Son regard agacé l'amusa plus qu'elle ne se sentit frustrée de son refus. El avait simplement envie de s'amuser pour s'occuper. Et Aaron cachait de nombreux sombres secrets, elle en était sûre, et elle avait envie de fouiner un peu. Quoi de mieux qu'un homme sanguin pour passer le temps. Elle fit une moue faussement offensée et cacha une partie de son visage par ses cheveux.

- Eleanora, je ne suis ici avec vous que sur les ordres de ma reine et pour accomplir la mission qu'elle m'a donnée, que cela vous plaise ou non, et que vous sachiez vous défendre toute seule ou non.

A la fin de sa phrase, elle souriait, ne pouvant contenir son amusement. Elle remit en marche sa monture qui se détendit légèrement mais elle le sentait toujours fébrile. Le brun l'informa ensuite de manière très précise sur les goûts des Ombrageux mais elle avait à peine écouté. Eleanora lui répondit par un « Mmmh... » désintéressé et elle observa les forêt, de plus en plus sombre. La Guilde devait tellement s'y plaire ici. Il y faisait frais et à l'abri de tous les regards. Ils parcoururent quelques mètres avant qu'elle ne craque. Elle se retourna sur sa selle, laissant les rênes sur l'encolure et son geste fut accueillit par un soupir exaspéré de l'homme qu'elle ignora royalement. Elle commença avant qu'il ne lui demande le silence.

« Ne vous offensez pas surtout mais je pense que si vous insistez un peu plus, elle vous écoutera. Un homme de votre prestance peut facilement passer aux travers des barrières de la froide et distraite femme qu'est Margaery. Et puis elle nous parle... enfin bon, sans importance. »

Elle balaya ses derniers mots d'un mouvement de main et se détourna dans le même sens que l'équidé avant qu'il ne rétorque. Elle s'était aussi empresser de se retourner pour qu'il ne voit pas le sourire victorieux placardé sur ses lèvres caramel. Les minutes s'écoulèrent, le bruit des sabots étouffé par le tapis d'épine étant le seul rythme qui berçait leur marche. Ils avaient bifurquer plusieurs fois, observant les alentours et les guettant la moindre trace d'espion ou de ninja. Après une heure de silence, elle frappa le pommeau de sa selle, frustrée et soupira longuement. Elle tira doucement sur les rênes et l'hongres s'arrêta de suite.

« On fait une pause, ça fait plus d'une heure qu'on cherche sans rien trouver. »

Elle passa sa jambe au dessus de la croupe du cheval et mit pied à terre avec une petite grimace. Ses cuisses et ses fesses étaient endoloris. Elle s'étira longuement et fit ensuite quelques mouvements pour faire craquer son dos quand elle capta le regard d'Aaron sur elle, toujours perché sur sa monture. Par Elia! Qu'il était imposant vu ainsi. Elle lui fit un petit sourire innocent et haussa les épaules. Il devait la protéger alors il s'arrêtait quand elle s'arrêtait. Elle retourna près de l'hongre bai et prit sa gourde pour se désaltérer.

© Fiche par Hailey J. Kingston pour Expiation exclusivement

Décidément, la jolie dame de compagnie l'agaçait prodigieusement aujourd'hui. Avant même qu'il ait fini son sermon, un sourire fleurissait déjà sur son visage charmant teinté d'une expression moqueuse et l'amusement se lisait dans ses yeux. Comme Aaron détestait être la source d'un tel sentiment ! Il ne comptait pas se laisser faire ainsi. Son sens de la répartie n'étant pas des moindres, et Eleanora n'ayant apparemment pas besoin qu'il prenne des pincettes avec elle, il ne tarderait pas à répliquer d'un ton cinglant quelques mots bien placés. Jusqu'ici, le jeune homme avait donné une image de lui-même bourrue, discrète, bien éloignée de son véritable caractère. Simplement, être chargé d'une mission aussi importante nécessitait concentration et il était hors de question de laisser deux jolies femmes l'éloigner de son objectif. Dans un autre cadre, avec joie, mais pas dans le service de la reine.

Le guerrier leva la tête pour observer les alentours, car il ne fallait pas oublier la recherche des Ombrageux, et ses prunelles se posèrent sur la silhouette fine de la brune, devant lui. Il l'observa quelques instants avant qu'elle ne se retourne, malicieuse. Et c'était reparti. Il poussa un soupir exaspéré mais elle ne lui laissa pas le temps de dire quoi que ce soit, un flot de paroles sortant déjà de sa jolie bouche.

« Ne vous offensez pas surtout mais je pense que si vous insistez un peu plus, elle vous écoutera. Un homme de votre prestance peut facilement passer aux travers des barrières de la froide et distraite femme qu'est Margaery. Et puis elle nous parle... enfin bon, sans importance. »

Un second soupir lui échappa. Fallait-il qu'elle s'obstine à lui parler de la renarde, avec ça ! Après un court moment de silence, il fit le choix de rentrer dans son jeu. C'était l'heure de s'amuser un peu. Pressant ses mollets sur les flancs de sa monture, il rejoint celle d'Eleanora et ralentit à sa hauteur.

« Oh, je ne m'offense pas, loin de là. Et je vois un compliment dans votre façon de parler de ma prestance. Mais, il va tout de même falloir m'expliquer pourquoi vous obstinez-vous à me faire courir après lady Margaery. » déclara-t-il, les yeux pétillants, la joue creusée par une fossette qui dissimulait un léger sourire.

Cela faisait maintenant une bonne heure qu'ils cherchaient en vain, et malgré leur aisance à tous deux en tant que cavaliers la fatigue se faisait ressentir. La belle brune arrêta son hongre en premier et sauta à terre. Toujours en selle, il l'observa s'étirer, telle un félin, et dut s'avouer que c'était tout de même une femme très jolie, et charmante avec ça. Dans un style totalement différent de celui de son ancienne compagne, mais tout aussi attirante. Leurs regards se rencontrèrent et il détourna la tête très naturellement. Selon lui, regarder une femme et l'apprécier n'incluait pas forcément, voir même rarement des sentiments. C'est pourquoi il s'était permis d'avoir ce genre de réflexions mentales sur la dame de compagnie sans en être gêné. De toute manière, Aaron était rarement gêné. Il sortit une gourde de sa sacoche et but quelques gorgées avant de ranger le récipient.

« Nous ne pouvons nous arrêter longtemps. Il nous faut trouver cette Guilde ! » reprit-il en observant les alentours. Cela n'allait pas être simple, les membres de cette organisation semblaient bien cachés.

© Fiche par Hailey J. Kingston pour Expiation exclusivement

La brune capta la regard du brun sur elle et un sourire amusé fendit ses lèvres. Les femmes étaient donc son point faible. Elle rejeta ses cheveux en arrière et s'avança vers lui, ses prunelles tombant sur sa fossette tout à fait adorable.

« Nous ne pouvons nous arrêter longtemps. Il nous faut trouver cette Guilde ! »

Elle inclina la tête sur le côté, un sourire enjôleur aux lèvres. Il ne voulait donc pas s'attarder ici, elle non plus d'ailleurs. Elle était impatiente de retourner auprès de sa Reine pour poursuivre le convoi jusqu'aux portes de Vivendale. Elle demanda de sa voix mielleuse, aux accents étrangers qui sonnaient si bien dans sa bouche délicate les bras croisés sur sa poitrine :

« Parce que vous croyez vraiment qu'ils se présenteront à nous ainsi? Si ça se trouve, ils nous observent depuis qu'on est entrés ici et attendent juste qu'on abandonne. Ce que nous ne faisons pas, bien évidemment. Je suis prête à entendre votre point de vue et votre idée pour écourter notre balade. Pas que votre compagnie soit désagréable, au contraire, mais j'aimerais d'autant plus régler cette affaire avec les Ombrageux de suite. »

Elle inspira une fois qu'elle eut fini, comme pour conclure sa tirade et redressa la tête à son attention. Et brusquement une branche craqua alors qu'Aaron s'apprêtait à répondre. Elle se retourna immédiatement et dégaina machinalement un couteau dans chaque main. Jetant un regard au brun, elle balaya ensuite les alentours des yeux. Elle recula en même temps jusqu'à sa monture et s'arrêta quand ses riens entrèrent en contact avec le ventre de l'animal qui se soulevait un peu trop rapidement. Les bêtes renâclèrent et elle crispa un peu plus ses mains autour des manches en bois.

© Fiche par Hailey J. Kingston pour Expiation exclusivement

Le jeune homme fut encore plus agacé qu'auparavant par les paroles d'Elena, ce qui nous amenait à un taux d'énervement élevé, qu'il ne cherchait pas spécialement à dissimuler. Sourcils froncés, bouche tordue dans un pli sévère, l'Étranger affichait nettement son mécontentement. Son acolyte du jour n'était pas contente d'être là, très bien, ce n'était cependant pas une raison pour se plaindre toutes les dix minutes. On voyait bien que malgré les nombreuses qualités physiques et morales des dames de compagnie, elles étaient habituées à un luxe dont les soldats ne bénéficiaient pas et leur discipline était moins rigoureuse.

« Parce que vous croyez vraiment qu'ils se présenteront à nous ainsi? Si ça se trouve, ils nous observent depuis qu'on est entrés ici et attendent juste qu'on abandonne. Ce que nous ne faisons pas, bien évidemment. Je suis prête à entendre votre point de vue et votre idée pour écourter notre balade. Pas que votre compagnie soit désagréable, au contraire, mais j'aimerais d'autant plus régler cette affaire avec les Ombrageux de suite. »

Toutes ces pensées, il les avait eues avant de se retourner vers son interlocutrice et de remarquer le sourire enjôleur plaqué sur ses lèvres. Cela le déstabilisa et il marqua une petite pause avant de répondre d'une voix calme mais où l'on pouvait déceler son irritation.

« Mademoiselle Eleanora, je ne suis pas dans le cerveau de cette Guilde et s'ils ne viennent pas à nous, je remplirai ma mission en allant à eux. Je souhaite comme vous écourter au possible cette promenade mais nous ne pouvons le faire tant que nous n'aurons pas obtenu ce que nous cherchons. Si vous avez une idée miracle, je vous suis toute ouïe, sinon, nous pouvons changer de sujet de conversation »

Aaron s'étonnait lui-même de sa propre sévérité, de la manière avec laquelle il parlait à la brune. C'était sûrement l'effet de la mission, car hors travail il était toujours prêt à séduire, à jouer, à flirter. Mais dans les rangs de l'armée, il était parfaitement imperturbable et ne faillait jamais aux ordres. Lui ne pouvait pas se permettre des écarts, contrairement à Eleanora ou à Margaery qui avaient les faveurs de leur reine. Soudain, un craquement de branche très net le tira de ses réflexions. Il leva la tête et porta la main au sabre qu'il portait dans le dos. Tous les sens aux aguets, il fouilla les environs du regard. Leurs deux montures commencèrent à s'agiter, celle de la jeune femme renâcla brusquement tandis que la sienne reculait et se levait sur ses postérieurs.

© Fiche par Hailey J. Kingston pour Expiation exclusivement

Les ombres derrière les arbres recèlent des énigmes que je n'ai nullement l'intention de résoudre, et les bruits qui m'entourent ne font qu'empirer les choses. On peut me qualifier de peureux, mais je sais que je me fais des histoires. La seule fable que je me permets de croire est celle de la Guilde, parce que je l'ai vu à l'oeuvre, lorsque je me suis retrouvé dans un état d'ébriété temporaire. Je grimace rien qu'à y repenser. Les sapins finissent par me donner le tournis et je m'arrête en plein milieu d'une clairière, nullement rassuré. Serrant mon sac contre mes côtes, j'essaye tant bien que mal de définir un plan d'action. Je suis perdu dans la forêt, avec comme seul compagnon la lourde conscience d'avoir quitté une ville remplie d'imbéciles incapables de penser pour eux-mêmes. Mon départ n'affecte personne, vu que mon seul ami a été mutilé devant mes yeux. C'est tout juste si les gardes m'ont vu partir. J'ai donc un avantage considérable. Je détiens des informations que certaines personnes ne pourront refuser. Pour la première fois, je ressens un frisson d'excitation. Je contrôle enfin une chose dans ma vie, après avoir été contrôler tellement de fois. Cependant, l'euphorie cède vite place à l'angoisse. Les craquements et autres bruissements me rappellent vite à l'ordre.

Plongeant ma main droite dans mon sac, mes doigts se referment sur une bouteille en verre. De l'eau fraiche me ferait du bien. Portant la bouteille aux lèvres, j'avale de longues goulées, pour presque tout recracher ensuite. Un goût âcre et étranger sur la langue, la gorge légèrement brûlé, je me rends compte de ma bêtise. La bouteille renferme ce breuvage tellement apprécié par les nobles de Vivendale, d'un rouge foncé, semblable à du sang. J'observe la bouteille longuement, comme si elle allait me révéler tous ses secrets. La perspective de boire une autre gorgée ne me gène étrangement pas. J'ai déjà entendu les gardiens entre eux, disant que ça donnait courage. Et quelque chose me dit que j'en ai bien besoin.

Tenant à peine debout, la bouteille vide miraculeusement toujours en main, je commence à regretter mon choix. Un hoquet me soulève le coeur, et un arbre m'empêche de tomber face la première dans les aiguilles de pins qui tapissent le sol. Un rire étranglé sort de ma bouche, un sourire béat aux lèvres. La terre me semble bien plus basse, et c'est avec un bruit sourd que je me laisse faire par la loi de la gravité. Le regard perdu dans le vague, les jambes écartées devant moi, je ne pense à rien.

© Fiche par Hailey J. Kingston pour Expiation exclusivement

Le craquement semblable à celui d'un corps quelconque sur les aiguilles de pins ne se reproduisit pas, et la tension agitant les montures redescendit très vite. Aaron tourna la tête vers son acolyte et croisa son regard : ils avaient tous les deux entendu la même chose. Étant à cheval et elle à pied, il décida de prendre les devants et de se diriger vers la source du bruit. Ça pouvait n'être qu'un animal, mais si c'était un humain, le but de la mission se rapprochait agréablement. Pressant ses talons contre les flancs de son destrier, il prit un petit trot vers la direction d'où le bruit semblait provenir. À peine quelques mètres plus loin, entrevoyant une silhouette allongée entre les arbres, il ralentit et sauta à terre, tandis que son hongre retournait près d'Eleanora. La dague dans sa main n'était que pure précaution, mais sentir le contact du manche froid lui rappelait à quel point son envie de combats était pressante. Il dissipa ces pensées et s'approcha à pas de loups, jusqu'à être assez prêt pour discerner un homme assez jeune, un trentaine d'années environ, qui dormait les yeux grands ouverts, une bouteille vide à la main.

L'Étranger s'arrêta à quelques mètres de manière à réfléchir sans que sa trouvaille se rendre compte de sa présence. L'inconnu était habillé sobrement, mais sûrement pas dans le style de quelqu'un qui passe ses journées entre les arbres et la mousse. Et puis si on comptait sur les membres de la Guilde pour avoir un minimum de prudence, il paraissait étonnant que l'un d'entre eux s'abandonne à être soûl en plein milieu d'une forêt, en ces temps qui s'annonçaient difficiles pour Vivendale. À cette évocation, un sourire amusé étira les lèvres du brun. Enfin, ils allaient posséder des terres riches, des demeures aux innombrables pièces, enfin ils allaient pouvoir prendre du bon temps et vivre une vie luxueuse au possible. Mais avant ça, il fallait prendre la ville et savoir avec qui s'allier. Son sourire disparut, et il recommença à s'approcher de l'homme.

« Héla, étranger ! Lève-toi, nous avons besoin de renseignements. »

Certes, le jeune homme n'y allait pas par quatre chemins, mais il aurait pu être beaucoup plus... Violent dans ses manières. Combien de fois n'avait-il pas passé une lame sous la gorge d'un passant pour lui extorquer des informations ?

© Fiche par Hailey J. Kingston pour Expiation exclusivement

Il fallait reconnaître une chose, avoir planter El et Aaron comme elle venait de le faire n'était pas correcte et même plutôt stupide. C'est à peine si elle ne se jetait pas de plein gré dans la gueule du Loup... Le fait étant que Margaery n'appréciait guère le travail d'équipe, son seul seul binôme c'était Kat, et cela s'arrêtait là. Libre à elle maintenant d'appliquer son éternel plan B si cela foirait : "Fuir et ne pas se retourner".

Quel hasard avait bien pu pousser Katharina à lui assigner Aaron ? A croire que le destin se jouait d'elle... ou bien peut-être que sa chère souveraine et amie savait. Cela n'étonnerait pas outre mesure la jeune femme, après tout il était fort probable qu'on la fasse suivre.

S'il était dur de le reconnaître, le ténébreux garde manquait désespérément à Marga. Outre sa peur de s'attacher, c'était pour Katharina qu'elle avait délaissé son unique amour. Elle l'avait sauvé enfant et maintenant c'était à elle de la protéger, quitte à tout sacrifier...

© Fiche par Hailey J. Kingston pour Expiation exclusivement

La température semblait de plus en plus chuter en comparaison du ton qui montait dans la Guilde. Sebastian et Calvo semblaient prêt à en venir aux mains, elle serait probablement contente si l'un deux se blessait. Ils le méritaient : Bash l'avait trahie, et l'Ours lui avait offert d'incroyables nuances de zébrures sur les bras et les cuisses.  Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas pleurniché ou crié comme d'antan, maintenant elle se taisait - se contentant d'attendre que les coups cessent. Après ses récentes débâcles avec Rouge, elle n'avait pu compter sur l'Ombrageuse.

Alors que tout semblait perdu, que même l'espoir l'abandonnait, elle fut ranimée par une étincelle : Katharina. Si la jeune brune se l'était figurée dans son esprit, elle aurait probablement imaginé un ange auréolé de lumière. Mais ce n'est pas la Reine de l'Autre-Terre - en elle-même - qui l'intéressa mais plutôt l'effet qu'elle produisit sur la Guilde.
Elle était jusqu'à maintenant toujours gardé, mais l'arrivée de cette étrangère avait déclenché une vague de panique chez les Ombrageux. C'est à peine si l'on se souvenait de sa présence aujourd'hui... La Guilde des Ombres se déchiraient de jours en jours, des disputes éclataient et parfois le sang coulait. Des fiers révolutionnaires opposés au Mur ne restaient plus qu'une bande de sauvageons, tous apeurés.

Lui était alors revenue une phrase. Celle que sa mère lui répétait lorsque petite elle baissait les bras : “Quelle que soit la raison ou la peur, il faudra la dépasser”. Il était désormais inenvisageable qu'elle abandonne, tant qu'elle resterait ici elle chercherait un moyen de s'échapper, de regagner sa liberté.

Cela faisait plusieurs jours qu'elles tiraient sur ses liens, au point de s'arracher la peau tout autour des poignets. La douleur était plus supportable au fur et à mesure que s'approfondissait les plaies, mais c'était un mal pour un bien. A force de frotter les unes contres les autres, les cordes finiraient bien par se déchirer.

Et c'est ce qu'elles firent au bout de seulement quelques jours. Au moment-même où Calvo et Sebastian engagèrent leur combat. Pas un seul œil rivé sur elle... Elle retint un juron lorsque les brûlures de ses mains s'intensifièrent au contact de l'air. Ne lui restait plus qu'à forcer la porte de sa cage, en espérant que le combat s'éternise...
Quelques violents coups de pieds suffirent à briser l'une des branches qui servaient de porte. Elle s'engouffra dans la brèche appuyant de toutes ses forces pour faire craquer le restant des branches. Un craquement sec retentit et de plus petites branches lui cinglèrent le visage. Les yeux de Serena s'humectèrent tandis que le sang chaud s'écoulait le long de ses joues. Les Ombrageux n'étaient qu'à une centaine de mètres, dos à elle. Une seule erreur et tout était perdu. “Quelle que soit la raison ou la peur, il faudra la dépasser”. Se servant des branchages comme d'une échelle, elle se souleva et s'engouffra entièrement dans l'ouverture. Les branches s'aidèrent sous son poids, et elle tomba lourdement sur le ventre. Son épaule gauche l'élançait dangereusement, et un instant elle manqua défaillir. C'était si douloureux... Avait-elle la moindre chance de quitter le camp dans cet état, avec ses geôliers si à quelques pas ? “Quelle que soit la raison ou la peur, il faudra la dépasser”.

La brunette prit appuis sur la main droite, et se redressa. Il ne fallait pas perdre de temps, maintenant ou jamais ! Elle prit son élan, s'élança, pied droit, pied gauche, à nouveau pied droit... pas question de chanceler ni de craquer. Cela était étrange de marcher après tout ce temps. Elle se surprit à accélérer, à courir même, s'engouffra entre les arbres protecteurs.

Serena se retourna une dernière fois. Sebastian la regardait droit dans les yeux au même instant il s'effondra, frappé par surprise par Calvo. Un sourire éclaira son visage, et telle une biche effrontée elle reprit sa course.

Il pouvait bien la rattraper, elle s'enfichait. Maintenant, elle savait : Elle était prête à tout, et si elle avait su s'enfuir une fois, elle réitérerait.

© Fiche par Hailey J. Kingston pour Expiation exclusivement

La Haute-Tour était étrangement silencieuse. Là, où résonnaient encore quelques jours auparavant des milliers de murmures traîtres, ne se faisait plus qu'entendre les pas répétitifs de Julianne. Impatiente, la femme marchait de long en large sous le regard indifférent de Jason qui se résignait à porter de temps à autre une coupe de vin blanc à ses lèvres. Pas un seul instant il ne quittait Julianne des yeux, qui elle ne cessait d'injurier sa rivale : Katharina. Celle que les Trois appelaient communément l' “enfant” n'était plus qu'à quelques lieux du Mur ; depuis les remparts de ce dernier on pouvait apercevoir des engins de siège s'élever.

C'était à proprement dire la pagaille à l'intérieur de Vivendale. Animés par une virulente terreur, les villageois étaient parvenus à forcer les portes et à entrer dans la cité. La révolte avait même atteint les nobles suite à l'exécution d'un esclave dans le Temple du Trisäl. Ni Aryn, Malsa et Thol  n'étaient parvenus à apaiser la foule. A  croire que même les dieux avait délaissé le Haut-Gouvernement... Lord Airwer et la Médicis s'étaient retrancher dans la Haute-Tour, mais aucune trace d'Alan. Personne ne l'avait aperçu lors du rassemblement des nobles.

Malgré l'envenimement de la situation, et leur perte de contrôle sur Vivendale, l'Ombrageux et la Noble étaient tout deux animés par des conflits intérieurs. A aucun instant, l'un des deux ne chercha à trouver une solution, sans leur homme de foi, Alan, ils ne pouvaient reprendre le contrôle.

Julianne finit par se raviser et s'asseoir. Décision à laquelle Jason répondit par un langoureux regard condescendant. Elle ne prit la peine de répondre, chose inaccoutumée, son corps était rongée par les doutes de l'instinct... maternel. Si Lady Médicis avait bien une faiblesse c'était celle-ci : ses trois enfants. Mais alors qu'elle les avait fait éloigné d'elle, qu'elle avait chargé qu'on les mène en lieux sûrs... Que diable Talisa faisait-elle à l'Expiation ?! Ses yeux ne l'avaient pas trompée, une mère reconnait toujours sa progéniture. Comme elle avait souffert lorsque se faisant empoigner par un garde, sa fille l'avait fusillée du regard avant de se détourner. Talisa l'avait, elle aussi, reconnue et ce après toutes ces années...

Jason était lui-même tourmenté par sa famille. Tout du moins sa belle-famille... Ce n'était pas le fait d'avoir laissé sa fiancée, Elizabeth Hart Airwer, seule qui le perturbait. Avant de s'échapper par la porte arrière de l'église, il avait ordonné qu'on l'amène à la propriété des Mickaelson et qu'elle y soit protégée... Non, vraiment, ce n'était pas Eli qui l'inquiétait. Mais sa belle-fille Isabelle.  Il avait toujours su au fond de lui... Il avait lu chaque jour dans les yeux de la fillette, puis dans ceux de la femme, qu'elle savait. Oh que oui ! elle savait. Isabelle n'avait jamais oublié le drame, la nuit où sa mère et lui avait fait assassiné Lord Hart son père. La brune la haïssait, et sa fureur s'était emplie année après année, et l'annonce des fiançailles de Jason et Elizabeth avait libéré cette colère. Alors qu'elle lui faisait face une dernière fois au Temple avant de prendre la fuite, il avait perçu le danger qu'elle représentait. La jeune femme avait le pouvoir de le détruire, il suffisait qu'elle rejoigne la Guilde ou Katharina et leur révèle tout.  Car oui la noble avait grandi dans la Haute-Tour bercée par les confidences du Haut-Gouvernement. Elle connaissait leurs plus noirs secrets. Il avait été stupide de ne pas s'en débarrasser plus tôt !

Les sombres pensées des deux politiques furent interrompues par l'arrivée triomphante d'un Alan empestant l'alcool. Julianne lâcha un “pitié, il ne manquait plus que cela...”, ce que Jason appuya d'une moue réprobatrice. Le vieil homme ne s'offensa d'aucune des réactions. Il avait une chose bien trop importante à révéler pour s'attarder avec la puérilité des ses alliés. L'information qu'il avait acquise était en mesure de tout changer, de déjouer la Reine de l'Autre Terre...

« Des conflits ont éclaté au sujet de Katharina chez les Ombrageux. Une majorité s'oppose à la rallier. Il arracha la coupe des mains de Jason et la vida d'un trait. Ce n'est qu'une question de temps avant qu'elle ne leur mette la main dessus, à nous d'engager le jeu les premiers. Il nous faut convaincre la Guilde de se battre à nos côtés avant que cette petite garce ne le fasse ! »

© Fiche par Hailey J. Kingston pour Expiation exclusivement

Son mouvement de tête fut immédiat, de concert avec celui d'Aaron. Ce dernier s'élança directement et elle marmonna « Pause finie je suppose. ». Elle attrapa les rênes et de son hongre en soufflant mais s'élança vivement à la suite du brun, l'animal la suivant docilement. Elle passa une main dans ses cheveux, les rangeant derrière son oreille et suivit des yeux son compagnon qui était déjà une centaine de mètres plus loin. Elle le rejoignit en quelques minutes et s'empara au passage des rênes de l'autre monture. Les nouant brièvement autour d'une branche, elle dégaina son poignard et le rejoignit. El contourna les deux hommes et son expression se décomposa face à celui qui était assis. Laissant retomber ses mains bruyamment sur ses cuisses de mécontentement elle se tourna vers Aaron et se plaignit.

« Sérieusement? On attend pendant des heures et tout ce qu'on trouve c'est... ça? C'est quoi ce pays? »

Elle soupira et remit la lame à sa taille pour aider son partenaire à redresser l'ivre qui babillait comme un enfant. Avec une mine déconfite, elle lui arracha son sac des mains comme à un gosse qui refuserait de rendre un jouet. Elle s'assit en tailleur sur le sol et entama sa fouille à côté d'Aaron qui s'installait pour l'interroger. Le cuir empestait l'alcool et semblait avoir été traîné un peu partout dans la forêt. Elle retrouva même quelques épines. Peut-être l'avait-il volé? Ou alors il traînait souvent dans les bois. Un Ombrageux? Vraiment? Elle leva un sourcil inquisiteur et posa ses yeux de biches soulignés d'un trait de khol sur l'être en face d'elle. Non. Impossible. Un infiltré alors? Elle en avait vaguement entendu parlé en apportant des draps dans la chambre de Katharina. Elle en profita pour détailler un peu plus son visage. Marqué par le temps il ne manquait néanmoins pas de charme. Cependant l'air béat et d'idiot fini qu'il affichait en gâchait une partie. Elle pianota distraitement des feuilles qui traînait dans la sacoche avant de se remettre à l'ouvrage. Elle parcourut rapidement les bouts de papiers des yeux. L'écriture était soignée mais quelque chose semblait clocher dans chacune d'elles car c'était une même copie du même document. Quelque chose d'officiel il lui semblait. Et enfouit les papiers froissés à l'intérieur et repoussa le sac. L'interrogatoire serait beaucoup plus efficace.

La brune se leva donc et se posta près du Guerrier visiblement exaspéré par les paroles incompréhensibles du bonhomme. Face à la palpable irritation du mâle et lui donna un petit coup de rein, l'éjectant sur le côté et lui offrit un sourire narquois. Elle s'accroupit face à l'homme et s'emparant de son menton entre ses doigts manucurés. Elle étudia un peu plus son visage, mémorisant ses traits avant de dire d'une voix enjouée.

« Auriez-vous l'obligeance de vous présenter, s'il vous plaît? Dans les plus brefs délais car mon... ami ici présent est, voyez vous, très peu patient. » ajouta-t-elle sur le ton de la confidence.

Elle ne releva pas l'écarquillement des yeux bruns face à elle ; elle pensait pourtant avoir un léger accent comparé à certains étrangers qui parlaient parfois une toute autre langue.

© Fiche par Hailey J. Kingston pour Expiation exclusivement

Chaud, froid, chaud, froid. Non, définitivement chaud. Chaud à l'intérieur. Je laisse échapper un hoquet, hagard. Parties les vilaines pensées, pfuiiiit ! Juste cette sensation agréable dans mon ventre. C'est drôle le monde quand on y pense, hé. Le sol m'appelle de nouveau, et je m'apprête à poser la tête par terre quand une ombre s'avance vers moi. Plissant les yeux, j'essaye de distinguer la mystérieuse créature m'approchant. La vison définitivement brouillée, j'abandonne. Un compatriote certainement ! Soudain un doute m'envahit. Et..et si il venait voler ma bouteille ? Me relevant à la va-vite, chancelant, j'enlace ma bouteille, prêt à me battre s'il le faut. On m'a déjà tout pris, alors on touche pas à mon vin !

Le suspect me parle, mais je n'écoute pas. Si ça se trouve, il essaye de m'ensorceler ! J'ai lu des choses là-dessus, le pouvoir de la parole. Un sorcier, c'est ça, le type est un sorcier. La peur me ronge, mais je ne la montre pas. L'étranger commence à s'impatienter, et un sourire victorieux se dessine sur mes lèvres. Ha ! C'est qu'on ne me l'ai fait pas à moi ! Une deuxième personne apparait subitement. Je ferme les yeux, souhaitant qu'elle disparaisse. Quand je les rouvre, mon sac a disparu, et la sorcière est en train de le fouiller. Que cherche-t-elle ? Dans un éclair de lucidité, je tente un pitoyable mouvement vers mon sac. Des papiers retranscrivant les évènements passés dans l'Enclave sont désormais dans ses mains. Oh la la...

La sorcière s'approche de moi, et m'adresse la parole. J'ai soudainement mal de tête, et j'ai du mal à la comprendre. Mon ventre commence à signaler son mécontentement lui aussi. Pris d'un violent haut-le-cœur, c'est tout juste si je parviens à éviter les chaussures de l'intruse. Pathétique, Dmitri, pathétique. D'un revers de manche, je m'essuie la bouche, trop honteux de regarder la femme en face. Une sorcière, et puis quoi encore !

- Je suis confus, je vous prie d'accepter mes plus plates excuses...

Et comme si ce n'était pas suffisant, un hoquet vient terminer ma phrase.

© Fiche par Hailey J. Kingston pour Expiation exclusivement

Devant l'absence de réaction de l'homme soumis à son interrogatoire, sans doute en grande partie parce qu'il était complètement soûl, Aaron sentit une pointe d'énervement monter. Eleanora et lui battait les sentiers de cette forêt qui leur était inconnue depuis plusieurs heures, Margaery les avait plantés là sous prétexte de prouver qu'elle pouvait s'en sortir sans une aide masculine et Katharina devait les attendre non sans impatience car tous avaient hâte d'en venir aux combats. Et lui, il essayait en vain d'extorquer des informations à un homme qui avait bu plusieurs verres - ou même bouteilles, au vu de la figure du personnage - de trop le tout pour mettre la main sur une mystérieuse Guilde qui était censée être une potentielle alliée.
Le caractère pragmatique du guerrier trouvait qu'on se donnait beaucoup de mal pour cette alliance qui ne leur apporterait peut-être rien, voir qui serait refusée, mais il savait à quel point sa reine était exigeante. Rien n'était jamais laissé au hasard avec elle.

Il n'aurait pas su dire si l'intervention de la brune le soulageait ou l'agaçait encore plus. Sa présence féminine et ses talents de diplomate étaient les bienvenus, mais son arrogance et sa malice l'étaient moins. Après tout, le jeune homme était un soldat, un dur, un viril. Et si la compagnie de jolies femmes était tout à fait plaisante, le fait qu'elles lui fassent concurrence et pire, le narguent, était plutôt désagréable. Enfin, ce n'était pas le moment d'avoir des réactions énervées alors qu'ils étaient en territoire inconnu et ennemi. L'unité primait dans les rangs de l'armée étrangère, dont ils faisaient partie aussi bien l'un que l'autre, à des titres différents cependant.

« Auriez-vous l'obligeance de vous présenter, s'il vous plaît? Dans les plus brefs délais car mon... ami ici présent est, voyez vous, très peu patient. » déclara donc El à l'ivrogne qui ne semblait pas comprendre ce qui lui arrivait.

Le brun resta immobile et se contenta de lancer un regard menaçant à l'interrogé. La méthode de la dame de compagnie, plus douce et plus diplomatique, porterait peut-être ses fruits mais si c'était le cas, le plus rapidement possible serait le mieux. Il sentait bien que le temps passé dans cette forêt se faisait trop long et que Katharina devait s'impatienter. Il fallait vite mettre la main sur les Ombrageux, ou repartir...
Nom de Dieu ! Ils ne pouvaient pas retourner au camp sans Margaery, même si la reine avait une entière confiance en sa première dame. Observer que ses trois envoyés s'étaient séparés ne lui plairaient sûrement pas, et en ces temps de conquête provoquer le courroux de la jeune femme aux cheveux d'argent était fort risqué.
Ils étaient donc réellement coincés dans cet endroit, du moins tant que la renarde ne les avait pas rejoints. Son sort était entre les mains de son ex-compagne, que demander de plus ? Ironie du sort qui ne faisait qu'ajouter à son irritation.

Soudain, un hoquet se fit entendre : le bonhomme venait de rendre son repas et la dose d'alcool qu'il avait ingurgitée... Quasiment sur les pieds de la jeune femme. Aaron ne retint pas un sourire amusé, qui s'élargit lorsque le coupable retrouva brusquement l'usage de la parole :  

« Je suis confus, je vous prie d'accepter mes plus plates excuses... »

Il réprima un rire moqueur et, passant devant Eleanora, reprit son masque sévère et menaçant et s'adressa à leur otage sans tendresse :

« Nous n'avons que faire des tes excuses. Renseigne-nous plutôt sur le lieux où nous pouvons trouver les membres de la Guilde des Ombres. »

© Fiche par Hailey J. Kingston pour Expiation exclusivement

L a lame de son poignard s'enfonçant légèrement dans le bois la jeune femme s'affairait dans la confection d'une série de flèches aux pointes plus aiguisées les unes que les autres. Elle méditait non sans une pointe d'amertume les propos de Maximilian, si le jeune homme avait d'abord été désolé par son geste sur la fin l'ombrageux semblait à vouloir plus au reste de la guilde qu'à lui-même. Comment avait-il pu perdre autant fois en la guilde ? Elle savait qu'être infiltré était plus compliqué qu'on ne le pensait, beaucoup revenait retrouver la vie rude mais fraternelle du camp, William en était une preuve vivante, d'autres continuaient à se passer pour des nobles mais cette tâche était loin d'être aisée. Ses pensées s'arrêtèrent là car Renzo, adolescent d'à peine quinze ans né au camp, revint à la course de son poste de garde. Rouge n'était pas particulièrement maternelle envers les enfants de la guilde et bien qu'à son arrivée elle est déclinée toute responsabilité d'entraînement il lui était arrivé à de rares occasions d'assurer cette besogne et Renzo avait déjà été son élève d'une seule fois. Mais l'adolescent ne vint pas à elle pour lui demander une quelconque leçon. L'aspirant avait vu des étrangers, tout droit envoyés par Katharina. Ces messagers étaient visiblement à la recherche des ombrageux mais était tombé sur un ivrogne dans les bois à dix minutes de marche d'ici.

Katharina veut la guilde, sa propre pensée la fit tressaillir. Elle laissa tomber sa confection d'armes et rangea son poignard dans sa ceinture, puis se levant d'un pas décidé elle chargea l'apprenti de rester ici, assurant qu'elle se chargeait de rencontrer les messagers étrangers et de voir ce qu'il en relèverait. Avançant d'un pas assuré vers la sortie du camp elle héla Jade McGuire, nouvelle venue mais déjà prometteuse, de l'accompagner « Ça te montrera comment on va à l'encontre des politiciens ici » ajouta-t-elle presque pour elle-même. Elle aurait pu prendre n'importe qui d'autre avec elle, quelqu'un digne de confiance ou plus expérimenté mais après le drame causé par Maximilian, l'ombrageuse voulait montrer aux nouveaux qu'il y avait des situations où l'erreur ne doit pas exister, et une rencontre avec l'ennemi ne doit pas avoir la moindre erreur sur son tableau. Si Jade assistait à ça elle n'aurait aucune raison de finir ivre dans un bar à déverser les secrets de la guilde à un politicien haut-placé.

La brunette ne se fit pas prier deux fois, être intégrée à une mission comme celle-ci n' arrivait déjà guère souvent pour les expérimentés alors rencontrer les envoyés de la plus grande armée déjà vue était une chance encore plus grande pour Jade. Les deux ombrageuses marchèrent d'un pas assuré comme une seule femme jusqu'à entendre les éclats de voix de l'ivre et de deux messagers. Rouge jeta un regard vers sa consœur et tendit l'oreille « Nous n'avons que faire des tes excuses. Renseigne-nous plutôt sur le lieux où nous pouvons trouver les membres de la Guilde des Ombres. » pressait une vois masculine. L'ombrageuse posa une main sur la garde de son épée et jeta un regard vers Jade avant de surgir de leur cache pour se poster entre l'homme saoul et les deux étrangers. Rouge sourit en dévoilant une rangée de dents blanche et échappa un rire cristallin mais bref tout en dégainant son épée.

« Tss, la question n'est pas où vous pouvez trouver la Guilde car seuls les Ombrageux choisissent s'ils veulent être trouvés, très chers. » déclara-t-elle avec assurance. Elle appréciait les entrées en matière sans chichi ni bonnes manières, venir directement au fait sans s'embêter avec des présentations et autres convenances, voilà l'efficacité d'après Rouge. Elle jaugea les deux étrangers et accorda à peine un regard dédaigneux à l'ivrogne. Peut importe l'identité de l'homme saoul il s'était mit dans un sacré pétrin. Les deux étrangers n'étaient pas plus éloignés physiquement d'eux que le seraient les peaux plus sombres des habitants des terres du sud, comme l'avait été un temps Rouge. Mais ce qui les différenciaient étaient leur uniforme pareille à tout les soldats de l'armée de Katharina, la fameuse reine étrangère venue d'une contrée inconnue. « Venons-en donc à la vraie question, pourquoi êtes-vous ici ? »

© Fiche par Hailey J. Kingston pour Expiation exclusivement

La jeune femme traînait tranquillement vers la sortie du camp. Son intégration au sein du groupe n'avait pas été inaperçue et son nom sonnait déjà dans les bouches de certains Ombrageux. On peut dire qu'elle est douée pour attirer l'attention en un temps record. Pas vraiment le but recherché, mais ce n'est pas pour déplaire. Cela dit un peu de calme est la bienvenue. Jade marchait entre les arbres, empruntant alors un chemin terreux qui menait non loin des bois. Personne à l'horizon, elle pensait être seule. Quand soudainement quelqu'un la héla. Qui donc ? La brunette se retourna donc et apercevait une fille aux cheveux bruns s'approcher d'un pas assuré. Celle-ci lui proposa alors de l'accompagner pour parler affaires avec les Étrangers qui selon les rumeurs cherchaient désespérément des Ombrageux. « Ça te montrera comment on va à l'encontre des politiciens ici. » Jade n'a encore jamais eu l'occasion de fréquenter ces personnes n'étant pas ralliés et n'appartenant pas au Haut-Gouvernement. Elle accepta donc sur le champ et sans poser de questions. Après tout une opportunité comme celle-là ne se montre pas souvent, rencontrer les membres d'une grande armée est une aubaine.  

Les deux jeunes ombrageuses marchèrent alors côte à côte d'un pas déterminé et affichant presque un air fier et ambitieux. Le chemin ne fût pas long et arriver à un certain stade, des voix se firent entendre tout proche. Deux personnes, suivi d'un homme apparemment ivre se tenaient sur le terrain. Elles tendirent l'oreille et pile à ce moment même, une affirmation prétendait qu'ils cherchaient la Guilde des Ombres impérativement. Rouge jeta un bref regard à Jade et toutes deux sortirent de l'ombre pour s'afficher devant ces Étrangers. Sa compère s'empressa de prendre la parole : « Tss, la question n'est pas où vous pouvez trouver la Guilde car seuls les Ombrageux choisissent s'ils veulent être trouvés, très chers. » Le fait est qu'elle avait entièrement raison. Ce groupe de rebelles est soudé et s'avère très doué et efficace pour la dissimulation. Entre cachettes, fausses vérités ou complots tout y passe. Cette reine venue d'ailleurs veut quelque chose ? Il va falloir le mériter. Sûrement une femme capricieuse qui envoie ses larbins réaliser tous ses désirs. Jade trouva cela puéril et sans intérêt. Bien sûr, elle aussi ferait n'importe quoi pour obtenir ce qu'elle souhaite mais la différence est qu'elle dirige tout elle même pour se le dégoter. Jade Anastasia retira la capuche de sa longue cape dévoilant alors son visage. Elle vînt se poster aux côtés de Rouge et prit la parole à son tour : « Vous souhaitez des Ombrageux ? Et bien, en voici. Cela pourrait être flatteur que nous soyons très recherchés mais je doute que ce ne soit un compliment venant de vous. Cette armée de pacotille ne m'impressionne guère alors venez-en directement aux faits. » Les deux étrangers juste en face se mirent sur leurs gardes suite à cette réflexion peu valorisante. Mais ils ne sont pas là pour perdre leur temps alors autant avouer et expliquer directement ce que les Étrangers veulent de la Guilde. « Venons-en donc à la vraie question, pourquoi êtes-vous ici ? » Son acolyte ombrageuse posa une question, les pressant alors davantage. Une réponse simple et rapide suffirait, bien qu'il est évident qu'une sorte de deal ou proposition peuvent être demandés.

© Fiche par Hailey J. Kingston pour Expiation exclusivement

L'Étranger avait à peine fini sa phrase, sommant l'ivrogne de le renseigner sur la mystérieuse Guilde des Ombres, qu'une silhouette féminine enroulée dans une sorte de manteau à capuche surgissait des fourrés et se plaçait entre lui et l'interrogé, laissant échapper un bref rire. Le jeune homme, parfaitement impassible en apparence, se maudit d'avoir focalisé son attention sur son interlocuteur au point de ne pas avoir remarqué une nouvelle présence. Si ç'avait été un membre de de la Guilde armé, il n'aurait pas donné cher de leur peau à tous les trois. Enfin, qu'à cela ne tienne, ils avaient désormais en face d'eux une source d'informations plus présentable que celle qui tentait de rassembler ses esprits, affalée sur le sol.

« Tss, la question n'est pas où vous pouvez trouver la Guilde car seuls les Ombrageux choisissent s'ils veulent être trouvés, très chers. » déclara avec assurance l'arrivante, qui ne s'embarrassait apparemment pas des formules de courtoisie.

Il s'apprêta à répondre lorsqu'une seconde jeune femme toute aussi brune et toute aussi dissimulée dans une large cape sortit à son tour des buissons, et poursuivit le discours de sa complice.

« Vous souhaitez des Ombrageux ? Et bien, en voici. Cela pourrait être flatteur que nous soyons très recherchés mais je doute que ce ne soit un compliment venant de vous. Cette armée de pacotille ne m'impressionne guère alors venez-en directement aux faits. »

Dans une toute autre situation, Aaron aurait pu être ravi que les Ombrageuses soient venues à eux et qu'ils n'aient pas eu à arpenter les bois encore des heures de plus pour mettre la main sur ce potentiel allié. Mais les propos de la seconde intervenante lui déplaisait profondément, même s'il n'en laissait rien paraître. Malgré son aspect assez brut de soldat, il pouvait se révéler être un fin diplomate et un excellent penseur. Katharina avait clairement fait comprendre que de cette rencontre pouvaient découler de gros avantages pour eux, et qu'il fallait jouer habilement. Mais, d'entrée de jeu, les règles étaient fixées. Ils étaient en territoire inconnu, et jusqu'à un certain point, les demoiselles pourraient dires ce qu'elles voudraient, ils devraient rester calmes et courtois. Enfin, jusqu'à un certain point seulement, car sa patience était parfois très limitée.

La première reprit la parole, les pressant :

« Venons-en donc à la vraie question, pourquoi êtes-vous ici ? »

Le brun prit son temps, choisit ses mots soigneusement et décida de rester parfaitement neutre mais de laisser entrevoir les ressources de leur duo.

« La Guilde si renommée recrute donc des femmes ? » demanda-t-il avec un léger sourire ironique, d'un ton imperceptiblement dédaigneux, mais il savait que les deux acolytes le remarquerait. C'était typiquement le genre de réflexion qui allait agacer, et il en était conscient, aussi bien que du fait que les brunettes pouvaient les attaquer dans les prochaines secondes. « Sauf votre respect, mesdames, qu'est-ce qui nous prouve que vous êtes bien des membres Ombrageuses ? Le cas échéant, je ne vois pas en quoi nous serions obligés de justifier notre présence ici. » acheva-t-il d'un timbre durci, qui laissait deviner une sorte de menace, sourde, mais bien présente.
La brune au teint pâle avait de suite dégainé son épée, et il posa la main sur la garde de sa dague, signifiant qu'il était également prêt à toute éventualité.

Jetant un coup d'œil à Eleanora, il supposa qu'elle était sur le point d'ajouter quelque chose. Il n'avait pas fait dans les pics de la courtoisie et de la politesse, mais d'emblée leur origine avait été insultée, et heureusement qu'ils étaient ici en mission de diplomatie. Ceux qui connaissent le guerrier savent à quel point il a le sang chaud lorsque son honneur est mis en jeu, comme tous les Étrangers d'ailleurs. Malgré ses talents de conciliation, il n'était pas dit que la dame de compagnie ne réagisse pas plus violemment que lui.

© Fiche par Hailey J. Kingston pour Expiation exclusivement

L a jeune femme avait toujours eu une part d'elle que l'on pouvait dire d'étrangère. Sur sa terre natale elle s'était très vite démarquée et son extravagance fut vite soldée par l'exil de la jeune femme. Malgré les rumeurs elle n'avait pourtant rien commis de grave là-bas, mais si les esprits de la noblesse des Hautes-Terres sont fermés derrière leur Mur, ceux des nobles des Basses-Terres ont cette fâcheuse tendance poussée à l'extrême. Même parmi les autres ombrageux, si elle était parfaitement intégrée après toutes ses années de service lors des quelques disputes qui éclataient, ses origines devenaient alors la parfaite excuse pour lui reprocher quoique se soit. S'il y avait un pire fléau sur ces terres que l'oppression qu'impose les politiciens c'est bien cette irrévocable peur de l'étranger qui étreint tous les habitants, qu'ils soient  de sang noble ou des misérables.

Mais les vrais étrangers étaient là maintenant, juste devant elles. Les prenant de haut, considérant que deux jeunes femmes ne pouvaient se présenter comme des ombrageuses fiables, osant remettre en doute leur appartenance à la guilde pour une simple question de genre alors qu'un des deux étaient aussi un femme. L'étranger ne savait pas sur quel terrain il s'engageait, si Rouge n'était pas en mission diplomatique elle lui aurait déjà fait regretter ses propos, de façon plutôt douloureuse. Elle ne tenait pas son surnom de son éternel manteau rouge, non elle n'avait prit ce vêtement que pour appuyer son pseudonyme donné pour son penchant à faire couler le sang. Frapper d'abord et poser les questions après. Si avec les années la jeune femme avait revu ces tendances radicales à la baisse elle n'en restait pas moins Rouge. Elle avouait cependant que les propos de Jade n'avait pas été les mieux placés et l'étranger se vengeait ainsi de l'affront lancée par sa compatriote ombrageuse, mais étant sur ces terres la jeune femme ne supporterait pas que les envahisseurs se permettent de répliquer de la sorte. Mais Aaron n'avait pas terminer en si bon chemin

« Sauf votre respect, mesdames, qu'est-ce qui nous prouve que vous êtes bien des membres Ombrageuses ? Le cas échéant, je ne vois pas en quoi nous serions obligés de justifier notre présence ici. » conclut alors l'étranger. Rouge quitta le noble saoul des yeux pour relever son regard vers Aaron. Était-il sérieux ? Elle espérait que non. Mais la main sur la garde de son épée l'étranger semblait tout à fait sérieux et même prêt à défendre son honneur. L'ombrageuse respectait ce désir de se faire respecter chez Aaron mais il piétinait ainsi sur l'honneur des ombrageux et Rouge ne le permettrait pas d'offenser ainsi l'intégrité de la guilde. « Nous n'avons pas à vous prouver quoique se soit, nos terres, nos règles. Nous n'allons pas nous plier aux remarques de deux étrangers sous prétexte que vous doutez de notre identité. » déclara-t-elle d'un ton parfaitement neutre en jaugeant les deux étrangers l'un après l'autre « Maintenant vous pouvez toujours chercher d'autres ombrageux, peut être des hommes puisqu'ils sont si mieux réputés que nous, mais sans vouloir vous offenser ce n'est pas en argumentant avec un ivrogne, de sang noble noble pour couronner le tout, que vous reviendrez vers votre reine avec une alliance. » Un sourire se dessina sur les lèvres de l'ombrageuse qui jeta un regard complice vers Jade. « Mais il reste une dernière question : seriez-vous assez convaincant pour que nous acceptions ? »

© Fiche par Hailey J. Kingston pour Expiation exclusivement

L’ivrogne recracha son régime liquide près de ses pieds et elle leva les yeux au ciel. Elle se redressa légèrement pour empoigner l’homme mais une personne s’interposa et elle se vit obligée de reculer. Immédiatement sur ses gardes, elle fit face aux deux jeunes femmes tout en se glissant près d’Aaron. Elle ne fut nullement étonnée par leur identité et suivit sagement le dialogue entre les personnes présentes.

- Vous souhaitez des Ombrageux ? Et bien, en voici. Cela pourrait être flatteur que nous soyons très recherchés mais je doute que ce ne soit un compliment venant de vous. Cette armée de pacotille ne m'impressionne guère alors venez-en directement aux faits.

La brune plissa les yeux et fixa l’autre brune intensément. Quelle provocation puérile ! Un rictus amusé étira ses lèvres et elle croisa ses bras sur sa poitrine avec nonchalance. Elle sentait Aaron se tendre et la version dark du Chaperon Rouge insista.

- Venons-en donc à la vraie question, pourquoi êtes-vous ici ?

El conserva le silence mais poussa un discret soupir lorsque son accolyte rétorqua. Le machisme des guerriers, quel cliché. Pourtant lui-même devait savoir que les femmes sont redoutables. Car encore plus vicieuses que certains hommes. Comme Margaery par exemple. D’ailleurs, elle ignorait où était partie sa collègue. La brusque intonation de l’Ombrageuse la sortit de ses pensées.

- Nous n'avons pas à vous prouver quoique se soit, nos terres, nos règles. Nous n'allons pas nous plier aux remarques de deux étrangers sous prétexte que vous doutez de notre identité. Maintenant vous pouvez toujours chercher d'autres ombrageux, peut être des hommes puisqu'ils sont si mieux réputés que nous, mais sans vouloir vous offenser ce n'est pas en argumentant avec un ivrogne, de sang noble pour couronner le tout, que vous reviendrez vers votre reine avec une alliance. Mais il reste une dernière question : seriez-vous assez convaincant pour que nous acceptions ?

Avec un peu moins de fierté et de patriotisme, elle aurait pu être vraiment crédible. Mais d’un autre côté, elle n’avait pas tord. L’ivrogne était tout sauf Ombrageux et ils devaient mettre la main sur ce fameux clan dans les minutes qui venaient. Et même si elles n’appartenaient pas à cette organisation secrète, elles leur serviraient toujours. Apaisant Aaron d’une pression sur le bras, elle s’avança avec sa félinité légendaire et entama d’une voix naturellement douce :

« Nous ne sommes pas là pour la lutte, en aucun cas. Nous voulons simplement des informations et proposer à la Guilde des Ombres une alliance, comme vous l’avez si bien dit. Nos connaissances sur votre clan restent très limitées et nous serions ravis d’en apprendre un peu plus. » Elle remerciait les cours de conférence que lui avait prescrit Katharina. Elle reprit en accompagnant ses paroles de gestes doux et d’un habituel sourire. « Nous comprendrions votre refus mais il nous semblait que vos relations avec le Haut Gouvernement étaient relativement houleuses. Ainsi, nous vous proposons une entrevue entre un membre de votre clan et notre chère Reine, Katharina. »

Elle joignit ses mains dans son dos et regarda tour à tour les deux Ombrageuses qui semblaient presque surprise par ses paroles. L’étrangère ajouta en penchant la tête sur le côté. « Et si cela pouvait se passer dans les plus brefs délais, je pense que ce serait bénéfique des deux côtés. »

Elle conclut  son petit discours en s’inclinant légèrement. Elle en profita pour ramasser la sacoche et la poser sur sa selle. Ces Ombrageuses ne connaissaient pas le Noble détrempé d’alcool et actuellement en train de balbutier avec le caillou le plus proche. Elles n’avaient donc aucune raison de l’en empêcher. Eleanora se posta près de sa monture, l’air décontractée mais en réalité prête à sauter si elle esquivait le moindre mouvement agressif.

© Fiche par Hailey J. Kingston pour Expiation exclusivement

L a tension était palpable, chaque caste relevait d'un patriotisme certain et les quelques remarques dénigrantes crachées les uns envers les autres pour se démarquer n'avaient guère amélioré la situation. Cependant la seconde étrangère semblait bien plus diplomatique que son camarade masculin, l'apaisant d'une pression sur le bras la brune au teint hâlé se manifesta pour la première fois depuis leur arrivée. « Nous ne sommes pas là pour la lutte, en aucun cas. Nous voulons simplement des informations et proposer à la Guilde des Ombres une alliance, comme vous l’avez si bien dit. Nos connaissances sur votre clan restent très limitées et nous serions ravis d’en apprendre un peu plus. » Elle possédait un certain talent d'oratrice avec son timbre et ses gestes tout en douceur ainsi que son sourire poli plaqué sur ses lèvres. « Nous comprendrions votre refus mais il nous semblait que vos relations avec le Haut Gouvernement étaient relativement houleuses. Ainsi, nous vous proposons une entrevue entre un membre de votre clan et notre chère Reine, Katharina. »

L'ombrageuse fut piqué dans sa curiosité, l'intérêt d'une possible alliance venait de se transformer en l'occasion pour un ombrageux de voir en chair et en os la renommée Katharina. Avec toutes les rumeurs courant sur elle la guilde ne savait comment se ranger à son propos, était-elle la régente d'un peuple barbare comme le prétendent toutes les lèvres des commères de la capitale ? Ou bien ces étrangers n'étaient-ils que des conquérants ayant visé Vivendale et ses terres ? Aucun ombrageux ne savait de quel côté se fier, alors voir la reine pourrait forger un avis pour la guilde.

« Et si cela pouvait se passer dans les plus brefs délais, je pense que ce serait bénéfique des deux côtés. » acheva l'étrangère, tirant alors Rouge de ses pensées sur les nombreuses rumeurs courant sur le compte des étrangers. L'ombrageuse jaugea la jeune femme de haut en bas, elle paraissait très loin de la définition de barbare. L'étrangère s'inclina légèrement avant de revenir se poster près de sa monture. Rouge glissa son regard vers sa camarade ombrageuse, Jade n'étant qu'une nouvelle recrue elle n'aurait pas un poids important dans cette décision mais elle devait bien observer car la prochaine occasion d'un conflit politique comme celui-là ne reviendrait que lorsque Jade serait alors une ombrageux confirmé.

Mais avant de penser à l'avenir, il était temps de prendre en main le présent. L'ombrageuse jaugea l'étranger puis sa camarade avant de dévoiler un léger sourire « Nous serions ravies de nous entretenir avec votre chère reine, cependant sachez qu'après l'entrevue le sort de cette alliance reviendra à l'ensemble de la guilde au complet, et non d'une seule personne. » La brune parlait d'un ton doux et rajouta : « Menez donc le chemin vers votre camp, il est temps pour nos deux clans de parlementer alliance »

© Fiche par Hailey J. Kingston pour Expiation exclusivement

La première Ombrageuse répondit aux paroles provocantes d'Aaron d'un ton égal et sans se départir de son calme. Cela suscita une forme de respect chez lui car parmi les rares femmes de l'armée, aucune n'aurait laissé ces propos machistes voler dans l'air sans châtiment, Margaery la première.

« Nous n'avons pas à vous prouver quoique se soit, nos terres, nos règles. Nous n'allons pas nous plier aux remarques de deux étrangers sous prétexte que vous doutez de notre identité. Maintenant vous pouvez toujours chercher d'autres ombrageux, peut être des hommes puisqu'ils sont si mieux réputés que nous, mais sans vouloir vous offenser ce n'est pas en argumentant avec un ivrogne, de sang noble pour couronner le tout, que vous reviendrez vers votre reine avec une alliance. »
Elle jeta un coup d'œil complice à sa partenaire et poursuivit : « Mais il reste une dernière question : seriez-vous assez convaincant pour que nous acceptions ? »

L'Étranger se garda bien de répondre et laissa faire les talents diplomatiques de sa collègue, qui après lui avoir glissé un regard entendu s'avança pour prendre la parole :

« Nous ne sommes pas là pour la lutte, en aucun cas. Nous voulons simplement des informations et proposer à la Guilde des Ombres une alliance, comme vous l’avez si bien dit. Nos connaissances sur votre clan restent très limitées et nous serions ravis d’en apprendre un peu plus. Nous comprendrions votre refus mais il nous semblait que vos relations avec le Haut Gouvernement étaient relativement houleuses. Ainsi, nous vous proposons une entrevue entre un membre de votre clan et notre chère Reine, Katharina.  Et si cela pouvait se passer dans les plus brefs délais, je pense que ce serait bénéfique des deux côtés. »

Évidemment, le discours de la brune allait être nettement plus efficace que le sien, mais il n'en prenait pas ombrage et n'en tirait aucune conclusion : c'était son rôle, de concilier les opposés, le sien était de défendre sa Reine. Il ne se prétendait pas diplomate et ne tenait pas à l'être, mais enfin si les choses devaient dégénérer, c'était lui le plus à même d'affronter de potentiels ennemis. Les deux membres de la fameuse Guilde parurent surprises par ces propos arrangeants et une fois de plus, la plus bavarde ouvrit la bouche.

« Nous serions ravies de nous entretenir avec votre chère reine, cependant sachez qu'après l'entrevue le sort de cette alliance reviendra à l'ensemble de la guilde au complet, et non d'une seule personne. Menez donc le chemin vers votre camp, il est temps pour nos deux clans de parlementer alliance »

Durant cet échange d'amabilités, le guerrier avait récupéré sa monture et se tenait désormais à côté d'elle, observant la seconde jeune femme qui paraissaient bien moins parlante. Elle était toute à fait ravissante, de longs cheveux foncés et un visage d'ange ; et il se fit la réflexion qu'une fois en territoire conquis l'une de ses premières sorties serait dans une quelconque taverne, histoire d'aller voir si toutes les demoiselles du pays étaient aussi jolies. Mais enfin, Aaron prenait très à cœur son travail, et l'heure n'était plus aux plaisanteries. Une sorte d'accord venait d'être crée, il fallait désormais amener les deux Ombrageuses au camp de Katharina. Un seul léger problème se posait : où était la renarde ?

« Cette entrevue sera, je pense, aussi profitable aux Étrangers qu'aux Ombrageux » déclara-t-il poliment. « Serait-il possible de prévenir dès maintenant vos confrères afin de ne pas perdre trop de temps en aller-et-retour ? » poursuivit-il d'une voix grave.

Ce faisant, il réfléchissait à ce que lui-même allait faire. Les deux chargés de mission ne pouvaient pas se présenter de retour au camp avec deux possibles alliées mais sans Margaery, tout le monde savait à quel point la jeune Reine appréciait la compagnie de son amie durant des rencontres à titre diplomatiques. Mais enfin, il ne pouvait pas laisser la brune seule avec leurs deux invités ; même si elles ne semblaient pas hostiles,  leur supériorité numérique serait un atout si brusquement elles décidaient de passer à l'attaque, qui plus est en terre inconnue. Alors, que faire ? Espérer tomber sur la jeune femme rousse sur le chemin inverse ?

© Fiche par Hailey J. Kingston pour Expiation exclusivement

L  entement la pression flottant dans l'air sembla se calmer mais les quatre jeune gens continuaient à rester sur leurs gardes, tous prêt à sortir les armes au besoin. Et puis dans un coin, cuvant les verres d'alcool, ou les bouteilles visiblement, le noblion semblait bien trop embrouillé pour avoir l'air de suivre quoique se soit de la discussion. Et bien heureusement pour lui car si un membre du Haut-Gouvernement venait à être informée de cette rencontre et d'une possible alliance entre les ombrageux et les étrangers....Rouge aurait déjà tué le noble. Si l'armée de Katharina et la Guilde devaient se battre côte à côté la surprise de cette alliance serait un atout de taille pour battre le HG.

« Cette entrevue sera, je pense, aussi profitable aux Étrangers qu'aux Ombrageux. Serait-il possible de prévenir dès maintenant vos confrères afin de ne pas perdre trop de temps en aller-et-retour ? » demanda poliment l'étranger.

L'ombrageux haussa négligemment les épaules avec un demi-sourire en coin, Aaron s'était lui même qualifié comme un Etranger, cela relevait d'une certaine diplomatie, visiblement derrière ses airs de combattant le jeune homme pouvait se révéler doué avec les mots. Cependant il semblait préoccupé par autre chose, mais quoi ?

« En effet » déclara-t-elle d'un ton assuré « Nous allons prévenir les nôtres, nous serons de retour dans l'heure et vous nous escorterez jusqu'à votre camp. » finit elle, son ton ne relever même pas de la supposition, seulement de l'affirmation. Les deux ombrageuses retourneraient au camp informer leurs confrères de la rencontre arrangée et retourneraient sur leurs pas, après coup Jade et Rouge seraient deux privilégiés en devant les premières ombrageuses à rencontrer la fameuse Katharina et ces fameux étrangers.  

L'ombrageuse avait une certaine appréhension, quelqu'un d'aussi jeune au pouvoir d'une armée aussi importante, Katharina pouvait aussi bien être encline à une alliance qu'au contraire prendre les ombrageux comme prochaine cible une fois Vivendale sous sa domination. Tout pouvait arriver dans une rencontre politique. Mais d'un autre côté la jeune femme était impatiente, rencontrer ses étrangers étaient une sorte de privilège, surtout si l'armée étrangère venait à remporter l'imminente guerre à venir.

« Allons-y » lança Rouge à sa consoeur puis la jeune femme rabattit son éternel capuchon rouge sur son visage, et après un hochement de tête en direction des deux étrangers, l'ombrageux fit volte-face et repartit aussi vite qu'elle était arrivée, Jade à ses côtés.

Eleanora caressait distraitement la tête de sa monture tout en écoutant Aaron et la jolie ombrageuse régler les derniers détails. L’autre brune était restée silencieuse après son unique intervention. El la fixa intensément et elle soutint son regard. Mais l’Ombrageuse fut celle qui détourna les yeux en première car l’autre l’entraîna avec elle vers leur Camp. Un petit sourire flottait sur les lèvres brunes de l’Etrangère. Il passa son bras dans les rênes et s’approcha vers son partenaire. Ce dernier semblait plongé dans ses pensées alors elle se fit un   malin plaisir à l’en tirer brusquement. Elle se pencha près de son oreille –enfin aussi haut qu’elle arrivait à atteindre- et se racla la gorge. Son sursaut la fit rire et elle fit volte face vers le Noble qui essayait sans grand succès de se redresser. Elle poussa un petit soupir et posa les mains sur ses hanches. Elles l’avaient laissé là. Volontairement. Alors qu’elles s’étaient opposées à toute forme de violence contre lui. Levant des yeux suspect vers l’endroit où les deux brunes avaient disparues elle se retourna vers Aaron.

« Donc si je résume, on se retrouve avec un ivre sur les bras, on a une heure pour retrouver Margaery et ensuite emmener les demoiselles à Katharina. » Elle renifla avec ironie et chassa ses cheveux derrière ses épaules. « Que du bonheur. »

Elle croisa un instant les prunelles du brun et y lut son inquiétude. Un sourire espiègle étira ses lèvres mais elle ne dit rien. Elle l’avait déjà assez cuisiné et il était tendu comme la corde d’un arc. Allez savoir pourquoi. A croire qu’il appartenait à tous ces guerriers qui ne savaient pas réfléchir et que dès que l’occasion se présentait, il frappait pour s’éviter toutes discussions. Triste comportement en sachant que les mots ont -généralement- plus d’impact. Le processus est juste différent : les mots atteignent mentalement et vous détruisent peu à peu, votre esprit remuant encore et encore les paroles. Les coups eux étaient radicaux et certes efficaces mais beaucoup trop rapides à son goût. Enfin, ils étaient quand même bien pratiques dans certaines situations.

Elle poussa un autre soupir et se massa l’arrête du nez. Elle voulait bien endosser le rôle du cerveau pendant une partie de leur petite excursion mais il lui avait clairement dit qu’il était celui qui dirigeait. Et depuis le début il n’avait pas fait grand-chose. Eleanora pinça les lèvres et se mit à le fixer, à l’étudier et à détailler son visage marqué par le temps et les combats sans pour autant perdre son charme. Son air éternellement froid, supérieur et insensible l’exaspérait. Mais elle prenait en compte la personnalité de chacun. Elle se demandait si elle l’avait déjà vu sourire une fois. Leurs rencontres étant très rares, elle n’en avait pas vraiment eu l’occasion. Tiens donc… Peut être réservait-il ses sourires au temps où Margaery faisait encore partie de son quotidien ? Aaaaaah elle aimait un peu trop les potins quand même.

© Fiche par Hailey J. Kingston pour Expiation exclusivement