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Le début de la fin ~ Bianca Eliaryen

Clarence A. Wellington
Clarence A. Wellington

Vrai de vrai, cent pour cent pur jus
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13/06/2014

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Mar 12 Fév - 16:18



Bianca Eliaryen
— Maniaque —

La blonde était comme à son habitude accoudée au comptoir, rêvassant de tout et de rien, la mine contrite et l’air perdu, désœuvrée pour le moment. Il se faisait tard, elle ne tarderait pas à fermer le bar et faire fuir les badauds pour accueillir hommes et femmes venus y assouvir un dessein tout autre. Un sourire s’esquissa sur son visage. Ils étaient proches du but. Et pourtant tellement loin encore. « Chérie, une dernière tournée s’teu’p ! J’te jure qu’on se tire avec l’équip’ après ça ! » La voix était grave, profonde, rugueuse. Chaude. Nestor. Ce charpentier quelque peu abimé par la vie revenait tous les soirs, dépensant chez elle l’intégralité de sa paye du jour avant de s’en retourner chez lui engrosser sa femme. Elle ne répondit pas mais s’empara de quatre choppes vides. Ceux là les descendaient en moins de temps encore qu’elle n’en mettrait pour les leur apporter. Elle s’approcha de la table. « M’ci poulette ! Dis ma jolie, tu y as réfléchi alors ? A ma proposition ? » Elle rit, déposant une main sur son décolleté plongeant comme le font les grandes dames, ces gourdes qui attiraient avant l’attention de tous au village, alimentant les fantasmes de hommes et la jalousie des femmes. Avant. Elle se ressaisit, elle ne devait pas en faire trop. Juste assez pour qu’il morde à l’hameçon, pour qu’il revienne demain, pour qu’il constitue toujours part de son salaire à elle. « Bien sûr Nestou, j’en ai rêvé toute la nuit ! » Elle tenta de prendre un air vicieux, elle savait qu’il raffolait de ceux là. Ils s’esclaffèrent tous à gorge déployée, commentant son physique tandis qu’elle retournait à sa place de patronne. Elle leur tournait le dos. La rage brillait dans ses yeux. « Nancy ! Nancy, reviens beauté ! Gaby voudrait te dire quelque chose de bien salace, il n’ose pas tu comprends … » Qu’avait il encore, l’ivrogne de seize ans ? Elle pivota la tête. « Nancy, est ce que nous pourrons un jour assister à tes conversations tardives avec tous les autres ? Car nous savons tous ce que tu entends par conversations  tu vois ? Pourquoi on serait à l’écart nous ? Tu nous aimes bien non ? » Elle s’accorda une dernière minute de la comédie qu’elle avait montée ces derniers mois. « Justement … vous je vous aime trop pour ça ! » Elle termina sa déclaration sur une révérence un brin ratée. Les autres n’y virent que du feu. En son antre, la blonde était reine.

Elle s’en sortait bien. Fichtrement bien même. Bianca comprenait pourquoi c’étaient cette femme insoupçonnable, cet établissement qu’ils avaient tous choisis. Aux carreaux un peu sales, ne put elle s’empêcher d’observer. Elle essuya une nouvelle fois de son gant celui par lequel elle observait la scène. Allez, dégage-les, «chérie » . Elle s’impatientait peu à peu, dehors, dans le froid, la nuit, sous la neige. Elle n’avait pas toute la soirée. Elle se détourna, guettant une énième fois les environs. Elle n’était qu’une ombre parmi les ombres. Une ruelle déserte car désertée, un bar isolé. Avec cave isolée, avait elle entendu. Des murs épais, qui enfermaient leurs chuchotements depuis la conquête. Un nid à vipère. La moitié n’était surement bonne à rien. Le reste, qui sait. Il lui faudrait bien commencer quelque part. Un verre qui se brise. Bianca se retourna à la seconde où l’onde se fit entendre. Du sang. Des hommes ivres et courroucés. Non, non, non, tu n’as pas le droit de mourir maintenant ma belle !  Elle se précipita vers la porte, une arbalète à une main, une épée courte à l’autre. Si elle avait pu prévoir ça, elle se serait armée autrement. Elle fulminait. Mais ne pouvait laisser passer sa chance. Ce qui passait par la survie de Nancy. Impérativement.

Le carreau atteint la gorge de Nestor avant qu’il n’ait le temps d’apercevoir son visage angélique. Démoniaque. Car, ainsi dansante, sa cape écarlate autour des épaules, elle avait la fluidité d’une flamme, et l’aura dorée d’une sainte. Elle s’empressa de finir sa pénible besogne, avant d’essuyer la lame sur sa manche. Un autre chemisier blanc qu’elle ne pourrait plus porter. Ils étaient denrée rare, de nos jours. Ou plutôt non. Depuis que les portes du palais lui étaient fermées. Elle grimaça. La vengeance lui faisait gâcher autant d’hommes que de prêt-à-porter. Insupportable.

Maniaque, elle récupéra son carreau ensanglanté, et le rendit à son instrument de mort favoris. Alors elle s’accorda un regard à la scène dans son entité. Un mot seul lui venait à l’esprit. Désordre. Elle s’approcha de Nancy. Assommée par une choppe brisée, celle-ci respirait doucement. Elle reprendrait bientôt ses esprits.

Bianca sortit de sa cape la missive qu’elle était venue lui remettre personnellement, la déposa à côté de sa main, non sans y avoir ajouté quelques mots au fusain. « Je suis désolée, mais ils n’avaient pas vraiment l’air de gens bien. Je te laisse faire le ménage, je dois filer. J'ai posé un seau d’eau et une serpillière à côté pour que tu l’aies plus facile. Tu me dois un chemisier. Tes abrutis ont ruiné celui que je portais. Et aussi … pardon d’avoir fouillé dans ta réserve pour la serpillière, mais je n’ai pas pu m’en empêcher. Remets toi bien, Alyx. » Bianca aimait faire les choses bien.

*


Si tout se passait selon ses plans, Nancy aurait nettoyé son bar avant l’arrivée de ses invités. Si tout se passait selon ses plans, certains connaîtraient, dès ce soir, le point de rendez-vous d’une vengeance royale légitime et organisée. D’une vengeance qu’elle mènerait.


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