William n'attendit pas que les gardes soient sur eux, il fonça directement et en égorgea un premier avant de s'aventurer dans une féroce joute avec un second. Bash quand à lui profita de son recul pour tirer une flèche, l'un des gardes le vit et esquiva. Sa flèche se planta néanmoins dans sa cuisse, et il poussa un hurlement de douleur. Le jeune homme le fit rapidement taire en l'égorgeant, et tandis que le dernier garde fonçait sur lui, il se coucha au sol fit volte face, se redressa et lui brisa la nuque. Il se tourna vers son compagnon ; il en avait lui aussi finit avec leurs attaquants. Sebastian leva la tête vers le ciel, les étoiles déjà s'effaçait, et le ciel s'éclaircissait. Persistait cependant cette Lune rouge dans un ciel désormais rose. L'aurore ne tarderait pas.
-Je pense qu'il est temps que nous rentrions, le jour va se lever et nous allons rester bloqué.
Il réfléchit, la Guilde avait prévu un signal commun pour signifier la retraite. C'était une corne... La question était qui avait la corne ? Il se souvint soudainement c'est à Alex qu'elle avait été confié. Mais il avait laissé Alex sous la surveillance de Zoé... A la portée de tous !
-Nous devons rejoindre Alex c'est lui qui a la corne de repli ! Une fois que nous l'aurons rejoints nous n'aurons plus qu'à donner le signal aux autres... Viens !
Ramassant flèche et armes, il récupéra à la vite quelques poignards présents dans les ceintures des gardes, et s'élança en courant. La clef s'était de retrouver le chemin par lequel il s'était aventuré...
Rouge aurait sûrement dû faire plus attention au discours de la jeune noble. Elle venait clairement de lui annoncer qu'elle ne comptait pas se laisser faire, qu'elle se battrait et ne renoncerait pas. Jamais ! Mais également maintenant, ça elle ne l'avait pas mentionné. mais elle n'allait pas rester ici à être traîner en captive, tandis que sa geôlière égorgeait tout noble isolé. Il ne lui manquait plus que la bonne occasion pour prendre la fuite. L'Ombrageuse l'entraîna vers le second étage, là elle s'aventura dans une chambre d'où émanait quelques émois. Elle ouvrit la porte, et lança son poignard. Il se logea dans la carotide d'une femme allongée sur un lit pourpre. Quelle coïncidence ! Avant que son compagnon ne puisse hurler, Rouge lui fracassa la tête contre le mur. Serena retint un hoquet de dégout ; elle ne devait pas attirer l'attention de la grande brune. Cette dernière susurra un "Si facile" au ton de lassitude, et s'attela à essuyer ses lames sur les draps de satin rouge. C'était maintenant, ou jamais, Serena fondit sur la table de chevet, se saisit du lourd chandelier et l'abattit sur la tête de l'Ombrageuse. Elle n'attendit pas de retour, et fonça vers la porte. Dans sa course elle n'entendit ni cri ni l'effondrement du corps sur le sol, elle ignorait donc si elle avait réellement blessé la jeune femme. Au demeurant peu lui importait, ce n'était pas son but, elle voulait simplement gagner du temps pour fuir. C'est ce qu'elle fit ! Atteignant le bout du couloir, elle dévala des escaliers. Elle gagna le premier étage, malheureusement désert ; et dut à nouveau prendre une volée de marche. Sa surprise fut prendre quand elle remarqua que la salle de bal était vide, de dehors émanait un brouhaha paniqué. Elle hésitait : devait-elle se mêler à la foule extérieure afin d'être masquée, néanmoins au risque de se faire tirer par l'arrière sans que personne ne remarque l'attaque d'Ombrageux ? C'est alors qu'elle entraperçut par une porte ouverte deux personnes accoudées au bar dans la salle avoisinante. Elle courut à en perdre haleine, traversant la trentaine de mètres la séparant de ses sauveurs en quelques secondes. En déboulant sur eux, elle reconnut la jeune femme, il s'agissait de Seyrane. Une amie à elle. Elle se jeta dans ses bras et fondit en larmes. C'est à peine si elle remarqua l'homme à ses côtés.
-Ils m'ont enlevés alors que nous rentrions par la forêt... Ils l'ont tué te rends-tu compte ? Ils ont tué mon frère ! Et c'est moi qui les aient fait entrer, ils ont menacés de me tuer ! Si tu avais vu toutes les horreurs qu'ils ont fait, ils ont tué plus d'une vingtaine des nôtres. Ils sont ici, ils nous entourent !
Son amie la regarda étrangement, elle ne semblait piper mot de ce qu'elle lui disait. Serena était trop paniquée pour lui expliquer avec de plus amples détails.
-Elle va venir me chercher, pour me tuer ! Tu dois m'aider ; où sont les gardes de ta mère ? Seyrane je t'en prie !
D'un oeil discret mais las, l'ombrageux regarde une demoiselle parler avec Dante. Il ne sait pas ce qu'il lui prend, mais la conversation dure depuis longtemps, et ils ne semblent pas prêt de s'arrêter. Ce n'est pas difficile pourtant ! Seul au bar, le jeune homme attend le retour de Rouge avec sa captive. Si les deux tourtereaux n'ont pas fini leurs parlotes avant qu'elle ne revienne, il agirait lui-même.
Malheureusement, il n'en a pas l'occasion. Un cri suivie de celle qui l'a poussé débarque dans la salle, ensanglantée et maculée de boue. C'est la panique général en même pas deux secondes. Les dames qui hurlent en essayant de sortir, les messieurs sur leurs gardes, prêts à attaquer tout ce qui pourrait leur tomber sur la tête. C'en est presque drôle. Presque, parce que ça n'augure rien de bon. Cette noblionne a dû voir ses confrères en action. Temps de partir.
Mais où est Rouge bon sang ? Cela fait un moment qu'elle est en haut ! Des pas précipités l'alerte et il se retourne, plongé dans la pénombre du couloir. Le problème ambulant de Rouge ! Mais que fait-elle la sans l'Ombrageuse ? Kaage laisse Dante prendre soin de la captive et monte les marches de l'escalier quatre à quatre. Une fois à l'étage supérieur, il ouvre les portes une à une, prenant soin de fouiller chaque chambre. Rien.. Prenant une grande respiration, il monte une nouvelle volée de marches. Cette fois, c'est la bonne. Debout mais visiblement sonnée, Rouge se tient au mur, un regard meurtrier sur le visage. La captive a certainement essayé de l'assommer.
- Rouge ! Les autres sont partis ! On a été repérés, Dante s'occupe de ton problème ambulant.
Deux pour le prix d'un ! Voilà les dernières pensées de Rouge avant de recevoir un coup sur la tête, littéralement parlant. Elle n'en perdit pas connaissance, non il en fallait plus qu'un coup de chandelier pour la blesser, mais elle était quand même sonnée, et c'est impuissante par la surprise qu'elle ne put rattraper la captive qui dévalait déjà les escaliers à la course pour rejoindre la civilisation mondaine. La tête lui tournait et elle attendit que cette mauvaise passe ne se dissipe en se tenant contre le mur, proférant milles injures contre la prisonnière qui était un poil plus maligne que prévu, mais beaucoup plus suicidaire. La seconde fois en une soirée que cette vulgaire captive de la noblesse tentait de fuir ses geôliers, peut être la deuxième était la bonne. Si c'était le cas Rouge allait passer un mauvais quart d'heure. Cette captive portait bien le surnom que Rouge lui avait donné : problème ambulant. En une soirée elle avait déjà causé tant de soucis que personne n'avait pris la peine de compter le nombre de désordres engendrées par cette fille. Elle verra lorsque je la tuerais de moi-même, ou si son frère n'est pas mort comme elle le pense, ça serait parfait, la vengeance idéale. Dès son retour elle demanderait ce qu'il est advenu du frère de la captive, si par chance il était en vie elle était prête à livrer sa dépouille dans une boîte devant sa porte s'il le fallait, mhm en vengeance Rouge pouvait se révéler d'une cruauté sadique, tant pis il ne fallait pas la sous-estimer.
Elle n'eut pas le loisirs de continuer plus longtemps à réfléchir à sa vengeance car Kaage débarqua en trombe, prévenant que la soirée avait tourné au vinaigre. Elle lâcha un juron accompagné d'un soupir. Ces nobles sont une vraie plaie ! jura-t-elle mentalement tout en rejoignant son confrère ombrageux. Lorsqu'il évoqua le problème ambulant aux mains de Dante elle sourit, un sourire quasi sadique. Si Serena était de nouveau sous la surveillance d'un ombrageux alors elle était tout le loisirs de lui faire payer sa stupide tentative d'évasion là-bas, au campement, là où elle pourrait faire durer sa vengeance des jours durant, comme des mois ou des années s'il le fallait, pour un simple chandelier cela pourrait paraître trop mais personne ne s'en prenait à elle sans en payer un prix nettement supérieur.
- Rentrons, on gérera cette noblionne effarouchée une fois que Dante la ramènera au campement.
Elle sourit une seconde fois, un demi-sourire empli de sous entendus par le " on gérera " comme si la gestion de la captive relevait d'un jeu sadique et meurtrier, ce serait un peu le cas.
Dante et Seyrane se regardaient fixement, sans un mot. Ils furent interrompus par une forme féminine qui leur déboula dessus. La jeune femme reconnut Serena, une de ses réelles amies, qui se comptaient sur les doigts de la main. Elle semblait paniquée, comme poursuivie.
Seyrane la prit gentiment par les épaules.
« - Enfin Serena, calme-toi ! Raconte moi clairement ce qui s'est passé. »
Mais elle n'avait pas besoin, les bribes de phrases décousues de son amie avaient suffi. Ce qu'elle redoutait sans se l'avouer depuis le début de la soirée était arrivé. Les Ombrageux étaient parmi eux. Ils avaient agi dans l'obscurité, à leur habitude, et s'étaient occupés des cibles prévues à l'avance. Elle n'en faisait pas partie évidemment, un peu de logique voyons, sa famille bien qu'influente ne faisait pas partie des proches du Haut-Gouvernement.
Une sorte de panique sourde naquit dans son ventre, elle jeta un coup d'œil à Dante, qui était pour l'instant impassible. Puis elle se souvint que Serena lui avait posé une question, et elle se tourna vers son amie.
« - Ma mère est partie depuis quelques dizaines de minutes, avec ses gardes. Mais... »
Elle eut soudain une idée. Brillante à son goût. On allait voir si Dante était un ombrageux oui ou non. Oserait-il se révéler devant elle ?
« - Mais je te présente Dante Knightley, que j'ai rencontré ce soir. Je suis sûre que si tes agresseurs arrivent il sera en mesure de leur faire face... »
Seyrane se retourna et sourit innocemment à Dante.