Leur prisonnière était atteinte d'une maladie, Rouge ignorait ce qu'il en révélait mais visiblement la préparation curative ne se ferait pas en quelques minutes. Roulant les yeux au ciel la jeune ombrageuse se disait vraiment qu'ils avaient pas de la veine d'être tombée sur une malade. Mais c'était visiblement irréversible et la jeune noble captive semblait même avoir des remords d'avoir attaquée son agresseur. Un rire rauque jaillit de la gorge de Pearl qui trouvait ce retournement de situation très ironique. C'était comme si un agneau s'en voulait de s'être échappé des griffes du loup. Les destins s'emmêlent et se démêlent et il faut s'accrocher à la vie, elle l'a fait. L'ombrageuse sortit de sa poche un mouchoir en tissus blanc pour que la captive nettoie le sang tâchant son visage. Jolie couleur il fallait l'avouer. La prisonnière se révéla des plus dociles ensuite, Pearl fut contente de voir que ses menaces portées leurs fruits. Une des pires souffrance pour l'être humain est d'être responsable de la mort d'un proche. Tous les remords et la culpabilité changent souvent l'être qui parfois sombre dans la folie. Les deux jeunes femmes se dirigèrent vers le manoir, regrettant son éternelle cape rouge qui lui valait l'un de ses surnoms Pearl pestait contre le renversement de situation. Elle n'aimait pas jouer les gardes pour une prisonnière. Elle se retourna une dernière fois vers Bash.

- Tu m'en devras une pour que je m'occupe de ton problème ambulant, au moins deux tours de garde je dirais, même trois.

Les ombrageux ne répondant pas aux besoins d'argent la plupart utilisaient les tours de chasses ou de gardes comme monnaie d'échange pour les services rendus. Rouge s'adonnant à la chasse comme à un loisirs c'était toujours les tours de gardes qu'elle négociait. Les deux jeunes femmes atteignirent rapidement le manoir. Alors qu'elles arpentaient un couloir désert vers les appartements privés Pearl croisa une des victimes de ce soir. Elle savait où se rendait la captive et se décida donc à prendre deux minutes pour assouvir son dessein. Elle suivit l'homme, un riche politicien qui ne tarderait à avoir son siège dans la Haute-Tour, et sortant le poignard rangée dans botte elle usa du même rituel pour poignardé l'homme, tâchant qu'il voit son visage avant de mourir, qu'elle soit la dernière chose qu'il verra. De son autre main elle l'empêcha de crier au secours et elle le poignarda en plein cœur. Utilisant le plastron de sa victime comme d'un vulgaire torchon pour laver son arme il lui fallut moins d'une minute pour rejoindre Serena qui semblait s'être soucié de cette absence. Elle avait compris.

- Chacun son dessein, allez rentre.

Et les deux femmes étaient rentrés dans les appartements, pendant que la captive se lavaient du sang versé Rouge ouvraient grands les armoires et sortit quelques vêtements. Dans un coin de la pièce, sur une chaise, un tas d'habits boueux, ceux d'Arianna. Mais ignorant ce détail la jeune femme se demandait si une ombrageuse était passée par là avant. Haussant les épaules elle se concentra de nouveaux sur les armoires. La question de Serena arracha un rire à l'ombrageuse amusée.

- Perspicace, mais ouvres les yeux ma chère, personne n'est innocent. Le simple fait d'appartenir au genre humain est suffisant pour qu'un être soit impur, alors qu'ils fréquentent les opprimants est une raison amplement suffisante pour qu'ils soient morts. Mais rassures-toi avec moi les tiens expirent sans souffrance, disons que je fais les choses proprement. 

La jeune noble ne parut guère rassurée.

- Ne fais pas cette tête ils souffrent moins que mon confrère que tu as poignardé dans l'estomac, tu sais sans notre intervention en moins d'un quart d'heure il aurait été mort. Et tu aurais été responsable. Alors ne penses pas que tu es la pauvre petite innocente, personne ne l'est. Et sur ces terres survivre n'est qu'un début. 

Méditant sa dernière phrase assez philosophique en soit Rouge se leva d'un bond souple du lit sur lequel elle s'était assise en attendant Serena.

- Et qui sait peut être que d'ici quelques temps tu seras des nôtres, après tout ils m'avaient kidnappés depuis les Basse-Terres avant de me proposer gentiment, enfin pas trop, de les rejoindre. Il faut l'avouer on manque de finesse dans cette guilde mais au moins nous avons un but plus honorable que de s'enrichir. Et ignore ou non que les tiens se meurent dans chaque pièce de ce manoir durant les prochaines heures, mais en tout cas ne fais rien de stupide, ne parles à personne sans ma présence. Donc règle numéro deux, ne tente pas de t'enfuir car comme tu l'as vu il me suffit de deux minutes pour que tu expires ton dernier souffle.

Sans crier garde Rouge bondit derrière la captive, la tenant en joute avec son poignard plaquée contre sa gorge.

- Comme ça. Alors pas de bêtise ma douce, et d'ailleurs quel est ton nom ? 

Je me tiens un peu en retrait, regardant la fête battre son plein. Etant devenu noble récemment, c'est la première fois que je participe à cet événement. Bien sûr, au Village, nous fêtions la Lune de Sang, mais certainement pas comme ça. Tout ces gens ici ont l'air de se connaitre, sauf moi. Je ne sais même pas le nom de mon voisin de palier, c'est dire. Ca démontre mon magnifique travail d'infiltré..ahum. D'ailleurs, en parlant du loup, des Ombrageux doivent forcément se trouver ici ! Il me semble avoir eu vent d'un rassemblement ou d'un plan..signe que mes oreilles trainent quand même plus qu'avant. Le problème c'est que je ne connais pas leurs visages non plus. Pourquoi est-ce si compliqué !

Heureusement, une tête qui m'est familière surgit de la masse de corps mouvants : Arianna. Je lâche un soupir de soulagement. Je ne suis plus seul dans cette cacophonie. Elle s'éloigne de deux personnes avec qui elle avait parlé. C'est maintenant ou jamais. Je m'approche et me racle la gorge.

- Arianna, je suis content de te retrouver ici ! Tu ne sais pas à quel point je me sentais submergé... Mais dis-moi, tout va bien j'espère ?

Enfin, dans la mesure du possible. Je me sens toujours un peu coupable de l'avoir envoyé ici en tant qu'esclave..Même si elle était d'accord. Je trouve ça injuste comparé à ma position.

Décidant de laisser son asservisseuse avec son ami la jeune esclave s'éloigna de la masse dansante, se sentant comme oppressée par la foule d'inconnus. D'un regard elle jaugea de haut en bas le nouveau noble, il était méconnaissable habillé comme tel, tout comme elle d'ailleurs qui se sentait une autre personne. Maximilian semble presque gêné lorsqu'il s'approche d'elle, sa réaction amuse Arianna qui trop heureuse de revoir un visage familier enlaça gaiement son ami. Elle l'avait revu une seule fois depuis leurs arrivées dans l'Enclave mais les mauvaises nouvelles avaient un peu gâché leurs retrouvailles. Aujourd'hui même si visiblement la situation restait inchangé, l'ambiance festive de la soirée participait à la gaieté de leur retrouvaille. De plus cela faisait des jours qu'elle n'avait pas revu un visage familier venant du village, et elle brûlait d'envie de raconter ses mésaventures à son ami pour savoir comment faire dans la situation présente. Maximilian prit la parole en premier, s'inquiétant encore de comment se sentait Arianna dans son statut d'esclave.

- Max, c'est si bon de revoir un visage familier. Au mon dieu moi aussi toute cette foule de noblions inconnus, c'est tellement... Mhm disons que la situation a vraiment évoluée, viens.

Elle le tira par le bras dans un coin plus tranquille, sans aucune oreille indiscrète pour les écouter. 

- Et bien mon asservisseuse se révèle être aussi ma demi-soeur. Visiblement le père que j'admirais jusqu'à accepter de finir esclave juste pour continuer son dessein était aussi un beau menteur menant une sorte de double vie et je faisais partit de la face obscure cachée de tous.

Cela faisait maintenant entre une heure et une heure et demie que William était accoudé au bar, dans un coin un peu plus sombre de la gigantesque salle de réception. Il avait commandé un Martini qu'il avait siroté en regardant ses camarades arriver et prendre le contrôle de deux ou trois personnalités, discrètement, sans réellement entamer le reste de la fête. Personne n'était venu lui parler, quelques jeunes femmes bien mises lui avaient lancé un regard envieux sans pour autant le rejoindre.
De temps à autre, le regard fixé sur Rouge, un large sourire éclairait son visage. Non pas un sourire franc et réellement amusé, ou heureux, mais ce sourire un peu machiavélique qui cachait beaucoup de choses. Son amie, car il était plus ou moins proche de la jeune ombrageuse, avait emmené sa captive hors de la salle, et il ne put donc pas continuer à regarder le spectacle. Son esprit dériva sur la jeune femme, malgré son appartenance à l'un des côtés les plus sombres de la société actuelle, elle était toujours gaie. Un peu comme Will, un sourire méchant se dessinait facilement sur ses jolies lèvres. D'ailleurs, elle était jolie entièrement. Mais assez dangereuse il faut l'avouer. Prête à tout.
Il se dégagea de cette réflexion et se tourna vers le barman, qu'il héla. Un deuxième Martini. Lorsque le verre arriva sur le bar, il pivota de nouveau vers la salle et observa toute cette foule qui se pressait, dansant, complotant, discutant. Il y avait de très jolies femmes, et des hommes très riches.
Le sir Mikaelson évoluait dans ce concentré de richesse avec aisance, et on lisait dans ses yeux qu'il se savait apprécié. Will détestait ces hommes suffisants. Trop riches. Trop bien vus. Berk.
Le jeune homme consulta sa montre. Il était peut-être temps de passer à l'acte, et d'aller faire peur à deux trois de ces nobliaux, voir peut-être se permettre d'en zigouiller un. Les ordres avaient été clairs, il devait rester discret, mais sans tellement plus de précision. Il pouvait bien se permettre de s'amuser un peu, non ? Fronçant les sourcils, il chercha des yeux un camarde. Tiens, Maximilian était là. Il ne l'avait pas remarqué auparavant. En pleine discussion avec une jolie brune dont le visage lui rappelait vaguement quelque chose. Il fallait savoir s'il l'avait rencontrée dans sa vie de noble, ou dans celle d'ombrageux.
Il décida de ne pas aller les interrompre, ces deux-là étaient mignons. Son regard continua de errer dans la salle. Pour l'instant, il allait sagement rester assis ici, et attendrait que l'ambiance devienne un peu plus sanglante pour intervenir.  

Elle trépignait de joie d'être face à une figure familière, de ne plus être entourés de parfaits inconnus ou d'un visage connu mais qu'elle ne voulait pas voir. Retrouver Maximilian lui fit oublier qu'elle se trouvait dans la même pièce que son asservisseuse et sœur ainsi qu'à deux nobles qui savaient qu'elle était une esclave qui ne devrait pas être ici. Décidément beaucoup en savaient plus sur elle qu'elle n'en savait sur eux, c'est à peine si elle connaissait simplement leurs noms, sauf pour sa sœur évidemment, là le flot d'informations fut presque de trop. Apprendre que son père avait mené une double-vie, les avait dupé toutes les deux. L'homme qu'elle avait prit comme modèle toute sa vie avait mentit sur l'essentiel, c'était comme un pilier qui se brise en milles morceaux. Elle décida de garder sous silence la partie où elle avait fuguée des appartements de sa demi-sœur afin que son complice ne s'inquiète pas. Elle ne lui laissa même pas le loisirs de répondre qu'elle continua de vider son sac, cela lui faisait un bien fou. Pouvoir parler librement avec quelqu'un qui avait connu ce qu'elle avait connu, la vie hors du mur, une chose que les nobles ne pourront jamais assimiler. 

- Donc histoire de me changer les idées je m'incruste dans un grand événement mondain, enfin c'est surtout pour attirer l’œil des ombrageux, et prendre du bon temps dans ce ramassis de noblions, d'ailleurs des nouvelles de nos soi-disant complices de la secte de dingue ? 

Soudain son regard croisa celui d'un homme attablé au bar qui les jaugea un court instant avant de détourner le regard en détaillant chaque coin de la pièce, comme s'il attendait quelque chose, ou quelqu'un. Elle continua à poser son regard sur cet inconnu.

- En parlant des dingues, tu le connais celui-là, il en fait partit ? 

Elle ne regarda pas Maximilian pour voir s'il suivait son regard car trop occupé à chercher un quelconque signe qui montrerait que cet homme serait différent. 

Tout en sirotant son deuxième verre de Martini, Will continuait d'observer la salle et les quelques individus qui retenaient son attention. Parmi eux, Maximilian, la jolie brune, l'hôte de ces lieux, et désormais une autre jeune femme, une jolie châtain clair qui lançait de temps à autre des regards assassins sur la compagne de Maximilian. Ce petit jeu de regard le fit sourire.
Il appréciait tout particulièrement d'être ainsi spectateur d'intrigues mêlées et emmêlées, en sachant qu'il allait bientôt y prendre part. Plutôt violemment d'ailleurs.
Il se rendit bientôt compte que la compagne de Maximilian l'observait à la dérobée, et semblait parler de lui. Un sourire satisfait éclaira son visage. Elle l'avait remarqué, aha ? Il allait se faire une joie de l'effrayer un peu. Se laissant encore un peu le temps, il termina son verre et se leva.
Sans un bruit, glissant discrètement entre les nobles, il s'approcha du coin où Maximilian et la jeune femme étaient. Il arriva à leur hauteur, salua son ami d'un large sourire.

- " Bonsoir Max, ravi de te voir ici. Mademoiselle ? "

Son sourire s'accentua un peu lorsqu'il fit luire dans la semi-pénombre la longue lame d'une dague qui paraissait bien affûtée. Jetant un regard autour de lui, il s'assura que personne ne les regardaient.

- " Où est Rouge ? "

Sans laisser le loisirs à sa captive de dire un mot pour protester ou tenter de se dégager elle rangea son arme et la tira par le bras hors des appartements où elles se trouvaient. Elle marchait rapidement, peu être un peu trop car aux premiers pas sa protégée et captive qu'elle tirait toujours pas le bras traînait la patte mais elle rattrapa vite son retard. Pourtant Rouge continuait de presser le pas et descendit le large escalier centrale en prenant garde cette fois de relâcher sa prise sur la jeune femme derrière elle, si on la voyait ainsi les gens pourraient avoir des soupçons mais elle jetait des coup d’œil derrière elle toutes les deux secondes afin de s'assurer que Serena ne se soit pas enfui. Ça serait bien sa veine si la fille prenait la malle ! Déjà qu'elle ne devait pas s'en charger à la base, d'ailleurs Bash lui devra quelques services en échange de jouer les sentinelles pour la captive de la guilde qu'il avait sous sa charge normalement. A peine eut elle posée le pied sur la dernière marche qu'elle aperçut deux de ses confrères ombrageux un peu en retrait, Maximilian et William, deux infiltrés, accompagnés d'une jeune femme qui lui était totalement inconnu mais qui jaugeait William d'un mauvais œil. Décidément soit elle avait un réel souci pour se souvenir des visages soit c'était bien une inconnu mais la guilde avait bien fait savoir que leur but une fois à l'intérieur était d'éliminer les nobles, pas de faire ami-ami avec. Peut être une amie de Maximilian ou de William, mais une noble, vraiment ? Peut importe peut être était-ce juste une noblionne voulant faire des avances à l'un d'eux. Elle les rejoignit tout en tirant sa captive par le poignet. A quelques mètres d'eux elle entendit William demandait où était, elle sourit tout en débarquant.

- Me voilà, visiblement vous me cherchiez, mais un petit contre-temps surnommée problème ambulant m'a retardée.

Elle jeta un regard vers sa captive.

- Sans offense ma chère mais tant que tu ne me diras pas ton nom ça sera problème ambulant, mais franchement c'est un peu long donc le moment où tu daigneras enfin me répondre n'hésite pas. Et reste sage sinon tu sais ce qui arrivera, et pas qu'à toi. 

Elle se détourna de peu de Serena pour se tourner vers les deux infiltrés. Maximilian et William, ainsi que l'inconnue.

- Mhm avant de dire autre chose, c'est qui elle ? 

Elle désigna du regard Arianna qui se tenait près de Maximilian tout en regardant Pearl et William d'un regard mi-interrogateur mi-suspicieux 

Alors qu'elle était en plein discussion avec Maxmilian ils furent interrompus par l'homme qui les jaugeait tout à l'heure. Lorsqu'il les rejoignit il salua avec un large sourire amical Maximilian. Devant ces salutation assez chaleureuses elle en conclut qu'ils se connaissaient, peut être de la guilde qui sait. Pour elle il lui adressa un rapide " Mademoiselle ? " tout en dégainant de l'ombre de son manteau une lame bien effilée qu'il rangea aussitôt qu'il s'assura qu'elle l'ai bien vu. Sur le coup elle eut une sorte de mouvement de recul mais se ravisa aussitôt lorsqu'elle vu que son complice n'avait l'air nullement intimidé par la lame. Elle regrettait alors le poignard hérité de son père, forgé chez les Ainsworth à propos, qu'elle avait laisser dans les appartements de son asservisseuse lorsqu'elle s'était enfui, elle regretta aussitôt d'être partit comme une voleuse, il restait quelques effets important à ces yeux là-bas. Elle se dit qu'elle devra y retourner le plus tôt possible. Mais l'heure n'était plus à ça, mais à l'homme à l'allure étrange, visiblement connu de son ami. Peut être était-il de la guilde ? Elle jaugea l'homme tout en réfléchissant sur son identité, s'il avait vécu au village elle l'aurait su. Et d'après l'attitude et les propos de Maximilian il ne s'était pas fait d'amitiés dans la noblesse, il ne restait qu'une seule option, un ombrageux.

- Mhm évidemment, il suffit d'attendre le moment où l'on ne veut pas savoir où ils sont que ces bons à rien de la secte se montre, sans offense Maximilian mais tu sais mon avis sur ceux que tu as rejoins, et que j'ai aidé par ailleurs, typiquement moi. 

Elle marqua une pause, mais jaugeait toujours d'un regard distant l'ombrageux avant de s'adresser à lui.

- A propos mon nom est Arianna, tu ne me connais surement pas, mais mon père a été des vôtres durant, mhm en fait j'en sais rien. Etant donné qu'il m'a mentit sur son nom, ses origines il a surement inventé un autre mensonge. Et puis paix à son âme il est mort pour votre cause. 

Soudain un éclair traversa son esprit, pourquoi avait-il une arme sous son manteau, pour l'effrayer ça avait réussi le temps de quelques instants et plus si son ami n'avait pas été là. Mais il existait une autre raison, c'était risqué d'apporter une arme ici, à moins que ? Posant ses mains sur les hanches elle jaugea d'un regard de défi l'ombrageux. Elle décida de jouer la carte qu'elle manie le mieux, naturellement même tant c'est une partie intégrante de son mode de vie, l'arrogance.

- Avant d'oublier, la prochaine fois montrez-vous plus tôt, ou un petit mot, quelque chose qui dira que vous n'oubliez pas que Maximilian et moi sommes passé dans l'Enclave afin de vous aider, et aussi car les forces de l'ordre voulait ma peau pour ma part.

Elle ajouta sa dernière phrase avec un détachement bien marqué. A ce moment une jeune femme les rejoins, en tirant une autre par le bras. Arianna leva les yeux au ciel dans un soupire et refit la même mimique lorsque l'inconnue questionna les deux hommes sur son identité.

- Elle, elle risque bien de gifler le prochain qui l'interrompra alors qu'elle était en train de parler d'événements importants, surement plus important que ce que vous avez à dire, à moins que quelque chose soit prévu pour ce soir ? 

Un sourire amusé passa sur le visage de William lorsqu'Arianna lui répondit. Elle sembla ne pas spécialement apprécier les Ombrageux, sauf Maximilian qui était la seule personne qu'elle ne fusillait pas du regard. Will adorait jouer comme ça avec l'interprétation des gens, leurs sentiments vis-à-vis de lui. Cela ne l'avait jamais gêné de ne pas être aimé, au contraire. Il prit donc un ton doucereux pour murmurer :

- Ne vous énervez pas ainsi, ma chère Arianna, je me permets de vous vouvoyer au fait, je n'ai en aucun moment dit que vous n'aviez pas été utile à notre organisation. Et pour ce qui est de me montrer plus tôt, je ne savais pas que vous étiez ici.

Il salua Rouge avec un sourire, et laissa échapper un petit rire lorsque Arianna les menaça. Il sourtit de nouveau sa dague et la posa contre la main de la jeune femme, qui était le long de sa cuisse.

- Allors allons, pas de menaces en l'air.

L'agacement d'Arianna ne fit qu'augmenter d'un cran devant le ton mielleux de l'ombrageux qui semblait prendre un malin plaisir à jouer ainsi. Elle le jaugeait d'un oeil mauvais. Les mots de l'ombrageux résonnèrent dans son esprit comme une sentence funèbre. Elle lui décocha un regard noir comme jamais auparavant, son visage dépeignait à la perfection sa surprise et colère mélangée. Elle commençait à douter réellement de la raison de sa venue ici. N'était-ce pas à la base pour aider la guilde ? A la base elle avait juste dû créer une émeute pour attirer l'attention des ombrageux afin que son ami est une débouchée avec l'un d'eux. Jusque là leur plan avait été une réussite totale. Mais ensuite au lieu d'une amende qu'elle ne pourrait jamais remboursé ou des travaux forcés la jeune femme avait été condamné à finir ses jours asservis. Pour elle c'était presque pire qu'être exécuté, devoir rester agenouillé face à son asservisseur sous prétexte qu'il avait la fortune nécessaire pour acheter une vie humaine, cela lui était inconcevable mais elle s'était plongée dedans la tête baissée, et avait découvert ô combien cela pouvait être douloureux. Et au paroxysme de sa déchéance elle avait découvert l'existence d'une soeur, son asservisseuse qui plus est, ainsi que les divers mensonges de son père sur son passé. Elle avait toujours cru qu'il avait été des plus honnêtes envers elle, c'était faux. Et voilà que l'ombrageux arrivait et prenait son ton mielleux pour dire qu'il ignorait son existence. C'en était une bonne celle-là, la prochaine fois elle restera passive et regardera la rébellion se faire sans elle. Elle était excédée, entre la nouvelle récente concernant sa soeur, et les révélations de l'ombrageux elle était à deux doigts d'exploser. Effectuant une pression brutale mais périodique de ses doigts tout en reprenant son souffle afin de se calmer elle tenter de ne pas se mettre à sortir toute sa colère en plein milieu d'un banquet de nobles. 

- Navrée pour vous mais ce fut la première et dernière fois que vous avez eu mon aide. Et c'était pour aider un ami et non vous avancez dans votre dessein. Mais étant donnée qu'à présent mon asservisseuse est une noble influente dont les appartements se trouvent au pied de la Haute-Tour, il vous aurez suffit d'une petite once de gratitude envers moi et peut être vous auriez pu requérir de ma localisation pour parvenir à vos ennemis. 

Elle haussa alors les épaules tout en prenant son ton dédaigneux et faussement outrée.

- Sauf que dommage pour vous, il ne fallait pas oublier qu'il m'a fallut devenir esclave pour aider Maximilian à avoir une débouchée avec vous. 

Soudain elle sentit la pression d'un objet métallique plaquée contre sa main. Elle baissa le regard et découvrit que l'ombrageux avait ressortit son poignard. Elle eut un mouvement de recul et une sorte de grognement sortit de sa gorge. C'en était trop.

- Vous n'êtes qu'une secte de dingue, une bande de tarés sanguinaires qui pensent utiliser le but de détruire l'autorité juste pour assouvir votre besoin de voir le sang couler. 

Elle marqua une pause et continua.

- Mhm et la façon polie que vous prenez pour tenter de me faire peur marche plutôt bien, mais étant donné que je suis une esclave fugitive dont mon asservisseuse se révèle être ma demi-soeur et qui pour couronner le tout m'affuble la mort de notre père sur le dos, restez avec deux psychopathes notoires qui trimbale une sorte de trophée de guerre en robe de soie, sous seul prétexte que vous êtes de la même cause que mon ami suffira pour que je ne bouge pas d'un cil. Et aussi car ma présence n'a pas l'air de vous satisfaire, petite vengeance personnelle.

Son ton trahissait son exaspération, elle n'était plus loin de la crise de nerf et ne se rendit même pas compte qu'elle débitait information sur information. Dévoilant alors qu'elle s'était enfuie de la Haute-Tour, et que son asservisseuse était sa soeur. 

Alors qu'il tentait d'assimiler les paroles d'une Seyrane déjà partie Isabelle arriva à la charge prenant la défense de son esclave. Il lui fallut quelques secondes pour assimiler les révélations faites. Donc la jeune femme qu'il avait trouvé errant dans le bois adjacent sa propriété était l'esclave de son amie Isabelle. Mais pourquoi l'avait-il trouvait dans un tel état ? Mais d'un côté il croyait son amie, il la connaissait elle et son sens taquin et légèrement puéril parfois. Cela l'avait fait toujours rire et elle poussait les plaisanteries et tests toujours plus loin. Il n'eut pas le loisirs de tenter de rassembler les pièces du puzzle en compagnie des trois jeunes femmes car Seyrane s'en allait retrouver sa soeur. Arianna s'en alla à son tour après avoir remercié son acheteuse, elle commençait par s'éloigner vers la sortie lorsqu'un jeune homme vint à se rencontre, visiblement ils se connaissaient car la jeune esclave incrustée à la fête lui sauta presque dans les bras, surement soulagée de connaître quelqu'un ici. Fronçant les sourcils Derek trouvait que la soirée prenait des allures extravagantes. 

- Donc tu as amenés ton esclave à errer près de chez moi pour qu'elle puisse entrer à la fête et donc prouver qu'elle pouvait duper une bonne partie d'entre nous. Tout toi ça mais ton esclave n'est pas un peu suicidaire de tenter une telle chose ? 

Un large sourire apparut sur son visage et il donna une tape amicale sur l'épaule d'Isabelle.

- Evite au moins de lui attirer des problèmes, en tout cas pari réussi j'ai totalement plongé la tête la première. 

Un serveur passa et proposa du champagne, Derek prit alors deux flûtes sur le plateau et en tendit une à Isabelle.

- A la tienne.

William prenait un plaisir mequin à pousser les gens à bout, habituellement, mais présentement il décida de s'arrêter. Pour plusieurs raisons. Tout d'abord, il sentait bien que Maximilian appréciait la demoiselle et comme il appréciait réellement l'ombrageux, il préféra ne pas se faire d'ennemi de ce côté là. Ensuite, parce qu'il ne connaissait pas Arianna et qu'il se doutait bien qu'elle était capable de piquer une crise de nerfs au milieu de la salle et la guilde tenait absolument à éviter d'être repérée. Pousser donc la jeune femme hors de ses limites était donc une très, très mauvaise idée.
Il se contenta d'un sourire moqueur, rangea son poignard dans un froissement. Les derniers mots d'Arianna, il faut le dire, le troublèrent un peu. Malgré son indifférence et son impassibilité, il restait une conscience profondément enfouie dans son for intérieur et une petite voix lui souffla que la jeune esclave ne devait pas avoir la vie facile. Pendant quelques instants, il chercha ses mots pour s'excuser mais décida finalement de ne rien en faire.

- " Mademoiselle, ne vous énervez pas ainsi. J'essaye juste d'éviter les conflits éventuels dans cette pièce. "

Il marqua un temps de pause, regarda successivement Rouge, Maximilian, et la captive de Rouge, puis se tourna de nouveau vers Arianna.

- " Et, dans la position où vous êtes, je ne pense pas que vous soyez en mesure de juger de notre soif de sang. Je suis tout à fait disposé à discuter plus longuement avec vous du pourquoi du comment de l'existence et de la vie de notre organisation, mais malheureusement pas ce soir. "

Son sourire s'effaça. Il jeta un coup d'œil sur la salle et baissa la voix, pivotant légèrement vers ses amis.

- " Quand est-ce qu'on passe vraiment aux choses sérieuses ? "

Seyrane était actuellement dans un groupe de jeunes filles nobles, rejetons de familles bien connues de ses parents, qui parlaient amants, mariage, chiffons, toutes sortes de choses qui ennuyaient profondément la jeune femme. Son attention était en fait entièrement concentrée sur Arianna, qui était à l'autre bout de la salle, au milieu d'un groupe plutôt louche.
Il y avait donc Arianna, qui semblait profondément agacée par l'individu qui était en face d'elle, un homme de haute stature, aux cheveux foncés mi-longs, avec qui elle semblait parler. Enfin, se disputer. Il y avait ensuite un noble appelé Maximilian, que Sey avait déjà croisé. Et enfin, une grande femme aux longs cheveux qui semblait assister à la conversation, derrière qui se tenait, ô surprise, Serena ! Seyrane, qui jusque là ne l'avait pas remarquée, n'en croyait pas ses yeux.
Que faisait cette jeune noble si appréciée auprès de ces gens pour le moins suspect ? Pourquoi dans cette position de retrait ? Et surtout, pourquoi personne ne s'inquiétait de son absence ?
Car il faut dire que le petit groupe était dans une sorte de recoin de la salle, de sorte que sans être invisible ils passaient plutôt inaperçus. Étaient-ils en train de comploter quelque chose ?
D'après ce qu'Arianna avait raconté à Seyrane, son passé n'avait pas toujours été très en règle. Aurait-elle de nouveau rencontré des gens plutôt mal intentionnés ?
Tout à coup, une hypothèse foudroyante se fit à l'esprit de la jeune femme. Oh non. Pitié, pas ça. Si c'était vraiment ce qu'elle pensait, ils étaient très très mal.
Il fallait qu'elle en soit sûre. Elle se détacha aussi discrètement que possible du groupe de jeunes dindes qui piaillaient et s'approcha à pas de loups du groupe suspect. Elle était face à Arianna, donc dos à l'individu qui lui semblait le plus dangereux.
Parvenue à quelques pas, elle pouvait entendre leur conversation. Le brun demanda quelque chose qui lui confirma son hypothèse. Elle se sentit soudain très mal. Elle avait trop chaud et frissonnait en même temps. La tête lui tournait.
Oh non...

Elle s'évanouit et tomba lourdement derrière l'homme. Qui se retourna et se pencha vers elle. Elle ferma les yeux et se laissa aller dans les pommes.

A chaque mot que prononçait l'ombrageux l'agacement d'Arianna grandissait. Il pensait sérieusement qu'elle allait être dupé par ses mots, qu'il s'efforçait d'éviter les conflits en la menaçant de son couteau. Des conflits éventuels, il se fichait vraiment bien d'elle et cela ne faisait que grandir le mépris qu'elle éprouvait pour cet étrange homme. L'air dans la pièce lui sembla descendre de plusieurs cran tandis qu'un frisson la traversa par sa colonne vertébrale. L'idée du nombre de victime qui avait pu passer sous les armes des ombrageux. Et dire qu'elle avait aider Maximilian a rejoindre cette bande de dingues...Un remord sans précédant la prit toute entière et elle se mit à regretter amèrement d'avoir fait un geste en faveur de cette guilde qu'elle méprisait plus que tout, après le Haut-Gouvernement et les nobles bien sûr. En parlant de noble, elle était tellement prise dans sa conversation avec l'ombrageux qu'elle ne vit pas que Seyrane s'approchait. Si elle en croyait les paroles de l'ombrageux quelque chose se tramait pour ce soir. Elle ne voulait en aucun cas savoir les détails sordides de ce qui allait se passait ce soir.

- Mhm et dans la position où je me trouve, je suis tout à fait en mesure de vous juger comme je le fait car contrairement à vous je ne plante pas mon poignard dans la chair de n'importe de sang-froid, les rares fois où ça m'est arrivé c'était par pure défense.

Soudain un détail s'imposa à elle

- Et vous pensez sincèrement que votre stupide cercle de sanguinaires m'intéresse ? J'en sais déjà suffisamment pour...

Elle ne put achever sa phrase car Seyrane qui s'était avancée vers eux venait de s'évanouir. Arianna se pencha légèrement sur le côté tout en jetant un regard détaché mais néanmoins assez satisfait vers le corps inerte mais vivant de la jeune noble. Un sourire se dessina sur ses lèvres et elle lança un regard entendu et remplie d'arrogance vers l'ombrageux.

- Visiblement les choses sérieuses vont devoir attendre, décidément nous avons un point commun, celle-là nous mets des bâtons dans les roues.

William sentait parfaitement l'aversion d'Arianna pour lui. Pour l'instant, ni Rouge ni Maximilian n'avaient lâché un mot et c'était un duel verbal entre la jeune femme et lui. Pourtant, rien ne pouvait lui ôter son sourire sarcastique et cette sorte de fausse bonne humeur. C'était sans doute ce qui énervait le plus la jeune esclave.
Mais dans sa dernière réplique, Arianna semblait avoir mis le doigt sur quelque chose ; elle pensait pouvoir faire du chantage aux Ombrageux d'après ce qu'elle savait de Maximilian. Un instant, William eut effectivement peur des conséquences de sa parole, mais se rassura vite : si elle essayait de parler, elle mourrait avant d'avoir révélé quoi que ce soit. Et il se ferait un plaisir de la tuer de ses propres mains.
La pique de la jeune femme sur sa manière de la menacer ne lui avait fait ni chaud ni froid. Si il avait une conscience, elle était tellement bien enfouie que tuer et ôter des vies ne le choquait pas. Évidemment, il évitait de tuer inutilement, car ce n'était pas le genre d'homme impulsif et vengeur, non, lui, on aurait pu le définir par « la vengeance est un plat qui se mange froid ».
Il ne tuait qu'en cas de nécessité, et toujours proprement. Passons.
Lorsque le bruit sourd du corps de Seyrane retentit derrière lui, il pivota en une seconde, dague sortie vers la jeune femme. Lorsqu'il vit qu'elle était inconsciente, il rangea aussitôt son arme et jeta un coup d'œil alentour.

- " On devrait vite la sortir de là avant que quelqu'un la remarque. "

Lorsqu'Arianna fit remarquer que les Ombrageux et elle pouvaient avoir des intérêts communs, il se retourna et lui jeta un regard noir. Sa voix doucereuse murmura :

- " Mais qui vous dit que cette jeune noble nous met des bâtons dans les roues ? "

Pure mauvaise foi, il le savait bien. Si la jeune femme avait entendu quoi que ce soit avant de s'évanouir, et qu'elle allait le répéter en se réveillant, ce n'était pas bon pour eux même si rien de capital n'avait été dit. Cependant, mieux valait prendre ses précautions. Il prit la jeune femme par les épaules et la tira derrière un rideau.  

Décidément les seules pensées de la jeune esclave vers l'ombrageux n'était qu'une aura négative d'une noirceur sans précédant. Mais elle n'avait pas l'envie de batailler pour imposer son opinion à l'ombrageux. Il avait l'air aussi bornée qu'elle. Elle reprit donc son air arrogant et satisfait qui lui correspondait si bien, c'était comme une seconde peau pour elle, c'était naturel d'agir ainsi même si beaucoup la considérait depuis comme une garce condescendante, elle se fichait pas mal de l'avis des autres, à présent ils étaient de l'autre côté du Mur de toutes manières. Voir le corps étendu et inconscient de Seyrane la transportait de joie, à force de fouiner là où il ne fallait pas cette noble avait perdu dans son petite jeu, au grand bonheur d'Arianna. D'un regard satisfait elle regarda l'ombrageux se penchait vers le corps inconscient de la jeune noble. Lorsqu'il prit une voix mielleuse pour insinuer que la noble ne leur était d'aucun obstacle, un sourire mi-arrogant mi-condescendant se dessina sur les lèvres tandis qu'elle jaugea d'un regard hautain la jeune noble toujours évanouie.

- Elle ne souhaite que rapporter ses mésaventures aux autres petits noblions puritains. L'idée qu'une esclave soit incrustée à la fête fut un régal pour elle à dévoiler alors une bande d'ombrageux traînant dans le coin.

Elle lui jeta un regard entendu tandis que son sourire s'agrandit arborant un air parfaitement narquois et espiègle.

- Dès son réveil il faudra la garder en laisse pour ne pas qu'elle crie sur les toits qui vous êtes réellement.

Elle marqua une pause et regarda autour d'elle tandis que l'ombrageux cachait l'évanouie de la vue de tous.

- Mhm laissez moi faire les présentations puisque dans son état c'est impossible : morbide ombrageux voici Seyrane De Larant, alias soucis à l'horizon.

Il lui sembla faire une chaleur insurmontable dans cette pièce.

- Bonne chance avec la noblionne, pour ma part je vous laisse dans vos petits complots idiots. Sur ce, aurevoir, Maximilian on se reverra à l'occasion, le Morbide va rôtir en enfer avec tes pseudos-menaces.

Sans laisser à l'ombrageux ou à son complice de répondre elle s'éloigna.  

 Je reste muet durant tout l'échange, passant mon regard d'Arianna à Will, puis occasionnellement à la noble évanouie par terre. Je sais bien qu'Arianna possède une volonté exemplaire, et qu'elle est extrêmement têtue, la mettre face à Will ne peux que garantir un spectacle de haute qualité. Je ne suis pas déçu. Cependant, tout cela retarde notre plan initial. Dire que j'ai failli oublier le but de cette soirée...

Laissant les deux se jauger, je regarde les noblions autour de nous. Une femme brune en particulier observe notre groupe, yeux plissés. Heureusement, elle se retourne et s'en va vers les jardins. Seule. Intérieurement, je panique. A-t-elle compris ? Mais pourquoi sort-elle alors ? Que faire ? Je me mords les lèvres et tapote l'épaule de Will. Il n'a pas l'air de faire attention tout de suite, alors je recommence. D'un signe de tête je lui montre la direction de la sortie.

- Il se peut qu'on est une nuisible sur les bras...

Un murmure, par peur de se faire entendre. De toute façon, mon visage me trahit. Quel piètre Ombrageux que je suis... Soudainement, je réalise le résultat qui suivra mes paroles. On ne laisse pas de témoins gênants en vie. Je déglutis. C'est moi qui ai choisi cette vie après tout, alors je ne dois pas me comporter comme un innocent. Je ne suis pas un noblion pur souche. Je ne leurs dois rien.  

William n'eut aucune réaction, excepté son sourire habituel, lorsque Arianna les quitta. Il regarda cependant Maximilian en se demandant si celui-ci n'aurait pas préféré rester encore un peu avec la jeune fille. Mais rien ne se lisait dans les yeux du jeune homme qui ressemblât à de la déception.
William remarqua aussi la jeune fille qui sortait ; ne l'ayant pas vue auparavant, il ne savait pas si elle les observait depuis un moment, mais comme Max l'avait fait remarquer, ce pouvait être une nuisible. Seulement, avant de la suivre, il fallait s'occuper du cas de l'évanouie. Arianna avait semblé prendre du plaisir à la voir ainsi, et avait lourdement insisté sur les soucis qu'elle pouvait amener. Mais le jeune Ombrageux n'y avait pas vraiment prêté attention ; la petite vengeance personnelle d'une esclave ne l'intéressait pas.
Il jeta un coup d'œil à ses « collègues » présents ; Rouge, Maximilian, Kaage plus loin. Personne d'autre pour l'instant, ou ils étaient bien cachés. Il appela Rouge :

- " Nous te laissons la noblionne qui s'est évanouie. Demande à Kaage de s'en occuper, je vois que tu as déjà quelqu'un. "

Un large sourire s'étala sur son visage alors qu'il dévisageait Serena.

- " Maximilian et moi allons s'occuper de la jeune noblionne qui a voulu s'échapper... "

Ses yeux brillèrent d'un éclat sauvage et il tourna les talons. Rasant le rideau, il se dirigea vers la grande porte de la salle et sortit avec Max. Ils longèrent le mur, restant dans son ombre afin de ne pas être repéré de leur victime. William murmura :

- J'ai cru comprendre que tu n'aimais pas tuer... Je peux m'en occuper si tu veux. "

Il sourit et s'approcha un peu plus du banc sur lequel la jeune femme était assise. Elle ne semblait pas bien vieille, très jolie et très soignée. Une vrai petite noble. Le jeune homme grinça des dents. Il avait hâte de passer à l'acte.

J'avance les yeux écarquillés, me sentant tellement petit. Et pour cause, deux Gardiens gigantesques me " sandwichent ", prenant bien soin de m'escorter jusqu'à l'endroit des festivités. Je ne voulais pas venir, qu'on soit bien clair. Le bruit, l'ambiance, les gens, très peu pour moi. D'ailleurs, pourquoi n'ont-ils pas fait établir une règle où ils me dispensaient d'assister à ce genre de rendez-vous ? Personne ne veut de moi ici, en tout cas ceux qui me connaissent. Peut-être que j'exagère. Je peux toujours tenter et entamer la conversation avec quelqu'un qui ne me connait pas encore.

Les deux Gardiens me lâchent enfin, repartant en me lançant des regards emplis de reproches. Comme si c'était moi qui les avaient envoyés me chercher ! Stupide loi... La marée humaine bouge devant moi, me laissant peu de place pour passer. Pas à pas, je traverse la salle, essayant de trouver un coin plus tranquille. Ici et là, je croise un visage familier. Je lève la main à la vue de mon voisin de palier, mais il se contente de passer outre, ne daignant même pas m'accorder un regard. Je baisse la main, me sentant parfaitement ridicule. De toute façon, personne ne m'a vu. Je sens que cette soirée va être interminable.

Je ne sais pas quelle heure il est, mais je sens le sommeil me gagner. Je n'ai pas fait grand chose à part observer les gens et lire un livre que j'ai réussi à emmener. Mon seul ami face à cette solitude. Malheureusement, chaque chose a une fin. Je me demande si je peux partir maintenant. Ce n'est pas comme si on prenait les présences et qu'on ne pouvait partir qu'à la toute dernière minute. Je me lève, mais on me repousse dans ma chaise, verre soudainement à la main. Pourquoi pas. Cette étrange breuvage que les gens ne semblent jamais s'en lasser. J'avoue, je n'en ai jamais gouté. Il faut un début à tout, n'est-ce pas ?

Je ne sais plus combien de verres ont suivis. Ma tête semble toute légère et je reste assis, souriant comme un idiot. La chaleur de la salle commence à me dérange. J'essaye de me lever, mais je retombe de suite. Bah, on est tellement mieux assis.

Le jeune Ombrageux ne prit même pas la peine d'attendre une réponse de son camarade, il savait bien que celui-ci n'aimait pas tuer. Cela l'avait toujours étonné de la part d'un ombrageux mais comme tous il s'y était habitué et n'avait jamais fait plus de commentaires.
Les deux amis étaient dans l'ombre de la haute bâtisse de l'hôte du soir. Une petite brise sifflait, faisant crisser les feuilles morts étalées aux alentours. La victime leur tournait le dos, assise sur un banc de fer forgé. La tête baissé, elle semblait pensive. William s'approcha lentement, à pas de loups, silencieux et discret. Lorsqu'il fut juste derrière la jeune femme, il fit sortir sa dague dans un glissement. Elle n'eut pas le temps de tourner la tête pour identifier la provenance du bruit, que le métal froid était posé sur sa gorge.
Will, sans lâcher son arme, se projeta par dessus le dossier du banc et fit face à sa victime. Un large sourire dévorait son visage, et ses yeux brillaient dans la semi-obscurité.

- " Bonsoir, ma chère demoiselle. Toutes mes excuses pour vous avoir importunée. "

Il sembla réfléchir quelques instants, sans lâcher son emprise. Si quelqu'un sortait, ils allaient être découverts. Mieux valait se déplacer. Il comptait faire causer un peu la noble avant de l'achever. Pas par cruauté, mais par goût de la conversation, et surtout soif d'informations qui pourraient leur être utiles... Faisant un signe de tête à son complice, il intima à la jeune femme de se lever.

- " Si vous nous suivez sans faire d'histoire, il ne vous sera rien fait... Pour l'instant. "

Ils traversèrent le parc dans l'autre sens, pour arriver près d'une autre porte, une sorte de porte cochère dans laquelle ils pouvaient se dissimuler. Will y poussa sa victime.

- " Quel est votre nom ? "

Même s'il prenait parfois du plaisir à sentir la peur de ses victimes, William était professionnel et ne tuait pas par plaisir. Il voulait d'abord soutirer un maximum d'informations à la jeune femme.

Elle s'était faufilée à l'étage, alors qu'une heure plus tôt elle sautillait de joie comme une gamine de six ans à l'idée de s'infiltrer dans un banquet de la noblesse à présent elle ne souhaitait que repartir. A présent que son identité avait été dévoilé au maître des lieux rester lui semblait vraiment tirés par les cheveux. Au moins elle aurait profité du champagne pendant un bon moment. Elle jeta un regard à gauche, un regard à droite, le couloir était désert. Elle entra alors dans la chambre où elle s'était préparé tout à l'heure. Où était ses vêtements à elle ? Elle rouvrit les armoires, se mit à quatre pattes pour regarder sous le lit. Elle les avaient laissés là pourtant, elle se souvint alors des nombreuses domestiques, des esclaves comme elle, qui arpentaient l'étage lorsqu'elle avait quitté la chambre, l'une d'elles avaient du passer entre-temps et ranger. Elle poussa un soupire, mais en même temps elle ne pouvait pas en vouloir aux domestiques, elles vivaient la même galère et elles n'avaient fait que leur travail. Elle fouilla alors parmi les tissus somptueux et les robes hors de prix quelque chose de simple, refermant une armoire elle se dirigea vers la seconde, toujours bredouille. Elle retourna la commode jusqu'au dernier tiroir avant d’apercevoir la pile de vêtements familiers sur pliés sur la chaise. Lorsqu'elle les récupéra elle remarqua qu'ils avaient été lavés, tant mieux. Elle les enfila en vitesse. Cela lui était si agréable de se débarrasser de toute cette masse de tissu, de toute cette tulle, et surtout de ce jupon. Ici les femmes ne semblaient pas connaître l'existence du pantalon, non que se soit interdit d'en porter, mais ne connaissant pas l'essence du mot travail les femmes ne se devaient que d'être présentables comme travail quotidien, au village c'était différent. Et sentir le tissus familier contre sa peau, ne plus être entravé par cette masse de tissus, elle était comme libérée d'un poids. Elle se débarrassa des perles et autres bijoux en les reposant sur l'un des meubles puis elle retrouvera ses bottes dans un coin de la pièce et les troqua contre les talons qui lui avaient fait mal au pied. A présent c'était elle sans aucune affres.
Alors qu'elle rattachait son collier d'esclave autour de son cou elle se demander comment elle ressortirait d'ici. Par l'escalier, autant hurler sur les toits qu'une esclave s'était infiltrée à la soirée, nous étions à l'étage donc pas de portes. Mais des balcons, et des fenêtres. Elle se dirigea vers l'une des fenêtres de la chambre, tirant sur l'un des rideaux elle s'étonna de la lumière que projetait la lune cette nuit-là. Elle jaugeait chaque endroit de l'arrière-cour, heureusement cette fenêtre ne donnait pas sur le jardin principal mais sur un endroit moins fréquenté. Pour le moment elle ne voyait qu'une seule personne, une jeune femme, lorsque celle-ci tourna la tête elle reconnu sa soeur, Isabelle. Elle ouvrit alors la fenêtre, prête à descendre, elle savait que son asservisseuse ne dirait rien. C'est alors qu'un homme la rejoint, pestant elle resta sur sa position, à moitié en train de passer par dessus la petite rambarde de la fenêtre, puis elle reconnu l'homme. C'était un ombrageux, elle l'avait même surnommé le Morbide. Il avait tenté de l'effrayer en montrant son arme, jouant les méchants. Tout tourna vite dans son esprit mais elle comprit qu'il n'allait pas voire cette noble pour discuter, il voulait quelque chose d'elle.  

- Mais qu'est-ce qui se passe, se dit-elle à elle-même.

En tout cas ça ne présageait rien de bon, vraiment rien de bon.

Plusieurs dizaines de minutes plus tard, lorsque tous les Ombrageux étaient retournés à leurs occupations, Seyrane se réveilla. Elle était allongée derrière un lourd rideau rouge, sa tête était lourde et un étau enserrait ses tempes. Elle s'assit tant bien que mal. Personne ne l'avait remarquée, les ombrageux étaient efficaces, derrière le rideau la fête battait son plein et les nobles évoluaient à quelques mètres d'elle sans se douter de rien.
Elle se leva, chancelante, et se massa les temps. Dieu, elle avait du se cogner en tombant.
Elle tira un peu sur sa robe pour en lisser les plis, et réajusta un peu sa coiffure pour avoir l'air normal. Il était temps de prévenir quelqu'un, et vite. Mais il fallait être discrète et ne pas se faire repérer par ceux qui rôdaient toujours dans la salle.

Elle prit une grande inspiration et tira le rideau, révélant à ses yeux la salle chargée, enfumée, remplie de rires et de bruits. Elle avança à petits pas, encore hésitante, mais dut s'arrêter immédiatement.
Un grand jeune homme brun se trouvait exactement face à elle. Il était très beau, et il dégageait une aura mystérieuse qui avait cloué Seyrane sur place. Elle ne pouvait plus bouger, plus détacher son regard de cet homme. Il était à la fois superbe et absolument effrayant. Ses yeux s'écarquillèrent, et elle réussit à bouger, enfin uniquement pour faire demi-tour et retourner à grands pas derrière son rideau. Cette vision l'avait horrifiée, un sourd pressentiment l'agitait et lui dictait de fuir, et vite.
Elle resta tapie derrière le lourd tissu, attendant en retenant son souffle.

Lorsque des pas d'homme résonnèrent, s'approchant du rideau, Seyrane frémit au sens propre du terme. Ses poils se hérissèrent, ses bras nus furent soudain glacés, le sang lui monta à la tête et son joli visage pâlit. Elle manqua de s'évanouir à nouveau mais se força à rester éveillée.
Après tout, cet homme l'avait effrayée et séduite à la fois, mais qui était-il ? Il ne la connaissait pas, elle ne le connaissait pas. Il était possible que ce soit juste un inoffensif parent du sir Mikaelson. Il fallait avouer que l'adjectif « inoffensif » lui convenait assez peu, mais l'habit ne faisait pas le moine !

La jeune femme tentait de se raisonner, de reprendre son calme, quand un bruissement de taffetas lui fit brusquement relever la tête. Elle s'y attendait, mais son étonnement fut tel que sa mâchoire tomba, laissant à découvert ses dents blanches.
Il était là, avec son sourire en coin des plus séduisant, son costume impeccable, sa cravate sans un pli, ses cheveux parfaitement arrangés de chaque côté de la raie. Lorsqu'il plongea ses iris bruns dans ceux de Seyrane, elle chancela. Il avait un regard superbe, profond, qui allait vous chercher aux entrailles. Elle sentit un drôle de fourmillement dans son ventre, et l'écarta aussitôt.
Il parla. Sa voix était doucereuse, désagréable. La jeune femme comprit que ce n'était pas dans sa nature de parler avec une telle courtoisie, même s'il semblait en avoir l'habitude.

Elle reprit ses esprits d'un battement de cils. Elle était Seyrane, Seyrane de Larant, celle qui méprisait tout le monde, qui prenait ses égaux de haut, et ses inférieurs sur le même pied. Enfin, la dernière fois qu'elle l'avait fait, elle s'était fait jeter, mais ce n'était qu'une petite peste, avec son asservisseuse plus prétentieuse qu'une reine.
La jeune femme toisa son interlocuteur, prenant soin de détailler son visage avec arrogance, impassible et inexpressive.

« - C'est bien moi, à qui ai-je l'honneur ? »

Son ton était beaucoup plus affirmé qu'elle n'avait espéré, presque hautain. Elle attendrait de connaître son nom avant de le saluer selon son rang. De toute façon, elle n'avait rien à perdre.
De l'autre côté du rideau, certains devaient déjà être bien éméchés, et leurs « camarades » ne se gêneraient pas pour leur faire remarquer ensuite. L'ambiance habituelle de ces réceptions.