Elle s'était faufilée à l'étage, alors qu'une heure plus tôt elle sautillait de joie comme une gamine de six ans à l'idée de s'infiltrer dans un banquet de la noblesse à présent elle ne souhaitait que repartir. A présent que son identité avait été dévoilé au maître des lieux rester lui semblait vraiment tirés par les cheveux. Au moins elle aurait profité du champagne pendant un bon moment. Elle jeta un regard à gauche, un regard à droite, le couloir était désert. Elle entra alors dans la chambre où elle s'était préparé tout à l'heure. Où était ses vêtements à elle ? Elle rouvrit les armoires, se mit à quatre pattes pour regarder sous le lit. Elle les avaient laissés là pourtant, elle se souvint alors des nombreuses domestiques, des esclaves comme elle, qui arpentaient l'étage lorsqu'elle avait quitté la chambre, l'une d'elles avaient du passer entre-temps et ranger. Elle poussa un soupire, mais en même temps elle ne pouvait pas en vouloir aux domestiques, elles vivaient la même galère et elles n'avaient fait que leur travail. Elle fouilla alors parmi les tissus somptueux et les robes hors de prix quelque chose de simple, refermant une armoire elle se dirigea vers la seconde, toujours bredouille. Elle retourna la commode jusqu'au dernier tiroir avant d’apercevoir la pile de vêtements familiers sur pliés sur la chaise. Lorsqu'elle les récupéra elle remarqua qu'ils avaient été lavés, tant mieux. Elle les enfila en vitesse. Cela lui était si agréable de se débarrasser de toute cette masse de tissu, de toute cette tulle, et surtout de ce jupon. Ici les femmes ne semblaient pas connaître l'existence du pantalon, non que se soit interdit d'en porter, mais ne connaissant pas l'essence du mot travail les femmes ne se devaient que d'être présentables comme travail quotidien, au village c'était différent. Et sentir le tissus familier contre sa peau, ne plus être entravé par cette masse de tissus, elle était comme libérée d'un poids. Elle se débarrassa des perles et autres bijoux en les reposant sur l'un des meubles puis elle retrouvera ses bottes dans un coin de la pièce et les troqua contre les talons qui lui avaient fait mal au pied. A présent c'était elle sans aucune affres.
Alors qu'elle rattachait son collier d'esclave autour de son cou elle se demander comment elle ressortirait d'ici. Par l'escalier, autant hurler sur les toits qu'une esclave s'était infiltrée à la soirée, nous étions à l'étage donc pas de portes. Mais des balcons, et des fenêtres. Elle se dirigea vers l'une des fenêtres de la chambre, tirant sur l'un des rideaux elle s'étonna de la lumière que projetait la lune cette nuit-là. Elle jaugeait chaque endroit de l'arrière-cour, heureusement cette fenêtre ne donnait pas sur le jardin principal mais sur un endroit moins fréquenté. Pour le moment elle ne voyait qu'une seule personne, une jeune femme, lorsque celle-ci tourna la tête elle reconnu sa soeur, Isabelle. Elle ouvrit alors la fenêtre, prête à descendre, elle savait que son asservisseuse ne dirait rien. C'est alors qu'un homme la rejoint, pestant elle resta sur sa position, à moitié en train de passer par dessus la petite rambarde de la fenêtre, puis elle reconnu l'homme. C'était un ombrageux, elle l'avait même surnommé le Morbide. Il avait tenté de l'effrayer en montrant son arme, jouant les méchants. Tout tourna vite dans son esprit mais elle comprit qu'il n'allait pas voire cette noble pour discuter, il voulait quelque chose d'elle.  

- Mais qu'est-ce qui se passe, se dit-elle à elle-même.

En tout cas ça ne présageait rien de bon, vraiment rien de bon.

Plusieurs dizaines de minutes plus tard, lorsque tous les Ombrageux étaient retournés à leurs occupations, Seyrane se réveilla. Elle était allongée derrière un lourd rideau rouge, sa tête était lourde et un étau enserrait ses tempes. Elle s'assit tant bien que mal. Personne ne l'avait remarquée, les ombrageux étaient efficaces, derrière le rideau la fête battait son plein et les nobles évoluaient à quelques mètres d'elle sans se douter de rien.
Elle se leva, chancelante, et se massa les temps. Dieu, elle avait du se cogner en tombant.
Elle tira un peu sur sa robe pour en lisser les plis, et réajusta un peu sa coiffure pour avoir l'air normal. Il était temps de prévenir quelqu'un, et vite. Mais il fallait être discrète et ne pas se faire repérer par ceux qui rôdaient toujours dans la salle.

Elle prit une grande inspiration et tira le rideau, révélant à ses yeux la salle chargée, enfumée, remplie de rires et de bruits. Elle avança à petits pas, encore hésitante, mais dut s'arrêter immédiatement.
Un grand jeune homme brun se trouvait exactement face à elle. Il était très beau, et il dégageait une aura mystérieuse qui avait cloué Seyrane sur place. Elle ne pouvait plus bouger, plus détacher son regard de cet homme. Il était à la fois superbe et absolument effrayant. Ses yeux s'écarquillèrent, et elle réussit à bouger, enfin uniquement pour faire demi-tour et retourner à grands pas derrière son rideau. Cette vision l'avait horrifiée, un sourd pressentiment l'agitait et lui dictait de fuir, et vite.
Elle resta tapie derrière le lourd tissu, attendant en retenant son souffle.

Lorsque des pas d'homme résonnèrent, s'approchant du rideau, Seyrane frémit au sens propre du terme. Ses poils se hérissèrent, ses bras nus furent soudain glacés, le sang lui monta à la tête et son joli visage pâlit. Elle manqua de s'évanouir à nouveau mais se força à rester éveillée.
Après tout, cet homme l'avait effrayée et séduite à la fois, mais qui était-il ? Il ne la connaissait pas, elle ne le connaissait pas. Il était possible que ce soit juste un inoffensif parent du sir Mikaelson. Il fallait avouer que l'adjectif « inoffensif » lui convenait assez peu, mais l'habit ne faisait pas le moine !

La jeune femme tentait de se raisonner, de reprendre son calme, quand un bruissement de taffetas lui fit brusquement relever la tête. Elle s'y attendait, mais son étonnement fut tel que sa mâchoire tomba, laissant à découvert ses dents blanches.
Il était là, avec son sourire en coin des plus séduisant, son costume impeccable, sa cravate sans un pli, ses cheveux parfaitement arrangés de chaque côté de la raie. Lorsqu'il plongea ses iris bruns dans ceux de Seyrane, elle chancela. Il avait un regard superbe, profond, qui allait vous chercher aux entrailles. Elle sentit un drôle de fourmillement dans son ventre, et l'écarta aussitôt.
Il parla. Sa voix était doucereuse, désagréable. La jeune femme comprit que ce n'était pas dans sa nature de parler avec une telle courtoisie, même s'il semblait en avoir l'habitude.

Elle reprit ses esprits d'un battement de cils. Elle était Seyrane, Seyrane de Larant, celle qui méprisait tout le monde, qui prenait ses égaux de haut, et ses inférieurs sur le même pied. Enfin, la dernière fois qu'elle l'avait fait, elle s'était fait jeter, mais ce n'était qu'une petite peste, avec son asservisseuse plus prétentieuse qu'une reine.
La jeune femme toisa son interlocuteur, prenant soin de détailler son visage avec arrogance, impassible et inexpressive.

« - C'est bien moi, à qui ai-je l'honneur ? »

Son ton était beaucoup plus affirmé qu'elle n'avait espéré, presque hautain. Elle attendrait de connaître son nom avant de le saluer selon son rang. De toute façon, elle n'avait rien à perdre.
De l'autre côté du rideau, certains devaient déjà être bien éméchés, et leurs « camarades » ne se gêneraient pas pour leur faire remarquer ensuite. L'ambiance habituelle de ces réceptions.

Une lueur amusée s'alluma dans ses yeux gris tandis que l'expression de Seyrane changeait du tout au tout. Elle n'était plus à présent la jeune fille qu'il avait vu perdue tout à l'heure, mais une noble bien comme il le fallait, hautaine mais pas trop, élégante et courtoise. Cependant, rien n'ébranla la beauté et la finesse de la jeune fille, conservant un regard de biche et un sourire impeccable. Il fut presque déçu qu'elle aussi rentre dans cette catégorie ; après tout, elle l'avait intriguée. Et avec ce qu'il se tramait sous le toit de la demeure Mickaelson, il ne pouvait rien laisser passer. Et puis, pourquoi ne pas passer du bon temps ; les fêtes sont fêtes pour ça, non?
Il la laissa l'étudier sans ciller, soutenant son regard avec plaisir.

« - Sir Dante Natanaël Knightley. Ravi de faire votre connaissance, Mademoiselle. »

Il inclina la tête vers l'avant. Puis d'un geste rapide, il s'empara de sa main et déposa ses lèvres délicatement sur le dos de sa main, sans la quitter des yeux. Un sourire charmant fleurit sur ses lèvres tandis qu'il se relevait et laissait la main de Seyrane revenir à sa propriétaire.
Il essayait de lire en elle. Pas que ce soit difficile, mais il lui fallait comprendre entièrement la personne. Il ne devait pas faire de fautes ; il avait ouïe d'une discussion qui avait était malencontreusement entendue par des personnes indésirables. En même temps, la jeune fille n'avait aucune idée de son réel statut. Elle ne le connaissait peut être même pas ; enfin, comme si c'était possible. Il était Dante, tout de même. Il chassa rapidement ses suppositions pour ne pas perturber l'échange et enchaîna ainsi, d'une voix toujours aussi douce et fluide.

« - Vous ne profitez donc pas de la fête? » Il désigna l'endroit où ils se trouvaient d'un geste vaste mais élégant. « C'est un peu restreint comme espace, vous ne trouvez pas? »

Un délicieux sourire passa sur les lèvres roses de Seyrane lorsque celles de son interlocuteur effleurèrent sa main. Le jeune homme se présenta dans les règles de l'art. Son nom évoquait quelque chose à la jeune femme, et vu son profil ce devait être dans une quelconque réunion de jeunes filles obsédées par lui. Il faut avouer qu'il était très séduisant. D'ailleurs, quand elle le regardait, tous ses sens étaient démultipliés. Sa peau avait frémi au contact de ses lèvres.

Évidemment, cela ne se vit pas sur son visage. Se composer une expression indifférente était la première leçon d'une entrée dans le grand monde. Elle sourit poliment et se présenta de nouveau, même si le sir Knightley avait semblé la connaître déjà :

- « Comme vous l'avez supposé, je suis Seyrane de Larant. Comment me connaissez-vous ? »

Le charmant sourire qui était passé sur ses lèvres disparut. Ses yeux chaleureux se refroidirent et toisèrent presque le beau Dante. Elle était affreusement attirée par lui, par son visage, ses cheveux, ses yeux, les épaules musclées qui se dessinaient sous son costume, et comprit soudain en quels termes elle en avait entendu parler.
C'était à tous les coups un tombeur de femmes, un coureur de jupons. Le genre d'homme qui s'amuse le temps d'un soir mais qui n'a pas le temps pour quelque chose de sérieux.
Seyrane menait un combat intérieur contre elle-même. Posons les choses franchement, elle était vierge et n'avait pas l'intention de perdre son innocence, comme sa mère disait, avec le premier homme séduisant qui lui passait sous le nez. Cependant, il était affolant, et son regard qui la détaillait osait sans être indécent.

Assise sur la rambarde, prête à descendre elle fixait un point de l'horizon. Derrière la pénombre de la nuit on distinguait encore le Mur qui se dessinait au loin. Et elle repensait à sa vie là-bas, avant de s'embarquer dans les complots et de terminer asservit, mais aussi avant de découvrir que les liens du sang pouvaient s'étendre un peu plus loin que prévu. Cela avait était un enchaînement de nouvelles plus qu’inattendues et elle ne se sentait pas prête à voir débarquer une autre nouvelle fracassante, elle avait besoin de retrouver son quotidien. Certes un train-train autour de la faim, du froid et du vol mais elle était dans son élément, elle avait grandit ces derniers mois dans cette vie et s'y était faite rapidement. Alors qu'ici elle se sentait appart, comme le vilain petit mouton noir du troupeau. Elle voulait retrouver sa vie d'antan, celle qu'elle était vraiment, même si elle devait retomber dans l'illégalité et le danger. Au moins elle faisait ça pour survivre, c'était un peu plus noble que de devoir se traîner à genoux devant celle qui a jeté une poignée de pièces pour la posséder. Elle se sentait comme animal, une bête, un outil, et elle détestait ça. Elle secoua négligemment la tête de droite à gauche, il fallait arrêter de diverger et s'en aller. Elle ressentait tout de même un léger pincement au coeur à l'idée de laisser sa dernière famille sans même un aurevoir. Surtout que derrière les disputes sa soeur l'avait aidée devant l'hôte de cette soirée et la noblesse qui aurait pu commander une sentence pour être entrée ainsi dans un banquet mondain. Décidément une chose était sûre, elle était douée pour se mettre dans des situations dangereuse. Et là voilà assise à la rambarde d'une fenêtre du premier étage, elle ne pouvait sauter, c'était trop haut mais elle atteindrait la rebord de la fenêtre inférieure puis gagnerait le sol ensuite.

- Allez Arianna, une petite partie d'escalade et ce stupide drame de soeur sera de l'histoire ancienne, se rassura-t-elle

Elle entendit un rire étouffé, en se retournant elle aperçut Derek Cristopher Mikaelson, l'hôte des lieux. Elle leva les yeux au ciel, pourvu qu'il n'est rien entendu mais ça semblait le contraire.

- En tant que noble petit puritain on ne vous a jamais appris qu'écouter aux portes était vraiment impoli et importun, enfin métaphoriquement parlant puisque nous sommes à une fenêtre et non une porte, peut importe.

Elle marqua une pause, se demandant pourquoi était-il ici.

- Mhm vous comptez fermer les yeux sur ma venue ou prévenir les gardiens de mon énième insubordination, de toutes manières ils me détestent.

Elle n'eut pas le loisirs d'attendre une réponse de la part de l'hôte des lieux car une silhouette en bas attira son attention, cette silhouette venait d'arriver en trombe à l'endroit même où se tenait l'ombrageux alias le Morbide et sa soeur. C'est là qu'un détail s'imposa à elle, où était le Morbide, et donc la soeur. Où étaient-ils ? Déjà que l'idée que son asservisseuse soit en la présence de cet ombrageux ne la ravissait guère l'idée que les deux ne soient plus dans sa ligne de mire lui donnait froid dans le dos. Elle se rendit compte qu'elle ne souhaitait pas qu'on fasse de mal à Isabelle, certes elle était son asservisseuse mais aussi sa soeur. Et si la nouvelle avait été très dure à avaler et qu'elle ne souhaitait que fuir cette réalité elle ne pouvait se résoudre à laisser cet homme ne touche son sang, aussi compliquées soient les relations qu'elles entraînaient. Faisant abstraction de la présence de Derek elle se pencha un peu plus vers l'extérieur et détailla les moindres recoins du jardin. De là haut elle n'observait pas grand chose, elle devait descendre. Ce qu'elle décida de faire sur le champ. C'est alors qu'elle se souvint de la présence de l'hôte des lieux. Elle se retourna vers lui, le jaugea de haut en bas puis prit la parole.

- Mhm trêve de bavardages il faut absolument que j'y aille.

Elle marqua une pause, il semblait presque déçu, c'était étrange qu'il ne l'ait pas déjà mis à la porte, c'était une esclave, elle avait joué de lui.

- A une prochaine fois.

Elle regarda en bas, le sol paraissait soudainement très bas, elle sauta alors sur le rambais de la fenêtre inférieure, heureusement que les fenêtres de ce manoir était très imposantes et garantissaient une prise assez fiable. Les hautes fenêtres du rez-de-chaussée la surpris mais elle n'avait d'autres choix à présent que de se jeter dans le bain, et elle sauta. Elle avait anticipé la chute avant même d'atteindre la terre ferme, elle finit son saut en roulant sur le sol, se releva avec peine elle pesta contre son idiotie. A peine une semaine dans l'Enclave et j'en perds déjà mon agilité pensa-t-elle.  

Le jeune homme tenait fermement sa dague appuyée sur le cou fragile de sa victime. Il ne l'avait pas encore blessée, aucun sang ne tâchait son arme, mais si elle gardait ce silence imperturbable il allait passer aux choses sérieuses.
Il s'apprêtait donc à en avertir la jeune femme quand un choc sourd ébranla le sol et qu'une forme sombre se levait prestement, à quelques pas de là. La surprise de William ne dura qu'un instant. Sans lâcher sa dague, il en avait sorti une deuxième, et essayait maintenant de voir qui leur faisait l'honneur de sa visite. Il avait très vite compris que quelqu'un avait sauté - ou était tombé - d'une fenêtre au-dessus.
Il restait maintenant à savoir qui, et pourquoi. Immobile sur ses appuis, silencieux, il attendait que la personne fasse un geste, un signe. Quelques instants s'écoulèrent. Il fronça les sourcils, et demanda, d'une voix basse :

- « Qui va là ? »

Sa question partit dans le vide. La forme n'avait pas bougé d'un pouce depuis qu'elle s'était relevée. La lune, cachée par les nuages, n'aidait pas le jeune homme à découvrir l’identité de cette forme, du moins jusqu'au moment où une petite brise agita les cumulus gris et laissa la lumière argentée balayer la terre.
William put reconnaître une femme, et plus précisément, s'il ne se trompait pas, la jeune amie de Maximilian, Arianna, avec qui il avait eu un dialogue plutôt amusant quelques dizaines de minutes auparavant.
Mais que faisait-elle là ?

Le goût acre de la poussière, voilà la première chose qu'elle ressentit. Elle sentait sa peau maculée de terre, ou plutôt de boue. Elle se releva avec peine, ses muscles endoloris par la chute. Lorsqu'elle reconnut le Morbide elle eut d'abord un mouvement de recul, retombant sur le sol. Elle pesta une énième fois, cette soirée craignait vraiment. Elle pataugeait presque dans la boue, un ombrageux qu'elle méprisait face à elle. Elle se releva lentement et lorsqu'il demanda son identité elle resta muette comme une carpe, elle n'aspirait qu'à s'enfuir avant qu'il décide de la faire taire disons définitivement. Les nuages qui filaient à toutes vitesses laissèrent entrevoir un instant les lumineux rayons lunaires qui révélèrent son visage à l'ombrageux qui attendait encore sa réponse. Elle croisa les bras contre son torse, levant le menton avec arrogance, mais sa fatigue et sa chute de la fenêtre la trahissait. Elle n'avait même pas remarqué qu'il tenait en joute d'une lame sa soeur, et asservisseuse au passage, sauf que dans son autre main il tenait une seconde lame, de sa main libre et donc totalement disposée à être dirigée contre elle. Elle recula d'un pas, puis de deux. Elle était débarqué alors qu'il s'apprêtait à passer à l'action. Et il voudrait surement la faire taire. Elle palpa ses poches, et sa ceinture, mais où était donc sa dague ?! Soudain elle s'en souvint, au fond d'une armoire dans les appartements de son asservisseuse dans la Haute-tour. Elle poussa un juron tout en toisant d'un regard noir mais qui trahissait une certaine peur l'ombrageux face à elle.

- Et bien que va-t-il m'arriver maintenant, vous comptez m'éliminer ?

Discrètement elle recula d'un pas, elle hésitait entre fuir ou aider Isabelle, quel choix faire ?

La lame menaçante reflétant la lumière de la lune rappelait à la jeune esclave qu'au moindre faux pas il pourrait bien lui enfoncer dans sa chaire et elle ne reverrait plus jamais la lumière du jour, libre ou asservit. Elle réfléchissait à toute vitesse, laisser sa famille périr sous la main d'un ombrageux ou sauver lâchement sa peau et s'enfuir comme prévu. Mais elle ne pouvait plus se résoudre à laisser sa demi-soeur dans un tel pétrin, même si elles n'étaient pas en bons termes Isabelle l'avait aidé plusieurs fois, il était temps de lui rendre la pareille, mais la lame qui l'a menacée l'emplissait d’appréhension. Il était fort, et surement largement plus fort qu'elle, non c'était certain, elle ne pouvait avoir l'avantage sur lui. Surtout qu'il l'a menacé d'une lame, tenant son second poignard contre la gorge de sa soeur, alors qu'elle était désarmée. Faible et désarmée, voilà ce qu'elle était. Mais elle était là, et elle ferait ce qu'elle peut pour aider sa soeur. Elle réfléchissait à toutes vitesses, cherchant une manière de faire pression. Eureka elle venait de trouver. Elle posa son regard sur la lame menaçante de l'ombrageux puis planta son regard dans celui de l'homme.

- Tu ne peux pas me tuer de toutes manières, ce sont des pseudos-menaces comme tout à l'heure, tu sais que je suis une amie de Maximilian.

Malgré ses efforts son ton qu'elle voulait neutre trahissait une certaine peur et appréhension, comment être sûre qu'il tenait en compte de l'avis de Maximilian, qui disait qu'il ne l'éliminerais pas sans rien dire. Elle n'eut pas loisirs de chercher une autre parade car la voix d'une femme s'éleva, puis des bruits de course, des pas se rapprochant : quelqu'un était là.
Elle ne voulait pas se retourner vers la silhouette qui débarquait à cause de l'arme pointait sur elle. Elle se contenta de se tordre le cou jusqu'à apercevoir que l'ombre était en fait une noble venu à leurs rescousses. Elle retourna son regard vers son agresseur tout à s'adressant à la nouvelle venu.

- Mhm charmante soirée n'est-ce pas, si tu veux que ça ne tourne pas au bain de sang sois gentille et aide ta comparse à s'échapper, à moins que tu es une lame sur toi dans ce cas c'est le moment de t'en servir

Après un début de soirée arrosé de sang et d'alcool. On pourrait présumer avoir atteint l'apogée après une vingtaine de meurtres non remarqués. Combien de temps cela pourrait-il encore durer ? Un cadavre allait forcément finir par être découvert. Surtout que les Ombrageux ne faisaient pas dans la finesse, ils ne nettoyaient que très peu derrière eux. Ainsi, les chambres d'invités se transformaient en chambres mortuaires. Quelqu'un allait forcément, se rendre compte de ce qu'il se déroulait. On ne pouvait trouver plus grande ambiguïté entre le thème de cette année et les drames : Lune de Sang. Comme si c'était le fiable lui même qui avait soumis l'idée à Derek Mickaelson.
Serena n'attendait qu'une chose ; la fin de tout cela. Elle souhaitait que tout s'arrête, ou même, elle désirait plus que tout un retour en arrière. Qu'il n'y ait pas eu de nobles décédés, qu'elle n'est pas eue à subir la violence et l'humiliation de la Guilde, que son frère revienne à la vie, que jamais ils n'aient emprunter cette route par la forêt ou bien même qu'ils n'aient pas quitté l'Enceinte. Un massacre qui se résumait à quelques mauvais choix. À des mauvais choix dont elle faisait parti, dont son frère faisait parti. Elle était coupable tout autant que ces meurtriers, alors elle ne souhaitait que la fin.
Une fin juste ou mauvaise, peu lui importait seulement que toutes ses souffrances, lui semblant vaines, cessent.

Tel un automate Pearl la trimbalait permis les convives. Elle finit par daigner à lui confier son nom. C'est avec beaucoup de prudence qu'elle prononça "Serena" comme si elle confiait la clef de son salut. L'ampleur grossissait quand Seyrane une noble de sa connaissance l'aperçoit. La malheureuse vint à sa rencontre. Elle fut immédiatement emmenée par un ombrageux et Serena ne sut ce qu'il advint d'elle. Ils montèrent à nouveau au premier étage, des corps furent cachés, ils redescendirent. Et le manège se répéta inlassablement. La jeune noble finit par saisir Pearl par le bras, et à l'éloigner du reste des Ombrageux.

-Tu as été honnête avec moi depuis le début, tu m'as même défendue. Contrairement à eux, tu sembles répugner certaines choses... Dis-moi la vérité, qu'allez-vous faire de moi après tout ça... Cette soirée, ce massacre...

© Fiche par Hailey J. Kingston pour Expiation exclusivement

Elle n'avait jamais eu le complexe du héros, sur ce point son ami d'enfance l'avait toujours battu à plate couture, lui était si fidèle et protecteur, et elle si égoïste et lâche à côté. Non elle n'était pas pourvu de cet esprit héroïque, celui de faire passer les siens avant soi, avant sa propre vie. Pour elle son mot d'ordre n'avait été que survivre, depuis la mort de sa petite soeur elle ne répondait qu'à ses besoins personnels et son égoïsme atteignait souvent un paroxysme infernal. Mais ce soir les rôles avaient changés, et même si elle n'était pas du genre à sauver les autres elle avait décidé que ce soir elle allait faire quelque chose de bien, elle allait aider sa soeur. Et même si elle devait s'inventer un complexe du héros le temps de quelques minutes et bien elle le ferait car c'était sa dernière famille, aussi méprisant soit son statut, et qu'elle partageait le même sang, elle étaient de la même lignée.
Elle jeta un coup d'oeil vers la noble qui tentait de faire pression sur l'ombrageux pour la sauver elle, mais ce n'était pas elle qui devait être sauvée mais sa soeur. Sa soeur qui ne pouvait faire un geste à cause de la menace d'une lame plaquée contre sa gorge. Elle, elle avait juste un couteau dirigé vers elle, il n'était pas à un millimètre de lui transpercer la chaire. Caitlin n'agissant pas elle commença à s'impatienter. Lorsque la noble qualifia Arianna comme quelqu'un qui n'était même pas de la noblesse un sourire moqueur se dessina sur le visage de la jeune esclave.

- Mhm et bien il est temps d'abandonner les esclaves à leur sort et sauver ta comparse noble. Et bien que le spectacle commence.

Elle désigna du regard sa soeur, toujours sous la lame de l'ombrageux.

Suivre sa proie, la grande satisfaction de la chasse était la traque. Et ce soir les proies coulaient à flots, les morts s'enchaînaient. Contrairement à ces compères elle ne laissait pas juste le corps tel quel, elle aimait rajouter un petit quelque chose, sa touche personnelle. Quelque chose disant que c'était bien un ombrageux qui était passé par là, et dans ces cas là Rouge. Son quota était largement rempli mais les aléas existent et elle décide de continuer pour avancer le travail de ces camarades ombrageux. Étrangement la captive restait sage et docile. Après plusieurs meurtres elle finit par lâcher son nom comme si ce simple nom détenait le secret de l'Univers, comme si en savant son nom Rouge pouvait la contrôler ou une autre stupidité du genre. Elle se contenta d'hocher la tête et de traquer son énième proie, un noble aussi grand que large et visiblement au paroxysme de l'ivresse. L'homme était prit d'un fou rire incontrôlable que rien ne put arrêter, pas même la sensation de la lame s'enfonçant dans sa chaire, lame ayant été l'arme de meurtre de plusieurs de ses amis. Et l'homme s'éteignit, le court moment où l'assassin a le contrôle, qu'il tient la vie de sa victime entre ses mains, ce sentiment à la fois délicieux et effrayant, pour Rouge il n'était ni l'un ni l'autre, c'était un instant à passer, rien de plus. Lorsqu'elle en eu finit avec lui Serena se manifesta pour la première fois depuis qu'elles étaient redescendus. Lorsqu'elle lui posa sa question, Rouge ne put s'empêcher de rire un court instant.

- Ce n'est pas que je répugnes certaines choses, simplement je vis selon mes propres idéaux et tant pis pour l'avis des autres.

Elle marqua une pause, redevenant sérieuse.

- Franchement je n'en sais rien ma mignonne, peut être ils vont te garder comme un trophée de guerre et tu resteras parmi nous en tant que captive. Après tu pourras nous rejoindre un jour, ça serait un drôle de retournement de veste, mais non tu es trop douce, trop chaste pour la guilde. Sinon il y-a la possibilité qu'ils te tuent, mais les chances sont un peu plus faibles car tu sais les miens ont un petit faible pour la captivité.

Caché dans les fourrés, je trépigne sur place. De peur, d'excitation, je n'en sais rien, un mélange des deux sûrement. Will m'a demandé de rester dans l'ombre, histoire de ne pas le gêner. Je lui en suis reconnaissant, je ne suis pas prêt pour tuer quelqu'un de sang froid. J'attends donc, et je regarde le spectacle se dérouler devant moi. Au début, tout se passe bien, Will a la situation bien en main. Finalement, tout se terminera vite. Enfin, j'ai parlé trop vite évidemment.

Je sursaute en entendant une autre personne arriver. Des pas légers mais déterminés s'arrête juste derrière Will, m'empêchant de voir qui c'est. Puis une voix s'élève, et je reconnais Arianna. Levant les yeux au ciel, je me retiens de les rejoindre. Pourquoi doit-elle toujours se pointer au mauvais moment ? J'espère que Will ne lui fera rien, parce que meurtrier ou non, je ne permettrais pas l'ombrageux de la toucher. Après tout, c'est ma faute si elle est ici.

Un autre bruit se fait entendre, une autre personne qui s'amène. L'opération pourtant simple prend une tournure qui ne me plait pas. J'hésite. Sortir ou pas ? Utiliser l'effet de surprise pour maitriser la nouvelle venue ? Arianna semble bien décidée à sauver la jeune femme que Will menace. Une bonne amie peut-être ? J'y pense..Elle m'avait parlé de son asservisseuse qui était en fait sa demi-soeur. Ce pourrait-il que...Je soupire. Certainement.

Je me déplace doucement, me plaçant à ce que Will puisse me voir. D'un signe de la main, je lui fais signe de ne pas continuer. Mais comment est-ce que j'explique pourquoi ? Si ça se trouve, il s'en fiche royalement qu'Arianna sois mon amie. Je forme les mots " demi-soeur " avec les lèvres, espérant qu'il comprenne.

Lorsque Dante s'approcha de Seyrane et lui tendit son bras, la jeune femme perdit à nouveau toute son assurance. Un frisson la parcourut et ses yeux reflétèrent soudain l'état de terreur qu'elle avait réussi à dissimuler les minutes précédentes. Elle hésita un instant, perdue.
Ses yeux se fermèrent une demi-seconde, le temps d'un battement de cils, elle sembla figée tout à coup, mais quand elle ouvrit de nouveau les yeux, elle était résolue. L'arrogance était revenue dans son regard, dans sa position. Après tout, qu'avait-elle à perdre ?

D'un geste élégant, elle posa sa main sur le bras tendu de son cavalier. Le tissu du costume se froissa sous ses doigts. D'une voix parfaitement neutre et égale, elle demanda, sur un air de conversation banale :

- « Je vous suis, mais où allons-nous ? »

La tête légèrement penchée sur le côté, elle observait Dante. Seigneur, il était sacrément beau. Soudain, un détail arrêta la jeune femme. Les muscles de sa mâchoire étaient contractés. Ce n'était qu'une broutille, mais Seyrane sortit tout à coup des deux états par lesquels elle passait successivement depuis quelques minutes.
Qu'était-elle en train de faire ? Obnubilée par la beauté du jeune homme, elle ne s'était plus posé de questions dès qu'elle avait su son nom. Mais si c'était une fausse identité ? Si il était un Ombrageux ? Qu'il voulait la violer, pire, la tuer ? Un éclair de terreur passa dans ses yeux, mais ce ne fut qu'une seconde.

Une sorte d'audace folle monta en elle. Pour une fois, elle voulait tenter. Les coupes de champagne avaient du couler trop vite et trop nombreuses dans sa gorge, mais elle avait envie d'essayer, de se mettre en jeu, d'aller voir. C'était extrêmement dangereux, mais sa conscience s'était tue.
Allez, il fallait un peu s'amuser tout de même.

Ohoh, soudainement, William ne maîtrisait plus du tout la situation. Il y avait deux nouvelles venues pour lui casser les pieds, et Maximilian qui essayait absolument de lui transmettre un message qu'il ne comprenait pas.
Lorsque les situations qu'il gérait parfaitement commençaient à lui échapper, il avait tendance à partir dans des colères plutôt meurtrières. Dans son état normal, le jeune homme n'était pas dans l'excès mais ce n'était pas le cas de son état d'énervement maximal. Pour l'instant, il était encore assez calme, mais cela n'allait pas durer. Déjà, la pression de sa dague sur le cou d'Isabelle se faisait plus forte.

A part cet imperceptible mouvement, il était immobile. Il tenait toujours une seconde dague dans la main droite, prêt à la lancer sur la première des deux femmes qui bougerait. Les muscles bandés, tapi dans l'ombre revenue grâce aux nuages, il attendait. Elles pouvaient bien parler. Cela ne changeait en rien sa tâche. Mais Arianna avait l'air décidée à plus.

Il décida de répondre, ironique et moqueur à son habitude.

- « Bonsoir Mesdames, enfin, re bonsoir pour Mademoiselle Arianna. Je suis absolument ravi de vous voir ce soir, mais comme vous le voyez, je suis occupé. Je ne vous demande qu'un instant avant de m'intéresser à vous. »

Même s'il était dans l'obscurité, un sourire sarcastique se dessina sur ses lèvres. Il était dans une situation très embarrassante. Évidemment, sa deuxième arme tenait ses deux pseudos agresseuses en retrait mais pour peu de temps encore, il savait qu'Arianna était intelligente et qu'elle allait trouver un quelconque moyen de le piéger. Il réfléchissait à toute vitesse, passant en revue toutes les options disponibles. La plus rapide fut la plus simple, et celle qu'il choisit.

Sans bouger d'un pas, il leva la tête et siffla trois bruits brefs et nets. L'alarme, le code qu'il y avait entre ses compagnons ombrageux et lui. Il savait Rouge occupée. Kaage ne l'entendrait pas, il était dans la salle. Il espérait que Maximilian comprendrait et viendrait l'aider. Son ami était à quelques mètres, il lui suffisait de remplacer William auprès d'Isabelle pour que ceuli-ci ait les deux armes en main et fasse face aux deux jeune femmes.
Pour tout ça, il fallait encore que Max suive le même raisonnement que lui.