginait ce qui se passait dans la tête de Romane, en ce moment où tout un tas de théories pouvaient s’échafauder avec le plus grand empressement. « J'en ai besoin pour m'établir une bonne fois pour toutes. Comme tu dois le savoir, mon retour après le décès de mes parents n'a pas plu à tout le monde, et beaucoup convoitent ce que je possède. Certains tentent de l'obtenir en ayant recours à la justice, mais d'autres préfèrent des méthodes plus... radicales. J'ai besoin de m'affirmer et d'avoir un appui. L'affirmation c'est le mariage, et l'appui c'est ta famille. » Tout en parlant, il effectuait des gestes machinalement, pour ponctuer son discours. « Après... pourquoi toi en particulier, c'est très simple. » Il planta son regard dans celui de la blonde. « J'aurais pu me tourner vers n'importe quelle idiote du coin, qui soit assez jolie et la famille assez riche pour favoriser ma position. Mais qu'est-ce qu'elle aurait requis ? Si ce n'était de l'amour, de l'attachement au moins. Elle aurait voulu avoir des enfants, aurait souhaité que je sois fidèle, présent, doux, tendre, attentionné, protecteur... et j'en passe. Mais je n'ai ni l'envie ni le temps de me consacrer à ces choses-là. Et je sais que ça t'est égal. » Il arrêta de marcher pour mieux observer sa future compagne. « Peu importe que je sois là ou non - peut-être même est-ce mieux que je m'absente -, peu importe que je ne t'aime pas, peu importe que j'aille voir ailleurs, peu importe que nous n'ayons pas d'enfants, peu importe que je ne sois pas là pour te protéger ; et d'ailleurs je ne te promets aucune de ces choses. Je ne te forcerai à rien non plus, et je me contenterai de te respecter, si tu en fais de même. » Il passa une main sur sa mâchoire imberbe. « Nous savons tous deux que les mariages arrangés n'ont rien de réjouissant, tant pour les concernés que pour leurs enfants, alors contentons-nous du moindre effort et considérons cette union comme une simple alliance de circonstances qui ne sera rompu que par la mort d'un des partis. » Il allait reprendre sa marche, lorsqu'il se souvint. « Oh, et, même si je suppose que tu n'en avais pas l'intention, ne te sens pas obligée de suivre les conseils de ta mère ou les avis des autres. Vis ta vie comme tu la souhaites. Tant qu'elle ne me cause pas d'ennuis, ça m'est égal. » Et pour appuyer sa phrase, il lui servit un sourire chaleureux.



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