L'innocence peut parfois avoir l'apparence du crime, mais derrière l'illusion se cache la vertu... ♩
Je me suis enfin décidée à quitter mes appartements. J'y étais restée quelques jours, sans sortir ni même daigner toucher à ma nourriture. Je m'étais résolue à reprendre un quotidien normal avant d'éveiller les soupçons sur les raisons de mon humeur maussade. Mais je n'y avais pas le cœur; après toutes ces années je désespérais finalement de revoir mon père. Je m'exposais à de grands risques sans jamais obtenir aucun résultat... A l'évidence je m'étais top longtemps bercée de rêves .
C'est ainsi que je me retrouve à errer dehors alors que le soleil a déjà commencer à décliner. La ville dépourvue de son agitation était charmante... Pas de brouhaha ni d'aggroupement, et surtout aucune rumeur se répandant en un rien de temps. Je prenais le chemin me ramenant à mon logement, quand je passe devant le marché aux esclaves. Maurice - c'est le nom du marchand - vante avec ardeur les qualités de sa dernière esclave. Un des miens s'approche d'elle et semble fait une remarque péjorative. C'est alors que l'impensable se produit elle se met à l'incendier et l'injurier. Il tourne les talons au même instant que je m'arrête. Je ne sais pas ce qui me pousse à gagner le commerce; peut-être une envie de rébellion... ? Sans même un regard pour la "marchandise", je m'adresse à son actuel détenteur.
-Je vous l'achète, Maurice.
Je dépose ma bourse sur son bureau de comptes. A ce geste, il se déconfit. Je connais d'avance la scène qui va se dérouler, les qualités prêtées à la jeune femme ne tenait que de l'imagination de Maurice. Étant la fille d'une femme qui est l'amante d'un membre du Haut-Gouvernement, il ne veut pas prendre le risque de me vendre un "produit" de mauvaise qualité.
-J'en suis sûre. Merci.
Il insiste une dernière fois mais je refoule ses paroles d'un signe de tête sec. Il lui détache les pieds et s'apprête à lui passer une corde au cou pour que je la ramène. Je le stoppe dans son élan, un tel manque d'humanité me dégoute... Je m'approche d'elle. Elle me jauge du regard et je ne cille pas un instant.
-Je m'appelle Isabelle. Quel est ton nom ?
Alessandra de Marbrand
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Mar 6 Aoû - 13:31
Linelleray
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Mar 6 Aoû - 16:20
L'innocence peut parfois avoir l'apparence du crime, mais derrière l'illusion se cache la vertu... ♩
J'avais bien raison. Elle n'est pas comme les autres, elle ne se comporte ni avec crainte ni avec résignation... Je n'arrive pas à la cerner. Quand à lui Maurice semble défaillir en voyant qu'elle ose me répondre de la sorte qui plus est en me tutoyant. Je ne relève pas; d'un geste vif et précis je sors un poignard - en réalité le poignard de mon père, je ne m'en séparais presque jamais - de mon corsage et l'abat sur les liens de ses poignets. Je ne sais pas ce qui fait encore tenir ce pauvre Maurice debout, car à en juger par sa mine pâle il est sur le point de s'effondrer. Je ne réponds pas à la question d'Arianna tout simplement car j'ignore moi-même la réponse. Restant inflexible, je tends les cordes à Maurice.
- Joli nom. Je tâcherai de m'en souvenir, mais sache que pour ma part j'ai deux excellents crochets.
En effet, je suis ambidextre. Et ce, depuis toute petite. J'ai toujours visée la perfection m'adonnant à tout genres d'études et de sports... Et travaillant sans relâche. Dans quel but je l'ignore ? La plupart des compétences et connaissances que j'avais acquises ne me serviraient jamais ! Elle est peut-être particulière mais elle n'est pas la seule, je ne colle pas très bien avec le cadre qui m'appartient. Décidant d'épargner le pauvre vendeur d'une crise cardiaque, je me remets en route avec Arianna jusqu'aux appartements. Pendant le chemin, elle se hasarde à poser des questions, mais je ne lui réponds plongée dans mes pensées... Je sais pourquoi je l'ai "achetée" - alors que je refusais d'avoir mes propres esclaves depuis des années me contentant de servants - , elle a la même fougue que lui. Cette fougue qu'avait mon père. Mes yeux s'humidifient mais je me maîtrise, ne laissant à personne le plaisir de profiter de ma faiblesse. Nous traversons les quartiers riches mais je ne m'arrete pas une seule fois. Arianna semble surprise mais elle a finalement arrêté de me poser des questions. Nous gagnons une entrée du mur et je retiens un demi-sourire face au regard assassin que lance Arianna au deux Gardiens postés de chaque côté de la grande porte. Tout en avançant je me tourne vers Arianna.
-Nous sommes dans l'Enceinte du mur, je vis dans la grande tour, enfin à côté... avec les membres du du Haut Gouvernement...
Elle me dévisage cette fois avec dégoût. Je me mordille la lèvre. Et m'engage dans l'infini escalier de marches en marbre.
-... Je n'en fais pas partie, je vis simplement ici car le "compagnon" de ma mère vit ici. Arianna ici tu ne peux te permettre aucun écart. Tu ne peux te permettre de répondre à un membre du Haut-Gouvenement, sous peine de quoi tu te feras exécuter.
Il n'est pas tout à fait vrai de dire que les membre du Gouvernement vivent dans la Grande Tour. La tour n'abrite que les conseils politiques. La vérité est que nous logeons dans les ailes qui lui sont adjointes. Je traverse un corridor et gagne un nouveau dédale de marches. Nous atteignons enfin mes appartements. J'ouvre la porte de ma suite.
-C'est ici. Il y a deux chambres d'invités, choisie celle que tu voudras. Les armoires sont remplies de vêtements, et il doit y avoir de la nourriture fraîche sur le bureau. Sers-toi... Tu ne commenceras à travailler demain.
Je n'en tiens plus : La ressemblance entre elle et mon père ne se rapporte pas qu'au caractère mais également au physique. Elle me le rappelle cruellement...
Alessandra de Marbrand
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Mer 7 Aoû - 11:12
Linelleray
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Ven 9 Aoû - 14:42
L'innocence peut parfois avoir l'apparence du crime, mais derrière l'illusion se cache la vertu... ♩
Je ne me laisse que très rarement surprendre, mais cette fois, il m'est impossible de ne pas réagir... Non. Non... Ce n'est pas possible ! Je suis entrain de rêver ?! Quelle autre explication possible ? Je ne peux quand même pas avoir infiltrée une personne ayant aidé la Guilde des Ombres dans la Haute-Tour !
-QUOI ?!
Et si c'était un test de Haut-Gouvernement pour voir si j'étais réellement digne de confiance. Je n'y crois pas, c'est moi qui est choisie cette esclave se n'était donc pas un coup monté. Elle disait vrai. Mais pourquoi ne l'avait-elle pas garder pour elle ? Je risquais gros maintenant moi aussi.
-Tu viens de me mettre dans une position difficile Arianna ! Mais tu te rends compte d'à quel point c'est stupide de m'avoir raconté ça ! Maintenant je n'ai que deux choix qui s'offrent à moi... Te dénoncer et assurer ma sécurité ou choisir de me taire et être tout autant en danger que toi...
Bien sûr que je n'allais pas l'offrir en patûre aux Gardiens... Je n'en serais pas capable de sang froid. Mais en la protégeant de la sorte, si l'on venait à découvrir qu'elle tentait d'aider les Ombrageux, je risquerais de me faire exécuter aussi.
-Aria. Tu ne peux pas. Pas ici, tu ne peux pas jouer à ce genre de jeu. Les pires souffrances que tu as pu connaître au village ne sont rien comparées à celles auxquelles tu t'exposes ! Face au Haut-Gouvernement la mort te paraîtrait être une faveur. Je les déteste moi aussi... Mais je sais qu'il est impossible de tenter de les trahir. Il te retrouve toujours.
Je me tais. Mon cœur bat beaucoup trop vite, mais je n'arrive pas à retrouver mon calme. Je réfléchis. Quelles solutions s'offraient à moi ? J'avais déjà une réponse et elle était le meilleur gage de sécurité.
-Tu ne peux tout simplement pas. Tu vas devoir te résoudre à abandonner cette idée sous peine de quoi tu mourras et probablement moi. Comme je te le disais tu prendras ton service demain matin. Maintenant je pense que tu devrais aller dormir.
Je me retourne. Et pars chercher dans le buffet bas une bouteille d'un vin liquoreux. Je m'en sers une coupe pleine et me laisse tomber dans un fauteuil. Vraiment, elle me le rappelait. Et cela me mettait dans de sombres pensées...