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Injustice or justice ? #5 | Teresa

Alessandra de Marbrand
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Mer 10 Fév - 22:35





LOSING A BATTLE...STILL FIGHTING FOR THE WAR
— what did you instinct tell you ? - that it's time to go to war  —


Nos frères et nos sœurs sont là-bas, prisonniers. Comment pourrions-nous rester assis là et ne rien faire ? Nous devons agir, malgré le risque et malgré la riposte qui adviendra. L'heure est maintenant à la révolte, nous ne pouvons plus nous contenter d'attendre passivement tandis que des nôtres s'apprêtent à être condamnés ! Il est temps de suivre notre instinct. Et mon instinct me dit que nous partons en guerre. - membre de la guilde des ombres

C'est une page sombre de l'histoire qui s'écrit pour les membres de la Guilde des Ombres car, après une participation active dans la Guerre d'Un-Jour, un certain nombre d'entre eux ne sont jamais rentrés... Les rescapés imaginaient déjà leurs camarades morts au combat, dignement. Mais la vérité est tout autre... si certains de leurs disparus ont bien périt dans la bataille, les autres sont en vie, seulement ils ont été capturés par l'armée de la nouvelle reine, Katharina. Cette dernière annonce alors que sa première action en tant que détentrice du trône sera de juger ses détracteurs et de les punir en conséquences.
Le choix était simple : prêter allégeance à l'Eliare et en sa représentante ou bien être jugé et condamné pour ses actes. Si la plupart des prisonniers, appartenant à l'ancienne noblesse ainsi que quelques villageois, ont rapidement plié face à cette menace, d'irréductibles hommes et femmes refusent de lui prêter allégeance.

Aujourd'hui s'ouvrent les premiers procès : politiciens, villageois, nobles, ombrageux, la liste des accusés est longue. Refus d'allégeance, conspiration, trahison... ces hommes et ses femmes ne faisaient que défendre leur terre, il se pourrait qu'ils perdent aujourd'hui leur tête pour cet acte de bravoure et leur intégrité mémorable. Puissent-ils être un exemple pour les survivants, les martyrs d'une rébellion qui se prépare dans l'ombre.

PROCES #5 | PROCES DE TERESA B LABONAIRE

TERESA B LABONAIRE
vingt et un ans / ??
Arrêtée à la fin de la bataille
pour motifs multiples
jugée par Margaery Lywell
témoin : ...
Teresa Labonaire fut arrêtée durant la bataille pour avoir participer à la mort d'un grand nombre de fidèles soldats témériens. Après avoir été maîtrisée la jeune femme a refusé d'obtempérer et a tenté de s'enfuir, blessant gravement un soldat au passage. Après son arrestation il s'est avéré qu'elle était une criminelle reconnue dans un nombre incalculable de meurtres survenus au village ses dernières années. Margaery Lywell, déléguée de la reine Katharina, jugera la criminelle pour ses crimes présents et passés.

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Ven 19 Fév - 23:46





TERESA B. LABONAIRE
— my life is full of sins —

D'un geste brusque elle tira sur une mèche de cheveux et la trancha avec la lame du rasoir puis recommença avec une autre. Les mèches tombaient lentement sur le sol, arrachées d'un coup sec à leur vie, comme l'avaient été toutes ses victimes dans le passé. Elle jeta un coup d’œil sur la lame entre ses doigts; elle pouvait encore fuir, un coup sec suffirait à mettre fin à tout ça, définitivement. Ses doigts se resserrèrent fermement sur le rasoir. Au moins elle mourrait ici, d'elle même, et non exposée à la vue de tous, exécutée au nom de la justice. Ils auraient beau clamer que c'était pour le bien de la cité; ce n'est pas parce qu'on exécute un assassin que ça n'en ai pas moins un meurtre.

C'était perdu d'avance. La lame du rasoir s'enfonçait dans sa paume. L'issue de son procès était déjà connue. Des gouttes de sang perlèrent entre ses doigts. A quoi bon continuer à lutter ? Ses doigts tremblèrent autour de la lame. Elle allait mourir. Brusquement, elle rouvrit sa main et le rasoir vint heurter le sol. Lentement, elle s'effondrait, se laissant glisser le long de la baignoire, ramenant ses genoux contre sa poitrine secouée de sanglots, enfouissant son visage baigné de larmes dans ses mains. Elle était anéantie. Toute sa vie elle avait fui la mort. Elle mentait, manipulait, punissait, volait, pillait, tuait, massacrait, tout ça pour survivre. Tuer ou être tué. Si l'on voulait survivre dans ce monde, il fallait savoir mettre sa survie avant tout le reste, avant les lois, avant ses rêves et avant la vie des autres. Lorsque des ennemis mettaient sa vie en danger; elle les affrontait ou elle fuyait. Combattre ou fuir, tuer ou être tué. Sa survie ne se résumait qu'à ça : se battre, s'enfuir et tuer afin d'assurer sa survie dans ce monde. Aujourd'hui... cela ne suffisait plus, un nouvel ennemi la voulait morte : la justice. Elle étouffa un sanglot. Ne les laisse pas entrevoir tes faiblesses... Elle essuya rapidement les larmes sur ses joues. ...Il faut sauver les apparences... Ses doigts tâchés de sang avaient souillé son visage humide. ...Et cacher tes points faibles... Elle se releva et baigna ses mains dans l'eau, puis lava son visage, effaçant toute trace de larmes ou de sang. ...Paraître forte... Elle entrevit son reflet dans l'eau sale, elle semblait fatiguée, éteinte. Ses mains tremblantes se fermèrent autour du rebord de la baignoire. Elle inspira longuement. « On peut le faire. » dit-elle en fixant l'image trouble de son visage dans l'eau. Bientôt les gardes viendraient la chercher et ils l’emmènerait faire face à ses fautes. Si l'Expiation signifiait la punition pour certains, pour elle cela signifiait la mort. Le sang appelait le sang. Et elle devrait payer pour le sang qu'elle avait versé.  

Les portes s'ouvrirent, la jeune femme leur tourna le dos, présentant ses mains dans son dos. Elle coopérait. Je n'ai pas le choix... pensa-t-elle alors que l'un des geôliers liait ses poignets. « La plupart des prisonniers se contentent d'un bain. » remarqua l'un des soldats en jetant un coup d'oeil sur le sol jonché de cheveux. Elle esquissa un sourire. « Il vaut mieux avoir la nuque bien dégagée, comme ça un seul coup suffira pour me trancher la tête lorsque viendra mon exécution. » Ces mots dits, le cortège quitta la pièce. Chaque pas la rapprochait de son destin, la mort. Bientôt, les fantômes de ceux à qui elle avait arraché la vie viendraient danser sur sa tombe. Les hommes querelleurs, les femmes infidèles, les enfants de mauvaise famille, ses parents, Evan... Ils étaient mort par sa faute. Peut être méritait-elle de mourir après tout. Les soldats qui l'escortaient ralentir, ils ne se trouvaient plus qu'à quelques mètres. La porte du temple les surplombait, impériale et majestueuse, cachant derrière ses battants l'horreur d'une revanche publique. Elle pouvait déjà entendre la foule huait son nom en l'insultant. Le sang appelait le sang. Lentement le cortège s'approcha. Les portes s'ouvrirent sur une longue allée, entourée de civils venus assister à la scène, les rapaces venaient se délecter de la douleur des accusés afin de se sentir mieux le temps de quelques jours; une satisfaction comme une autre dans cette ville. Au fond, un trône surplombait la pièce depuis son esplanade. Assise sur ce dernier se tenait une témérienne à la chevelure de feu et au regard dur. Teresa avança dans l'allée, elle gardait son regard rivé droit devant, fixant la juge, cela malgré les huées de la foule. Elle ne daigna pas leur accorder un coup d'oeil. Arrivée en bas des marches, un siège ridicule l'attendait. Elle s'assit dessus, sans quitter Margaery du regard. Le procès allait commencer.

Le Mestre, un vieux homme au regard sournois, s'avança et lui demanda de décliner son identité. Teresa esquissa un sourire, si elle devait mourir, elle mourrait fière. Elle avait été une assassine, mais si elle pouvait revenir en arrière elle referait tout de la même façon. Etre une criminelle n'avait pas été une planque ou un prétexte, c'était ce qu'elle était. « Je m'appelle Teresa. Teresa Brynn Labonaire. » Labonaire...En était-elle encore une ? Son père l'avait chassée et reniée. « Fille des défunts Trevor et Susanne Labonaire. » A quoi bon définir une identité sur la famille; le sang ne trahissait pas, mais les personnes de notre sang si. « Et pour ce qui est de mes activités, sachez que tout est vrai, j'ai bien été une voleuse et un assassin à la solde »

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Dim 6 Mar - 17:40



Margaery
— Past —


Les hommes ne sont pas égaux. Ils ne l'ont jamais été. Certains naissent riches et fortunés, d'autres pauvres et miséreux. Cependant, est-ce réellement l'inégalité la plus cruelle ? L'homme est maître de son destin, au même titre que la femme. Mais lorsque nous avons côtoyé le mal dès notre premier souffle, nos premiers instants, il devient difficile de vivre et de faire les bons choix. L'être qui a été blâmé simplement pour être né, qui a souffert et dont la bonté a peu à peu était consumée... Est-il responsable de sa propre déchéance ? L'égalité n'existe pas, la justice et la liberté n'y échappent pas. Seule l'ombre de la fatalité englobe le commun des mortels, et c'est à nous autres de nous battre pour notre vie, pour notre personne, pour la vie et tous les hommes. Un choix après l'autre...

Margaery gagna le trône d'instance d'un pas las. Ces derniers jours, elle avait confronté nombre de voleurs, d'assassins, de sectaires et d'ombrageux. Kath lui avait épargné les intrigues politiques, une consolation moindre... De procès en procès, elle avait vu défiler le visage de l'humanité, où plutôt de l'inhumanité. Cette mascarade juridique lui coûtait bien plus que son temps, il ravivait en elle d'anciens démons, des souvenirs nets du passé. En quoi valait-elle mieux que les comparants ? Elle aussi avait batifolé, torturé, tué. La dame de compagnie trempait jusqu'aux os dans les mauvaises intrigues. La seule différente était qu'elle était née fille d'Elia. L'égalité est abstraite en ce bas-monde, nous naissons tous avec des atouts et des faiblesses... Et Marga connaissait parfaitement la sienne : le passé. La violence enfantine, la rage, la rancune et le désamour avait conduit à une série de mauvais choix. Mais lorsque l'on est accolée dos au mur, il ne reste plus beaucoup d'issues : Il faut trancher, quitte à poursuivre dans cette lignée d'erreurs... La belle rousse gravit le restant de l'escalier de marbre et prit place sur la chaise de justice. Le jeu de pouvoir pouvait reprendre... « Faites entrer l'accusée ! »

Les portes du temple s'ouvrirent et la prisonnière se dévoila au grand jour. L'habituel écho des voix reprit instantanément dans le public, et la rouquine plissa les yeux pour discerner la nouvelle arrivante. Elle avançait les mains derrière le dos, encadrée de deux gardes. Son regard de cygne résolument fixé sur la conseillère impériale ; un frisson traversa l'échine de la jeune femme. L'air de l'édifice était à présent lourd de tensions, comme chargé d'électricité. Les spectateurs survoltés huaient à n'en plus finir l'accusée, cette dernière rejoignit la chaise de comparaison.

Pas un instant les deux jeunes femmes ne s'étaient quittées des yeux, Margaery était comme hypnotisée, subjuguée... Le teint hâlé de la jeune femme était rehaussé par un carré masculin, son visage entier évoquait la fourberie et l'intelligence. La respiration de la témérienne s'accélérait, son corps se soustrayait peu à peu à elle devant la vision de cet être... similaire. A l'instant où la belle rousse avait croisé son regard, elle avait su que ce procès prendrait une toute autre tournure. Au demeurant, n'était-ce pas dangereux de se prêter à ce genre de jeu ? Un jeu de l'esprit, un jeu de l'âme...

La prisonnière brisa finalement leur silence commun : « Je m'appelle Teresa. Teresa Brynn Labonaire. Fille des défunts Trevor et Susanne Labonaire. » Teresa. Le nom s'inscrivit dans l'esprit de la juge, remuant en elle de sombres sentiments. Elle observait avec pragmatisme les réactions de l'accusée, et il lui sembla déceler une lueur de doute, une interrogation sans réponse. Quels secrets pouvaient bien cacher ce seul nom ? Margaery inspira intensément, elle en ignorait la raison mais elle était troublée... troublée par la simple présence de cette meurtrière. Elle n'eut pas le temps de se reprendre que déjà la prisonnière poursuivait ; l'étrangère était passée d'inquisitrice à un interlocuteur passif. « Et pour ce qui est de mes activités, sachez que tout est vrai, j'ai bien été une voleuse et un assassin à la solde » Elle ne niait pas, au contraire, elle faisait l'accusation sienne. Teresa prenait les devants, elle affirmait son identité à travers ses choix, ses actes. Margaery oscillait entre appréhension et admiration, compréhension et doute. Le Mestre toussota et elle sortit de sa transe. La jeune femme se redressa et masqua son gêne derrière un voile de froideur. « Je m'appelle Margaery Liwell. » Son nom exotique se répercuta dans tout l'espace du temple. « Vous reconnaissez vos actions mais... » Les membres de la cour d'instance la dévisagèrent, certains visages se crispèrent. Elle poursuivit tout de même. « ...n'avez-vous rien à dire pour votre défense ? N'y a-t-il aucune légitimité dans vos crimes ? » Elle se leva brusquement et fit taire la foule d'un simple geste de la main. « Uniquement reconnaître sans justifier ferait de vous un être maléfique et inhumain. Êtes-vous ce monstre.. Teresa ? » N'abandonne pas, défends-toi ! Elles n'étaient pas si différentes l'une de l'autre, et Margaery avait besoin de croire que chacun de ses crimes avaient un sens. Sinon comment continuer d'avancer ?
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Sam 12 Mar - 19:57





TERESA B. LABONAIRE
— why sould i apologize for the monster i became ? —

En chacun de nous sommeille un monstre, une bête tapie dans l'ombre qui sommeille en nous. Pour la part, elle est endormie, ne se réveillant que pour de rares occasions avant de retourner à sa léthargie inactive. Mais pour certains, les choses sont plus compliquées, les démons sont plus forts, constamment en éveils, prêts à prendre le dessus sur la raison. Sans foi ni loi, ils nous poussent à abandonner toute morale ou conscience pour se laisser entraîner dans les passions destructrices : jalousie, violence, mensonge, traîtrise...etc Si bien que, pour certains, ils en deviennent eux même des monstres.

« Vous reconnaissez vos actions mais... » Mais ? L'accusée leva la tête vers la juge. Pourquoi donc ajouter un mais. Elle avouait, elle assumait ses responsabilités, elle faisait face. Il n'y avait rien à ajouter, elle était damnée, et pourtant... « ...n'avez-vous rien à dire pour votre défense ? N'y a-t-il aucune légitimité dans vos crimes ? » Le silence surpris de la foule se mua alors en colère sonore, aussitôt arrêtée par Margaery. La prisonnière jaugea la jeune femme avec attention. Que cherchait-elle ? Pourquoi s'engageait-elle sur une pente aussi glissante que celle-ci ? N'importe qui lui aurait déjà assigné une date pour son exécution et l'affaire aurait été réglée, seulement Margaery Lywell semblait ne pas être n'importe qui, bien au contraire. « Uniquement reconnaître sans justifier ferait de vous un être maléfique et inhumain. Êtes-vous ce monstre... Teresa ? »

Tous étaient en suspens, attendant une réponse à l'interrogation posée. Était-elle vraiment un monstre ? Inhumaine. Elle qui n'avait jamais hésité à voler la vie d'innocents et de pêcheurs pour son propre compte. Maléfique. Elle qui avait embrassé une vie de noirceur et qui, chaque matin, s'était levée fière d'être ce qu'elle était et de ce qu'elle faisait, sachant consciemment que cela consistait à voler aux autres; dérober leurs biens, leurs espoirs, leurs rêves...et leurs vies. Oui, elle était bien ce monstre. Mais elle ne s'excuserait pas pour être devenu ainsi; ce n'était pas un blâme pour elle, c'était une fierté. Si c'était à refaire; je referais tout exactement pareil. pensa-t-elle. Je suis ce que je suis. Je n'ai pas besoin d'excuses pour ça. « Je le suis... » répondit-elle en haussant les épaules, comme si s'agissait d'une déclaration anodine. « ...et je sais qu'aucune justification ne changera toutes les atrocités que j'ai commise, et d'ailleurs je n'ai aucune justification à donner, ni aucune excuse. »

Pardonnez-moi car j'ai péché. Ces simples mots pouvaient, dit-on, nous accorder l'absolution, nous laver de nos crimes. Simplement elle n'en voulait pas, la vie après la mort l'intéressait guère, ce qui importait pour elle était le présent, et ce qu'on décidait de faire avec. Et à ce moment précis, elle voulait juste assurer sa survie, quitte à devoir confesser auprès d'un prêtre du Trisal afin de ne pas être prise pour une hérétique et exécutée. « Pardonnez-moi car j'ai pêché... » dit-elle en fixant un point invisible devant elle, la présence du prêtre l'oppressait. « Expliquez-vous, les dieux ne peuvent vous donnez le salut si vous n'avouez pas vos péchés... Avez-vous au moins foi dans le Trisal ?» commença l'homme de foi, perplexe. La jeune fille se retint de rire. Ah la foi ! Quel drôle de concept ! Les gens s'en servaient comme d'une bouée de sauvetage, mais au final ils se noyaient quand même. « Honnêtement, j'en sais rien. Peu importe s'il y-a quelqu'un ou quelque chose là-haut, l'important est que j'ai besoin de l'absolution, je me fiche de qui me la donnera. » dit-elle de but en blanc. Elle inspira doucement, prête à dévoiler ses plus sombres actions à un homme qu'elle ne connaissait pas afin de chercher un pardon pour quelque chose dont elle n'était pas désolée. « Pardonnez-moi car j'ai pêché...je suis une menteuse, une traîtresse, j'ai conspiré contre mon propre sang. J'ai menti, trahi, volé, et tué des innocents et je doute d'ailleurs que vos dieux puissent me sauver mais visiblement il me faut l'absolution alors bénissez moi et priez pour mon salut, bien que cela risque de prendre du temps. »

Aucune excuse, aucune justification, aucune explication n'effacerait le problème : elle même. Peu importe si elle obtenait l'absolution des dieux ou qu'on l'a gracie de ses crimes afin de lui offrir une seconde chance, elle ne changerait pas, elle ne changerait jamais. « Que voulez-vous que je dise ? Que je suis désolée ? Que ce n'est pas entièrement ma faute ? Que si je pouvais recommencer je ferais les choses différemment ? Je ne le dirais pas... » Lentement, elle se redressa de son siège. « Je ne suis pas désolée. » Elle fit un pas en avant vers les marches mais, aussitôt, deux gardes se plantèrent devant elle et lui bloquèrent le passage. « J'avais pleinement conscience de la situation, à chaque fois, je savais ce qu'il adviendrait, et je l'ai fait quand même. » L'un des gardes la toisa durement et elle esquissa un sourire en coin. « Alors oui, je suis égoïste, inhumaine, maléfique, j'en passe et des meilleures. Pour faire court, je suis un monstre ! Je suis une faiseuse d'orphelins, de veuves et de veufs. J'ai détruit des familles; brisé des personnes... Mais au moins j'ai vraiment vécu ma vie. Si je voulais quelque chose, je le prenais, peu importe les conséquences. Je me suis faites passer avant tout le reste, et oui c'est égoïste mais c'est ce que je suis moi et je n'ai pas besoin de m'excuser pour ça, ni à me chercher des justifications. Si vous voulez croire qu'il y-a une raison rationnel derrière mes actes, qu'il y-a encore du bon quelque part, allez-y, espérez. Croyez en ce qui fait le mieux dormir la nuit Margaery... » Elle planta son regard dans celui de la-dite Margaery. « ...mais pour ma part, je n'ai pas de justifications à vous fournir. J'ai trouvé ma voie, je l'ai suivi et j'ai vécu ma vie comme bon me le semblait, c'est tout. Il n'y a rien d'autres à ajouter. »  


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Sam 16 Avr - 20:28


Margaery, fille d'Elia
épargner

Le pouvoir est décrit par bon nombre comme un fardeau. Ils sèment en tout lieu ses victimes, brisent les vies de ses protagonistes et antagonistes, tue à petit feu l'humanité en chacun jusqu'à ne laisser en eux que des êtres désuets. Le pouvoir est dangereux, comme la flamme il consume, il ne s'éteint jamais tout à fait. Il est vicieux, comme les drogues, il sait prendre possession de notre esprit. Goûter au pouvoir, c'est se lier à lui, le laisser faire partie intégrante de votre existence. Le pouvoir effraie, et à juste titre. Mais même s'il a un prix, le pouvoir a un avantage certain : celui de choisir.

Choisir d'épargner.

Margaery était toujours soumise à ce jeu d'attraction instauré entre elle et son accusée. Il y avait dans les yeux de la jeune femme une véracité étonnante, rare. Elle ne parvenait à détacher son regard de ce visage assombri. Quelque chose dans ses traits, son expression, entraînait la conseillère dans des profondeurs obscures inexplorées. Et la descendante d'Elia était bien loin de chercher à se défendre, elle se laissait pleinement prendre au piège dans ce jeu de magnétisme.

« Que voulez-vous que je dise ? Que je suis désolée ? Que ce n'est pas entièrement ma faute ? Que si je pouvais recommencer je ferais les choses différemment ? Je ne le dirais pas... » Je n'en attendais pas moins de toi. Certains hommes combattent jusqu'à trouver un guerrier à leur taille, ils dévouent leur vie à cette quête afin d'être à leur tour destitué. La belle rousse percevait ce sentiment en cet instant, elle attendait de son adversaire qu'elle la mène sur un terrain glissant... qu'elle la perde... Margaery souhaitait voir Teresa renverser ce procès, pour une raison qu'elle-même était incapable de s'expliquer.

« J'avais pleinement conscience de la situation, à chaque fois, je savais ce qu'il adviendrait, et je l'ai fait quand même. » Pourquoi une telle honnêteté ? Pourquoi ne pas mentir et tenter de sauver son existence ? Était-elle résolue à mourir ? Une sombre admiration se répandait dans les veines de la juge, alors que la foule s'excitait déversant sa haine dans chaque recoin du temple sacré.

« Alors oui, je suis égoïste, inhumaine, maléfique, j'en passe et des meilleures. Pour faire court, je suis un monstre ! Je suis une faiseuse d'orphelins, de veuves et de veufs. J'ai détruit des familles; brisé des personnes... Mais au moins j'ai vraiment vécu ma vie. Si je voulais quelque chose, je le prenais, peu importe les conséquences. Je me suis faites passer avant tout le reste, et oui c'est égoïste mais c'est ce que je suis moi et je n'ai pas besoin de m'excuser pour ça, ni à me chercher des justifications. Si vous voulez croire qu'il y-a une raison rationnel derrière mes actes, qu'il y-a encore du bon quelque part, allez-y, espérez. Croyez en ce qui fait le mieux dormir la nuit Margaery... » Elle avait eu tort, Teresa était profondément humaine : elle vivait. Il y avait une forme de légèreté chez la tueuse, malgré le sang sur ses mains et les cicatrices qui ne l'abandonnerait jamais, la jeune femme ne connaissait aucune entrave : Elle avait acceptée qui elle était, ce qu'elle avait fait et ne cherchait pas à s'en cacher.  C'est probablement cette étonnante capacité, que la conseillère royale enviait désespérément. « ...mais pour ma part, je n'ai pas de justifications à vous fournir. J'ai trouvé ma voie, je l'ai suivi et j'ai vécu ma vie comme bon me le semblait, c'est tout. Il n'y a rien d'autres à ajouter. »   Le visage de la belle rousse s'éclaira d'une moue amusée, était-il possible que quelqu'un sur cette terre est autant de culot qu'elle-même ? Elle aurait bien ri mais tout Vivendale s'était levé, enclin à une incontrôlable colère. Margaery devait reprendre le contrôle et rétablir la paix. Mais sa décision n'aiderait pas... « Teresa Labonaire, Vivendale vous a entendu. Nous connaissons à présent vos crimes, votre vice et votre malfaisance. »  Un silence approbateur s'était installé dans les rangs d'assises, ils étaiznt loin d'imaginer la tournure que prendrait le procès... Je reconnais ton courage, Teresa. Un courage rare que tu dissimules en lâcheté mais qui est pourtant bien présent. « ...Vivendalais, Témériens, peuple des bois, aujourd'hui nombre d'entre nous ont péri en répondant de leurs crimes devant la grande Elia. Ils ont rejoint les morts de la guerre d'Un jour. Beaucoup de sang a coulé pour Vivendale, et c'est là bien assez. Nous devons apprendre à être un peuple unifié, un peuple qui a - non pas oublié - mais pardonné. » Elle marqua un instant, et croisa les bras avec détermination sur ses cuisses. « Aujourd'hui nous écrivons une nouvelle page de l'Histoire. Ainsi, je ne vous demande pas d'oublier les actions de Teresa mais de pardonner avec le temps. »  Le regard interrogateur et furieux de la captive pesait sur elle, mais Margaery n'avait pas fini. « Cette jeune femme trouve grâce aux yeux d'Elia et sera libérée durant les fêtes de réconciliation, au même titre que tous ceux étant encore incriminés.  »  

La fille d'Elia se leva, impérieuse, elle posa son regard sur ce Vivendale du vice et du mal. Les habitants de la cité devrait apprendre à pardonner malgré eux, s'ils escomptaient survivre aux épreuves à venir. Quant à Teresa, elle ne doutait pas que la tueuse saurait tirée son épingle du jeu, et cette seule pensée la fit sourire.
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Malbe
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Mer 8 Juin - 13:06





James C. O'Kinnley
— CONDAMNÉE À LA LIBERTÉ —


Il y avait peu de choses qui comptaient pour James, pour ne pas dire que rien ne comptait vraiment. Sa survie, son bien-être, son plaisir personnel, ça oui, c'était important. Mais il n'avait jamais tenu à quelqu'un. Peut-être à sa mère, quand il était gamin, avant qu'elle ne disparaisse. Et c'était tout. Déjà, c'était un temps du passé, une époque lointaine de dépendance qui n'était plus qu'un mauvais souvenir. Totalement révolu et refoulé. Aujourd'hui sa seule préoccupation était sa petite personne. Et c'était bien assez. Prendre soin de soi demandait du temps, c'était prenant, un continuel tourment, un souci cyclique que ne le quittait plus. Alors quand on lui avait fait parvenir l'heure du procès de Teresa Labonaire, personne n'aurait pu soupçonner qu'il s'y rendrait. Pourtant James était plein de surprises...

Il avait troqué sa belle cape noire pour des vêtements troués, c'était essentiel pour se fondre dans la masse de Villageois. Il avait même fait l'effort de crotter ses bottes et de passer de la terre sur sa figure. Si James, souvent, prenait soin d'entretenir son image d'homme raffiné, il n'avait aucun problème à paraître plus négligé. Ni celui de perdre son manteau d'Ombrageux. Il ne tenait pas plus que cela à la Guilde et les valeurs de ses camarades n'étaient pas forcément partagées. Mais au moins il vivait comme bon lui semblait et personne ne lui dictait sa conduite. James noua les trois pauvres boutons de son nouveau vêtement et admira le résultat. Il se serait lui même cru du Village si l'étincelle vengeresse de ses prunelles n'avait pas été si intense. Il adopta une position moins fière, rentra les épaules et prit un air triste, pour imiter ceux à qui il devait ressembler. Il était bon acteur, la plupart des Ombrageux avaient cette capacité de tromper les apparences, de se fondre dans la masse. Et puis avec sa jambe blessée et les bleus sur sa figure, il avait tout du besogneux. La surface claire de la bassine refléta au bougre son reflet. Et il se sourit, satisfait.

***

Il avait cru à sa chance. La chance qu'elle s'en sorte. Qu'elle échappe encore une fois à son destin mortel. Parce que si Teresa devait un jour mourir, c'était de la main de James, pas de celle d'une fillette trop fière et de ses lois ridicules. Il avait pensé qu'elle s'en sortirait, comme elle le faisait toujours. Elle avait tant de fois échappé à la mort, par hasard ou par stratégie. Car tandis que certains semblaient attirer les ennuis, Teresa elle, avait ce don, celui de se sortir du pétrin, quoi qu'il en coûte. Mais cette fois, la Chance ne souriait pas, elle tirait plutôt sa bouche mécontente vers le bas et s'alliait à la fatalité.

Elle avait coupé ses cheveux. Il le remarqua. Autrefois ses longues mèches glissaient sur ses épaules et coulaient dans son dos. A présent, elles s'arrêtaient sous sa mâchoire et caressaient son cou. Elles soulignaient ses traits féminins et ça lui donnait du caractère. Il trouva que ça lui allait bien. C'était la seule chose qui l'enjolivait, une petite nouveauté esthétique pour l'occasion de sa mort. Malgré ses bras mous et ses chevilles entravées, elle avait toujours ce petit quelque chose qui la rendait si spéciale, si unique en son genre. Il suivit de son regard bleu, la silhouette fragile de la prisonnière monter sur l'estrade. Courbée, fade, vaincue, elle laissait traîner ses pieds et fixait la juge sans oser lever les yeux vers la foule. Avant ça, le poids des regards ne l'aurait pas dérangée, elle les aurait tous considérés avec dédain et en aurait impressionné plus d'un avec son assurance débordante. Elle avait perdu de cette hargne de vivre qui l'animait quand elle fuyait son ennemi, il le perçu tout de suite. Aujourd'hui, elle avait décidé de ne pas s'échapper. Que lui arrivait-il ? La sicaire s'était forgée une réputation auprès de son amant. Il lui connaissait la fourberie, l'instinct de conservation, l'obstination. C'était des qualités qu'il lui partageait et qu'il avait fini par estimer chez elle aussi. Il avait pensé à l'épargner, autrefois, plus d'une fois. Et il s'était même plu à s'y résoudre. Une seule. Une seule âme qui échapperait à la sentence. Unique, cas isolé, preuve de sa grande clémence. Elle avait réussi à changer ses priorités. Le plaisir avant la vengeance. Mais il ne se ferait plus avoir. Voir l'assassine ainsi, dépouillée de sa dignité, chétive et tremblante sur ses jambes, avait suffit à lui faire oublier qu'il avait un jour pensé à elle en de bons termes.

Il était déçu. Il avait pensé qu'elle était plus intéressante que les autres. Mais peut-être qu'elle était aussi faible que tous ces misérables qui la regardaient, aussi inutile que la rousse aux grands airs sur son trône de velours. Il voulut partir, l'abandonner à son sort, lui tourner le dos, définitivement. Tant pis pour elle, elle avait perdu de son intérêt. Et puis si jamais elle ne mourrait pas ce jour-là; devant un public vautour, à genoux, soumise, la nuque à nue, faible et lamentable; il la tuerait lui-même. Elle ne méritait pas mieux qu'une mort bâclée. Pourtant il restait là, à fixer le corps meurtri de sa belle s'asseoir sur cette chaise miteuse, à suivre des yeux les mimiques ternes de son visage fermé, à guetter le moindre changement. Il voulut qu'elle se révolte, qu'elle tape du pied, qu'elle vole l'épée d'un garde et se mette à transpercer les envahisseurs. Il la joindrait dans sa révolte, et les autres suivraient. James fronçait les sourcils, concentré sur le spectacle du procès, sur la figure sale de son adversaire complice, comme si, avec un regard assez brûlant, il pouvait influencer la suite.

« Je m'appelle Teresa. Teresa Brynn Labonaire. » James releva le menton pour mieux la voir. Elle avait posé ses coudes le long de ses flancs et le visage tourné vers la Témérienne, elle avait pris une pose droite, déjà plus ferme, plus décidée. Il imagina ses mirettes enflammées qui devaient juger la Juge. Et il se délecta de la suite. Teresa la taillerait en pièces, il ne connaissait personne avec une langue plus fourchue que celle de la tueuse. « Et pour ce qui est de mes activités, sachez que tout est vrai, j'ai bien été une voleuse et un assassin à la solde » Le choc fut violent et il manqua de s'étouffer. Il resta stoïque, les yeux ronds, préoccupé et indécis. La Témérienne aussi fut déstabilisée. Était-elle folle ? Soit elle avait perdu l'esprit, soit elle était assez arrogante pour défier la nouvelle autorité. Dans les deux cas, elle se condamnait d'elle-même. Il la savait friande d'impertinence, mais ici elle cédait plutôt à la démence. Le but d'un procès n'était-il pas de mentir à la vue de tous et de clamer sa fictive innocence ? Surtout pour Teresa, elle avait l'occasion de s'en sortir. A quoi rimait son manège ? Il secoua la tête de gauche à droite, les traits déformés par l'incompréhension. C'était tout, elle était perdue... Au lieu de corriger ses dires, elle s'incriminait d'avantage. Elle aurait pu utiliser ce semblant d'honnêteté pour vanter ensuite ses mérites et inventer de bonnes actions, mais Teresa semblait déterminée à recevoir sa punition. Elle fit tout pour qu'on la blâme. James eut un regard encore plus dur, un air plus écœuré et baissa la tête, les déboires grandissant, désappointé comme jamais. Il était encore temps de tourner les talons, de s'enfoncer dans la forêt et d'oublier toute cette mise en scène. Il ne préférait pas voir la suite, c'était trop prévisible. Et bien qu'il se soit imaginé un million de fois la mort de sa victime, assister à sa décapitation en place publique ne l'enchantait guère.

Le peuple la huait déjà, réclamant réparation. Le Mestre était aussi figé que James et la Dame de confiance de Katharina semblait hésiter. Celle-ci se redressa, les coudes sur sa grande chaise, elle rapprocha ses mains pour les croiser. Et avec un masque d’impassibilité, elle alla chercher une raison à cette surprenante résignation. Il la crut folle elle aussi. Pourquoi vouloir voir une Nordienne se défendre ? Leur but était de voler leurs Terres, de voler leurs vies. Ils devaient préparer quelque chose, avoir dans plans pour le futur, comme les Trois en avaient eus. Rien n'était dû au hasard, tout n'était que complot. Ils faisaient semblant d'établir une nouvelle justice, pour conquérir les coeurs réticents des prudents et des insubordonnés. Mais il n'y avait pas de justice, pas dans cette ville. Vivendale en était incapable, et peu importait ses régents. « Uniquement reconnaître sans justifier ferait de vous un être maléfique et inhumain. Êtes-vous ce monstre... Teresa ? » James passa la langue sur sa lèvre inférieure et serra les dents. Un monstre. Teresa, un monstre ? Il devait y avoir des Hommes qui méritaient cette qualification mais on l'utilisait souvent à tord. Les Ombrageux, monstres. Le HG, monstres. Les Témériens, monstres. James lui, ne l'avait associé qu'à une seule personne. L'enjôleur, cet homme de peu d'honneur qu'il avait eu pour père pendant un temps. Jamais il n'appellerait quelqu'un d'autre ainsi, et surtout pas Teresa. « Je le suis... » Sa gorge se serra, son front se plissa. L'issu du procès se dessinait de plus en plus clairement. A quoi jouait-elle ?

Teresa se redressa elle aussi, dominant la Témérienne par sa simple présence, puis en prenant de l'espace sur l'estrade. « Je ne suis pas désolée. » Les mots claquèrent et l’atmosphère s'alourdit. Le seul qui se sentit plus léger, fut notre ami. Il ne put retenir un sourire à ce débordement d'assurance car pendant une seconde, il reconnut l'audace qu'il avait manqué à son amante depuis le début de son audience. Teresa était une bonne menteuse, et son jeu commençait à intriguer l'Ombrageux. Elle devait avoir une idée derrière la tête. Forcément. Elle pouvait pas risquer sa vie ainsi, pas si elle n'avait rien de prévu. Il pensa à une évasion soudaine... Ou à une prise d'assaut par le Cercle. L'accusée s'avança vers l'escalier, aussitôt arrêtée par les gardiens. Mais elle ne perdit pas son air résolu. « J'avais pleinement conscience de la situation, à chaque fois, je savais ce qu'il adviendrait, et je l'ai fait quand même. » Cela voulait tout dire. Il croyait dur comme fer qu'elle savait ce qu'elle faisait. Peut-être qu'elle n'était pas aussi misérable que la foule, ni aussi inutile que la rousse. Il crut apercevoir au coin de sa bouche, une fossette dessinée par la malice. Mais la distance qui les séparait et la confiance qu'il plaçait désormais en sa survie influençaient sa pensée. Teresa avait plus d'un tour dans son sac, il en avait été témoin à répétition. Et cette fois, elle promettait un grand final. « ... Mais pour ma part, je n'ai pas de justifications à vous fournir. J'ai trouvé ma voie, je l'ai suivi et j'ai vécu ma vie comme bon me le semblait, c'est tout. Il n'y a rien d'autres à ajouter. » Il s'évertuait à voir le bon côté des choses, sans trop savoir pourquoi. Il ne voulait pas vraiment qu'elle vive. Mais il ne voulait pas non plus qu'elle meure. Pas ici, pas comme ça. Ils avaient encore trop à faire, trop d'affaires en suspens, trop d'affaires à conclure. Leur duo ne pouvait s'arrêter ainsi, sur une note d'inachevé. L'amertume serait trop grande et la rancœur envers la victime et les bourreaux le rongerait. Il lui fallait sa revanche, un jour ou l'autre. Et il était prêt à attendre.

Une vague de fureur gagna la mêlé. Margaery se leva, une main en l'air en signe d'apaisement et aussitôt, on se calma. Il détesta cette soumission. Il aurait voulu que la foule se jette sur la rousse. Le vicieux voyait bien la tête de l'envahisseuse sur un piquet, sa tresse rouge dans le vent et son cou déchiré comme le bord d'un tricot raté. Oh il se régalait de cette représentation. Elle se permettait de condamner les Nordiens alors qu'elle venait de leur arracher leurs droits, leurs familles et leurs rêves. Et elle avait volé à Teresa bien plus que son banal quotidien d'assassine, elle lui avait pris sa liberté. « Teresa Labonaire, Vivendale vous a entendu. Nous connaissons à présent vos crimes, votre vice et votre malfaisance. » Il aurait bien supprimé tous ces sourires satisfaits de ces visages ingrats. Ces airs réjouis à l'annonce d'une condamnation, de cette condamnation. Ils se permettaient tous de jauger, se croyaient arbitres. Petites fourmis sans cervelle, partisanes de la machination. Ils étaient aveugles, tous, tous ces dociles, tous ces barbares, ces crétins aux parures et ces idiots en guenilles. Incapables de voir qu'on les nourrissait de mensonges, qu'on les gavaient de parades pour oublier l'injustice. Celle qu'ils disaient combattre. Ils se permettaient de condamner la Labonnaire pour le meurtre d'innocents, mais n'avaient-ils pas eux-mêmes tué les pauvres au pied du Mur et les riches dans leur temple ?; pour sa fourberie, alors qu'ils avaient volé une Terre qui n'était pas la leur; pour la conspiration, puisque eux, avaient obtenu Vivendale sans stratagème; pour son égoïsme, car eux, n'avaient pas préféré quitter leur Terres arides pour leur survie, pour leur peuple. Ils n'étaient pas différents de la prisonnière; non, ils étaient tout aussi coupables.

« Vivendalais, Témériens, peuple des bois, aujourd'hui nombre d'entre nous ont péri en répondant de leurs crimes devant la grande Elia. Ils ont rejoint les morts de la guerre d'Un jour. Beaucoup de sang a coulé pour Vivendale, et c'est là bien assez. Nous devons apprendre à être un peuple unifié, un peuple qui a - non pas oublié - mais pardonné. Aujourd'hui nous écrivons une nouvelle page de l'Histoire. Ainsi, je ne vous demande pas d'oublier les actions de Teresa mais de pardonner avec le temps. » La marré devant l'esplanade retint son souffle. Margaery pointa du doigt la prisonnière, révélant son verdict. « Cette jeune femme trouve grâce aux yeux d'Elia et sera libérée durant les fêtes de réconciliation, au même titre que tous ceux étant encore incriminés. » Il s'avança d'un pas léger, contournant, slalomant furtivement entre les corps stupéfaits, guidé par le besoin irrépressible de s'approcher, de vérifier. Un murmure grandit dans les rangs pour se changer en protestations bruyantes. Les Témériens avec leurs peintures sur le corps et leurs vêtements exotiques acceptaient la décision de la Dame. Certains hochaient en silence pour approuver cette indulgence exemplaire, d'autres se contentaient de regarder autour pour voir les réactions. Les autres, les Villageois, les Nobles, les plus braves, brandissaient leurs bras en l'air en contestant. Teresa n'avait rien fait aux Etrangers, les victimes de ses crimes, étaient ses paires. Et ils avaient soif de justice. Mais la décision était définitive. Elle était libre malgré tout. Malgré ses erreurs, malgré la désapprobation de ses frères du Nord, malgré le désir ardent de vengeance du peuple. A cet instant, James perçu la peur de son ennemie jurée, la véritable déception d'avoir échappé à sa mort, la certitude de ne mériter ni compassion, ni pardon. James la trouva faible. Et il la détesta pour être si lasse de vivre. Margaery n'avait pas sauvé Teresa. Elle l'avait condamnée, condamnée à sa liberté.

Les gardes hésitèrent. Et sous le regard entendu de la rousse, ils s'approchèrent de Teresa pour la reconduire à sa prison. Elle restait passive, molle, perplexe, comme si elle ne réalisait pas bien ce qu'il se passait. Le Témérien tourna la clé dans son bracelet qui l'empêchait de se déplacer et la sicaire, pratiquement affranchie, put quitter l'esplanade. Margaery, satisfaite de sa décision, observa avec attention le déroulement des événements. Déjà, les barbares devant l'estrade s'éclipsèrent pour retourner vaquer à leurs projets d'invasion. Alors, puisqu'elle avait rempli son rôle, la fille d'Elia attrapa les pans de sa robe et dans un nuage de taffetas, disparut de son trône. Ses gouvernantes la suivirent, les gardiens s'empressèrent d'obéir à ses ordres. C'était fini. Les gens du Nord eux, était toujours là, à attendre patiemment que l'assassine les rejoigne, les traverse pour rejoindre ses barreaux. Leur fougue s'étaient amenuisée et pourtant leur colère était toujours palpable. Ils s'étaient tu. Mais leurs yeux meurtriers étaient posés sur sa silhouette frêle qui quittait tout juste sa chaise. Ils avaient des comptes à régler. Teresa se leva doucement. Elle étudia ses poignets libres, un peu perdue. Ils ne la délivraient pas, ils la livraient en pâture à la foule. James était tout proche à présent. La brunette se tenait, peut-être, à seize pieds de lui. Et comme les autres, il attendait. Il attendait qu'elle réagisse, qu'elle quitte sa chaise pourrie, qu'elle savoure l'absolution, pour qu'ensuite elle choisisse de s'éclipser à son tour, pour échapper aux regards vengeurs, pour reprendre sa vie secrète, pour continuer ses malfaisances à Vivendale et réjouir James de son existence. Ils pourraient poursuivre leur jeu. Ils pourraient le finir, enfin. Elle osa lever le menton et croisa les regards de dizaines d'impatients. Elle les soutint, fière, hautaine de nouveau. James eut un battement de coeur joyeux, et les coins de sa bouche se relevèrent lorsqu'elle posa ses mirettes mordorées sur lui.

Ils s'observèrent un temps, pour retrouver les traits familiers de leur visage, pour s'assurer que c'était bien réel, que la Chance n'avait pas triché. Il se rapprocha encore d'elle pour arriver à sa hauteur, ignorant la masse dans leur dos et les gardiens qui enserraient les bras de la fourbe. On l'autorisa à la toucher, on les laissa se parler. Leurs corps se frôlèrent. La main du malin alla effleurer la joue de la graciée. Il retrouva la douceur de sa peau et la rudesse de son caractère. Il caressa ses mèches raccourcies du bout des doigts. Puis il sourit doucement et souffla: « J'aime bien. » Il haussa les épaules, comme si ce n'était pas si important. Puis il osa prolonger son regard sur ses épaules et ses bras, pour le jeter dans le sien. Un mélange de Terre de Sienne et de bleu givré, les braises enflammées et les cristaux glacés. Ils étaient inaccordables et pourtant leur duo allait de soi. « J'ai l'impression que même si tu baisses les bras, tu ne peux pas échouer. » Il détailla les éphélides discrètes sur son nez, les éclats dorés dans ses iris. La sicaire était toujours elle-même, intense, brûlante, révoltée. James charmé par le hasard, par la conjoncture improbable, s'enivra de l'odeur de la victoire. La belle regagnerait bientôt de sa férocité, elle allait retrouver son audace. Car déjà le voile de désespoir fuyait son visage, et quand les fers quitteraient définitivement ses poignets, elle se vengerait. « T'as de la Chance, Teresa Labonaire. » Il laissa retomber ses doigts lentement. « Une putain d'chance. » Ses lèvres s'étirèrent pour dévoiler des dents de carnassier. Et les yeux de l'assassine s'agrandirent lorsqu'elle le réalisa. Elle se mordit la lippe, veinarde, presque espiègle. Et alors qu'on l'entraînait loin de lui, il la regarda s'enfoncer dans la cohue. Leurs prunelles s'accrochèrent jusqu'à ce qu'elle passe la porte. Et à l'instant où elle franchit le seuil du Temple, James disparut.

Rien n'était fini.






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